A La Rochelle, le Festival AGAPÉ, festival international de musique et d’art sacré bat son plein dim 8 sept 2024, au programme : le Stabat Mater et plusieurs Concertos du Napolitain, Giovanni Battista Pergolesi, Pergolèse, par l’ensemble fondé par Jean Tubéry : La Fenice aVenire. Constant dans son approche soucieuse d’exactitude musicologique comme de sincérité artistique, Jean Tubéry et La Fenice aVenire poursuivent leur exploration des répertoires du XVIIè et du début XVIIIè, comme dans ce programme dédié à l’art du compositeur Napolitain, mort trop tôt, Pergolesi dont le Stabat Mater demeure le testament musical et spirituel.
Fauché à l’âge de 26 ans, Pergolesi laisse en 1736, alors qu’il est soigné au Monastère de Pouzzoles, son ultime œuvre, le Stabat Mater, tel le joyau d’une ferveur personnelle. Dans le sillon de son maître Alessandro Scarlatti, Pergolesi édifie une chapelle musicale intime qui place la souffrance de Marie au cœur de l’édifice, suscitant un fort sentiment compassionnel, « quittant le figuralisme littéral du premier baroque italien pour évoquer le discours trivial de la Passion : cruauté et cynisme de la foule et du spectacle prennent alors le pas sur la seule souffrance de la mère du Christ, dont la figure de Mater dolorosa se fait plus évanescente avec l’évocation de la proche Résurrection et des portes du Paradis », précise Jean Tubéry.
Le cheminement et les images du texte – légué par le poète franciscain Jacques de Todi (XIIIè) évoque la tendresse du croyant, confronté à la détresse digne de la Mère endeuillée ; en Marie, chacun touché, bouleversé par la sacrifice du Fils, espère être sauvé et accueilli comme Christ au Paradis.
Le fondateur de La Fenice aborde le Stabat Mater avec l’ajout d’un chœur de voix de femmes, « pratique alors courante dans les chapelles de couvent et autres « ospedali » accueillant les jeunes orphelines, tel celui de La Piéta dirigé par le contemporain vénitien Antonio Vivaldi. Cette présence chorale se justifie tant par l’emphase baroque des sentiments exacerbées de la Passion, que par l’évocation de la « Turba » (tumulte de la multitude) sur le chemin de croix ».
Les options interprétatives sont d’autant plus fondées qu’elle renforce davantage le sens et le caractère de la partition.
En préambule, une collection de pièces instrumentales minutieusement choisies, invitent les musiciens de La Fenice à briller en accents, nuances, couleurs, réalisant cette effervescence picturale et cette profondeur émotionnelle qui sont emblématiques de l’ensemble fondé par Jean Tubéry. La texture des cordes ainsi déployée prépare à l’écoute du Stabat Mater qui suit, où les instruments se joignent aux deux voix solistes et au chœur féminin. Incontournable.
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LA ROCHELLE,
Église Sacré-Coeur de la Genette
Dimanche 8 septembre 19h30
PERGOLESI : Stabat Mater, Concertos
La Fenice aVenire
Jean Tubéry, direction
avec la participation du Coro della Pietà de La Rochelle
INFOS & RÉSERVATIONS : https://festivalagape.org/concert-pour-la-paix-stabat-mater-concertos-de-pergolese-la-fenice-avenire-jean-tubery/
Programme
Giovanni Battista Pergolesi :
Symphoniae, Hymnus & Stabat Mater
– Sonata per organo in Fa Maggiore
– Sinfonia per archi & basso in Sol (Allegro, Largo, Allegro assai)
– Sinfonia per Violoncello & basso in Fa (Comodo, Adagio, Presto)
courte pause
– Hymnus : Summae Deus clementiae ~ Septem dolores virginis
– Stabat Mater, per soprano, alto, violini & coro
distribution
La Fenice aVenire
Jehanne Amzal, soprano
Clara Pertuy, alto solo
Jérôme van Waerbeke, violon
Anaëlle Blanc-Verdin, violon
Marie Bouvard, violon alto
Keiko Gomi, violoncelle solo
Ershad Vaeztehrani, contrebasse
Mathieu Valfré, orgue & clavecin
Jean Tubéry, direction
avec la participation du Coro della Pietà de La Rochelle
Musicien au génie précoce, Pergolèse est encore jeune quand il est emporté par la maladie à l’âge de 26 ans, année de composition de son fameux Stabat Mater. Écrit sur la trame de son maître Alessandro Scarlatti, il revisite l’œuvre par une relecture du texte résolument moderne, quittant le figuralisme littéral du premier baroque italien pour évoquer le discours trivial de la Passion : cruauté et cynisme de la foule et du spectacle prennent alors le pas sur la seule souffrance de la mère du Christ, dont la figure de Mater dolorosa se fait plus évanescente avec l’évocation de la proche Résurrection et des portes du Paradis.
La version qui sera donnée se voit enrichi de l’ajout d’un chœur de voix de femmes, pratique alors courante dans les chapelles de couvent et autres « ospedali » accueillant les jeunes orphelines, tel celui de La Piéta dirigé par le contemporain vénitien Antonio Vivaldi. Cette présence chorale se justifie tant par l’emphase baroque des sentiments exacerbées de la Passion, que par l’évocation de la « Turba » (tumulte de la multitude) sur le chemin de croix.
La présence des parties concertantes de violons peut parfois sembler extérieure à l’expression des affects exprimés par les 2 voix solistes féminines : une approche de la musique instrumentale de Pergolesi, telle que nous l’entendrons en première partie, nous permet dès lors de nous familiariser avec son style instrumental si personnel, évoquant le clair-obscur napolitain encore présent de son vivant sur les tableaux qui ornaient les chapelles et oratoires de la cité phare du baroque méridional.
Enfin, ce Stabat Mater aura pour particularité et unicité une introduction liturgique par le plain-chant de la fête de « Notre-Dame des sept douleurs », au lendemain de la fête de la Croix-glorieuse. Rappelons en les 7 événements douloureux de la vie de Marie :
– la prophétie de Siméon lors de la présentation au temple
– la fuite en Égypte durant le massacre des innocents
– l’enfant Jésus égaré, retrouvé auprès des docteurs du temple
– le regard de son fils portant sa croix lors de la montée au Calvaire
– la vision de Jésus crucifié, sa mère se tenant debout au pied de la croix (Stabat Mater dolorosa, juxtem crucem lacrimosa…)
– la réception du corps de son fils dépendu de la croix
– l’ensevelissement et la mise au tombeau de Jésus.
Si la fête liturgique de Notre-Dame des sept douleurs vient au lendemain de celle de la Croix-glorieuse, il n’est pas fortuit qu’elle suive d’une semaine seulement celle de la Nativité de la Vierge, qui tombe le 8 septembre du calendrier liturgique. Aussi, nous en entendrons le plain-chant à l’heure des vêpres en ce dimanche 8 septembre, en juste hommage tel que l’a rendu à la Mère de Dieu le trop jeune Giovanni-Battista Pergolesi. Écrit l’année même de sa mort, son chef-d’œuvre nous rend celle du Christ d’autant plus douloureuse, qu’il nous donne véritablement à voir et à entendre la compassion affligée d’une mère aimante et tant aimée de tous.
La Fenice aVenire / Jean Tubéry
Symbole du rayonnement de la musique italienne dans l’Europe baroque, la Fenice fut le nom d’une œuvre due à Giovanni Martino Cesare, cornettiste et compositeur italien du XVIIe siècle. JeanTubéry perpétue l’art du cornet à bouquin, instrument emblématique de Venise, tout en jouant aussi les flûtes baroques.
Le phénix – en italien la fenice, est à l’origine cet oiseau fabuleux de la mythologie qui se consume avant de renaître de ses cendres ;c’est aujourd’hui le nom emprunté par un groupe de musiciens réunis par le chef-cornettiste Jean Tubéry, animé du désir de faire revivre un répertoire en le révélant dans son extraordinaire vitalité, et de partager leur passion pour la fastueuse musique vénitienne de l’époque.
Issus de l’Europe entière, les instrumentistes de la Fenice et leurs partenaires vocaux – les Favoriti de La Fenice – sont tous des solistes internationalement reconnus, qui collaborent également avec les meilleurs ensembles du moment. Par le sérieux de son approche musicologique et la personnalité des musiciens qui la composent, La Fenice s’est imposée depuis comme un des ensembles incontournables dans l’interprétation du Seicento.
L’année anniversaire des 30ans de La Fenice voit la création de l’académie itinérante de La Fenice a Venire, vivier de jeunes talents amenés à rejoindre les rangs de La Fenice pour la décennie à venir.