samedi 12 octobre 2024

ENTRETIEN avec Christophe ROUSSET, à propos des temps forts de la nouvelle saison 2024 – 2025 des Talens Lyriques : « Mythique ! ».

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En 30 années d’une aventure artistique faite de fidélités, d’approfondissements, de recréations aussi, l’ensemble fondé par le claveciniste, Christophe Rousset, Les Talens Lyriques demeure plus que jamais inspiré par la force poétique des mythes, par le théâtre lyrique, la magie de l’orchestre… En témoigne sa nouvelle saison 2024 – 2024 (« Mythique !« ) qui place les grands noms de l’opéra baroque au devant de la scène : Haendel, Lully, mais aussi Salieri (dont l’opéra oublié « Kublaï » promet une redécouverte magistrale en fin de saison), sans omettre le jeune Mozart (nouvelle production d’une œuvre emblématique du travail et du goût de l’ensemble, Mitridate)…

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Grand portrait ci dessus de Christophe Rousset © Nathanael Mergui

 

 

CLASSIQUENEWS : Quelles sont les lignes de force de votre nouvelle saison 24-25 ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Comme nous l’avons publié dans notre brochure ce sont les mythes et mythologies qui donnent une sorte d’unité à notre saison. Un retour très net vers Haendel qui a toujours été une passion et qui à chaque nouvelle production me permet de confirmer son génie dramatique si personnel.

 

CLASSIQUENEWS : Que prolongez-vous et / ou renforcez-vous, en comparaison des saisons précédentes ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Toujours un équilibre entre titres du répertoire baroque et raretés, ainsi un Giulio Cesare de Haendel et un Oratorio de Pâques de Bach contrastent avec l’Opera Seria de Florian Gassmann. Beaucoup de productions scéniques et c’est pour renforcer notre lien avec le Théâtre du Châtelet que l’Orlando de Haendel sera représenté à Paris dans le même lieu qui nous avait présentés dans Così fan tutte la saison dernière. Et enfin l’avant dernier opéra de notre intégrale des œuvres lyriques de Lully : Proserpine. Il ne nous restera plus que Cadmus et Hermione (qui est déjà programmé dans notre agenda)

 

CLASSIQUENEWS : Quelles sont les nouveautés pour cette nouvelle saison ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Ce n’est peut-être pas une nouveauté pour Les Talens Lyriques qui en ont fait un enregistrement marquant : nous proposons un Mitridate de Mozart à la Scala de Milan et au Théâtre des Champs Élysées mais avec évidemment, avec les années de distance, un tout nouveau casting de brillants chanteurs… c’est dire que ce sera comme reprendre le travail à son début.

 

CLASSIQUENEWS : Sur les 10 dernières années, qu’avez-vous constaté d’important comme évolution ou tendances dans le milieu baroque, dans l’interprétation historiquement informée, dans la vie musicale en général ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Évidemment tout change, beaucoup de diversité de propositions, un grand nombre de nouveaux ensembles et de nouveaux chefs, et je ne peux que m’en réjouir. Je regrette parfois dans cette nouvelle vague le peu d »historiquement informé » et le beaucoup d’ego, car souvent faire neuf veut dire faire différent à tout prix : c’est peut-être ne pas assez faire confiance à son propre être-artiste ?…

 

Christophe Rousset et Les Talens Lyriques à l’Opéra royal de Versailles © Eric Larrayadieu

 

CLASSIQUENEWS : Comment a évolué votre orchestre ? Qu’est ce qui le singularise aujourd’hui ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Je pense qu’en plus de 30 ans, nous avons fait un sacré chemin avec mes compagnons de route (fidèles ou occasionnels) ; je pense à l’empreinte que nous laissons sur l’œuvre de Lully, sur celle de Salieri ou celle du jeune Mozart. Et grâce au Palazzetto Bru Zane nous avons pu faire de déterminantes incursions dans le répertoire romantique : notre Faust de Gounod, le Fausto de Louise Bertin ou le récital avec Michael Spyres « In the shadows » ont été très largement salués par la critique… surtout internationale, et ça fait plaisir bien sûr!

 

CLASSIQUENEWS : Vous allez poursuivre votre cycle Lully avec Proserpine… Qu’en attendez vous ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Toujours de nouvelles surprises car Lully ne cesse d’inventer au fil de 16 ans de création lyriques. Il invente lui le genre « tragédie lyrique » et à chaque fois remet structure et effets dramatiques sur le métier.

 

CLASSIQUENEWS : Comment s’inscrit ce nouvel ouvrage dans le cycle des opéras lullistes en cours ?

CHRISTOPHE ROUSSET : Comme avant-dernier opéra de notre intégrale nous bénéficierons évidemment de ce « savoir-faire » élaboré lors de ces nombreuses années de travail méticuleux sur le répertoire lullien. Proserpine est particulièrement développé.

 

CLASSIQUENEWS : En quoi est-il important pour Les Talens Lyriques de défendre Lully et ses opéras ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Quand nous avons attaqué notre parcours Lully, à part Atys et Alceste, il n’y avait rien de disponible. J’ai été convaincu du génie de Baptiste dès mes années Atys, et je n’ai eu de cesse de le mettre en lumière avec tout mon cœur et mon amour du théâtre. De plus pour le claveciniste que je suis, la musique du XVIIe français est un langage familier. Lully fait magistralement exploser les formes et les proportions. Il fallait que le plus grand nombre des mélomanes autour du monde en prennent conscience et partagent mon enthousiasme.

 

CLASSIQUENEWS : Au printemps prochain (avril 2025), est annoncé votre enregistrement de l’opéra de Salieri : Kublaï. Pouvez-nous nous préciser l’attrait de cet ouvrage, les défis interprétatifs qu’il suscite, et en quoi il est important de le jouer et de le faire connaître ?
CHRISTOPHE ROUSSET : Ce projet Kublaï est né grâce à son éditeur moderne Bärenreiter qui me l’a proposé conjointement au Theater an der Wien de Vienne. La production scénique a été enthousiasmante surtout au vu de l’impact auprès du public (d’ailleurs cette production viennoise est nominée dans les International Opera Awards dans la catégorie new discoveries – un peu la marque de fabrique des Talens Lyriques!). L’ayant travaillé à fond et s’agissant d’un pur inédit (car même du vivant de son auteur l’œuvre n’avait pas été représentée), il nous a semblé nécessaire d’en laisser une trace au disque. Contrairement à ses 3 tragédies lyriques parisiennes et au seria, dans Armida, Salieri offre ici un buffo, même frisant au loufoque avec un Kublaï fat et manipulé par sa gouvernante, et son fils rendu « imbécile » par son précepteur, donnant lieu à des situations burlesques et parfois dramatiques.

Propos recueillis en septembre 2024

 

Christophe Rousset dirigeant Lully © Eric Larrayadieu

 

 

Présentation de saison

LIRE aussi notre présentation de la nouvelle saison 2024 – 2025 des  TALENS LYRIQUES (Christophe ROUSSET, direction). Nouvelle saison 2024 – 2025 : « MYTHIQUE ! ». 7 ouvrages ambitieux, soit 6 OPÉRAS et 1 ORATORIO … : Ifigenia in Aulide de Porpora, Giulio Cesare et Rinaldo de Haendel, Mitridate de Mozart, l’Opera seria de Gassmann, Proserpine de Lully… (sept 2024 – juin 2025). https://www.classiquenews.com/les-talens-lyriques-christophe-rousset-direction-nouvelle-saison-2024-2025-mythique-ifigenia-in-aulide-de-porpora-giulio-cesare-et-rinaldo-de-haendel-mitridate-de/

 

LES TALENS LYRIQUES (Christophe ROUSSET, direction). Nouvelle saison 2024 – 2025 : « MYTHIQUE ! ». Ifigenia in Aulide de Porpora, Giulio Cesare et Rinaldo de Haendel, Mitridate de Mozart, l’Opera seria de Gassmann, Proserpine de Lully… (sept 2024 – juin 2025).

 

 

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