ENTRETIEN avec Christine DANA-HELFRICH, conservateur en chef du patrimoine, chef de la mission musique et responsable artistique de la Saison Musicale des Invalides… Quels sont les temps forts et les cycles thématiques de la nouvelle saison musicale 2024-2025 ? Chaque concert aux Invalides promet de vivre une expérience musicale inoubliable au cœur de Paris, dans un site parmi les plus impressionnants de la Capitale… Pas simple d’associer événements de musique et écrins patrimoniaux aux échelles variées (Grand Salon, Cathédrale, Salle Turenne …). L’intime chambriste et la vitalité de l’exercice concertant, le pari symphonique font revivre différemment les périodes héroïques de l’Histoire militaire française. Pas facile d’établir des passerelles entre le thème des expositions du Musée de l’Armée et les programmes défendus par les musiciens… C’est cependant ce que réalise Christine Dana-Helfrich chaque saison. A l’image de la coupole plaquée d’or fin de la Cathédrale, la saison musicale éblouit par sa richesse et son équilibre.
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Orchestre Symphonique de la Garde Républicaine, Sébastien Billard, direction
© Paris, Musée de l’Armée, ECPAD 2024
CLASSIQUENEWS : Selon quels critères généraux avez-vous conçu cette nouvelle Saison Musicale des Invalides ?
Christine DANA-HELFRICH : La Saison Musicale des Invalides fait partie intégrante de la saison culturelle du musée de l’Armée, auprès des expositions temporaires mais aussi des cycles cinématographiques et des conférences. Elle contribue pleinement au rayonnement des collections du Musée et à la valorisation de l’édifice de l’Hôtel national des Invalides. Un département musical, chargé de mettre en œuvre une saison musicale au sein des Invalides, a été créé au musée de l’ Armée, en mai 1993, sur décision de Pierre Joxe, ministre des Armées.
A ce jour, et après plus de 3 000 concerts organisés en trente ans, le musée de l’Armée demeure opérateur du ministère des Armées, au titre de la musique. Il lui incombe notamment d’exalter en concert la dimension architecturale et historique de l’Hôtel national des Invalides, de mettre à l’honneur les formations musicales des armées dans des répertoires classiques et avec de grands solistes, de mettre en valeur les instruments privilégiés de ces musiques, soit les instruments à vent, de s’associer aux commémorations à caractère historique et militaire et de faire librement écho aux expositions temporaires du musée.
Notre nouvelle saison musicale inscrit donc sa programmation dans le cadre de ces missions qui lui sont confiées par la direction de la mémoire, de la culture et des archives de notre ministère de tutelle.
L’EXIL
CLASSIQUENEWS : Quels en sont les thèmes prioritaires et fédérateurs de cette nouvelle saison et pour quelles raisons ?
Christine DANA-HELFRICH : Dans le cadre des commémorations du 80ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, et en lien avec l’exposition temporaire du printemps 2025 « Un exil combattant, les artistes et la France. 1939- 1945« , notre premier cycle musical thématique comportant 14 concerts a pour titre « Une certaine idée de la France« , en référence à la première phrase des Mémoires de guerre du Général de Gaulle. Le comédien Francis Huster y fera allusion et lui rendra hommage, à l’occasion du concert-lecture du 18 novembre prochain, avec la violoncelliste Emmanuelle Bertrand et le pianiste Pascal Amoyel.
L’exposition du musée porte sur les soutiens et ralliements émanant des artistes et qui se sont organisés en faveur de la France libre, hors du territoire métropolitain et notamment aux Etats-Unis, au sein du mouvement France Forever. Le thème de notre cycle musical est celui de l’exil : exil des nombreux compositeurs contraints de s’expatrier, à partir de la montée du nazisme en Europe, les Etats-Unis étant leur terre d’accueil privilégiée mais aussi exil intérieur, non moins douloureux, de ceux qui sont restés.
Parmi les compositeurs ayant émigré aux Etats-Unis, nous évoquons notamment Bela Bartok, Igor Stravinski et Darius Milhaud ; ainsi, le 12 décembre 2024 avec l’Orchestre de la Musique de l’Air et le pianiste Roustem Saitkoulov, dans le 3ème concerto de Bartok, le 13 mars 2025, avec l’Orchestre de la Garde républicaine dans le Dumbarton Oaks Concerto de Stravinski, et le violoncelliste Aurélien Pascal en soliste, dans le 2ème concerto de Milhaud.
Certains compositeurs ont choisi de rejoindre Hollywood, tel Erich Korngold, contribuant à donner aux musiques de films leurs lettres de noblesse et permettant à de nouvelles générations de musiciens d’y trouver plein épanouissement. Ainsi, le Concerto pour violon de Korngold sera donné par Nicolas Dautricourt, le 28 novembre 2024, avec l’Orchestre de la Garde républicaine, un florilège de musiques de films pour chœur et orchestre étant programmé les 5 et 10 décembre 2024, sous la direction de Cyril Diederich, à la tête du Paris Symphonic Orchestra et d’une centaine de choristes.
Celles et ceux qui sont demeurés en France se sont investis dans une forme de résistance, notamment au travers du Front national des musiciens, fondé par le chef d’orchestre Roger Désormière et la compositrice Elsa Barraine, protégeant les artistes en danger, soutenant les musiciens interdits ou déportés et favorisant la programmation en concerts, parfois clandestins, de la musique française, durant l’Occupation. Certains d’entre eux, comme Francis Poulenc, Elsa Barraine et Henri Dutilleux, se sont associés aux poètes résistants tels Louis Aragon, Paul Eluard et Jean Cassou, en mettant en musique leurs textes, contribuant ainsi à favoriser leur diffusion. Mais c’est sur la musique déjà composée par Anna Marly née Betoulinskaïa, que Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon écrivent leur propre texte, devenu l’hymne de la résistance sous le titre de Chant des partisans. Le Chœur de l’Armée française leur rend hommage, le 28 novembre 2024. D’autres sont entrés dans la clandestinité, parfois au péril même de leur vie. Parmi ces artistes, des femmes telles Elsa Barraine et la chanteuse Joséphine Baker se sont révélées particulièrement héroïques. Nous évoquons ces deux femmes d’exception, respectivement le 6 février 2025 avec la symphonie Voïna / Guerre, couplée avec le Requiem de Tomasi, dédié « A tous les martyrs de la Résistance et à tous ceux qui sont morts pour la France », par l’Orchestre de la Garde républicaine et le Chœur des Universités de Paris… et le 27 janvier 2025, au sein d’un Cabaret imaginaire de la France libre, avec l’ensemble les Lunaisiens d’Arnaud Marzorati et la mezzo-soprano Isabelle Druet, incarnant aussi Lily Pons, Germaine Sablon et Marlène Dietrich.
Sans oublier Karl Amadeus Hartmann, compositeur allemand, farouchement hostile au nazisme, dont la violoniste Marianne Piketty et Le Concert idéal interprètent le Concerto funèbre de 1939, confronté à des œuvres de Hildegard von Bingen et de Philippe Hersant, le 2 décembre 2024. Ni Olivier Messiaen, composant son Quatuor pour la fin du temps, en 1940, en captivité au sein du Stalag VIII A de Görlitz, en Silésie, dont un extrait est notamment interprété par un jeune duo violoncelle et piano, dans le cadre du cycle Jeunes talents-Premières armes, organisé en partenariat avec le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, le 18 novembre prochain, à 12h15.
Par ailleurs, 2025 nous donne aussi l’opportunité d’évoquer le centenaire des accords de Locarno, scellant les bases d’une fragile et fort éphémère réconciliation franco-allemande, au lendemain de la première guerre mondiale et d’interroger, dans un monde toujours en guerre, la difficile construction de la Paix. L’enrichissement récent des parcours de visite permanents du Musée sur la période de l’entre-deux guerres nous offre l’occasion de revenir sur les nombreuses étapes de la construction européenne.
2025 : 100 ans des accords de Locarno
Au printemps 2025, un cycle commémoratif de 12 concerts, L’esprit de Locarno, y fait donc référence. On relève, à cette époque, l’existence de mouvements paneuropéens, prônant l’idée d’Etats-Unis d’Europe, notamment à l’initiative d‘Heinrich Mann et du comte Coudenhove-Kalergi, fondateur en 1926 à Vienne de l’Union paneuropéenne internationale. C’est d’ailleurs à ce dernier que l’on doit l’idée de concevoir un hymne européen et de le fonder sur L’Ode à la joie de Ludwig van Beethoven. Une esquisse de celle-ci se trouvant déjà dans le thème final de sa Fantaisie pour chœur et orchestre, elle est donnée, avec le Concerto dit « L’Empereur » de Beethoven, par l’Orchestre des Universités et Grandes Ecoles de Paris Sciences et Lettres, et le pianiste David Kadouch en soliste, le 3 avril 2025.
Aux antipodes de ces aspirations idéalistes européennes, certains compositeurs français manifestent des sentiments nationalistes exacerbés, dont l’émergence remonte déjà à un conflit précédent, soit à l’issue de la guerre franco-prussienne de 1870. Ainsi, Camille Saint-Saëns défend la musique française de style classique et réaffirme sa suprématie face à la tradition germanique, au travers de la Société nationale de musique, fondée avec Romain Bussine, dès 1871. Une prise de position qui suscite la véhémente protestation de Maurice Ravel, dans une lettre du 7 juin 1916, envoyée de la zone des combats, énonçant son soutien à la nouvelle génération de compositeurs, par-delà les frontières, et notamment à Arnold Schönberg : « Il m’ importe peu que Monsieur Schönberg soit de nationalité autrichienne. Il n’en est pas moins un compositeur de haute valeur dont les recherches pleines d’intérêt ont eu une influence heureuse sur certains compositeurs alliés et jusque chez nous ». Le 19 mai 2025, c’est son singulier Pierrot lunaire s’inscrivant dans une esthétique berlinoise qui est programmé, avec l’ultime cycle de Mélodies de Fauré et des extraits de l’Opéra de Quat’sous de Kurt Weill sur un texte de Bertolt Brecht, créé à Berlin en 1928, avec le concours de Raquel Camarinha, Raphaël Sévère, Matteo Cesari, Yoan Héreau et du Trio Karénine. De Kurt Weil, compositeur allemand dont la musique sera taxée de dégénérée par le régime nazi, le Quatuor Zaïde joue, le 26 mai 2025, le 2ème Quatuor, associé – avec la connivence du pianiste Tristan Raës – au Quintette de Louis Vierne, et la violoniste Elsa Grether interprètera, le 15 mai 2025, le Concerto pour violon et vents, créé à Paris en 1925, avec l’Orchestre de la Musique de l’Air, qui conclut ce concert avec La Valse de Maurice Ravel, à l’occasion du 150ème anniversaire de sa naissance.
Un hommage est enfin rendu, le 12 juin 2025, à l’écrivain Romain Rolland – citoyen du monde et considéré comme la voix du pacifisme européen – par l’ Orchestre de la Garde républicaine, avec le concours du comédien Lambert Wilson. Le programme s’achève par Mort et transfiguration de Richard Strauss, considéré comme l’un des compositeurs allemands les plus puissants de sa génération, en référence au roman initiatique de l’écrivain Jean-Christophe, contant le cheminement d’un jeune compositeur allemand imaginaire, découvrant la musique de Claude Debussy et trouvant au sein de la musique française une forme d’ accomplissement l’amenant à s’ élever, par-delà les frontières, au-dessus même de l’ Europe.
350 ans de la fondation des Invalides
Enfin, à l’occasion du 350ème anniversaire de la fondation des Invalides par Louis XIV, le cycle Si les Invalides m’ étaient contés accompagne l’ouverture des nouveaux espaces permanents du Musée consacrés à l’histoire du site : « Les Invalides : entre histoire et mémoires ». Ce cycle musical accueille l’ensemble les Talens lyriques de Christophe Rousset, le 28 avril 2025, se faisant l’écho du crépuscule du souverain. Et en lien avec la date de 1675, gravée sur le fronton de la façade principale des Invalides, coïncidant avec l’arrivée des prêtres de la Mission de Saint Vincent de Paul, le musée réédite, auprès du label Harmonia Mundi, l’enregistrement de l’Antiphonaire des Invalides, précieux livre de lutrin réalisé et décoré, en 1682, par les pensionnaires de l’institution, dans l’atelier d’ enluminure de l’Hôtel, à la demande des prêtres lazaristes. Ainsi l’Office de Saint-Louis, dédicataire des lieux, est-t-il notamment donné en concert, le 5 juin 2025, par l’ensemble Organum, dirigé par Marcel Pérès, qui en avait réalisé l’enregistrement en 2005. Véritable joyau des collections musicales et de manuscrits du musée de l’Armée, l’antiphonaire des Invalides sera probablement exposé en la cathédrale, à l’occasion de ce concert.
Concert Hélène Couvert / Juliette Hurel / Julie Depardieu
© Paris, Musée de l’Armée 2023 / Anne-Sylvaine Marre-Noël
CLASSIQUENEWS : Comment se réalise la conjonction des lieux et des sites investis avec le choix des programmes ?
Christine DANA-HELFRICH : La saison musicale des Invalides s’inscrit dans le somptueux écrin que constitue l’Hôtel National des Invalides, qui est un cadre particulièrement inspirant pour une saison musicale, d’autant que la musique y a été toujours présente et a accompagné les grandes célébrations ponctuant la vie de l’établissement depuis sa fondation. Ce sont, en effet, les accents du Te Deum de Delalande qui ont retenti, le 28 août 1706, lors de l’inauguration par le souverain fondateur de l’église royale coiffée d’un dôme doré à l’or fin. Et c’est en la chapelle des soldats qu’a été créée la Grande Messe des morts d’Hector Berlioz, le 5 décembre 1837, à l’occasion de l’office funéraire du comte de Damrémont. Une œuvre grandiose à double chœur notamment reprogrammée aux Invalides, en 1975, avec l’Orchestre National de France, sous la direction de Leonard Bernstein. C’est en cette chapelle, devenue désormais cathédrale et siège de l’évêché aux armées françaises, que nous accueillons de grands concerts avec orchestres et chœurs, ainsi que symphonies et concertos avec de grands solistes instrumentistes et récitants. Mais son acoustique est aussi propice à l’accueil de formations de musique ancienne, d’effectifs plus réduits, avec clavecin.
Nous avons également à cœur de faire résonner les grandes orgues de la cathédrale. Si le buffet classé au titre des monuments historiques est d’origine, et daté de 1679, l’orgue a été entièrement reconstruit à l’initiative de son titulaire Bernard Gavoty, par le facteur Beuchet-Debierre, dans une esthétique néo-classique, et inauguré par Marcel Dupré, le 8 décembre 1957. Philippe Brandeis, organiste titulaire de la tribune de Saint-Louis, s’y produit, le 1er décembre prochain, avec un ensemble de trompes de chasse, dans un hommage aux Compagnons de la Libération.
Le Grand salon, ancienne salle du conseil d’administration de l’Hôtel, offrant une double perspective superbe sur le pont Alexandre III et sur le dôme des Invalides, est d’atmosphère plus intime, favorisant le contact rapproché entre musiciens et public. Nous y privilégions l’accueil de récitals de piano, de concerts de musique de chambre mais aussi de petits effectifs de musique ancienne. A cet égard, le grand claveciniste Rafael Puyana, qui s’y est produit en récital, déclarait volontiers que notre Grand salon bénéficiait de la meilleure acoustique de Paris, pour le clavecin. Il semblerait que cela soit aussi l’avis de Christophe Rousset, qui sera précisément à la direction mais aussi au clavecin, le 28 avril 2025.
Enfin, même si des travaux entravent son accès actuellement, la salle Turenne, un des quatre réfectoires au sein desquels les invalides prenaient leurs repas, présente un cadre idéal pour une formation vocale a capella ou un concert-lecture, ses peintures murales polychromes, évoquant les campagnes militaires de Louis XIV, si inspirantes pour les artistes, l’apparentant à une petite galerie des batailles.
CLASSIQUENEWS : Y a–t–il des artistes, ensembles avec lesquels vous travaillez d’année en année ? Et si oui, sur quels types de programmes ? Comment se manifestent ces compagnonnages ?
Christine DANA-HELFRICH : Mes premiers et plus fidèles partenaires sont les chefs des formations musicales militaires, toujours enclins à sortir des répertoires trop souvent programmés et à soutenir avec enthousiasme mes propositions d’œuvres plus méconnues, parfois exhumées pour la circonstance, pour autant que les partitions en soient éditées et accessibles et pour autant que leurs effectifs soient compatibles avec l’espace scénique contraint que nous offre le choeur de la cathédrale. Ainsi en est-il avec Claude Kesmaecker, chef de l’Orchestre de la Musique de l’Air, également excellent transcripteur et arrangeur pour orchestres à vent, avec Aurore Tillac et Emilie Fleury, cheffes du Chœur de l’ Armée française, et avec Sébastien Billard, chef-adjoint de l’Orchestre de la Garde républicaine. Et je tiens tout particulièrement à rendre un hommage appuyé à François Boulanger, chef de l’Orchestre de la Garde Républicaine depuis 28 ans, au moment où ce dernier a choisi de quitter ses fonctions. Nous avons tissé ensemble de très fructueuses connivences musicales, dans une relation toujours empreinte de pudeur.
François Boulanger et Jean-Marc Luisada (© C. Dana-Helfrich)
A la tête de ces prestigieuses formations symphoniques et d’harmonie, dont le recrutement s’effectue au plus haut niveau, François Boulanger s’est affirmé comme un chef extrêmement exigeant mais aussi d’une grande bienveillance et d’une rare humilité, servant la musique avec une profonde ferveur, dénuée de toute ostentation. Un très grand musicien qui a su insuffler au sein de nos programmes et lors de tant de concerts placés sous sa direction en la cathédrale Saint-Louis, une rare intensité d’ expression, dans de bouleversantes interprétations qui resteront gravées dans ma mémoire. Il est d’ailleurs important de savoir et de faire savoir que, si ces chefs ont un statut et un grade militaire et portent l’uniforme de leur arme, ils ont effectué leurs cursus dans les plus hauts établissements supérieurs de formation musicale, en particulier le Conservatoire National Supérieur de Musique de Danse de Paris, et en sont sortis lauréats avec les plus hautes distinctions. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nos échanges, dans la perspective de l’élaboration de programmes, sont aussi passionnants, étant nourris et enrichis de leurs propres propositions et de leurs conseils, toujours pertinents. Je souhaite la bienvenue à Bastien Stil, nouveau chef de l’Orchestre de la Garde républicaine à partir du 1er septembre, qui dirigera les concerts des 24 janvier et 12 juin 2025.
Notre autre grand partenariat s’est tissé, dès la première saison musicale, avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, au travers de la création, dès janvier 1994, du cycle Jeunes talents-Premières Armes, grâce à l’ardent soutien de son directeur Marc-Olivier Dupin et de Gretchen Amüssen, directrice des relations extérieures. Le Conservatoire de Paris ayant été créé, en 1795, pour former les cadres des musiques militaires, son premier directeur en fut l’officier Bernard Sarrette, ancien capitaine de la Garde nationale, et les classes d’instruments à vent y étaient alors prédominantes. Nous nous sommes donc associés, en 1995, aux festivités musicales marquant la célébration du bicentenaire de cet établissement. Ce cycle programmé à la mi-journée a accueilli, en trente ans, plusieurs générations de jeunes étudiants très talentueux, en leur procurant une première expérience de la scène. Bon nombre d’entre eux, tels Renaud Capuçon ou Bruno Mantovani s’ en souviennent encore….
Je souhaiterais aussi mentionner quelques autres partenariats fidèles avec des musiciens aussi généreux humainement que musicalement, avec lesquels je chemine depuis tant d’années déjà, de saison en saison : notamment le claveciniste Olivier Baumont, le violoniste Julien Chauvin, les pianistes Jean-Marc Luisada, Anne Queffelec, Dana Ciocarlie, Frank Braley et Eric Le Sage, les comédiens Denis Podalydès, Didier Sandre, Francis Huster et Alain Carré, le violoniste Dong-Suk Kang, les violoncellistes Philippe Muller, François Salque et Emmanuelle Bertrand, le clarinettiste Paul Meyer, le Concert Spirituel et son chef Hervé Niquet, Les Talens lyriques et leur directeur musical Christophe Rousset, l’Ensemble Clément Janequin et son chef Dominique Visse – et tant d’ autres encore…
La Saison Musicale des Invalides a bénéficié de précieux parrainages qui m’ont incitée à poursuivre cette mission au long cours, et permettez-moi de citer notamment les pianistes Aldo Ciccolini, Philippe Entremont, Gaby Casadesus et Brigitte Engerer, qui m’ont honorée de leur soutien. Les encouragements de Claude Samuel, lorsqu’il était directeur de la musique à Radio-France et ceux du Général Louis Kalck, également organiste de talent, lorsqu’il était organisateur des concerts-mémoire pour le secrétariat d’Etat en charge des anciens combattants et de la mémoire, ont également été déterminants.
Et depuis quelques années, la Saison Musicale des Invalides s’enorgueillit d’accueillir régulièrement de plus jeunes formations musicales, tels Le Consort de Justin Taylor avec la mezzo-soprano Eva Zaïcik, Les Epopées de Stéphane Fuget avec Claire Lefilliâtre, La Rêveuse de Florence Bolton. Et certaines magnifiques rencontres, telle l’invitation d’I Gemelli d’Emilano Gonzalez Toro en compagnie de Zachary Wilder, en mai dernier, sont tellement galvanisantes que je n’ai de cesse d’imaginer un prolongement à y donner. Enfin, je suis particulièrement heureuse d’accueillir, à l’occasion de cette nouvelle saison des musiciens ne bénéficiant pas, à mes yeux, d’une juste reconnaissance médiatique à Paris, eu égard à leur exceptionnel talent. Notamment le violoniste Svetlin Roussev, qui est le soliste auprès de l’Orchestre de la Garde républicaine du Concerto pour violon de Beethoven et du Poème de Chausson, le 23 janvier 2025, lors de la restitution d‘un programme donné à Londres avec le concours de Yehudi Menuhin, le 4 avril 1943, en soutien au général de Gaulle. Mais aussi le pianiste Alexandre Paley, qui se produit en sonate avec la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton le 16 décembre 2024 et en récital le 7 avril 2025. La soprano Marie-Laure Garnier qui donne un récital avec la flûtiste Juliette Hurel et le pianiste Tristan Raës, le 17 mars 2025, en écho à la Seconde Guerre mondiale. Et, enfin, le violoncelliste Gary Hoffman dont le partenaire est Jean-Philippe Collard, le 24 mars 2025, pour le concert d’ouverture du cycle L’Esprit de Locarno.
Orchestre d’harmonie de la Garde républicaine / François Boulanger, direction
© Paris, Musée de l’Armée, 2023, Anne-Sylvaine Marre-Noël
CLASSIQUENEWS : De quelle manière le CIC s’associe –t-il à la programmation musicale des Invalides ?
Christine DANA-HELFRICH : Le CIC, grand partenaire du musée de l’Armée, contribue fort généreusement aux gestes patrimoniaux en faveur de la conservation et de la restauration de l’édifice des Invalides. Cette collaboration a notamment permis de restituer toute sa splendeur à la Salle Royale, l’un des quatre grands réfectoires où les pensionnaires de l’institution prenaient leurs repas en contemplant les décors polychromes réalisés par le peintre des batailles Joseph Parrocel, restaurés avec le soutien du CIC. Il apporte aussi son soutien aux expositions temporaires du musée et accompagne nos saisons musicales depuis 2003. Le CIC produit et finance un cycle de 8 concerts au sein de notre Saison Musicale des Invalides ; notamment le concert inaugural de cette nouvelle saison, donné le 10 octobre prochain par le Cercle de l’Harmonie placé sous la direction de son chef Jérémie Rhorer, dans un programme dédié à Beethoven, dont la pianiste Mari Kodama est la soliste. Les autres concerts de ce cycle musical, s’inscrivant en la cathédrale Saint-Louis et dont la programmation ne fait pas référence aux thématiques de saison choisies par le Musée, bénéficient de captation et de retransmission par Radio-Classique. Dans le cadre des concerts produits par le CIC lors de cette nouvelle saison, citons les prestations du ténor Roberto Alagna le 7 novembre, de l’octuor de violoncelles Cello 8 de Raphaël Pidoux avec la mezzo-soprano Marine Chagnon, le 26 novembre, de l’Ensemble Contraste avec la soprano Marianne Croux et le ténor Léo Vermot-Desroches, le 19 décembre, de l’Orchestre de Chambre de Mannheim avec le pianiste Jean-Paul Gasparian et Paul Meyer à la clarinette et à la direction, le 6 mars 2025, et de la mezzo-soprano Karine Deshayes en soliste auprès de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, le 10 avril 2025. Le CIC étant le partenaire financier exclusif des Victoires de la Musique Classique, nous en accueillons les lauréats, tout au long de ce cycle mais aussi en conclusion de celui-ci, avec le concert des nouvelles Révélations de l’Année 2025, le 19 juin 2025.
Propos recueillis en septembre 2024
Présentation de la saison 2024-2025 :
temps forts et cycles-événements…
LIRE aussi notre présentation de la saison musicale2024 – 2025 des INVALIDES : https://www.classiquenews.com/invalides-31e-saison-musicale-2024-2025-lesprit-de-locarno-une-certaine-idee-de-la-france-lexil-350e-anniversaire-de-la-fondation-des-invalides-le-cercle-de-l/
Le Musée de l’Armée-Les Invalides propose, pour sa saison musicale 2024 – 2025, un nouveau cycle de concerts parmi les plus riches de la Capitale, et ce dans le cadre patrimonial grandiose qui l’accueille, l’Hôtel National des Invalides, chef d’œuvre architectural édifié sous le règne de Louis XIV… Généreuse et originale, la saison musicale est conçue par Christine Dana-Helfrich, conservatrice en chef du Patrimoine et cheffe de la Mission Musique du musée de l’Armée-Les Invalides.
INVALIDES 2024 – 2025. 31ème saison musicale. L’esprit de Locarno / Une certaine idée de la France, L’Exil / 350ème anniversaire de la Fondation des Invalides… Le Cercle de l’Harmonie, Les Talens Lyriques, Roberto Alagna, Karine Deshayes, Isabelle Druet, Ensemble Contraste, Johan Farjot, Orchestre Symphonique de la Garde Républicaine…
Hôtel national des Invalides
129, rue de Grenelle
75007 Paris
Tél. : +33 (0)1 44 42 38 77
VOIR la programmation musicale des Invalides 2024-2025 sur le site du Musée de l’Armée : https://www.musee-armee.fr/au-programme/saison-musicale-invalides.html
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