samedi 10 mai 2025
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CRITIQUE, opéra. GENEVE, Grand-Théâtre (du 15 au 27 septembre). WAGNER : Tristan und Isolde. G. H. Jones, E. Strid, K. Stanek, T. Nazmi… M. Thalheimer / M. Albrecht.

 

Après avoir nous avoir enthousiasmés, ici-même au Grand-Théâtre de Genève dans Parsifal (du même Richard Wagner) l’an passé, Michael Thalheimer peine cette fois à convaincre dans Tristan und Isolde, dont il livre une proposition scénique à la fois lapidaire et simpliste. Comme scénographie unique (signée par Henrik Ahr), 260 spots lumineux qui viennent éclairer (ou pas) le plateau, avec forcément un aspect aveuglant pour le public du parterre, parfois jusqu’au désagréable. On respire quand le mur de projecteurs s’incline pour se redresser et éclairer par “au-dessus” la scène, et l’on s’interroge sur la légitimité du procédé quand on sait que Tristan est un “opéra de la nuit et de la mort”, surtout dans l’image finale où au lieu du néant, la scène devient aveuglante. La direction d’acteurs montrant d’abord Isolde tirer avec peine et au bout d’une corde le bateau sur lequel elle est censée naviguer, avant que plus loin, au début du III, Tristan ne reprenne à son compte le fardeau. Au II, on les voit se tailler les veines et unir leur sang, tandis que la scène finale nous montre, pendant le fameux “Liebestod”, Isolde s’auto-égorger à grand renfort d’hémoglobine. Bref, on est loin aussi de toute la métaphysique et portée symbolique qu’appelle l’ouvrage du maître de Bayreuth…

 

 

Les chanteurs et la musique, par bonheur, nous tirent d’une certaine léthargie dans laquelle la mise en scène avait tendance à nous plonger, grâce notamment à l’Isolde fière et vaillante d’Elisabet Strid. D’une parfaite adéquation vocale avec le personnage, la soprano suédoise épouse chaque note, chaque intonation, avec une beauté sonore et une facilité déconcertantes. Ses aigus sont radieux, sa musicalité sans faille, et elle arrive au fameux Liebestod sans trace de fatigue. Las, le tristan de Gwyn Hughes Jones (avec un physique et un âge antinomiques avec ceux de sa jeune et sculpturale consoeur) n’a rien du heldentenor exigé par la rôle de Tristan, obligé de forcer sa voix dont la couleur est par ailleurs bien trop claire pour convaincre. Il parvient à bout de son terrible monologue du III après bien des efforts et ports de voix intempestifs. En Brangäne, la mezzo allemande Kristina Stanek crée la surprise, car de son “petit format” sort une voix puissante et rayonnante, tandis que le “grand format” de la basse belgo-marocaine Tareq Nazmi assure au Roi Marke l’autorité et la profondeur qu’exige son personnage. Le Kurwenal du baryton norvégien Audun Inversen marque les esprits, avec son timbre éclatant qui emplit sans peine le vaste vaisseau genevois. Enfin, le ténor croate Emanuel Tomljenovic (Le Marin, Le Berger) offre une voix claire et une belle musicalité, tandis que le français Julien Henric est tout simplement un luxe en Melot, l’acteur se montrant particulièrement convaincant dans sa véhémence.

En fosse, le chef allemand Marc Albrecht adopte des adopte des tempi plutôt lents – chaque acte durant ainsi environ 1h15 -, ce qui profite incontestablement à la beauté du son. L’Orchestre de la Suisse Romande donne, en effet, le meilleur de lui-même, de bout en bout admirable de cohésion et de clarté, avec des sonorités magnifiques. Tour à tour dramatique et nuancé, avec un rare souci du détail instrumental, Albrecht ménage un rapport parfait entre les voix et un orchestre somptueux mais jamais envahissant.

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CRITIQUE, opéra. GENEVE, Grand-Théâtre (du 15 au 27 septembre). WAGNER : Tristan und Isolde. G. H. Jones, E. Strid, K. Stanek, T. Nazmi… M. Thalheimer / M. Albrecht. Photos (c) Carole Parodi.

 

VIDEO : Trailer de « Tristan und Isolde » de Richard Wagner selon Michael Thaheimer au Grand-Théâtre de Genève

 

CD événement, critique. JUPITER. Couperin, Forqueray, Corrette, Royer, Duphly. Constance Luzzati, harpe – Caroline Delume, théorbe (1 cd PARATY records)

Dans l’art de transcrire du clavecin à la harpe, il y a un défi formel, technique qui de l’un à l’autre permet de repousser encore les ressources et possibilités expressives de l’instrument. Cette quête du dépassement et aussi d’un absolu esthétique inspirent la harpiste Constance Luzzati dans un univers poétique et musical bien à elle. On retrouve dans « JUPITER » (titre donné par la pièce fameuse de Forqueray) ce goût de l’extrême et cette subtilité de ton qu’elle partage avec la théorbiste, Caroline Delume. Marche des Scythes (Royer), Médée (Duphly), jusqu’au titre JUPITER portent l’interprète (et avant lui, le compositeur) à se dépasser, … forçant l’interprète à davantage de maîtrise technique comme de subtilité du jeu ; à cela s’invite la pensée préalable qui dans le cas de la transcription, comme ici, distribue les parties pour chacune des 2 voix, harpe et théorbe, exploitant encore le trouble poétique qui naît des deux timbres associés, complices ou en dialogue.

 

 

 

Dépassement, théâtre, poésie

Dans ce jeu (et ces défis) des contraintes, s’inscrit la démarche de Constance Luzzati, un cheminement qui la conduit à réinventer le geste musical, d’étendre encore le langage de paysages sonores inédits. Son précédent album (2022) déplaçait déjà du clavecin à la harpe, plusieurs pièces du foudroyant Rameau ; un régal qui avait impressionné.

Dans ce nouvel opus, enregistré fin 2023, plus inspiré encore que jamais, et dans le défi de transcriptions ô combien plus délicates et périlleuses, Constance Luzzati (et sa complice) enchantent littéralement, éclairant d’une toute autre vision, les pièces pourtant connues des grands du clavecin, virtuoses autant que poètes : Michel Corrette, François Couperin, Antoine et Jean-Baptiste Forqueray, Jacques Duphly, Pancrace Royer… L’équilibre du programme permet de jouer entre technicité et puissance poétique. Les Giboulées de mars (Corrette), les regrets (Couperin), les fabuleux portraits signés des Forqueray (La Couperin, La Portugaise) ou de Royer (L’Incertaine, L’Aimable) évidemment les irrésistibles Les Baricades mistérieuses emmènent dans des univers d’une tendre et parfois féroce poésie ; il y a de l’esprit et une suprême élégance dans cette marqueterie musicale idéalement agencée. Les 3 dernières pièces de cet échiquier funambule, où le geste emporte par sa justesse, donnent le ton de l’ensemble : un triptyque de Pièces de viole déjà mises en pièces de clavecin ; dans cette transcription à 2 voix, la puissance suggestive de leur sujet – la dernière justement « Jupiter », profite d’un spectre sonore toujours clair et précis car la netteté fine du théorbe préserve la structure du discours que tend à diluer l’éclat des résonances de la harpe. Funambulisme, équilibre et ciselure : rien ne manque désormais pour que jaillissent intensité maîtrisée le génie de chaque compositeur choisi. Chapeau bas. Ce 2è opus, est aussi réussi que le premier.

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CD, critique. JUPITER : François Couperin (1668-1733), Jacques Duphly (1715-1789),
Jean-Baptiste-Antoine Forqueray (1699-1782), Pancrace Royer (1703-1755) – Constance Luzzati, harpe – Caroline Delume, théorbe – 1 CD PARATY – CLIC de CLASSIQUENEWS

 

 

 

Programme

1  Michel Corrette, Premier livre de pièces de clavecin, Les Giboulées de Mars
2  François Couperin, Second livre de pièces de clavecin, 6ème ordre, Les Baricades mistérieures
3  Antoine et Jean-Baptiste Forqueray, Pièces de viole mises en pièces de clavecin, La Couperin 
4  Antoine et Jean-Baptiste Forqueray, Pièces de viole mises en pièces de clavecin, La Portugaise
5  Jacques Duphly, Pièces de clavecin, Livre 3, La Forqueray
6  Jacques Duphly, Pièces de clavecin, Livre 3, Médée 
7  Pancrace Royer, Pièces de clavecin, L’Incertaine 
8  Pancrace Royer, Pièces de clavecin, L’Aimable
9  Pancrace Royer, Pièces de clavecin, La Marche des Scythes
10  François Couperin, Pièces de clavecin, Livre 1, 3ème ordre, Les Regrets 
11  Antoine et Jean-Baptiste Forqueray, Pièces de viole mises en pièces de clavecin, Le Carillon de Passy .
12  Antoine et Jean-Baptiste Forqueray, Pièces de viole mises en pièces de clavecin, La Latour – Le Carillon de Passy 
13  Antoine et Jean-Baptiste Forqueray, Pièces de viole mises en pièces de clavecin, Jupiter

 

 

annonce

LIRE aussi notre présentation du cd JUPITER de Constance Luzzati et Caroline Delume (1 cd Paraty) : https://www.classiquenews.com/cd-evenement-annonce-jupiter-couperin-i-duphly-i-forqueray-i-royer-constance-luzzati-harpe-caroline-delume-theorbe-1-cd-paraty-records/

 

CD événement, annonce / concert à PARIS, le 13 sept 2024.JUPITER  : Couperin I Duphly I Forqueray I Royer – Constance Luzzati, harpe  –  Caroline Delume, théorbe [1 cd Paraty records]

 

 

 

précédent cd de Constance LUZZATI : Enharmonique / Rameau – CLIC de CLASSIQUENEWS  : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-lenharmonique-rameau-constance-luzzati-harpe-1-cd-paraty/:

CRITIQUE CD événement. L’ENHARMONIQUE. RAMEAU / Constance Luzzati, harpe (1 cd Paraty)

 

CRITIQUE, opéra. LIEGE, Opéra royal de Wallonie, 15 septembre 2024. VERDI : La Traviata. I. Lungu, D. Korchak, S. Piazzola… Thaddeus Strassberger/ Giampaolo Bisanti.

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L’Opéra royal de Wallonie-Liège inaugure en fanfare sa nouvelle saison avec une nouvelle production de La Traviata de Giusseppe Verdi avec, à la clef, moult costumes, lumières, chorégraphies. Le spectacle, signé Thaddeus Strassberger, est total. Une production éblouissante, qui ne pèche certainement pas par une économie de moyens. Quitte à nous perdre dans le foisonnement de ce qui se passe sur scène…

 

 

L’Opéra royal de Wallonie-Liège nous a habitué à des productions pharaoniques de ce genre, et cette mise en scène de Strassberger ne déroge pas à la règle ; faste des costumes, complexité de la machinerie, inventivité des décors : le dispositif est pour le moins spectaculaire et flatte la rétine. On en ressort impressionné, et à raison. Au sein de ce décor, Violetta est la véritable vedette de spectacle dans le spectacle, elle trône au centre du grand escalier et son public se presse dans les galeries pour la contempler. Pour le deuxième acte, en revanche, changement radical : Violetta acte sa retraite du demi-monde mondain dans une banlieue pavillonnaire à l’esthétique résolument fifties. L’héroïne finit par retrouver de façon éphémère les ors et l’ambiance faste du début  ; mais quand vient la mort, les lumières sont parties, et elle s’éteint dans les vestiges de sa gloire passée.

L’on n’est guère étonné que l’opéra trouve son véritable souffle à partir du deuxième acte, une fois l’agitation un retombée. Pourtant, le début s’annonçait prometteur : Irina Lungu,  qui incarne ici Violetta, est une habituée du rôle : elle tient le haut de l’affiche avec beaucoup de grâce, et ses aigus tombent juste, même si d’aucuns pourraient déceler un certain manque de subtilité. Son partenaire, Dmitry Korchak dans le rôle d’Alfredo, en revanche, pèche parfois par des aigus trop métalliques et semble se perdre au milieu de la masse des costumes, des décors et des choristes. Installée dans le cadre plus apaisé du deuxième acte, la confrontation entre Violetta (Irina Lungu) et Germont père (Simone Piazzola) est particulièrement réussie. Le baryton italien convainc par sa voix et par son jeu scénique, et campe à merveille le rôle du père sévère, mais bienveillant. Ce n’est pas pour rien que son « Di Provenza, il mar, il suol » a été l’un des airs les plus applaudis.

C’est également une réussite pour l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie qui s’est taillée, au cours de ces dernières années, notamment sous l’impulsion de feu Mazzonis Di Pralafera, une réputation pour l’opéra italien, réputation qu’elle partage avec son directeur musical Giampaolo Bisanti, lui-même grand spécialiste du genre, ce dont le public n’a pas manqué de relever en lui réservant une standing ovation !

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CRITIQUE, opéra. LIEGE, Opéra royal de Wallonie, 15 septembre 2024. VERDI : La Traviata. I. Lungu, D. Korchak, S. Piazzola… Thaddeus Strassberger/ Giampaolo Bisanti. Photos (c) Jonathan Berger.

 

VIDEO : Traile de « La Traviata » à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège

 

STREAMING, DANSE. TOKYO : Aladin de David Bintley (Ballet National de Tokyo), du 20 sept 2024 au 20 mars 2025.

Mythe populaire, plutôt très grand public, Aladin et ses aventures prennent vie dans ce ballet merveilleux aux décors et costumes somptueux et aux effets spéciaux époustouflants. Créée par le chorégraphe David Bintley pour le Ballet National du Japon en 2008, la production a été plébiscitée par le public japonais (il s’agit ici de la 4ème reprise) et a gagné sa place dans le répertoire du Birmingham Royal Ballet et du Houston Ballet.
Brillant, éclectique, Bintley présente avec brio une histoire bien connue, tout en faisant de claires allusions (plutôt très maîtrisées) à la forme classique du ballet romantique propre au 19ème siècle. C’est la partition de Carl Davis qui a convaincu Bintley.

 

L’Aladin de David Bintley
mythe et féerie … chinois

La musique évoque avec précision toutes les scènes d’action et se révèle irrésistiblement romantique pour le pas de deux. Bien que largement considéré comme une histoire arabe, le conte d’Aladin dans Les Mille et une nuits se déroule en réalité en …
Chine. Ainsi Aladin est un descendant chinois de la vieille Arabie ; féerie moyen et extrême orientales se mêlent, incorporant éléments chinois, notamment les danses du lion et du dragon, dans des décors inspirés du monde arabe. Les décors de Dick Bird sont haut en couleurs : comme la place d’une ville arabe animée, avec ses diseurs de bonne aventure et ses marchands. Bintley, Bird et la costumière Sue Blane sont très influencés par les décors chinois, comme en témoignent le dragon et l’intérieur du palais. Les vêtements d’Aladin et de sa mère, également d’inspiration chinoise, contribuent à situer l’histoire en un carrefour culturel. Des moments de pure magie nous attendent, comme lorsque le génie de la lampe fait son apparition dans une grotte de joyaux dansants aux côtés d’un lion chinois plus grand que nature… Avec son tapis magique avant son dénouement heureux, Aladin est un spectacle idéal pour séduire et convaincre petits et grands.

 

VOIR Aladin de David Bintley sur OperaVision (depuis le New National Theatre Tokyo) : https://operavision.eu/fr/performance/aladin-de-david-bintley

Diffusé le 20 septembre 2024 à 19h CET
Disponible jusqu’au 20 mars 2025 à 12h CET
Enregistré le 23 juin 2024

 

Distribution

Chorégraphie : Sir David Bintley
Musique : Carl Davis

Aladin : Yudai Fukuoka
La princesse Badroulboudour : Ayako Ono
Le Maghrib : Masahiro Nakaya
Le Génie de la lampe : Takafumi Watanabe

Ballet national du Japon

Orchestre Philharmonique de Tokyo
Paul Murphy, direction musicale

CRITIQUE, opéra. PARIS. Opéra Bastille, 18 septembre 2024. VERDI : Falstaff. A. Maestri, O. Boen, F. Guilda, M.N. Lemieux, I. Ayon Rivas… Dominique Pitoiset / Michael Schonwandt.

Falstaff” à l’Opéra Bastille, l’un des meilleurs spectacles de la rentrée à Paris ! Une mise en scène réjouissante. Un époustouflant Ambrogio Maestri dans le rôle-titre. Autour de lui, une distribution “deluxe”, du premier au dernier rôle : un super staff pour “Falstaff” !

 

Un super staff pour “Falstaff !

 

 

 

Un conseil : si vous voulez faire une révision de votre voiture voire un simple contrôle technique, n’allez surtout pas au garage Windsor. Il s’y passe des choses invraisemblables. Mais si vous voulez passer une bonne soirée, précipitez-vous-y ! (En cas de contrôle technique périmé, prenez le métro, station Bastille…). Le garage en question se trouve sur la scène de l’Opéra. Il est le décor principal de l’excellente mise en scène, pleine de vie, de surprises, d’astuces, du Falstaff de Giuseppe Verdi – mise en scène signée Dominique Pitoiset. L’histoire, on la connaît, est celle des commères de Windsor, lesquelles veulent donner une leçon à un vieux barbon qui croit que son titre de Lord l’autorise à se lancer dans des conquêtes féminines insensées. C’est une leçon de féminisme avec un siècle d’avance. 

On a droit à une distribution de luxe, du premier au dernier rôle. Le Falstaff  de Bastille est l’un des meilleurs qu’on puisse trouver actuellement : le rôle est tenu par un maître en son genre. Un maestro. Un maestro qui en vaut deux. Il s’appelle Maestri : Ambrogio Maestri. Dans son garage Windsor, il est beau comme un camion ! Autour de lui, les commères s’en donnent à coeur-joie et font notre bonheur : l’anglaise Olivia Boen (Alice Ford), voix agile et joliment timbrée, l’italienne Federica Guida, étincelante Nannetta, la truculente canadienne Marie-Nicole Lemieux en Mrs Quickly, et Marie-Andrée Bouchard-Lesieur en quatrième commère. Les hommes sont aussi brillants les uns que les autres : le séduisant ténor péruvien Ivan Ayon Rivas, le solide baryton ukrainien Andriï Kymach, et les deux piles électriques que sont Nicholas Jones et Alessio Cacciamani autour de leur maître Ford.

L’Orchestre de l’Opéra National de Paris resplendit sous la baguette de Michael Schonwandt, faisant éclater ses cuivres, chanter ses bois, et étirer ses violons dans des pianissimos subtils. Excellent également, le Chœur de l’Opéra national de Paris.

A la fin, tous se rejoignent pour entonner la célèbre fugue : “Tutto nel mondo è burla” : “Tout le monde est une farce”. Peut-être n’ont-ils pas tort !…

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CRITIQUE, opéra. PARIS. Opéra Bastille, 18 septembre 2024. VERDI : Falstaff. A. Maestri, O. Boen, F. Guilda, M.N. Lemieux, I. Ayon Rivas… Dominique Pitoiset / Michael Schonwandt.

 

VIDEO : Extrait de « Falstaff » de Verdi selon Dominique Pitoiset à l’Opéra national de Paris

ENTRETIEN avec Christophe ROUSSET, à propos des temps forts de la nouvelle saison 2024 – 2025 des Talens Lyriques : « Mythique ! ».

En 30 années d’une aventure artistique faite de fidélités, d’approfondissements, de recréations aussi, l’ensemble fondé par le claveciniste, Christophe Rousset, Les Talens Lyriques demeure plus que jamais inspiré par la force poétique des mythes, par le théâtre lyrique, la magie de l’orchestre… En témoigne sa nouvelle saison 2024 – 2024 (« Mythique !« ) qui place les grands noms de l’opéra baroque au devant de la scène : Haendel, Lully, mais aussi Salieri (dont l’opéra oublié « Kublaï » promet une redécouverte magistrale en fin de saison), sans omettre le jeune Mozart (nouvelle production d’une œuvre emblématique du travail et du goût de l’ensemble, Mitridate)…

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Grand portrait ci dessus de Christophe Rousset © Nathanael Mergui

 

 

CLASSIQUENEWS : Quelles sont les lignes de force de votre nouvelle saison 24-25 ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Comme nous l’avons publié dans notre brochure ce sont les mythes et mythologies qui donnent une sorte d’unité à notre saison. Un retour très net vers Haendel qui a toujours été une passion et qui à chaque nouvelle production me permet de confirmer son génie dramatique si personnel.

 

CLASSIQUENEWS : Que prolongez-vous et / ou renforcez-vous, en comparaison des saisons précédentes ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Toujours un équilibre entre titres du répertoire baroque et raretés, ainsi un Giulio Cesare de Haendel et un Oratorio de Pâques de Bach contrastent avec l’Opera Seria de Florian Gassmann. Beaucoup de productions scéniques et c’est pour renforcer notre lien avec le Théâtre du Châtelet que l’Orlando de Haendel sera représenté à Paris dans le même lieu qui nous avait présentés dans Così fan tutte la saison dernière. Et enfin l’avant dernier opéra de notre intégrale des œuvres lyriques de Lully : Proserpine. Il ne nous restera plus que Cadmus et Hermione (qui est déjà programmé dans notre agenda)

 

CLASSIQUENEWS : Quelles sont les nouveautés pour cette nouvelle saison ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Ce n’est peut-être pas une nouveauté pour Les Talens Lyriques qui en ont fait un enregistrement marquant : nous proposons un Mitridate de Mozart à la Scala de Milan et au Théâtre des Champs Élysées mais avec évidemment, avec les années de distance, un tout nouveau casting de brillants chanteurs… c’est dire que ce sera comme reprendre le travail à son début.

 

CLASSIQUENEWS : Sur les 10 dernières années, qu’avez-vous constaté d’important comme évolution ou tendances dans le milieu baroque, dans l’interprétation historiquement informée, dans la vie musicale en général ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Évidemment tout change, beaucoup de diversité de propositions, un grand nombre de nouveaux ensembles et de nouveaux chefs, et je ne peux que m’en réjouir. Je regrette parfois dans cette nouvelle vague le peu d »historiquement informé » et le beaucoup d’ego, car souvent faire neuf veut dire faire différent à tout prix : c’est peut-être ne pas assez faire confiance à son propre être-artiste ?…

 

Christophe Rousset et Les Talens Lyriques à l’Opéra royal de Versailles © Eric Larrayadieu

 

CLASSIQUENEWS : Comment a évolué votre orchestre ? Qu’est ce qui le singularise aujourd’hui ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Je pense qu’en plus de 30 ans, nous avons fait un sacré chemin avec mes compagnons de route (fidèles ou occasionnels) ; je pense à l’empreinte que nous laissons sur l’œuvre de Lully, sur celle de Salieri ou celle du jeune Mozart. Et grâce au Palazzetto Bru Zane nous avons pu faire de déterminantes incursions dans le répertoire romantique : notre Faust de Gounod, le Fausto de Louise Bertin ou le récital avec Michael Spyres « In the shadows » ont été très largement salués par la critique… surtout internationale, et ça fait plaisir bien sûr!

 

CLASSIQUENEWS : Vous allez poursuivre votre cycle Lully avec Proserpine… Qu’en attendez vous ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Toujours de nouvelles surprises car Lully ne cesse d’inventer au fil de 16 ans de création lyriques. Il invente lui le genre « tragédie lyrique » et à chaque fois remet structure et effets dramatiques sur le métier.

 

CLASSIQUENEWS : Comment s’inscrit ce nouvel ouvrage dans le cycle des opéras lullistes en cours ?

CHRISTOPHE ROUSSET : Comme avant-dernier opéra de notre intégrale nous bénéficierons évidemment de ce « savoir-faire » élaboré lors de ces nombreuses années de travail méticuleux sur le répertoire lullien. Proserpine est particulièrement développé.

 

CLASSIQUENEWS : En quoi est-il important pour Les Talens Lyriques de défendre Lully et ses opéras ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Quand nous avons attaqué notre parcours Lully, à part Atys et Alceste, il n’y avait rien de disponible. J’ai été convaincu du génie de Baptiste dès mes années Atys, et je n’ai eu de cesse de le mettre en lumière avec tout mon cœur et mon amour du théâtre. De plus pour le claveciniste que je suis, la musique du XVIIe français est un langage familier. Lully fait magistralement exploser les formes et les proportions. Il fallait que le plus grand nombre des mélomanes autour du monde en prennent conscience et partagent mon enthousiasme.

 

CLASSIQUENEWS : Au printemps prochain (avril 2025), est annoncé votre enregistrement de l’opéra de Salieri : Kublaï. Pouvez-nous nous préciser l’attrait de cet ouvrage, les défis interprétatifs qu’il suscite, et en quoi il est important de le jouer et de le faire connaître ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Ce projet Kublaï est né grâce à son éditeur moderne Bärenreiter qui me l’a proposé conjointement au Theater an der Wien de Vienne. La production scénique a été enthousiasmante surtout au vu de l’impact auprès du public (d’ailleurs cette production viennoise est nominée dans les International Opera Awards dans la catégorie new discoveries – un peu la marque de fabrique des Talens Lyriques!). L’ayant travaillé à fond et s’agissant d’un pur inédit (car même du vivant de son auteur l’œuvre n’avait pas été représentée), il nous a semblé nécessaire d’en laisser une trace au disque. Contrairement à ses 3 tragédies lyriques parisiennes et au seria, dans Armida, Salieri offre ici un buffo, même frisant au loufoque avec un Kublaï fat et manipulé par sa gouvernante, et son fils rendu « imbécile » par son précepteur, donnant lieu à des situations burlesques et parfois dramatiques.

Propos recueillis en septembre 2024

 

Christophe Rousset dirigeant Lully © Eric Larrayadieu

 

 

Présentation de saison

LIRE aussi notre présentation de la nouvelle saison 2024 – 2025 des  TALENS LYRIQUES (Christophe ROUSSET, direction). Nouvelle saison 2024 – 2025 : « MYTHIQUE ! ». 7 ouvrages ambitieux, soit 6 OPÉRAS et 1 ORATORIO … : Ifigenia in Aulide de Porpora, Giulio Cesare et Rinaldo de Haendel, Mitridate de Mozart, l’Opera seria de Gassmann, Proserpine de Lully… (sept 2024 – juin 2025). https://www.classiquenews.com/les-talens-lyriques-christophe-rousset-direction-nouvelle-saison-2024-2025-mythique-ifigenia-in-aulide-de-porpora-giulio-cesare-et-rinaldo-de-haendel-mitridate-de/

 

LES TALENS LYRIQUES (Christophe ROUSSET, direction). Nouvelle saison 2024 – 2025 : « MYTHIQUE ! ». Ifigenia in Aulide de Porpora, Giulio Cesare et Rinaldo de Haendel, Mitridate de Mozart, l’Opera seria de Gassmann, Proserpine de Lully… (sept 2024 – juin 2025).

 

 

CRITIQUE, danse. BIARRITZ, 34ème Festival « Le Temps d’aimer la danse » (Gare du midi), le 11 septembre 2024 (21h). CHILDS / CARVALHO / NINJA / DOHERTY… Ballet National de Marseille « (LA)HORDE ».

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Quelques heures après la représentation d’une chorégraphie signée par Christophe Garcia, et « performée » par le Ballet de l’Opéra Grand Avignon, c’est la troupe voisine du Ballet National de Marseille (La)Horde qui était mise à l’honneur au Festival « Le Temps d’aimer la danse » à Biarritz. Aussi poétique qu’implosive, la troupe phocéenne confirme sa fulgurante ascension dans le paysage chorégraphique français, entre autres par sa maîtrise éblouissante des tableaux et mouvements collectifs.

 

 

La plasticité volubile des danseurs du Ballet National de Marseille leur permet d’aborder en une seule soirée captivante, pas moins de 5 chorégraphies distinctes, soit cinq univers poétiques aussi denses que contrastés. Sur le vaste plateau de la Gare du Midi à Biarritz, les danseurs donnent vie aux créations de Lucinda Childs (« Concerto« ), Tânia Carvalho (« One of fout perios of time« , Oona Doherty (« Hope hunt & the Ascension of St Lazarus« ), et Lasseindra Ninja (« Mood« ), plus leur pièce/carte-de-visite : « Room with a view« . Le groupe synchronisé, la fragmentation pulsionnelle, les élans organiques conçus comme des danses tribales, tout cela s’offre au regard et s’affirme comme une ambition rebelle, prête à en découdre avec les codes de la société. A travers ces cinq pièces, la Compagnie défend les motifs envoûtants d’un spectacle particulièrement représentatif de la recherche chorégraphique contemporaine, admirablement incarnée, subtilement appropriée par les excellents danseurs et danseuses du Ballet national de Marseille.

Préalable spectaculaire par sa virtuosité sans limites, la courte pièce de Lucinda Childs, « Concerto » (1993) réalise une mise en bouche sidérante par la liberté acrobatique des gestes. Un pas est franchi ensuite avec l’imaginaire déjanté, surréaliste de « One of four periods intime« , de la chorégraphe portugaise Tania Carvalho : la fusion théâtre/danse s’y déploie avec maestria, et ces artistes déchaînés vêtus de sorte de préservatifs roses géants sont à mourir de rire !…

 

(La) Horde, plus éruptive que jamais

 

 

La compagnie marseillaise, transportée par l’inventivité de (La)Horde, transgresse davantage les codes classiques de la danse dans la chorégraphie de la sulfureuse et provocatrice Lasseindra Ninja ; l’adepte inspirée du voguing, joue ici de tous les plans et registres entre érotisme et sexualité lascive, empruntant directement au cabaret et au peep show. Jusqu’aux coupes des perruques blondes qui citent évidemment les girls du Crazy horse à Paris… Une arène lubrique assumée qui cependant tend à tourner à vide, à force de figures et tournures (sans équivoque), parfois répétitives… Mais le plaisir manifeste des danseurs à incarner chaque position et chaque groupe, confirme davantage leur évidente adaptabilité ; leur envie d’explorer toujours univers et langages actuels.

Enchaîné, l’épisode suivant apporte un contraste saisissant : après le désir élastique et fluide en latex, la force des poings embrasés, une meute en blanc investit la scène ; entre bouleversements et rébellions, le groupe affirme des postures viriles outrées, volontiers agressives, qui exprime l’esprit de revanche et la haine d’émeutiers démunis, désemparés (la situation des jeunes irlandais ?) imaginée par la séditieuse et pertinente irlandaise Oona Doherty.

 

 

Cette fabuleuse soirée de danse, poétique et endiablée, s’achève avec la « carte de visite » et le plus gros succès de la Compagnie :  « A room with a view », totalement frénétique, virtuose, survitaminé… une claire et complète séance de transe collective, où les corps éprouvés dansent jusqu’à leur ultime limite. Une performance artistique et physique qui en dit long sur leur endurance pour un ultime épisode en guise de final ; conquis, enthousiaste, le public hurle son plaisir !

 

 

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CRITIQUE, danse. BIARRITZ. 34ème Festival « Le Temps d’aimer la danse », Gare du midi, le 11 septembre 2024 (21h). CHILDS / CARVALHO / NINJA / DOHERTY… Ballet National de Marseille « (LA)HORDE ». Crédits photo : © Caroline de Otero

 

VIDEO : Teaser de « A room with a view » par (La)Horde

 

OPÉRA GRAND AVIGNON. DANSE, HOFESH SHECHTER : « From England with love », les 8 et 9 oct 2024 – danseurs de la compagnie « Shechter II ».

La Danse séduit de plus en plus de spectateurs. Chaque saison, chaque maison d’opéra le constate : les amateurs de féeries (et de chocs) chorégraphiques ne cessent de croître, espérant de plus en plus de propositions artistiques. C’est assurément le cas de la nouvelle saison 2024 – 2025 de l’Opéra Grand Avignon qui propose – après une journée Maria Callas très riche (le 14 sept dernier) -, le spectacle incontournable signé HOFESH SCHECHTER dont le ballet « From England with love » est le sujet d’une date complémentaire, le mercredi 9 octobre, en plus du mardi 8. Les spectateurs avignonais sont donc comblés. La performance a lieu à Cavaillon (La Garance).

Photo © Todd MacDonald / SHECHTER Company

 

 

ÉNERGIE JUVÉNILE de  » SHECHTER II « 
NOUVELLE FÉERIE URBAINE

C’est une déclaration d’amour brute à l’Angleterre dans laquelle le chorégraphe Hofesh Shechter témoigne des contradictions de sa terre d’adoption, l’Angleterre. Il a fondé sa propre compagnie de danse à Londres en 2008… Pour se faire, le chorégraphe réunit quelques uns des meilleurs jeunes danseurs au monde, tous regroupés au sein de sa compagnie spécifique « Shechter II ». Alliant danse, théâtre et musique à un haut degré d’intensité, jusqu’à la transe, mais une transe collective millimétrée, comme ritualisée, le chorégraphe éblouit cœur et esprit.

Formé au sein de la Batsheva Dance Company, Hofesh Schechter a créé sa propre compagnie à Londres en 2008, invitée régulière des théâtres les plus prestigieux. On a même pu le découvrir au cinéma dans le film « En corps » de Cédric Klapish. Sa danse explosive et libre réécrit le langage chorégraphique dans un esprit direct et rock. Dans cette nouvelle création pour les jeunes danseurs virtuoses, Hofesh Shechter implose l’image lisse et polie de l’Angleterre pour un cocktail musical très british. Les uniformes scolaires n’empêchent pas l’émergence des tempéraments individuels : le groupe, l’individu, l’interaction et l’élan d’une intelligence globale… autant de thèmes abordés, bruts, sans masques. Jeunesse, vitalité, finesse : les lumineuses qualités des jeunes interprètes rayonnent dans cette pièce survoltée, au centre d’une danse urbaine moderne, où surgissent et se régulent mouvements incisifs, énergiques, charnels : le cri, le chant militant, l’esprit de rébellion surchauffe les sens et les esprits… pour au final, une formidable confession amoureuse pour la patrie qui l’a accueillit.

 

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HOFESH SHECHTER : « From England with love »
La GARANCE – CAVAILLON
mardi 8 octobre 2024, 20h
Mercredi 9 octobre 2024, 14h et 19h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra Grand Avignon : https://www.operagrandavignon.fr/england-love
Durée : 1h sans entracte

LA GARANCE – CAVAILLON
Rue du Languedoc 84300 Cavaillon
04 90 78 64 64

Distribution

Chorégraphie, musique et création des costumes, Hofesh Shechter
Création lumière, Tom Visser
Création des costumes, Hofesh Shechter
Musiques additionnelles, Edward Elgar Tomas Talis, Henry Purcell, William H. Monk

Compagnie Shechter II

 

TEASER VIDÉO

Vidéo lien direct : https://www.youtube.com/watch?v=W3yfIEKIp4I

 

 

Spectacle en tournée, repris (entre autre) au Théâtre de la Ville, PARIS : du 8 au 18 janv 2025 :
https://www.theatredelaville-paris.com/fr/spectacles/saison-24-25/danse/shechter-ii

 

L’énergie juvénile de « Shechter II » © Todd MacDonald

CRITIQUE, festival. 77ème Festival International de musique de Besançon, Kursaal, le 13 septembre 2024 : « Une Saga symphonique ». Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Sabine Quindou (présentation), Jean-François Verdier (direction).

Le Festival International de musique de Besançon, dont c’est la 77ème (!) édition, a payé de malchance avec des conditions météos qui ont ruiné le projet de Jean-Michel Mathé, son directeur (depuis 2012), de le faire débuter par un grand concert festif et populaire, gratuit… en en extérieur à la Gare d’eau, dans la boucle du Doubs. Las, il a fallut relocaliser le concert d’ouverture au Kursaal, mais là où l’on attendait 2000 spectateurs, le festival n’a pu en accueillir que 700, et une queue interminable s’est ainsi formée à l’entrée de la salle bisontine, faisant ainsi de nombreux déçus…

 

 

Pour les Happy Few ayant eu le sésame, la fête fut belle, et les rappels nombreux tant la soirée a su garder son caractère festif et joyeux. Bonne idée également de la part de J. M. Mathé d’avoir mis en avant l’orchestre “local”, c’est-à-dire le brillant Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, dirigé (depuis 2010) par l’excellent Jean-François Verdier. Au programme, intitulé “Une saga symphonique”, rien moins qu’un panorama de tous les grands compositeurs classiques depuis Jean-Philippe Rameau à la très “contemporaine” Camille Pépin (présente dans la salle), à laquelle le festival a commandé une pièce pour l’occasion. En maîtresse de cérémonie, la journaliste et animatrice Sabine Quindou – avec beaucoup de didactisme et autant d’humour – s’est montrée à la hauteur de sa tâche, en n’omettant rien des événements majeurs qui ont jalonné les trois derniers siècles de la “grande” musique. 

Et c’est merveille de voir comment l’orchestre s’adapte et excelle dans tous les registres, de la fameuse “Danse des sauvages” (Les Indes galantes) de Rameau aux “Murmures de la forêt” extrait de Siegfried de Wagner, en passant par l’ouverture de “L’Italienne à Alger” de Rossini à un extrait de “L’Oiseau de feu” de Stravinski. Sous la battue toujours vive et nuancée de Jean-François Verdier, la phalange franc-comtoise montre sa versatilité, qui a donc abouti à une création d’une œuvre pour orchestre de Camille Pépin, dans la droite ligne du poème symphonique et de la musique narrative, qui entend faire écho aux bouleversements climatiques que connaît notre planète. Un ouvrage symphonique, non exempt de lyrisme et d’une certaine beauté, qui s’inscrit dans la tradition d’un Sibelius… avec quelques accents hollywoodiens ! 

Le Festival bisontin se poursuit jusqu’au 22 septembre, et accueille comme à son habitude formations et solistes les plus prestigieux, à l’instar du “National” accompagnée de la violoniste Julia Fischer au lendemain de ce premier concert, la Compagnie “La Tempête” et Simon-Pierre Bestion ayant à nouveau émerveillés les spectacteurs (avec son spectacle “Brumes”), tandis que demain, 19 septembre, Mathieu Romano à la tête des Siècles feront résonner le sublime “Requiem” de Fauré (au Kursaal). Puis ce sera au tour de l’Orchestre National de Metz de se lancer dans une interprétation de la gigantesque 10ème symphonie de Dmitri Chostakovitch (direction, Adrian Prabava), et c’est avec la non moins monumentale 3ème symphonie de Bruckner, dirigée par Pablo Heras-Casado (le directeur musical du Philharmonique de Berlin !), à la tête de la phalange belge “Anima Eterna”. 

Bon vent à cette 77ème mouture du festival de Besançon !

 

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CRITIQUE, festival. 77ème Festival International de musique de Besançon, Kursaal, le 13 septembre 2024 : « Une Saga symphonique ». Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Sabine Quindou (présentation), Jean-François Verdier (direction). Photos (c) Emmanuel Andrieu.

 

VIDEO : Replay du Concert d’Ouverture (« Une saga symphonique ») du 77ème Festival Internationla de Musique de Besançon, le 13 septembre 2024

 

ORCHESTRE LAMOUREUX. Dim 6 oct 2024. VOL DE NUIT : Dukas, Massenet, Claudio Alsuyet (création mondiale), Mel Bonis… BOULOGNE BILLANCOURT, La Seine Musicale

Dans ce nouveau programme événement, l’Orchestre Lamoureux confirme ses affinités avec la musique française et son engagement pour la création… comme en témoigne lors de ce concert événement la création mondiale de « Le messager de la nuit » de Claudio Alsuyet, partition pour violoncelle, narration et orchestre, inspiré de « Vol de nuit » d’Antoine de Saint-Exupéry.

 

VOL DE NUIT, une ballade littéraire et musicale

De Corneille à Saint-Exupéry, l’Orchestre Lamoureux, créateur de Polyeucte de Paul Dukas et du Pelléas et Mélisande de Gabriel Fauré, invite à un voyage faisant dialoguer via l’opéra, la musique de scène ou la simple inspiration, avec de grands textes littéraires et musicaux.
Décollage vers la découverte d’une nouvelle œuvre du compositeur argentin Claudio Alsuyet d’après le roman Vol de nuit, et atterrissage en terrain connu avec le chef d’œuvre de Bizet, opéra français le plus joué au monde !

 

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Concert Vol de nuit
Dimanche 6 octobre 2024, 18h
BOULOGNE-BILL. La Seine Musicale (Auditorium Patrick Devedjian)

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Orchestre Lamoureux :
https://orchestrelamoureux.com/concerts/vol-de-nuit-une-balade-litteraire-2/

 

Photo : Sébastien Hurtaud (DR / © Orchestre Lamoureux)

 

ORCHESTRE LAMOUREUX – Adrien Perruchon, direction
Sébastien Hurtaud, violoncelle
Julie Gayet, récitante

 

Programme

Paul Dukas,
Polyeucte (Ouverture pour la tragédie de Corneille)

Jules Massenet,
Le Cid (Extraits)

Claudio Alsuyet,
Le Messager de la nuit, pour violoncelle, narration et orchestre,
d’après Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry (Création mondiale)

Mel Bonis,
Ophélie

Georges Bizet,
Carmen, Suite N°1

 

 

Informations pratiques

01 74 34 53 53
www.laseinemusicale.com
https://www.laseinemusicale.com/?gad_source=1&gclid=CjwKCAjwps-zBhAiEiwALwsVYZmDI2Nt_xkXshgPXk5t3WEKSO1-on4FzYNetP302i7QnZOJMcFQJRoCpcwQAvD_BwE

 

La Seine Musicale
Auditorium Patrick Devedjian
Ile Seguin – 92100 Boulogne-Billancourt

CRITIQUE, opéra. PARIS. Opéra Bastille, 17 septembre 2024. PUCCINI : Madama Butterfly. Eleonora Buratto, Aude Extrémo, Stefan Pop, Christopher Maltman… Robert Wilson/ Speranza Scappucci.

Pour célébrer le centenaire de la mort de Puccini, l’Opéra national de Paris ressuscite la belle mise en scène de « Madame Butterfly » de Bob Wilson. Elle plonge la musique voluptueuse de Puccini dans l’univers japonais et minimaliste du théâtre nô. L’association des deux était inattendue : c’est le cas Puccinô !

 

« Butterfly » selon Wilson : le cas Puccinô !

 

 

Il ne faut pas croire que l’art de la mise en scène nécessite des installations extravagantes, des décors inouïs, des effets spéciaux d’un autre monde. Avec un seul écran blanc, Bob Wilson peut vous monter une « Madame Butterfly ». Imprégné de théâtre japonais, il vous fait défiler des personnages à petits pas serrés, il en fait passer d’autres en ombres chinoises, il fige ses chanteurs dans des attitudes de poupées de porcelaine, et voilà le résultat! Parfois l’écran ne reste pas blanc, se farde de couleurs pastel, s’ensanglante de rouge violent ou s’assombrit de bleu nuit. Mais le résultat est le même, d’un exquis raffinement. On le sait, cette mise en scène plusieurs fois reprise depuis 1993 a ses détracteurs. Préfèrent-ils les extravagances qu’on a vues ici ou là ces dernières années, ou certaines « japoniaiseries » qui nous ont été infligées dans le passé ? Tout, ici, est d’un parfait esthétisme, dégage une atmosphère de sérénité propice à l’épanouissement de la musique et du chant.Pendant l’interlude orchestral du deuxième acte, Bob Wilson attribue à l’enfant de Butterfly un rôle mimé et dansé. La scène est d’une totale poésie. 

En revanche, une qui manque de poésie c’est la cheffe d’orchestre Speranza Scappucci. Contrairement aux personnages qui, sur scène, avancent à petits pas de geishas, elle fait marcher l’orchestre à grandes enjambées sans finesse. On pourrait faire beaucoup plus subtil avec un tel orchestre ! Le choeur, lui, est magnifique. La beauté du passage chanté à bouche fermée dans le deuxième acte a suscité les bravos de la salle.

Une qui a été également ovationnée c’est l’Italienne Eleonora Buratto. C’était mérité. Elle est la triomphatrice de la soirée, avec ses beaux aigus, la rondeur de sa voix, son timbre satiné. Nous avons, certes, entendu de meilleures Cio Cio San, mais elle s’impose ici en reine dans la mise en scène de Bob Wilson. Dans ce spectacle, elle se trouve entre Bob et Pop. Car Pop est le nom du ténor, interprète de Pinkerton : Stefan Pop. Il a une voix puissante qu’il émet parfois avec une certaine dureté. Son impitoyable personnage exige peut-être cela. Belle tenue, à ses côtés, de la mezzo Aude Extrémo en Suzuki ainsi que du baryton Christopher Maltman dans le rôle du consul. Carlo Bosi (Goro), Andres Cascante (Yamadori), Vartan Gabrielian (le bonze) et enfin l’Ukrainienne Sofia Anisimova (Kate) complètent cette distribution de qualité.

Et c’est ainsi qu’à la Bastille se pérennise la « Butterfly » façon Wilson.

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS. Opéra Bastille, 17 septembre 2024. PUCCINI : Madama Butterfly. Eleonora Buratto, Aude Extrémo, Stefan Pop, Christopher Maltman… Robert Wilson/ Speranza Scappucci.

 

CRITIQUE, opéra. BRUXELLES, Théâtre Royal de la Monnaie (du 11 sept au 4 oct 2025). WAGNER : Siegfried. M. Vigilius, I. Brimberg, G. Bretz… Pierre Audi / Alain Altinoglu

Lors de la conférence de presse du Théâtre Royal de La Monnaie en avril dernier, une annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre : Romeo Castellucci ne poursuivrait pas son projet de Ring de Richard Wagner à Bruxelles, jugé irréalisable dans les contraintes budgétaires et temporelles fixées par l’intendant Peter de Caluwe. Ainsi, le projet expérimental de long métrage utilisant une « technologie inexplorée » pour Siegfried a été abandonné. Pierre Audi, actuel directeur du Festival d’Aix-en-Provence et déjà auteur d’un Ring audacieux il y a vingt-cinq ans à l’Opéra National des Pays-Bas, a repris les rênes du projet. Il a entièrement repensé sa vision de l’œuvre pour l’adapter à la salle intimiste de La Monnaie.

 

Audi assume une rupture stylistique avec le travail de Castellucci, souvent acclamé pour son audace et sa profondeur symbolique. Sa production, montée en un temps record, tient du miracle par sa justesse psychologique, son équilibre esthétique et son humour décalé. Le rocher de Brünnhilde, en noir et blanc, rappelle le final de La Walkyrie de Castellucci, mais Audi évite les symboles parfois alambiqués pour privilégier une narration linéaire et colorée, évoquant les contes de fées sombres de l’enfance. Une courte vidéo muette, montrant des enfants interprétant le récit dans un atelier de bricolage, ouvre l’opéra, suggérant une allégorie de l’apprentissage et de la vie.

Le récit suit un parcours initiatique, structuré autour des quatre éléments (terre, feu, eau, air), où Siegfried évolue de l’adolescence à la maturité. Audi opte pour une abstraction intemporelle, symbolisée par une météorite géante éclairée avec art par Valerio Tiberi. Cet objet magnétique et mouvant incarne tour à tour les écailles du dragon et les fragments d’un monde en mutation après la rencontre entre Wotan et Siegfried. Une lance-laser, rappelant le Ring de Harry Kupfer à Bayreuth en 1988, traverse l’espace lors de l’arrivée du Wanderer, scellant les confrontations dramatiques avant de se briser sous les coups de l’épée Notung. Audi injecte une dose de légèreté dans ce Siegfried, notamment au premier acte où le héros, plus anxieux qu’intrépide, martyrise un sac de boxe suspendu, tandis que Mime prépare une potion sur une kitchenette ludique. La sortie de l’adolescence de Siegfried est symbolisée par l’explosion décalée d’un ours en peluche. Les décors minimalistes de Michael Simon, associés à une direction d’acteurs précise, rendent fluide la succession des duos dramatiques.

Magnus Vigilius incarne un Siegfried à la vaillance éruptive, mêlant inquiétude et lyrisme, face à un Mime idéalement interprété par Peter Hoare, dont le timbre nasillard et guttural convient parfaitement à la félonie du personnage. Gábor Bretz campe un Wanderer fatigué, aux graves profonds et à l’aigu légèrement poussif, incarnant un dieu en bout de course. Scott Hendricks, en Alberich, offre une performance vocale corsetée mais expressive, tandis que Wilhelm Schwinghammer impressionne en Fafner, dont la voix amplifiée évoque une terreur glaciale. Ingela Brimberg, en Brünnhilde, allie puissance vocale et humanité, explorant les nuances émotionnelles du personnage. Nora Gubisch, en Erda, apporte une présence chaleureuse, tandis que Liv Redpath, en Oiseau de la forêt, enchante par sa fraîcheur vocale.

 

 

L’Orchestre symphonique de La Monnaie, dirigé par Alain Altinoglu, livre une performance remarquable, alliant puissance tellurique et transparence chambriste, magnifiant la dramaturgie wagnérienne. Malgré quelques signes de fatigue dans les pupitres de violons au troisième acte, l’orchestre brille par sa cohésion et son engagement. Altinoglu, acclamé à juste titre, semble être le véritable metteur en scène de cette production, tant sa direction musicale imprègne chaque moment.

Le Siegfried de Pierre Audi, accueilli par une standing ovation, offre une vision à la fois onirique et humaine, permettant un plein épanouissement du flux musical et mettant en valeur une distribution homogène et talentueuse. Cette production marque un tournant dans le Ring bruxellois, passant de l’univers des dieux à celui des hommes. Bien que moins radicale que celle de Castellucci, elle séduit par sa clarté narrative et sa beauté visuelle. Les absents à cette première ont manqué un spectacle qui, malgré les circonstances difficiles, relève le défi avec brio et ouvre une nouvelle page dans l’histoire de La Monnaie.

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. BRUXELLES, Théâtre Royal de la Monnaie (du 11 sept au 4 oct 2025). WAGNER : Siegfried. M. Vigilius, I. Brimberg, G. Bretz… Pierre Audi / Alain Altinoglu. Toutes les photos © Monika Rittershaus

Festival INVENTIO. PARIS, Salle Colonne, le 7 oct 2024. Gounod, Wieniaski, Ravel, Liszt… transcriptions par Léo Marillier et Orlando Bass

Le 7 octobre, le 9ème Festival INVENTIO 2024 – porté par le violoniste virtuose Léo Marillier – conclue son édition 2024, non sans audaces créatives, et poursuit ses escapades musicales, « hors des sentiers battus et urbains, (pour) démocratiser la culture dans des lieux insolites » : c’est donc l’excellence artistique fusionnée à la surprise et à l’esprit d’aventure qui prévaut en cette rentrée dans le 77 et à Paris (pour le concert final du 7 octobre, salle Colonne). Des sites surprenants aux acoustiques qui ne le sont pas moins, des formations originales (comme le trio Le Bateau Ivre, le 14 sept : alto, harpe, flûte), piano 4 mains… Au programme : auteurs impressionnistes, créations aussi (signées Léo Marillier, comme à son habitude pour chaque édition d’Inventio), arrangements audacieux pertinents, paraphrases inspirantes, transcriptions aussi impertinentes que récréatives…

 

… avec bouquet final, à Paris, célébration du centenaire du manifeste surréaliste avec des œuvres et des arrangements du duo de choc : Léo Marillier (violon) et Orlando Bass (piano)… dont un LISZT dévoilé, moderne et essentiel ; une commande révélant la magie de deux gestes accordés (violon / piano), enfin la Sonate n°2 de Robert Schumann, que l’on croyait connaître et ici révélée dans une version autographe méconnue.
Pour bien commencer la rentrée francilienne et parisienne 2024, 3 concerts incontournables.

FESTIVAL INVENTIO 2024, Acte II
CONCERT FINAL événement

lundi 7 octobre 2024

 

Information s& réservations directement sur le site du FESTIVAL INVENTIO 2024 :
https://www.inventio-music.com/le-festival/calendrier-et-programmation/

 

 

LUNDI 7 OCTOBRE 2024

 

PARIS, Salle colonne – Paris
94 Bd Auguste Blanqui 75013 Paris
20h : CONCERT-ÉVÉNEMENT
Centenaire du Manifeste du Surréalisme
Violon : Léo MARILLIER
Piano : Orlando BASS

 

Le programme événement, tout en poursuivant un précédent sur le thème de Faust (2023, voir notre reportage exclusif Une nuit avec FAUST), poursuit l’exploration inventive, hors normes, au geste lyrique et poétique, défendu par le duo Léo Marillier et Orlando Bass ; la soirée est ainsi articulée autour du centenaire du Manifeste du surréalisme. En ouverture, de splendides acrobaties : le Faust de Gounod, revisité par Wieniawski et Ravel, dont le goût virtuose et subtil permet de mettre au grand jour des facettes touchantes de ces thèmes célébrissimes à travers les gestes musicaux que sont paraphrases et transcriptions.
Grand inventeur du piano moderne, maître farouche de la virtuosité, Franz Liszt préfigure le cubisme, par son goût pour les contrastes indomptés et un aspect machiniste immuable dans les trois pièces choisies (Mephisto Polka, Nuages gris, Czardas obstiné / arrangement Léo Marillier et Orlando Bass).

Liszt a exploré à la fin de sa vie les possibilités d’une musique brutale, primitive, sombre, essentielle où le geste de l’interprète virtuose, d’impressionnant, se fait troublant ; incroyable de penser que ce virtuoses du geste élégantissime et un rien narcissique ait évolué vers l’épure, la synthèse, l’être plutôt que le paraître / Wagner son gendre ne s’y est pas tromper en puisant dans cette matière éruptive et vitale ; l
Les interprètes vous proposent trois saynètes arrangées par leurs soins illustrant cette fascination.

En son cœur, un pari musical, une galipette, création commune à Orlando Bass et Léo Marillier, commande de l’édition 2024 du Festival : « DOUBLE-FIL », composé à quatre mains, par le biais d’un système où l’un finit les gestes musicaux suggérés par l’autre, dans une sorte d’aller-retour qui n’est pas sans rappeler le travail à contrainte de l’OuLiPo.
GESTES également puisque cette musique explore l’idée même du jouer-ensemble, de ce qui constitue le langage autant corporel que musical unissant des musiciens. D’où le titre de « Double-fil », le fil étant celui d’un funambule.
Pour finir, la seconde sonate de Schumann, pont géant entre piano et violon, œuvre à l’imaginaire foudroyant, dans une version totalement inédite d’après le manuscrit.

Programme
Henri Wieniwaski : Faust Fantaisie
Maurice Ravel : à la manière d’Emmanuel Chabrier (arrangement Léo Marillier et Orlando Bass),
Franz Liszt : Mephisto Polka, Nuages gris, Czardas obstiné (arrangement Léo Marillier et Orlando Bass) ;
Léo Marillier / Orlando Bass – Double fil (commande du Festival INVENTIO 2024)
Robert Schumann – Sonate pour violon et piano n.2 en ré mineur op.121
(version inédite à partir du manuscrit)

 

dernière minute : la Sonate de Schumann est finalement remplacée par la Sonate en mi mineur de Busoni car l’œuvre est plus adaptée au « développement autour du surréel, de l’impulsif, du rêve », précise Léo Marillier.

 

 

LIRE aussi notre présentation du Festival INVENTIO 2024, acte I, avec un ENTRETIEN avec Léo MARILLIER : https://www.classiquenews.com/77-9e-festival-inventio-leo-marillier-du-geste-a-la-musique-les-16-mai-1er-8-15-30-juin-7-juillet-2024-14-28-sept-puis-7-oct-2024/

 

(77) 9ème FESTIVAL INVENTIO. Léo Marillier : « Du geste à la musique », les 16 mai, 1er, 8, 15, 30 juin, 7 juillet 2024 / 14, 28 sept puis 7 oct 2024

 

VOIR aussi notre REPORTAGE exclusif UNE NUIT avec FAUST, programme INVENTIO 2023 :

 

PARTIE 1

PARTIE 2

CRITIQUE, opéra. ANVERS, Opera Ballet Vlaanderen, le 14 septembre 2024. PUCCINI : Madama Butterfly. C. Byrne, L. Verstaen, O. Purcel, V. Neri… Mariano Pensotti / Daniela Candellari.

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Pour marquer le centenaire de la disparition de Giacomo Puccini, l’Opéra d’Anvers a choisi de lui rendre hommage avec une version de Madama Butterfly expurgée de tout japonisme “exotisant”. Dans cette nouvelle production, le cadre se veut le plus intemporel possible : le drame se joue au sein d’un dispositif scénique sobre et épuré – mais que le metteur en scène argentin Mariano Pensotti inscrit dans un véritable jeu « borgésien » de mise en abîme et de miroirs déformants. 

 

 

Explications… 

Avant même l’ouverture, nous nous retrouvons confrontés sous la forme d’intertitres et de séquences vidéos – qui seront projetés à divers moments de l’opéra – à l’histoire tragique de Maiko Nakamura, metteuse en scène fictive d’origine japonaise installée en Occident. À l’instar de l’héroïne dont elle est amenée à mettre en scène le drame, elle est originaire de Nagasaki. Durant les répétitions, elle est confrontée à la question de ses origines, qu’elle finit par partir chercher au Japon – pays qu’elle a quitté il y a de nombreuses années. Arrivée là-bas, elle découvre la maison de ses parents détruite, ce qui l’amènera d’abord à la dépression, puis au suicide.

Le récit, tout fictif qu’il soit, n’a rien d’anecdotique et entend faire écho au drame vécu par l’héroïne, la jeune et naïve geisha Cio-Cio-san, magistralement incarnée ici par la soprano irlandaise Celine Byrne. L’idée semble être d’inscrire le drame dans une temporalité qui n’est plus celle du XIXe siècle colonial et de démontrer comme le pensait Puccini que « tous les drames sont universels ». Ainsi la maison détruite de Maiko Nakamura est présente sur la scène au cours des trois actes : d’abord sous forme tridimensionnelle et recouverte de miroirs, puis sous forme de cloisons transparentes superposées où se dessinent un arbre, et pour ne trouver finalement, sur les derniers moments du drame, qu’une pyramide inversée et noire. En réalité, nous fait comprendre Pensotti, par l’entremise de l’histoire de Maiko Nakamura, Madama Butterfly n’est pas une histoire d’amour, c’est un drame, le drame que vit toute personne qui tente de devenir ce qu’elle n’est pas et qui projette en l’autre un miroir déformant de soi-même.

C’est un public conquis qui s’est levé pour acclamer le casting et l’orchestre, dirigé avec maestria par la cheffe italienne Daniela Candellari. Notons également les performances particulièrement applaudies de Lotte Verstaen, attachante Suzuki aux graves profonds, et de Vincenzo Neri, élégant Sharpless à l’impeccable ligne de chant. Las, le roumain Ovidiu Purcel (Pinkerton) ne suscite pas le même enthousiasme, notamment à cause d’un timbre nasal peu agréable à l’oreille…

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CRITIQUE, opéra. ANVERS, Opera Ballet Vlaanderen, le 14 septembre 2024. PUCCINI : Madama  Butterfly. C. Byrne, L. Verstaen, O. Purcel, V. Neri… Mariano Pensotti / Daniela Candellari. Photos © Annemie Augustijns.

 

PHILHARMONIE DE LUXEMBOURG. BENJAMIN PRINS : La Princesse mystérieuse, le 5 oct 2024 (Festival Atlantico) – 3 séances : 11h, 15h & 17h.

Spectacle idéal pour les 5-9 ans, « La Princesse mystérieuse » est un incontournable : il est mis en scène et conçu par le metteur en scène BENJAMIN PRINS. Dans le cadre de son festival Atlantico, la Philharmonie de Luxembourg propose ce spectacle musical qui illustre avec facétie et délicatesse les dérives d’un pouvoir autoritaire… surtout la figure féerique et envoûtante d’une princesse qui ose défier l’ordre établi. Sur scène, place à l’éloquence des gestes, de la danse, du chant, et

un nouveau langage théâtral, des timbres instrumentaux pour un enchantement en 1h de temps.

 

SYNOPSIS : Le nouveau roi est devenu égoïste. Le monde entier doit lui être soumis. Il y a pourtant une région où on lui tient tête: y vit un peuple mystérieux dont la souveraine – une princesse – dispose de pouvoirs surnaturels. Un ingénieur est censé superviser la construction d’un château mais un accident vient tout perturber. La princesse est déchirée : elle doit d’un côté protéger son peuple mais de l’autre, elle est tombée amoureuse de l’ingénieur… Que fera-t-elle ?

 

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Philharmonie de Luxembourg
La Princesse mystérieuse
samedi 5 octobre 2024
3 séances : à 11h, 15h et 17h

Durée: 1h sans entracte (et sans paroles)
Idéal pour les 5 – 9 ans (et leurs parents !)

 

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de la PHILHARMONIE LUXEMBOURG : https://www.philharmonie.lu/fr/programme/2024-25/la-princesse-mysterieuse-000000e900197290

Pas de caisse le jour du concert. Réservez en ligne jusqu’à 5 minutes avant l’événement.

 

distribution

Jan Bastel, comédie, danse
Alexandre Martin-Varroy, comédie
Winnie Dias Pinto, danse

Sete Lágrimas
Filipe Faria, voix, percussions, instruments folk
Sérgio Peixoto, voix, clavecin, toy piano
Denys Stetsenko, violon, violon baroque
Sofia Diniz, viole de gambe
Tiago Matias, luth, guitare baroque, saz, théorbe

Benjamin Prins, conception, mise en scène
Pénélope Driant, collaboration artistique, dramaturgie

Sabine Novel, chorégraphie
David Münch, décors
Nina Ball, décors, costumes
Yvonne Reidelbach, costumes

 

 

TEASER VIDÉO La Princesse mystérieuse

 

 

 

 

Reportage making of – répétitions, entretiens…

 

 

 

entretien

ENTRETIEN avec Benjamin PRINS, à propos de sa mise en scène du spectacle Jeune Public « La Princesse Mystérieuse »….

La Princesse Mystérieuse est le deuxième épisode d’une saga de trois. Benjamin Prins rêve de représenter le triptyque dans sa continuité… Le directeur du Nordhausen Theater précise les enjeux d’un spectacle qui tout en s’adressant aux jeunes spectateurs, pose aux interprètes des défis redoutables tout en véhiculant ses propres conceptions du spectacle. Il s’agit aussi d’une lecture personnelle et argumentée inspirée d’un roman clé de la littérature de la Renaissance portugaise…. En particulier « La légende de la Pérégrination » de Fernão Mendes Pinto, une œuvre bouleversante qui méritait bien un langage théâtral et musical spécifique.
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Photo portrait de Benjamin Prins © Julia Lormis

 

 

 

CLASSIQUENEWS : quelles références visuelles et dramatiques pour ce spectacle pour enfants ?

BENJAMIN PRINS : Les sources sont multiples : films et romans d’aventures comme Avatar, Jules Verne, Indiana Jones… également le cinéma japonais de Kore Eda pour la douceur … Sans omettre une théâtralité “classique”avec machinerie scénographique modulable…

 

 

CLASSIQUENEWS : Que font les artistes sur scène ?

BENJAMIN PRINS : Cette saga musicale a une intrigue écrite mais il n’y a aucun mot parlé pendant le spectacle. Il s’agit de raconter cette aventure épique sans paroles.
En effet, notre seul langage pour raconter cette histoire est la musique, et son interprétation par la pantomime et la danse. Lorsqu’un dialogue nous semblait toutefois indispensable à la compréhension d’un moment-clé dans notre histoire, nous avons inventé une forme particulière, que l’on pourrait qualifier de “mélologue”. En coordination avec les mouvements mimés par les interprètes ou leurs expressions, les musiciens expriment avec leurs instruments des sortes de phrases, qui sont des créations musicales auxquelles nous avons abouti tous ensemble en travaillant sur les intonations d’un langage parlé. Ces récitatifs permettent une construction didactique très inventive entre la musique et le corps poétique de l’acteur.
Lorsque parfois, dans la salle, les enfants expriment à haute voix ce qui vient d’être “dit” dans ces récitatifs sans paroles, nous y trouvons le gage que nous avons travaillé juste, et la joie ressentie est au rendez-vous.

 

 

CLASSIQUENEWS ; Quels thèmes le spectacle met-il en avant ?

BENJAMIN PRINS : la haine de l’étranger, la déforestation, les dangers d’un roi mégalomane et égocentrique ; mais aussi la connaissance de soi, l’amour transfigurateur.

 

 

CLASSIQUENEWS : D’une façon générale, comment abordez-vous comme metteur en scène d’opéra, un tel spectacle pour enfants ? Sur quoi avez-vous travaillé avec l’équipe pour ce spectacle ?

BENJAMIN PRINS : Créer des spectacles de haute qualité pour le Jeune Public reste toujours une expérience incomparable, extrêmement épanouissante. Les enfants comme les adultes ont besoin de contes, d’histoires qui les poussent à de profondes réflexions, dans leurs questionnements et – pourquoi pas – dans leurs peurs. Le théâtre est le lieu où l’on peut sentir à quel point les sentiments sont précieux, signifiants et déterminants. Ici, au théâtre, les enfants peuvent faire l’expérience empirique de leurs inquiétudes, et de leur curiosité naturelle sur tous les mystères fondamentaux que sont l’amour, la mort, le pouvoir, les arts…. Thèmes abordés avec la même intensité à l’opéra.

C’est un fait bien connu qu’il est particulièrement difficile de créer pour le Jeune Public, car la perception des enfants est sans merci : si c’est oui, alors vous obtenez leurs retours immédiats, généreux et… parfois très sonores, mais quand c’est non, quand ils n’adhèrent pas, le rejet est tout aussi spontané !

Impossible, donc, d’être médiocre avec des spectacles Jeune Public, et je n’aurais pas pu atteindre ce niveau de précision et d’intelligence sans la participation de ma collaboratrice Pénélope Driant, qui est une comédienne fantastique, une spécialiste du mime, et aussi une dramaturge implacable.

J’ai besoin de ce challenge car il m’amène à inventer de nouvelles formes et trouver de nouvelles ressources pour raconter une histoire le plus clairement possible. Et pour la raconter dans toute sa profondeur et sa subtilité, pour que les parents, les accompagnateurs et les professeurs présents dans la salle soient eux aussi embarqués aux côtés des enfants, et avec nous.

 

 

CLASSIQUENEWS : A quelle source littéraire puisez-vous ?

BENJAMIN PRINS : Selon moi, les mythes de la Renaissance portugaise sont comme des scénarios hollywoodiens au XVIe siècle. La structure du spectacle est bien sûr musicale, mais aussi, et avant tout, dramatique. La légende de la Pérégrination de Fernão Mendes Pinto m’a particulièrement inspiré, tout comme les Histoires Tragico-Maritimes : elle montre comment le désir d’enrichissement personnel qui animait les explorateurs de la Renaissance était un leurre, un mirage, et en même temps un moyen efficace de se confronter à la réalité du monde. L’histoire de nos trois épisodes se base également sur d’autres histoires allant jusqu’à 1750, qui relatent la découverte du Nouveau Monde par les navigateurs portugais. Ce sont des histoires pleines de voyages, de constructions monumentales, d’inventions technologiques, mais aussi de désastres, d’échecs, de pillages, de tremblements de terre, d’esclavage, de fanatisme religieux et de délire baroque… Parmi les grandes avancées technologiques, j’ai été particulièrement inspiré par la toute première machine aérostatique, inventée par le mathématicien Bartolomeu Lourenço de Gusmão. Cet engin, baptisé la « Passarola » – le Grand Oiseau, pouvait survoler Lisbonne en 1709. Du Jules Verne avant la lettre.

Notre envie est de continuer à donner ce spectacle autant de fois que possible pour toucher de nouveaux publics. Mon souhait personnel serait de donner à découvrir les trois épisodes dans un festival ambitieux.

La dramaturgie du spectacle doit évidemment trouver racine dans un travail préparatoire approfondi et de nombreuses recherches sur les sources historiques.

La dramaturgie du spectacle est en effet basée sur de longues recherches historiques, et des récits datant de 1415-1580 qui relatent la découverte du Nouveau Monde par les navigateurs portugais de la Renaissance. Après le premier épisode, Les Aventures de Pinto et Fernão, j’ai eu envie de continuer à adapter le plus grand roman portugais du XVIIe siècle : Peregrinação. Son auteur et narrateur, Fernão Mendes Pinto, est à mes yeux un miroir de sa génération, peut-être même une métaphore pour toute personne à la recherche du sens de la vie. Jeune homme, le but de Pinto (l’auteur du roman) était tout bonnement de devenir riche. Mais à la fin de sa vie, après avoir été tour à tour marin, esclave, pirate, marchand, ambassadeur et prisonnier, il réalise qu’il s’agissait aussi d’une quête spirituelle, décide de donner toutes ses possessions et de devenir moine.

 

CLASSIQUENEWS : Comment s’est réalisée la partie musicale ?

BENJAMIN PRINS : Le répertoire des albums Diaspora, Peninsula et Terra a servi de squelette à l’écriture de l’histoire originale. Dans ces albums, l’ensemble musical Sete Lágrimas explore les fruits de la rencontre culturelle entre le Portugal et les différents territoires de sa diaspora. C’est la musique de la découverte de l’Autre. La création de la bande originale du spectacle n’a pas seulement consisté à sélectionner les meilleurs morceaux du répertoire existant et à les associer le plus précisément possible – voire le plus organiquement possible – à nos différentes séquences narratives (ce qui représente en soi une belle petite réussite !), mais aussi à inventer une série d’effets sonores (sons de forêt, bruits d’animaux, décollage d’une machine aérostatique…) et travailler ces fameux “mélologues”, dont la grammaire formait à elle seule un nouveau langage théâtral.

 

CLASSIQUENEWS : Comment s’est passé votre travail avec les musiciens ?

BENJAMIN PRINS : J’ai choisi de ne pas trop écouter leur première déclaration, où ils me prévenaient qu’ils n’étaient « pas des acteurs ». Les cinq musiciens de Sete Lagrimas se sont en effet révélés être des gens de théâtre hors pair. Tour à tour ou simultanément concepteurs sonores, danseurs, acteurs, ventriloques, machinistes, attentifs aux lumières, se maquillant eux-mêmes, soignant leurs costumes comme une seconde peau, disposant leurs accessoires avec la même importance que leurs précieux instruments…

Propos recueillis en septembre 2024

 

 

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CRITIQUE, danse. BIARRITZ, 34ème Festival « Le Temps d’aimer la danse » (Théâtre de Bayonne), le 11 septembre 2024 (18h). « Les Nuits d’été » par le Ballet de l’Opéra Grand Avignon & la Compagnie « La Parenthèse », Christophe Garcia (chorégraphe).

Depuis 1990, et donc pour sa 34ème édition, Thierry Malandain et son festival « Le Temps d’aimer la danse » rythment l’agenda culturel de la ville de Biarritz, et ses alentours, comme c’est le cas ce soir avec ce spectacle « décentralisé » au Théâtre de Bayonne, une pièce chorégraphique (autour des « Nuits d’été » de Berlioz) signée par Christophe Garcia (directeur du CCN d’Angers), qui relève d’une performance impressionnante fusionnant spectaculaire, prises de risques et poésie. La musique du grand Hector est jouée en direct par une petite dizaine de musiciens, placés sur scène en se mélangeant parfois aux danseurs, accompagnée par la mezzo française Anna Reinhold (tous étant sonorisés…), pour « performer » les 6 chants qui constituent Les Nuits d’été, colonne vertébrale de la soirée.

 

 

La soirée débute par une image forte : cinq cadavres enveloppés dans des linceuls de bure sont d’abord suspendus au-dessus de la scène puis, donnant le coup d’envoi du spectacle, tombent à grand bruit en s’écrasant sur le plateau au milieu des danseurs… avant d’être portés par eux, avec respect, presque avec tendresse. L’un des danseurs (tandis que les quatre autres sont sortis précautionneusement du plateau…) se déshabille, jusqu’à être nu, et s’allonge sur l’un d’eux : sommeil éternel, compassion, attention fraternelle ou idée de renaissance ? Le geste est en tout cas intense et bouleversant.

 

Les « nuits » amoureuses
de Christophe Garcia

 

C’est une relecture créative qui s’impose à nous, la musique de Berlioz étant même prolongée, réinvestie par la musique « électro » additionnelle de Laurier Rajotte (pour la 7ème séquence, sur le thème de l’adieu…). Des six poèmes mis en musique par Berlioz, le chorégraphe Christophe Garcia semble déduire une énergie passionnelle aussi indicible qu’irrésistible, suscitant mouvements et même transe du corps de ballet, chaque individualité et tout le groupe collectivement exprimant, comme par ricochets, les vagues successives d’un tremblement de terre émotionnel.

Le travail de Christophe Garcia soigne en particulier la fluidité des corps entre eux, afin de créer une mobilité collective qui semble naturelle. La chorégraphie ainsi affinée (car le spectacle a déjà tourné depuis sa création à l’automne 2023 à Avignon), déploie une subtile et enivrante carte du tendre, nouvelle géographie mouvante qui recompose au diapason des silhouettes agencées, tout le nuancier des sentiments amoureux dérivant de l’imagerie sentimentaliste de l’époque romantique. Dans la 6ème mélodie de Berlioz, « L’île inconnue », l’auteur invite à un voyage vers un territoire imaginaire dont la présence poétique s’incarne ici. Christophe Garcia nous en offre une idée aussi visuelle que sensuelle ; très inspiré par la lyre amoureuse, le chorégraphe nous propose de parcourir et de vivre les paysages de ce monde où; fidèle à l’autre, on aime toujours… C’est pourtant moins la concrétisation de cette harmonie bienheureuse que l’expression plus violente d’un groupe confrontée à sa dure réalité, que le ballet dévoile peu à peu. L’épaisseur et la puissance d’un dévoilement qui bouleversent les corps enivrés et éprouvés.

La chorégraphie souligne en définitive les enjeux d’une expérience ultime, comme si les 7 danseurs résumaient la situation du monde : s’aimer avant l’effondrement global. Ce défi collectif réalise une fusion générale idéale grâce à l’étroite connivence entre les deux compagnies réunies pour ce projet : 5 danseurs issus du Ballet de l’Opéra Grand Avignon et 2 autres provenant de la troupe angevine du chorégraphe (« Compagnie La Parenthèse ») s’imbriquent littéralement avec les musiciens sur le plateau, au point de faire « meute » sur les planches. Soit l’image d’une humanité fraternelle recomposée, apte à résister et exprimer comme une communauté vivante, palpitante… furieusement amoureuse et réunifiée. Dans ce sens, c’est un (dernier) moment fort que de voir les instrumentistes délaissant leurs instruments pour « entrer dans la danse »… dans une course folle. Là où poésie et danse, musique et chant, s’unissent en un seul corps !

 

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CRITIQUE, danse. Festival « Le Temps d’aimer la danse », Théâtre de Bayonne, le 11 septembre 2024. « Les Nuits d’été » par le Ballet de l’Opéra Grand Avignon & la Compagnie « La Parenthèse », Christophe Garcia (chorégraphe). Photos (c) J.C. Verchère.

 

ENTRETIEN avec YVES Rechsteiner, directeur artistique du festival « Toulouse-les-Orgues », à propos de la 29ème édition 2024 (2 > 13 octobre 2024)

 

CLASSIQUENEWS : Quel est le fil conducteur ou la thématique générique de cette édition 2024 ?

YVES RECHSTEINER : En prélude, il faut dire que cette 29e édition du Festival international Toulouse les Orgues intègre également la 14e édition du Concours international d’Orgue de Toulouse, qui a lieu tous les 3 ans. Le Concours commence la veille du Festival et se termine durant le premier week-end de celui-ci. Les épreuves du Concours sont donc partie intégrante du Festival.

Cette année, la thématique est largement inspirée du contenu des concerts : « Duos » pour les nombreux concerts où l’orgue est associé à un autre instrument, et « Duels » comme clin d’œil au Concours et en référence à la Nuit de l’Orgue, qui, cette année se transforme en La Nuit des Duels.

Parmi les instruments associés à l’orgue cette année, la viole de gambe, le violoncelle, la harpe le saxophone, le cor des Alpes, sans parler des spectacles à deux : avec le comédien Pierre-Alain Clerc dans les Fables en musique • La Fontaine improvisé, le chanteur Hervé Suhubiette dans la création Et pourquoi pas !, ainsi que le BD-Concert avec le dessinateur Jules Stromboni.

 

CLASSIQUENEWS : Y a t-il des éléments que vous prolongez et renforcez cette année ? Lesquels en particulier et pourquoi ?

YVES RECHSTEINER : Le Festival trouve d’année en année, une sorte de vitesse de croisière avec plusieurs types de rendez-vous : 10 concerts du soir, où se retrouvent les artistes les plus connu(e)s et les programmes emblématiques (Récital Bach avec François Ménissier, Double Expression avec Ophélie Gaillard), les Nuits du Gesu pour les expérimentations musicales, un programme jeune public, des concerts à midi en semaine et le weekend.

Également, un panel très large de propositions de découvertes de l’orgue confiées à des organistes en fin de formation professionnelles : Yo[r]ga, La Pause Orgue, Petits-Déjeuners en musique, etc. La présence de ces jeunes organistes leur donne des premières expériences professionnelles et leur fait vivre un Festival d’envergure de l’intérieur. Ils et elles sont ainsi de plus en plus nombreux/ses, et venant d’établissements très variés situés à Toulouse, Paris, Lyon, Lausanne, Bruxelles.

Nous renforçons donc chaque année les occasions de découvrir l’orgue au travers de formats nouveaux, différents du concert proprement dit, et susceptible d’attirer de nouveaux publics curieux. Par ailleurs, des transcriptions d’œuvres connues du répertoire classique sont souvent proposés au public de famille, même si ce format est exceptionnellement absent de cette édition déjà fort riche.

 

CLASSIQUENEWS : Y a t-il des éléments nouveaux qui enrichissent encore l’offre du Festival ? Lesquels ?

YVES RECHSTEINER : Cette année nous organisons le premier BD-Concert de l’histoire du Festival. Un dessinateur de bande dessinée créera des planches en direct (l’image étant retransmise sur grand écran) en interaction avec les improvisations de l’organiste.
Nous mettons également un orgue en libre accès, pour tous qui voudraient découvrir l’orgue en venant jouer dessus !
Chaque année, j’essaie aussi de trouver des nouveaux formats qui permettent de découvrir l’orgue autrement. Cette année, il s’agit de La Pause Orgue, une demi-heure de musique d’orgue plutôt méditative, proposée en mi-journée à l’église du Gesu, avec entrée gratuite.
Cette proposition se veut une pause dans le quotidien, un moment pour se recentrer grâce à la musique. La Pause Orgue rejoint ainsi les Concerts en famille, les Yo[r]ga (yoga et orgue), les Petits-Déjeuners en musique, etc.

 

CLASSIQUENEWS : Quels sont les principaux lieux et instruments qui sont désormais emblématiques du Festival, et représentatifs de l’énergie et du déroulement que vous tenez à préserver ?

YVES RECHSTEINER : Chaque année le Festival investit une douzaine d’églises de Toulouse sans parler des concerts en Haute-Garonne ou en Occitanie. Il y a les lieux incontournables : la Basilique Saint-Sernin et son Grand Orgue Cavaillé-Coll, la Cathédrale Saint-Étienne et son Grand Orgue en nid d’hirondelle, la Basilique Notre-Dame de la Daurade récemment restaurée, l’église Notre-Dame de la Dalbade et son Grand Orgue Puget, et bien sûr l’église du Gesu, centre névralgique du Festival puisque c’est là que le Festival possède ses bureaux et son espace catering. C’est également le lieu des expérimentations musicales les plus pointues dans les Nuits du Gesu.

En plus de ces lieux réguliers, nous utilisons d’autres églises en fonction des besoins de la programmation : l’église Saint-Pierre-des-Chartreux et son orgue baroque français, l’église Saint-François de Paule des Minimes et son orgue ibérique, etc. Le Festival permet de découvrir ainsi les lieux patrimoniaux de Toulouse.

Ce Festival itinérant suppose une grande souplesse de l’équipe, car nous pouvons nous déplacer dans trois lieux différents la même journée, mais c’est ce qui fait le charme de ce Festival atypique.

 

Propos recueillis en septembre 2024

 

 

TOUTES LES INFOS sur le Festival TOULOUSE LES ORGUES, le détail des programmes, les artistes invités, les temps forts, les nouveautés 2024 : https://toulouse-les-orgues.org/

 

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO. Dim 6 oct 2024. SAINT-SAËNS : L’Ancêtre (version de concert). Jennifer Holloway, Gaëlle Arquez, Julien Henric… Kazuki Yamada (direction).

L’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo réalise (enfin) la résurrection d’un chef d’œuvre oublié de Camille Saint-Saëns, «  L’Ancêtre », tragédie noire et barbare, créé au Théâtre de Monte-Carlo en février 1906… Soliste attendue et déjà célébrée : la soprano Jennifer Holloway dans le rôle principal de L’Ancêtre (Nunciata). Jennifer Holloway avait incarné avec conviction et engagement, en 2022, le rôle de HULDA, dans l’opéra éponyme de César Franck, autre génie de l’opéra romantique français (1) dont il s’agissait de recréer un ouvrage génial, lui aussi oublié.

 

«­Non­ !­» s’exclame Nunciata quand, dans le premier acte du drame lyrique, cette ancêtre corse refuse obstinément de mettre un terme à la vendetta qui oppose sa famille, les Fabiani, à celle ennemie des Pietra-Nera.

Entre vengeance, morts et passions, fatalité et haine, ce drame lyrique en 3 actes met en scène 7 personnages principaux, dont trois gouvernent l’intrigue, acte après acte. Augé de Lassus signe un livret noir et sombre, cruel et barbare, riche en passion, avide de sang… Saint-Saëns soigne la construction du drame ; il équilibre l’action en favorisant les effets de théâtre et aussi les pages musicales empreintes de douceur et de tendresse (le duo d’amour de Margarita et Tébaldo à l’acte I).

Après sa création saluée au Théâtre de Monte-Carlo en février 1906, L’Ancêtre y fut représenté à quatre autres reprises, puis dans plusieurs villes de France, de Belgique, de Suisse et d’Allemagne, à Alger (février 1911), au Caire (février 1912) avant deux nouvelles représentations en mars 1915 dans le théâtre qui l’a vu naître. Il ressuscite en 2019, au Theaterakademie August Everding à Munich. Monte-Carlo retrouve en octobre 2024, la lyre tragique et furieuse de Saint-Saëns, alors au sommet de son inspiration en 1906.

 

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MONACO, Auditorium Rainier III
Dimanche 6 octobre 2024, 18h
Camille SAINT-SAËNS : L’Ancêtre, 1906
Opéra en version de concert
Durée circa 2h avec entracte

 

 

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’OPMC Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo : https://opmc.mc/concert/lancetre/

Avant-concert
Présentation de l’œuvre par André Peyrègne, à 17h

 

Distribution

Nunciata, L’Ancêtre (Soprano)
Jennifer HOLLOWAY

Vanina (Mezzo-soprano)
Gaëlle ARQUEZ

Margarita (Soprano)
Hélène CARPENTIER

Tébaldo (Ténor)
Julien HENRIC

Raphaël (Baryton)
Michael ARIVONY

Bursica (Baryton)
Matthieu LÉCROART

OPMC Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Chœur philharmonique de Tokyo
Hiroyuki MITO, Chef de chœur
David ZOBEL, répétiteur

Kazuki YAMADA, direction

 

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(1) LIRE notre critique complète du cd HULDA de César Franck par Jennifer Holloway / CLIC de CLASSIQUENEWS de juillet 2023 : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-cesar-franck-hulda-jennifer-holloway-oprl-g-madaras-2-cd-palazzetto-bru-zane-2022/

« … le relief à la fois tendre, héroïque et hautement dramatique de Jennifer Holloway dont la Hulda de braise, éclaire les vertiges intérieurs du personnage central, amoureuse et vengeresse à la fois dont toute aptitude au bonheur s’effondre pour l’accomplissement de la fatalité. »

OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE. DANSE, samedi 5 octobre 2024 : « Demain, c’est loin », « 25e Parallèle », « How can we live together? »… les jeunes danseurs avec le Groupe Grenade, Josette Baïz.

La nouvelle saison 2024 – 2025 de l’Opéra de Saint-Étienne affirme l’engagement renforcée de la Maison stéphanoise pour la danse ; rendre compte de la diversité des sensibilités des chorégraphes contemporains, et ce dans tous les styles, est un objectif à nouveau idéalement rempli : pas moins de 7 propositions de danse cette saison. En témoigne le premier ballet à l’affiche de la nouvelle saison… « Demain, c’est loin », ce 5 octobre 2024, chorégraphie de Josette Baïz et sa compagnie « Groupe Grenade » qui favorise l’émergence des jeunes danseurs.

 

Jeunes danseurs non-résignés

Depuis trente ans, Josette Baïz fait danser enfants et adolescents, issus de milieux très divers, dans des spectacles aussi généreux qu’exigeants, au gré de ses créations et de collaborations artistiques avec les grands chorégraphes contemporains.

Pour les 30 ans du Groupe Grenade (créé en 1992), la chorégraphe aixoise s’entoure de (La)Horde, collectif à la tête du Ballet national de Marseille, et de la chorégraphe australienne Lucy Guerin, pour un programme kaléidoscopique en 3 pièces autour du thème de la révolte et de la non-résignation des jeunes.

Emportés, facétieux, mutins, agitateurs, insubordonnés, en colère, les jeunes danseurs s’engagent dans chaque pièce avec une énergie puissante, primitive, gorgée d’espérance. Dans « How can we live together? » de Lucy Guerin, ils partagent sa réflexion sur l’évolution du corps social, entre formalisme et confusion, soumission et résistance. Comment reconstruire un monde en déconstruction, une société fragmentée, dangereusement communautarisée ?

Dans « Room With a View », pièce emblématique du collectif (La)Horde, ils expriment tout autant la révolte de la jeunesse, son imaginaire face au chaos. Les forces viscérales, ultimes avant l’effondrement… Et, comme un fil tendu entre les deux oeuvres, les jeunes artistes rejouent la création de Josette Baïz de 1982, « 25e Parallèle ». Un cri puissant pour tracer un nouveau chemin.

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SAINT-ÉTIENNE, Gand Théâtre Massenet
Samedi 5 octobre 2024, 20h
DEMAIN, C’est loin !
Groupe Grenade / Josette Baïz
Réservez directement vos places sur le site du Grand Théâtre : Opéra de Saint-Étienne : https://opera.saint-etienne.fr/otse/saison-24-25-1/spectacles//type-danse/demain-c-est-loin-/s-820/

Photo : © Jean-Claude Carbonne

 

Atelier – pratique amateurs : « Ensemble on danse ! »
Découvrez le processus de composition et l’esthétique du Groupe Grenade, grâce à une journée de pratique amateur.
Sam. 5 octobre 2024 • 10h à 16h – Tarif • 19 € / pers.
Réservation obligatoire (nombre de places limité) : 04 77 47 83 31

 

Plus d’infos / approfondir

Visitez le site de Josette Baïf / Groupe GRENADE : https://www.josette-baiz.com/compagnie-grenade/

Présentation du programme « Demain, c’est loin ! «  : https://www.josette-baiz.com/project/demain-cest-loin/

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRABOURG. Ven 4 oct 2024 : Ravel : Concerto en sol (Bertrand Chamayou, piano), Prokofiev : Symphonie n°4. Aziz Shokhakimov (direction).

Au sein d’une nouvelle saison 2024 – 2025 marquée par la diversité et l’excellence, l’OPS / Orchestre Philharmonique de Strasbourg a concocté plusieurs temps forts. Promesses d’émotions parfois renversantes, les grands concerts inscrivent toujours les œuvres maîtresses du répertoire symphonique au centre de la nouvelle saison musicale : en témoigne, entre autres, ce concert du 4 octobre : au programme, Concerto pour piano en sol de Maurice Ravel (Bertrand Chamayou, piano) et Symphonie n°5 de Prokofiev… ce dernier compositeur est bien connu et spécifiquement compris par Aziz Shokhakimov qui pilote ce nouveau programme incontournable.

 

Son récent enregistrement de Roméo et Juliette du même Prokofiev, poétique et cynique, d’une sensibilité éruptive très convaincante (cd CLIC de CLASSIQUENEWS juillet 2024) souligne les affinités du maestro avec Prokofiev / LIRE notre critique développée du cd Prokofiev par Aziz Shokhakimov et l’OPS : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-prokofiev-romeo-et-juliette-symphonie-classique-orchestre-philharmonique-de-strasbourg-aziz-shokhakimov-1-cd-warner-classics-2022/

« … Énergie débordante et canalisée donc irrésistible… le geste à la fois puissant, détaillé et léger du directeur musical du Philharmonique de Strasbourg, Aziz Shokhakimov éblouit par sa carrure dansante, son esprit facétieux, un sens souverain des rebonds, des accents, de la respiration, ainsi circulant dans tous les pupitres… » écrit, enthousiaste, notre rédacteur Lucas Irom.

En 1944, Sergueï Prokofiev livrait une Symphonie n°5 puissante, grandiose… ambivalente. Sous son esthétique romantique de façade et un certain patriotisme affiché, l’auteur déploie sarcasmes, parodie à peine voilés, cette pointe d’ironie grinçante qui le caractérise (comme Chostakovitch). Prokofiev contournait ainsi la censure comme l’obligation à servir la propagande du régime stalinien…

Douze ans plus tôt, Ravel dirigeait en Ukraine, alors soviétique, son envoûtant Boléro déjà célèbre hors des frontières de France, et son tout nouveau Concerto en sol. Ce « divertissement » résolument néoclassique est défendu par le pianiste Bertrand Chamayou, ravélien de premier plan.

Le Concerto pour piano en sol majeur de Maurice Ravel confirme le goût de l’auteur pour les rythmes exotiques, précisément américains (jazzy) qui renouvellent une écriture d’un raffinement et d’un intimisme saisissants. Le sol majeur est achevé en 1931, créé en janvier 1932 (Salle Pleyel), par Marguerite Long au piano et Ravel comme chef. C’est une fête « virtuose » (à la Saint-Saëns) pour les vents de l’orchestre (particulièrement sollicités, exposés) et le piano, mais aussi dont l’élégance et l’esprit renvoient directement à Mozart. Ravel partage avec ce dernier la sincérité et la vérité bouleversante d’une écriture qui ne décrit pas, mais exprime, éprouve, touche. Comme son second Concerto (composé simultanément), Ravel y développe son enthousiasme fécond pour les Etats-Unis traversé lors d’un séjour décisif en 1928 : d’où la présence du jazz.

3 mouvements : Allegramente, Adagio assai (la main droite y déploie une mélodie déchirante par sa simplicité et sa tendresse en mi majeur : claire référence au mouvement lent du Quintette pour clarinette de Mozart), Presto.

Le concert s’achève par une conclusion étourdissante, synthèse du raffinement français à l’orchestre, construit comme un crescendo progressif jusqu’à la transe : l’inclassable et irrésisitible Boléro (1928).

 

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Strasbourg, Palais de la Musique et des Congrès
Concert Prokofiev, Ravel
vendredi 4 octobre 2024, 20h

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’OPS Orchestre Philharmonique de Strasbourg : https://philharmonique.strasbourg.eu/detail-evenement/-/entity/id/484227818/prokofiev-ravel

 

 

Programme

Sergueï Prokofiev
Symphonie n°5 en si bémol majeur

Maurice Ravel
Concerto pour piano en sol majeur
Boléro

 

Conférence d’avant-concert
Vendredi 4 octobre 19h – Salle Marie Jaëll, entrée Érasme
Accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles

 » Symphonismes du XXe siècle : les formes classiques chez Ravel et Prokofiev » , par Camille Lienhard

 

approfondir

LIRE notre présentation de la saison 2024 – 2025 de l’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOOURG / Aziz Shokhakimov, direction musicale… Holst, Mahler, Stravinsky, Bruckner, Mozart, Sibelius, Prokofiev… https://www.classiquenews.com/orchestre-philharmonique-de-strasbourg-nouvelle-saison-2024-2025-aziz-shokhakimov-directeur-musical-hoslt-mahler-stravinsky-bruckner-mozart-sibelius-prokovief/

 

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ANGERS NANTES OPÉRA. MASCAGNI : Il Piccolo Marat (création française). NANTES les 2 & 3 oct – ANGERS, le 5 oct 2024 – Mario Menicagli / Sarah Schinasi

En ouverture de sa nouvelle saison 2024 – 2025, Angers Nantes Opéra (ANO) affiche une perle méconnue du vérisme italien, « Il Piccolo Marat » (créé à Rome en 1921) de l’excellent compositeur Pietro Mascagni (du 2 au 5 octobre 2024). L’opéra est une production événement, présentée ainsi en création française… preuve qu’il existe toujours des partitions remarquables, pourtant injustement oubliées.

 

Cet épisode est d’autant plus indiqué à Nantes que son action sous la terreur se déroule à… Nantes. Pourtant c’est moins le lieu (peu exprimé dans la partition au final) que les rebondissements d’une trame héroïco-tragique qui s’impose aux spectateurs. La force de l’œuvre réside dans l’intensité des sentiments, la violence des situations qui favorise le dévoilement de personnalités aux sensibilités exacerbées comme le jeune héros (Il Piccolo Marat) qui découvre dans la réalité de la guerre, les dérives dont les hommes sont capables

Pietro Mascagni a montré (tôt) sa valeur à l’opéra avec son sublime Cavalleria Rusticana (1890) qui lui a valu un succès planétaire toujours aussi vivace aujourd’hui. Les Nantais et angevins pourront découvrir le génie musical de Pietro Mascagni (1863 – 1945), capable d’exprimer le sublime d’actions tragiques voire terrifiantes. Le titre de l’ouvrage fait référence à la Compagnie Marat, fondée sous la Terreur (par le ministre Carrier dépêché à Nantes: L’orco dans l’opéra) pour organiser, de novembre 1793 à février 1794, les tristement célèbres noyades d’aristocrates et de religieux sur des barques dans la Loire. La production en provenance de Livorno avait ressuscité la partition de Mascagni, né à Livorno, en 2021. Angers Nantes Opéra présente en France le spectacle très convaincant par son engagement et la cohérence de sa réalisation artistique.

« Mascagni déploie l’esthétique vériste comme Puccini dans Il Tabarro ; (…) L’intérêt de l’œuvre est dans son écriture, de bout en bout éblouissante ; elle laisse la part belle au chœur, très présent (dès le début avec le chœur des prisonniers), et aussi à l’orchestre ; tout en dénonçant la barbarie, la partition regorge de mélodies irrésistibles et d’effets symphoniques. Le public sera comme nous, subjugué par la création française de cet opéra oublié », précise Alain Surrans, directeur général d’Angers Nantes Opéra, dans notre entretien réalisé en juin 2024, pour présenter les points forts de cette nouvelle saison 2024 – 2025 : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-alain-surrans-directeur-general-dangers-nantes-opera-a-propos-de-la-nouvelle-saison-2024-2025/

 

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MASCAGNI : Il Piccolo Marat (version de concert)
NANTES – THÉÂTRE GRASLIN
Mercredi 2 octobre 2024 – 20h
Jeudi 3 octobre 2024 – 20h

ANGERS – GRAND THÉÂTRE
Samedi 5 octobre 2024 – 18h

 

RÉSERVEZ vos places directement sur le site d’ANGERS NANTES OPÉRA : https://www.angers-nantes-opera.com/il-piccolo-marat

Livret de Giovacchino Forzano – Opéra en italien, surtitré en français – Version de concert
Durée : 2h30, avec entracte

 

AUTOUR DE L’OPÉRA
Conférence de Jean-Clément Martin, historien
Les 2 et 3 octobre 2024, à 18h30
→ Gratuit, sur réservation

 

Direction musicale : Mario Menicagli
Mise en espace : Sarah Schinasi

Mariella : Rachele Barchi
L’Orco : Andrea Silvestrelli
Le petit Marat : Samuele Simoncini
La Mère : Sylvia Kevorkian
Le Soldat : Matteo Lorenzo Pietrapiana
Le Charpentier : Stavros Mantis
L’Espion : Alessandro Martinello
Le Voleur : Simone Rebola
Le Tigre : Gian Filippo Bernardini

Chœur d’Angers Nantes Opéra
Xavier Ribes, direction
Orchestre National des Pays de la Loire

 

approfondir

LIRE aussi notre ENTRETIEN avec Alain Surrans, directeur d’Angers Nantes Opéra à propos de la nouvelle saison 2024 – 2025 : temps forts, fonctionnements, actions vers les publics, démocratie culturelle, Il Piccolo Marat : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-alain-surrans-directeur-general-dangers-nantes-opera-a-propos-de-la-nouvelle-saison-2024-2025/

 

BRAGANCA (Portugal). 4ème Festival International de musique de Bragança, 1er > 12 octobre 2024. Orchestre Consuelo, I Solisti Veneti, DSCH Shostakovich Ensemble, Ana & Tatiana Samuil, Filipe Pinto-Ribeiro…

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Du 1er au 12 octobre 2024, la ville de Bragança, au nord-est du Portugal, accueillera la 4ème édition du Festival International de Musique « Bragança ClassicFest ». Sous la direction artistique de Filipe Pinto-Ribeiro, l’événement s’est imposé comme une référence nationale et internationale, attirant des artistes et orchestres renommés, avec des concerts donnés à guichets fermés.

 

Photo : Filipe Pinto-Ribeiro (c) DR

 

En 2024, le programme du Bragança ClassicFest comprend neuf représentations, avec deux orchestres de prestige international : l’Orchestre Consuelo (France) et l’Orchestre Baroque « I Solisti Veneti » (Italie). Le festival mettra également en avant des concerts de plusieurs ensembles prestigieux tels que le DSCH Shostakovich, Sete Lágrimas, Concerto Atlântico et Juventus.

Parmi les musiciens distingués invités à cette édition, un moment fort sera le concert d’ouverture le 1er octobre, avec les sœurs Anna et Tatiana Samuil, toutes deux solistes primées dans les grands concours internationaux. Elles présenteront, en première portugaise, leur dernier projet discographique, Il Mondo Felice.

Les moments-clés du 4ème Bragança ClassicFest seront les prestations de deux orchestres internationalement reconnus au Théâtre Municipal de Bragança : L’Orchestre Consuelo, fondé et dirigé par Victor Julien-Lafferrière, est l’un des projets orchestraux les plus distingués de ces dernières années, et il se produira le 5 octobre, en interprétant les 6ème et 8ème Symphonies de Beethoven, poursuivant ainsi l’intégrale des symphonies de Beethoven au Bragança ClassicFest, initiée en 2023 avec la présentation de la 5ème Symphonie par l’Orchestre Symphonique des Asturies. Pour le concert de clôture, le 12 octobre, l’illustre Orchestre baroque vénitien « I Solisti Veneti » fera ses débuts au festival. Fondé en 1959 – et considéré comme le plus célèbre orchestre de chambre italien de ces dernières décennies – avec une carrière extraordinaire de plus de 6000 concerts dans environ 90 pays et environ 350 albums enregistrés pour les plus grands labels — les « Solistes de Venise » viendront spécialement au Portugal pour se produire à Bragança, en présentant un concert rempli de la musique du célèbre compositeur vénitien Antonio Vivaldi. A leur tête, leur directeur musical, l’excellent chef italien Giuliano Carella.

Cette quatrième édition marquera également la célébration du 500ème anniversaire de la naissance de Luís Vaz de Camões, avec une série de deux concerts dédiés au plus grand poète de langue portugaise, avec les ensembles Concerto Atlântico et Sete Lágrimas.

À noter également dans le programme de 2024, les concerts hommage à deux grandes figures de la culture portugaise des dernières décennies : António Victorino d’Almeida, dont les 70 ans de carrière seront célébrés lors d’un concert Carte Blanche en présence du compositeur et pianiste, accompagné de plusieurs artistes invités. António Mega Ferreira, dont l’œuvre littéraire sera honorée lors d’un récital de piano par Filipe Pinto-Ribeiro, accompagné de lectures d’une anthologie de textes sélectionnés spécialement pour cet hommage par le Président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, Graça Morais, Simonetta Luz Afonso, Inês de Medeiros, Guilherme d’Oliveira Martins, Margarida Pinto Correia, et bien d’autres.

En parallèle des concerts, le Bragança ClassicFest 2024 poursuivra ses importantes initiatives d’éducation et de sensibilisation culturelle, en proposant des masterclasses et ateliers au Conservatoire de Musique et de Danse de Bragança, avec la participation des artistes du festival. Ces activités s’adressent particulièrement aux musiciens et étudiants locaux.

Une caractéristique essentielle du Bragança ClassicFest depuis sa création est la tenue de concerts dans des lieux de grande valeur patrimoniale. En 2024, des représentations auront lieu dans les Eglises de São Francisco et de Santa Maria, dans la Citadelle de Bragança, favorisant une harmonieuse rencontre entre la musique et le patrimoine historique, culturel et architectural.

Ce programme éclectique et attrayant poursuit le chemin d’excellence et de croissance durable tracé par le Bragança ClassicFest depuis sa fondation en 2021.

Pour plus d’informations, visitez le site du : CLASSICFEST.PT

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Photo : l’Orchestre Consuelo et son chef Victor Julien-Laferrière (c) DR

 

IV Festival Internacional de Música BRAGANÇA CLASSICFEST

 

:: PROGRAMME GENERAL ::

 

1 Outubro, Terça-Feira

Dia Mundial da Música

21h00 | Teatro Municipal de Bragança
CONCERTO ABERTURA – GALA “IL MONDO FELICE”

Anna Samuil  – Soprano

Tatiana Samouil – Violino

Matthias Samuil – Piano

Obras de Bach, Vivaldi, Mozart, Strauss, et al

 

3 Outubro, Quinta-Feira

21h00 | Igreja de Santa Maria – Cidadela de Bragança
FULGOR ROMÂNTICO

Juventus Ensemble

Filipe Pinto-Ribeiro – Piano

Xunyue Zhang – Violino

João Álvares Abreu – Viola

Alfonso Pinto-Ribeiro – Violino e Viola

Geirthrudur Gudmundsdottir – Violoncelo

Tiago Pinto-Ribeiro – Contrabaixo

Obras de Mendelssohn e Dvořák

 

4 Outubro, Sexta-Feira
21h00 | Teatro Municipal de Bragança
CARTA BRANCA 

A ANTÓNIO VICTORINO D’ALMEIDA

António Victorino d’Almeida – Piano

Ana Maria Pinto – Soprano

Marina Pacheco – Soprano

Cristóvão Luiz – Piano

Olga Amaro – Piano

Obras de Victorino d’Almeida


5 Outubro
, Sábado
21h00 | Teatro Municipal de Bragança
INTEGRAL DAS SINFONIAS DE BEETHOVEN

Orquestra Sinfónica de Paris “Consuelo”

Victor Julien-Laferrière – Direcção Musical

Sinfonias 6 e 8 de Beethoven

 

6 Outubro, Domingo
17h00 | Igreja de São Francisco
A MÚSICA DA LÍRICA DE CAMÕES

Díptico 500 anos de Camões

Concerto Atlântico
Pedro Caldeira Cabral – Direcção Musical, viola tiple de arco, descante e flautas

Maria Repas Gonçalves – Soprano, tambor e pandeireta

Susana Moody – Contralto, violas tiple e baixa de arco e tambor

Nina Repas Gonçalves – Viola baixa de arco

Joaquim António Silva – Viola tenor de arco, alaúde e viola de mão

Duncan Fox – Viola contrabaixa de arco, e atabaque

8 Outubro, Terça-Feira
21h00 | Igreja de Santa Maria – Cidadela de Bragança
A ARTE DO DUO

Victor Julien-Laferrière – Violoncelo

Filipe Pinto-Ribeiro – Piano

Obras de Beethoven e Schostakovich

 

10 Outubro, Quinta-Feira
21h00 | Igreja de São Francisco
AMOR E TRAGÉDIA NAS VIAGENS DE CAMÕES

Díptico 500 anos de Camões

Sete Lágrimas
Filipe Faria e Sérgio Peixoto – Direcção Artística

Filipe Faria – Voz, viola de mão de quatro ordens, adufe

Sérgio Peixoto – Voz

Tiago Matias – Vihuela, guitarra barroca, guitarra romântica, tiorba

Baltazar Molina – Percussão

 

11 Outubro, Sexta-Feira
21h00 | Teatro Municipal de Bragança
QUADROS DE UMA EXPOSIÇÃO

Em memória de António Mega Ferreira

Filipe Pinto-Ribeiro – Piano

Filipa Leal e Pedro Lamares – Leituras

Música de Mussorgsky, textos de Mega Ferreira

12 Outubro, Sábado
21h00 | Teatro Municipal de Bragança
CONCERTO DE ENCERRAMENTO

VIVALDI – ESPLENDOR BARROCO

Orquestra Barroca de Veneza “I Solisti Veneti”

Giuliano Carella – Direcção Musical

Obras de Vivaldi 

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(photo : I Solisti Veneti et leur chef Giuliano Carella (c) DR)


CRITIQUE, concert. LYON, Concert d’ouverture de la saison 24/25 de l’Auditorium-Orchestre National de Lyon, le 12 septembre 2024. ONL / Sergey Khatchatryan (violon), Nikolaj Szeps-Znaider (direction).

C’est dans une salle pleine à craquer qu’a eu lieu le concert d’ouverture de la saison 24/25 de l’Auditorium-Orchestre national de Lyon – que nous avons récemment présenté dans ces colonnes -, et qui s’est achevé dans un véritable triomphe pour la phalange lyonnaise et son chef, le danois Nikolaj Szeps-Znaider (pour sa 4ème saison in loco). Et pour ce concert d’ouverture, Nicolas Droin, le directeur général de l’institution lyonnaise, et Laurent Joyeux, son conseiller artistique, ont eu la bonne idée d’inviter l’un des (si ce n’est le…) violonistes les plus enthousiasmants du moment : l’arménien Sergey Khatchatryan !

 

 

Intitulée “Rêveries d’été”, la soirée ne pouvait débuter que par la fameuse ouverture mendelssohnienne “Le Songe d’une nuit d’été » auquel la preste phalange lyonnaise, nullement rouillée par les vacances estivales, fait un sort, le chef-violoniste mêlant ici avec un même bonheur, contrastes et nuances, lyrisme et drame, dans un phrasé très descriptif. Puis arrive notre violoniste préféré, le magicien-poète Sergey Khatchatryan, pour une exécution du redoutable Concerto pour violon de Jean Sibelius. A peine arrivé au milieu du vaste plateau de l’auditorium lyonnais, le svelte et fringant violoniste empoigne son instrument. La musique de Sibelius naît alors doucement du silence, et le violon se pose sur le trémolo à peine perceptible des cordes. Le charme opère aussitôt. D’une pureté de trait exemplaire, quasi immatériel à force de finesse, ce violon ne force jamais nuances ou phrasés. Le son est somptueux, mais tenu dans les bornes strictes d’un classicisme mesuré, introspectif ; les deux premiers mouvements, pris dans des tempi très modérés, se transforment ainsi en méditation vibrante et fervente. Le musicien prend le temps de faire chanter chaque phrase sans jamais solliciter le texte qui s’écoule avec naturel, et les plus extrêmes difficultés semblent presque expédiées du bout de l’archet. Entièrement tourné vers la musique qu’il interprète, le jeune violoniste n’a rien de l’esbrouffe dont certains de ses collègues s’embarrassent parfois, et cette approche toute de discrétion demande sans doute un effort de la part de l’auditeur, comme si Khachatryan nous invitait à le suivre mais sans nous forcer à l’écouter. La rigueur et l’équilibre de la direction très attentive de Nikolaj Szeps-Znaider se marient parfaitement à cette approche mesurée et sensible, sincère et attachante. En bis, après deux tentatives infructueuses de s’y coller – suite à l’incapacité d’un indélicat spectateur à éteindre la sonnerie de son téléphone portable… -, Sergey Khatchatryan annonce non sans humour un “second bis”, celui qu’il interprète habituellement pour le plus grand bonheur du public, et celui de nos charges lacrymales, en l’occurrence une mélodie du Xe siècle du moine arménien Grégoire de Narek, où toute l’âme et les souffrances du peuple arménien semblent condensées. Après un long silence qui en dit long sur l’état d’émotion du public lyonnais (certains spectateurs pleuraient…), c’est un triomphe qui lui ait fait de la part d’une assistance particulièrement jeune et chaleureuse.

Il fallait bien un entracte pour se remettre de ses émotions, et c’est avec la rare Première symphonie (dite “Rêves d’hiver”, et dans sa version révisée de 1874) de Piotr Ilitch Tchaïkovsky que se poursuit la soirée. Le chef danois propose une version plutôt dépouillée et sobre de cet ouvrage, où se mêlent mélancolie et pittoresque, et l’on apprécie la force évocatrice à laquelle parvient l‘Orchestre National de Lyon, suscitant une atmosphère de voyage en traîneau sur une piste enneigée. Le deuxième mouvement (Adagio cantabile ma non tanto), intitulé « Contrée lugubre, contrée brumeuse », est particulièrement enthousiasmant. Avec beaucoup de naturel, Szeps-Znaider maintient au sein de son orchestre un équilibre qui va faire toute la beauté de certaines pages, comme la reprise du thème par les violoncelles. Les contre-chants que font alors entendre les vents s’intègrent idéalement à la mélodie principale, dévoilant la richesse de la partition. Le climax est atteint quelques instants plus tard lors de la réexposition par les cors, dont la sonnerie péremptoire produit tout son effet sur le public, qui renouvelle le triomphe manifesté en fin de première partie. C’est ce qu’on appelle un début de saison placé sous les meilleurs auspices !

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CRITIQUE, concert. LYON, Concert d’ouverture de la saison 24/25 de l’Auditorium-Orchestre National de Lyon, le 12 septembre 2024. ONL / Sergey Khatchatryan (violon), Nikoaj Szeps-Znaider (direction). Photos (c) Emmanuel Andrieu.

 

VIDEO : Sergey Khatchatryan interprète le Concerto pour violon de Sibelius (avec l’OPMC dirigé par Kazuki Yamada)

 

AUDITORIUM ORCHESTRE NATIONAL DE LYON, les 3, 5, 11 octobre. Happy Birthday Maestro Slatkin ! Copland, Chostakovitch, Slatkin, Barber, Gershwin…

L’Orchestre National de Lyon rend hommage à un chef modèle entre tous… LEONARD SLATKIN qui fut son directeur musical à partir de 2011 (et jusqu’en 2020). Premier des concerts anniversaire célébrant la personnalité charismatique du chef américain, jeudi 3 octobre 2024 : Copland et Chostakovitch ; ainsi, avant de fêter en 2025 le cinquantenaire de l’Auditorium, l’Orchestre national de Lyon fête les 80 ans de son directeur musical honoraire, Leonard Slatkin. Avec en invité d’honneur, le jeune violoncelliste Sheku Kanneh-Mason, révélé en 2016 par le prix BBC du jeune musicien de l’année…

 

 

Puis, vendredi 11 oct, somptueux programme Barber et Gershwin, à la fois intérieur et pétillant , avec la création européenne d’une partition du maestro lui-même, inspiré par Edgar Allan Poe (Le Corbeau)… Un chef qui transmet à son fils la passion de la musique, un patron de savonnerie industrielle qui commande un concerto pour son fils adoptif, un mendiant qui tente de sauver la compagne d’un voyou : voici l’Amérique vue à travers le prisme de ses familles, de la filiation rédemptrice…
Leonard Slatkin (né en 1944 à Los Angeles) est l’héritier d’une famille de musiciens : son père Félix était violoniste, chef et fondateur du Hollywood string Quartet dont son épouse, Eleanor Aller était la violoncelliste… Formé à la direction d’orchestre par Jean-Paul Morel (Juilliard School), Leonard Slatkin dirige le Symphonique de Saint-Louis, le Philharmonique de la Nouvelle Orléans puis de nombreuses phalanges parmi les plus prestigieuses dont le New York Philharmonic au début des années 1970… En 2011, il devient directeur musical de l’Orchestre national de Lyon.

 

Happy Birthday Maestro SLATKIN !

jeudi 3 octobre 2024, 20h
samedi 5 octobre 2024, 18h
Copland / Chostakovitch

Cindy McTee : Timepiece
Dmitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle n° 2, en sol mineur, op. 126
Aaron Copland : Symphonie n° 3

RÉSERVEZ vos places sur le site de l’Auditorium Orchestre National de Lyon : https://www.auditorium-lyon.com/fr/saison-2024-25/symphonique/copland-chostakovitch

 

 

vendredi 11 octobre 2024, 20h
Daniel et Leonard Slatkin, Barber, Gershwin

Daniel Slatkin : Voyager 130
Leonard Slatkin : The Raven, pour narrateur et orchestre
(d’après Edgar Allan Poe – création européenne)
Samuel Barber : Concerto pour violon op. 14
(avec Jennifer Gilbert, violon solo supersoliste de l’ONL)
George Gershwin : Porgy and Bess, A Symphonic Picture
(arrangement de Robert Russell Bennett)

RÉSERVEZ vos places sur le site de l’Auditorium Orchestre National de Lyon : https://www.auditorium-lyon.com/fr/saison-2024-25/symphonique/barber-gershwin

 

 

Durée : 1h40 avec entracte / Grande Salle de l’Auditorium

NOTES DE PROGRAMME
Une présentation des œuvres au programme est disponible en ligne quelques jours avant le concert.

THEATRE DE NORDHAUSEN. Benjamin PRINS met en scène CARMEN de Bizet, 20 sept > 14 déc 2024. LOH-Orchester Sondershausen / Swann Van Rechem (direction).

 Benjamin PRINS, directeur de la section opéra au Théâtre de Nordhausen, met en scène Carmen de Georges Bizet, une partition sulfureuse et intense dont le romantisme passionnel et noir impressionne toujours le public, et en particulier outre-Rhin. Première ce 20 septembre 2024, dans le théâtre « annexe » (à 19h30). Avec Carmen, Bizet a réalisé un véritable coup de maître en 1875. Ouvrage testamentaire s’il en est, car l’auteur devait mourir quelques semaines après la première… C’est l’opéra le plus joué au monde : sa fureur, voire sa sauvagerie, impressionne aujourd’hui encore.

 

« Les personnages réalistes, l’histoire captivante et, surtout, la musique enflammée qui – bien que Bizet n’ait jamais mis les pieds en Espagne « – tissent une fresque authentiquement exotique et espagnole. Une justesse qui est la clé de sa popularité – immédiate dès sa création. Quant à la figure de la cigarière Carmen, rebelle et éruptive, c’est l’antithèse de toutes les héroïnes romantiques : ni sacrifiée, ni soumise, mais digne et déterminée… une femme admirable par sa liberté et son indépendance. Le visuel de cette nouvelle production est clair : la rose que jette Carmen à Don José, comme pour l’envoûter, semble déjà flétrie mais diffuse un parfum des plus enivrants… Fidélité absolue au livret et au fameux air de José (« La Fleur que tu m’avais jetée »…).

 

En fosse, l’Orchestre LOH Sondershausen, sous la direction du chef invité Swann Van Rechem. Jeune maestro, Van Rechem a remporté le « Grand Prix », le « Coup de cœur de l’orchestre » et le « Coup de cœur du public » lors du 58ème Concours International de Chefs d’Orchestre de Besançon !

 

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TN LOS! THEATER / OPERA NORDHAUSEN
BIZET : CARMEN
7 représentations du 20 sept au 14 déc 2024
20, 27 septembre, 13, 27 octobre, 9 et 23 novembre, 14 décembre 2024
Réservez vos places directement sur le site du TN LOS! Nordhausen :
https://theater-nordhausen.de/musiktheater/carmen-2024

Photo : Carmen / Benkamin PRINS © Tim Mueller

 

Mise en scène : Benjamin Prins
Direction musicale : Swann Van Rechem

Rina Hirayama, Carmen,
Kyounghan Seo, Don José,
Julia Ermakova, Micaëla
Florian Tavic, Escamillo

LOH-Orchester Sondershausen
Chœur de l’opéra du TN LOS !
Choeur supplémentaire, Chœur d’enfants
Markus Fischer, directeur du Choeur

 

 

 

 

entretien

ENTRETIEN avec Benjamin PRINS à propos de sa CARMEN à l’affiche du Theater Nordhausen, jusqu’au 14 décembre 2024 :

L’une des productions événements de cette rentrée lyrique, pourtant moins médiatisée que certaines autres salles, est assurément la CARMEN du metteur en scène français Benjamin PRINS, sur les planches du Theater Nordhausen / LOH-ORCHESTER SNDERSHAUSEN (Allemagne) dont il est le directeur artistique. La nouvelle production jette un regard neuf et original qui éclaire la conception affûtée de l’homme de théâtre sur son métier et son approche des ouvrages lyriques. Défenseur du « smart entertainment », Benjamin Prins fixe les termes moins opposés que complémentaires d’un regard à la fois classique, exigeant, intellectuel et d’une approche accessible et populaire… une équation qui conduit ici tout un cheminement théâtral où s’invite en liberté l’émergence du poétique et du fantastique, entre plausible et imaginatif. Pour preuve sa CARMEN à l’affiche du Theater Nordhausen jusqu’au 14 décembre 2024. Une Carmen réaliste et libertaire se dresse dans un système patriarcal, barbare et dominateur …

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Photo portrait de Benjamin PRINS (DR)

 

 

 

CLASSIQUENEWS : D’une façon générale, vous parlez, s’agissant de votre approche artistique, de « smart entertainment ». De quoi s’agit-il précisément, quelle définition en français cela donnerait-il ? et dans le cas de votre Carmen à l’affiche de cette rentrée, comment cela se manifeste-t-il ?

BENJAMIN PRINS : Le concept de « Smart Entertainment », (en français : divertissement intelligent) tel que j’aime utiliser ce terme pour qualifier mon travail de mise en scène d’opéra, repose sur une combinaison d’exigence intellectuelle et d’accessibilité populaire, avec une dimension fantasque (imaginaire libre, fantaisiste). J’emprunte en effet avec autant d’égards des références de la culture pop et des références culturelles historiques plus poussées. Bref :  du théâtre populaire exigeant.
Avec chaque opéra que je mets en scène, je réalise d’abord une recherche ethnologique de l’œuvre afin de comprendre l’esprit de la création.
J’utilise les outils intellectuels que j’ai peaufiné au cours de mes études de  sciences sociales et de linguistique – la sociologie, l’histoire de l’art, la philosophie politique, la philologie  – pour explorer l’œuvre à la façon d’un ethnologue. Cette approche m’amène à toujours chercher « la » clé dramaturgique qui relie le contexte de création de l’œuvre avec les préoccupations et sensibilités du public contemporain. Il en résulte un « pont culturel » entre le Zeitgeist de l’époque et l’âme du monde actuel.

 

Carmen  est impensable sans Paris, où elle a vu le jour 
Pour Carmen : 1875-2024…. Quelle est la clé ? Dans le cas de « Carmen » : l’histoire de l’opéra « Carmen » se déroule en Andalousie, en Espagne. Or, comme nous le savons, Bizet n’a jamais mis les pieds en Espagne tout comme Puccini n’a jamais mis les pieds en Chine pour « Turandot ». Dans « Turandot », il ne s’agit pas non plus de la Chine, mais des ravages de la Première Guerre mondiale en Europe. Pour Bizet, c’est similaire, il ne s’agit pas principalement de l’Espagne ou de Séville, mais de la situation en France, à Paris, même s’il utilise des éléments espagnols dans la musique. Carmen  est impensable sans Paris, où elle a vu le jour. À l’époque de la première (1875), Paris traversait une période de bouleversements traumatiques. Bizet était un témoin contemporain de ce mouvement certes pour le progrès social, mais très violent, avec une répression policière et un contexte de famine suite à la défaite de la guerre contre l’Allemagne, et on sait que Bizet  a été affecté par les semaines insurrectionnelles de Paris en 1871.. On sait que Bizet voulait, après « Carmen », écrire une œuvre sur la Commune de Paris. Il voulait en faire un opéra politique et contemporain. Je vois également « Carmen » comme un opéra contemporain.
La situation des femmes au XIXe siècle en France
Deuxième exemple : dans l’œuvre de Prosper Mérimée, Carmen est une prostituée : j’ai repris cet aspect. Dans ma version, il n’y a pas de fabrique de cigares, les femmes sont des travailleuses du sexe. Pour moi, c’est un euphémisme dans le livret de dire qu’elles sont des cigarières, et je pense qu’il est clair qu’il ne s’agit pas seulement de tabac. Je voulais, à travers cette scène de bordel, montrer la situation des femmes au XIXe siècle en France. À l’époque, la prostitution, les fameuses “cocottes”  était le seul moyen pour une femme de sortir de sa classe sociale. Carmen a quelque chose de Métella, de Musette ; dans un sens aussi, de Manon…

Donc je choisis de mettre en scène l’histoire de manière réaliste, en mettant l’accent sur la crédibilité des personnages et des situations, afin que tout paraisse plausible, comme dans un film. Mais avec mon équipe de maître d’œuvre – scénographie, costumes, chorégraphie, nous avons aussi un objectif esthétique : traiter ce réalisme de manière artistique, et créer un rétro-futurisme grâce à une dramaturgie des couleurs dans les costumes et les décors.
Je cherche à faire de l’opéra, un art accessible sans pour autant renoncer à sa richesse et à sa complexité. Mon travail de mise en scène vise à offrir des spectacles qui parlent à un public large, tout en étant intellectuellement stimulants. Bref il s’agit de rendre l’opéra compréhensible et engageant, sans compromis sur la profondeur artistique et dramaturgique.

Manuelita …une femme prise au piège dans le jeu du patriarcat
J’ai en ce sens, dans ma lecture, revalorisé Manuelita, ce personnage féminin qui, au début de l’opéra, se dispute violemment avec Carmen. Dans certaines œuvres, il y a ces personnages secondaires qui, souvent, n’ont pas de voix propre ou ne sont mentionnés que brièvement. Pour un metteur en scène, cependant, ils offrent un potentiel de théâtralité supplémentaire. Dans ma mise en scène, Manuelita ouvre l’action avec un solo de flamenco. Elle incarne le mal-être d’une femme prise au piège dans le jeu du patriarcat, perçue comme un ornement à symbolique “phallique” pour l’homme qui l’entretient, sans pouvoir révéler ses souffrances intérieures. Lorsqu’elle rencontre Carmen, un combat éclate – sous la forme d’une “dance battle” entre deux types de femmes complètement différentes.
Dans ma version, ce personnage ne disparaît pas après le combat, mais entame son propre chemin de guérison, en se libérant de l’emprise du système patriarcal.

Enfin, pour terminer sur l’explication du concept de Smart entertainement, je plaide pour une méthode d’interprétation scénique que j’ai peaufiné en me confrontant au Jeune Public (un public sans pitié qui accroche ou qui décroche) pour un théâtre qui embarque en étant à la fois plausible et imaginatif. M’inspirant des méthodes classiques, je privilégie une narration claire et simple. L’histoire est racontée de façon cohérente, permettant au public de s’immerger pleinement dans le récit. Le but est de rendre l’œuvre vivante et crédible.
J’ai le sentiment que le mot « liberté » dans la bouche de Carmen décrit un lieu paisible. C’est là que réside le malentendu central entre elle et Don José : pour Carmen, la liberté est comme une oasis, un paradis, presque un espace philosophique. Pour Don José, le soldat ultra-obéissant, en revanche, la liberté signifie le chaos, l’anarchie.
Un management créatif pour déployer les  corps de métier
J’adopte un management qui valorise la fantaisie et la liberté créatrice de chacun des corps de métier impliqués dans la production. Cela permet de produire un théâtre fantasque où l’inventivité et la spontanéité  font miroir  aux références culturelles  pour une expérience galvanisante sur tous les plans.

CLASSIQUENEWS : Que signifie pour vous l’action qui est au cœur de Carmen ? En quoi cela nous parle-t-il aujourd’hui, dans notre société spécifiquement ? 

BENJAMIN PRINS : Carmen est l’une des figures féminines les plus célèbres de la littérature lyrique. Ce qui la distingue de ses camarades : Carmen se situe en dehors de la lutte éternelle entre oppresseurs et opprimés. Elle s’est libérée de cette absurdité. Je dirais qu’elle aborde souvent la vie de manière non conventionnelle et considère beaucoup de choses comme une plaisanterie. Lorsqu’elle jette la fleur au début de l’histoire, par exemple, – du moins c’est comme cela que  je le comprends – c’est sa façon de dire à Don José : « Hé, relax, Max. » Ce qui est frappant, c’est que Don José est le seul à sembler ne pas s’intéresser aux travailleuses. Tous les autres rient, car ils savent très bien que cet homme semble un peu psychorigide. Carmen maîtrise parfaitement l’art de séduire des hommes comme Don José, un personnage plutôt conservateur, et de les utiliser à des fins éthiques.

Carmen, la liberté signifie une émancipation absolue
Carmen par exemple chante “la liberté”. De quelle liberté s’agit-il ? Le mot « liberté » a été littéralement vidé de son sens ces dernières années, il a été chargé de tant de significations différentes, souvent contradictoires. Pour Carmen, la liberté signifie une émancipation absolue. Je la vois comme une artiste engagée, qui tente d’inspirer les gens à déconstruire les stéréotypes, par son art de vivre. Dans ma lecture, les contrebandiers ne sont pas de simples criminels comme le livret le stipule, mais des porteurs d’idées de libération.
Cette idée m’est venue à travers le chœur du troisième acte, qui commence par les mots « Écoute, compagnon, écoute ». À ce moment de la partition, je n’entends pas un trafic type marché noir, mais plutôt quelque chose qui rappelle le « Chant des Partisans », la chanson de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, même si bien sûr elle appartient à une époque complètement différente, bien plus tardive. De plus, l’image de la « Montagne », dans le livret original décrite comme le séjour des contrebandiers (l’Andalousie est le passage entre le continent africain et le continent européen), est politiquement très chargée en France. Les « maquisards », les partisans de la Résistance, se cachaient dans les montagnes, et « La Montagne » désignait pendant la Révolution française également la faction révolutionnaire de l’Assemblée nationale en lutte contre le régime dominant. En ce sens, je comprends les contrebandiers comme un contraste politique face aux soldats.
Et si Carmen et ses amis militants politiques étaient comme ce qui existe aujourd’hui à Nordhausen, un regroupement d’artistes et activistes anti-fasciste qui font contrepoids a l’avancée galopante du parti AfD en Thuringe avec les résultats que l’on connaît, il existe même un lieu de résistance à Nordhausen qui s’appelle Die Kleine Freiheit (la petite liberté), que j’avais à l’esprit en imaginant le troisième acte, et le déroulé du 4ème acte. Bref, ce ne sont donc pas des marchandises qui circulent en contrebande, mais des idées, nécessaires pour contrer la marche délétère du monde.

 

 

CLASSIQUENEWS : Que mettez-vous en avant visuellement et théâtralement dans cette production ?

BENJAMIN PRINS : Scénographiquement, ma  mise en scène a un caractère presque cinématographique, qui joue en couleurs avec la noirceur du livret.  Avec le scénographe Wolfgang Kurima Rauschning, nous nous sommes inspirés de la conception du film de Peter Greenaway « Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant », en ce qui concerne le traitement des couleurs sur scène. Dans les trois pièces où nous jouons, dominent respectivement les couleurs rouge, bleu et vert.
Le bordel est rouge, la salle des soldats est verte, et le bleu domine la scène de la prison (l’absence de liberté) ainsi que “la Montagne” (le lieu de la liberté). Nous avons aussi décidé de ne pas nous fixer à telle ou telle période. Avec cette production, je jubile car le visuel auquel nous avons abouti mêle la colorimétrie d’un film de science fiction à la construction picturale classique d’un tableau.
Costumes – Même la conception des costumes suit cette dynamique rétro-futuristes. L’histoire pourrait se dérouler dans deux décennies ou même maintenant. Nous avons particulièrement été influencés par le film « Poor Things » avec Emma Stone, pour son anachronisme surréel.
Un bon exemple : l’acte 2. Je voulais, au cœur de l’opéra, lors de la fête chez Lillas Pastia, rappeler que les hommes – du moins ici les soldats – se comportent comme des cochons. Il s’agit de rappeler que 80-90 % des violences physiques criminelles sont commis par des hommes.  Dans Carmen, l’œuvre s’ouvre avec l’agression d‘un groupe de soldats sur une passante – Micaela – et se termine en  féminicide commis par un ancien soldat.
C’est pour cela que je fais porter aux hommes du choeur, à Morales et à Zuniga, des masques de porc pour montrer  leur véritable visage – du moins ici, dans le lieu « sexuel “ qu’est un night club. C’est une manière flagrante de raconter cela, mais plus subtile qu’en faisant une scène trash ou en montrant des organes sexuels.

Propos recueillis en septembre 2024

 

 

ENTRETIEN avec Christine DANA-HELFRICH, conservateur en chef du patrimoine, chef de la mission musique et responsable artistique de la Saison Musicale du Musée de l’Armée aux Invalides – à propos de la saison 2024-2025.

ENTRETIEN avec Christine DANA-HELFRICH, conservateur en chef du patrimoine, chef de la mission musique et responsable artistique de la Saison Musicale des Invalides… Quels sont les temps forts et les cycles thématiques de la nouvelle saison musicale 2024-2025 ? Chaque concert aux Invalides promet de vivre une expérience musicale inoubliable au cœur de Paris, dans un site parmi les plus impressionnants de la Capitale… Pas simple d’associer événements de musique et écrins patrimoniaux aux échelles variées (Grand Salon, Cathédrale, Salle Turenne …). L’intime chambriste et la vitalité de l’exercice concertant, le pari symphonique font revivre différemment les périodes héroïques de l’Histoire militaire française. Pas facile d’établir des passerelles entre le thème des expositions du Musée de l’Armée et les programmes défendus par les musiciens… C’est cependant ce que réalise Christine Dana-Helfrich chaque saison. A l’image de la coupole plaquée d’or fin de la Cathédrale, la saison musicale éblouit par sa richesse et son équilibre.

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Orchestre Symphonique de la Garde Républicaine, Sébastien Billard, direction
© Paris, Musée de l’Armée, ECPAD 2024

 

 

CLASSIQUENEWS : Selon quels critères généraux avez-vous conçu cette nouvelle Saison Musicale des Invalides ?

 

Christine DANA-HELFRICH : La Saison Musicale des Invalides fait partie intégrante de la saison culturelle du musée de l’Armée, auprès des expositions temporaires mais aussi des cycles cinématographiques et des conférences. Elle contribue pleinement au rayonnement des collections du Musée et à la valorisation de l’édifice de l’Hôtel national des Invalides. Un département musical, chargé de mettre en œuvre une saison musicale au sein des Invalides, a été créé au musée de l’ Armée, en mai 1993, sur décision de Pierre Joxe, ministre des Armées.

 

 

A ce jour, et après plus de 3 000 concerts organisés en trente ans, le musée de l’Armée demeure opérateur du ministère des Armées, au titre de la musique. Il lui incombe notamment d’exalter en concert la dimension architecturale et historique de l’Hôtel national des Invalides, de mettre à l’honneur les formations musicales des armées dans des répertoires classiques et avec de grands solistes, de mettre en valeur les instruments privilégiés de ces musiques, soit les instruments à ventde s’associer aux commémorations à caractère historique et militaire et de faire librement écho aux expositions temporaires du musée.

Notre nouvelle saison musicale inscrit donc sa programmation dans le cadre de ces missions qui lui sont confiées par la direction de la mémoire, de la culture et des archives de notre ministère de tutelle.

 

L’EXIL

 

CLASSIQUENEWS : Quels en sont les thèmes prioritaires et fédérateurs de cette nouvelle saison et pour quelles raisons ?

Christine DANA-HELFRICH : Dans le cadre des commémorations du 80ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, et en lien avec l’exposition temporaire du printemps 2025 « Un exil combattant, les artistes et la France. 1939- 1945« notre premier cycle musical thématique comportant 14 concerts a pour titre « Une certaine idée de la France« , en référence à la première phrase des Mémoires de guerre du Général de Gaulle. Le comédien Francis Huster y fera allusion et lui rendra hommage, à l’occasion du concert-lecture du 18 novembre prochain, avec la violoncelliste Emmanuelle Bertrand et le pianiste Pascal Amoyel.

L’exposition du musée porte sur les soutiens et ralliements émanant des artistes et qui se sont organisés en faveur de la France librehors du territoire métropolitain et notamment aux Etats-Unis, au sein du mouvement France Forever. Le thème de notre cycle musical est celui de l’exilexil des nombreux compositeurs contraints de s’expatrier, à partir de la montée du nazisme en Europe, les Etats-Unis étant leur terre d’accueil privilégiée mais aussi exil intérieur, non moins douloureux, de ceux qui sont restés.

Parmi les compositeurs ayant émigré aux Etats-Unis, nous évoquons notamment Bela Bartok, Igor Stravinski et Darius Milhaud ; ainsi, le 12 décembre 2024 avec l’Orchestre de la Musique de l’Air et le pianiste Roustem Saitkoulov, dans le 3ème concerto de Bartok, le 13 mars 2025avec l’Orchestre de la Garde républicaine dans le Dumbarton Oaks Concerto de Stravinski, et le violoncelliste Aurélien Pascal en soliste, dans le 2ème concerto de Milhaud.

Certains compositeurs ont choisi de rejoindre Hollywood, tel Erich Korngoldcontribuant à donner aux musiques de films leurs lettres de noblesse et permettant à de nouvelles générations de musiciens d’y trouver plein épanouissement. Ainsi, le Concerto pour violon de Korngold sera donné par Nicolas Dautricourtle 28 novembre 2024, avec l’Orchestre de la Garde républicaine, un florilège de musiques de films pour chœur et orchestre étant programmé les 5 et 10 décembre 2024, sous la direction de Cyril Diederichà la tête du Paris Symphonic Orchestra et d’une centaine de choristes.

Celles et ceux qui sont demeurés en France se sont investis dans une forme de résistance, notamment au travers du Front national des musiciens, fondé par le chef d’orchestre Roger Désormière et la compositrice Elsa Barraine, protégeant les artistes en danger, soutenant les musiciens interdits ou déportés et favorisant la programmation en concerts, parfois clandestins, de la musique française, durant l’Occupation. Certains d’entre eux, comme Francis Poulenc, Elsa Barraine et Henri Dutilleuxse sont associés aux poètes résistants tels Louis Aragon, Paul Eluard et Jean Cassou, en mettant en musique leurs textes, contribuant ainsi à favoriser leur diffusion. Mais c’est sur la musique déjà composée par Anna Marly née Betoulinskaïa, que Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon écrivent leur propre texte, devenu l’hymne de la résistance sous le titre de Chant des partisansLe Chœur de l’Armée française leur rend hommage, le 28 novembre 2024. D’autres sont entrés dans la clandestinité, parfois au péril même de leur vie. Parmi ces artistes, des femmes telles Elsa Barraine et la chanteuse Joséphine Baker se sont révélées particulièrement héroïques. Nous évoquons ces deux femmes d’exception, respectivement le 6 février 2025 avec la symphonie Voïna / Guerre, couplée avec le Requiem de Tomasi, dédié « A tous les martyrs de la Résistance et à tous ceux qui sont morts pour la France », par l’Orchestre de la Garde républicaine et le Chœur des Universités de Paris… et le 27 janvier 2025, au sein d’un Cabaret imaginaire de la France libre, avec l’ensemble les Lunaisiens d’Arnaud Marzorati et la mezzo-soprano Isabelle Druet, incarnant aussi Lily Pons, Germaine Sablon et Marlène Dietrich.

Sans oublier Karl Amadeus Hartmanncompositeur allemand, farouchement hostile au nazisme, dont la violoniste Marianne Piketty et Le Concert idéal interprètent le Concerto funèbre de 1939, confronté à des œuvres de Hildegard von Bingen et de Philippe Hersant, le 2 décembre 2024Ni Olivier Messiaen, composant son Quatuor pour la fin du tempsen 1940, en captivité au sein du Stalag VIII A de Görlitz, en Silésie, dont un extrait est notamment interprété par un jeune duo violoncelle et piano, dans le cadre du cycle Jeunes talents-Premières armesorganisé en partenariat avec le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, le 18 novembre prochain, à 12h15.

Par ailleurs, 2025 nous donne aussi l’opportunité d’évoquer le centenaire des accords de Locarnoscellant les bases d’une fragile et fort éphémère réconciliation franco-allemande, au lendemain de la première guerre mondiale et d’interroger, dans un monde toujours en guerre, la difficile construction de la Paix. L’enrichissement récent des parcours de visite permanents du Musée sur la période de l’entre-deux guerres nous offre l’occasion de revenir sur les nombreuses étapes de la construction européenne. 

 

2025 : 100 ans des accords de Locarno

Au printemps 2025, un cycle commémoratif de 12 concerts, L’esprit de Locarnoy fait donc référence. On relève, à cette époque, l’existence de mouvements paneuropéens, prônant l’idée d’Etats-Unis d’Europe, notamment à l’initiative d‘Heinrich Mann et du comte Coudenhove-Kalergifondateur en 1926 à Vienne de l’Union paneuropéenne internationaleC’est d’ailleurs à ce dernier que l’on doit l’idée de concevoir un hymne européen et de le fonder sur L’Ode à la joie de Ludwig van Beethoven. Une esquisse de celle-ci se trouvant déjà dans le thème final de sa Fantaisie pour chœur et orchestre, elle est donnée, avec le Concerto dit « L’Empereur » de Beethoven, par l’Orchestre des Universités et Grandes Ecoles de Paris Sciences et Lettres, et le pianiste David Kadouch en soliste, le 3 avril 2025.

Aux antipodes de ces aspirations idéalistes européennes, certains compositeurs français manifestent des sentiments nationalistes exacerbés, dont l’émergence remonte déjà à un conflit précédent, soit à l’issue de la guerre franco-prussienne de 1870. Ainsi, Camille Saint-Saëns défend la musique française de style classique et réaffirme sa suprématie face à la tradition germanique, au travers de la Société nationale de musique, fondée avec Romain Bussine, dès 1871Une prise de position qui suscite la véhémente protestation de Maurice Raveldans une lettre du 7 juin 1916, envoyée de la zone des combats, énonçant son soutien à la nouvelle génération de compositeurs, par-delà les frontières, et notamment à Arnold Schönberg« Il m’ importe peu que Monsieur Schönberg soit de nationalité autrichienne. Il n’en est pas moins un compositeur de haute valeur dont les recherches pleines d’intérêt ont eu une influence heureuse sur certains compositeurs alliés et jusque chez nous ». Le 19 mai 2025c’est son singulier Pierrot lunaire s’inscrivant dans une esthétique berlinoise qui est programmé, avec l’ultime cycle de Mélodies de Fauré et des extraits de l’Opéra de Quat’sous de Kurt Weill sur un texte de Bertolt Brecht, créé à Berlin en 1928, avec le concours de Raquel Camarinha, Raphaël Sévère, Matteo Cesari, Yoan Héreau et du Trio KarénineDe Kurt Weil, compositeur allemand dont la musique sera taxée de dégénérée par le régime nazi, le Quatuor Zaïde joue, le 26 mai 2025, le 2ème Quatuorassocié – avec la connivence du pianiste Tristan Raësau Quintette de Louis Vierne, et  la violoniste Elsa Grether interprètera, le 15 mai 2025, le Concerto pour violon et ventscréé à Paris en 1925, avec l’Orchestre de la Musique de l’Air, qui conclut ce concert avec La Valse de Maurice Ravel, à l’occasion du 150ème anniversaire de sa naissance.

Un hommage est enfin rendu, le 12 juin 2025à l’écrivain Romain Rolland – citoyen du monde et considéré comme la voix du pacifisme européen – par l’ Orchestre de la Garde républicaine, avec le concours du comédien Lambert WilsonLe programme s’achève par Mort et transfiguration de Richard Strauss, considéré comme l’un des compositeurs allemands les plus puissants de sa génération, en référence au roman initiatique de l’écrivain Jean-Christophecontant le cheminement d’un jeune compositeur allemand imaginaire, découvrant la musique de Claude Debussy et trouvant au sein de la musique française une forme d’ accomplissement l’amenant à s’ élever, par-delà les frontières, au-dessus même de l’ Europe.

 

350 ans de la fondation des Invalides

Enfin, à l’occasion du 350ème anniversaire de la fondation des Invalides par Louis XIV, le cycle Si les Invalides m’ étaient contés accompagne l’ouverture des nouveaux espaces permanents du Musée consacrés à l’histoire du site : « Les Invalides : entre histoire et mémoires ». Ce cycle musical accueille l’ensemble les Talens lyriques de Christophe Roussetle 28 avril 2025se faisant l’écho du crépuscule du souverain. Et en lien avec la date de 1675, gravée sur le fronton de la façade principale des Invalides, coïncidant avec l’arrivée des prêtres de la Mission de Saint Vincent de Paul, le musée réédite, auprès du label Harmonia Mundi, l’enregistrement de l’Antiphonaire des Invalides, précieux livre de lutrin réalisé et décoré, en 1682, par les pensionnaires de l’institution, dans l’atelier d’ enluminure de l’Hôtel, à la demande des prêtres lazaristes. Ainsi l’Office de Saint-Louis, dédicataire des lieux, est-t-il notamment donné en concert, le 5 juin 2025, par l’ensemble Organumdirigé par Marcel Pérèsqui en avait réalisé l’enregistrement en 2005. Véritable joyau des collections musicales et de manuscrits du musée de l’Armée, l’antiphonaire des Invalides sera probablement exposé en la cathédrale, à l’occasion de ce concert.

 

Concert Hélène Couvert / Juliette Hurel / Julie Depardieu
© Paris, Musée de l’Armée 2023 / Anne-Sylvaine Marre-Noël

 

CLASSIQUENEWS : Comment se réalise la conjonction des lieux et des sites investis avec le choix des programmes ?

Christine DANA-HELFRICH : La saison musicale des Invalides s’inscrit dans le somptueux écrin que constitue l’Hôtel National des Invalides, qui est un cadre particulièrement inspirant pour une saison musicale, d’autant que la musique y a été toujours présente et a accompagné les grandes célébrations ponctuant la vie de l’établissement depuis sa fondation. Ce sont, en effet, les accents du Te Deum de Delalande qui ont retenti, le 28 août 1706, lors de l’inauguration par le souverain fondateur de l’église royale coiffée d’un dôme doré à l’or fin. Et c’est en la chapelle des soldats qu’a été créée la Grande Messe des morts d’Hector Berliozle 5 décembre 1837, à l’occasion de l’office funéraire du comte de Damrémont. Une œuvre grandiose à double chœur notamment reprogrammée aux Invalides, en 1975, avec l’Orchestre National de France, sous la direction de Leonard Bernstein. C’est en cette chapelle, devenue désormais cathédrale et siège de l’évêché aux armées françaises, que nous accueillons de grands concerts avec orchestres et chœurs, ainsi que symphonies et concertos avec de grands solistes instrumentistes et récitants. Mais son acoustique est aussi propice à l’accueil de formations de musique ancienne, d’effectifs plus réduits, avec clavecin.

Nous avons également à cœur de faire résonner les grandes orgues de la cathédraleSi le buffet classé au titre des monuments historiques est d’origine, et daté de 1679, l’orgue a été entièrement reconstruit à l’initiative de son titulaire Bernard Gavoty, par le facteur Beuchet-Debierre, dans une esthétique néo-classique, et inauguré par Marcel Dupré, le 8 décembre 1957. Philippe Brandeisorganiste titulaire de la tribune de Saint-Louis, s’y produit, le 1er décembre prochain, avec un ensemble de trompes de chasse, dans un hommage aux Compagnons de la Libération.

Le Grand salonancienne salle du conseil d’administration de l’Hôtel, offrant une double perspective superbe sur le pont Alexandre III et sur le dôme des Invalides, est d’atmosphère plus intime, favorisant le contact rapproché entre musiciens et public. Nous y privilégions l’accueil de récitals de piano, de concerts de musique de chambre mais aussi de petits effectifs de musique ancienne. A cet égard, le grand claveciniste Rafael Puyanaqui s’y est produit en récital, déclarait volontiers que notre Grand salon bénéficiait de la meilleure acoustique de Paris, pour le clavecin. Il semblerait que cela soit aussi l’avis de Christophe Rousset, qui sera précisément à la direction mais aussi au clavecin, le 28 avril 2025.

Enfin, même si des travaux entravent son accès actuellement, la salle Turenneun des quatre réfectoires au sein desquels les invalides prenaient leurs repas, présente un cadre idéal pour une formation vocale a capella ou un concert-lecture, ses peintures murales polychromes, évoquant les campagnes militaires de Louis XIV, si inspirantes pour les artistes, l’apparentant à une petite galerie des batailles.

 

 

CLASSIQUENEWS : Y a–t–il des artistes, ensembles avec lesquels vous travaillez d’année en année ? Et si oui, sur quels types de programmes ? Comment se manifestent ces compagnonnages ?

Christine DANA-HELFRICH : Mes premiers et plus fidèles partenaires sont les chefs des formations musicales militaires, toujours enclins à sortir des répertoires trop souvent programmés et à soutenir avec enthousiasme mes propositions d’œuvres plus méconnues, parfois exhumées pour la circonstance, pour autant que les partitions en soient éditées et accessibles et  pour autant que leurs effectifs soient compatibles avec l’espace scénique contraint que nous offre le choeur de la cathédrale. Ainsi en est-il avec Claude Kesmaecker, chef de l’Orchestre de la Musique de l’Air, également excellent transcripteur et arrangeur pour orchestres à vent, avec Aurore Tillac et Emilie Fleury, cheffes du Chœur de l’ Armée française, et avec Sébastien Billard, chef-adjoint de l’Orchestre de la Garde républicaine. Et je tiens tout particulièrement à rendre un hommage appuyé à François Boulangerchef de l’Orchestre de la Garde Républicaine depuis 28 ans, au moment où ce dernier a choisi de quitter ses fonctions. Nous avons tissé ensemble de très fructueuses connivences musicales, dans une relation toujours empreinte de pudeur. 

 

François Boulanger et Jean-Marc Luisada (© C. Dana-Helfrich)

 

A la tête de ces prestigieuses formations symphoniques et d’harmonie, dont le recrutement s’effectue au plus haut niveau, François Boulanger s’est affirmé comme un chef extrêmement exigeant mais aussi d’une grande bienveillance et d’une rare humilité, servant la musique avec une profonde ferveur, dénuée de toute ostentation. Un très grand musicien qui a su insuffler au sein de nos programmes et lors de tant de concerts placés sous sa direction en la cathédrale Saint-Louis, une rare intensité d’ expression, dans de bouleversantes interprétations qui resteront gravées dans ma mémoire. Il est d’ailleurs important de savoir et de faire savoir que, si ces chefs  ont un statut et un grade militaire et portent l’uniforme de leur arme, ils ont effectué leurs cursus dans les plus hauts établissements supérieurs de formation musicale, en particulier le Conservatoire National Supérieur de Musique de Danse de Paris, et en sont sortis lauréats avec les plus hautes distinctions. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nos échanges, dans la perspective de l’élaboration de programmes, sont aussi passionnants, étant nourris et enrichis de leurs propres propositions et de leurs conseils, toujours pertinents. Je souhaite la bienvenue à Bastien Stilnouveau chef de l’Orchestre de la Garde républicaine à partir du 1er septembre, qui dirigera les concerts des 24 janvier et 12 juin 2025.

Notre autre grand partenariat s’est tissé, dès la première saison musicale, avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, au travers de la création, dès janvier 1994, du cycle Jeunes talents-Premières Armes, grâce à l’ardent soutien de son directeur Marc-Olivier Dupin et de Gretchen Amüssen, directrice des relations extérieures. Le Conservatoire de Paris ayant été créé, en 1795, pour former les cadres des musiques militaires, son premier directeur en fut l’officier Bernard Sarrette, ancien capitaine de la Garde nationale, et les classes d’instruments à vent y étaient alors  prédominantes. Nous nous sommes donc associés, en 1995, aux festivités musicales marquant la célébration du bicentenaire de cet établissement. Ce cycle programmé à la mi-journée a accueilli, en trente ans, plusieurs générations de jeunes étudiants très talentueux, en leur procurant une première expérience de la scène. Bon nombre d’entre eux, tels Renaud Capuçon ou Bruno Mantovani s’ en souviennent encore….

Je souhaiterais aussi mentionner quelques autres partenariats fidèles avec des musiciens aussi généreux humainement que musicalement, avec lesquels je chemine depuis tant d’années déjà, de saison en saison : notamment le claveciniste Olivier Baumont, le violoniste Julien Chauvinles pianistes Jean-Marc LuisadaAnne Queffelec, Dana Ciocarlie, Frank Braley et Eric Le Sageles comédiens Denis Podalydès, Didier Sandre, Francis Huster et Alain Carréle violoniste Dong-Suk Kang, les violoncellistes Philippe Muller, François Salque et Emmanuelle Bertrandle clarinettiste Paul Meyer, le Concert Spirituel et son chef Hervé Niquet, Les Talens lyriques et leur directeur musical Christophe Rousset, l’Ensemble Clément Janequin et son chef Dominique Visse – et tant d’ autres encore…

La Saison Musicale des Invalides a bénéficié de précieux parrainages qui m’ont incitée à poursuivre cette mission au long cours, et permettez-moi de citer notamment les pianistes Aldo CiccoliniPhilippe Entremont, Gaby Casadesus et Brigitte Engererqui m’ont honorée de leur soutien. Les encouragements de Claude Samuel, lorsqu’il était directeur de la musique à Radio-France et ceux du Général Louis Kalck, également organiste de talent, lorsqu’il était organisateur des concerts-mémoire pour le secrétariat d’Etat en charge des anciens combattants et de la mémoire, ont également été déterminants.

Et depuis quelques années, la Saison Musicale des Invalides s’enorgueillit d’accueillir régulièrement de plus jeunes formations musicales, tels Le Consort de Justin Taylor avec la mezzo-soprano Eva Zaïcik, Les Epopées de Stéphane Fuget avec Claire Lefilliâtre, La Rêveuse de Florence Bolton. Et certaines magnifiques rencontres, telle l’invitation d’I Gemelli d’Emilano Gonzalez Toro en compagnie de Zachary Wilder, en mai dernier, sont tellement galvanisantes que je n’ai de cesse d’imaginer un prolongement à y donner. Enfin, je suis particulièrement heureuse d’accueillir, à l’occasion de cette nouvelle saison des musiciens ne bénéficiant pas, à mes yeux, d’une juste reconnaissance médiatique à Paris, eu égard à leur exceptionnel talent. Notamment le violoniste Svetlin Roussevqui est le soliste auprès de l’Orchestre de la Garde républicaine du Concerto pour violon de Beethoven et du Poème de Chausson, le 23 janvier 2025lors de la restitution d‘un programme donné à Londres avec le concours de Yehudi Menuhin, le 4 avril 1943, en soutien au général de Gaulle. Mais aussi le pianiste Alexandre Paley, qui se produit en sonate avec la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton le 16 décembre 2024 et en récital le 7 avril 2025La soprano Marie-Laure Garnier qui donne un récital avec la flûtiste Juliette Hurel et le pianiste Tristan Raës, le 17 mars 2025en écho à la Seconde Guerre mondiale. Et, enfin, le violoncelliste Gary Hoffman dont le partenaire est Jean-Philippe Collard, le 24 mars 2025pour le concert d’ouverture du cycle L’Esprit de Locarno.

 

Orchestre d’harmonie de la Garde républicaine / François Boulanger, direction
© Paris, Musée de l’Armée, 2023, Anne-Sylvaine Marre-Noël

 

CLASSIQUENEWS : De quelle manière le CIC s’associe –t-il à la programmation musicale des Invalides ?

Christine DANA-HELFRICH : Le CICgrand partenaire du musée de l’Armée, contribue fort généreusement aux gestes patrimoniaux en faveur de la conservation et de la restauration de l’édifice des Invalides. Cette collaboration a notamment permis de restituer toute sa splendeur à la Salle Royale, l’un des quatre grands réfectoires où les pensionnaires de l’institution prenaient leurs repas en contemplant les décors polychromes réalisés par le peintre des batailles Joseph Parrocel, restaurés avec le soutien du CIC. Il apporte aussi son soutien aux expositions temporaires du musée et accompagne nos saisons musicales depuis 2003. Le CIC produit et finance un cycle de 8 concerts au sein de notre Saison Musicale des Invalides ; notamment le concert inaugural de cette nouvelle saison, donné le 10 octobre prochain par le Cercle de l’Harmonie placé sous la direction de son chef Jérémie Rhorerdans un programme dédié à Beethoven, dont la pianiste Mari Kodama est la soliste. Les autres concerts de ce cycle musical, s’inscrivant en la cathédrale Saint-Louis et dont la programmation ne fait pas référence aux thématiques de saison choisies par le Musée, bénéficient de captation et de retransmission par Radio-Classique. Dans le cadre des concerts produits par le CIC lors de cette nouvelle saison, citons les prestations du ténor Roberto Alagna le 7 novembre, de l’octuor de violoncelles Cello 8 de Raphaël Pidoux avec la mezzo-soprano Marine Chagnon, le 26 novembrede l’Ensemble Contraste avec la soprano Marianne Croux et le ténor Léo Vermot-Desroches, le 19 décembre, de l’Orchestre de Chambre de Mannheim avec le pianiste Jean-Paul Gasparian et Paul Meyer à la clarinette et à la direction, le 6 mars 2025et de la mezzo-soprano Karine Deshayes en soliste auprès de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, le 10 avril 2025Le CIC étant le partenaire  financier exclusif des Victoires de la Musique Classique, nous en accueillons les lauréats, tout au long de ce cycle mais aussi en conclusion de celui-ci, avec le concert des nouvelles Révélations de l’Année 2025, le 19 juin 2025.

 

Propos recueillis en septembre 2024

 

 

Présentation de la saison 2024-2025 :
temps forts et cycles-événements…

 

LIRE aussi notre présentation de la saison musicale2024 – 2025 des INVALIDES : https://www.classiquenews.com/invalides-31e-saison-musicale-2024-2025-lesprit-de-locarno-une-certaine-idee-de-la-france-lexil-350e-anniversaire-de-la-fondation-des-invalides-le-cercle-de-l/

 

Le Musée de l’Armée-Les Invalides propose, pour sa saison musicale 2024 – 2025, un nouveau cycle de concerts parmi les plus riches de la Capitale, et ce dans le cadre patrimonial grandiose qui l’accueille, l’Hôtel National des Invalides, chef d’œuvre architectural édifié sous le règne de Louis XIV… Généreuse et originale, la saison musicale est conçue par Christine Dana-Helfrich, conservatrice en chef du Patrimoine et cheffe de la Mission Musique du musée de l’Armée-Les Invalides.

 

 

 

 

INVALIDES 2024 – 2025. 31ème saison musicale. L’esprit de Locarno / Une certaine idée de la France, L’Exil / 350ème anniversaire de la Fondation des Invalides… Le Cercle de l’Harmonie, Les Talens Lyriques, Roberto Alagna, Karine Deshayes, Isabelle Druet, Ensemble Contraste, Johan Farjot, Orchestre Symphonique de la Garde Républicaine…

 

Hôtel national des Invalides
129, rue de Grenelle
75007 Paris
Tél. : +33 (0)1 44 42 38 77

 

VOIR la programmation musicale des Invalides 2024-2025 sur le site du Musée de l’Armée : https://www.musee-armee.fr/au-programme/saison-musicale-invalides.html

 

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OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE. HÉROÏNE, les 6, 8, 10, 12 oct 2024. Hindemith, Bartok, Honegger.

Transgression de l’interdit… le sujet qui est au centre des 3 partitions ainsi réunies en une soirée compose une superbe ouverture à l’Opéra National de Lorraine pour sa nouvelle saison 2024 – 2025. Le thème s’inscrit parfaitement dans la nouvelle thématique générale de ce nouveau cycle. Pour être une « Héroïne », chaque femme ne doit-elle pas prouver son courage et sa force morale en osant provoquer, contrevenir, franchir, outrepasser ? A Nancy, Susanna, Judith… ouvrent la voie dans un triptyque lyrique passionnant.

 

Croire, est-ce nier son corps ? Quel est le rapport du religieux et de la sensualité ? Autant de questions que pose dans son (court) opéra, Hindemith : « Sancta Susanna » est un météore fulgurante et sulfureuse créée en  mars 1922 à l’Opéra de Francfort. Portée par son désir, une religieuse se met à nu et enlace la statue du Christ. L’œuvre scandaleuse provoqua la fureur de l’Église.

Et qu’en est-il de la soif de savoir de Judith ?  Interdite dans certaines parties du château de son époux, la jeune femme ose pénétrer dans des lieux intimes au risque de se brûler les ailes : l’interdit n’est-il pas énoncé pour être enfreint ? « Le Château de Barbe-Bleue » de Belà Bartok est un huis clos envoûtant, dont la musique exprime tout ce qui est en jeu et n’est pas dit ; Judith ouvre ainsi les portes de son château jusqu’au point de non-retour… Pour clore ce triptyque prometteur, « La Danse des morts » d‘Honegger est un ouvrage choral composé sur le poème de Claudel où les morts deviennent une communauté joyeuse et subversive. Le compositeur trouble les cartes en mêlant musiques savante et populaire, intégrant dans son enfer musical, des inserts inattendus tels « Sur le pont d’Avignon »…

Lauréat de l’European Opera Director Prize, Anthony Almeida met en scène une femme à trois âges de son existence. Chacune des pièces figure l’un des rituels sociaux – baptême, mariage et trépas

 

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NANCY, Opéra national de Lorraine
Hindemith : Sancta Susanna
Bartok : Le Château de Barbe Bleue
Honegger : La Danse des morts
Pièces lyriques en allemand, hongrois, français, surtitrées
Tout public à partir de 13 ans – Durée : 2 h 45 avec entracte – Tarif : 5 — 85 €

 

Dim. 6 octobre 2024 à 15h

Mar. 8 octobre 2024 à 20h
Jeu. 10 octobre 2024 à 20h
Sam. 12 octobre 2024 à 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra National de Lorraine : https://www.opera-national-lorraine.fr/fr/activity/882-heroine-hindemith-bartok-honegger

Le quart d’heure pour comprendre : 
45 minutes avant le début du spectacle (gratuit, sur présenta­tion du billet). La représentation du dimanche 6 octobre propose un atelier jeune public. La représentation du jeudi 10 octobre propose un tarif spécial pour les étudiants et/ou moins de 30 ans ? 10 € la place réservée dans les meilleures catégories  !

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, les 26 et 27 sept 2024. Joshua Weilerstein joue la 5ème Symphonie de Mahler (concert d’ouverture de la saison 24/25).

Nouveau directeur musical de l’ON LILLE, Orchestre National de Lille, JOSHUA WEILERSTEIN prolonge l’odyssée malhérienne de la phalange lilloise… Mais en première partie, un soliste de premier plan illumine l’écriture concertante du grand Liszt. Après avoir été applaudi en 2021 lors d’un récital saisissant, le pianiste Alexandre Kantorow retrouve Lille, pour le Concerto n°2 de Franz Liszt, avec l’Orchestre National de Lille ; magnifique voyage musical aux climats toujours changeants, où rayonne la souveraine mélodie…

 

 

 

Pour son premier concert en tant que directeur musical de l’ON LILLE, le chef Joshua Weilerstein dirige ensuite la 5ème Symphonie de Gustav Mahler, opus singulier dans l’œuvre de Mahler. Contrairement à ses opus précédents, où s’inscrit la voix humaine (Symphonies n°2, 3 et 4), où les luttes, les antagonismes, les tensions intimes bouillonnent, bouleversent, marquent le flux et le déroulement formel. Dans la 5ème rien de tel : Gustav Mahler exprime un sentiment de plénitude amoureuse qui porte le fameux Adagietto, rêve musical, songe spectaculaire qui est surtout une confession pour celle qui a ravi son cœur, la jeune Alma qu’il épousera ensuite.
La 5ème symphonie est pour Mahler, celle du destin : expérience de la solitude, découverte de sa maladie, … mais surtout (sujet transcendant des deux derniers mouvements) rencontre miraculeuse avec celle qui deviendra madame Mahler, la jeune Alma. L’éblouissement positif qui en découle fait basculer la 5ème Symphonie en un acte d’amour, la confession d’une plénitude inédite qui s’exprime, suspendue, comme irréelle, dans le fameux 4è mouvement : « Adagietto » en fa majeur.

Concerto pour mélodie
Esquissé а Rome en 1839, par un jeune compositeur, pianiste virtuose de 28 ans, le Concerto n°2 est strictement contemporain du n°1. Il ne sera achevé que dix ans après, en 1849 à Weimar. A la création, au Théâtre de la Cour de Weimar, le 7 janvier 1857, Franz Liszt dirige son oeuvre (jouée par l’un de ses élèves, Hans von Bronsart). Le plan est celui d’une rhapsodie constituée de six mouvements enchaînés. Une mélodie centrale, enrichie de quatre thèmes secondaires y circule sous des variations toujours renouvelées. Davantage que dans le Premier Concerto, la mélodie s’affirme pleinement. La versatilité des jeux harmoniques et rythmiques préfigure déjà Bartok, tandis que l’écriture pour le piano soliste est plus contrôlé, s’accordant davantage а la « masse » de l’orchestre. Au final, Liszt semble y développer en contrastes saisissants, une succession d’états d’âme. Concerto romantique certes, Concerto d’une mélodie surtout qui incarne l’ego du pianiste-compositeur traversé, foudroyé, exalté par des vagues toujours changeantes de sentiments intimes. Le génie du compositeur soigne la diversité des caractères de chaque pièce, sans jamais entamer ni la tension ni la vitalité de l’architecture globale.

Plan: Adagio sostenuto (présentation de la mélodie principale), Allegro agitato assai, Allegro moderato, Allegro deciso, Marziale un poco meno allegro, Allegro animato (où le clavier roi reprend la prééminence dans une série de glissandos virtuoses). Durée indicative: moins de 25 minutes.

 

Photo : Joshua Weilerstein © ON LILLE / Ugo Ponte.

 

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LILLE, Nouveau Siècle
Auditorium Jean-CLaude Casadesus
Concert d’ouverture de saison
Joshua Weilerstein, direction
Alexandre Kantorow, piano

Jeudi 26 septembre 2024 – 20h
Vendredi 27 septembre 2024 – 20h
RÉSERVEZ vos place directement sur le site de l’ON LILLE Orchestre National de Lille : https://onlille.com/choisir-un-concert/categories/concert-douverture-de-saison

2h avec entracte

Programme repris à la Cathédrale de Laon, dans le cadre du Festival de Laon
Samedi 28 septembre 2024 – 20h

Photo : Portrait Joshua Weilerstein © Paul-Marc Mitchell
Au programme
Liszt : Concerto pour piano n°2
Mahler : Symphonie n°5

 

Autour du concert
19h – Avant-concert
Célébrons l’arrivée de Joshua Weilerstein ! Le nouveau Directeur musical vu par les équipes de l’ONL – À l’issue du concert – Bord de scène
Rencontre avec les artistes

ENTRETIEN avec Pascal BERTIN, directeur artistique du Festival Baroque de Pontoise, à propos de l’acte I de l’édition « INSPIRE ».

Pour sa 39è édition, le Festival de Pontoise célèbre les musiques traditionnelles, source privilégiée qui a inspiré nombre de compositeurs parmi les plus essentiels de l’histoire de la musique. « INSPIRE » est le titre générique qui invite à interroger les styles et les motifs populaires ; à redécouvrir l’inspiration des œuvres et des auteurs en un vaste tour du monde, à travers 2 cycles de concerts, l’un de septembre à décembre 2024 ; le second de janvier à mai 2025. Programmes inédits, formations imprévues, confrontations fécondes du populaire et du « savant », … Pascal Bertin, directeur artistique offre la conception la plus large du « Baroque » ; il promet bien des découvertes à Pontoise et sur le territoire du Vexin. Tremplin est réservé à l’audace et aux formes novatrices grâce à la présence de nombreux jeunes ensembles (Il Caravaggio, Castelkorn, Kraken consort, Irini…), aux côtés de l’Académie d’Orchestre Baroque, des artistes célébrés (Le Poème Harmonique…). Divers, accessible et souvent surprenant, le premier festival de musique baroque en Île-de-France s’affiche plus flamboyant que jamais…

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CLASSIQUENEWS : Comment avez vous choisi le titre générique « INSPIRE » ?

PASCAL BERTIN : Notre thème générique 2024 « INSPIRE » vient comme chaque année de l’actualité des anniversaires et des célébrations. En 2024-25, peu de compositeurs de ce que l’on qualifie de musique ancienne seront célébrés (notons quand même Palestrina et A.Scarlatti). Mais parmi les compositeurs plus tardifs, Smetana, Bruckner (200è anniversaire), Charles Ives, Maurice Ravel (150e), Bartók (80e anniversaire du décès), il existe un point commun : ils se sont tous intéressés aux musiques traditionnelles et populaires qui les ont fortement influencés.
Par le titre « INSPIRE », il s’agit de retracer le fil de l’inspiration, et à sa source, souligner l’importance des musiques dites populaires, des mélodies, des chansons traditionnelles… Ainsi chaque concert de notre programmation associera un aspect des musiques traditionnelles ou une culture du monde avec des répertoires classiques.
Le 4 octobre par exemple, c’est le OUD qui sera le sujet du programme « L’Âme du luth » ; le oud oriental est l’ancêtre de notre luth (Waed Bouhassoun, oud et chant).    Plus d’infos : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/vendredi-4-otobre-2024-20h30-eglise-saint-aubin-ennery-waed-bouhassoum

De même, en ouverture du Festival 2024, le 28 septembre, le thème du STABAT MATER permet de célébrer l’une des pièces majeures abordées par les plus grands compositeurs « savants » (Pergolèse précisément), que Vincent Dumestre mettra en dialogue avec des chants et mélodies populaires tels qu’ils étaient chantés et joués dans les rues de Naples au XVIIIè. « Un Stabat Mater napolitain », Le Poème Harmonique, Vincent Dumestre.  Plus d’infos : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/samedi-28-septembre-2024-18h00-cathedrale-saint-maclou-pontoise-le-poeme-harmonique-vincent-dumestre

 

CLASSIQUENEWS : Au sein de la programmation, pour chaque édition, vous veillez à accompagner et encourager les jeunes ensembles. En particulier quand ils présentent de nouveaux programmes… Qu’en est-il en 2024 – 2025 ?

PASCAL BERTIN : Depuis que j’ai pris la direction artistique du Festival, j’ai veillé à réserver une place privilégiée aux jeunes ensembles, en faisant le pari de la créativité voire de l’audace. C’est le cas cette année de l’ensemble CASTELKORN dont nous présentons le programme « Labyrinth garden » (dim 29 sept), promenade imaginaire dans le jardin de l’Évêque d’Olomouc au XVIIè avec des pièces profanes pour violon et basse continue, souvent influencées par la musique traditionnelle de Bohème, issues du fonds musical de sa bibliothèque (Schmelzer, Biber, Döbel…)… Je connais les musiciens et le directeur musical Josef Zák, depuis leurs débuts au Conservatoire de Paris ; leur dernier cd a remporté les récompenses les plus prestigieuses.   Plus d’infos : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/dimanche-29-septembre-2024-17h00-cathedrale-saint-maclou-pontoise-ensemble-castekorn

Au chapitre des créations, nous présentons le récital de YOAN MOULIN (le 13 oct) : « El Canto del caballero », un programme inédit qui regroupe plusieurs pièces du Siècle d’Or et qui a été spécialement conçu pour notre thématique 2024.   Plus d’infos : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/dimanche-13-octobre-2024-17h00-eglise-saint-christophe-cergy-yann-moulin

De même, l’ensemble IL CARAVAGGIO de Camille Delaforge aborde Pygmalion de Rameau (19 oct), mis en regard avec une chanson populaire de l’époque « Le tailleur de pierres » et une cantate méconnue sur le même thème (signée A. Bailleux). Mêler ainsi savant et populaire est d’autant plus légitime que dès l’essor de l’opéra en France, chaque ouvrage fameux était parodié dans une version décalée, provocatrice, particulièrement appréciée du peuple à la Foire Saint-Germain … En outre, Il Caravaggio présentera aussi dans ce programme les jeunes chanteurs de sa propre académie, le Studio Lyrique Il Caravaggio…   Plus d’infos : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/samedi-19-octobre-2024-18h00-cathedrale-saint-maclou-pontoise-ensemble-il-caravaggio

Autre nouveauté, le 16 oct, la pianiste SOPHIE BOUCHEAU, récente lauréate du Prix Festival Baroque de Pontoise au Concours Piano Campus 2024, donnera un récital inédit mêlant pièces baroques et classiques : « Baroques et impressionnistes » (Rameau, Debussy…).   Plus d’infos :  https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/mercredi-16-octobre-2024-18h30-auditorium-conservatoire-rayonnement-regional-sophie-boucheau

 

Église Notre Dame de Pontoise (DR)

 

CLASSIQUENEWS : vous enrichissez encore l’offre artistique et les champs d’activité du Festival. Quelles sont les volets auxquels vous tenez particulièrement ?

PASCAL BERTIN :  Nous continuons le principe des résidences, mais le faisons évoluer de 3 années de compagnonnage à 2 ans ; souvent lors de la 3ème année le geste artistique a tendance à se répéter. Chaque ensemble en résidence se professionnalise ainsi ; il propose 2 spectacles dans l’année et réalise aussi des actions de médiations culturelles sur le territoire.
Nous pérennisons également notre ACADÉMIE D’ORCHESTRE BAROQUE qui a lieu tous les 2 ans, en partenariat avec le Conservatoire de Cergy-Pontoise. C’est un projet d’ampleur qui implique de nombreux acteurs du territoire : le CRR et le Conservatoire du Vexin, et quelques autres structures impliquées dans la pratique de la musique ancienne. Ajoutons que nous programmons tous les ans un concert des professeurs du département de musique ancienne du CRR, très engagés dans ce partenariat ; le prochain aura lieu le 10 janvier (programme « De cuer je soupire »…).  Plus d’infos : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/programmes/acte-2-du-10-janvier-2025-au-24-mai-2025

De même le Festival entend multiplier les COPRODUCTIONS ; c’est à dire moins accueillir des programmes qu’être partie prenante pour leur réalisation, ce dès l’origine jusqu’à la création. Coproduire, c’est prendre des risques et accompagner les artistes; dans ce sens, nous participerons à l’enregistrement de certains programmes pour le disque. C’est le cas du nouveau spectacle d’IL CARAVAGGIO de Camille Delaforge : Pygmalion que nous avons évoqué précédemment. D’une façon générale, il s’agit de participer aussi à la politique culturelle dans les campagnes, hors des centres urbains suréquipés où l’offre de spectacles est quasi permanente ; Pontoise, ville patrimoniale bourgeoise a ceci de spécifique qu’elle est située dans le vaste territoire du VEXIN ; elle est naturellement ouverte et tournée vers le territoire où la ruralité est le dénominateur commun, mais Pontoise accueille également des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Il est donc essentiel de travailler avec tous les relais locaux pour diffuser partout la magie de la musique.
Dans le sens d’une accessibilité renforcée, nous avons aussi développé le principe de la billetterie solidaire ; nous proposons aux spectateurs les plus aisés de payer jusqu’à 10 euros plus cher leur place (système de fixation libre du prix), pour permettre aux moins argentés, de payer une place moins chère. Le système est anonyme et fonctionne très bien.

 

CLASSIQUENEWS : Comment choisissez-vous les artistes invités ?

PASCAL BERTIN : En tant que directeur artistique, la liberté est de choisir non pas des artistes par réseau mais bien pour leur haute valeur artistique ; ce qui éveille mon attention, ce sont les bonnes pratiques et la sincérité ; dans le cas des chefs, nous veillons aux bons comportements ; sur le plan de la durabilité, je refuse d’engager un ensemble venu de loin pour une seule date, un « one shot » ; dans tous les cas, nous privilégions les transports en train (plutôt que l’avion) et si le programme est repris ailleurs dans le cadre d’une tournée comprenant plusieurs dates. D’une façon générale, nous sommes attentifs à maintenir une certaine vertu dans toutes nos actions.
Chaque année, nous offrons un tremplin aux jeunes ensembles. Après tout, il s’agit d’une opportunité exceptionnelle de créer la première rencontre entre les artistes et notre public : le Festival Baroque de Pontoise étant l’un des plus grands festivals de musique ancienne d’Île de France. J’entends le terme de « musique ancienne » dans son acception la plus large, du haut Moyen âge voire avant, à la Renaissance, et du baroque jusqu’aux époques classiques et romantiques .
La qualité générale des ensembles aujourd’hui est d’être familier des pratiques historiques sur un répertoire très large, qui va du baroque aux années 1920. Les instrumentistes actuels ont ce goût de l’exploration illimitée et un esprit d’expérimentation qui produisent souvent des programmes aussi originaux qu’intéressants.

En témoignent ainsi notre accompagnement de l’ensemble CASTELKORN, présenté précédemment. C’est aussi le cas des musiciens de l’ensemble IRINI (Lila Hajosi, direction) : dont le programme « O sidera » mêlant mystérieuses prophéties des 12 Sibylles de Lassus et liturgie byzantine, est joué le 11 octobre :  Plus d’infos ici : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/vendredi-11-octobre-2024-20h30-eglise-notre-dame-pontoiseo-ensemble-irini

Nous avions réalisé le même soutien en 2023 pour l’ensemble du gambiste Robin Faro, à présent identifié : Près de votre oreille… Il y a aussi le 31 janvier 2025, le programme de musique celtique du KRAKEN CONSORT porté par le théorbiste Bruno Helstroffer, la soprano Chantal Santon-Jeffery et le ténor Robert Getchell; ils devaient déjà venir en 2023 mais finalement, leur programme sera dévoilé début 2025 (programme « O’er the moor »).  Plus d’infos : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr/vendredi-31-janvier-2025-20h30-theatre-imprevu-saint-ouen-l-aumone-the-kraten-consort

Aussi créatif, le duo composé par la soprano Agathe Peyrat qui s’accompagne à l’Ukulélé (et chante dans les ensembles Pygmalion et Aedes…), et Pierre Cussac accordéoniste. A l’époque il y a déjà 4 ans, je les avais découverts grâce à des petites vidéo postée sur facebook que j’avais trouvées inventives et poétiques.  Pour eux comme pour tous les ensembles que nous choisissons, il s’agit de les accompagner jusqu’au bout de leur geste musical et dans leurs choix artistiques. J’ajoute que si nous développons les actions de sensibilisation vers les publics hors classiques, il convient aussi dans un mouvement de retour, d’intégrer le goûts et les pratiques de ce public dans notre programmation.

 

CLASSIQUENEWS : Pouvez-vous nous rappeler comment fonctionne le Festival Baroque de Pontoise ? Son déroulement et le rythme des concerts…

PASCAL BERTIN : Aujourd’hui le Festival propose une saison musicale de septembre à juin. D’année en année, je veille à élargir la notion même de « baroque » ; le terme est plus à prendre dans son sens étymologique (bizarre, étrange,..) que dans la période historique (1600-1750) : il n’a finalement aucune limite ; nous privilégions une présence et des actions au long cours, plutôt que de rester sur un festival concentré sur quelques jours.
Le rythme actuel est le suivant : « l’acte I » du festival en septembre et octobre, comprend 2 à 3 concerts par semaines ; « l’acte II » de janvier à juin, 2 à 3 programmes par mois.
Le festival s’inscrit dans l’agenda et le territoire du Val d’Oise dont l’offre purement musicale n’est pas si importante. Le fait de travailler toute l’année permet d’étendre et d’enrichir nos actions et partenariats sur le territoire (à ce jour nous comptons 14 villes partenaires) ; nous accompagnons mieux le rythme scolaire et pouvons d’autant plus impliquer collégiens et lycéens, à travers des actions de médiations culturelles sur le long terme.
Les bénéfices de ce fonctionnement sur la durée favorisent l’élargissement des publics ; notre travail est une réflexion permanente sur les enjeux sociétaux ; il faut toujours partager, explorer, casser les préjugés, faire connaître et diffuser la musique partout et de façon régulière. Le concert est un moment de partage privilégié ; impliquer les scolaires comme les publics renouvelle les apports d’un festival ; ce dernier s’il est accepté et compris, est vécu comme une expérience collective qui renforce le tissu social. C’est un formidable facteur de rencontres et de partage.

 

Propos recueillis en septembre 2024

 

 

Cathédrale Saint-Maclou de Pontoise (DR)

 

 

Présentation du festival « INSPIRE »

LIRE aussi notre présentation de l’édition 2024 du Festival Baroque de Pontoise « INSPIRE » / Temps forts, thématique, artistes et ensembles invités : https://www.classiquenews.com/39eme-festival-baroque-de-pontoise-acte-i-28-sept-13-dec-2024-inspire-les-exotismes-le-poeme-harmonique-cappella-mediterranea-mariana-flores-il-caravaggio-la-tempete/

39ème FESTIVAL BAROQUE DE PONTOISE (ACTE I) : 28 sept > 13 déc 2024. INSPIRE : les exotismes… Le Poème Harmonique, Cappella Mediterranea, Mariana Flores, Il Caravaggio, La Tempête…

 

 

 

TEASER VIDÉO 2024 – 2025 :


 

 

CRITIQUE, concert. LA ROCHELLE, église du Sacré-Cœur, le 8 septembre 2024. PERGOLESI : Concerti, Stabat Mater. Jehanne Amzal / Coro della Pietà de La Rochelle / La Fenice aVenire, Jean Tubéry (direction).

Le festival AGAPÉ célèbre Marie et propose un programme musical en parfaite concordance avec le thème marial. Dans le respect des valeurs humaines qu’il défend et qui sont au coeur de son projet artistique, le festival invite le très convaincant chef Jean Tubéry et son ensemble La Fenice aVenire. Méditation, communion, partage accordent ainsi musique et spiritualité dans le sentiment fraternel et dans le respect de l’autre. Le concert souligne aussi combien pour Jean Tubéry la transmission est essentielle dans l’activité et le fonctionnement de La Fenice ; parmi les instrumentistes présents ce soir, nombreux sont ceux qui auprès du maestro, ont tout appris du métier : un apprentissage sur la durée fondée sur l’exigence artistique autant que les valeurs humaines.

 

 

 

La soirée à l’église du Sacré Cœur de La Rochelle affiche un programme dédié à PERGOLESI (Jean-Baptiste Pergolèse) ; il s’inscrit ainsi idéalement dans le calendrier liturgique, ce 8 septembre [mettant en avant la Nativité de la Vierge], suivi le 15 sept, de la Messe de la Vierge douloureuse (des 7 douleurs), en particulier [en relation avec le Stabat Mater], la mère frappée par la mort du Fils crucifié, sa douleur et son humble dignité, telles qu’elles rayonnent dans la sublime partition du compositeur baroque Napolitain (1736). La force des textes (transmis par le franciscain Jacopone da Todi), le genèse elle-même de l’opus qui composé au moment de la mort du musicien pourtant très jeune [à 26 ans], en fait son testament musical et intime-, la subtilité de l’écriture, au delà du choix des effectifs, le sentiment de compassion et d’intime souffrance qui traverse tout le cycle (sans omettre signe du génie, la conclusion énoncée comme une espérance)… jaillissent avec éclat, grâce à l’interprétation de ce soir.

En première partie, collection de pièces instrumentales [Concerti] qui soulignent l’inspiration ciselée, naturelle [et théâtrale] du génie baroque, et dans le même temps, la grande sensibilité des instrumentistes de La Fenice, apte chacun à sculpter la matière sonore et à répondre à cette exigence agogique recherchée par le chef pour lequel le sens profond des œuvres importe autant que la finesse du geste musical. C’est assurément cette alliance experte du fond et de la forme qui fonde depuis toujours la pertinence de chaque programme élaboré par Jean Tubéry. Le chef nous gâte en jouant une pièce pour flûte [Adagio-Allegro] ; la rondeur fruitée de l’instrument admirablement maîtrisé, enrichit encore ce portrait contrasté de PERGOLESI, compositeur accompli et singulier, y compris ainsi dans le genre pastoral.

Cette cohérence programmatique s’impose dans la seconde partie où la lecture du Stabat Mater rayonne par sa grande cohérence expressive, le souci des contrastes, la finesse des intentions qui servent les images bouleversantes du texte latin.

L’opus est introduit par le plain chant, deux voix de femmes – les deux solistes, soprano et alto, faisant vibrer tout le vaisseau de l’église, insufflant ce caractère de célébration et de méditation qui est au cœur du Stabat.
L’évocation de la Vierge endeuillée bouleverse littéralement, en particulier dans la séquence du « Vidit suum dulcem. Natum« , instant suspendu où la Mère exprime la mort de Jésus entre tendresse et désespoir – les paroles « dum emisit spiritum« , étant la borne de ce tableau d’un sublime suspendu et tragique quand les mots suggèrent très précisément (et avec pudeur) l’esprit quittant le corps du Fils… Il est vrai que le soprano velouté et enivré, subtile et nuancée, qui vit et suggère le texte avec une splendide ductilité de Jehanne Amzal, affirme un chant d’une grande finesse, sans pathos, d’une sincérité irrésistible. La cantatrice éblouit d’ailleurs de bout en bout, avec le chœur de femmes [Coro della Pietà de La Rochelle] : timbre melliflu, tendresse naturelle, lumineuse exaltation… en elle, s’incarne chaque accent du dolorisme marial d’un Pergolèse qui préfigure la tendresse d’un Bellini. Lui répond d’ailleurs le relief détaillé, mordant, et aussi caressant, d’une grande acuité rythmique du continuo emmené par l’excellente violon 1, Anaelle Blanc-Verdin.

 

Douleur endeuillée de la Vierge
tendresse compatissante de la musique

Plusieurs instants de grâce parcourt le cycle des 12 tableaux sur le texte du XIIIème. Aux côtés du « Vidit suum dulcem Natum« , le plus long duo des deux solistes « sancta Mater, istud agas » est un autre absolu compassionnel, d’une plénitude partagée, où l’alto de Clara Pertuy, répond et fusionne avec le soprano de Jehanne Amzal. D’autant plus que le continuo d’une précision arachnéenne, ce dès l’inéluctable tragique et sombre du début, porte l’édifice avec l’incandescence requise,… On songe immédiatement dans ce chambrisme à le fois recueilli et mordant au Haydn des 7 Paroles du Christ, filiation directe dans la réalisation d’une musique méditative et d’une grande finesse expressive.
Comme habité par l’urgence intérieure du texte, le geste du chef ajuste, équilibre les parties, enveloppe le cycle dans une tension souple et recueillie ; il trouve un point d’équilibre idéal entre la tentation lyrique et l’abstraction mystique, entre opéra et oratorio.
Sa compréhension profonde du texte, éclaire la très grande charge émotionnelle de la musique écrite par un Pergolesi malade et condamné et qui dans la dernière strophe « quando corpus morietur » évoque la mort elle-même dans l’espoir du Paradis.
Au mérite du chef revient une lecture particulièrement attentive à chaque image d’un texte parmi les plus bouleversants de la littérature sacrée.

La participation du chœur féminin (Coro della Pietà de La Rochelle) permet ici de réaliser la version moins connue du Stabat avec chœur [à 3 parties], de sorte que la performance est aussi une expérience humaine exemplaire, en cela emblématique des valeurs défendues par le Festival AGAPÉ : étoffer et renforcer la richesse humaine du geste artistique en associant au concert, la participation d’un choeur de femmes non professionnelles, toutes originaires de La Rochelle ; les chanteuses se sont immergées dans la préparation du concert [comprenant aussi, en une conclusion pleine d’espérance, un extrait du Gloria de Vivaldi] sous la direction de Jean Tubéry, avec l’exactitude et la précision que nous lui connaissons. Rendez-vous est déjà pris pour le prochain concert AGAPÉ, l’année prochaine.

 

Photos : crédit classiquenews 2024

 

 

LIRE aussi notre présentation du Stabat Mater de Pergolesi par La Fenice aVenire / Jean Tubéry au festival AGAPÉ de La Rochelle : https://www.classiquenews.com/festival-agape-la-rochelle-dim-8-sept-2024-la-fenice-avenire-jean-tubery-pergolesi-stabat-mater-concertos/

 

FESTIVAL AGAPÉ, LA ROCHELLE, dim 8 sept 2024. La FENICE aVENIRE. Jean Tubéry. PERGOLESI : Stabat Mater, concertos.

 

CRITIQUE, concert. MONTPELLIER, Opéra Comédie, le 7 septembre 2024. PUCCINI : Messa di Gloria. Choeur et Orchestre National Montpellier Occitanie / Lucie Leguay (direction).

 

Giacomo Puccini (1858-1924), que l’on connaît plus comme un grand compositeur d’opéras, fut aussi un auteur inspiré pour l’église – comme en témoigne sa Messe de Gloire (Messa di Gloria), oeuvre de jeunesse, composée en 1875 (à l’âge de 17 ans), avant son premier opéra “Le Villi” (1884), et qui l’inscrit dans la tradition familiale, Giacomo Puccini appartenant en effet à une lignée de musiciens et de compositeurs qui, depuis le XVIIIème siècle, se sont illustrés en particulier à l’église. Son ancêtre qui porte le même prénom, Giacomo Puccini (1712-1781), inaugure la dynastie musicienne (dont les organistes et maîtres de chapelle se succèdent à Lucques). Avant de se destiner à l’opéra (son vrai premier succès vient avec “Manon Lescaut” en 1893…), Puccini compose ainsi une Grande Messe à 4 voix et orchestre dans laquelle il recycle deux Motets précédemment écrits.

 

 

Oeuvre grandiose, véritable arche somptueuse par ses vagues chorales mélodieuses, la Messa di gloria est créée le 12 juillet 1880 pour le fête de San Paolino, patron de la cité de Lucques. En maître de l’écriture complexe et contrapuntique, Puccini y développe de multiples fugues (début du “Kyrie”, le “Cum sancto Spiritu”…), mais il déploie surtout d’irrésistibles courbes lyriques qui annoncent le faiseur de magie lyrique, n’hésitant pas à invoquer l’oeuvre de celui qui lui a inculqué la passion de la musique vocale : Verdi (citation de Nabucco dans le “Qui tollis peccata mundi”). Même le ténor porte un air de pure virtuosité dramatique dans le “Gratias agimus tibi » (dans le « Gloria« ). Quant au “Kyrie”, Puccini le réutilise ensuite dans son opéra « Edgar » (qui sera bientôt mis à l’affiche de l’Opéra de Nice), comme il réemploie son “Agnus Dei” final dans “Manon Lescaut”, pour devenir le madrigal de l’acte I, chanté par Manon.

Et c’est donc cet ouvrage bien trop rare en concert que Valérie Chevalier et l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie (dont elle est à la tête depuis une décennie) ont choisi pour comme concert d’ouverture de la saison 24/25 de la maison languedocienne. Expressifs et nuancés, le Chœur “maison” – particulièrement sollicité dans la partition puccinnienne et toujours formidablement préparé par Noëlle Gény (depuis près d’un quart de siècle !) – montrent autant d’aisance dans ce répertoire que dans l’opéra (où nous les retrouverons, à la fin du mois, dans une très attendue nouvelle production de “La Forza del destino » de Verdi (signée Yannis Kokkos). La prestation, comme solistes, de deux membres du chœur montpelliérain – le ténor Hyoungsub Kim et le baryton Jean-Philippe Elleouët – n’est pas exactement du même niveau, le premier manquant de grâce et de pureté, avec un timbre assez nasal, le deuxième s’avérant autrement remarquable en séduction vocale, mais surtout en qualité de ligne de chant. 

En revanche, satisfecit total pour la direction musicale de la jeune cheffe française Lucie Leguay, à la fois sobre, précise et équilibrée, qui imprime à la phalange languedocienne le ton juste, avec une exécution laissant une impression de simplicité et d’évidence. L’Orchestre National Montpellier Occitanie se montre égal à lui-même, avec des instrumentistes particulièrement soudés (renouvelés à près de 50 % lors du mandat – qui vient de s’achever – du Maestro Michael Schonwandt !), les cordes accordant beaucoup de soin à l’articulation et au phrasé, tandis que les bois affichent beaucoup de finesse. 

Un beau début de saison montpelliéraine !

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CRITIQUE, concert. MONTPELLIER, Opéra Comédie, le 7 septembre 2024. PUCCINI : Messa di Gloria. Choeur et Orchestre National Montpellier Occitanie / Hyoungsub Kim (ténor) / Jean-Philippe Elleouët (baryton) / Lucie Leguay (direction).

 

VIDEO : Benjamin Bernheim chante le « Gratias agimus tibi » extrait de la « Messa di Gloria » de Giacomo Puccini

 

ENTRETIEN avec Matthieu RIETZLER, directeur de l’Opéra de Rennes, à propos de la nouvelle saison 2024/2025.  

Véritable laboratoire créatif, l’Opéra de Rennes ne cesse d’inventer, de surprendre aussi, dans un lien étroit et continu avec les publics. Matthieu Rietzler, directeur de la Maison rennaise évoque les éléments qui structurent la programmation de la nouvelle saison 2024 – 2025. Échanges privilégiés avec les artistes, coopérations multiples et fécondes à l’échelle du territoire, accessibilité, souplesse, sensibilisation… l’Opéra de Rennes offre tout un éventail d’offres artistiques et mène quantité d’actions concertées, capables de renouveler l’attractivité d’une maison d’opéra aujourd’hui…

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Photo : portrait de Matthieu Rietzler © Laurent Guizard

 

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Comment concevez-vous chaque programmation ? 
Matthieu RIETZLER : Chaque saison se dessine selon les échanges avec les artistes ; de nos discussions continues émergent les projets qui façonnent chaque nouvelle saison. La taille intermédiaire de l’Opéra de Rennes lui permet de fonctionner de cette façon, dans cette liberté d’action. La seconde singularité de notre maison est la coopération ; nous travaillons avec de nombreux partenaires, soit d’autres maisons comme Angers Nantes Opéra ou la Co[opéra]tive, soit d’autres acteurs du territoire. Nous multiplions ainsi le nombre de représentations de nos productions et il se crée alors une forme de porosité entre notre Opéra et son environnement. De cette dynamique collective, naissent les idées, les programmes, les actions. J’aime parler d’alignement de planètes et cette idée de se laisser surprendre par les rencontres. Les conjonctions qui se précisent de cette façon, parfois à notre insu, me plaisent beaucoup.

 

 

CLASSIQUENEWS : Y a-t-il des impondérables qui orientent les choix ?
 
Matthieu RIETZLER : Ce qui prévaut ce sont aussi nos forces artistiques propres et dont l’existence influence les projets à venir et leur forme. L’Orchestre National de Bretagne qui est de taille Mannheim, donc un orchestre Mozart ; nos deux ensembles en résidence, l’un de musique baroque, Le Banquet Céleste ; le second vocal, le chœur Mélisme(s) ; et aussi notre bâtiment lui-même dont la configuration est géniale pour présenter les projets du Baroque au début du XIXe mais aussi de nombreux ouvrages des XXe et XXIe siècle. Organiquement, au regard de la taille du plateau, du rapport scène/salle, des dimensions de la fosse, notre théâtre est moins adapté pour les grands ouvrages de Richard Strauss, pour certains Verdi ou Wagner, etc. L’ADN de notre maison nous oriente donc vers un certain répertoire. Pour autant, nous veillons absolument pour chaque saison à couvrir les 5 siècles d’opéras. Cela est très significatif, cette année encore. Même vigilance quant à la pluralité de langues ; l’opéra étant un art profondément européen, il faut le rappeler et le réaffirmer. Sans omettre la diversité d’approche des œuvres, dans les choix de mise en scène : conventionnels ou radicaux, portés par la direction d’acteur et la gourmandise du jeu ou par des visions plus dramaturgiques et conceptuelles … diversifier les approches et les propositions me semble essentiel pour enrichir les adresses aux spectatrices et spectateurs.

L’Opéra de Rennes est aussi un outil de rayonnement lyrique à l’échelle de toute une métropole et même bien au-delà, autant qu’un service public de proximité. Il s’agit d’être ouvert et accessible tout en restant fidèle à notre cœur de métier qu’est la production d’opéras. Ainsi cette année nous présentons 7 spectacles lyriques dont plusieurs nouvelles productions.

 

 

CLASSIQUENEWS : S’agissant des formats nouveaux de spectacles, y en a-t-il certains qui ont particulièrement bien fonctionné, qui ont rencontré leur public ?
 
Matthieu RIETZLER : Le travail de Clédat et Petitpierre, qui sont des artistes qui viennent des arts plastiques et de la danse, pour Le Carnaval de Venise de Campra sera réjouissant. Ils serviront en particulier le caractère burlesque, sa dimension carnavalesque. Dans un tout autre registre, Silvia Paoli nous proposera une version extrêmement percutante et très engagée de La Traviata comme a pu l’être sa Tosca la saison passée. Notre nouvelle production de La Falaise des lendemains, en création mondiale, mettra eu jeu l‘orchestre Danzas sur scène. Il sera totalement intégré à la mise en scène ; c’est une autre approche du plateau. Nous allons jusqu’à des dispositifs qui incluent des innovations technologiques comme la réalité virtuelle. Toutes ces écritures de plateau ont leur place dans une maison d’opéra.
Néanmoins, ces approches parfois novatrices ne doivent jamais être gratuites mais toujours au service des œuvres. La mission qui nous anime est de tenter de faciliter la rencontre entre les œuvres, les artistes, les spectatrices et spectateurs. Notre métier est d’essayer de produire les meilleures conditions de cette rencontre.

 

 

CLASSIQUENEWS : Vous êtes un acteur très actif dans la mise en place du le label « 100% EAC », pour « éducation artistique et culturelle ». De quoi s’agit-il ?
 
Matthieu RIETZLER : Le principe en est simple. Tous les enfants de toutes les tranches d’âge doivent à un moment de leur scolarité, suivre un parcours d’éducation artistique, c’est à dire croiser les démarches d’artistes et vivre l’expérience qu’offre une œuvre musicale, d’art plastique, d’architecture…
Concrètement nous mettons en place des actions auprès des scolaires en coopération étroite avec les équipes de l’Éducation Nationale et du Ministère de la Culture, sur le temps scolaire évidement, mais aussi sur les temps péri et extra scolaires. Nous essayons de faire en sorte que les enfants de Rennes et du territoire (de toute la région Bretagne puisque nous sommes le seul Opéra sur la région) soient à un moment ou un autre, en lien avec l’Opéra de Rennes, à travers des ateliers de pratique musicale à l’école (dont beaucoup par le chant choral), la venue à des spectacles, la rencontre avec des artistes en classe.
Sur les temps extra scolaires, nous travaillons avec les associations, les centres sociaux, de sorte que l’Opéra de Rennes soit dans le quotidien des enfants. Le festival Le Grand Boum (14 et 15 juin 2025) qui programme plusieurs chœurs d’enfants et d’adolescents venus de toute la Bretagne sur le plateau de l’Opéra de Rennes, fait écho à toutes ces actions menées pendant l’année scolaire.
En cours d’année, nous choisissons des thèmes traités dans les opéras et qui sont ensuite abordés en classe. Cette année à travers Narcisse de Joséphine Stephenson, nous avons sensibilisé les enfants sur les risques engendrés par les réseaux sociaux ; pour la saison 2024-2025, les sujets évoqués dans les 7 péchés capitaux se prêtent particulièrement au travail élaboré avec les professeurs. Il y a un fil cohérent entre la production artistique, la diffusion et l’éducation artistique.

 

 

CLASSIQUENEWS : Avez-vous vu évoluer les pratiques des publics depuis la covid ?
 
Matthieu RIETZLER : Partant du constat qu’en effet, les pratiques ont changé avec la crise sanitaire (même si une partie de ces changements étaient déjà perceptibles auparavant), nous avons fait évoluer nos relations aux spectatrices et spectateurs. Aujourd’hui, nous n’avons plus de brochure de saison ; dans les faits, il existe deux brochures : l’une qui couvre septembre à décembre, puis la suivante qui présente la période de janvier à juin. Cela nous permet de nous adresser au public dans une temporalité moins lointaine et de toucher également des personnes moins spécialisées et qui fréquentent l’Opéra occasionnellement sans réserver trop longtemps à l’avance.
Nous avons aussi cessé les abonnements qui ont tendance à concentrer pour un nombre réduit de personnes, une partie importante de la jauge disponible pour proposer à nos fidèles spectatrices et spectateurs une carte de fidélité plus souple et moins exclusive. Dans une logique de service public, il nous semble préférable qu’il y ait davantage de personnes différentes qui fréquentent l’institution, quitte à ce que chacune d’entre elle vienne un peu moins souvent.

En terme de communication, cela signifie de nouvelles actions ; car pour chaque spectacle, nous ne disposons plus d’un fond de salle constitué par un noyau d’abonnés. Pour chaque spectacle, nous démarrons de zéro ou presque. À chaque proposition, il faut convaincre les spectatrices et spectateurs. C’est un défi passionnant mais raisonnable au regard de notre jauge par rapport à la population rennaise et à sa curiosité. Cela impose une communication qui puisse s’adresser bien sûr aux personnes qui connaissent bien l’opéra, mais aussi à celles et ceux qui n’en sont pas des spécialistes. Cela dit, ce fonctionnement est possible à l’Opéra de Rennes, je ne suis pas sûr qu’il soit exportable à un autre théâtre. Un projet d’opéra reste spécifique à l’identité d’un territoire et ne se transpose pas nécessairement d’une ville à l’autre.

L’impact de ces évolutions a été très significatif en terme de diversité de spectatrices et spectateurs et la fréquentation de l’Opéra est très bonne. Nous nous sommes aussi questionné sur les temps de programmation. Aussi bien concernant les horaires (maintenant, les représentations du samedi à 18h sont prises d’assaut car elles répondent à une attente du public qui peut aller à l’opéra puis passer la soirée en ville ensuite). De même, nous avons fait le choix de jouer pendant les vacances scolaires, à la Toussaint et à Noël ; l’offre est d’autant mieux accueillie qu’elle correspond à une période où les gens et les familles ont souvent un peu plus du temps.

Propos recueillis en juillet 2024

 

 

 

 

 

Notre sélection

 

7 productions événements à l’Opéra de Rennes

Parmi les nombreux événements de la nouvelle saison 2024 – 2025 de l’Opéra de Rennes

 

 

 

SOPHIE GAIL : La Sérénade
Les 30 sept, 2, 3 et 5 octobre 2024
C’est le premier temps fort de notre saison, consacré aux femmes compositrices. J’ai beaucoup de tendresse pour ce spectacle, une ouverture de saison idéale. La partition est concise et raffinée, c’est un petit bijou. La mise en scène de Jean Lacornerie qui reprend l’idée du théâtre qui est en train de se faire, est juste. Une troupe en train de répéter La Sérénade, nous emmène dans son atelier et pointe aussi tout ce qu’ont de misogyne le texte et les situations. Les 4 représentations de l’opéra, sont complétées par un récital de Maïlys de Villoutreys (Romances d’Empire, le 4 oct 2024) et l’installation « Un orchestre à soi », une exposition conçue par Léa Chevrier et Laureline Amanieux consacrée aux femmes compositrices, du 21 sept > 5 octobre 2024. La production souligne notre collaboration avec le Palazzetto Bru Zane et avec l’Opéra Grand Avignon avec lequel nous travaillons régulièrement. Avant La Sérénade, nous avons collaboré ensemble sur Zaïde, La Chauve-Souris, et Les Nuits d’été de Berlioz (avec Anna Reinhold, sous la direction de Nicolas Simon).

LIRE notre critique de La Sérénade (production créée à l’Opéra Grand Avignon) : .
INFOS & RÉSERVATIONSSOPHIE GAIL : LA SÉRÉNADE (4 représentations : lun 30 sept, mer 2, jeu 3, sam 5 oct 2024

 

 

 

CRÉATION MONDIALE
JEAN-MARIE MACHADO : La Falaise des lendemains

Les 7, 8, 9, 10 novembre 2024
Il s’agit d’un opéra en création mondiale, le jeudi 7 novembre 2024. Il a un sens particulier à Rennes et en Bretagne. A l’origine, c’est Alain Surrans, directeur d’Angers Nantes Opéra qui m’a présenté le compositeur Jean-Marie Machado. Le sujet [une histoire d’amour impossible pendant la Grande Guerre], fait se rejoindre la France et les îles anglo-normandes, le jazz et l’opéra, la musique bretonne et la musique classique. C’est un projet qui illustre précisément les propos de Jean-Marie Machado qui dit aimer « les projets qui rassemblent plutôt que ceux qui divisent ». En cela, ce jazz diskan opéra est fédérateur ; il suscite une grande attente. D’autant plus que le livret intègre la langue bretonne (une première à ma connaissance dans un opéra).
La préparation de cette production se déroule d’abord à Angers Nantes Opéra sous la forme d’une résidence, puis la période de création aura lieu à l’Opéra de Rennes, avant une tournée à Nantes, Angers Tourcoing et Créteil.

INFOS & RÉSERVATIONS : LA FALAISE DES LENDEMAINS – (4 représentations : jeu 7, ven 8, sam 9 et dim 10 novembre 2024)

 

 

 

KURT WEILL : Les 7 péchés capitaux
Les 25, 26 et 28 novembre 2024
La production a été présentée au Théâtre de l’Athénée et au Théâtre de Caen. La musique de Weill est géniale, son écriture est très élaborée et en même temps nourrie d’influences diverses dont celle du cabaret… mais un cabaret engagé, clairvoyant, grinçant ; elle invite à la découverte et est très connectée à l’actualité du moment. Le sujet dénonce les dérives de la société de consommation, ce que relève clairement la mise en scène de Jacques Osinski qui inscrit l’action comme un road movie à la David Lynch… la vidéo y est importante : elle ajoute un niveau de lecture supplémentaire. Le livret de Bertolt Brecht épingle aussi les renoncements de la bourgeoisie et du clergé en particulier vis à vis de la montée du nazisme en 1933. Kurt Weill compose l’opéra juste avant de quitter l’Europe pour fuir l’hitlérisme, dans ce moment de bascule tragique. C’est important aussi de produire un opéra conçu à un moment historique aussi déterminant. D’autant plus s’agissant d’une partition géniale. Parmi la distribution, Natalie Pérez (Anna) est une artiste que je souhaitais depuis longtemps inviter à Rennes.

INFOS & RÉSERVATIONS : KURT WEILL, LES 7 PÉCHÉS CAPITAUX – 3 représentations : lun 25, mar 26, jeu 28 novembre 2024.

 

 

 

 

CAMPRA : Le Carnaval de Venise
Les 19, 20, 22, 23 mars 2025
Cette production s’inscrit au sein de notre collaboration avec la Co(opéra)tive qui est l’un des axes majeurs de notre programmation. La Co(opéra)tive c’est la réunion de 6 acteurs culturels (3 maisons d’opéra et 3 scènes nationales) dont l’objectif est de réaliser chaque année un spectacle lyrique en coproduction. Des productions marquantes ont ainsi pu voir le jour ; Les Ailes du désir, création mondiale d’Othman Louati la saison dernière l’a encore démontré, comme avant, Les Enfants terribles mis en scène par Phia Menard en 2022…
S’agissant du Carnaval de Venise, c’est la première nouvelle production de cet ouvrage depuis … 1975 quand l’œuvre fut redécouverte au Festival d’Aix en Provence. Le spectacle sera créé à la Scène nationale de Besançon. Clédat et Petitpierre savent créer des univers visuels d’une totale fantaisie, à la fois loufoques et drôles, mais aussi très raffinés, en liaison avec les codes de la mode, univers d’où ils viennent. D’ailleurs c’est un défi pour nos ateliers de créer leurs costumes ! En effet, l’Opéra de Rennes réalisent les costumes et les décors de cette production. Par ailleurs, c’est un défi pour l’ensemble Il Caravaggio et Camille Delaforge : il y aura 20 représentations du Carnaval de Venise, entre les lieux de la Co(opéra)tive et les autres maisons qui nous rejoignent comme Angers Nantes Opéra, Brest, Grenoble ou Châteauroux ; c’est donc un spectacle ambitieux. La distribution est également très attendue, comprenant Victoire Bunel (Isabelle), Anna Reinhold (Léonore), Guilhem Worms (L’Ordonnateur, Pluton), David Tricou (Orphée)…

INFOS & RÉSERVATIONS : LE CARNAVAL DE VENISE d’André CAMPRA – 4 représentations : mer 19, jeu 20, sam 22, dim 23 mars 2025 (production de La co(opera)tive). https://opera-rennes.fr/fr

 

 

 

MOZART : La Flûte Enchantée
Les 7, 9, 11, 13, 15 mai 2025
La dernière Flûte présentée à Rennes remonte à 1999, sous la direction de Jean-Claude Malgoire avec la Pamina de Sandrine Piau. Cette nouvelle Flûte sera le premier opéra dirigé par Nicolas Ellis en France, comme directeur musical de l’Orchestre National de Bretagne. Il a cette fougue et cette capacité à emporter les musiciens avec la même énergie que son mentor Yannick Nézet-Séguin avec lequel il travaille à l’Orchestre Métropolitain de Montréal comme collaborateur artistique (poste spécialement créé pour lui), tout en étant un remarquable interprète des musiques baroques et classiques. La distribution s’est construite autour d’Elsa Benoît qui aborde sa première Pamina. Le projet en a été envisagé au moment où Elsa chantait sa première Anne Truelove dans le Rake’s progress de Stravinksy à Rennes. A ses côtés, Florie Valiquette (qui a chanté Pamina) interprète sa première Reine de la Nuit. Il est important pour l’Opéra de Rennes d’accompagner ainsi les chanteurs sur la durée et selon l’évolution de leur voix. Ainsi ici même dans à peu près un an, Julien Behr fera son premier Werther à l’Opéra de Rennes. Il avait chanté Tom Rakewell dans The Rake’s progress. La mise en scène de Mathieu Bauer est aussi un atout de poids. Il a beaucoup d’admiration pour les chanteurs : il est très à leur écoute (ce fut le cas pour The Rake’s progress). Mathieu aime le théâtre de tréteaux ; il sait créer un terrain de jeu pour les chanteurs ; tout cela s’annonce très prometteur pour la réussite de cette Flûte enchantée.

INFOS & RÉSERVATIONS : https://opera-rennes.fr/fr

 

 

 

BALLET DE L’OPÉRA DE LYON : Mycelium
Les 20, 21 et 22 mai 2025
J’ai découvert ce spectacle à la Biennale de la danse 2023. Dans mon propre parcours, j’ai été secrétaire général de la Maison de la danse à Lyon (2012-2018) et j’ai été très heureux de retrouver le Ballet de l’Opéra de Lyon dont il a semblé évident de présenter le travail à Rennes : ce spectacle est une sorte de transe où la danse et la musique accrochent directement le spectateur, du début à la fin, sans jamais le lâcher. Chaque corps en mouvement est comme relié aux autres par un fil invisible. L’écriture du chorégraphe Chrystos Papadopoulos est précise, sensuelle. Le spectacle est très jouissif, culminant dans sa fin où à la manière du Boléro de Ravel, tout explose. La dernière présence du ballet lyonnais à Rennes remonte à Cendrillon de Maguy Marin au TNB, il y a très longtemps ; je suis très heureux d’accueillir cette merveilleuse compagnie.

INFOS & RÉSERVATIONS : https://opera-rennes.fr/fr

 

 

 

DEUX ORATORIOS : Brahms et Haendel
Les deux oratorios de nos deux ensembles en résidence
JOHANNES BRAHMS : Un Requiem allemand (15 et 16 nov 2024)
HAENDEL : La Résurrection (14 et 15 mars 2025)

Nous poursuivons notre travail avec nos deux ensembles en résidence : Le Chœur Mélisme(s) pour Un Requiem allemand et Le Banquet Céleste, pour La Résurrection ; les deux projets permettent aussi d’accueillir des solistes qui sont à présent familiers de notre théâtre : Catherine Trottmann, Elsa Benoît, Damien Pass, Nardus Williams, Thomas Dolié…

INFOS & RÉSERVATIONS : https://opera-rennes.fr/fr

 

 

 

 

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TOUTES LES INFOS, le détail des programmes, les artistes et les ensembles associés , la billetterie en ligne et la carte fidélité,… sur le site de l’Opéra de RENNES, saison 2024 – 2025 : https://opera-rennes.fr/fr

 

LIRE aussi notre présentation de la nouvelle saison 2024 – 2025 de l’Opéra de RENNES : 7 opéras, ensembles et artistes en résidence, focus Femmes compositrices, Mozart, Jean-Sébastien Bach, … : https://www.classiquenews.com/opera-de-rennes-saison-2024-2025-ici-et-maintenant-sophie-gail-la-serenade-jean-marie-machado-la-falaise-des-lendemains-creation-mondiale-la-flute-enchantee-les-7/

 

OPÉRA DE RENNES, saison 2024 – 2025 : « Ici et maintenant ». Sophie GAIL (La Sérénade), Jean-Marie MACHADO (La Falaise des lendemains, création mondiale), La Flûte enchantée, Les 7 péchés capitaux, Un Requiem allemand, La résurrection…

 

CRITIQUE, festival. TOULOUSE, 45ème Festival « Piano aux Jacobins », le 5 septembre 2024. Rachel Breen (piano).

 

Pari gagné : c’est un public très nombreux qui est venu fêter l’ouverture des 45 ans du Festival Piano aux Jacobins (Toujours placé sous la direction de Catherine d’Argoubet et Paul‑Arnaud Péjouan), une ouverture – comme une édition générale – qui se fait sur le thème de la jeunesse. Car la pianiste américaine Rachel Breen, qui a l’honneur d’ouvrir le bal, n’a que 26 ans ! Auréolée de nombreux prix, elle est venue se présenter au public toulousain avec un programme éclectique, mêlant classicisme, romantisme et XXème siècle, en regroupant des ouvrages de Mozart, Beethoven, Berio, Schoenberg, Moussorgski et Chopin !

 

45ème Festival Piano aux Jacobins : une ouverture en fanfare !

 

 

Le concert a débuté avec la Sonate N°10 du divin Amadeus, et l’on sent d’emblée que la pianiste vit dans l’intimité de W. A. Mozart qu’elle joue avec un respect et une affection émouvante. Son interprétation de l’opus mozartien – qui relève le défi de ce grand voyage dans la profondeur de l’âme mozartienne – est toute en finesse, en élégance et en fraîcheur. Avec un très beau sens des nuances et un jeu d’une grande clarté, elle retrouve la pureté mélodique de l’œuvre, sa brillance et sa virtuosité, en toute simplicité. Son piano est lumineux et chantant. Le ravissant thème de l’Andante cantabile du deuxième mouvement était un régal de phrasé, de finesse et de beauté, tandis que l’Allegretto conclusif révèle sa virtuosité discrète et élégante. C’est étonnement sans prendre la moindre pause ou respiration qu’elle enchaîne les 4 Impromptus de Frédéric Chopin, dans lesquels elle intercale en outre (et sans heurt aucun…) des pièces de Berio (Wasserklavier) ou Schoenberg (Fragment) ! Dans les quatre pièces de Chopin, Rachel Breen se montre aussi à l’aise dans les passages retenus joués avec grandeur que dans les passages vifs à la ligne musicale toujours claire, et elle impressionne par sa compréhension profonde de cette musique qui, sous ses doigts, devient évidence pure et surtout reste de la grande musique, là où d’autres peuvent céder au plaisir narcissique de l’effet de manche ou de la virtuosité de façade. Rien de tout cela avec elle : c’est sobre, droit, sans fioriture, respectueux de la lettre comme de l’esprit de la musique ! 

Après avoir enchaîné les 7 premières pièces, elle s’accorde une minute de pause, puis revient devant son Steinway pour interpréter l’un des himalayas du piano : la dernière Sonate (la 32ème) du grand Ludwig van Beethoven ! Puis, la Sonate n° 32 en ut mineur op. 111 débute par un Maestoso assombri par la pédale et le doigté fortement marqué de la pianiste, avant un déluge d’arpèges, vite coupé dans son élan, pour être relancé encore plus rapidement. Le traitement des variations du second mouvement achève avec une intelligence rare ce concert, auquel s’ajoute l’inévitable bis de J. S. Bach, ici la fameuse “Aria” extraite des Variations Golberg.

Jusqu’au 30 septembre, ce sont en tout pas moins de 15 pianistes de renommée internationale qui viendront faire sonner le Steinway du festival, sous les voûtes gothiques de la magnifique salle capitulaire du cloître du Couvent des Jacobins – dont les attachants Mao Fujita (le 11/9), Arielle Beck (le 12/9) ou encore Nathanaël Gouin (le 13)… pour ne citer que ces trois-là !

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CRITIQUE, festival. TOULOUSE, 45ème Festival « Piano aux Jacobins », le 5 septembre 2024. Rachel Breen (piano). Photo (c) Alexandre Ollier.

 

VIDEO : Rachel Breen interprète la 3ème « Bagatelle » de Ludwig van Beethoven

 

OPÉRA DE RENNES. Sophie GAIL : La Sérénade (1818). Du 30 sept au 5 oct 2024. Thomas Dolié, Elodie Kimmel… Orchestre National de Bretagne / Jean Lacornerie.

L’opéra-événement présenté en décembre 2022 à l’Opéra Grand Avignon fait escale à l’Opéra de RENNES, pour 4 représentations enchantées. La production s’inscrit à Rennes comme le volet majeur de son premier temps forts de la nouvelle saison 2024 – 2025, premier cycle dédié aux compositrices ; des génies écartés, oubliés, mis à l’index en raison de leur genre : un scandale historique que les programmations de nos théâtres tendent à (enfin) réparer. Il s’agit aujourd’hui de reconstituer et de restaurer un immense MATRIMOINE musical dont les premiers joyaux sont ainsi révélés comme c’est le cas de LA SÉRÉNADE de Sophie GAIL (1775 – 1819).

 

Comme Débora Waldman a révélé Charlotte Sohy – compositrice de la Belle Époque, comme Laurence Équilbey a plus récemment encore exprimé en première mondiale, le génie orchestral de la fabuleuse Émilie Mayer, Rémi Durupt et l’Orchestre National de Bretagne pilotent ce qui s’annonce comme une totale découverte pour le public rennais : le génie mélodique et dramatique de l’exquise Sophie Gail.

La Sérénade, perle lyrique créée début avril 1818, est la 5ème partition lyrique propre à la dernière période créatrice de l’auteure qui fut l’élève du brillant Fétis. Le livret est d’une autre femme, Sophie Gay (1776-1852) qui s’inspire directement de La Sérénade de Regnard. Le duo féminin laisse un ouvrage ciselé, dramatiquement fluide, en un acte. L’écriture plus proche de Mozart que de Boieldieu, soigne solo, duos, trios… et même sextuor joliment troussé. Mélodiste accomplie, Sophie Gail suscita un réel engouement européen comme cantatrice, spécialiste entre autres de la Romance… L’inspiration élégantissime de la Séranade approche aussi une certaine facétie rossinienne, sait réinventer les genres, renouveler les cadres, comme la brillante barcarole « O pescator dell’onda » (à trois voix), applaudie (et bissée) dès la création…
Les dernières recherches indiquent la participation du baryténor et compositeur contemporain Manuel Garcia (1775-1835). Déjà célèbre, le père de Maria Malibran et de Pauline Viardot aurait ainsi collaboré à la composition de nombreux airs (parmi les plus réussis).
L’intelligence humoristique, les mille et un délices nés des situations, les charges aussi contre la misogynie générale (plaisanteries gaillardes à la clé) composent ici une partition aussi distrayante que mordante. Sophie Gail devait s’éteindre un après la création de La Sérénade, emportée par la tuberculose à 43 ans.

MAÎTRES ET VALETS
Dans la mise en scène de Jean Lacornerie, le spectateur assiste aux répétitions de l’ouvrage ; il découvre les coulisses d’un opéra en train de se faire : idéal dispositif pour mieux immerger le public dans la forge lyrique. En Monsieur Loyal, guide des sessions de travail, Mr Champagne… On (re)découvre ainsi la magie – féerie des opéras du XVIIIè (ombres chinoises), les délices de l’art théâtral aussi qui exige des chanteurs, une qualité d’articulation et d’intelligibilité, irréprochable. C’est le cas du personnage central de Scapin (ici Thomas Dolié), synthèse des valets habituels, astucieux, plein d’esprit (et de cocasseries), aidé en cela de sa complice, Marine, suivante de madame Argante (Élodie Kimmel). Ajouter en confrontation d’autres caractères rivaux, Valère le fils, et Griffon le père (et vieux barbon désirant séduire cette jeunette – Leonore dont son fils est lui aussi épris!), sans omettre Mathieu, truculent sbire du dit barbon… ainsi se précise une galerie de portraits digne du meilleur Molière. L’opéra pétille, l’orchestre étincelle. De quoi ravir les spectateurs à l’Opéra de Rennes.

 

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Sophie GAIL : La Sérénade, 1818
Opéra de Rennes
4 représentations
Lundi 30 septembre 2024, 20h
Mercredi 2 octobre 2024, 20h
Jeudi 3 oct 2024, 20h
Samedi 5 oct 2024, 18h
Durée : 1h30

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra de RENNES: https://opera-rennes.fr/fr/evenement/la-serenade

 

Bord de scène, rencontre avec les artistes,
samedi 5 octobre 2024 à l’issue de la représentation

Répétition publique : samedi 21 sept 2024, 14h30

 

Distribution

Elodie Kimmel, Marine
Julie Mossay, Léonore
Carine Séchaye, Madame Argante
Thomas Dolié, Scapin
Vincent Billier, Monsieur Grifon
Pierre Derhet, Valère
Jean-François Baron, Monsieur Mathieu
Gilles Vajou, Champagne

Orchestre National de Bretagne 
Rémi Durupt, direction musicale
Jean Lacornerie, mise en scène
Bruno de Lavenère, scénographie
Marion Benagès, costumes
Kevin Briard, lumières
Raphaël Cottin, chorégraphie

 

VIDÉO TEASER

 

 

approfondir

LIRE aussi notre présentation de la nouvelle saison 2024 – 2025 de l’Opéra de Rennes : « ici et maintenant » :
https://www.classiquenews.com/opera-de-rennes-saison-2024-2025-ici-et-maintenant-sophie-gail-la-serenade-jean-marie-machado-la-falaise-des-lendemains-creation-mondiale-la-flute-enchantee-les-7/

ICI ET MAINTENANT »… Ancrage géographique (à RENNES et en BRETAGNE) et immédiateté temporelle : l’Opéra de RENNES annonce clairement la couleur de ce que sera sa nouvelle saison 2024 – 2025. La nouvelle saison, riche et ouverte sur le territoire, présente au total 7 opéras et 4 cycles / thématiques-événements : autour de Sophie Gail et des femmes compositrices ; autour des légendes bretonnes ; et 3 focus dédiés à Bach, Mozart et à la pratique d’un chant en mouvement qui impliquent 8 chœurs d’enfants de Bretagne (Le grand Boum, en juin 2025)…

 

LIRE aussi notre critique de La Sérénade de Sophie Gail, représentation du 30 déc 2023 à l’Opéra grand Avignon : https://www.classiquenews.com/critique-opera-avignon-le-30-dec-2022-sophie-gail-la-serenade-debora-waldman-jean-lacornerie/

La distribution réunie à Avignon est un vrai motif de satisfaction, à commencer par les deux domestiques, sur qui repose l’essentiel des parties chantées. Le bondissant baryton Thomas Dolié offre à Scapin son superbe timbre, son jeu scénique épatant, sa remarquable diction, tandis qu’ Elodie Kimmel prête à Marine son mezzo généreux et sa malice impertinente ; sa Polonaise fait fit des vocalises dont elle est émaillée. Le rôle de Valère, personnage amoureux de celle que veut épouser son père, est confié à l’excellent ténor Enguerrand de Hys – dont le duo avec Scapin « Que dis-tu ?

 

CRITIQUE, opéra. AVIGNON, le 30 déc. 2022. GAIL : La Sérénade. Débora Waldman / Jean Lacornerie.

 

 

 

PARIS, Festival BACH to SAINT-GERMAIN, du 1er octobre au 5 décembre 2024. J.S. BACH à l’Église Saint-Germain des Prés : L’Art de la Fugue, les Variations Goldberg, intégrales des Sonates et Partitas pour violon… Vicens Prats, Bertrand Cervera, Frédéric Laroque, David Braccini, Quatuor CLASSIK Ensemble, les Solistes Français

Véritable marathon musical à Saint-Germain des Prés ! Du 1er octobre au 5 décembre 2024, EUROMUSIC présente un cycle de concerts dans la Chapelle Saint-Symphorien de l’église Saint-Germain des Prés à PARIS, entièrement dédié à JEAN-SÉBASTIEN BACH …

 

 

Festival BACH to SAINT-GERMAIN !

Le fil rouge en sont les œuvres majeures du Cantor de Leipzig qu’interrogent avec acuité et sensibilité plusieurs instrumentistes parmi les plus expérimentés de l’heure dont Vicens Prats, flûte solo de l’Orchestre de Paris ; Bertrand Cervera, violon solo de l’Orchestre National de France ; ou Frédéric Laroque, violon supersoliste de l’Orchestre de l’Opéra de Paris… sans omettre les musiciens du Quatuor CLASSIK Ensemble, réunis autour du violon I, David Braccini, ainsi que les Solistes Français, ensemble dirigé par Paul Rouger… Les meilleurs interprètes revisitent ainsi plusieurs chef-d’oeuvres légués par Jean-Sébastien Bach : L’Offrande musicale et les œuvres pour flûte, l’intégrale des Sonates et partitas pour violon, Les Variations Goldberg dans une transcription très réussie pour orchestre de cordes, L’Art de la Fugue, dans une transcription pour quatuor de cordes, sans omettre les Sonates pour violon et clavecin… Cycle événement.

 

 

 

PRÉSENTATION du cycle de concerts par Bertrand Cervera,
violon solo du National de France

« Ce festival imaginé par Euromusic productions est la suite naturelle de concerts proposés depuis de nombreuses années autour de Jean-Sébastien Bach par Yann Harleaux, son créateur et amoureux du spectacle vivant.
La ferveur du public, la beauté de la musique, l’ambiance très particulière dégagée par ces concerts lui a donné l’idée de créer cet événement.
Et même si la plus haute exigence reste au rendez-vous, le but est de partager avec le plus grand nombre cette magie.  Captiver un auditoire “non spécialiste” avec une Sarabande ou une fugue de Bach est un véritable bonheur. Preuve de l’universalité et de la véritable simplicité de la Musique.

 

Loin d’une image sévère et intellectualisée à outrance,
JS Bach retrouve ici sa joie, son engagement,
ses extravagances incroyables et son génie révolutionnaire.

Sonates , partitas, danses, variations.. Le répertoire est inépuisable et tellement varié! Vivre ensemble ces moments suspendus, oublier le temps et tenter d’atteindre une sorte de béatitude heureuse, émouvante ou féroce , n’est-ce pas un luxe que nous pouvons tenter d’offrir ? Comme une parenthèse de beauté partagée… Comme cette chance de jouer dans cette chapelle Saint-Symphorien , partie de l’église Saint Germain des Prés. C’est un lieu sublime, chargé d’histoire et un écrin acoustique parfait pour JS Bach.
L’alliance d’un projet enthousiaste, de musiciens passionnés, d’un public avide de beauté et d’un lieu magique, c’est tout cela « Bach to Saint Germain ».

 

Propos recueillis en octobre 2024

 

 

 

 

 

PARIS, ÉGLISE SAINT-GERMAIN DES PRÈS
CHAPELLE SAINT SYMPHORIEN
30€ -réduits 20€ (40€ 2 concerts)

Infos et réservations sur le site EUROMUSIC Productions :
https://www.euromusicproductions.fr/index.htm

 

OCTOBRE : Mardis 1er, 29 à 20 h 30
J.S. BACH / l’Art de la flûte , l’Offrande musicale & autour du trio sonate
Quatuor CLASSIK Ensemble David Braccini , violon
Vicens Prats, flûte solo de l’orchestre de Paris

OCTOBRE : Jeudis 3 & 10- Mardis 8 & 22-Mercredis 9, 16 & 23 à 20 h 30
Novembre : Jeudi 21 à 20 h 30
J.S. BACH / Intégrales des sonates & partitas pour violon
Paul Rouger, violon (3 & 10/10)
David Braccini (8, 22/10)
Bertrand Cervera, violon solo de l’orchestre National de France (16 & 23/10)
Frédéric Laroque, violon supersoliste de l’orchestre de l’opéra de Paris(9/10& 21/11)

 

 

NOVEMBRE : Vendredis 15 & 29-Jeudi 28 à 20 h 30
DÉCEMBRE : Jeudi 5 à 20 h 30
J.S. BACH / Les Variations Goldberg – transcription pour cordes
Les Solistes FrançaisPaul Rouger, violon

 

 

OCTOBRE : Mardi 15 à 20 h 30
NOVEMBRE : Mardi 19 à 20 h 30
DÉCEMBRE : Mardi 3 à 20 h 30
J.S. BACH / L’Art de la fugue – transcription pour cordes
Quatuor CLASSIK Ensemble

OCTOBRE : Jeudi 31 à 20 h 30
NOVEMBRE : Jeudi 14 à 20 h 30
J.S . BACH / Sonates pour violon & clavecin
Bertrand Cervera, violon solo de l’orchestre National de France
Claire Cervera, clavecin

 

 

LOCATIONS – RÉSERVATIONS :

FNAC – CLASSICTIC
EURMUSIC : 01 42 77 65 65
et à l’entrée des concerts
www.euromusicproductions.fr

INSULA ORCHESTRA. Concert d’ouverture, La Seine Musicale, les 24 et 25 sept 2024 : R. Schumann [symphonie n°4] et Chopin [Concerto pour piano n°1], Lucas Debargue, Laurence Equilbey [direction]

LAURENCE EQUILBEY et son formidable orchestre sur instruments anciens INSULA ORCHESTRA lance leur nouvelle saison 2024-2025 avec un premier concert symphonique généreux et romantique : la 4ème [et ultime] symphonie de Robert Schumann, puis le Concerto n°1 de Frédéric Chopin, soit une affiche qui promet de nouveaux vertiges symphoniques, parfaite entrée en matière pour la nouvelle saison anniversaire car c’est la 10ème saison de la formation créée par Laurence Equilbey. Robert Schumann et son génie symphonique sont à l’honneur tout au long de ce nouveau cycle 2024-2025.

 

 

 

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BOULOGNE, LA SEINE MUSICALE
Auditorium Patrick Devedjian
mar 24 septembre 2024, 20h
Merci 25 sept 2024, 20h
De 10 € à 45 €
RÉSERVEZ vos places directement sur le site d’Insula Orchestra / La Seine Musicale :https://www.insulaorchestra.fr/evenement/chopin-schumann/

Concert repris à Wroclaw
dim 29 sept 024, 18h

LA SEINE MUSICALE à 19h – avant le concert
Présentation du concert par Nathan Magrecki, musicologue

 

Photos : Insula Orchestra et Laurence Equilbey © Julien Benhamou / Insula Orchestra

 

 

Programme

Chopin : Concerto pour piano n°1
Schumann : Symphonie n° 4

 

Distribution
Lucas Debargue, piano
Insula orchestra
Laurence Equilbey, direction

En couplage, le pianiste [et compositeur] Lucas Debargue, interprète le Concerto n° 1 de Chopin : virtuosité et émotion sont les maîtres mots de ce jeune pianiste incandescent, révélé il y a dix ans par le mythique – et redoutable – Concours Tchaïkovski.

Concert sur instruments anciens

 

 

 

SYMPHONIE n°4 de Robert Schumann

Contrairement à son numéro générique, la Symphonie n°4 est la deuxième symphonie au regard de la chronologie compositionnelle. Conçue comme la Première Symphonie en 1841 (puis remaniée dans son instrumentation en 1851), la Quatrième fut d’abord intitulée « Fantaisie symphonique » comme l’atteste sa création le 6 décembre 1841 à Leipzig. Schumann y expose sans ambiguïté sa volonté de dépasser le cadre classique, d’y modifier le découpage en mouvements clairement distincts. De fait, l’écriture enchaîne sans pause les mouvements qui sont traversés selon le fil de l’inspiration, par les mêmes thèmes. Avant César Franck, Schumann inaugure ainsi le principe du cycle thématique. La version définitive fut créée quant à elle, à Düsseldorf en 1853, suscitant un grand succès.

 

Plan :
1. Introduction-Allegro, 2. Romance (en la mineur) à la manière d’un nocturne, 3. Scherzo (en ré mineur) qui s’ouvre avec la reprise du thème d’introduction de la Symphonie, 4. Finale (en ré majeur): Schumann ne conclue pas dans la reprise des thèmes déjà écoutés mais dans le jaillissement d’une idée neuve, pleine d’éclat et d’héroïque certitude. Ce final confère au mouvement son ampleur et son élévation conquérante.

 

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Entretien avec Pierre BLEUSE, directeur musical de l’Ensemble Intercontemporain, à propos de la nouvelle saison 2024-2025. Centenaire Pierre Boulez, Michael Jarrell, Edgar Varèse…

Pierre Bleuse est un chef passionné et humble. Au service des œuvres, en dialogue permanent avec les musiciens ; le sens profond, la clarté de l’architecture mais aussi la quête d’un son magicien sont au centre d’un travail critique qui sait analyser et tout autant envoûter : éthique intellectuelle et réflexion continue, mais aussi hédonisme sonore et joie d’interagir au moment de la réalisation musicale,… l’équilibre s’annonce idéal. La saison 2024-2025 est en cela emblématique et captivante : Centenaire Pierre Boulez (le fondateur de l’Ensemble Intercontemporain), la place de la création et des compositeurs d’aujourd’hui – de Michaell Jarrell à Clara Ianotta ou Rebecca Saunders, entre autres ; le focus Varèse, mais aussi l’ouverture à l’expérience lyrique avec un nouveau cycle d’expérimentations créatives annoncé en complicité avec Calixte Bieito … le directeur musical de l’EIC évoque les volets de son travail pour cette nouvelle saison qui s’annonce passionnante.
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CLASSIQUENEWS : La nouvelle saison 2024 – 2025 est marquée par le centenaire de Pierre Boulez, le fondateur de l’EIC / Ensemble Intercontemporain, en 1976. Comment-avez vous conçu ce focus Boulez ?

PIERRE BLEUSEÉvidemment on ne peut évoquer la figure de PIERRE BOULEZ sans omettre la personnalité politique qu’il incarna, de façon incontournable dans la seconde moitié du XXè. J’ai cependant souhaité aborder aussi outre le compositeur et le chef, le penseur et l’écrivain qui au début de son aventure avec l’Ensemble Intercontemporain a marqué les esprits pour son engagement pour la création. L’histoire a démontré combien en cela, Boulez reste un pionnier et un visionnaire.

Il est tout aussi intéressant de suivre Boulez le chef, l’évolution de sa direction ; au début affichant une certaine raideur, puis la maîtrise qui a suivi, affirmant cet art du geste précis, économe, aux justes respirations.

Il a révélé son immense talent dans entre autres, l’interprétation des symphonies de Mahler, en particulier la 4è Symphonie (avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne) ; c’est la raison pour laquelle notre concert d’ouverture évoque cet accomplissement particulier. C’est le compositeur Michael Jarrell qui en conçoit pour notre ensemble, une version sur mesure, une transcription « idéale » de la Symphonie n°4 ; comme Schoenberg avant lui transcrivit aussi les Symphonies de Mahler (concert d’ouverture Mahler/Jarrell, ven 13 sept 2024 : https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/concert/mahler-jarrell-2024-09-13-20h00-paris/

Si je ne devais citer qu’une seule œuvre de Boulez, cela serait « Messagesquisse » pour violoncelle solo et 6 violoncelles ; c’est mon œuvre préférée. En ajoutant aussi « Répons » ; j’aime la clarté du langage, l’articulation des détails. L’interprète doit être à la hauteur des annotations qui sont d’ailleurs extrêmement détaillées… (concert « EIC & Friends », lun 6 janvier 2025 : https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/concert/eic-friends-2025-01-06-20h00-paris/

 

CLASSIQUENEWS : Que souhaitez-vous prolonger mais aussi renforcer dans les mois futurs ?

PIERRE BLEUSE : Au début de mon arrivée, j’ai regardé, observé l’œuvre de mes prédécesseurs ; je ne souhaitais pas faire rupture, mais être dans la compréhension et la continuité. Matthias Pintscher qui m’a précédé, est un immense compositeur ; pour ma part, je ne suis pas compositeur mais je peux apporter autre chose… ouvrir les portes, écouter le monde qui change profondément, favoriser la création ; il me semble essentiel d’emprunter de nouveaux horizons esthétiques, et de prolonger les acquis déjà présents. Je pense au projet de Matthias, au principe des concerts qui se déplacent, en mouvement (« between »). J’entends poursuivre dans cette direction et même en renforcer l’idée et la mise en forme.

Il y a aussi notre formule de mini festivals, ou cycles en plusieurs volets ; nous l’avons réalisée avec la complicité de la violoniste si engagée, Patricia Kopatchinskaja – ce furent 2 concerts qu’Arte a captés. La saison prochaine il s’agira d’un nouveau temps forts dédié à Pierre Boulez, avec la complicité de deux artistes que nos spectateurs connaissent bien, et qui sont familiers de l’Ensemble Intercontemporain : Pierre-Laurent Aimard et Jean-Guihen Queyras (concert « EIC & Friends », lun 6 janvier 2025 : https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/concert/eic-friends-2025-01-06-20h00-paris/

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D’ailleurs, si l’on parle d’ouverture et d’élargissement de nos esthétiques, nous aborderons avec les musiciens de l’Ensemble, l’OPÉRAen particulier avec le concours du metteur en scène Calixte Bieito ; 2 ouvrages sont programmés en 2026 – 2027… L’époque concernée est celle, bouillonnante et féconde, du début du XXè, quand tous les arts étaient mêlés ; il existait alors une porosité extrêmement créative à l’instar des Ballets Russes de Diaghilev pour lesquels ont coopéré Picasso, Stravinsky… Tout cela suit la tendance contemporaine qui tend à la mixité culturelle, à l’opposé de l’ultra spécialisation qui s’est imposée jusqu’à présent ; les nouvelles générations d’instrumentistes partagent aussi cette conception de la musique où classique et contemporain, ancien et moderne, ne s’opposent pas mais dialoguent et se stimulent.

Plus que jamais il faut se poser la question du sens et de la direction. Comment jouer toujours les mêmes œuvres et le même répertoire ? Est ce que cela n’est pas condamné à tourner à vide ? Il faut absolument éviter l’épuisement et la répétition qui génèrent l’ennui et la routine. C’est pourquoi il faut rétablir la création au centre de ce questionnement.

 

CLASSIQUENEWS : Parmi les temps forts de la nouvelle saison 2024 – 2025, se distinguent aussi le travail avec les jeunes compositeurs / trices d’aujourd’hui et un focus particulier sur Varèse…

PIERRE BLEUSELe portrait que nous consacrons à chacun / e est aussi un engagement sur le temps ; à l’heure où nous sommes toujours pressés, souvent à la recherche de formats courts, je propose une immersion dans la durée, où l’auditeur prend le temps d’absorber et de comprendre l’écriture qui lui est proposée. Moi-même seul à ma table, je m’immerge longuement dans chaque partition, avant les répétitions puis le concert. Ce temps préalable – forcément long,  est essentiel ; il mêle la connaissance, le plaisir et la découverte.

Au moment où nous réalisons cet entretien, je m’apprête justement à diriger une œuvre de CLARA IANNOTTA. J’apprécie son énergie, son imaginaire, le bouillonnement des idées dont son écriture est le miroir > Portrait CLARA IANNOTTA, ven 11 oct 2024 : https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/concert/echo-from-afar-2024-10-11-20h00-paris/

S’agissant de REBECCA SAUNDERSje connais sa musique depuis plus longtemps encore. Ce qui me fascine c’est son rapport à la voix, son travail particulier sur le chant. Également son univers et son imagination qui sont très poétiques. Pour l’interprète et le chef que je suis, il y a une infinité de possibilités pour en exprimer la texture ; l’écriture permet une variété immense d’accents, d’articulation ; tout un champs dynamique d’une infinie subtilité, cela dans une séquence très courte > Portrait REBECCA SAUNDERS, ven 8 nov 2024 : https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/concert/skin-skar-skull-2024-11-08-20h00-paris/

 

CLASSIQUENEWS : Et pourquoi ce temps fort dédié à Edgard Varèse ?

PIERRE BLEUSENous lui consacrons un « Grand soir » à la Philharmonie de Paris, le 12 déc prochain. L’œuvre de VARESE est essentielle pour moi ; c’est une œuvre clé et un corpus fétiche. Ses oeuvres m’ont fait l’effet d’un coup de poing ; elles incarnent l’idée même de modernité. La force qui s’en dégage, l’intelligence des carrures rythmiques, qu’il canalise magistralement de manière tribale et viscérale… tout cela m’intéresse au plus haut point. Écouter sa musique relève d’une expérience physique, d’un choc. Son art et sa maîtrise sont extrêmes dans l’orchestration, dans les textures, comme dans le choix des tessitures ; y compris dans les petites formes. Les aigus sont suraigus ; les couleurs brutes, intenses. De même la puissance de la construction, comme la colonne vertébrale rythmique, relèvent du génie > Grand soir EDGARD VARESEle 10 déc 2024 : https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/concert/grand-soir-edgard-varese-2024-12-12-20h00-paris/

 

CLASSIQUENEWS : Aux côtés de Boulez, de Varèse, l’œuvre de Michael Jarrell occupe une place importante également. De quelle façon ?

PIERRE BLEUSECette nouvelle saison nous permet de retrouver plusieurs fois MICHAEL JARRELL ; outre la commande qui lui a été passée pour la transcription de la 4ème de Mahler, spécialement pour l’Ensemble (13 sept), nous réaliserons la création de 2 autres pièces : son Concerto pour piano et une oeuvre CHORALE (28 mars 2025). D’une façon générale, j’ai une grande admiration pour l’écriture de Michael ; celle en particulier de « La chambre aux échos », laquelle me fascine à chaque fois que je la dirige. Son écriture s’inscrit dans la tradition française la plus authentique, celle de Debussy dont il prolonge le raffinement. Michael Jarrell maîtrise particulièrement l’orchestration ; sa sensibilité pour les timbres et les couleurs est magistrale. Il a une oreille exceptionnelle qui explique certainement sa science du son. Il a le génie de faire sonner un ensemble, littéralement. Sa musique reflète tout un monde mouvant, d’une très grande richesse intérieure ; elle exprime des états d’âme, des mouvements souterrains dont la virtuosité, la vélocité captivent. C’est un grand luxe de pouvoir travailler avec lui.

Propos recueillis en juillet 2024

 

Photo-portrait de Pierre Bleuse © Sandrine Expilly / Ensemble intercontemporain (EIC)

 

 

VIDÉOPierre Bleuse, un portrait :

 

Pierre Bleuse, un portrait (31mn)
Portrait du chef Pierre BLEUSE, actuel directeur musical de l’Ensemble intercontemporain, enfant de musiciens dont le père compositeur et la mère chanteuse ont transmis la passion de la musique,… la formation, l’apprentissage nourrissent ce qui est apparu comme une vocation naturelle. Les répétitions du père au travail, l’art du lied défendu, incarné par la mère, la passion de la musique contemporaine aiguisent peu à peu un destin, un émerveillement pour la réalisation, le faire, le partage et la relation humaine. « Chercher les secrets derrière les notes », comme un archéologue en quête de sens et d’architecture… : la direction d’orchestre relève de la communication pure, nourrie par le désir d’échanger pour que la réalité du jeu collectif se concrétise au carrefour de toutes les sensibilités ainsi fédérées par le chef… La réalité du chef d’orchestre relève aussi de la magie, de l’ineffable dont la logique et la mécanique « magique » opèrent et permettent la réalisation musicale…

 

 

AGENDA

BOULEZ 100
CYCLE Pierre BOULEZ par l’EIC Ensemble intercontemporain

Créé par Pierre Boulez en 1976 avec l’appui de Michel Guy (alors secrétaire d’État à la Culture) et la collaboration de Nicholas Snowman, l’Ensemble Intercontemporain se consacre à la musique du XXe siècle à aujourd’hui. Les 31 musiciens solistes qui le composent sont placés sous la direction du chef d’orchestre français Pierre Bleuse. La saison 2024 – 2025 de l’EIC est une saison anniversaire : elle fête le centenaire du fondateur Pierre Boulez.

 

 

Lundi 6 janvier 2025
EIC & Friends
PARIS

Mercredi 26 mars 2025
Polyphonie X
PARIS

Vendredi 28 mars 2025
Concert anniversaire
PARIS

Jeudi 17 avril 2025
Dialogue de l’ombre double
DRESDE

Jeudi 15 mai 2025
COLOGNE / Sur incises

Sam 17 mai 2025
GAND / Incises / Sur incises

Dim 18 mai 2025
DOUAI / Incises / Sur incises

Mardi 27 mai 2025
LONDRES / Sur incises

Dim 1er juin 2025
BADEN-BADEN / Répons

Vendredi 20 juin 2025
…Explosante fixe…
PARIS

 

 

TOUTES les infosle détail des programmes et des interprètes sur le site de l’EIC Ensemble Intercontemporain : https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/agenda/

 

 

LIRE aussi notre PRÉSENTATION de la nouvelle saison 2024 – 2025 de l’Ensemble Intercontemporaintemps forts, centenaire Boulez, Grand soir Varèse, portraits monographiques…

https://www.classiquenews.com/ensemble-intercontemporain-nouvelle-saison-2024-2025-temps-forts-centenaire-pierre-boulez-edgard-varese-rebecca-saunders-clara-iannotta-francesco-filidei-sofia-avramidou-bastien-david-mic/

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CRITIQUE, opéra. AMSTERDAM, De Nationale Opera, le 5 septembre 2024. VERDI : Rigoletto. R. Burdenko, A. Khismatullina, R. Barbera… Damiano Michieletto / Antonino Fogliani.

 

Le public amstellodamois s’est levé comme un seul homme à la fin de la deuxième représentation de Rigoletto de Giuseppe Verdi – qui ouvre la saison du Nationale Opera d’Amsterdam. Il est très plaisant de sentir l’enthousiasme de ces auditeurs élégants, éclairés et sympathiques qui le crient haut et fort, et à juste titre, quand il s’agit de leur orchestre et de leur chœur.

 

 

Le chef d’œuvre de Verdi est vu ici par Damiano Michieletto comme le cauchemar éternel de Rigoletto, après la mort de sa fille Gilda, et l’accent est mis sur le caractère obsessionnel de Rigoletto pour sa fille, la permanence de la malédiction et le traumatisme vécu par le rôle-titre. Enfermé dans ce qui ressemble à une chambre d’asile, d’un blanc clinique, Rigoletto revit ce terrible drame en faisant apparaître les différents personnages par des trous percés dans les murs, presque tous vêtus de blanc également. Si la proposition se tient, elle n’est pour autant pas d’une originalité extraordinaire. En effet, le cauchemar, le traumatisme et l’asile sont des leitmotiv des mises en scènes “modernes” depuis une cinquantaine d’années, et ne font plus l’effet escompté. Il est également frustrant de se faire distraire par des vidéos projetées sur toute la blancheur du décor pendant les plus beaux moments (les airs “Caro Nome”, “Cortigiani, vil razza dannata” entre autres…), des vidéos qui font appel à des flashbacks vaguement psychanalytiques sur l’enfance de Gilda, d’un intérêt très relatif. Outre cela, c’est une mise en scène cependant claire, cohérente et avec une bonne direction d’acteurs, qui donne satisfaction sur le moment.

Le baryton russe Roman Burdenko incarne un Rigoletto puissant et désespéré. Sa voix précise, et pleine de sanglots quand il le faut, allie une grande maîtrise technique et une théâtralité poignante (il chantera ce même rôle à l’Opéra de Paris en décembre prochain, et nous ne pouvons qu’encourager le public parisien à aller l’y applaudir). Sa compatriote Aigul Khismatullina campe une Gilda toute en innocence et en légèreté. Si cela correspond assez bien à la mise en scène et à la jeunesse du personnage, on peut tout de même penser que le rôle doit néanmoins évoluer tout au long de l’œuvre, vers plus de drame dans la ligne de chant, et c’est ainsi qu’une certaine densité manque  ici. Elle est également assez neutre en termes de présence scénique, mais il est possible que cela soit un choix du metteur en scène… La voix n’en est pas moins belle et la technique saine. Le Duc de Mantoue est interprété avec beaucoup de naturel par le ténor américain René Barbera. Sa voix claire et jamais forcée correspond à merveille avec la nonchalance du personnage, doublée d’une diction parfaite.

Dans les rôles secondaires, notre coup de cœur va à l’encontre de Frederik Bergman, qui incarne un très puissant et très dramatique Conte di Monterone. Ses deux courtes interventions nous marquent par la puissance vocale et son incarnation très forte du rôle, à la fois sérieux et en colère, à la fois vieillard et bouillonnant. Alexander Köpeczi et Maya Gour forment un duo convaincant dans les rôles de Sparafucile et Maddalena. Le premier est terrifiant, avec une voix pleine et stable qui correspond parfaitement au hiératisme glaçant du personnage. Le seconde est touchante, et possède toutes les qualités qu’appelle son rôle, tant dans les couleurs, la diction ou le jeu scénique, mais manque cependant de puissance pour passer l’orchestre. Quant aux comprimari, ils s’avèrent tous convaincants, à commencer par les académiciens”” de l’Opera Studio de la maison amstellodamoise, comme Salvador Villanueva, Joe Chalmers ou encore Martina Myskohlid dans les rôles respectifs de Borsa, et du Comte et la Comtesse de Ceprano.

La direction musicale d’Antonio Fogliani met particulièrement en valeur le très bel orchestre du Nederlands Philharmonisch Orkest, au son rond et velouté, particulièrement remarquable dans les bois. Mais, il lui arrive parfois d’oublier le plateau vocal, se retrouvant légèrement derrière en termes de tempo, notamment au niveau du Choeur “maison” (néanmoins excellent), dont on reconnaît volontiers que les nombreuses interventions sont particulièrement difficiles.

De Nationale Opera & Ballet ouvre ainsi sa saison avec une œuvre forte du grand répertoire, très bien exécutée, et une distribution vocale très unie et de grande qualité. Nous avons hâte de découvrir le reste de la saison de cette belle maison lyrique… auprès du si sympathique public néerlandais !

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CRITIQUE, opéra. AMSTERDAM, De Nationale Opera, le 5 septembre 2024. VERDI : Rigoletto. R. Burdenko, A. Khismatullina, R. Barbera… Damiano Michieletto / Antonino Fogliani. Photos (c) Bart Grietens.

 

VIDEO : Trailer de « Rigoletto » selon Damiano Michieletto au Nationale Opera d’Amsterdam

 

CRITIQUE, festival. LISBONNE, 5ème Lisboa Operafest, le 2 septembre 2024. MOZART : Don Giovanni. C. Lujan, L. Rodrigues, P. Modesto, R. Albuquerque… Joao Pedro Mamede / Pedro Carneiro.

 

Troquant les Jardins du Musée d’Art Antique, lieu historique du Lisboa OperaFest, contre le Théâtre de plein air de la fameuse Fondation Gulbenkian  (du moins pour ce Don Giovanni de Mozart, donné du 30/8 au 4/9, d’autres lieux emblématiques de la Capitale portugaise étant mis à contribution…), Catarina Molder (son infatigable directrice artistique) a un peu payé de malchance, car il se trouve pile poil dans le couloir aérien d’un des aéroports les plus fréquentés d’Europe. C’est pour cette raison, en plus de la fraîcheur et de l’humidité des nuits lisboètes (mais aussi la recherche d’originalité de la facétieuse soprano et femme de théâtre portugaise) qu’elle a remplacé le traditionnel clavecin par… une guitare électrique (excellent et inventif Simao Barcia !), ajoutant une note pop bienvenue à un opéra de toute façon hors-normes et se prêtant à (presque) toutes les extravagances….

 

Dans ce même esprit de défi et de tout oser, Caterina Molder a fait confiance à un jeune “théâtreux” (comédien et metteur en scène) de monter ici son premier opéra, son compatriote Joao Pedro Mamede, qui a opté pour une solution “intermédiaire” entre tradition et modernité, avec une touche totalement baroque pour les costumes (conçus par Patricia Costa) : si Don Giovanni arbore un tuxedo très chic, tout en étant vu ici comme un mafieux toujours prêt à dégainer son revolver, et d’abord pour abattre (dans le dos) le Commandeur…), tous les autres personnages se voient affublés d’accoutrements totalement foutraques (surtout les femmes), tout en étant très étudiés et très agréables à l’oeil. De son côté, la scénographie (imaginée par Daniela Cardante) s’avère dès plus simple et dépouillée, avec le décor unique d’un labyrinthe composé de rectangles de buis, particulièrement efficace dans les jeux de cache-cache et de chausses-trappes dont est truffé le chef d’oeuvre mozartien. Quant à la direction d’acteurs, elle s’avère efficace et intelligente, en évitant tout sentiment d’ennui dans une soirée par ailleurs réduite à 2h30 sans entracte (au détour de quelques coupures dans le deuxième acte, plus les deux arias du ténors), pour des raisons climatiques et logistiques. Bonne idée de faire oublier à Donna Anna son esprit uniquement vengeur pour lui offrir une attirance jamais démentie envers son séducteur, tandis qu’à l’inverse, Donna Elvira s’avère plus hystérique et nymphomane que jamais, prête à toute pour être dans les bras de son infidèle amant. Devant continuellement tempérer ses coups de chaud en utilisant un brumisateur, elle aussi une tendance à abuser de boissons alcoolisés, ce qui provoque une scène cocasse où elle ne peut se retenir de vomir (à grand bruit) dans les bosquets, provoquant les rires d’un public lisboète que l’on connaît pour être très ouvert en matière de théâtre, lyrique ou pas ! Quant à la scène finale, Don Giovanni finit par se tirer une balle dans la tête pour arrêter les souffrances provoquées par les flammes de l’enfer (symbolisées ici par les lumières rougeâtres de Sergio Moreira)… mais c’est pour mieux le retrouver (pendant le moralisateur septuor final) au beau milieu d’une “partie fine” (dans les enfers), ce qu’il semble apprécier (on ne se refait pas !). 

Hors le Don Ottavio d’Alberto Sousa, suffisamment indisposé pour qu’il demande lui-même à ne pas chanter son premier air, quand le deuxième avait été de toute façon coupé dans cette production…), la distribution (quasi) entièrement portugaise offre le plus complet satisfecit. Dans le rôle-titre, Christian Lujan, le plus pourtugais des barytons colombiens (il vit depuis de nombreuses années à lisbonne où nous l’avons entendu moult fois au fameux Teatro de Sao Carlos, seule et unique scène lyrique du Portugal) offre un portrait très convaincant, tant vocalement que physiquement (avec son corps d’athlète exhibée dans la scène finale), du dissoluto. Il campe ainsi un remarquable Don Giovanni, qu’il vit avec une intensité peu commune. La voix est puissante, bien projetée, avec toute l’autorité et la séduction attendues. Le premier rôle masculin lui est disputé par Luis Rodrigues, formidable Leporello, doté d’une voix ample, bien timbrée, aux graves solides, qui n’est pas présenté ici comme le couard habituel, mais au contraire avec une personnalité riche et fouillée. Tiago Amado Gomes nous vaut un Masetto également de belle tenue, quand la stature naturelle du Commandeur incarné par Nuno Dias le prédispose à l’emploi, avec des graves par ailleurs sonores. Des rôles féminins, très caractérisés, aucun ne déçoit. Rafaela Albuquerque, Donna Elvira, impressionne et émeut par la violence de sa passion ; par ailleurs dotée d’une voix vaillante, généreuse, sonore, aiguisée comme séduisante, elle traverse l’ouvrage avec une présence exceptionnelle. Donna Anna, Patricia Modesto, personnalité riche et complexe, offre une voix lumineuse et ronde, particulièrement épanouie. La Zerline de Cecilia Rodrigues, mutine, gourmande, effrontée, est délicieuse. Le timbre n’est pas de toute beauté, mais il est toujours expressif, et conduit avec de beaux phrasés. Les ensembles sont autant de réussites, comme la participation sans problème du Chœur du Lisboa OperaFest.

Enfin, le chef portugais Pedro Carneiro est placé à la tête d’un Orchestre de Chambre du Portugal tout simplement impeccable, offrant une lecture tendue, nerveuse, et hautement dramatique de ce chef d’œuvre absolu qu’est, un Mozart jeune, chargé d’énergie, et constamment percutant. Bravi Tutti !

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CRITIQUE, festival. LISBONNE, 5ème Lisboa Operafest, le 2 septembre 2024. MOZART : Don Giovanni. C. Lukan, L. Rodrigues, P. Modesto, R. Albuquerque… Joao Pedro Mamede / Pedro Carneiro. Photos (c) Susana Paiva

 

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Lire ci-après notre présentation du Lisboa OperaFest :

https://www.classiquenews.com/lisbonne-5eme-operafest-lisboa-oeiras-du-22-aout-au-11-sept-2024-cavalleria-rusticana-pagliacci-don-giovanni-le-petit-poucet-creation-de-la-cantate-torment-pour-les-50/

 

OPÉRA DE RENNES, saison 2024 – 2025 : « Ici et maintenant ». Sophie GAIL (La Sérénade), Jean-Marie MACHADO (La Falaise des lendemains, création mondiale), La Flûte enchantée, Les 7 péchés capitaux, Un Requiem allemand, La résurrection…

« ICI ET MAINTENANT »… Ancrage géographique (à RENNES et en BRETAGNE) et immédiateté temporelle : l’Opéra de RENNES annonce clairement la couleur de ce que sera sa nouvelle saison 2024 – 2025. La nouvelle saison, riche et ouverte sur le territoire, présente au total 7 opéras et 4 cycles / thématiques-événements : autour de Sophie Gail et des femmes compositrices ; autour des légendes bretonnes ; et 3 focus dédiés à Bach, Mozart et à la pratique d’un chant en mouvement qui impliquent 8 chœurs d’enfants de Bretagne (Le grand Boum, en juin 2025)…

 

 

 

 

 

7 opéras événements

L’Opéra de Rennes présente tout d’abord l’opéra comique lumineux et réjouissant du début du XIXème signé SOPHIE GAIL : LA SÉRÉNADE (4 représentations : lun 30 sept, mer 2, jeu 3, sam 5 oct 2024) ; pour ce faire Rémi Durupt dirige l’Orchestre National de Bretagne, avec la mise en scène de Jean Lacornerie. Ainsi est révélé (et ré-estimé un ouvrage-clé du romantisme français, injustement écarté et oublié car composé par une femme…). En complément, l’Opéra de Rennes développe tout un volet spécifique consacré aux compositrices : « Un orchestre à soi », installation sonore (du 21 sept au 5 oct 2024) et web-série documentaire dédiés aux compositrices européennes mises à l’écart, portées par la compositrice Léa Chevrier et la réalisatrice Laureline Amanieux ; puis 2 concerts sont proposés : le récital « Romances d’empire » chanté par Maïlys de Villoutreys, avec la harpiste Clara Izambert-Jarry (ven 4 oct 2024), et un concert de musique de chambre (série « Concerts de midi » : Génies féminins, mar 1er oct 2024).

 

 

L’opéra en création mondiale, LA FALAISE DES LENDEMAINS constitue le temps fort dédié aux légendes bretonnes (4 représentations : jeu 7, ven 8, sam 9 et dim 10 novembre 2024). Le compositeur JEAN-MARIE MACHADO s’empare d’une légende bretonne qui se déroule au cœur de la grande guerre, au large de Roscoff… le texte est chanté dans 3 langues : français, anglais et breton ; il en découle un « diskan jazz opéra » dont la réalisation sonore est assurée par l’orchestre de Jazz DANZAS (de Jean-Marie Machado), avec la chanteuse traditionnelle Nolwenn Korbell. Créé à Rennes, l’opéra sera ensuite présenté en tournée à Tourcoing, Créteil, Angers et Nantes. En complément, le Choeur de chambre Mélisme(s) – en résidence à l’Opéra de Rennes (Gildas Pungier, direction), présente une autre lecture des légendes bretonnes dans le programme « Les Lavandières de la nuit », fusion idéale entre musique classique et traditionnelle (jeu 7, ven 8 novembre 2024).

 

 

Puis, clin d’oeil à la LIBÉRATION DE RENNES il y a 80 ans, place au climat délirant, poétique,nostalgique de l’opéra de KURT WEILL, LES 7 PÉCHÉS CAPITAUX, composé avec Bertold Brecht alors que le compositeur fuyait l’Allemagne nazie. Le metteur en scène Jacques Osinski situe l’action aux USA. Avec Natalie Perez dans le rôle-titre et l’Orchestre National de Bretagne sous la direction de Benjamin Lévy (3 représentations : lun 25, mar 26, jeu 28 novembre 2024).

 

 

L’Opéra de Rennes fort du succès remporté par cette production en 23-24, affiche à nouveau Le COURONNEMENT DE POPPÉE de Claudio MONTEVERDI, sommet baroque de l’opéra vénitien, dans la mise en scène de Ted Huffman. Avec Catherine Trottmann (Poppée), Ray Chenez (Néron), Ambroisine Bré (Ottavia), Paul-Antoine Bénos-Djian (Othon), Adrien Mathonat (Sénèque)… pour une seule soirée mémorable aux Couvent des Jacobins. Orchestre Le Banquet Céleste (sam 14 déc 2024).

 

 

2025

Début 2025, place à LA TRAVIATA de VERDI dans la mise en scène de Silvia Paoli, forte en images et tableaux aussi saisissants que justes où la jeune courtisane confrontée à l’hypocrisie d’une société bien pensante et très puritaine, n’a d’autres choix que de se sacrifier… 5 représentations : mar 25, jeu 27, ven 28 février puis dim 2, mar 4 mars 2025).

Opéra baroque à l’affiche en 2024-2025, LE CARNAVAL DE VENISE d’André CAMPRA est dirigé par Camille Delaforge et son ensemble Il Caravaggio (mise en scène : Yvan Clédat et Coco Petitpierre). Le nouveau spectacle réunit la crème des chanteurs baroques actuels : Victoire Bunel (Isabelle), Anna Reinhold (Léonore), David Tricou (Orphée), Guilhem Worms (L’Ordonnateur, Pluton), Sergio Villegas Galvain (Léandre)… La production en résidence de création à l’Opéra de Rennes fait l’objet d’une tournée partout dans l’Hexagone. C’est l’un des spectacles événement de la nouvelle saison 2024-2025 à l’échelle nationale. 4 représentations : mer 19, jeu 20, sam 22, dim 23 mars 2025 (production de La co(opera)tive).

Inusable, féerique, de fait magique, LA FLÛTE ENCHANTÉE de MOZART tient l’affiche en clôture de saison avec la complicité de l’Orchestre National de Bretagne et son nouveau directeur musical, Nicolas ELLIS. Les spectateurs rennais qui l’avait applaudi dans The Rake’s progress de Stravinsky en 2022, retrouve le metteur en scène Mathieu Bauer avec une distribution particulièrement prometteuse : dont la première Pamina d’Elsa Benoît et la première Reine de la nuit de Florie Valiquette. 5 représentations : mer 7, ven 9, dim 11, mar 13, jeu 15 mai 2025.

En complément à cette nouvelle production lyrique, le chœur Mélisme(s) propose le concert spectacle événement « Dans le c(h)œur de Mozart », production incontournable, imaginée par Katja Kruger qui évoque l’activité et l’implication de Mozart alors sur le métier de sa Flûte enchantée et qui « vibre pendant les répétitions »… Avec Sheva Tehoval, Jean-Christophe Lanièce, l’octuor Astrolabe, collectif d’instrumentistes virtuoses sur instruments d’époque, installé à Saint-Brieuc… Les jeu 6 et ven 7 février 2025.

 

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Vous ne manquerez pas non plus la comédie musicale COLE PORTER IN PARIS par Les Frivolités parisiennes (qui fut un sacré succès au Châtelet en 2021 – 2022), une plongée dans le Paris des Années Folles, quand la capitale dansait, chantait, s’enivrait… 30 artistes sur scène, associant chant, danse, musique / Benjamin El Arbi et Mathieu Franot, direction. 3 représentations : dim 29, lun 30, mar 31 décembre 2024 puis mer 1er janvier 2025 (2 représentations à 15h30 et 20h30).

 

2 SPECTACLES de DANSE

Ni le ballet « CLOSE-UP » de Noé Soulier (dans le cadre du Festival Waterproof), nouvelle chorégraphie présentée au Festival d’Avignon en juillet 2024 ; Noé Soulier analyse et décortique le mouvement à travers un spectacle qui fait appel à la vidéo et sur la musique de JS BACH (L’Art de la fugue, joué en live par l’ensemble Il Convito). Sam 18 et ven 19 janvier 2025.

Autre volet DANSE, incontournable, « Mycelium » présenté par le Ballet de l’Opéra de Lyon, chorégraphie de Christos Papadopoulos qui fut l’événement de la dernière Biennale de Lyon. Une chorégraphie millimétrée, constellée de micro-mouvements qui vont crescendo jusqu’à la transe finale, explosive, énergisante… 3 représentations événements : mar 20, mer 21, jeu 22 mai 2025.

 

 

ORATORIO, ORATORIO, CONCERTS…

Parmi les concerts importants, entre autres, UN REQUIEM ALLEMAND de BRAHMS par le chœur Mélisme(s) dans la version originale pour 2 pianos ; partition fraternelle et lumineuse qui sera jouée ainsi à Rennes, mais aussi Lorient, Fougères, Saint-Malo… Gildas Pungier, direction / avec le baryton Damien Pass, et pour l’air pour soprano solo, Catherine Trottmann en alternance avec Elsa Benoît. Les ven 15 et sam 16 novembre 2024.

La RÉSURRECTION de HAENDEL, oratorio spectaculaire et éblouissant propre au jeune Haendel, alors en Italie : la partition inaugure ainsi une résidence de 3 ans de l’ensemble LE BANQUET CÉLESTE… Témoins ardents, émus du miracle de la Résurrection du Christ, 2 figures admirables Maddalena et Cleofe expriment, exultent, suggèrent la profondeur du mystère… des ténèbres du sépulcre à l’éclat insondable de la Résurrection. Avec les solistes Nardus Williams, Thomas Dolié, Céline Scheen, Paul-Antoine Benos-Djian, Thomas Hobbs. Les ven 14 puis sam 15 mars 2025.

Surprenant, prometteur, le récital intitulé « The Köln Concert turns 50 »… par le pianiste Melaine Dalibert qui joue le 24 janvier 2025, le programme du fameux concert de KEITH JARRETT, événement musical mémorable donné à l’Opéra de Cologne alors, pour les 50 ans de ce concert devenu mythique (« The Köln Concert »)

Enfin, dans le registre « VOIX DU MONDE », mêlant avec justesse et pertinence, musique classique et traditionnelle – car les deux mondes ont toujours été étroitement associés dans l’inspiration des compositeurs, à toutes les époques, réservez d’ores et déjà, vos places pour deux spectacles riches en nuances et vertiges : le spectacle de l’ensemble THE KRAKEN CONCERT : « Over the moor »… qui mêlant imaginaire et inspiration traditionnels d’Irlande et d’Écosse, recompose entre danse et chant, lui aussi un nouvel univers poétique, généreux, au carrefour des musiques baroques et des pratiques orales improvisées : lun 10 mars 2025.

Ainsi que « BRUMES » par la compagnie LA TEMPÊTE (Simon-Pierre Bestion, direction), traversée sonore et esthétique à travers le riche folklore d’Europe centrale : vastes plaines, landes du nord, clairières mousseuses et fleuries… tout un continent de paysages musicaux se dévoilent ainsi, sous la plume de Schubert, Schumann, Brahms, Mahler… (mer 28 mai 2025).

 

LE GRAND BOUM, festival de chœurs d’enfants et d’adolescents

Enfin, parmi une collection d’événements réjouissants, ne manquez les sam 14 et dim 15 juin 2025, « LE GRAND BOUM », Festival de chœurs d’ENFANTS et d’ADOLESCENTS EN SCENE, organisé par l’Opéra de Rennes et la Maîtrise de Bretagne. Le temps d’un week end, soit pendant 2 jours, 250 enfants venus de toute la Bretagne partagent leur plaisir du chant collectif à travers de nombreuses performances où sur la scène de l’Opéra de Rennes, s’invitent aux côtés du chant, la danse et l’esprit du spectacle avec mise en espace. Incontournable (dès 5 ans).

 

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TOUTES LES INFOS, le détail des programmes, les artistes et ensembles en résidence, les artistes invités, sur le site de l’Opéra de RENNES, saison 2024 – 2025 :

Toutes les illustrations © Opéra de Rennes / DR

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