samedi 10 mai 2025
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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Garnier, le 20 janvier 2025. RAMEAU : Castor et Pollux. Teodor Currentzis / Peter Sellars

La version initiale de Castor et Pollux (1737) de Jean-Philippe Rameau fait un retour remarqué à l’Opéra de Paris, là où les productions récentes ont préférées la révision de 1754. Plus proche du modèle lullyste avec ses récitatifs ensorcelants, cette première mouture bénéficie de l’imagination toujours aussi féconde de Rameau, pour ce qui reste l’un des plus grands succès de sa carrière. Comme en 2019 avec Les Indes galantes, le spectacle confié cette fois à Peter Sellars donne la part belle à la danse moderne de rue, en animant les nombreuses parties orchestrales d’une énergie roborative : de quoi ravir le public d’un vent de fraîcheur revigorant !

 

Le flexing à l’Opéra de Paris ? Le metteur en scène Peter Sellars (né en 1957) en rêvait, lui qui a travaillé avec le chorégraphe Cal Hunt voilà déjà dix ans, afin de faire connaître au plus grand nombre cette danse issue de la Jamaïque, avant de se développer dans les quartiers populaires de New York, lors des années 1990. Avec ses mouvements lascifs et lancinants, le flexing incorpore plusieurs  influences diverses, dont le fameux «moonwalk» de Michael Jackson. Cal Hunt a demandé à ses danseurs de ressentir la musique de Rameau, en lien avec le texte du livret explicité par Sellars, pour laisser libre cours à leur improvisation. Une  impression de collage est perceptible au début, avant que l’on s’habitue peu à peu à cette présence insolite et parfaitement réglée. Certaines scènes s’avèrent mieux intégrées que d’autres, à l’instar du voyage de Pollux aux enfers, où les contorsions des danseurs exploitent le décor de manière inattendue. On reconnait là la patte de Sellars, qui ose un décor unique pendant toute la représentation, en apparence banal avec son intérieur sans personnalité. Pour autant, la variété des éclairages, comme la direction d’acteurs mouvante et dynamique, permet un renouvellement constant, bien aidé par les vidéos toutes aussi envoûtantes projetées en arrière-scène : on assiste ainsi à des allers-retours permanents entre la grisaille d’un quotidien ordinaire et la grandeur hypnotique d’images satellites en mode cosmique.

 

La compréhension du livret par Sellars s’avère stimulante, en ce qu’elle invite à méditer sur la permanence de la guerre ici-bas, là où l’enfer supposé apparaît autrement plus serein en comparaison. Aucune image ne vient alourdir ce propos, évoqué tout du long à travers le seul costume de Pollux, dont le chemin initiatique gagne ainsi en profondeur, au-delà de ses amours ambivalents pour son frère et sa promise. Toutes ces qualités n’évitent pas toutefois un certain sentiment de lassitude devant la répétition de plusieurs gestuelles, au niveau des danseurs comme du choeur, sans écho à la narration évoquée. Quoi qu’il en soit, le spectacle bénéficie en premier lieu de l’interprétation superlative du Choeur Utopia, surtout côté féminin, entre précision des attaques et admirable homogénéité. Fondé en même temps que l’orchestre du même nom, voilà deux ans, cet ensemble fait ses débuts à l’Opéra de Paris sous la houlette de son directeur artistique Teodor Currentzis. Le chef gréco-russe surprend par ses tempi alternant extrême lenteur dans les passages apaisés, en contraste avec la vivacité des parties plus verticales. Très allégée et quasi transparente par endroit, cette lecture donne un tapis de velours au plateau vocal, qui n’a pas à forcer pour passer la rampe. On peut bien entendu contester ce parti-pris artistique poussant Rameau vers les effluves romantiques du XIXème siècle, dont le systématisme des phrasés, gorgés de détails toujours plus raffinés, fascine autant qu’il agace.

 

Le plateau vocal réuni à Paris apporte beaucoup de satisfactions, même si on aurait aimé une présence francophone plus soutenue. Ainsi de la soprano Jeanine De Bique, originaire de Trinité-et-Tobago, qui se fond avec délice dans les rêveries éthérées proposées par Currentzis, faisant valoir un timbre de velours lorsque la voix est bien posée, mais plus métallique en voix de tête. Si la voix manque de volume dans les ensembles, on aime la capacité de De Bique à faire vivre son personnage d’une variété d’intentions bienvenue. A ses côtés, Stéphanie d’Oustrac montre un même investissement dramatique éloquent, qui fait quelque peu oublier un vibrato trop prononcé au début, manquant de graves. Comme à son habitude, Marc Mauillon donne une prestation d’une solidité technique sans faille, qui l’impose comme l’un des interprètes les plus réjouissants du moment, dans le répertoire baroque (voir son récent succès dans Les Fêtes d’Hébé de Rameau à l’Opéra-Comique). Tous les seconds rôles se montrent à la hauteur de l’événement, à l’instar d’un Laurence Kilsby admirable de raffinement à chacune de ses interventions.

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Garnier, le 20 janvier 2025. RAMEAU : Castor et Pollux. Teodor Currentzis / Peter Sellars. Reinoud Van Mechelen (Castor), Marc Mauillon (Pollux), Jeanine De Bique (Télaïre), Stéphanie d’Oustrac (Phébé), Natalia Smirnova (Vénus), Nicholas Newton (Mars), Claire Antoine (Minerve), Nicholas Newton (Jupiter), Laurence Kilsby (Le Grand Prêtre de Jupiter). Choeur et Orchestre Utopia, Vitaly Polonsky (chef de chœur), Teodor Currentzis (direction musicale) / Peter Sellars (mise en scène). A l’affiche de l’Opéra national de Paris, au Palais Garnier, jusqu’au 23 février 2025. Toutes les photos © Vincent Pontet

 

VIDEO : Entretien avec Peter Sellars au sujet de sa mise en scène de « Castor et Pollux » au Palais Garnier

 

CRITIQUE, opéra. MONACO, Auditorium Rainier III, le 19 janvier 2015. MOZART : Don Giovanni. Davide Luciano, Antonio di Matteo, Maria Berengtsson, Edgardo Rocha, Tara Erraught, Peter Kellner… Orchestre du Wiener Staatsoper, Bertrand de Billy (direction)

Si tu ne vas pas à Vienne, Vienne viendra à toi ! C’est ainsi que l’Opéra de Vienne est venu donner Don Giovanni de Mozart à Monaco, dans une version « mise en espace ». Ce fut un régal : superbe orchestre, belle distribution et une « mise en espace » qui valait bien des mises en scène !

 

La « mise en espace » – que les néophytes ne doivent pas confondre avec les productions de la NASA ou de la fusée Ariane ! – est une formule intermédiaire entre la version de concert et la mise en scène. Elle a peut-être de beaux jours devant elle, quand on voit les incongruités que nous proposent certains metteurs en scène. La « mise en espace » de Don Giovanni donnée en l’Auditorium Rainier III de Monaco fut séduisante à tous points de vue. Les protagonistes évoluaient en costumes, sans partition bien sûr, entrant et sortant à l’envi, tournant autour de l’orchestre, se cachant derrière les pupitres, virevoltant, cabriolant, jouant leurs personnages, s’interpellant les uns les autres. Ils avaient tous en tête les éléments de mise en scène de Barrie Kosky à l’Opéra de Vienne – et l’ont adaptée allègrement sur la scène monégasque.

 

Et quels protagonistes ! Davide Luciano en Don Juan, voix virile, triomphante, torse bombé, jeu percutant, un génial Peter Kellner en Leporello, vivant, vibrant, coloré, étincelant comme un feu follet, un Commandeur de haute tenue en Antonio Di Matteo, un délicieux ténor mozartien en Edgardo Rocha (rôle d’Ottavio) et un très bon Andrei Maksimov en Masetto. Côté féminin, la Donna Anna de Maria Bengstsson, lyrique à souhait, fit forte impression, la Zerline d’Andrea Carroll fut adorable. l’Elvire de Tara Erraught communiqua à la salle le frisson de sa colère.

 

Le meilleur compliment que l’on puisse faire à l’Orchestre de l’Opéra de Vienne – la Wiener Staatsoper – est de dire qu’il fut « viennois ». Ce terme contient en lui-même toute l’idée d’élégance et de suavité qui qualifie sa manière de jouer. A Vienne, on parle de « Gemütlichkeit ». L’orchestre était dirigé par Bertrand de Billy – lequel faisait coup double à Monaco -, ayant superbement dirigé le dimanche précédent la 7ème Symphonie de Bruckner à la tête du Philharmonique de Monte-Carlo. Le Choeur de l’Opéra de Monte-Carlo a excellemment participé au spectacle, prenant part lui aussi à la mise en espace.

 

Ce concert entrait dans le cadre d’un Festival Mozart à Monaco qui durera jusqu’à la mi-février. Le moins qu’on puisse dire est que le festival a bien commencé !…

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CRITIQUE, opéra. MONACO, Auditorium Rainier III, le 19 janvier 2015. MOZART : Don Giovanni. Davide Luciano, Antonio di Matteo, Maria Berengtsson, Edgardo Rocha, Tara Erraught, Peter Kellner… Orchestre du Wiener Staatsoper, Bertrand de Billy (direction). Crédit photo © Marco Borrelli

 

CRITIQUE, concerts. LUXEMBOURG, Philharmonie, les 18 et 19 janvier 2025. MAHLER / TCHAÏKOVSKI. Orchestre National du Venezuela « Simon Bolivar », Marianne Crebassa (mezzo), Gustavo Dudamel (direction)

Après un passage par la Philharmonie de Paris, c’est à celle de Luxembourg que fait étape la fameuse formation internationale qu’est l’Orchestre Symphonique du Venezuela “Simon Bolivar”, dirigé depuis de longues années par l’actuel directeur musical de l’Opéra National de Paris, le chef vénézuélien Gustavo Dudamel. Au programme, sur deux soirées, la monumentale Troisième Symphonie de Gustav Mahler, puis la 4ème Symphonie de Piotr Illitch Tchaïkovski, les deux roboratives symphonies étant précédées de pièces symphoniques et chorales de compositeurs vénézuéliens.

 

C’est ainsi que, le premier soir, sont données à entendre deux courtes pièces chorales composées par José Antonio Abreu, fondateur du non moins fameux Orchestre “El Sistema”, créé il y a tout juste 50 ans, et dont le chef ainsi que de nombreux instrumentistes sont issus. Le public luxembourgeois a la chance de goûter à la beauté de la polyphonie de ces deux pièces pour chœur de femmes et d’enfants, la première toute emplie de poésie “Sol que das vida a los trigos” (“Soleil qui donne la vie au blé”), d’après un poème de Manuel Felipe Rugeles, tandis que la deuxième “Luz, tú” (“Toi, la Lumière”), s’avère plus spirituelle et religieuse, d’après un poème de Juan Ramon Jimenez. Fiers de leur patrimoine musical, les jeunes instrumentistes vibrent à l’unisson de cette musique qui reçoit un accueil particulièrement chaleureux. Le lendemain, ce sont deux morceaux symphoniques qui sont mis à l’honneur, “Todo terreno” de Ricardo Lorenz, d’un optimisme ravageur, et “Odisea por Cuarto venezolano”, pièce plus longue mais aussi plus anecdotique, de Gonzalo Grau, le “Cuarto” étant une petite guitare à quatre cordes, typiquement vénézuélien, ici joué par Jorge Glenn. Virtuose de l’instrument, ce dernier offre deux bis qui mettent le public dans sa poche, et lui valent même une standing ovation.

 

Mais revenons à l’événement que constitue toute interprétation de la Troisième Symphonie de Gustav Mahler, la plus longue et le plus grandiose (auprès de sa Seconde Symphonie) du compositeur autrichien. Dès le grand fracas inaugural des huit cors, on reste impressionné par l’homogénéité et la puissance de l’articulation, et débute alors un état de grâce pour l’orchestre – comme pour les spectateurs – que l’on ne quittera plus pendant les 1h40 que dure l’ouvrage mahlérien. Chaque pupitre se hisse à son summum : élégance des cordes, sonorité expressive des instruments à vents et infaillibilité des cuivres. Les trompettes et les trombones se couvrent notamment de gloire, à commencer par le trombone solo d’Alejandro Diaz, au timbre velouté et doux, à lui seul porteur d’émotion, et le cor de postillon de Pacheco Flores, d’une virtuosité à toute épreuve. Si l’on se doit de citer également les percussions, saisissantes par leur exactitude rythmique et stylistique, c’est bien la qualité collective de l’orchestre – et son extraordinaire équilibre de timbres – qui suscite ce soir notre admiration et soulève notre enthousiasme. Cependant, le moment le plus magique et bouleversant de la soirée, on le doit bien à la mezzo héraultaise Marianne Crebassa qui offre au public le plus émouvant « O Mensch ! » que l’on ait pu entendre : la tenue de la voix, la couleur du timbre, l’intelligence du phrasé, la pureté du grave, et surtout l’ineffable émotion qu’elle parvient à distiller par son chant, le public présent s’en souviendra longtemps comme un pur moment d’éternité…

 

Le lendemain, c’est la non moins grandiose 4ème Symphonie de Piotr Illitch Tchaïkovski qui est à l’honneur. Irréprochable de bout en bout, la phalange vénézuélienne enthousiasme au plus haut point dans cette interprétation éminemment romantique et lyrique, qui préfère l’hédonisme à l’âpreté de certaines lectures russes, par exemple. Ouvert par la fanfare de cuivres, on apprécie, dans l’Andante sostenuto initial, le lyrisme et le legato des cordes tandis que les cuivres entretiennent un sentiment d’urgence, de menace et d’accablement. Gustavo Dudamel utilise les masses orchestrales pour appuyer le climat de menace latente, sans sacrifier la clarté de discours, ni l’équilibre entre les pupitres. L’Andantino offre un moment plus serein, cantabile et hédoniste, riche en nuances et variations rythmiques, sur un tempo plutôt lent où se distinguent plus particulièrement hautbois, basson et cordes. Célèbre et toujours très attendu, le Scherzo affiche une belle dynamique, festive, entretenue par des pizzicati particulièrement tranchants, faisant contraste avec les stridences des bois. Le Finale, très théâtral, presque hollywoodien, sait judicieusement entretenir une atmosphère d’inquiétude avant la cavalcade finale, incandescente, ponctuée par les sonneries du destin… Mais c’est cependant dans la joie que s’achève la soirée, avec le tube qu’est “Mambo” extrait de West Side Story, un incontournable de tous les concerts donnés la phalange sud-américaine, dans lequel les instrumentistes changent de siège, tout en hurlant les fameux “Mambo !” – à la plus grande joie d’un public… qui finit à nouveau debout !

 

 

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CRITIQUE, concerts. LUXEMBOURG, Philharmonie, les 18 et 19 janvier 2025. MAHLER / TCHAÏKOVSKI. Orchestre Symphonique du Venezuela « Simon Bolivar », Marianne Crebassa (mezzo), Gustavo Dudamel (direction). Toutes les photos © Alfonso Salgueiro

 

VIDEO : « Mambo » extrait du « West Side Story » de Bernstein par l’Orchestre Syùphonique du Venezuela « Simon Bolivar » dirigé par Gustavo Dudamel

 

CRITIQUE, opéra. Opéra de Massy, le 19 janvier 2025. VERDI : Le Trouvère. David Banos (Manrico), Irina Stopina (Leonora), Jiujie Jin (Azucena), Nicola Ziccardi (Luna), … Orchestre de l’Opéra de Massy, Constantin Rouits / Aquiles Machado

A l’Opéra de Massy, une production passionnante du Trouvère de Verdi. En invitant à nouveau la compagnie Opéra 2001, Philippe Bellot, directeur de l’Opéra massicois, – après une Norma la saison dernière plus que convaincante (avril 2024)-, affichait pour 3 dates Le Trouvère, drame familial tragique dont l’essence terrifique embrase littéralement les planches. Moins par la mise en scène conforme que pour la sélection vocale. Ce soir les spectateurs bénéficient de deux solistes électrisés, percutants dans les rôles centraux du couple amoureux, Manrico (le Trouvère) et son aimée Leonora. Avant les Mario et Tosca de Puccini, Verdi brosse un portrait incandescent de deux amants, d’une insolence conquérante et dont la résilience malgré les épreuves tout du long, saisit par sa lumière continue.

 

La production tout en pénombre et éclairages crépusculaires illustre cette idée d’un labyrinthe asphyxiant qui éprouve jusqu’à le détruire, chaque individu pris dans la spirale de la haine et de la vengeance. Aucun n’en réchappe : ni la mère gitane de Manrico (dévastée par ses visions) : Azucena ; ni Manrico lui-même qui sera brûlé ; ni Leonora qui n’hésitera pas à se sacrifier tout en s’empoisonnant. Face à eux, l’esprit du mal total, débordant d’une jalousie destructrice, le Comte de Luna dont la perversité manipulatrice s’oppose aux deux figures de l’amour. Las, ce soir, le baryton (Nicola Ziccardi) ne semble pas saisir la toxicité terrifiante du personnage… chant trop lisse, manque d’engagement dramatique, débit difficile… A contrario, le couple Manrico / Leonora embrase littéralement les planches ; leur ardeur, leur intensité, le style et la couleur de chaque timbre font mouche ce soir ; d’autant que Verdi a le génie des trios et surtout des duos ; du trio avec Luna qui conclue l’acte I ; aux duos sublimes des deux derniers actes, Le Trouvère et son aimée, affichent une détermination amoureuse, ardente, impérieuse, sans jamais fléchir.

 

Les deux solistes incarnent cette ardeur, une jeunesse volontaire que le ténor David Banos (Manrico) et la soprano Irina Stopina (Leonora) partagent sans faiblir. Ce Trouvère a fier allure, impétueux, conquérant, d’une très belle intensité scénique et vocale. Même enthousiasme pour Leonora : la finesse et les somptueuses couleurs du timbre d’Irina Stopina affirme une jeune femme, déterminée, vaillante, capable d’élégance grâce à des sons filés et une attention au texte qui se bonifient en cours de représentation. Des interprètes aussi impliqués et justes enrichissent considérablement le profil psychologique et dramatique de leur personnage. A ce titre, le dernier duo entre Manrico et sa mère Azucena, dans la geôle qui les retient prisonniers, affirme une tendresse tendue qui s’avère passionnante : le ténor assure crânement tous ses aigus, dans une émission franche, une justesse sûre, des couleurs et parfois des phrasés de toute beauté. On reste moins convaincus par le chant uniforme et peu articulé de Jiujie Jin (Azucena) dont la dernière réplique, dévoile la clé de toute l’intrigue. Dans cette production qui file d’acte en acte, grâce à la baguette très efficace du chef Constantin Rouits, la musique tient sa place, les chœurs aussi, magnifiques, convaincants ; soulignons l’équilibre somptueux de l’orchestre en fosse : à la fois détaillé et motorique. Le Trouvère fait partie de la trilogie géniale verdienne, précédant Rigoletto puis La Traviata : expressionniste, contrastée, fantastique voire terrifiante, la partition enchaîne les tubes, précipite l’action, n’épargne rien ni aux spectateurs ni aux interprètes.

 

Le maestro réussit particulièrement la seconde partie quand les personnages s’exacerbent, dans une succession de tableaux spectaculaires qui exposent la détermination de Manrico, sa relation lumineuse, radicale avec Leonora, mais aussi sa relation bouleversante à sa mère Azucena… laquelle se montre submergée par l’image de sa propre mère brûlée vive. Torches vivantes, âmes éprouvées, exacerbées, situations radicales, flux orchestral lui aussi à l’impérieuse urgence… rien ne manque ce soir pour le plus grand plaisir du public qui a répondu à cette affiche : les artistes jouent à guichet fermé. Saluons l’Opéra de Massy de poursuivre ainsi une programmation parmi les plus réussies, populaire, accessible, artistiquement passionnante. Photo : © classiquenews 2024

 

 

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CRITIQUE, opéra. Opéra de Massy, le 19 janvier 2025. VERDI : Le Trouvère. David Banos (Manrico), Irina Stopina (Leonora), Jiujie Jin (Azucena), Nicola Ziccardi (Luna), … Orchestre de l’Opéra de Massy, Constantin Rouits (direction) / Aquiles Machado, mise en scène.

 

 

Prochaine production événement à l’Opéra de Massy : spectacle de danse, soirée hommage à Rudolf Noureev : dimanche 26 janvier 2025, 16h (avec 6 danseurs de l’Opéra de Paris). https://www.opera-massy.com/fr/soiree-rudolf-noureev.html?cmp_id=77&news_id=1095&vID=80

CRITIQUE LIVRE événement. L’Opéra Garnier, dessins pour un chef-d’œuvre (Editions Gourcuff Gradenigo)

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Réalisation décidée, conçue par le Second Empire dont elle couronne l’urbanisme du Paris Hausmannien, l’Opéra de Charles Garnier est cependant achevé par la IIIè République dont le bâtiment illustre le goût pour l’éclectisme raffiné. Les très nombreux plans dessinés, gravés produits par Charles Garnier et son agence, tout au long de la gestation d’un chantier pharaonique, permet de suivre les évolutions esthétiques, menant de la conception à la réalisation.

 

La publication est un événement car elle interroge précisément le corpus des plans et dessins liés à la construction. Détaillés, complets, les dessins méritent cette édition dédiée, véritables œuvres d’art qui explicitent les éléments du goût de chaque régime. Chaque plan, coupe, élévation (et aussi maquettes…) permet de comprendre le fonctionnement des bâtiments, leur destination, … la circulation dans les espaces publiques ; outre la présentation des travaux des architectes lors du concours de 1860 – 1861, la plupart d’une précision impressionnante (dessin des façades principale, postérieure, latérales, etc… fonds où demeure toujours introuvable le projet de Garnier !), on suit pas à pas les avancées du chantier… jusqu’à l’été 1870 où la déclaration de guerre et la chute de l’Empire stoppent net les travaux.

 

Les plans de Charles Garnier (lauréat du Concours de 1861), conservés pour leur plus grande part à la Bibliothèque-musée de l’Opéra (département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France), comme l’architecte en avait exprimé le désir, mais aussi à l’École nationale supérieure des beaux-arts, dans le fonds légué par la veuve de l’architecte, (et à la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie) constituent un patrimoine graphique et documentaire inestimable.

 

La publication sélectionne les dessins les plus importants ; les présente dans une logique architecturale : extérieurs (avec les différentes façades) et intérieurs (Vestibule, Grand Escalier, Avant-foyer, Grand Foyer, espaces des abonnés, espaces prévus pour l’Empereur, salle de spectacle, foyer de la danse…), autant d’espaces spécifiques qui accréditent l’idée d’une architecture à la fois majestueuse et …utilitaire. Le décor y orchestre néanmoins dans sa démesure générale, – à laquelle participent tous les corps de métiers et de l’artisanat d’art, une nouvelle rationalité esthétique dont témoigne (entre autres) le scandaleux groupe sculpté de la Danse de Carpeaux, inauguré avec un retentissement considérable à l’été 1869.

La notice du début introduit chacune des sections et présente les documents tout en les contextualisant. Plusieurs projets non aboutis qui marquent une étape de la pensée de Garnier, sont présentés dans l’ouvrage pour comprendre de l’intérieur la pensée architecturale de Garnier, vers plus de raffinement, de pragmatisme, vers un équilibre entre fonctionnalité et splendeur (décor des foyers de la Danse et du Chant, etc). Tout œuvre ici à clarifier la genèse d’un chantier exceptionnel dans l’histoire de Paris et pour le Second Empire qui allait se réaliser enfin en 1875, quand sont présentés les premiers spectacles.

 

 

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CRITIQUE LIVRE événement. OPÉRA GARNIER : dessins pour un chef d’œuvre. Parution : déc 2024 – Auteurs : Mathias Auclair – Préfaces d’Alexander Neef (directeur général de l’Opéra national de Paris) et Gilles Pecout (président de la Bibliothèque nationale de France) – Dimensions : 32.1 cm x 24.1 cm x 1.6 cm – 144 pages – EAN : 9782353404117 – éditions GOURCUFF GRADENIGO (décembre 2025)
Infos sur le site de l’éditeur Gourcuff Gradenigo : http://www.gourcuff-gradenigo.com/librairie/index.php?id_product=332&controller=product&id_lang=1

PLUS D’INFOS et achat en ligne, directement sur le site de la boutique de l’Opéra de Paris : https://boutique.operadeparis.fr/fr/product/294333-opera-garnier-dessins-pour-un-chef-oeuvre.html

CRITIQUE, opéra. GAND, Opéra des Flandres (du 10 au 18 janvier 2025). R. STRAUSS : Salome. Ersan Mondtag / Aléjo Pérez

Le public flamand découvre pour la troisième fois le travail du trublion Ersan Mondtag, jamais avare de provocations dans ses mises en scène hautes en couleurs. Après les réussites du Forgeron de Gand de Schreker en 2020, puis du Lac d’argent de Kurt Weill l’année suivante (voir la récente reprise à Nancy), l’Allemand s’attaque à l’un des plus parfaits chefs d’oeuvre de Richard Strauss, adapté de la Salomé d’Oscar Wilde.

 

Disons-le d’emblée : il ne s’agit pas du travail le plus abouti de Mondtag, qui cherche certes à surprendre, mais au prix de partis-pris pour le moins contestables. Ainsi de l’utilisation répétée des mitraillettes pour figurer la violence du monde post-apocalyptique dans lequel les personnages sont plongés : les armes sont plusieurs fois utilisées par Salomé pour convaincre Jochanaan, puis Herodes, là où le texte préfère la persuasion psychologique, dans l’insistance tranquille mais déterminée de l’héroïne. Cette facilité se retrouve en fin d’ouvrage, lorsque les femmes prennent brutalement le pouvoir, tandis que Salomé chérit fébrilement la tête de l’homme qui s’est refusé à elle. Le choix de montrer une Salomé hésitante, alors que le monde s’écroule autour d’elle, donne ainsi à voir une personnalité plus complexe qu’il n’y paraît. Comme à son habitude, Mondtag s’appuie sur une scénographie et des costumes spectaculaires, dévoilés par le plateau tournant en de multiples saynètes lors des passages orchestraux. De quoi enrichir l’action au niveau visuel, sans apporter toutefois de réel apport sur le fond. On est ainsi assez dubitatif quant au choix de montrer Jochanaan sur le bord du plateau, en observateur extérieur du récit, alors que son sacrifice est imminent.

 

Face à cette mise en scène inégale, le plateau vocal montre lui aussi quelques faiblesses notables. Ainsi du rôle-titre interprété par Allison Cook, qui peine à passer la rampe dans les tutti souvent dantesques de Strauss, montrant davantage de finesse dans les parties apaisées, malgré quelques suraigus arrachés dans les hauteurs de la tessiture. Si l’interprétation est à la hauteur du personnage, on est en droit d’attendre une Salomé autrement plus vaillante vocalement. L’autre déception vient des couleurs ternes et de l’émission engorgée de Florian Stern (Herodes), qui fait pâle figure aux côtés de la toujours flamboyante Angela Denoke. La soprano allemande conserve ce tempérament de feu qui brûle les planches, faisant de chacune de ses interventions un grand moment dramatique. On aime aussi le Jochanaan vibrant et incarné de Michael Kupfer-Radecky, qui donne une belle hauteur de vue à son interprétation, autour de graves bien projetés. Tous les seconds rôles se montrent à un niveau superlatif, particulièrement le Narraboth touchant de Denzil Delaere.

 

Parmi les satisfactions de la soirée, la direction flamboyante d’Aléjo Pérez montre toutes les affinités du directeur musical de l’Opéra Ballet des Flandres avec le répertoire post romantique. La richesse des couleurs, tour à tour morbides et enchanteresses, tout autant que l’articulation des majestueux phrasés de Strauss, montrent un chef argentin à la fête, également inspiré dans la célébrissime et ensorcelante Danse des sept voiles, en fin d’ouvrage.

 

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CRITIQUE, opéra. GAND, Opéra des Flandres, le 18 janvier 2025. R. STRAUSS : Salome. Astrid Kessler/Allison Cook* (Salome), Thomas Blondelle/Florian Stern* (Herodes), Angela Denoke (Herodias), Kostas Smoriginas/Michael Kupfer-Radecky* (Jochanaan), Denzil Delaere (Narraboth), Linsey Coppens (Ein Page der Herodias, Ein Sklave), Daniel Arnaldos (Erster Jude), Hugo Kampschreur (Zweiter Jude), Timothy Veryser (Dritter Jude), Hyunduk Kim (Vierter Jude), Marcel Brunner (Fünfter Jude, Zweiter Soldat), Reuben Mbonambi (Erster Nazarener, Ein Kappadozier), Leander Carlier (Zweiter Nazarener), Igor Bakan (Erster Soldat), Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Aléjo Pérez (direction musicale) / Ersan Mondtag (mise en scène). A l’affiche de l’Opéra des Flandres, à Anvers du 18 au 31 décembre 2024, puis à Gand du 10 au 18 janvier 2025.Crédit photo © Annemie Augustijins

 

VIDEO : Teaser de « Salomé » selon Ersan Mondtag à l’Opéra Ballet des Flandres

 

ENTRETIEN avec KAZUKI YAMADA à propos de la saison 2024 – 2025 de l’OPMC Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo

Le directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo / OPMC, présente les spécificités de la phalange qu’il dirige depuis 2016. Cette saison en cours est sa déjà 9ème, et le maestro approfondit encore sa relation avec les instrumentistes dans le sens de la communication, de l’écoute, du confort pour tous, et aussi de la liberté du geste collectif… un fonctionnement complice qui a déjà produit ses fruits et qui dans la suite de L’Ancêtre, opéra révélé de Saint-Saëns, se manifeste au cours des prochains événements dont le festival MOZART à MONACO, mais aussi à travers les programmes différents conçus jusqu’en juin 2025. C’est un équilibre subtil où le chef veille autant à la sonorité globale qu’à l’individualité instrumentale. Le prochain événement entre autres sera L’Enfant et les sortilèges de Ravel réalisé le 21 mars pour le centenaire de l’œuvre, point fort de l’année Ravel 2025… mais aussi le Double Concerto de Brahms avec Anne-Sophie Mutter (8 juin 2025)… Solistes invités et artistes en résidence, grands concerts à venir, place de la musique française, présentation des temps forts à ne pas manquer à Monaco.

 

 

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Photo grand format ci-dessus : portrait de Kazuki Yamada © Sasha Gousov / OPMC

 

CONSULTEZ la brochure de la saison 24 -25 de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo : https://opmc.mc/wp-content/uploads/2024/06/1.-OPMC-brochure-saison-24-25.pdf

 

 

CLASSIQUENEWS : Quelles sont les principales qualités de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo ? En quoi est-il spécifique et comment a-t-il gagné une identité forte ?

KAZUKI YAMADA : Je pense que la principale qualité de notre orchestre est sa sonorité unique et brillante, qui est basée sur des timbres français, mais mélangé à une atmosphère italienne … pays géographiquement et historiquement proche de Monaco. A l’origine fondé pour être un orchestre d’opéra, l’OPMC continue de jouer de nombreux ouvrages lyriques, mais en même temps, je peux dire que c’est un orchestre extrêmement adaptable et flexible pour le répertoire symphonique. Il s’agit de ma 9ème saison en tant que directeur artistique et musical de l’OPMC. A présent, je sens que je peux jouer avec les musiciens dans une parfaite harmonie, peu à peu renforcée au cours de ces neuf dernières années. Bien sûr, nous faisons toujours des répétitions assidues en préalable à chaque concert, mais cela ne nous empêche pas de jouer avec enthousiasme et même avec fraîcheur ; de nous sentir inspirés les uns par les autres, et ce, dans chaque programme.

 

CLASSIQUENEWS : Quels sont les éléments que vous travaillez particulièrement avec les instrumentistes ?

KAZUKI YAMADA : J’essaie de faire en sorte que ma communication avec les musiciens, en tant que chef d’orchestre, ne soit pas « à sens unique », de moi vers eux. Je veille à ce qu’ils n’aient pas le sentiment d’être contraints à appliquer strictement les instructions du chef d’orchestre, mais de se sentir détendus et de respirer librement tout en faisant de la musique. Tout comme chaque visage humain est différent, la couleur du timbre de chaque musicien est différente. Un orchestre est constitué de la combinaison des tonalités de chacun de ces musiciens ; je garde donc toujours à l’esprit l’idée que chaque performance fasse ressortir l’individualité de chaque membre.

 

CLASSIQUENEWS : Depuis que vous dirigez l’Orchestre, comment a-t-il évolué? Comment avez-vous développé votre propre style? Dans quelle direction?

KAZUKI YAMADA : L’influence mutuelle que l’orchestre et moi-même avons eue l’un sur l’autre, au cours des neuf dernières années, a été énorme. Contrairement à un chef invité qui peut se concentrer sur le succès du seul concert pour lequel il a été invité, le directeur musical a pour objectif de développer l’orchestre sur une longue période. Pour moi, l’OPMC était le premier orchestre dont j’ai occupé le poste de directeur musical ; au début, je n’en avais aucune expérience. Beaucoup de choses ont changé en moi au cours des neuf dernières années. Cela comprend, par exemple, la façon dont je dirige les répétitions et le processus de création musicale dont le point final est la performance du concert.
De même, la façon dont j’interagis avec les musiciens me semble avoir changé de manière spectaculaire. J’ai appris à mieux les comprendre. Chaque instrumentiste est un être humain avant d’être un musicien. Je pense que la plus grande expérience pour moi a été de réaliser cela.

 

 

CLASSIQUENEWS : Pour cette saison 2024 – 2025, comment avez-vous conçu le programme artistique général? Quels sont les points forts?

KAZUKI YAMADA :Le point culminant de la saison a été le concert et l’enregistrement de « L’Ancêtre », l’opéra (peu connu) de Camille Saint-Saëns. Pour ce projet, l’Orchestre et les chanteurs ont obtenu de merveilleux résultats. Inutile de dire que chaque concert tout au long de la saison est très spécial, mais je peux dire qu’un autre point fort résidera dans les représentations des deux opéras de Maurice Ravel. Notamment, « L’Enfant et les sortilèges » qui a été créé à Monaco le 21 mars 1925. J’ai donc le grand plaisir et l’honneur de diriger cet opéra exactement 100 ans plus tard, le même jour, le 21 mars 2025.
Enfin, une autre caractéristique notable de cette saison est aussi la participation des frères Lucas & Arthur Jussen ; les deux pianistes sont reconnus internationalement, ils sont incroyablement talentueux, et participent à notre saison en tant qu’artistes en résidence (concert symphonique « Grande saison », 13 avirl 2025).

 

 

CLASSIQUENEWS : Pouvez-vous nous présenter le Festival Mozart à Monaco de janvier 2025 ? les temps forts, les défis, les enjeux, les formes musicales…

KAZUKI YAMADA : Nous avons lancé ce festival il y a quelques années et il a été très bien accueilli par notre public. En se concentrant sur un compositeur particulier, ce projet crée une sympathie particulière entre les musiciens et le public qui partagent l’instant. Dans le cas de grands orchestres comme l’OPMC, Mozart n’est pas joué régulièrement. Je peux dire que le son du Mozart que l’OPMC joue à l’occasion du festival, est unique et ne peut être entendu nulle part ailleurs dans le monde.

 

CLASSIQUENEWS : Pouvez-vous nous parler des enjeux des grands concerts que vous dirigez (à partir du 2 février, puis les 30 mars et 8 juin prochains), du choix des solistes invités, du choix des œuvres, de l’hommage à Ravel ?

 

2 février 2025
Chose inhabituelle, deux solistes joueront successivement deux concertos : Alexandra Dovgan (piano) et Bohdan Luts (violon). Tous deux sont de très jeunes artistes, très talentueux et prometteurs. Ils interpréteront chacun un concerto composé par le jeune Mozart. J’espère que le public appréciera leur deux grands talents et la musique méconnue du jeune Mozart. INFOS & Réservations : https://indiv.themisweb.fr/0526/fChoixSeance.aspx?idstructure=0526&EventId=1278&request=QcE+w0WHSuCzWDnDWpkYGsQqvYDsJea2N2ZLWyNAOxe9iXp4GkoGO9rTvjAIlBrBS7UiP6xtXJ5TzLbv2yNjw2nXgwTmDQuw
30 mars 2025
Ce concert sera dédié à Ravel dans le cadre de la célébration des 150 ans de sa naissance. Comme les deux opéras de Ravel mentionnés ci-dessus seront également joués, le mois de mars peut être appelé « Mois Ravel ». Ce concert du 30 mars présentera les œuvres orchestrales de Ravel, avec le Boléro et les deux Concertos pour piano ; le programme explorera l’essence de la musique française. Ce sera ma première performance avec le pianiste Nelson Goerner. Sa virtuosité est célèbre et je suis très impatient de jouer avec lui. Infos & Réservations : https://opmc.mc/concert/hommage-a-ravel-30-mars-2025/
8 juin 2025
Ce concert va réaliser un rêve de longue date pour moi : jouer avec Anne-Sophie Mutter. Je suis également très excité et impatient de voir l’interaction entre Anne-Sophie Mutter et Pablo Ferrández dans le Double Concerto de Brahms.
Nous accueillerons également un jeune flûtiste japonais en tant que soliste dans « I Hear the Water Dreaming » de Toru Takemitsu. Ce concert nous rappellera à quel point il est merveilleux que les cultures des différents continents peuvent être ainsi connectées par la musique. INFOS & Réservations : https://opmc.mc/concert/concert-symphonique-8-juin-2025/.
Répétitions de L’Ancêtre © Alice Blangero

 

 

CLASSIQUENEWS : Quel est votre rapport avec la musique française ? Avez-vous des œuvres préférées sur ce sujet ?

KAZUKI YAMADA : Depuis que j’ai reçu le Premier Prix du 51ème Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon en France, j’ai eu l’occasion de jouer avec plusieurs orchestres français. Cela m’a donné beaucoup de possibilités de jouer de la musique française que j’ai fini par aimer véritablement. Je prends toujours un plaisir suprême à sentir non seulement les sons eux-mêmes, mais aussi les couleurs, le parfum et les températures dans la musique. La musique française est réellement fascinante avec un son coloré et plein qui englobe tous ces éléments. J’adore pouvoir jouer de la musique française avec ma sensibilité japonaise. J’aime tellement toutes les œuvres qu’il est difficile d’en choisir une ou deux ici.

 

CLASSIQUENEWS : Quels sont les plus grands défis pour un orchestre : le genre symphonique, l’opéra, la musique concertante avec un soliste ? Y a-t-il des particularités pour chacune de ces formes musicales ?

KAZUKI YAMADA : L’OPMC et tous les grands orchestres sont artistiquement excellents ; donc on peut dire qu’il y a peu de pièces qui sont injouables à notre époque. D’un autre côté, le plus grand défi est peut-être de savoir comment exprimer quelque chose qui semble simple, avec un goût juste, plutôt que quelque chose de compliqué.

 

CLASSIQUENEWS : Pourquoi avoir choisi les frères Lucas & Arthur Jussen ?

KAZUKI YAMADA : Parce que je les aime tellement !

 

Propos recueillis en janvier 2025

 

 

TOUTES LES INFOS, le détail des programmes, les cycles, les artistes invités et en résidence, la billetterie en ligne… sur le site de l’OPMC Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo saison 2024 – 2025 : https://opmc.mc/saison-24-25/

 

approfondir

 

LIRE aussi notre présentation du FESTIVAL MOZART à MONACO, du 23 janvier au 2 février 2025 : https://www.classiquenews.com/orchestre-philharmonique-de-monte-carlo-festival-mozart-a-monaco-du-23-janvier-au-2-fevrier-2025-concerts-symphoniques-musique-de-chambre-recital-lyrique-pierre-genisson-ton-koopman-bo/

 

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO. Festival MOZART A MONACO, du 23 janvier au 2 février 2025. Concerts symphoniques, musique de chambre, récital lyrique… Pierre Génisson, Ton Koopman, Bohdan Luts, Alexandra Dovgan, Kazuki Yamada…

 

 

 

LIRE aussi notre CRITIQUE de l’opéra L’Ancêtre de Saint-Saëns par l’OPMC / Kazuki Yamada (oct 2024): https://www.classiquenews.com/critique-opera-monte-carlo-auditorium-rainier-iii-le-6-octobre-2024-saint-saens-lancetre-en-version-de-concert-j-holloway-j-henric-g-arquez-h-carpentier-orchestre-ph/

CRITIQUE, opéra. MONTE-CARLO, Auditorium Rainier III, le 6 octobre 2024. SAINT-SAËNS : L’Ancêtre (en version de concert). J. Holloway, J. Henric, G. Arquez, H. Carpentier… Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Kazuki Yamada (direction).

 

LIRE aussi notre présentation des temps forts de la saison 2024 – 2025 de l’OPMC Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo/ MONACO / Mozart à Monaco, Hommages à Ravel & Chostakovitch, Charles Dutoit, Martha Argerich, Mirga Grazinyte-Tyla, Nathalie Stutzmann, Lucas & Arthur Jussen…

: https://www.classiquenews.com/opmc-orchestre-philharmonique-de-monte-carlo-saison-2024-2025-kazuki-yamada-direction-mozart-a-monaco-hommages-a-ravel-chostakovitch-charles-dutoit-martha-argerich-mirga-grazinyte-tyla-n/

 

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE de MONTE-CARLO, saison 2024 – 2025 (Kazuki Yamada, direction). Mozart à Monaco, Hommages à Ravel & Chostakovitch, Charles Dutoit, Martha Argerich, Mirga Grazinyte-Tyla, Nathalie Stutzmann, Lucas & Arthur Jussen…

 

CRITIQUE, concert. PARIS, Philharmonie, le 13 janvier 2025. BOULEZ / BRAHMS. London Symphony Orchestra, Barbara Hannigan (soprano), Sir Simon Rattle (direction)

Par un hasard de calendrier, la soirée du 13 janvier marquait une série d’anniversaire à la Philharmonie de Paris. La Cité de la musique dessinée par Christian de Portzamparc a 30 ans, l’édifice de Jean Nouvel abritant la Grande Salle Pierre Boulez a 10 ans, alors que cette année 2025 célèbre également le Centenaire de la naissance de Pierre Boulez. Pour souffler ces multiples bougies, il fallait un maître de cérémonie de choix. Sir Simon Rattle – qui s’apprête à fêter ses 70 ans – s’est donc remis à la tête d’un London Symphonie Orchestra qu’il connaît intimement, puisqu’il en a été le chef principal de 2017 à 2023, et ce dans un programme qui pourra sembler disparate au premier abord.

 

Tout d’abord, anniversaire oblige, Éclats de Pierre Boulez, oeuvre d’environ 8 minutes pour quinze instruments qui donne la sensation de fragmenter et d’égrainer le temps par des changements de rythme et des traits vifs demandant virtuosité et concentration d’exécution. La partition aura pour effet de faire songer, comme le soulignait Claude Rostand à un Aérolithe Musical, à la forme intérieur comme extérieur du bâtiment de la Philharmonie de Paris. S’en est suivi la création Française de Interludes and Aria de George Benjamin qui venait tout juste d’être créé mondialement, le 9 janvier 2025, par le même casting – à savoir le LSO dirigé par Sir Simon Rattle et Barbara Hannigan – au Barbican Centre de Londres. L’oeuvre se présente comme un montage d’extraits du troisième opéra de Benjamin, Lessons in Love and Violence relatant la délicate fin de règne du roi d’Angleterre Edouard II, mêlant intrigue de cour, amour homosexuel et assassinat. Cette oeuvre à la fois colorée et oppressante laisse une impression brumeuse d’un rêve étrange, sans compter l’intervention de Barbara Hannigan dans une entrée en scène spectaculaire. Malgré une voix qui parfois manque de puissance, on retiendra son impressionnant engagement physique donnant corps à la composition de Benjamin, présent à cette première française.

 

La seconde partie du concert laissa la place à la Symphonie n°4 de Johannes Brahms. Malgré la tonalité mineur de cette dernière symphonie, celle-ci sonna d’un éclat tout solaire sous la direction de Rattle. Bien que l’orchestre avait largement fait ses preuves dans les deux pièces précédentes, les musiciens de chaque pupitres démontrèrent la maîtrise totale de la partition dans un travail d’orfèvre et une énergie rayonnante. Pour clôturer le concert, et en cadeau d’anniversaire général, Rattle nous offrit en bis la Troisième Danse Hongroise du même Brahms avec la même lumière qui avait illuminé la Quatrième symphonie. On retiendra de ce programme très éclectique l’incroyable adaptabilité de Rattle et du LSO dans l’interprétation d’oeuvres aussi différentes les unes que les autres, l’association de ce chef et de cet orchestre restera alchimiquement de la belle ouvrage.

 
 
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CRITIQUE, concert. PARIS, Philharmonie, le 13 janvier 2025. BOULEZ / BRAHMS. London Symphony Orchestra, Barbara Hannigan (soprano), Sir Simon Rattle (direction). Crédit photographique © Antoine Benoit-Godet / Cheeese

 

VIDEO : Sir Simon Rattle dirige la 4ème Symphonie de Johannes Brahms à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Berlin

 

FESTIVAL MUSIQUE SACRÉE A PERPIGNAN, du 4 au 17 avril 2025. «  SOURCE » : 5 concerts « Florilège »… Célia Oneto Bensaid, ensemble Ô, Quatuor Girard, Les Arts Florissants… Ensemble Constantinople, Tenebrae Choir, Nigel Short…

» Il en va des moments de création comme des moments d’amour : chacun a son mystère qui n’a rien de commun avec celui des autres » Stefan Sweig. Programmation d’excellence, accès pour tous, le Festival Musique Sacrée de Perpignan a trouvé son public : chaque année, les spectateurs répondent en nombre aux offres de concerts. La prochaine édition se déroule du 4 au 17 avril 2025 à travers 21 concerts, de nombreuses propositions pour le jeune public, 4 soirées dans le village du Festival : soit un nouveau cycle festif pour partager en musique les premières soirées du printemps.

 

 

A LA SOURCE DU MYSTERE… Inspiré par la musique sacrée, elle-même porteuse d’un immense répertoire, le festival emporte au coeur du mystère de la création artistique, de … « la Source ». À travers le geste artistique, l’artiste fait surgir la grâce et le « grandiose surgissant ». Elisabeth Dooms, directrice du Festival, a concocté une nouvelle aventure musicale qui invite à (re)découvrir l’alchimie ineffable qui prépare au miracle de la musique, à l’essence même des émotions qu’elle suscite dans le cœur de chaque spectateur – festivalier. Plus que jamais, l’offre s’élargit, s’inscrit dans le territoire, explore et renforce la vitalité des formes de concerts en Occitanie avec toujours le souci du respect et de la bienveillance comme éthique continue dans le fonctionnement du festival : responsabilité sociétale (écoresponsabilité, protection contre les violences et harcèlements sexistes et sexuels, parité…). Le Festival sait émerveiller et promettre les grands vertiges du concert grâce au cycle des 5 grands concerts « Florilège » programmés aux  Dominicains. Diversité et spiritualité s’affirment à travers artistes et ensembles hautement inspirés : Mélodies par la soprano Marie-Laure Garnier (11 avril), Requiem de Fauré par l’Ensemble Ô et le Quatuor Girard (12 avril), Musiques traditionnelles d’Iran, d’Inde, d’Afghanistan par l’Ensemble Constantinople (13 avril), Joute baroque à Leipzig (JS Bach, Kuhnau, Telemann, Graupner… le 15 avril), enfin Messe et Lamentations des anglais Bird et Tallis par l’excellent Tenebrae Choir (Nigel Short, le 17 avril)…

 

 

 

 

 

Au programme, 5 CONCERTS « FLORILEGE »

5 CONCERTS “Florilège” …
Cycle d’oeuvres rares et remarquables, qui s’imposent tout au long de soirées propices à la transcendance… Tarifs de 1 à 30 €.

Toutes les infos, la billetterie en ligne, le détail des programmes et les artistes invités sur le site du FESTIVAL DE MUSIQUE SACRÉE de PERPIGNAN : https://www.mairie-perpignan.fr/fetes-et-manifestations/festival-de-musique-sacree-2025

 

LIRE aussi notre ENTRETIEN avec ELISABETH DOOMS ici : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-elisabeth-dooms-directrice-artistique-du-festival-musique-sacree-de-perpignan-a-https://www.classiquenews.com/entretien-avec-elisabeth-dooms-directrice-artistique-du-festival-musique-sacree-de-perpignan-a-propos-de-la-39eme-edition-2025-source-du-4-au-7-avril-2025/

 

 

 

VENDREDI 11 AVRIL 2025 à 21h,
Église des Dominicains
SONGS OF HOPE
MARIE-LAURE GARNIER, soprano
CÉLIA ONETO BENSAID, piano
Les anges musiciens. De la rencontre inspirée par la beauté des oeuvres d’Olivier Messiaen et de F. Poulenc et des Négros Spirituals, Marie-Laure Garnier et Célia Oneto Bensaid portent un message d’espérance et de spiritualité partagée. De l’univers poétique des mélodies françaises à la dimension sacrée des Spirituals, les artistes puiseront à chaque instant dans les racines de leurs répertoires de prédilection, une force spirituelle emplie à la fois de grâce et d’humanité. Mélodies françaises & Negro Spirituals | O. MESSIAEN (1908-1992) ·
F. POULENC (1899-1963) · SPIRITUALS Arr. M. HOGAN / Arr. H.BURLEIGH
Concert “Florilège” / Tarifs de 1 à 26 €

 

 

Sam. 12 avril 2025, 21h,
Église des Dominicains
LIBERA ME
ENSEMBLE Ô | LAETITIA CORCELLE, direction
QUATUOR GIRARD
Source de paix. Avec complicité et humanité, l’ensemble Ô et le quatuor Girard ouvrent une porte d’espérance avec le Requiem de G. Fauré. D’une aspiration à la paix magnifiée par J.-S. Bach à la confrontation émotionnelle avec la mort développée par F. Schubert, le Requiem s’impose à notre condition humaine grâce à l’omniprésence de la douceur qui émerge d’une musique cristalline et intemporelle. Au-delà de nos croyances, Libera me nous invite à vivre avec les artistes une expérience intensément humaine et profondément spirituelle. Musique sacrée vocale & Musique de chambre
G. FAURE (1845-1924) · J.-S. BACH (1685-1750) · F. SCHUBERT (1870-1894)
Concert “Florilège” / Tarifs de 1 à 26 €

 

 

Dim. 13 avril 2025, 18h30
Église des Dominicains
LA ROUTE DORÉE
ENSEMBLE CONSTANTINOPLE
KIYA TABASSIAN, voix, sétar, direction artistique
HAMIN HONARI, percussions
SHASHANK SUBRAMANYAM, flûte indienne
HOMAYOUN SAKHI, rubab afghan

De la transmission ancestrale au dialogue virtuose. Quatre héritiers de très anciennes traditions, Kiya Tabassian au sétar et le percussionniste iranien Hamin Honari, ainsi que le virtuose Shashank Subramanyam à la flûte indienne et l Homayoun Sakhi au ruban afghan, empruntent La route dorée. Réunis sur une même scène, ils racontent les routes musicales sublimes et sophistiquées des anciennes civilisations d’Afghanistan, d’Inde et d’Iran. Une invitation à un dialogue jubilatoire, original et traversé par une spiritualité ancrée dans une histoire plurimillénaire. Musiques du monde
DIALOGUE ENTRE LES MUSIQUES ANCESTRALES D’AFGHANISTAN, D’INDE ET D’IRAN.
Concert “Florilège” / Tarifs de 1 à 26 €

 

 

Mar. 15 avril 2025, 20h30
L’Archipel, scène nationale
LA GRANDE AUDITION DE LEIPZIG
LES ARTS FLORISSANTS | PAUL AGNEW, direction
Cantates & battle. Les Arts Florissants et leur chef Paul Agnew reviennent avec un programme original : une “grande audition” ou une “battle”, visant à départager J.-S. Bach et ses contemporains. Les Arts Flo proposent une reconstitution fictionnelle, cantates à l’appui… avec ce qu’il y a de meilleur dans le répertoire musical sacré en Allemagne, en ce début de XVIIIe siècle. Une soirée merveilleuse et rare à vivre en compagnie du jeune Sébastien. Musique baroque.

G. P. TELEMANN (1681-1767) · J. KUHNAU (1660-1722) ·
J.-S. BACH (1685-1750) · C. GRAUPNER (1683-1760)
Co-réalisation Festival Musique Sacrée & L’Archipel, scène nationale
Concert “Florilège” / Tarifs de 12 à 30 €

 

Jeu. 17 avril 2025, 21h
Église des Dominicains
MISERERE
TENEBRAE CHOIR | NIGEL SHORT, direction
Le souffle de la création. Décrit comme “phénoménal” (The Times), le choeur Tenebrae transporte dans un univers musical et spirituel qui défie le temps : messe et lamentations de deux génies de la Renaissance, W. Byrd et T. Tallis, le sublime et bouleversant Miserere de G. Allegri et le Miserere du contemporain James Mac Millan, empli de douceur et de paix. Une ode à la méditation, à la grâce, à l’émotion … Chant choral a capella
P. DA MONTE (1521-1603) · W. BYRD (1539-1623) ·
G. ALLEGRI (1582-1652) · T. TALLIS (1505 -1585) · J. MAC MILLAN (1959 -)
Concert “Florilège” / Tarifs de 1 à 26 €

 

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INFORMATIONS ET RÉSERVATIONS
Office de Tourisme Perpignan Centre du Monde ·
Tél.: 04 68 66 30 30
Billetterie en ligne : boutique.perpignantourisme.com
L’Archipel · Tél.: 04 68 62 62 00
Billetterie en ligne : billetterie.theatredelarchipel.org

 

 

Le Festival affiche aussi pas moins de 7 concerts “Mosaïque”. Grâce à l’immense richesse du répertoire de la musique sacrée d’hier et d’aujourd’hui, le festival explore avec les artistes des voies originales et multiples, tournées vers l’universalité. Les concerts Mosaïque sont en accès libre.

 

CRITIQUE, concert. METZ, Grande Salle de l’Arsenal, le 17 janvier 2024. SAARIAHO / TCHAÏKOVSKY / RACHMANINOV. Orchestre National de Metz Grand-Est, Anna Fedorova (piano), Shi-Yeon Sung (direction

C’est une soirée symphonique placée sous le signe de la féminité que propose ce soir la Cité Musicale de Metz, dans son admirable vaisseau de bois clair qu’est la grande salle de l’Arsenal (imaginée par l’architecte star Riccardo Bofill), avec comme chef invitée la coréenne Shi-Yeon Sung et la pianiste ukrainienne Anna Fedorova.

 

Et c’est par ailleurs avec une pièce de la (regrettée) compositrice finlandaise Kaija Saariaho que débute le concert, le très circonstancié “Ciel d’hiver” – tandis qu’un froid polaire et une brume tenace règnent à l’extérieur…  Décédée l’an dernier à Paris, où elle résidait depuis les années 1980, cette pièce symphonique extrait du plus ample “Orion” (2002) offre une immersion progressive dans l’univers acoustique si caractéristique de la phalange messine : une petite harmonie boisée, des cuivres aux couleurs ambrées parfaitement intégrées à l’orchestre, des cordes denses et soyeuses, et une fusion des timbres au service d’une lisibilité exemplaire. Ces éléments se conjuguent pour offrir une interprétation raffinée de ce Ciel d’hiver, plus contemplative et immobile que véritablement lugubre, dans laquelle les cordes créent un continuum sonore d’où émergent, par moments, de superbes soli instrumentaux. 

 

Place ensuite à l’un des concertos pour piano les plus célèbres du répertoire, interprété ici par Anna Fedorova qui s’est forgée en quelques années une belle réputation par des concerts mémorables et par ses enregistrements des 2ème et 4ème Concertos de Rachmaninov. Si ce n’est quelques mains levées bien haut, la pianiste originaire de Kiev ne fait jamais dans la simple démonstration de virtuosité, mais interprète ce Premier Concerto pour piano de Piotr Illitch Tchaïkovsky avec beaucoup de musicalité, de sensibilité et en évitant de trop inutiles épanchements lyriques. La pianiste et l’orchestre ont le bon goût de ne pas se montrer trop emphatiques dans les premières mesures du premier mouvement. Empoignant le début de celui-ci dans un tempo rapide, mais sans précipitation, les musiciens adoptent ensuite une allure plus modérée et achèvent avec satisfaction cette page avec ce qu’il faut d’éclat et de brillant, mais sans exagération. L’Andantino semplice, donné d’ailleurs plus adagio qu’andante, est joué par une Fedorova très méditative Sans jamais donner le sentiment d’être expédiée, l’interprétation du finale est, quant à elle, vive et allante, avec un éclat et une brillance très mesurés, comme dans le premier mouvement. Très acclamée, elle donne ensuite un des nombreux Préludes de Rachmaninov en guise de bis

 

Et c’est ce même Sergueï Rachmaninov qui occupe la seconde partie de concert, avec ses fameuses Danses symphoniques, créées aux Etats-Unis en 1940. La jeune cheffe coréenne délivre de cette œuvre testamentaire une exécution impressionnante à bien des égards, à la fois ferme et concentrée, mais aussi capable d’abandon, bien que cette dimension aurait pu être davantage soulignée, malgré des tempi justes et naturels. Les excellents musiciens de l’Orchestre National de Metz Grand-Est traduisent sans le moindre problème la grandeur épique de cette musique à laquelle ils impriment une remarquable impulsion. Les cuivres ne ratent aucune occasion de briller, en particulier dans la spectaculaire conclusion, particulièrement réussie, mais aussi de faire preuve de profondeur, en particulier dans la deuxième Danse. La Maestra se soucie de détails, d’équilibre et de clarté, ce qui met bien en évidence les soli instrumentaux et les échanges. Les bois, tous pupitres confondus, attirent par leur netteté et leur expressivité, les cordes, jamais prises en défaut, par leur densité et leur cohésion, tandis que les percussions ne manquent pas de se distinguer (et les interventions décisives ne manquent pas !…). Bref, la palette de couleurs de l’orchestre lorrain s’avère assez épatante et correspond à celle attendue dans cette œuvre ici délivrée dans toute sa vigueur et sa richesse… Bravi !

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CRITIQUE, concert. METZ, Grande Salle de l’Arsenal, le 17 janvier 2024. SAARIAHO / TCHAÏKOVSKY / RACHMANINOV. Orchestre National de Metz Grand-Est, Anna Fedorova (piano), Shi-Yeon Sung (direction). Crédit photo (c) DR

STREAMING, Culturebox. « Gala du centenaire Maria Callas », Mar 4 fév 2025 [Opéra national de Paris, déc 2023]

Pour le centenaire de la naissance de Maria Callas, le 2 décembre 1923, l’Opéra national de Paris proposait un gala exceptionnel le jour même de cet anniversaire, le 2 déc 2023, au bénéfice des activités de l’institution.

 

Cantatrice magnétique, tragédienne bouleversante, actrice autant que chanteuse, Maria Callas a marqué l’art du jeu et du chant en affirmant un nouveau modèle expressif et dramatique pour l’opéra. À Paris, elle s’est produite trois fois sur la scène du Palais Garnier : lors d’un gala de la Légion d’honneur en 1958, dans Norma en 1964 sous la baguette de Georges Prêtre ; enfin dans la célèbre mise en scène de Tosca de Franco Zeffirelli. Elle avait également un lien particulier avec Paris où elle avait élu domicile, et où elle est morte le 16 septembre 1977.

 

Pour ce gala du centenaire, de grands artistes rendent hommage à l’immortelle Callas dans une mise en espace signée Robert Carsen : les cantatrices Sondra Radvanovsky, Eve-Maud Hubeaux, Pretty Yende, Kate Lindsey ; avec Carole Bouquet [lectures de textes écrits par et autour de Maria Callas],  Marie-Agnès Gillot – Étoile invitée [solo dansé chorégraphié par Nicolas Paul sur l’air « Ebben ! Ne andrò lontana », extrait de La Wally, Alfredo Catalani]…

 

 

Streaming, Culturebox
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Gala centenaire Maria Callas
Mardi 4 février 2025 à 21h
sur Culturebox et sur france.tv

Orchestre de l’Opéra national de Paris /

Florence Boissolle, piano
Direction musicale : Eun Sun Kim

Conception, mise en scène, décors, lumières : Robert Carsen

Capté en décembre 2023 à l’Opéra national de Paris – durée : 1h 52 min

Photo, illustration © fonds de dotation Maria Callas

 

approfondir

À propos de Maria Callas et Paris, LIRE aussi notre ENTRETIEN avec TOM VOLF, président du fond de dotation Maria Callas :
https://www.classiquenews.com/entretien-avec-tom-wolf-president-du-fonds-de-dotation-maria-callas-paris-a-propos-de-la-restauration-du-film-du-recital-parisien-du-19-decembre-1958/

 

ENTRETIEN avec TOM VOLF, président du Fonds de dotation Maria Callas (Paris) à propos de la restauration du film du récital parisien du 19 décembre 1958…

 

ÉCONOMIE. Le CNM Centre National de la Musique épinglé par la Cour des Comptes (rapport du 15 janvier 2025)

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4 ans après son lancement, le CNM / Centre National de la Musique suscite de nombreuses interrogations sur le bien fondé de ses actions. Moyens démultipliés mais stratégie imprécise voire déficiente, efficacité à démontrer,…

 

 

Le diagnostic dressé par la Caisse des Dépôts épingle le CNM dans sa forme actuelle. Un constat alarmant qui s’avère d’autant plus saisissant et sans appel à l’heure où déficit oblige, chaque dépense permise par les impôts payés par le contribuable français, doit être mesurée et justifiée. Il semble nécessaire que l’institution ainsi critiquée doive se réformer sérieusement voire se réinventer, surtout identifier besoins et attentes des filières musicales françaises, ce dans ce souci d’efficacité particulièrement attendu par tous.

 

Né en 2020, le Centre national de la musique (CNM, né de la fusion entre le Centre national de la chanson et 4 autres associations] avait pour mission :  fédérer les acteurs d’une filière musicale complexe, atteinte par la crise du disque et le téléchargement illégal. Paradoxalement, sa naissance quand s’impose la révolution numérique, profite cependant de l’essor D streaming [écoute musicale en flux] dont les revenus permettent bientôt de stabiliser le modèle économique de la musique enregistrée.

 

 

UN BUDGET TRIPLÉ
Avec la pandémie du Covid, le CNM, a vu son budget tripler à 147 M€ en 2024 [versus le budget total des organismes qu’il a remplacés soit 53 M€], soit des moyens surdimensionnés, ce alors que la musique live et enregistrée, bénéficie d’une forte croissance du marché.  La caisse des dépôts questionne aujours’hui l’efficacité réelle de ses actions, la cohérence de ses actions, celle des subventions qu’elle a allouées, et souligne une stratégie globale absente, vis à vis des filières musicales françaises qu’elle est censée accompagner, préserver, favoriser.

 

STRATÉGIE IMPRÉCISE
Des moyens en forte hausse, mais une stratégie qui manque de clarté…
Dans les faits, pour atténuer les effets destructeurs de la crise sanitaire, le CNM, devenu le bras armé de l’État pour l’octroi des crédits d’urgence et de relance, a distribué 423 M€, tout en conservant après crise, une centaine de millions d’euros. Mieux pour ses revenus systémiques, la création en 2024 d’une taxe affectée supplémentaire (taxe streaming) devrait lui procurer ainsi une ressource additionnelle de circa 15 M€.

Or, à moyens réels voire consistants, pas de stratégie claire ni de besoins concrètement identifiés. Au registre des dépenses, le rapport pointent « une logique de guichet, des dépenses insuffisamment étayées ». Ainsi le Centre soupoudre sans logique globale, au cas par cas alors que le montant global des aides consenties a considérablement augmenté : 21 M€ en 2019, 72 M€ en crédits de paiement en 2023 (hors droit de tirage sur la taxe spectacle). Ces aides ont profité pour un tiers à la production ; un autre tiers à la diffusion [dont les aides aux festivals et à l’activité de diffusion des salles de spectacles].
À ces aides spécifiques s’ajoute le droit de tirage sur la taxe spectacle soit 65 % des contributions  [25 M€ en 2023].

 

LE CNM DOIT SE RÉFORMER
En conclusion, le rapport de la Cour des Comptes souligne l’urgence d’une réforme « en profondeur »… « afin de démontrer sa plus-value pour une filière musicale française hétérogène, évoluant sur un marché largement mondialisé et très porteur ».
Le rapport identifie aussi plusieurs pistes d’un développement voire d’une stratégie réaliste et cohérente, en particulier ses missions transversales : développement international, innovation et  numérique, structuration du tissu économique pour garantir la diversité de la filière et la souveraineté culturelle, afin de dépasser les clivages entre musique live et musique enregistrée. Autre points à réformer : logique de guichet [héritée de la période Covid],  prévention des conflits d’intérêts et même bilans présentés [à « fiabiliser »], mais aussi refonte du régime d’aides dans une logique de simplification et de décloisonnement, contrôle des fonds distribués, stratégie raisonnable de dépenses.

À la lecture du rapport, le CNM fait figure d’institution au bilan discutable dont fonctionnement, stratégie, efficacité doivent urgemment être réformés. À SUIVRE

 

LIRE le rapport de la Cour des comptes dédié au CNM Centre national de la musique [daté du 17 janvier 2025] : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-centre-national-de-la-musique

CLERMONT AUVERGNE OPÉRA : l’âme slave… Samedi 8 février 2025. Tchaïkovski, Borodine, Chostakovitch, Rachmaninov, Dvořák… Chœur régional d’Auvergne

La profondeur, la passion, la force ou la spiritualité… autant d’émotions fortes que porte avec éclat et intensité l’âme Slave. CLERMONT AUVERGNE OPÉRA invite deux chanteurs passionnés, engagés, Anne Derouard et Alexey Birkus, acteurs et guides pour un voyage musical au cœur de la grande Russie du 19ème siècle.

 

Accompagnés au piano par Philippe Marty et par le Chœur régional d’Auvergne, les solistes invitent aune traversée spectaculaire qui convoqué les paysages russes les plus emblématiques : la Volga, les steppes de l’Oural, la Sibérie enneigée aux rythmes des plus beaux chants et des airs les plus célèbres, mélange de belcanto et de tradition, de romantisme et de puissance expressive.

 

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L’âme slave : airs et mélodies de Tchaïkovski, Borodine, Chostakovitch, Kossenko, Rachmaninov, Dvořák…
Sam. 8 février 2025 – 20h
CLERMONT-FERRAND, Opéra-Théâtre
ACHETEZ vos places directement sur le site de Clermont Auvergne Opéra : https://clermont-auvergne-opera.com/evenement/lame-slave/

 

Anne Derouard, soprano
Alexey Birkus, basse
Philippe Marty, piano

Chœur régional d’Auvergne
Blaise PLUMETTAZ, direction

 

1h50 entracte compris
de 12 à 40 €

 

Rencontre musicale avec les chanteurs
Librairie Les Volcans – Vendredi 07 février 2025
17h30 / Voir Côté Publics – Rencontres

 

Abonnement en ligne
Billetterie en ligne

 

 

ENTRETIEN avec Marius STIEGHORST, directeur musical de l’Orchestre Symphonique d’Orléans. Enjeux du concert « le mythe de Pandore » [8 et 9 fév 2025]

Le prochain programme intitulé « Le mythe de Pandore » (les 8 et 9 février 2025) marque un nouveau jalon dans le parcours artistique de l’Orchestre : création d’une commande faite aux compositeur Julien Joubert (et qui donne son titre au concert), grande cohésion du programme qui associe poétiquement Liszt, Wagner et aussi la partition contemporaine de Camille Pépin (« Les eaux célestes »)… les enjeux en sont multiples ; faire progresser encore les instrumentistes de l’Orchestre dans la confrontation d’œuvres et d’écritures diverses, et toujours exprimer ce qui est au cœur de chaque partition, le dévoilement des forces psychiques entre tension, réflexion, résolution. L’Orchestre ne serait-il pas in fine le grand révélateur des passions humaines ? La travail de Marius Stieghorst en souligne l’apport.
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CLASSIQUENEWS : A propos du concert « Pandore », pouvez-vous nous préciser comment la partition de Julien Joubert aborde le mythe de Pandore et les enjeux musicaux de sa réalisation ? Marius Stieghorst : La partition de Julien Joubert propose une approche originale du mythe de Pandore en intégrant un narrateur qui dialogue avec son enfant. Le texte, écrit par Hugo Zermati, est à la fois poétique et philosophique. Il ne s’agit pas seulement de raconter l’histoire, mais aussi de la revisiter à travers une discussion sur des thèmes universels comme l’espoir, les maux ou encore l’impact de ce récit sur notre quotidien. Cette double lecture, à la fois mythologique et contemporaine, donne une profondeur supplémentaire à l’œuvre et permet au public de s’immerger dans le sujet tout en s’interrogeant sur sa résonance actuelle.
Sur le plan musical, Julien Joubert a composé pour un grand orchestre, et dans cet esprit il a collaboré pour l’orchestration avec son frère Clément, exploitant pleinement toute la palette sonore qu’offre l’orchestre, notamment à travers l’utilisation de nombreux instruments percussifs. Ces choix enrichissent considérablement la texture de l’oeuvre et renforcent son caractère dramatique. L’orchestre devient presque un personnage à part entière, illustrant tour à tour les moments de tension, de réflexion ou d’émotion.
Un des défis majeurs de cette œuvre réside dans l’interaction avec le comédien. La musique et le texte doivent s’entrelacer avec justesse pour soutenir la narration sans la dominer, tout en maintenant une intensité émotionnelle constante. Cette collaboration entre musiciens et narrateur, portée par la force de l’écriture d’Hugo Zermati et Julien Joubert, constitue une expérience artistique complète, où réflexion et émerveillement se conjuguent harmonieusement.

 

 

CLASSIQUENEWS : Pourquoi avoir aussi choisi la partition de Camille Pépin dans ce programme ? Quelle est votre regard sur son écriture ? Qu’apporte-t-elle ?
Marius Stiegorst : Les eaux célestes de Camille Pépin ouvre le programme en écho au Brasier magique de Wagner, qui le clôt. Ce choix tisse un dialogue entre deux éléments essentiels de notre existence : l’eau et le feu. Ces pôles opposés symbolisent un cycle universel – début et fin, transformation et dissolution – qui reflète profondément la condition humaine.
Dans Les eaux célestes, Camille Pépin déploie une véritable fresque sonore où l’eau, sous toutes ses métamorphoses, prend vie : des nuages impalpables à la condensation, des gouttes légères jusqu’aux jeux de lumière qui forment un arc-en-ciel. Ce que je trouve fascinant dans cette partition, c’est la manière dont chaque cellule musicale évolue avec une subtilité incroyable, se transformant presque imperceptiblement d’un état à l’autre. Son écriture, d’une finesse remarquable, traduit ces transitions fluides et insaisissables avec une grande maîtrise de la densité orchestrale. Au fil de l’œuvre, la richesse des textures et des volumes s’intensifie, jusqu’à ce final grandiose où l’arc-en-ciel se déploie dans toute sa splendeur. Ce dernier accord majestueux en la majeur est un moment suspendu, presque intemporel, qui éclaire tout ce qui a précédé d’une lumière éclatante.
Pour moi, cette œuvre apporte une modernité poétique au programme. Elle ouvre une réflexion sensible et profondément émouvante sur la transformation, la lumière et le cycle de la vie, tout en entrant en résonance avec les pièces qui la suivent.

 

 

CLASSIQUENEWS : Quelle est votre lecture du Prométhée de Liszt ?
Marius Stiegorst : Prométhée de Liszt est un poème symphonique relativement court mais d’une richesse incroyable. Il condense toute la force dramatique de l’histoire de ce héros mythologique, traversant ses moments de colère, de douleur et de souffrance, tout en illustrant sa persévérance face à un destin incertain, jusqu’à sa rédemption.
Ce qui me frappe dans cette œuvre, c’est la manière dont Liszt utilise des leitmotivs, des motifs conducteurs, pour tisser le fil narratif tout au long de la partition. Chaque étape du récit de Prométhée s’incarne dans ces motifs récurrents. Harmoniquement, on retrouve une parenté avec Wagner, notamment à travers l’usage d’accords de dominantes diminuées et de chromatisme qui enrichit l’expression dramatique. Cette écriture produit une musique pleine de contrastes, où se mêlent tension et résolution.
Le thème principal, majestueux et obstiné, incarne la détermination farouche de Prométhée. On traverse ensuite des récitatifs orchestraux et une fugue qui évoque la persévérance face à l’adversité. Enfin, une mélodie céleste vient clore l’œuvre, proclamant une vie libérée et apaisée. C’est un moment où l’espoir triomphe, une vision d’harmonie retrouvée.
Dans notre interprétation, nous voulons aller au bout de ces contrastes musicaux. Ils reflètent les déchirements intérieurs de Prométhée, mais aussi sa grandeur. Nous cherchons à faire ressortir toute la tension dramatique, mais aussi la lumière et la sérénité. C’est une œuvre qui, malgré sa brièveté, contient une profondeur universelle et intemporelle.

 

 

Crédit photo © Orchestre Symphonique d’Orléans

 

 

CLASSIQUENEWS : Pourquoi avoir choisi les 2 extraits symphoniques de La Walkyrie ? Quel est le lien entre l’Orchestre Symphonique d’Orléans et Wagner, et plus généralement, entre l’Orchestre et l’opéra ?
Marius Stiegorst : C’est une première pour moi de diriger Wagner avec l’Orchestre Symphonique d’Orléans depuis l’annulation du concert de 2022 où nous devions jouer le prélude de l’acte III des Maîtres chanteurs, je suis d’autant plus ravi et curieux de découvrir comment l’orchestre va s’approprier cette écriture si particulière.
L’univers symphonique de Wagner est absolument unique : il exige des traits d’une virtuosité et d’une rapidité impressionnantes dans les cordes, des accords majestueux et puissants dans les cuivres, mais aussi une capacité à donner vie à une trame musicale où chaque motif, chaque thème conducteur raconte une part essentielle de l’histoire.
Quant aux extraits choisis, ils sont emblématiques. La fin de La Walkyrie est d’une intensité dramatique saisissante : Wotan, dans un geste à la fois terrible et rempli d’amour, condamne sa fille Brünnhilde à un sommeil éternel et dresse autour d’elle un cercle de feu. Ce feu protecteur trouve un écho fascinant avec Prométhée, qui, lui, vole la flamme aux dieux pour l’offrir aux humains. On y retrouve cette idée de sacrifice, de transmission et de pouvoir symbolique du feu.
En ce qui concerne le lien entre l’orchestre et Wagner, ou plus généralement l’opéra, je dirais que l’OSO a toujours eu une affinité particulière avec le répertoire lyrique. Wagner représente une extension naturelle de cette tradition. Sa musique, même dans les passages purement instrumentaux, est profondément théâtrale : chaque note porte un sens narratif et émotionnel. Jouer ces extraits symphoniques, c’est plonger dans un opéra sans paroles, où l’orchestre devient le narrateur principal. C’est une expérience à la fois exigeante et profondément exaltante.

 

 

Propos recueillis en janvier 2025

 

Photos crédit © Orchestre Symphonique d’Orléans

 

 

 

 

 

 

agenda

Concert « PANDORE » par l’Orchestre Symphonique d’Orléans, Marius STIEGHORST : LIRE ici notre présentation du concert PANDORE les 8 et 9 février 2025 : https://www.classiquenews.com/orchestre-symphonique-dorleans-le-mythe-de-pandore-les-8-et-9-fev-2025-camille-pepin-julien-joubert-liszt-wagner-marius-stieghorst-direction/

 

ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS. Le Mythe de Pandore, les 8 et 9 fév 2025. Camille Pépin, Julien Joubert, Liszt, Wagner… Marius Stieghorst, direction

 

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE. Les 11 et 12 fév 2025. MENDELSSOHN (Symphonie n°4 « Italienne », Concerto pour violon…). David Grimal, violon & direction

Nouveau défi symphonique pour les instrumentistes du National de Lille dans un programme hautement symphonique et concertant  sous la direction du violoniste David GrimalFelix Mendelssohn n’est pas un compositeur comme les autres. C’est d’abord l’un des rares musiciens dont la vie a été authentiquement heureuse. Courte mais heureuse.

 

Génie précoce, ses voyages de jeunesse lui inspirent la superbe Grotte de Fingal, ou la prodigieuse et bondissante Symphonie n°4 dite « Italienne », torrent de mélodies et de rythmes irrésistibles. Pour interpréter le plus tardif Concerto pour violon n°2, David Grimal, violoniste et chef d’orchestre pas tout à fait comme les autres, affirme son tempérament charismatique. Depuis son archet, le musicien imagine une forme de direction collective (comme il a pu l’expérimenter et le réussir en fondant son propre orchestre Les Dissonances, aujourd’hui dissout) ; soit une manière de république musicale où les musiciens de l’orchestre s’écoutent comme dans un grand ensemble de musique de chambre.

 

Symphonie n°4 de Mendelssohn… La Symphonie la plus exaltante demeure la coupe frénétique, exaltée et printanière – schumanienne, de « l’Italienne » n°4 (1833) : d’une irrépressible énergie primitive, primesautière, au souffle originel, méditerranéen, à 100 lieues des brumes de l’Ecossaise. Ici le brio solaire (italien) s’impose et s’affirme d’un bout à l’autre, avec une vivacité vivace, ludique même qui doit faire chanter et danser les pupitres… La partition a été créé dans la cité de Shakespeare en 1833, avec un remarquable succès, célébrant le génie d’un jeune homme de 21 ans, heureux voyageur après son tour italien (Venise, Florence, Rome). En Italie, où Berlioz est aussi présent (malheureux pensionnaire de la Villa Medicis), Mendelssohn ne voit pas tant l’essor des arts.. que la beauté exaltante de la nature en ses paysages enchanteurs : l’Italienne exprime cet enthousiasme né dans la contemplation enivrée des motifs naturels. La Saltarelle (danse napolitain sautée, découverte en 1831) porte tout l’élan du dernier mouvement, lui aussi devant résonner d’une irrépressible exaltation.

 

La Grotte de Fingal des célèbres Hébrides (1832), doit être emmenée avec une même souple exaltation. Pièce de caractère qui fixe la sensation éprouvée par le compositeur voyageur alors admiratif de ce site minéral fouetté par les vents marins, le tableau orchestral exprime la grandeur et a sauvagerie d’un monument naturel dont l’aspect rappel un vaste buffet d’orgue posé, comme en dérive sur l’océan impétueux ; l’orchestre doit rayonner sans emphase dans l’intense théâtralité d’un souvenir qui semble renaître à chaque concert.

 

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LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle
Mardi 11 février 2025 – 20h
Mercredi 12 février 2025 – 20h
ACHETEZ vos places directement sur le site de l’ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE / ON LILLE : https://onlille.com/choisir-un-concert/categories/mendelssohn

 

programme

FELIX MENDELSSOHN
les Hébrides ou la Grotte de Fingal, ouverture
Concerto pour violon n°2
Symphonie n°4, « Italienne »

 

Autour du concert
Prélude musical avec les étudiants de l’ESMD
11 février 2025 – 19 h

Bord de scène
Rencontre avec les artistes
11 février 2025 – 21h35

 

programme repris en région :
Soissons, Cité de la Musique et de la Danse
7 février 2025 – 20 h
Petite-Forêt, Espace Barbara
8 février 2024 – 20 h

OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE. Haendel : Le Messie. Mardi 11 février 2025. Norma Nahoun, Enguerrand de Hys… Orchestre Symphonique et Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire / Paul Agnew, direction

Composé en 1741, Le Messie est le chef-d’œuvre choral et lyrique de Haendel ; un sommet qui recueille son travail spécifique sur l’oratorio anglais ; lequel a profité de son génie dans le genre opéra seria. La partition a connu au total onze versions différentes de la main du compositeur.

 

 

Cet oratorio pour orchestre, solistes vocaux et choeur, fut ensuite arrangé par Mozart qui l’entendit, abasourdi par sa force dramatique et l’élégance de ses arias, à Mannheim en 1777. Le compositeur viennois réorchestra l’ensemble en ajoutant hautbois, flûtes, cors et trombones, pour remplacer l’orgue. Un régal d’orchestration qui ajoute encore à la puissance expressive comme au raffinement poétique de l’œuvre. L’Opéra de Saint Étienne offre l’occasion de [re] découvrir cette oeuvre phare du genre de l’oratorio et de l’époque baroque dans une version singulière conçue par Mozart, avec l’un des plus grands spécialistes de la musique baroque à la baguette de l’orchestre (sur instruments modernes) et du choeur de l’Opéra de Saint-Étienne : Paul Agnew.

 

Codirecteur des Arts Florissants depuis 2019, le ténor et chef d’orchestre britannique Paul Agnew connaît particulièrement bien l’œuvre, ses thèmes poétiques, ses enjeux esthétiques et artistiques ; il a chanté la partie élégiaque du ténor lequel ouvre le polyptique avec son plus bel aria [« Every valley »]… Chant célébrant le miracle divin de la nature dans une douceur nerveuse, qui annonce le Haydn de La Création… Paul Agnew apporte aux musiciens stéphanois sa maîtrise de l’éloquence et du dramatisme haendelien. Immanquable.

 

 

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Georg Friedrich Haendel : Le Messiecredit agence royalties / opéra de Saint-Etienne saison 24 25
Version Wolfgang Amadeus Mozart
Opéra de Saint-Étienne
Mardi 11 février 2025, 20h
Achetez vos places directement sur le site de l’opéra de Saint Étienne : https://opera.saint-etienne.fr/otse/saison-24-25-1/spectacles//type-lyrique/le-messie/s-797/

 

 

 

distribution

Direction musicale : Paul Agnew

Soprano : Norma Nahoun
Mezzo-soprano : Anne-Lise Polchlopek
Ténor : Enguerrand de Hys
Baryton : Thomas Tatzl

Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire

Choeur Lyrique Saint-Étienne Loire
Direction : Laurent Touche

Crédit photographique / illustration © visuel Agence Royalties pour l’Opéra de Saint-Étienne / saison 2024-2025

 

 

Présentation
1h avant…. Histoire de Maestro !
Avec Paul Agnew, chef d’orchestre, une heure avant la représentation.
Gratuit sur présentation du billet du jour.
L’Opéra en famille
Contactez les relations avec les publics afin d’être accompagné dans le choix de votre sortie lyrique avec vos enfants !
04 77 74 83 31 – [email protected]

approfondir

DUBLIN, 1742…

Incontestablement, l’oratorio en anglais Le Messie (1742) marque le triomphe des efforts de Georg Friedrich Handel (1685-1759) dans le genre de l’opéra sacré. Certes pas de mise en scène, mais le souffle dramatique des chœurs, le raffinement de l’orchestre et surtout la beauté mélodique des airs, solos et duos, incarnent un âge d’or lyrique en langue anglaise, qui tout en prolongeant le travail du compositeur saxon à Londres après ses tentatives (malheureuses) pour perpétuer l’opéra seria italien, parvient à créer de toute pièce, un nouveau genre en Angleterre, l’oratorio anglais. Depuis Trevor Pinnock en 1988, il n’y a guère d’interprètes aujourd’hui qui réussise cette alliance rare de l’intelligibilité, de la subtilité et de la nervosité expressive, tout en restituant aussi cette élégance du geste et de l’intonation qui fonde la singularité du style haendélien. Après La Resurrezzione (1708), Esther (1720), Deborah (1733), Athalia (1733), saul (1739), Israel en Egypte (1739), Le Messie est avant Londres un triomphe irlandais…

DUBLIN, 1742. LONDRES, 1750… Le Messie évoque le succès de Haendel, hors de Londres, en particulier à Dublin, répondant à l’invitation du Lord Lieutenant d’Irlande : créé en avril 1742, Le Messie suscite un triomphe immense (près de 700 spectateurs dès sa création). A Londres, les spectateurs furent plus réservés, hostiles mêmes, choqués d’écouter des textes sacrés au théâtre.
Il fallut attendre 1750 pour que Le Messie s’impose à Londres quand Handel, reprenant la vocation altruiste de ses concerts, imagina de le donner au Foundling Hospital au profit des nécessiteux de Londres. Enrichie de hautbois et de bassons, la partition devait connaître une faveur croissante au point d’être jouée devant une salle comble, chaque année.

Prémices, Passion, Résurrection… Dans la première partie, les Prophètes annoncent l’arrivée du Messie, figure du sauveur, lumière du monde en une succession d’airs, hymnes, prières d’une joie éperdue… tandis que le choeur, plus inspiré et mystique que précédemment, en exprimant son omnipotence, glorifie Dieu.

La seconde partie s’interroge sur le sens de la Passion ; puis la troisième et courte dernière partie, se concentre surtout sur le sens de la Résurrection. Elégantissime, inspiré, plein d’espoir et de tendresse lumineuse, Haendel à la différence des Passions de Bach, plus âpre (Saint-Jean) ou fraternel et déploratif (Saint-Matthieu) explore une ferveur des plus étincelantes où les promesses du pardon envoûtent l’auditeur à force de nobles et très humaines prières. Architecte inspiré, il sait ciseler la délicate modénature entre choeurs méditatifs, airs solos, parure orchestrale de plus en plus raffinée et inspirée. Avec Haendel, l’oratorio anglais devient poésie musicale.

LIRE aussi notre dossier spécial les oratorios de Haendel:
http://www.classiquenews.com/hanendel-handel-les-oratorios/

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CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 11 janvier 2025. R. VAUGHAN WILLIAMS : Première Symphonie / A Sea Symphony. Chœur Orfeon Donostiarra / Orchestre du Capitole / Tarmo Peltokoski (direction)

Tarmo Peltokoski a le vent en poupe à Toulouse : il réussit à faire salle comble avec une œuvre rare et inconnue du public. « A sea symphony » de Ralph Vaughan Williams est une partition magnifique et spectaculaire, avec un chœur et des solistes (une soprano et un baryton) qui interviennent tout au long de l’œuvre.

 

 

Cette symphonie a été composée en 1910 et créée un mois après la Huitième Symphonie de Mahler. L’art de Vaughan Williams est singulier et sa Première Symphonie est très aboutie. Chantre du renouveau de la musique anglaise, son style est particulièrement séduisant. Il n’y a rien de violent dans les harmonies ou l’orchestration, rien de moderne dans les rythmes : le bon goût est partout. C’est grandiose, chaleureux, fédérateur. Le premier mouvement emporte immédiatement l’auditeur sur les cimes marines avec joie, et la direction de Tarmo Peltokoski est tout simplement magnifique : il demande à tous de s’engager totalement dans cette œuvre qu’il semble beaucoup affectionner. Le chœur Orfeon Donostiarra est somptueux ; l’orchestre est lumineux, et les deux solistes, exaltés. La voix de soprano de Chen Reiss passe sans difficulté l’orchestre et les chœurs, tandis que le baryton Sir Simon Keenlyside, avec une diction admirable, dit le texte autant qu’il chante de sa voix chaude. Chacun participe à la mise en valeur d’une partition qui mérite d’être davantage donnée dans les salles de concert.

Le deuxième mouvement, plus calme et doux, permet de reprendre ses esprits après ce début si sensationnel. Le chœur trouve des couleurs subtiles et les solistes de très belles nuances, surtout le baryton qui a une partie développée. Tarmo Peltokoski construit délicatement une très belle ambiance nocturne : sa direction si précise se fait délicate. Le troisième mouvement retrouve une folle énergie. Le chœur a la part belle et rayonne. L’orchestre, dans ce tempo très vif, dévoile une virtuosité diabolique. Le geste de Tarmo Peltokoski est grand et fin à la fois : tous les détails sont révélés dans une construction d’ensemble magnifique.

Le Finale grandiose stupéfie le public. Il débute délicatement et construit progressivement un hymne. Si des thèmes populaires étaient présents dans le Scherzo pour ce dernier mouvement, le pittoresque maritime s’éloigne. Le texte évolue vers des éléments philosophiques. Tarmo Peltokoski arrive à atteindre un niveau musical sublime avec des gestes envoûtants pleins de grâce. Ce mouvement final est superbe. Orchestre, chœur et soliste se dépassent. Les dernières notes pianissimi sont magiques. Le silence qui suit est encore de la musique. Puis c’est l’explosion de joie d’un public conquis qui fait une confiance absolue au jeune chef de 24 ans, déjà si mature. Durant les saluts, Tarmo Peltokoski brandit plusieurs fois la partition et l’embrasse. Il semble qu’il va graver pour Deutsche Grammophon une Intégrale des Symphonies de Ralph Vaughan Williams. Après une Première Symphonie si réussie, nous ne pouvons que nous réjouir de ce beau projet !

 

 

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CRITIQUE, concert, TOULOUSE. Halle-aux-grains, le 11 janvier 2025. R. VAUGHAN WILLIAMS. Première Symphonie / The Sea Symphony. Chœur Orfeon Donostiarra / Orchestre du Capitole / Tarmo Peltokoski (direction). Crédit photographique © Romain Alcaraz

 

 

CRITIQUE, concert. MONACO, Auditorium Rainier III, le 12 janvier 2015. BEETHOVEN [Triple Concerto], BRUCKNER [symphonie n°7], Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (OPMC), Bertrand de Billy (direction)

Souffle, grandeur, voire sensation et proportions du colossal, le chef suisse (né à Paris) Bertrand de Billy – en complicité avec l’OPMC / Orchestre Philharmonique de Monte Carlo – réalise un superbe Bruckner, à la fois marmoréen et ciselé ; le chef retrouve les instrumentistes monégasques dans un programme particulièrement copieux qui nécessite de la puissance et même un sens des déflagration sonores ; la 7ème Symphonie de Bruckner dépasse en proportions ce qu’un Beethoven n’avait imaginé et que prolongera Mahler. Tandis que le Triple Concerto du dit Beethoven convoque l’esprit chambriste et concertant le plus imaginatif et le plus courtois [tout en privilégiant aux côtés du violon et du piano, le chant moteur du violoncelle]. Chef et instrumentistes convainquent dans un programme complet, riche, contrasté.

 

 

BRUCKNER EXPÉRIMENTAL & FLAMBOYANT… La 7ème d’Anton Bruckner est essentielle dans la trajectoire esthétique du compositeur. C’est avec la 6ème, l’œuvre d’un auteur enfin reconnu pour son génie symphonique ; l’inspiration jaillit avec l’énergie que nourrit le sentiment d’être enfin compris  ; c’est aussi la célébration de son modèle absolu : Wagner ; car au moment où il conçoit la partition, Bruckner découvre Bayreuth en 1882, subjugué par la création de Parsifal ; il rencontrera alors pour une dernière fois, l’auteur du Ring. La profondeur et le développement complexe du sublime Adagio, pièce copieuse et la mieux développée, peuvent se comprendre comme un hommage à Wagner et aussi l’ambition du disciple d’en recueillir l’essence pour en prolonger toute la dimension… expérimentale.

 

L’écoute permet en particulier de saisir les bénéfices de la direction du chef, particulièrement déterminants dans le travail de ce 2 ème mouvement [noté « d’une très lente solennité  /  Sehr Feierlich und sehr langsam » ] le plus fascinant car outre le dialogue alterné des pupitres cuivres, cordes bois,… – opposition habituelle et emblématique, le compositeur pousse très loin les limites de la texture sonore ; Bruckner y édifie une cathédrale aux proportions impressionnantes : l’écriture joue aussi de la matière sonore entre transparence et épaisseur de la pâte musicale. Des alliages inouïs se font entendre ; ils annoncent directement Mahler tout en s’étant forgé une texture très aboutie à l’école de Wagner [son grand modèle]. Déjà remarqués, supérieurs, souverains, dans le premier mouvement, les fabuleux violons tissent une soie impériale, aérienne que le chef sait détacher et faire planer comme une force irrépressible qui finit par entraîner tous les pupitres.

Le développement de ce 2ème mouvement semble explorer la matière orchestrale elle-même, sa  puissance, ses tensions,… Bruckner étire les dimensions, dilue toute notion de cadre, il opte pour un développement imprévu [conduit comme un cheminement mystérieux], des associations de timbres inédits, inattendus, dont les fabuleux tubens [empruntés directement au drame Wagnérien] , qui doublant les cors traditionnels, expriment l’essence même de la noblesse [comme la profondeur active du mystère à l’œuvre].
Un point central est atteint quand après les noces somptueuses des cordes et des cors, les flûtes marquent un jalon qui ouvre alors la 2e partie du mouvement, d’un dramatisme plastique qui mène vers le fameux coup de cymbale, coup de lumière, libérateur, saisissant célébrant la victoire des forces célestes sur les ténèbres, évolution essentielle chez Bruckner qui en croyant sincère, cite aussi le thème du « in te Domine speravi« … évoquant Dieu, comme une source [trop fugace] de réconfort. Tout le vaste mouvement sonde la profondeur vertigineuse du mystère qui se dresse à chaque homme, surtout s’il croit.
Le final souligne l’échelle colossale des forces en présence dans le surgissent d’un vaste thème portique qui sonne comme une synthèse des chorals, genre auquel tient Bruckner. Contrastée, voire abrupte, cette dernière architecture, fait surgir de nouvelles sonorités spectaculaires, voire monstrueuses comme brossées avec une nouvelle sauvagerie, cependant parfaitement ancrée dans l’opulence des cuivres. C’est à nouveau un sentiment primitif qui immerge le spectateur dans la forge orchestrale, un bouillonnement titanesque qui bien avant Mahler, ose des proportions jamais écoutées jusque là. À ce titre les ultimes accords font résonner une texture ample, profonde et riche  qui suggère une plénitude orchestrale où rayonne l’irrésistible texture des cuivres. C’est une conclusion en majesté et aussi la vibration d’un commencement primordial, claire référence à l’opéra Wagnérien, au début de l’Or du Rhin et aussi à sa fin quand les dieux montent au Walhala… L’Orchestre de Bruckner dans ce final en apothéose égale son maître dont il produit une étonnante et vertigineuse synthèse. Au mérite du chef revient un souci constant de la lisibilité voire de la transparence, s’appuyant sur le brillant éthéré des violons, l’énergie fugace des bois, la royale splendeur ce soir, des cuivres…

 

 

BEETHOVEN CHAMBRISTE ET VIENNOIS… En première partie l’OPMC joue le triple concerto de Beethoven en complicité avec les 3 jeunes instrumentistes du trio belge Zeliha, récemment formé depuis 2018. Une certaine raideur et des aigus fragiles au violon au début laissent peu à peu se déployer en cours de soirée une franchise de ton, une délicatesse juvénile dont l’énergie et l’entrain entraînent tout l’Orchestre. Le violoncelliste (Maxime Quennesson) très à l’écoute de sa consœur (Manon Galy) s’avère vivant et ludique même, en particulier dans les cascades vibrionnantes de la dernière séquence.
La belle complicité entre les deux cordes n’atteint cependant pas l’articulation enflammée et précise du pianiste  [Jorge G. Buajazan], enjoué, facétieux comme un lutin percutant dont le jeu affûté, millimétré comprend idéalement l’esprit de cette partition composée en 1804 pour le Prince Lobkowitz, à la fois virtuose et aimable d’un Beethoven traversé par l’envie de jouer et une grâce toute viennoise. Celle que n’auraient renié ni Mozart ni Haydn. C’est dire.

 

 

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CRITIQUE, concert. MONACO, Auditorium Rainier III, le 13 janvier 2015. BEETHOVEN [triple concerto / Trio Zeliha], BRUCKNER [symphonie n°7], Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo OPMC), BERTRAND DE BILLY. Photos © Emma Dantec / OPMC communication

 

DIFFUSION sur Radio Classique, samedi 15 février 2025, 20h. Incontournable.

CRITIQUE, opéra. MARTIGUES, Théâtre des Salins, les 10 et 11 janvier 2025. R. CAMPO : La Petite Sirène (2024). C. Barbier-Serrano, M. Vergez-Pascal, E. Roux-Chamoux, S. Monti. Bérénice Collet / Raoul Lay.

D’Andersen à Walt Disney, La Petite Sirène habite nos imaginaires. Composé par Régis Campo, l’opéra merveilleux La Petite Sirène accoste à Martigues avec l’Ensemble Télémaque. Adapté aux préoccupations sociales contemporaines, le conte ne renonce pas à la quête sacrificielle de l’héroïne amoureuse tout en visant un public “famille” qui manifeste son enthousiasme.

 

Dans un contexte préoccupant de la préservation identitaire des adolescents.es, La Petite sirène, libre adaptation du conte d’Andersen (1837), fait mouche par la qualité d’une récriture signée par Régis Campo et par le fantastique d’un spectacle multimédias. En osmose avec le propos, la féérie de la mise en scène de Bérénice Collet (dramaturgie) participe de l’envoûtement du public « famille » qui remplit le Théâtre des Salins, à une encablure de l’étang de Berre. Un conte qui tentait Dvorak et son dramaturge Kvapil avec leur romantique ondine Rusalka en 1901. En 2024- 2025, cette actualisation cible adroitement les maléfices des réseaux sociaux, contribuant ainsi au renouvellement des récits à l’opéra. Dès l’introduction, une adolescente échange des textos avec son harceleur qui la somme d’abandonner famille et amies pour le rejoindre (registre réel). 

 

C’est par le biais d’un cauchemar – une mise en abyme du conte (registre fantastique) – que la jeune héroïne vit l’expérience traumatisante d’un amour sacrificiel en vue d’accéder à un autre monde. Lors de son réveil, elle sera « armée » pour repousser le cyberharcèlement. Baignée de lumières irisées (Alexandre Ursini) et d’ondoyantes vidéos (Christophe Waksmann), la bulle aquatique du conte est circonscrite sur une moitié de scène depuis un placard magique à extensions (évoquant La Sorcière du placard aux balais ?) tandis que l’ensemble Télémaque occupe l’autre moitié dans la pénombre. Ce double dispositif est favorable à la synergie chanteurs / instruments comme à la diffusion d’une production nomade sur le territoire national. Les perruques et les costumes chamarrés des trois sirènes (Christophe Ouvrard) suggèrent la mouvance sous-marine. 

 

Les cinq protagonistes sont incarnés par quatre chanteurs dont la déclamation évolue du parlé jusqu’au chanté et dont le jeu traduit l’esprit du théâtre musical ou du conte, plutôt que de l’opéra. Car les registres s’enchaînent sur un tempo ludique : féérique certes, mais aussi violemment cruel (la mutilation de la langue), grotesque (la sorcière aux pinces d’araignée de mer) et humoristique – le prince-dandy, consommateur de crustacés au restaurant. La vocalité nuancée de la Sirène est portée par la soprano Clara Barber Serrano avec une grâce touchante dans ses soli face au Prince terrien. Sa corporalité devient pathétique lorsqu’elle danse une valse hachée du fait de la mutilation de ses nageoires. Maniant l’autorité maternelle aussi bien que la grandiloquence corrosive d’une sorcière-crustacée, Marion Vergez-Pascal incarne aussi la Grand-mère en alternance. La mezzo-soprano Elsa Roux- Chamoux (sœur de la sirène) marque sa présence tant par le grain capiteux de sa voix lors d’une cansoun en guise d’épitaphe que par ses ondulations expressives. Prince plutôt falot dans la dramaturgie, le contre-ténor Sebastian Monti tire son épingle du jeu par une ligne de chant reliée à la mélodie française, finement prosodiée.

 

 

Fort de compositions mélodistes (Le Bestiaire) ou lyriques antérieures, Régis Campos crée un univers instrumental qui suggère le monde contemporain – jeu de motifs autour de la clarinette basse (récurrent au réveil de l’adolescente) – ou celui aquatique et onirique avec des couleurs scintillantes. Grâce à l’excellent Ensemble Télémaque (6 instrumentistes) conduit par Raoul Lay, ces couleurs mêlent le cristal du célesta ou du clavecin (synthé) aux harmoniques des cordes ou au frôlement d’archet sur le vibraphone. Au fil des mésaventures – le naufrage et le sauvetage du Prince, le pacte faustien avec la sorcière, l’incommunicabilité sur la terre – la matière semble émaillée de citations furtives : l’aquarium du Carnaval des animaux, Orphée de Gluck, le tétracorde descendant baroque. Cependant, passée la magie du premier ensevelissement aquatique ou bien de l’insolite tuyau harmonique, le découpage tranché des thématiques tend à lasser l’écoute. L’omniprésence d’un matériau par séquence – l’ostinato d’une échelle égrenée ou une rythmique à la Phil Glass – nuirait-elle à la fluidité de l’œuvre ?

Cette commande des Opéras de Nice (création en 2024), Toulon, Marseille et d’Avignon part à la rencontre de publics « famille » et scolaires. Astucieusement adaptées aux scènes partenaires, deux versions de la partition coexistent : avec un véritable orchestre ou bien un ensemble instrumental, comme ce soir au Théâtre des Salins à Martigues. Au-delà du plaisir communicatif d’un spectacle vivant dont témoigne le public intergénérationnel, l’urgence de préserver son identité sera-t-elle perçue par les jeunes ? Grâce à la tournée française de La Petite sirène, organisée par l’ARCAL, vous pourrez suivre ses prochaines escales :  à l’Opéra Grand Avignon (6 et 7 février), l’Opéra de Marseille (3 et 4 avril) et l’Opéra de Massy (23 mai).

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Critique, opéra. MARTIGUES, Théâtre des Salins, 10 et 11 janvier 2025. R. CAMPO : La Petite Sirène (2024). C. Barbier-Serrano, M. Vergez-Pascal, E. Roux-Chamoux, S. Monti. Bérénice Collet / Raoul Lay. Toutes les photos © Dominique Jaussein

GRAND THEÂTRE DE LUXEMBOURG. Jill Crovisier : The Game – Grand Finale (nouveau spectacle), les 13 et 14 février 2025 – ENTRETIEN spécial

Le Grand-Théâtre de Luxembourg présente le nouveau spectacle de Jill Crovisier (née en 1987 au Luxembourg). La danseuse et chorégraphe (JINJEON, 20·21), lauréate du Lëtzebuerger Danzpräis 2019, revient ainsi au Grand-Théâtre avec sa nouvelle création THE GAME – GRAND FINALE

 

 

Le spectacle hors norme, au carrefour des disciplines, entre danse et théâtre, est le résultat d’une recherche de trois ans où l’artiste a parcouru le monde en long et en large pour explorer, en danse, le thème des jeux et leur relation avec la condition humaine et l’existence. THE GAME – GRAND FINALE, consacré à l’examen de notre instinct de survie et au besoin impérieux d’exprimer nos histoires et nos liens, immerge le public dans l’ambiguïté et le contraste entre plaisir, peur, espoir. Les huit danseurs et danseuses nous invitent à embarquer pour un voyage puissant entre fiction et réalité, simplicité et complexité.

 

La démarche artistique de Jill est basée sur l’expérience personnelle, l’observation ; un lien fort avec la société et les gens. Un coup de dés jamais n’abolira le hasard… The Game – Grand Finale mesure par le prisme du mouvement et du son, les différentes manières dont le jeu est perçu et pratiqué à travers les cultures : comment peut-il transcender la simple compétition, créer des espaces de liberté et insuffler de la chaleur humaine dans notre quotidien ? Empathique, fraternelle, la vision de la chorégraphe propose une autre compréhension de l’humain, à partir de sa propre analyse de l’humanité. Jill Crovisier aime explorer les intersections entre la composition chorégraphique, le design sonore, les collaborations d’échanges culturels. Son travail met l’accent sur l’authenticité et le réalisme, en utilisant la danse pour communiquer la vie et l’identité. Son travail puissant et personnel, demeure inclusif et émotionnellement engageant, même pour ceux qui ne sont pas familiers de danse contemporaine.

 

 

 

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LUXEMBOURG – Grand Théâtre, studio
JILL CROVISIER : The Game – Grand Finale
13 février 2025, 20h
14 février 2025, 20h
Durée : 1h10 (sans entracte)

RÉSERVEZ vos places directement sur le site du Grand Théâtre de Luxembourg : https://theatres.lu/fr/jillcrovisierthegame

 

VIDÉO Teaser THE GAME – GRAND FINALE de JILL CROVISIER (création)

 

 

Présentation en anglais / in english. Jill Crovisier’s THE GAME – GRAND FINALE is the culmination of three years of research during which the award-winning Luxembourgish choreographer has explored manifestations of games across countries, cultures, relationships, and individual psyches, examining the different aspects through the prism of movement and sonic landscapes. The inquiry originally sprouted from the metaphorical expression ‘life is a game’, leading Crovisier to question if we are players in a game of our making or if the rules are dictated by external forces. Throughout her journey, she has collaborated with both professional and non-professional dancers, often zooming in on character studies. Every performer in this concluding creation embodies a distinct persona, each of which will partake in confronting the enigma of our existence and – perhaps – emerge with a deeper understanding of the game we call life.

 

projection vidéo
A ne pas manquer aussi la projection du film documentaire de Marie-Laure Rolland (Jill Crovisier, À la recherche du corps perdu) à la Cinémathèque le 10 janvier 25 à 18h & The Game : A Prelude présenté au Kinneksbond à Mamer le 31 janvier 25 (plus d’infos)

 

approfondir / visitez le site officiel de Jill Crovisier : https://www.jcmdance.com/en/abou

 

 

Entretien avec JILL CROVISIER

 

Toutes les photos THE GAME – GRAND FINALE © Lynn Theisen / GT Luxembourg 2025

 

 

ENTRETIEN avec la chorégraphe JILL CROVISIER à propos de sa nouvelle chorégraphie «  THE GAME – GRAND FINALE », en création au Grand Théâtre de LUXEMBOURG (13 et 14 février 2025)

 

 

CLASSIQUENEWS : Quel est le sujet de votre nouvelle chorégraphie ?

JILL CROVISIER : C’est une pièce existentielle qui nous parle de désir, de peur, et qui d’une façon générale, à travers les représentations du jeu, interroge le sens de la vie…. Comment comprendre et accepter notre monde, complexe, déconcertant? J’ai souhaité poser la question : et si la vie était un jeu ? Comme si cela permettait de mieux accepter nos existences et notre monde, avec une légèreté qui permet de mieux vivre ; car il s’agit aussi d’une pièce où l’humour et la joie sont présents.

 

CLASSIQUENEWS : Quelle en est la dramaturgie et les éléments de l’action ?

JILL CROVISIER : J’ai imaginé plusieurs séquences qui permettent d’approfondir des caractères et des situations très précis qui sont tous liés au jeu. Quelques exemples : j’ai choisi le football américain pour exprimer l’idée du jeu guerrier où la confrontation est de mise ; dans un esprit viril, très physique. La tenue des footballeurs est elle—même significative : elle ressemble à une armure. Ce sont des warriors qui appellent l’assaut, l’affrontement. J’évoque aussi le milieu du casino – celui du « dark side gambling », en particulier le style des années 1970, précisément celui de Las Vegas (avec les sons emblématiques qui lui sont propres) ; il s’agit aussi d’aborder directement la question des femmes dans ce milieu ; la majorité y travaillent pour leur physique : elles distribuent les cartes, accompagnant les clients, les incitant à consommer toujours plus… De même le cirque est aussi présent ; il introduit la notion du show, du divertissement pur, dans le style de Bob Fosse auquel j’associe sur le plan sonore, le jazz… Cette séquence permet aussi de questionner la place des animaux et la relation que le dompteur leur impose : rapport de domination et d’autorité qui fait débat aujourd’hui. Vous voyez bien qu’à chaque épisode où l’esprit du jeu et du divertissement s’impose, il y a toujours un autre aspect plus trouble et ambivalent. Le cirque évoque ainsi la question de la maltraitance animale. Quelle limite sommes-nous prêts à accepter pour nous laisser divertir ? Et les parieurs au tiercé sont-ils toujours prêts à écarter ainsi toute souffrance des chevaux de course pour continuer à jouer et augmenter leur gain ?
Ce ne sont que quelques histoires d’une narration globale qui mêle les situations, les sentiments à l’image de la vie elle-même. La vie est riche, complexe, diverse. La pièce est le miroir de notre réalité multiple.

 

CLASSIQUENEWS : Comment s’inscrit ce nouveau ballet comparé à vos autres pièces ?

JILL CROVISIER : Il s’agit d’un projet ambitieux qui remonte à … 2019. Il prolonge une longue observation (comme l’expérience que j’ai pu en recueillir), de genres et de traditions diverses : danses classique, urbaine, folklorique et traditionnelle, théâtre physique, sport aussi … The Game – Grand Finale est le fruit d’un travail personnel, pour lequel je me suis particulièrement impliquée ; c’est assurément l’un des mes projets les plus personnels. C’est aussi un spectacle dont j’ai particulièrement soigné la bande sonore : dans le choix des musiques évidemment, dans le choix des moindres bruits qui font sens et qui permettent d’accentuer la caractérisation de chaque séquence.

 

Propos recueillis en février 2025

 

Toutes les photos THE GAME – GRAND FINALE © Lynn Theisen / GT Luxembourg 2025

 

 

PLUS D’INFOS sur le site du Grand Théâtre de Luxembourg : https://theatres.lu/fr/jillcrovisierthegame

 

CD événement, annonce. BRUCKNER : Symphonie n°6. CHINA NCPA Orchestra, LÜ Jia (direction) – 1 cd NCPA classics

Respiration aérée et même oxygénée, cordes fluides et transparentes, cuivres solennels, bois scintillants… le geste de l’orchestre (China NCPA orchestra) sous la conduite du maestro LÜ Jia, s’avère des plus convaincants dans ce nouvel opus de son intégrale BRUCKNER

 

Il excelle véritablement dans une compréhension intuitive et très naturelle de l’équation essentielle chez Bruckner : grandeur et poésie ; échelle du colossal et chant intimiste de la Nature… entre ces deux modes, apparemment inconciliables, le chef chinois parvient à trouver un équilibre magistral qui accrédite cette nouvelle lecture et intègre la sensation du mystère ; la lecture, la plus récente, et donc tardive, profite ainsi certainement des précédentes déjà enregistrées et bien sûr éprouvées en concert.

 

 

Cette vibration particulièrement réussie qui réalise de superbes respirations malgré le colossal, des éclairs magiciens intimistes malgré les vertiges écrits (motricité ample et spectaculaire du premier mouvement « maestoso », littéralement impressionnant), … éclaire une joie manifeste que l’on pensait impossible chez Bruckner. Il est vrai que la 6è symphonie a été composé dans l’euphorie, grâce à la création antérieure de la 4è, qui dirigée par Hans Richter et de façon victorieuse (Vienne, février 1881), permettait à l’auteur d’être enfin reconnu comme compositeur accompli, « le Schubert de son temps ». Une consécration qui se lit allusivement dans le caractère dansant du premier mouvement majestueux certes, mais souple et mobile. Ce que comprennent parfaitement les musiciens chinois…

Ce nouvel enregistrement confirmerait-il la réussite de toute l’intégrale Bruckner par les instrumentistes pékinois du CHINA NCPA Orchestra et leur chef LÜ Jia ? Critique complète à venir sur CLASSIQUENEWS.

 

 

 

 

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CD événement, annonce. BRUCKNER : Symphonie n°6. CHINA NCPA Orchestra, LÜ Jia (direction) – enregistré à Pékin, China NCPA Concert Hall, janvier 2024 – CLIC de CLASIQUENEWS

 

 

LIRE aussi nos autres critiques des Symphonies de Bruckner par le China NCPA Orchestra / LÜ Jia : https://www.classiquenews.com/cd-evenement-bruckner-integrale-des-9-symphonies-china-ncpa-lu-jia-direction-2023-ncpa-classics-pekin

 

CD événement. BRUCKNER : Intégrale des 9 symphonies. CHINA NCPA, LÜ JIA (direction) – 2023, NCPA classics. Le nouveau son brucknérien venu de Pékin…

 

ORCHESTRE NATIONAL AUVERGNE-RHÔNE-ALPES. The Lafayette Tour, les 19 et 21 janvier 2025 (Le Puy en Velay, Clermont-Ferrand)

En avant-première de sa prochaine tournée aux États-Unis, L’Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes célèbre la nouvelle année 2025 avec un programme rendant hommage à son héros local, le Marquis de Lafayette, né auvergnat, à l’occasion du bicentenaire de sa tournée américaine de 1825 !

 

 

Au programme des œuvres de compositeurs des Lumières : Chevalier de Saint-Georges, Mozart, mais aussi Crawford Seeger, Beethoven, sans omettre la Passacaille de Thomas Zehetmair, violoniste, actuel directeur musical de l’Orchestre National Auvergne Rhône-Alpes

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Le 19 janvier au Théâtre du Puy-en-Velay et le 21 janvier à l’Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand, l’Orchestre présente comme une avant-première, le concert qu’il jouera aux States, le Lafayette Tour débutant en Amérique en avril prochain en hommage au Général auvergnat, invité de la nation américaine en 1825 pour fêter les 50 ans de la guerre d’indépendance américaine. 
C’est une expérience musicale et immersive sous la direction de Thomas Zehetmair, avec projection d’une vidéo qui retrace l’incroyable histoire du Marquis devenu Général de Lafayette, figure historique et symbole du lien fort entre la France et les États-Unis.

 

2 concerts événements

Dimanche 19 janvier 2025, 17h
Théâtre du Puy-en-Velay
Réservez vos places directement sur le site de l’Orchestre National Auvergne-Rhône-Alpes : https://billetterie-spectacles-envelay.tickandlive.com/reserver/orchestre-national-dauvergne-1/90622?idwl=1

 

Mardi 21 janvier 2025, 19h30
Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand
Réservez vos places directement sur le site de l’Orchestre National- Auvergne Rhône-Alpes : https://billetterie-orchestreauvergne.mapado.com/event/346061-mozart-concerto-pour-violon

 

Plus d’informations directement sur le site de l’Orchestre National Auvergne-Rhône-Alpes : https://billetterie-spectacles-envelay.tickandlive.com/reserver/orchestre-national-dauvergne-1/90622?idwl=1

 

Programme :

Joseph BOLOGNE, Chevalier de Saint-George :  L’Amant anonyme : ouverture
Ruth CRAWFORD SEEGER :  Andante pour cordes
Wolfgang Amadeus MOZART :  Concerto pour violon n° 5 en la majeur KV. 219
Thomas ZEHETMAIR :  Passacaille, burlesque et choral pour orchestre à cordes
Ludwig van BEETHOVEN :  Grande Fugue en si bémol majeur Opus 133

Direction et violon : Thomas Zehetmair

Durée : 1h45. Concert sans entracte.

 

 

VIDÉO / The Lafayette Tour (1825 • 2025) – France [Teaser]

 

L’Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes organise une tournée musicale et immersive aux États-Unis du 13 au 27 avril 2025 pour célébrer le bicentenaire des voyages du marquis de Lafayette, 50 ans après la guerre d’Indépendance. La tournée se concentrera sur des villes et sites clés visités par Lafayette en 1825 : New Orleans, Charleston, Nashville, Washington DC, Mount Vernon, West Point et Easton. En préambule de cette tournée, deux représentations exceptionnelles auront lieu en France les 19 et 20 janvier 2025, au Théâtre du Puy-en-Velay et à l’Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand. L’orchestre sera dirigé par le chef d’orchestre Thomas Zehetmair et le programme du concert sera lié à l’histoire de Lafayette et à la période de sa tournée.

CD événement, annonce. TRIO HAYDÉE : « Ciels d’or ». Pauline Viardot, Louis-Zoé Gouirand-Gentil, Grace Williams, Rosy Wertheim, Elisenda Fabregas… (1 cd Voces8 records)

Ne manquez pas la sortie du premier album du Trio Haydée, formé par Marielou Jacquard (chant), Anastasie Lefebvre de Rieux (flûte), Constance Luzzati (harpe). La formation est rare ; CLASSIQUENEWS a distingué les 2 premiers albums en solo de l’excellente harpiste Constance Luzzati (L’enharmonique, Jupiter).

 

 

Le nouveau programme (édité par le label britannique Voces8) propose un choix de variations lumineuses conçues par plusieurs compositrices, du XIXè au XXIè siècles : les plus connues Viardot, Canat de Chizy, certaines à découvrir telles Gouirand-Gentil, Grandval, Wertheim…avec des joyaux inédits signées Lejet, Fabregas, ou Lili Boulanger… ; sans omettre la commande passée à la compositrice Josephine Stephenson et à l’autrice -illustratrice Diglee.  Parution annoncée le 7 février 2025.

 

 

Lumières, cieux embrasés, du crépuscule à l’aube, le soleil à son lever ou à son coucher diffuse son or céleste, son corail étincelant en composant des paysages inspirant constellés de teintes mordorées. C’est le sujet de ce programme aussi musical que poétique, riche en images et sonorités picturales… que compose un nouveau trio, le Trio Haydée, pour voix, flûte et harpe. Les œuvres sélectionnées jalonnent un cheminement de perles musicales au féminin, signées Pauline Viardot et Louis-Zoé Gouirand-Gentil pour les plus anciennes compositrices ; mais aussi les cycles de 3 poèmes mis en musique par Grace Williams, Rosy Wertheim, ou Elisenda Fabregas … sans omettre les pièces aux titres éloquents, suggestifs associant voix, flûte et harpe : « Litanie » (Canat de Chizy), « Pantoum » (Roesgen-Champion), « Villanelle (De Granval), « Aube » de Josephine Stephenson, ou « De Lumière et de cieux embrasés » pour harpe seule d’Édith Lejet…

 

 

 

Plus d’infos sur le site du Trio Haydée : https://www.triohaydee.com/

 

 

 

ORCHESTRE NATIONAL AUVERGNE-RHÔNE-ALPES. PARIS, NOTRE-DAME. Le 14 janvier, puis les 13 et 14 mai 2025. Requiems de Fauré et Mozart


Formation orchestrale reconnue et célébrée à juste titre, l’Orchestre National Auvergne-Rhône-Alpes souligne la renaissance de NOTRE-DAME en proposant sa lecture événement du REQUIEM de Fauré ; la phalange orchestrale séduit et convainc pour la qualité de ses performances, son engagement artistique, l’acuité de ses approches.

 

Chaque ensemble uniquement composé de cordes, comme c’est le cas de l’Orchestre National d’Auvergne Rhône-Alpes, doit soigner la cohésion sonore, l’écoute collective, la souplesse synchrone de chaque pupitre… Aujourd’hui l’Orchestre partage sa passion avec un large public, renforçant sa présence sur le territoire, y compris dans les zones rurales, tout en rayonnant aussi à l’International et dans l’Hexagone, comme en témoigne le concert du 14 janvier 2025. Ainsi en ce début 2025, l’Orchestre National Auvergne-Rhône-Alpes participe aux concerts de réouverture de Notre-Dame de Paris, en janvier (puis en mai), en proposant sa propre lecture des célèbres Requiems de Fauré et de Mozart.

 

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Mardi 14 janvier 2025
Cathédrale NOTRE-DAME de PARIS
Gabriel Fauré : Requiem en ré mineur Opus 48

André Jolivet : Suite Liturgique

 

avec : Henri Chalet, Émilie Fleury • direction
Maîtrise Notre-Dame de Paris • chœur
Jean-Marie Trotereau • violoncelle
David Walter • cor anglais
Valeria Kafelnikov • harpe

 

Infos et réservations : https://musique-sacree-notredamedeparis.fr/boutique/concert/24-25/requiem-faure

 

Le Requiem de Gabriel Fauré est une œuvre majeure qui frappe par sa paradoxale douceur et son appel à l’espérance et propre à son auteur, affirme le tempérament classique et suave d’une écriture qui charme par la sensibilité d’un raffinement exquis ; la partition dessine une fresque à la fois sereine et puissante, entièrement extatique, au raffinement suprême, se dissimulant derrière une grande simplicité. Aux côtés de l’Orchestre national Auvergne Rhône-Alpes, la Maîtrise Notre-Dame de Paris déploie son art des clairs-obscurs que nourrit le sentiment d’une ferveur intense. Le Requiem [1887] partition sacrée majeure de la période dont la séduction et la profondeur du Libera me comme du Pie Jesu, respectivement pour baryton et soprano, demeurent les pièces emblématiques. L’ex élève de l’école Niedermeyer connaît la liturgie et le sens des textes sacrés comme peu.

 

 

prochains concerts à Notre-Dame

 

Mardi 13, mercredi 14 mai 2025
Cathédrale Notre-Dame de Paris
W. A. Mozart : Ave verum corpus KV 618
Requiem en ré mineur KV 626
Henri Chalet, direction
Hélène Carpentier, soprano
Floriane Hasler, mezzo-soprano
Léo Vermot Desroches, ténor
Thomas Dolié, baryton
Maîtrise Notre-Dame de Paris • chœur

 

Nimbé de légendes en raison de la mort du génie qui vint interrompre sa composition, le Requiem de Mozart a toujours fasciné le public et n’a cessé de tourmenter les musicologues en quête de vérité. L’écriture du maître s’achève à la huitième mesure du Lacrimosa. Mais même si certaines parties ne sont pas de sa main, le Requiem a connu, dès sa première exécution, un succès dont il ne s’est pas départi jusqu’à aujourd’hui.

PLUS D’INFOS : https://onauvergne.com/

PARIS. Festival MUSICIENNES Á PARIS 13, les 24, 25 et 26 janvier 2025. Musique classique et Harmonies hongkongaises, Joyce Tang, Agathe Backer…

La pianiste LYDIA JARDON présente la 2è édition du festival MUSICIENNES A PARIS, cycle événement de 3 jours, avec un focus particulier dédié à la compositrice hong-kongaise Joyce Tang. Le concept artistique déjà développé par Lydia Jardon à Ouessant, en Guadeloupe et Martinique fait à nouveau escale à Paris, fort de sa défense des cultures locales ; l’idée est de croiser musique classique et harmonies identitaires territoriales. En janvier 2025, il s’agit de (re)découvrir harmonies et couleurs hongkongaises.

 

 

Le Festival célèbre les noces magiques, enchanteresses du mariage entre musique classique et harmonies et instruments asiatiques. L‘ensemble des événements et des concerts se déroule Salle Colonne dans la 13è ardt de Paris. Ainsi les vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 janvier prochains, les artistes invité(e)s joueront les œuvres des grands maîtres (du répertoire chambriste) et les pièces composées par Joyce Tang (entre autres). La compositrice hongkongaise JOYCE TANG, docteure en musicologie (Université de Hongkong) déploie une écriture incisive et brillante dans plusieurs genres : symphonique, chambriste, vocal et choral, électroacoustique… Elle enseigne actuellement à l’Université baptiste de Hong Kong et à l’Université de Hong Kong.

 

L’ensemble des concerts propose un voyage musical particulièrement prometteur, avec pour chaque journée programmée, un thème mis en avant. Vendredi 24 janvier (20h), « 3 + 4 + 5 = harmonie », avec des œuvres chambristes de Mozart, Joyce Tang (Quatuor à cordes) et Saint-Saëns ; samedi 25 (18h) : « piano et Erhu » (24 Préludes de Chopin, Sonate Clair de Lune par Lydia Jardon, avec la pièce pour piano et Ehru de Joyce Tang), enfin dimanche 26 janvier à 16h, sur le thème générique « Entre tradition ancestrale hongkongaise et musique européenne », 2 pièces de Joyce Tang dont une création pour piano et percussions et plusieurs œuvres d’Agathe Backer Grondahl…

 

Parmi les artistes invitées par Lydia Jardon : les pianistes Mary Olivon, Alexandra Matvieskaya et Oscar Rongxuan Ying (âgé de seulement 9 ans !), les violonistes Anny Chen et Yuri Kuroda, la violoncelliste Sarah Jacob, la soprano Karen Vourc’h, sans omettre le percussionniste Thierry Miroglio…

TOUTES les infos et la billetterie, le détail des programmes … sur le site du festival Musiciennes à Paris 13 / salle Colonne : https://musiciennesaparis13.com/le-festival#

Festival Musiciennes à Paris 13
Téléphone : 06 19 79 54 89
E-mail : [email protected]

SALLE COLONNE
94 Bd Auguste Blanqui, 75013 Paris, France

 

 

 

 

VIDÉO
Joyce Tang | Points of Intersection (2024)

 

EN SAVOIR PLUS sur la compositrice JOYCE TANG : visitez son site officiel ici : https://www.joycewctang.com/

 

 

FONDATION LOUIS VUITTON. Récital de piano : Sophia SHUYA LIU, jeudi 16 janvier 2025. Chopin, Liszt…

A Boulogne, la Fondation LOUIS VUITTON poursuit son cycle événement « Piano nouvelle génération », en offrant une carte blanche à la très jeune pianiste sino-canadienne Sophia Shuya Liu, seulement âgée de … 16 ans.  Malgré sa jeunesse, Sophia Shuya Liu entre avec fracas sur la scène parisienne, auréolée de prix internationaux.

 

Élève de Dang Thaï Son à Montréal (où elle réside), la pianiste sino-canadienne Sophia Shuya Liu façonne ses dons précoces, une sensibilité aiguë… qui lui ouvrent les portes des plus grandes salles nord-américaines. En 2023, elle remporte le Concours Thomas & Evon Cooper pour jeunes solistes (aux Etats-Unis), ce qui lui vaut de se produire avec l’Orchestre de Cleveland et David Robertson, puis le 2ème Prix de la première édition du Concours International Arturo Benedetti Michelangeli de Brescia, en Italie, avec plusieurs Prix spéciaux dont le Prix du Public. Son jeu alerte, puissant, nuancé, coloré s’épanouit notamment dans le répertoire romantique qu’elle affectionne par-dessus tout. Rien d’étonnant donc à la (re)découvrir lors d’un récital à la FONDATION LOUIS VUITTON, ce 16 janvier 2025, structuré autour des œuvres de Franz Liszt et de Frédéric Chopin ;

 

 

 

… laissant la part belle aux variations brillantes d’opéras (Variations sur Don Giovanni de Chopin, Réminiscences de Norma de Liszt) et aux feuillets poétiques et contemplatifs : Sonnet 123 de Pétrarque de Liszt, Nocturne op. 37 n° 2 de Chopin. Ce concert est complet et sera retransmis en direct et en différé sur FLV Play (/ Fondation Louis Vuitton Play) et en différé sur Radio Classique.

 

 

 

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Jeudi 16 janvier 2025 – 20h30
FONDATION LOUIS VUITTON, Auditorium

Infos & réservations directement sur le site de la FONDATION LOUIS VUITTON : https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr/evenements/piano-nouvelle-generation-sophia-shuya-liu
Tarif : 15€ – 25€ – Photo : DR

 

Programme

Franz Liszt
Méphisto-Valse n°1 S.51
Années de pèlerinage – Deuxième année : Italie – Sonnet 123 de Pétrarque
Réminiscences de Norma

Frédéric Chopin
Nocturne op.37 n°2
Quatre Mazurkas op.17
Variations en si bémol majeur sur le thème La ci darem la mano op.2 (extrait de l’Opéra Don Givanni de Mozart)

 

 

 

 

 

prochain concert

Le 31 janvier 2025, 20h30 – Récital de Jaeden Izik-Dzurko, piano. Premier prix du dernier Concours musical international de Montréal, Jaeden Izik-Dzurko fait partie à 25 ans des pianistes les plus prometteurs de sa génération.
Entre intelligence et finesse, intériorité et intensité , le musicien au jeu chaleureux, virtuose et félin se produit depuis trois ans en concerto avec de prestigieux orchestres dans le monde entier. Épousant à merveille l’effusion expressive de la musique romantique slave, Jaeden Izik-Dzurko convie Medtner et Ligeti en première partie, aux côtés des cinq Miroirs de Maurice Ravel, avant de proposer, après l’entracte, la Sonate n°1 de Rachmaninov
Infos et réservations directement sur le site de la Fondation Louis Vuitton : https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr/evenements/piano-nouvelle-generation-jaeden-izik-dzurko

 

Photo : DR

 

ORCHESTRE CONSUELO. La Coursive de La Rochelle, le 7 fév 2025. Beethoven, Dvorak, Tchaikovsky. Liya Petrova (violon), Victor Julien-Laferrière (violoncelle et direction)

Après une 7è symphonie de Dvorak, l’Orchestre CONSUELO, fondé / dirigé par le violoncelliste Victor Julien-Laferrière proposent un nouveau concert événement à La Coursive de La Rochelle.

 

Au programme, 3 œuvres magistrales de l’époque romantique signées Beethoven, Dvořák et Tchaïkovski. Pour ce faire, la violoniste bulgare Liya Petrova, étoile montante au tempérament de braise, les rejoint pour le Concerto de Beethoven. L’auteur de Fidelio et des 9 symphonies les plus essentielles de la littérature orchestrale est désormais familier pour les instrumentistes qui viennent de publier les Symphonies 1, 2 et 4, dans le cadre d’une intégrale en cours. Maîtrise remarquable des tensions et détente, cohésion organique, souffle et respiration, l’orchestre CONSUELO y prolonge sa réussite au concert ; ce premier coffret Beethoven en porte la marque… et a décroché à juste titre notre distinction le CLIC de classiquenews.

 

Pour ce concert à la Rochelle, CONSUELO devrait marquer un nouveau jalon de sa formidable aventure symphonique, cette fois Victor Julien-Laferrière invite l’excellente et très inspirante violoniste Liya Petrova dans le Concerto pour violon en ré majeur écrit par Beethoven en 1806. Composée lors d’une période très heureuse de sa vie, l’œuvre est lumineuse, exaltée. Le dialogue entre l’orchestre et la partition soliste déborde de joie et d’amour. Révélée sur la scène internationale en 2016 lorsqu’elle remporte le Premier prix du Concours international de violon Carl Nielsen au Danemark, la musicienne bulgare est remarquée pour son jeu à la sonorité pure et délicate, d’une virtuosité technique indiscutable. Puis Victor Julien-Laferrière dirige et joue aussi la partie de violoncelle pour le sublime et très poétique Silence de la forêt de Dvorak… En complément, orchestre et chef jouent la Suite n°2 de Tchaikovsky : l’œuvre sera le sujet du prochain enregistrement de CONSUELO. Elle permet aux instrumentistes de déployer leur étonnante plasticité expressive tant elle requiert souplesse, nuances, contrastes à travers un cycle ponctué de légèreté, de valses, sans omettre de tendres évocations qui semblent surgir de l’enfance…

 

 

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Orchestre Consuelo
LA COURSIVE (La Rochelle)
Vendredi 7 février 2025 – 20h30

Ludwig van Beethoven : 
Concerto pour violon en ré majeur
(violon : Liya Petrova)

Antonín Dvořák : 
Le Silence de la forêt
(violoncelle : Victor Julien-Laferrière)

Piotr Ilitch Tchaïkovski
 : Suite n°2 en ut majeur, op. 53 « caractéristique »

Liya Petrova, violon
Orchestre Consuelo
Victor Julien-Laferrière, direction et violoncelle

Informations et réservation directement sur le site de La Coursive, La Rochelle :
https://www.la-coursive.com/projects/orchestre-consuelo-24-25/

 

 

 

entretien exclusif

ENTRETIEN avec VICTOR JULIEN-LAFERRIERE, à propos de son orchestre CONSUELO… Suite de l’intégrale Beethoven, profil des instrumentistes, répertoire, nouvel album (Suites de Tchaikovski), projets futurs…… https://www.classiquenews.com/entretien-avec-victor-julien-laferriere-a-propos-de-son-orchestre-consuelo-suite-de-lintegrale-beethoven-suites-de-tchaikovski/

 

ENTRETIEN avec VICTOR JULIEN-LAFERRIERE, à propos de son orchestre CONSUELO… profil des instrumentistes, Suite de l’intégrale Beethoven, répertoire, nouvel album (Suites de Tchaikovski), projets futurs……

 

COMPIEGNE, Théâtre Impérial. CAMPRA : Le Carnaval de Venise, les 30 et 31 janv 2025. Nouvelle production. Yvan Clédat et Coco Petitpierre / Il Caravaggio. Camille Delaforge.

En 2 soirées événements, le Théâtre Impérial de Compiègne offre un saisissant spectacle baroque où le raffinement français du compositeur aixois André Campra rencontre (et se nourrit de) la féerie fantasmée vénitienne. Créé en 1699, à l’extrémité du Grand Siècle, son « Carnaval de Venise » porte déjà à son sommet le genre de l’opéra-ballet, synthèse raffinée entre Italie et France. La nouvelle production est aussi un spectacle majeur de l’année 2025, en tournée dans l’Hexagone, dévoilant le geste engagé, expressif de l’ensemble Il Caravaggio dirigée par Camille Delaforge, précédemment couronnée par le CLIC de Classiquenews pour son excellent enregistrement du Devoir du Premier Commandement, disque superlatif édité par Château de Versailles Spectacles… et soulignant comme jamais, le génie spécifique du très jeune Mozart.

 

André Campra avant Rameau au plein XVIIIè, aborde et perfectionne le genre de l’opéra-ballet. Pour enrichir sujet et déploiement visuels, le compositeur provençal illustre Venise et son carnaval. Une équation qui se révèle magicienne dans son ouvrage intitulé « Le Carnaval de Venise », créé en 1699 à l’Académie royale de Musique. Féerie, masques et miroirs, la musique y cultive toutes les illusions. Les metteurs en scène Yvan Clédat et Coco Petitpierre invente pour cette nouvelle production un monde enivré, sensuel, hautement esthétique, qui interroge signes et enjeux de l’enchantement : théâtre dans le théâtre, mélange savant et raffiné des chants italien et français, et comme dans l’opéra vénitien qui est né au XVIIè, combinaison habile, dramatique, des genres comiques et merveilleux.

 

C’est évidemment un labyrinthe des coeurs où polichinelles et arlequins sont les provocateurs malicieux et séducteurs ; où chacun s’ingénie à mieux tromper l’autre pour atteindre sa cible. Place Saint-Marc, entre les canaux, sous les balcons des palais vénitiens, Léonore et Isabelle aiment Léandre, qui préfère Isabelle. Rodolphe, qui en est lui aussi amoureux, s’associe Léonore pour se venger de celui qui rend son amour impossible (Léandre). La scène est le prétexte à un prologue où l’on achève la préparation d’un décor ; à un bal, à la représentation d’un spectacle qui n’est autre qu’Orfeo, le tout au sein d’un Carnaval propice aux quiproquos et aux ruses masquées. Au pupitre, Camille Delaforge dirige son ensemble Il Caravaggio. Sur scène, solistes, chœur et danseurs donnent vie au divertissement lyrique ; ils réinventent le jeu, l’humour, la beauté, toutes les surprises que le Carnaval de Venise offrait à ses contemporains, dans l’imaginaire de Campra… Que la fête commence ! Il semble que Campra ne soit jamais allé à Venise, pourtant subjugué par le thème, il compose après le Carnaval de Venise, Les Fêtes Vénitiennes en 1710…

 

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COMPIEGNE, Théâtre Impérial
André CAMPRA : Le Carnaval de Venise
jeu 30 Janvier 2025, 20h
ven 31 Janvier 2025 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site du Théâtre Impérial de Compiègne :
https://www.theatresdecompiegne.com/le-carnaval-de-venise-520

 

Distribution

Opéra-ballet en un prologue et trois actes d’André Campra
Livret : Jean-François Regnard

Mise en scène et scénographie : Yvan Clédat et Coco Petitpierre
Direction musicale : Camille Delaforge
Cheffe de chœur : Lucile De Trémiolles
Chorégraphie : Sylvin Prunenec
Création lumières : Yan Godat

Assistante costumes : Anne Tesson
Assistante mise en scène : Françoise Lebeau
Assistant dramaturge : Baudouin Woehl

Avec
Isabelle / Minerve : Victoire Bunel
Léonore : Anna Reinhold
Orphée : David Tricou
Léandre / Le Carnaval : Sergio Villegas Galvain
L’Ordonnateur / Rodolphe / Pluton : Guilhem Worms

Danseurs et danseuses :Marie-Laure Caradec, Max Fossati, Julien Gallée-Ferré, Marie-Charlotte Chevalier, Sylvain Prunenec

Ensemble Il Caravaggio

Fabrication décors et costumes Opéra de Rennes

 

A l’Opéra de RENNES, pour 4 représentations du 19 au 23mars 2025 : https://opera-rennes.fr/fr/evenement/le-carnaval-de-venise

 

CINÉMA. Opéra en direct : AÏDA depuis le Met, sam 25 janvier 2025. Avec Angel Blue, Piot Beczala, Judit Kutasi… Michael Mayer / Yannick Nézet-Séguin  

Leader mondial de la retransmission d’opéras en direct au cinéma, le Metropolitan Opera de New-York poursuit sa saison des directs (THE MET : Live in HD) avec la toute nouvelle production d’Aida signée du metteur en scène Michael Mayer (avec décors imposants et images d’animation recréant la splendeur de l’Egypte pharaonique, celle du Nouvel Empire).

 

Elle remplace la précédente mise en scène de Sonja Frisell, à l’affiche depuis 36 ans qui a suscité plus de 260 représentations. La soprano Angel Blue chante pour la première fois le rôle-titre (Aida, la belle esclave prisonnière à la Cour de Pharaon, aimée du général égyptien Radamès…). Prise de rôle réalisée au Met sous la direction musicale de Yannick Nézet-Séguin.

 

 

 

 

CINEMA, en direct depuis le METROPOLITAN OPERA de NEW YORK :

Giuseppe Verdi : AIDA
Samedi 25 janvier 2025 à 18h30
Direction musicale : Yannick Nézet-Séguin // Mise en scène : Michael Mayer
https://www.pathelive.com/events/ada

 

PLUS D’INFOS sur le site des cinémas (cycle « Live in HD ») Pathé / l’opéra au cinéma / direct Aida depuis le Metropolitan Opera New York : https://www.pathelive.com/events/ada

Plus d’infos sur le site de pathé : https://www.pathelive.com/program

Page dédiée à AIDA, live depuis le Metropolitan Opera New York :
https://www.pathelive.com/events/ada

 

distribution

Aïda : Angel Blue
Amneris : Judit Kutasi
Radamès : Piotr Beczała
Amonasro : Quinn Kelsey
Ramphis : Dmitry Belosselskiy
le roi : Morris Robinson
Orchestre et chœur du Metropolitan Opera de New York
Yannick Nézet-Séguin, direction

 

ORCHESTRES. La Philharmonie de Luxembourg annonce le nouveau directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg, le chef hongrois Martin Rajna

Dans un communiqué diffusé ce jour, la Philharmonie de Luxembourg annonce la nomination de Martin Rajna au poste de directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg, ce à partir du 26 septembre 2025, pour un premier contrat de quatre ans.

 

 

Âgé de 29 ans, Martin Rajna est déjà un chef d’orchestre accompli dans son pays natal, la Hongrie. Il est Principal Chef d’Orchestre de l’Orchestre Philharmonique de Győr depuis 2021 et Chef Principal de l’Opéra d’État hongrois à Budapest depuis 2023. Né en 1995 à Dunaújváros (Hongrie), Martin Rajna s’impose rapidement sur la scène musicale internationale. En 2025, le jeune maestro réalise des débuts internationaux marquants, entre autres avec le London Philharmonic Orchestra, l’Orchestra del Teatro La Fenice et ainsi l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg.

 

 

PLUS D’INFOS :
sur le site de la Philharmonie Luxembourg / Orchestre Philharmonique de Luxembourg : https://www.philharmonie.lu/fr
sur le site officiel du maestro MARTIN RAJNA : https://martinrajna.com/

 

 

Martin RAJNA (DR)

 

 

VIDÉOS

 

Martin Rajna | Future Music Director of the Luxembourg Philharmonic

We are thrilled to announce that Hungarian conductor Martin Rajna has been appointed as our new Music Director, beginning in September 2026 for a four-season term. After an incredible decade with our current Music Director, Gustavo Gimeno, we are confident that Martin Rajna will build on this remarkable legacy. Starting with the 2026/27 season, he will lead the orchestra into an exciting new chapter, embarking on fresh musical adventures together.
/ Nous sommes ravis d’annoncer que le chef d’orchestre hongrois Martin Rajna a été nommé directeur musical à compter de septembre 2026 pour un mandat de quatre saisons. Après une décennie incroyable avec notre directeur musical actuel, Gustavo Gimeno, nous sommes confiants que Martin Rajna va s’appuyer sur cet héritage remarquable. À partir de la saison 2026/27, il mènera l’orchestre dans un nouveau chapitre passionnant, en s’embarquant ensemble dans de nouvelles aventures musicales.

 

 

Béla Bartók: Dance Suite, BB 86a

 

 

Liszt: Piano Concerto No. 2

Fülöp RÁNKI – piano Danube Symphony Orchestra Martin RAJNA – conductor

 

 

 

MARTIN RAJNA / BIO ENGLISH… At just 29 years old, Martin Rajna is already an accomplished conductor and artist in his home country Hungary, having been Principal Conductor of the Győr Philharmonic Orchestra since 2021 and moreover the Chief Conductor of the Hungarian State Opera in Budapest since 2023. Born in 1995 in Dunaújváros, Hungary, Martin Rajna has quickly made his mark on the international music scene. In the present season Rajna is making significant international debuts, including with the London Philharmonic Orchestra, the Orchestra of Teatro La Fenice and the Luxembourg Philharmonic.

ORCHESTRE NATIONAL D’AVIGNON. Scènes de forêt, ven 24 janv 2025. R. Schumann, Vaughan-Williams, Dvorak… Raphaël Merlin (violoncelle et direction)

TRAVERSÉE AU COEUR DE LA FORETL’Orchestre National Avignon Provence, pour son premier concert de l’année 2025, nous donne rendez-vous à l’Opéra Grand Avignon pour une immersion spectaculaire… et sylvestre, ample cycle naturaliste jalonné de partitions clés, souvent méconnues ou peu jouées en concert, signées Schumann, Dvorak et Vaughan-Williams.

 

C’est ainsi que l’on pourrait décrire le recueil « Waldszenen / Scènes de la forêt » (1849) dans lequel Robert Schumann déploie une sensibilité au motif naturel, à la grandeur mystérieuse et miraculeuse de la Nature… Les tableaux miniatures et pittoresques que le compositeur imagine, évoquent des chasseurs solitaires, une scène festive à l’auberge ; même le chant troublant d’un oiseau-prophète… Puis place au nocturne non moins envoûtant et onirique dans la toute aussi intrigante « Dark Pastoral » (2010), adaptation d’un projet de concerto pour violoncelle de l’Anglais Ralph Vaughan-Williams

 

…ou encore les « Waldesruhe / Calme de la forêt » (1892), morceau devenu emblématique de la littérature concertante pour violoncelle dans laquelle Antonín Dvořák, transcrit une ancienne pièce originellement pour piano (à 4 mains). L’œuvre nouvelle d’une profonde puissance poétique, était destiné à la tournée planifiée avec le violoncelliste Hanus Wihan, futur dédicataire du Concerto pour violoncelle. Focus : Symphonie n°4 de Franz Schubert… Schubert, jusqu’à la troisième Symphonie, revisite Haydn et Mozart. Dans la Quatrième, qu’il baptise « tragique », peut-être en raison du pessimisme qui le traverse alors (la partition est terminée en 1816), le musicien fixe l’exemple Beethovénien, en particulier la Cinquième, dans le choix tout d’abord de la tonalité d’ut mineur. Ce « tragique » ne résiste pas à l’envie d’ampleur comme l’attestent dans les couleurs imaginées par Schubert, pas moins de quatre cors. Âgé de 19 ans, le jeune compositeur affirme un tempérament personnel, singulier et divers, malgré les critiques émises sur les défauts (lourdeurs superfétatoires supposées des deux derniers mouvements). La partition est créée sous la direction de Riccius à Leipzig.

 

Les quatre mouvements… Dans l’adagio molto puis allegro vivace, en guise de premier mouvement, Schubert évoque un chant funèbre et profond (teinté par le souvenir des musiques maçoniques de Mozart) que rompt le rythme haletant et finalement triomphant de l’allegro vivace. L’andante développe ce climat proprement Schubertien : un murmure affectueux qui parle en climats réservés, intérieurs, intimes. Les bois portent les lignes mélodiques sur un tapis de cordes. Le menuetto-allegro vivace marque par son entêtement rythmique, d’où toute noirceur est absente. L’allegro final, en ut mineur, affirme après la réexposition de la fébrilité initiale (premier mouvement), la volonté d’en sortir et rayonne dans une conclusion lumineuse (mozartienne). Durée indicative : environ 30 mn.

 

En guide invité, qu’inspire la promesse des sensations naturalistes et pastorales, le violoncelliste Raphaël Merlin, récemment nommé directeur artistique et musical de l’Orchestre de Chambre de Genève, dirige les instrumentistes avignonais dans ce cheminement des plus enchanteurs…

 

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CONCERT : Scènes de forêt
AVIGNON, Opéra Grand Avignon, ven 24 janv 2025, 20h
Direction musicale et violoncelle, Raphaël Merlin
Orchestre National Avignon-Provence

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Orchestre National d’Avignon :
https://www.orchestre-avignon.com/concerts/scenes-de-foret/

Durée : 1h20
Tarif : De 5 à 30 euros

 

Programme

Robert Schumann : Waldszenen (orchestration de Ralph Breitenbach)
Antonín Dvorák : Waldesruhe
Ralph Vaughan Williams : Dark pastoral
Franz Schubert : Symphonie n° 4 « tragique »

 

En avant-concert
Rencontre avec Raphaël Merlin
Salle des Préludes de 19h15 à 19h45

 

ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS. Le Mythe de Pandore, les 8 et 9 fév 2025. Camille Pépin, Julien Joubert, Liszt, Wagner… Marius Stieghorst, direction

Avec deux poèmes symphoniques (les eaux célestes de Camille Pépin et Promothée de Liszt), une création inédite de Julien Joubert, commande de l’Orchestre Symphonique d’Orléans (« Pandore » qui donne son titre au programme) et un drame lyrique (extraits de la Walkyrie de Wagner), le  premier concert 2025 défendu par l’Orchestre Symphonique d’Orléans, à la fois ambitieux et original, promet bien de grands vertiges orchestraux.

 

Dédié à la mythologie, ce concert s’annonce tout aussi mythique. Dans cette immersion musicale, les mythologies grecques, germaniques, nordiques et chinoises se rencontrent pour une expérience immersive. Avec les instrumentistes orléanais, ouvrez la boîte de Pandore !

PANDORE, une beauté vénéneuse... Qui n’a jamais entendu l’expression « ouvrir la boîte de Pandore » ? comme une alerte à une catastrophe annoncée… Il est vrai que la fable évoque la cassette que détenait l’inoubliable beauté qu’était Pandore ; cassette ou boîte qui ne devait jamais être ouverte, sans quoi tous les maux et les catastrophes allaient se répandre sur terre. Le concert de l’Orchestre Symphonique d’Orléans a raison de lier dans un même programme les deux figures mythologiques, Prométhée et Pandore, car Jupiter a créé Pandore, incarnation absolue de la beauté féminine pour se venger de … Promothée qui avait osé dérober le feu aux dieux pour le transmettre aux hommes. Non content de punir l’audacieux en l’attachant à un rocher pour qu’un aigle dévore son foie (qui se reforme chaque nuit), Zeus cible le frère de Promothée, Épiméthée. Dans les faits, Zeus éprouve ainsi Épiméthée qui pourtant avait juré de ne rien accepté du dieu des dieux : il accepte Pandore, créature offerte par Zeus qui l’a créé. Mais la jeune beauté détient aussi un coffret qui ne doit jamais être ouvert. La curiosité étant trop forte, Pandore ouvre la boîte et déverse ainsi vieillesse, maladies, guerre, famine, folie, vices, jalousie, manipulation, … sur la terre. La légende véhicule en réalité une misogynie plus que discutable, comme si la femme était indissociable d’une catastrophe à venir, un appel aux pires maux de la terre. Et plus tard, dans la Bible, par qui vient l’esprit de la tentation et du fruit défendu ? De nombreux écrits anciens, de nombreuses croyances s’entêtent à culpabiliser la femme vis à vis de l’homme vertueux ; comment accepter aujourd’hui que toute femme est une manipulatrice fatale, une séductrice tentatrice ? C’est au final concéder aux hommes bien peu d’esprit critique voire d’intelligence. L’intérêt des mythes est de nous faire réfléchir et de relativiser les croyances fussent-elles les plus anciennes et les plus répandues.
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ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS
ORLÉANS, Théâtre / Salle Touchard
Le mythe de Pandore
Samedi 8 février 2025 – 20h30
Dimanche 9 février 2025 – 16h
Infos & réservations directement sur le site de l’ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS :
https://www.orchestre-orleans.com/concert/le-mythe-de-pandore/

 

 

distribution

ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS
Direction : Marius Stieghorst
 / comédien : Hugo Zermati

Camille PEPIN :   “Les eaux célestes”
Julien JOUBERT :   “Pandore” (création mondiale)
LISZT : “Prometheus”
WAGNER : extraits de la Walkyrie :
Wotan’s Farewell”  & “Magic Fire Music”
/ les adieux de Votan, la musique du feu

 

 

 

POUR EN SAVOIR PLUS
Causerie musicale avec le chef Marius Stieghorst
Mercredi 5 février 2025 – 16h
Médiathèque d’Orléans

 

tarifs

Hors abo : 
Cat 1 : 36 €/ Cat 2 TP : 33 € / Cat. 2 TR : 30€ / Cat 3 : 25 €
-26 ans : 13€.
Abonnement 5 concerts
 : Cat.1 : 144€ / Cat.2 : 132€ / -26 ans : 35€

Billetterie en ligne : 
https://billetterie-orchestreorleans.mapado.com/

Ventes au guichet
Pour tous les concert – Orléans Val de Loire Tourisme place du Martroi
du lundi au dimanche de 10h à 18h – 02 38 24 05 05
Pour les concerts salles Touchard et Barrault auprès du Théâtre d’Orléans
le mardi de 10 h à 18 h ; les jeudi et vendredi de 14 h à 18 h – 02 38 62 75 30

 

Pandore / Pandora par le peintre John William WATERHOUSE (DR)

 

 

 

 

 

 

Le PROMÉTHÉE de Liszt

Liszt compose son poème symphonique Prométhée (Prometheus) entre 1850 et 1855, d’après la pièce d’Herder (Le Prométhée délivré) pour laquelle Liszt avait conçu à l’origine, une musique de scène comprenant 8 parties chorales et une ouverture. L’assistant de Liszt à Weimar, Joachim Raff (depuis 1849), proposa au compositeur d’en déduire une œuvre intégrale cohérente. Liszt reçut cette nouvelle partition unitaire, la corrigea et la fit représenter le 24 août 1850. Il la retravailla encore sous la forme d’un poème symphonique de grande ampleur, lequel fut joué à Brunswick en octobre 1855. Liszt structure sa partition selon le diptyque « malheur et gloire » ; emblématique de toute ses œuvres, le développement passe des ténèbres à la lumière, du lugubre chthonien aux nimbes célestes, éthérées. Le 5è poème symphonique de Liszt qui est l’inventeur du genre, suit ce cheminement qui vaut rite spirituel : « audace, souffrance, endurance, salivation ».

 

OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE. Jeu 23 janv 2025. WONDERFUL WORLD, Christian-Pierre La Marca, Julie Depardieu, Yann-Arthus Bertrand

Le violoncelliste Christian-Pierre La Marca et ses complices alertent sur l’état de notre planète, sur la souffrance du vivant et la fragilité menacée des éco-systèmes, partout dans le monde… Comme la violoniste Patricia Kopatchinskaja, il s’agit d’un acte musical militant qui souhaite saisir pour agir…

 

Concert-immersif, en forme d’Ode à la Nature, autour d’un répertoire choisi et thématique pour violoncelle, piano et ensemble instrumental, avec récitant et diffusion d’images. Et quelles images… celle du photographe et réalisateur engagé Yann-Arthus Bertrand. Le spectacle entremêle plusieurs formes d’art afin de sensibiliser les publics à la beauté du monde et de la nature. Les partitions empruntent à différents styles du baroque, à la comédie musicale en passant par les classiques, modernes et minimalistes. Elles interagissent en alternance avec le récit de textes engagés de femmes et d’hommes qui ont marqué l’histoire par leurs écrits, ici contés par la comédienne Julie Depardieu.

 

Chaque texte alerte pour la sauvegarde de notre « Maison commune ». Il questionne notre situation actuelle, le dérèglement climatique, la détérioration des écosystèmes, la disparition des espèces animales et végétales… mais le spectacle trace aussi des perspectives. Sont abordées les thématiques de la nature, des villes, des animaux, des espèces menacées, du changement climatique. La beauté des images exprime l’harmonie déjà détruite et partout menacée de notre planète bleue, c’est un voyage immersif propice à la réflexion, à la méditation et à la sensibilisation. En fond de scène sont diffusées les images et extraits des films et travaux de Yann Arthus-Bertrand. Une sélection est projetée selon un enchaînement particulier qui illustre les différentes thématiques du projet, pour créer une parfaite alchimie entre musique, textes et images.

 

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WONDERFUL WORLD
Avec CHRISTIAN-PIERRE LA MARCA, JULIE DEPARDIEU,
YANN-ARTHUS BERTRAND
GRAND THÉÂTRE MASSENET
JEUDI 23 JANV. 2025, 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra de Saint-Étienne :
https://opera.saint-etienne.fr/otse/saison-24-25-1/spectacles//type-Musique/wonderful-world/s-812/

 

TARIF SÉRIE UNIQUE : 35 €
DURÉE 1h30 ENVIRON (entracte compris)

 

 

VIDÉO teaser Wonderfull World /Christian-Pierre La Marca

 

In this humanistic ode to nature, French cellist Christian-Pierre La Marca presents a packed programme on the theme of saving the planet. Wonderful World is a project of multiple inputs, all converging on Christian-Pierre La Marca’s awareness of the need to save our planet. As he explains, ‘Music has the ability to awaken consciences, to make people more sensitive, without trying to convince or mobilize them. Music is a short circuit that goes straight to the heart.’ His sense of engagement has already found artistic expression in his creation of the Concert for the Planet in 2019. Today it is embodied in this multi-ethnic album of many-voiced solidarity featuring classical, neo-classical, world music and jazz, all intoning the same song of the Earth.

 

CRITIQUE CD événement. ETSUKO HIROSE, piano : SHEHERAZADE. Rimsky-Korsakov : Shéhérazade (transcription par Etsuko Hirose) / Bortkiewicz : Suite du ballet 1001 nuits (version pour piano, 1927) – 1 cd danacord

Avec Shéhérazade (sommet de 1889), Rimski-Korsakov (1844 – 1908) montre quel grand orchestrateur il est, mais aussi quel conteur. Le sens du flamboiement sonore, dans la magie des timbres et aussi le flux de la narration ne doivent jamais être sacrifiés au détriment de l’autre ;  deux égales notions que Etsuko Hirose sait équilibrer avec tempérament et finesse : exprimer le flot épique et le souffle irrésistible du conte, son essence féerique et légendaire, mais aussi transmettre la texture scintillante d’une partition qui ensorcèle par son activité dramatique comme sa surenchère poétique.

 

 

Le début enchante (1 : le bateau Sindbad sur la mer), emporte, par la carrure large du jeu pianistique ; L’histoire du prince Kalendar (2) est remarquablement dessinée dans une économie et une grande lisibilité des thèmes. Le voici ce Rimski moins inspiré par la geste des légendes russes que fasciné comme nous par le fantasme d’un Orient voluptueux et enivrant (le compositeur l’exprime nettement aussi dans Antar, autre suprême partition orientalisante de 1869). Après la mer, c’est la fièvre de l’épopée militaire, les exploits du Prince qui s’affirment dans la virtuosité pianistique, dans une définition plus nerveuse et rythmique du jeu. La pianiste joue des motifs imbriqués qui se répondent d’un mouvement à l’autre, tout au long des 4 épisodes de Shéhérazade qui est aussi une symphonique imaginaire. Etsuko Hirose révèle les vertus de sa propre transcription. Son sens de la mesure, des nuances permet une toute autre vision des enjeux : au seul piano, mais un clavier hypersensible et palpitant, la figure des héros de cette fresque hautement dramatique, gagne un intimisme et une profondeur psychologique inédite. La transparence, l’équilibre du son, le jeu mélodique très lisible, associé à une digitalité fluide de la main gauche exacerbent le relief de la construction narrative autant que le brio de la transcription et les options comme les choix retenus pour en jalonner la cohérence.

 

Ainsi la sensualité enivrée des amours de la princesse et du jeune prince (3) réalise pleinement la fonction d’adagio de la séquence dans le polyptyque des 4 mouvements. Etsuko Hirose exprime idéalement le sentiment d’envoûtement et de fascination contenu dans le motif premier du prince (sol majeur) comme celui plus alerte et vif de la princesse (si bémol majeur) ; c’est une parade et une chorégraphie sentimentale très finement ciselées, le point majeur de la transcription qui atteint son but : la suggestion et la poésie la plus pure (dans la réexposition du thème premier de Shéhérazade), mêlant l’exquise sensualité au pouvoir du souvenir grâce à la réitération de motifs précédemment écoutés. Enfin La fête à Bagdad et le naufrage (4) ensorcèlent tout autant dans un tourbillon maîtrisé où le feu digital, la précision, l’imbrication millimétrée des dynamiques comme des motifs mélodiques font crépiter tout le clavier, véritable synthèse narrative qui convoque et les entremêle, tous les thèmes associés à chaque personnage et situation précédents. La vivacité pointilliste de la pianiste éclaire cet esprit de la fougue et de la transe que n’aurait pas renier Ravel lui-même. De sorte qu’en concluant par le motif de la mer (ample reflux des plus poétiques lui aussi et remarquablement transcrit en scintillement impressionniste), la pianiste convainc à la façon des grands compositeurs et transcripteurs de génie (Liszt) : dans une opulence feutrée, intime, dans la réitération ultime du thème premier de Shéhérazade auquel est restitué son enchantement primitif. Fascinant et envoûtant.

 

Belle idée et parfait sens des enchaînements que de choisir ensuite les 10 séquences du ballet de l’ukrainien SERGUEI BORTKIEWICZ (1877 – 1952), des « 1001 nuits » dans sa version pour piano (1927). Les défis de la caractérisation dramatique pour chaque épisode, les couleurs, la clarté polyphonique, et toujours une main gauche très précise assurent l’assise narrative et le souffle poétique, sans omettre un certain sous texte parodique et facétieux aussi, des tableaux.
L’allure déterminée du sultan Haroun al Rachid (celui auquel la sultane Shéhérazade raconte chaque nuit, une nouvelle histoire pour sauver sa tête…) ; l’élégance sensuelle de la Danse des jeunes filles ; la vitalité aérienne de la Danse orientale ; le très lisztéen Château enchanté ; l’ivresse obsédante du motif de Zobeïde, héroïne fascinante, courageuse et amoureuse des 1001 nuits; fluidité tout aussi envoûtante de la Danse du deuil et ses effets de carillons fugaces, enchantés… ; sans omettre la vivacité de la Danse des 3 soeurs ou la légèreté évanescente du mauvais génie sortant de la bouteille (dernier morceau)… sont autant d’épisodes brossés avec une intensité nuancée qui renvoie certes aux pièces dramatiques de Grieg mais aussi à tout l’imaginaire romantique de Liszt, à Rimski ou à Tchaikovski. Le jeu d’Etsuko Hirose crépite, palpite, captive dans un scintillement sonore continûment maîtrisé. Le brio pianistique, le pur essor musical que permet le prétexte narratif tissent ici le meilleur hommage au compositeur qui fut un excellent pianiste, et connut un destin particulièrement dur, balloté par la géopolitique et les convulsions de l’histoire, entre Russes et nazis.
Belle révélation qui invite à découvrir le ballet dans sa version orchestrale. Au mérite de l’excellente pianiste, distinguons son panache intrinsèque, sa fureur expressive et sa subtilité naturelle pour caractériser chaque épisode pour en exprimer mieux l’enjeu narratif et poétique. S’y renouvellent la réussite et cette intelligence magicienne qui avaient déjà sceller la valeur de son précédent cd également édité par danacord (en 2019), et dévolu intégralement aux pièces pour piano d’un autre oublié de l’histoire, Moritz Moszkowski (1854 – 1925).

 

 

 

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CRITIQUE CD événement. ETSUKO HIROSE, piano : SHEHERAZADE. Rimsky-Korsakov : Shéhérazade (transcription par Etsuko Hirose) / Bortkiewicz : Suite du ballet 1001 nuits (version pour piano, 1927) – 1 cd danacord – enregistré en sept 2024 (France). CLIC de CLASSIQUENEWS

 

 

 

 

 

entretien

LIRE aussi notre ENTRETIEN avec ETSUKO HIROSE :
https://www.classiquenews.com/entretien-la-pianiste-etsuko-hirose-a-propos-de-son-nouveau-cd-sheherazade-dans-lequel-linterprete-joue-sa-propre-transcription-de-la-piece-de-rimsky-korsakov/
En transposant elle-même la si chatoyante et redoutable Shéhérazade de Rimski-Korsakov, la pianiste Etsuko Hirose réalise un tour de force qui tout en s’inscrivant dans la tradition d’un Liszt ou d’un Kalbrenner (autres transcripteurs géniaux), rend surtout hommage à l’écriture prodigieuse du Russe comme aux possibilités infinies que permet le clavier. Pour exprimer toutes les nuances de l’orchestre, la pianiste s’inspire du jeu particulier des bois, mais aussi du bel canto, celui transmis par Jessye Norman ou Maria Callas…

 

 

agenda

PARIS, Espace Bernanos. Récital d’Etsuko HIROSE, piano, sam 25 janvier 2025. Rimsky-Korsakov : nouvelle transcription de Shéhérazade (version originale d’Etsuko Hirose)… LIRE notre présentation du concert de la pianiste Etsuko Hirose : https://www.classiquenews.com/paris-espace-bernanos-recital-detsuko-hirose-piano-sam-25-janvier-2025-rimsky-korsakov-nouvelle-transcription-de-sheherazade-version-originale-detsuko-hirose/

Son précédent disque avait particulièrement convaincu la Rédaction de Classiquenews : une collection de joyaux pianistiques remarquablement réalisés révélant l’inspiration fluide et aérienne de Moszkowski ; sans artifices ni effets de manchette, l’art de la japonaise ETSUKO HIROSE (1er Prix du Concours Marta Argerich 1999), née à Nagoya, captive car sa fabuleuse technicité digitale sert exclusivement l’essence des pièces. Son art épuré, entre clarté et transparence, sait écarter toute théâtralité,révélant une musicalité souvent fascinante.

 

 

 

tracklisting / SHEHERAZADE par Etsuko HIROSE
Nikolai Rimsky-Korsakov
Symphonic Suite « Scheherazade » Op.35 (arr. Hirose)
[ 1 ] The Sea and Sinbad’s Ship
[ 2 ] The Story of the Kalendar Prince
[ 3 ] The Young Prince and the Young Princess
[ 4 ] Festival in Baghdad – The Sea – The Shipwreck on the Rocks
Sergei Bortkiewicz
Oriental ballet Suite « Thousand and one nights » Op.37
[ 5 ] Caliph Haroun-al-Raschid
[ 6 ] The story of the poor Fisherman
[ 7 ] Dance of the young girls
[ 8 ] Oriental dance
[ 9 ] The enchanted castle
[10] Zobeïde
[11] Dance of mourning
[12] Dance of the three sisters
[13] Bacchanal
[14] The wicked magician escapes from the bottle
Etsuko Hirose, piano (Bechstein Modèle D)

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AUDITORIUM ORCHESTRE NATIONAL DE LYON. Sam 8 fév 2025. AMERICA : Florence Price. Jeneba Kanneh-Mason (piano), Clelia Cafiero (direction)

Avec pour guides la pianiste Jeneba Kanneh-Mason et la maestra Clelia Cafiero, l’Orchestre National de Lyon se passionne pour le Nouveau Monde (d’où le fil rouge de toute la saison 2024 – 2025, intitulé « AMERICA« ) et redécouvre une pionnière, la compositrice Florence Price (1887 – 1953), qui à l’instar de Gershwin enrichit ses partitions de rythmes de blues.

 

Initiée à la musique par sa mère qui était professeur de piano, Florence Price se forme au Conservatoire de Boston ; enseigne la musique à l’Université Clark d’Atlanta (1910-1912) puis se fixe à Chicago dès 1926, où la culture noire est préservée voire encouragée ; elle y reste jusqu’à sa mort. En 1928, elle compose At the Cotton Gin pour piano… qui remporte le Prix G. Schirmer. Encore élève au Collège de musique de Chicago, Florence Price compose sa première symphonie en mi mineur (1932), créée en 1933 avec succès pour l’exposition universelle de Chicago, première œuvre orchestrale écrite par une femme compositrice de couleur, et jouée par un grand orchestre…

 

« J’ai deux handicaps. Je suis une femme et j’ai du sang noir dans les veines » , se plaignait Florence Price : clairvoyance à la fois lumineuse et terrible. En pleine redécouverte (Riccardo Muti a inscrit sa Troisième Symphonie au programme de sa tournée d’adieux à la tête de l’Orchestre symphonique de Chicago et Deutsche Grammophon a déjà gravé en 2023, ses symphonies 1, 3 & 4, par le Philadelphia Orchestra sous la baguette de Yannick Nézet-Séguin), Florence Price laisse un concerto pour piano au swing irrésistible. L’œuvre est interprétée à Lyon par Jeneba Kanneh-Mason, pianiste britannique dont la famille est elle-même originaire des Caraïbes et d’Afrique. La cheffe d’orchestre Clelia Cafiero poursuit ce voyage américain avec l’irrésistible Adagio de Barber et la Troisième Symphonie de Charles Ives, partition où brillent de vieux chants sacrés et plusieurs danses populaires qui évoquent les joyeuses réunions de fermiers. Enfin la suite symphonique de Pulcinella, conçue pour l’Orchestre symphonique de Boston, rappelle que Stravinsky a cédé lui aussi à la tentation américaine pour faire danser Polichinelle sous la bannière étoilée.

 

Attentif depuis plusieurs années à la place des femmes dans sa programmation, l’Auditorium-Orchestre national de Lyon participe activement à la promotion des compositrices et de leur répertoire, tout au long de chaque nouvelle saison.

 

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LYON, Grande Salle
Samedi 8 février 2025, 18h
Infos & réservations directement sur le site de l’AO LYON / Auditorium Orchestre National de Lyon : https://www.auditorium-lyon.com/fr/saison-2024-25/symphonique/florence-price

 

 

Concert avant-scène à 17h. 
Les jeunes talents du CNSMD de Lyon proposent un prélude musical d’1 h avant le concert. Grande salle, entrée et placement libres sur présentation du billet de concert (durée : 30 minutes).

 

 

 

Programme

Charles Ives
Symphonie n° 3, «The Camp Meeting» / 22 mn

Florence Price
Concerto pour piano en un mouvement / 18 mn
Jeneba Kanneh-Mason, piano

Samuel Barber
Adagio pour cordes / 9 mn

Igor Stravinsky
Pulcinella (version révisée de 1949) / 25 mn

 

ORCHESTRE NATIONAL DE LYON
Clelia Cafiero, direction

durée : 1h50mn

CRITIQUE opéra. MASSENET : Grisélidis (1901). Vaninna Santoni, Thomas Dolié, Julien Dran, Tassis Christoyannis. Choeur et Orchestre national Montpellier Occitanie, Jean-Marie Zeitouni (direction) – Livre – 2 cd Palazzetto Bru Zane

Alors que la scène lyrique en 1901, découvre saisie, la force réaliste et vériste de Puccini dans son inclassable et irrésistible Tosca, Massenet présente à l’Opéra-Comique sa nouvelle comédie : Grisélidis, drame gothique (inspiré du Décaméron de Bocace et aussi de Charles Perrault), fusionnant symbolisme et naturalisme, éclectisme emblématique propre au début du siècle.

 

En ajoutant le personnage du Diable, facétieux, comique et parfaitement cynique, le compositeur enrichit l’action médiévale d’une verve terrifiante mais aussi spécifiquement méditerranéenne (il troque le Piémont originel pour la Provence française si aimée). C’est un succès dès la création, porté par la soprano wagnérienne Lucienne Bréval dans le rôle-titre, et aussi grâce à l’heureuse combinaison des registres divers : fantastique et surnaturel diabolique, mais aussi passion et souffrance sentimentale, … à travers la douleur de la très loyale Grisélidis se profile la trajectoire des héroïnes féminines précédentes que Massenet a conçu avec une exactitude (et une tendresse) remarquable : Manon (1884), Esclarmonde (1889), Thaïs (1894), Sapho (1897), Cendrillon (1899) … Grisélidis marque un jalon avant les complémentaires à venir : Ariane (1906), Thérèse (1907, ces deux drames hautement féminins, également enregistrés dans la même collection), sans omettre l’ultime Cléopâtre de 1914…

 

La lecture de cette Grisélidis, éditée par le Palazzetto Bru Zane joue sur la richesse des registres d’un ouvrage éclectique, assez inclassable, entre drame et comédie. La comédie lyrique gagne une vivacité permanente quand ce double caractère est respecté ; ce qui est le cas dans cet enregistrement de juin 2023 qui rétablit aussi les scènes parlées, de pur théâtre. L’activité barbare et cruelle du Diable s’affirme avec un réalisme savoureux grâce à l’excellent baryton Tassis Christoyannis ; truculent et juste, faussement compatissant mais vraie force toxique et pleine d’astuces perverses (dont le vol du fils de Grisélidis et du Marquis à la fin de l’acte II). Thomas Dolié offre au Marquis justement son timbre rond et somptueux, idéalement articulé ; quand Vaninna Santoni éblouit par la couleur à la fois angélique, ardente, blessée de son timbre rayonnant : voilà un trio vocal majeur, exemplaire à maints titres. L’Alain de Julien Dran, jeune berger vainement épris de la jeune femme, ne manque pas d’intensité non plus.

Et l’Orchestre sous la baguette de Jean-Marie Zeitouni marque avec acuité chaque jalon dramatique de l’opéra entre rires démoniaques et constance amoureuse, dignité émotionnelle de l’incorruptible Grisélidis. Un nouvel accomplissement remarquable pour la collection « Opéra français » publié par le Palazzetto Bru Zane.

 

 

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CRITIQUE opéra. MASSENET : Grisélidis (1901). Vaninna Santoni,Thomas Dolié, Julien Dran, Tassis Christoyannis… Choeur et Orchestre Montpellier Occitanie. Jean-Marie Zeitouni (Livre – 2 cd, enregistré en mai et juin 2023). CLIC de classiquenews janvier 2025

 

 

 

 

 

 

 

LIRE aussi MASSENET : Thérèse / Palazzetto Bru Zane : https://www.classiquenews.com/cd-massenet-therese-gubischdupouycastronovo-altinoglu2012/

 

CD. Massenet: Thérèse (Gubisch,Dupouy,Castronovo, Altinoglu,2012)

 

CRITIQUE, récital lyrique. GSTAAD NEW YEAR MUSIC FESTIVAL, Eglise de Rougemont, le 3 janvier 2024. Lise Davidsen (soprano), Freddie De Tommaso (ténor), James Baillieu (piano)

Après le formidable concert donné par Sonya Yoncheva la veille, celui prévu avec la soprano norvégienne Lise Davidsen et le ténor italo-britannique Freddie De Tommaso s’annonçait comme l’un des temps forts du Gstaad New Year Music Festival… Las, malgré de très beaux moments, la magie n’a pas opéré et la soirée a laissé plus d’un spectateur sur sa faim (dont votre serviteur), notamment quant à la prestation du second… Mais que s’est-il passé ?…

 

Pour commencer, pour “convenance personnelle” (ou plutôt caprices de Diva…), le programme prévu a été réduit au tiers, 5 airs ou duos passant ainsi à la trappe, la soirée n’excédant pas une heure de chant contre les 1h30 prévu… Mais le principal hiatus du concert a surtout résidé dans l’exiguïté de la minuscule Église de Rougemont, où il se tenait, avec sa capacité d’un grosse centaine de personnes… et dans laquelle la voix de Lise Davidsen, peut-être la plus puissante voix de notre temps, qui remplit avec aisance les vastes vaisseaux que sont le Metropolitan Opera de New-York ou l’Opéra Bastille, s’est ici transformée en brise-tympans !… Et ce dès le “Dich teure Halle” d’ouverture (tiré de Tannhaüser de Wagner) qui – pour impressionnant qu’il fût -, nous a plus sûrement “raidi” plus que transporté… Par extraordinaire, elle convainc mieux dans les airs plus nuancés comme le “Vissi d’arte” puccinien ou le “Ritorna vincitor” verdien, dans lesquels elle parvient à plier ses énormes moyens aux exigence de ces deux arias, et dans lesquels nos oreilles au moins ne furent pas agressées ! Et, surtout, elle parvient à émouvoir dans les deux Lieder de son compatriote Edvard Grieg (Sechs Lieder op. 48 N°5. Zur Rosenzeit et N°6. Ein Traum),en distillant de bien beaux pianissimi, autant qu’une voix de ce format en est capable…

 

Et qu’est-il arrivé à son partenaire du soir, le formidable Freddie De Tommaso qui débute la soirée comme s’il marchait sur des œufs, avec de récurrents problèmes techniques qu’un chanteur de sa trempe ne devrait pas souffrir ?… A t-il été contrarié par l’étroitesse des lieux, s’est-il senti écrasé par sa partenaire qui a fait fi du problème, ou était-il tout simplement indisposé ?… Après un “Celeste Aïda” hurlé plus que chanté (malgré un fabuleux diminuendo, il faut bien l’avouer et rendre à César…), il convainc mieux dans l’aria de Francesco Cilea “E la solita storia del pastore”, délivrée avec plus de mesure et de contenance, et des allégements bienvenus. Mais le naturel revient au galop dans l’air de Mario “Recondita armonia”, avec en plus des aigus serrés et un condamnable manque de finesse. Il se ressaisit avec un “Core’ingrato” napolitain mieux maîtrisé et savamment dosé, tandis que sa partenaire lui emboîte le pas avec le délicieux « I could have danced all night » extrait de My fair Lady de Lowe. Habitués à chanter ensemble, il ne font qu’une bouchée ensuite du dernier air de la soirée, le même « Lippen Schweigen » (extrait de la Veuve joyeuse de Lehar) qui avait clôturé l’autrement convaincant duo réunissant, quelques jours plus tôt, Elina Garanca et Jonathan Tetelman

Au final, le moment le plus touchant et musical de la soirée aura été l’Impromptu en la bémol majeur op. 142/2 de Schubert, interprété par l’accompagnateur des deux stars, l’excellent pianiste sud-africain James Baillieu – qui nous livre nous un Schubert de chair et de sang, d’amour et de tristesse, de passion et de désespoir glacé. Le piano solo semble bien mieux convenir au délicat écrin qu’est l’Eglise de Rougemont…

 

 

 

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CRITIQUE, récital lyrique. 19ème GSTAAD NEW YEAR MUSIC FESTIVAL, Eglise de Rougemont, le 3 janvier 2024. Lise Davidsen (soprano), Freddie De Tommaso (ténor), James Baillieu (piano). Toutes les photos © Patrizia Dietzi

 

VIDEO : Lise Davidsen et Freddie De Tommaso chantent l’air « Lippen Schweigen » (extrait de la Veuve joyeuse de Franz Lehar)

 

ORCHESTRE COLONNE. CLAZZIK ! Dim 2 fév 2025 à la Seine Musicale. Classique & Jazz : Tchaikovsky, Gershwin, Williams… Fiona Monbet, direction

CLASSIQUE & JAZZ ! Dans son seul opéra, « Porgy and Bess », créé à Boston fin sept 1935, George Gershwin cumule très habilement différents sources : le jazz, Carmen de Bizet, Jenůfa de Janáček, les Negro-Spirituals, les chants populaires des communautés noires de Caroline du Sud… Un an après la création le compositeur en tira une Suite d’orchestre que son frère – des années plus tard – renommera « Catfish Row ».

 

Même vertiges jazz sous la plume d’un Duke Ellington qui s’est amusé à explorer la féérie de Casse-Noisette, s’appropriant cette célèbre musique de Tchaïkovsky en la mélangeant à l’univers du Big Band. De son côté, John Williams imagine dans « Catch me if you can », une ode au jazz symphonique. Le compositeur transforme en concerto pour saxophone, instrument emblématique du jazz, l’une des savoureuses pages de la musique du film.

 

Et en fin de programme, poursuivant une nouvelle tradition, le concert propose une « œuvre mystère », une Invitation au voyage dont l’auteur sera révélé après écoute de son œuvre… Photo : La chef d’orchestre Fiona Monbet © Florence Grimmeisen

 

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BOULOGNE BILL. La Seine Musicale
Orchestre COLONNE : concert CLAZZIK !
Dim 2 févr 2025, 16h
Infos & réservations directement sur le site de l’ORCHESTRE COLONNE :
https://www.orchestrecolonne.fr/agenda/saison-2024-25/symphonique/clazzik/

 

 

Programme

TCHAÏKOVSKY (ARR. ELLINGTON)
Suite de Casse-Noisette

GERSHWIN
Catfish Row : Suite « Porgy and Bess »

WILLIAMS
Escapades pour Saxophone alto et orchestre

L’Invitation au voyage
Oeuvre mystère à découvrir lors de ce concert – joué en fin de programme

Durée : 1h30 (avec entracte)

Distribution

ORCHESTRE COLONNE
Fiona MONBET, direction
Emilie HEURTEVENT, saxophone

La Seine Musicale / 
Île Seguin, 92100 Boulogne-Billancourt
45€ / 35€ / 25€ / 15€ / 10€ (réduit)
Voir tous les tarifs :
https://www.orchestrecolonne.fr/tarifs-et-abonnements/

CRITIQUE, concert, TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 2 janvier 2025. BEETHOVEN : 9ème Symphonie. Orchestre National du Capitole de Toulouse, Tarmo Peltokoski (direction)

Le concert du Nouvel An depuis Vienne est une institution (lire notre critique du programme 2025 dirigé par Riccardo Muti). Plus récemment à Toulouse également, et cette année, devant son succès inouï, il y a eu pas moins de trois concerts : le 31 décembre 2024, et les 1er et 2 janvier 2025 !

 

Mais cette année, loin de la légèreté viennoise ou de la fantaisie, le jeune chef finlandais Tarmo Peltokoski – le nouveau patron de l’ONCT – a choisi une œuvre symbolique forte, un chef d’œuvre absolu : La Neuvième Symphonie de Beethoven qui termine avec sa célébrissime “Ode à la joie”. La Halle aux grains a été comble chaque fois. Le jeune chef de 24 ans dirige, comme souvent, par cœur. Dès les premières notes, un peu mystérieuses, une émotion intense nous saisit. Le son de l’orchestre est plein et somptueux. Certes, la disposition de l’orchestre à la viennoise change l’acoustique. Les violons 1 et 2 sont de part et d’autre de l’estrade, les violoncelles et les alti au centre et les contrebasses à gauche, au fond. Mais il n’y a pas que cela qui change le son et lui donne de l’ampleur. Cela devient de plus en plus évident lors du déroulement de la symphonie : Tarmo Peltokoski transcende l’orchestre. D’excellent, il devient magnifique. Le premier mouvement, sorte d’éveil et d’une construction très progressive, nous fait entendre tous les détails de l’orchestration, toutes les nuances dans des phrasés amples et un tempo très confortable. Le Scherzo est musclé et très nuancé. Il avance avec une force invincible. Tarmo Peltokoski dirige avec des gestes de félin. Pour obtenir la nuance piano qu’il désire, il ira jusqu’à s’accroupir. Son énergie dans les crescendi est sidérante. La puissance qu’il peut obtenir de l’orchestre nous était inconnue. La joie de la danse est magnifiée par cette interprétation si précise. Cela avance sans retour en arrière possible. Les instrumentistes sont comme galvanisés. C’est à la fois beau, sensible et puissant. La direction de Tarmo Peltokoski est incroyable de précision, il s’occupe de chacun comme de la construction d’ensemble. Il a les yeux partout, il donne tous les départs avec lisibilité. 

 

L’émotion nous submerge au début de l’Andante. La beauté de la nuance piano de départ, la maîtrise absolue d’un phrasé de rêve, la tendresse qu’il y diffuse, cet ensemble de qualités nous fait quitter le monde terrestre… Après les deux premiers mouvements telluriques, cet Andante est en apesanteur, il appelle le ciel, apporte le calme et la sérénité. Les instrumentistes offrent des sons d’une beauté totale. Tout est exactement à sa place dans un univers de sérénité. Plus aucun nuage, plus de peines, plus d’angoisses. Ce mouvement est le plus difficile à réaliser parfaitement, même par de très grands chefs. Ce soir, les cors sont magnifiques de présence, les bois chantent de manière éperdue, les alti sont magiques et les violons font de la dentelle. Et surtout, la construction est parfaitement lisible. Sans transition, Tarmo Peltokoski enchaîne le fabuleux Finale. C’est l’apothéose attendue, voire plus… Le phrasé dramatique des contrebasses et des violoncelles, celui sur lequel la basse solo mettra des mots, permet un dialogue saisissant avec le reste de l’orchestre. Puis, des détails subtils s’offrent à nous ; des nuances inconnues sont comme des révélations. Le thème de l’Ode à la joie, donné pianissimo par les violoncelles et les contrebasses, est un moment si poignant que la salle entière retient son souffle (et enfin ses toux), tandis que les musiciens au bord du silence construisent un son unique par sa fragilité assumée.

 

La puissance orchestrale sera magnifiée par l’entrée de la basse : Albert Dohmen possède une voix profonde, et avant tout une diction superlative. C’est la voix d’un Sprecher, celui qui porte la parole sacrée. Le chœur lui répond avec entrain. Une autre surprise nous saisit ensuite, c’est la lumière qui se dégage du chœur. L’association des Chœurs du Théâtre du Capitole et de l’Opéra de Montpellier s’avère d’une fusion admirable, et permet une puissance sans dureté, une énergie sans limite, dans des couleurs des plus brillantes. Tarmo Peltokoski ne quitte pas des yeux  les choristes, et murmure toutes les paroles. Le quatuor vocal de solistes est parfaitement équilibré. La soprano Elsa Dreisig plane avec aisance, la mezzo Tuomas Katajala a une présence harmonique solide, le ténor Tuja Knihtla domine avec une grande facilité sa terrible tessiture. Que ce soit la fanfare, avec les percussions goguenardes, ou l’extraordinaire fugue, chaque instant est ciselé par Tarmo Peltokosski. Lorsque le thème de la joie est entonné par le chœur, le chef se change en démon et insuffle une énergie inimaginable à ses troupes. Le final est de plus en plus grandiose et se termine en une véritable apothéose. Ce qui paraît remarquable également est la capacité de Tarmo Peltokoski à installer des moments de mystère, voire de suspens, dans la partition. 

 

Toulouse a bénéficié d’un concert du Nouvel An plein de sens, symboliquement fort, loin du facile et du léger. Il a emporté un public ravi sur les cimes de la beauté de la cohésion humaine. Ces trois concerts resteront dans les mémoires. Le succès a été total et ce génial chef d’orchestre n’a pas fini d’étonner le monde, et qui, de la hauteur de ses 24 ans, sait si bien comprendre le chef d’œuvre de Beethoven. L’avenir musical s’annonce radieux à Toulouse. Vive la musique !…

 

 

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CRITIQUE, concert, TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 2 janvier 2025. BEETHOVEN : 9ème Symphonie. Orchestre National du Capitole de Toulouse, Tarmo Peltokoski (direction)

ENTRETIEN avec le pianiste et compositeur PATRICK-ASTRID DEFOSSEZ, à propos de son dernier album « CONTREPOINGS » (1 cd CIAR classics)

« Un compositeur qui improvise et un improvisateur qui compose », Patrick-Astrid Defossez souligne combien au cœur de son travail règnent la liberté du geste et l’infini d’une pensée sans entrave. Debussy et Roussel déclenchent et inspirent deux démarches spécifiques qui mènent dans son dernier album, au cycle des « Matin calme », approche inédite du son dont l’artiste, exploitant toutes les ressources des remarquables pianos créés par Stephen Paulello, accompagne et révèle l’étonnante aventure vibratoire. En soignant particulièrement l’enregistrement, l’oreille capte chaque détail d’une totalité architecturée, véritable cathédrale musicale qui envisage pour tous les acteurs, interprètes et auditeurs, une nouvelle expérience sonore. Explications…

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CLASSIQUENEWS : Quelle place accordez-vous (dans le cadre de cet enregistrement) à l’improvisation ? En quoi permet-elle de déployer votre créativité, et votre propre faculté à relire les œuvres de Debussy comme ici ?

PATRICK-ASTRID DEFOSSEZ : Toute ma vie a été conduite par l’improvisation, me souvenant de ces premiers moments face au piano et de ceux des premières expériences d’orchestre où lors d’une panne générale d’électricité en plein concert, je continuais de jouer, que dis-je d’improviser en toute liberté, à la grande surprise des spectateurs et au grand dam de mes professeurs, les yeux écarquillés. L’improvisation est à la base de tous processus de création musicale. Un accord, une phrase, même un silence quelqu’il soit, m’ouvrent des horizons proliférants, d’aucun dirait papillonnants. Une oeuvre n’est en réalité jamais finie, en tant que compositeur je le sais, je le vis, et me réjouis de ce moment si particulier où je me dis « voilà! », moment permettant certes de clore momentanément le cadre formel de l’oeuvre mais déjà me voici remodelant l’affaire. Suis-je instable ? non pas du tout, simplement en déploiement permanent. Quant à Debussy, son impressionnisme est pour moi un film sans image dans lequel je peux ouvrir nombre de fenêtres improvisationnelles. Et en ce sens, quel que se soit la partition, je me considère à la fois comme un compositeur qui improvise et un improvisateur qui compose.

 

CLASSIQUENEWS : Quel est votre regard sur les pièces de Debussy et d’Albert Roussel (en particulier la Sonatine) ?

PATRICK-ASTRID DEFOSSEZ :… En ce qui concerne Debussy : le jeu, l’innocence, l’insouciance, le rêve, et avec lui, on peut badiner, s’esbaudir naïvement. Roussel, en contraste, le permet beaucoup moins. Mais cela s’explique : le premier parlant de choses qu’il ne connaît somme toute pas – la mer par exemple -, et le second l’a trop vécue pour savoir qu’on ne joue pas avec elle tant le contrôle doit y être permanent. Ce contraste, oui je l’ai cherché. C’est d’ailleurs pour cela que dans Debussy, mes improvisations interviennent à l’intérieur du texte original tandis que chez le Petit canon où mon improvisation libre est en amont et l’un des Matin calme, à sa fin. Notons que le premier mouvement de la Sonatine de Roussel est la seule pièce pour laquelle aucune improvisation n’est proposée. Notons également que la Sonatine est le point de « bascule » architectural de l’album, nous dirigeant alors vers les Matin calme de facture contemporaine. Aussi oserai-je poursuivre l’exergue de Debussy pour ses Children’s Corner « À ma chère petite Chouchou, avec les tendres excuses de son Père pour ce qui va suivre », assertion que je destine ici aux auditeurs éventuellement puristes « À mes chers Vous, avec mes tendres excuses pour ce qui va suivre ».

 

CLASSIQUENEWS : Selon quels critères avez-vous choisi les 2 pianos Paulello? Sur quelles qualités instrumentales vous êtes vous appuyé spécifiquement dans la réalisation de l’enregistrement ?

PATRICK-ASTRID DEFOSSEZ :… Le déploiement de leurs possibles, il va sans dire ! De tout temps, le compositeur a rêvé d’autres sonorités, a demandé aux luthiers de dépasser les limites de leurs productions instrumentales. Sans cesse, ce binôme compositeur-luthier œuvrât main dans la main. Il n’était donc pas étonnant que nous nous rapprochions de Stephen Paulello pour notre projet CONTREPOINGS. Mais ici, c’est le facteur de piano qui a « devancé » nos rêves les plus fous. Permettez-moi une pensée particulière pour Arthur Lebée, chercheur, qui nous a ouvert la porte de l’atelier de Stephen. En effet, A. Lebée et le laboratoire Navier (Pont et Chaussée) furent en mission de recherche sur la facture de possibles pianos de demain. En faisant également un flashback temporel, on s’aperçoit que nombre de compositeurs de la fin du 19e et du début du 20e siècles ont rêvé de dépasser les limites standardisées des pianos. Ils l’ont même indiqué sur leurs manuscrits et à ce titre, je vous renvoie à l’interview de Stephen Paulello (1).

…Quant à la seconde partie de votre question : la profondeur vibratoire de l’Opus 102 tant dans les graves que les aigus, nous a permis de composer de nouveaux espaces temps car dans CONTREPOINGS le temps ne nous est pas compté, il nous est offert !! Avec ces pianos si particuliers, nous avons appris à attendre, à nous poser dans la vibration, à l’apprécier, à attendre la fin de celle-ci si lente et longue avant d’attaquer tout nouvel objet sonore, comme si nous étions dans une Cathédrale non engloutie cette fois. Les Matin calme en particulier, nécessitent une réelle lenteur de jeu associée à une lenteur de propagation du son et de dilution induite. Lors de l’enregistrement, les deux pianos étaient en vis-à-vis et quelque peu écarté l’un de l’autre. Une zone vibratoire étonnante s’est révélée : chacun des deux pianos projetant une zone de vibrations intenses depuis la queue plutôt qu’au centre des cordes. Etonnante situation pour un pianiste que d’être « projeté » dans une autre dimension d’écoute, le feedback de nos jeux venant d’un « ailleurs » arrière. … Les Matin calme sont disponibles en version dématérialisée sur BabelScores (2) et bientôt en version papier aux éditions 2Mc.

 

CLASSIQUENEWS : D’une façon générale, qu’apporte le 2è piano et aussi les interventions d’Anne-Gabriel Debaecker dans votre imaginaire sonore ?

PATRICK-ASTRID DEFOSSEZ : Il n’y a pas de 2e piano en soit, les deux pianos ne font qu’un, l’un étant le prolongement de l’autre, ils font tous deux corps expressif et interprétatif. Dans CONTREPOINGS, il m’était impérieux de ne pas créer (en espérant y être arrivé) de « séparation » de pensées audibles comme lorsque nous nous retrouvons en duo de piano où chacun à un rôle déterminé. Bien au contraire, nos différences se devaient de nous fondre l’un dans l’autre. Certes dans l’orchestre moult timbres se déploient en liberté mais ils ne font qu’un au bénéfice de l’oeuvre. Dans CONTREPOINGS, il en va de même : le texte original se déroule prolongé par des improvisations. Telles les peintures de René Magritte et ses fenêtres sur, l’unité architecturale prime sur le détail, tout fait corps. N’oublions pas que je suis compositeur, et à ce titre CONTREPOINGS est une composition d’unité de temps et d’espace où écritures strictes et ouvertures improvisationnelles promeuvent pour les auditeurs, un espace d’écoute augmenté dans le sens où les auditeurs entendront la musique captée très proche de l’intérieur des pianos (et non très à l’extérieur comme bon nombre d’enregistrements de piano classique le proposent actuellement). CONTREPOINGS serait-il une forme de concerto pour piano augmenté ? Non bien entendu, nous ne sommes pas dans de la musique mixte. Nous sommes dans le champ vibratoire de « chromies » où les deux pianos se joueraient du noir et blanc, et les sonorités diaphanes, aériennes de l’électroacoustique, des bols chantants en cristal et des tams, en seraient la couleur. Le positionnement singulier de l’électroacoustique dans les pianissimi quasi constants peut sembler une gageure, mais elle est bien là tel un espace immuable élargissant le présent en train d’advenir, une autre forme d’improvisation, coloriste cette fois. CONTREPOINGS est de ces moments où le probable rencontre l’imprévu, où les vibrations des trois instruments concernés se fondent et entrent en osmose.

 

 

 

CLASSIQUENEWS: Y-a-t-il un cheminement voire une dramaturgie tout au long des 10 « Matins calmes » ? Quel en serait la trajectoire expressive, du début à la fin ?

PATRICK-ASTRID DEFOSSEZ : Non pas vraiment de trajectoire dramatique précise s’agissant plutôt ici d’états successifs comme si chaque jour à votre réveil vous pouviez ressentir de multiples états de tranquillité : l’apaisement d’un soleil naissant, le silence des nuages mus par quelques trajectoires de vents amoureux, les joyeuses volutes des brumes s’évaporant des contreforts, … tout cela initiant diverses émotions contemplatives, et quoi de mieux que le poème en exergue de mon recueil pour piano seul Matin calme pour exprimer cela (in Pohésitations, recueil poétique de Patrick-Astrid Defossez) :

Aucun matin n’est identique …
quelques gouttes d’osées sur la distraction des brumes

Horloge des temps fondus.

Oubliant le temps … inlassablement répété épi-rire … naturellement

éveil … se souvenir … absolument.

Coeur floral du sablier d’accords
petite aube de peu … grand matin de beaucoup

premières lueurs paradoxales.

Virtual unstable morning cycle dès l’ire matutinale

tant de visages … anamorphoses imaginales.

Sans doute, pourrions-nous dire qu’il s’agit d’une constante de pensée. En effet, dans notre nouveau double album UN MERVEILLEUX PIANO, album également en sortie actuellement chez CIAR Records / Socadisc ; nous cultivons les ressentis diaphanes, aériens, vibratoires, contemplatifs, régénérateurs, bienfaisants : CD 1 dans l’esprit d’un Râga du matin / CD 2 dans l’esprit d’un Râga du Soir.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Vous parlez de matérialité et de texture du son … quelle réalité sonore votre écriture met-elle en avant, permet-elle de souligner auprès de l’auditeur ? Y-a-t-il en cela, une pièce plus révélatrice que les autres ?

PATRICK-ASTRID DEFOSSEZ : Au-delà de la note et de l’accord, une réalité : il y a la note-timbre, la note-son, l’accord-son, l’accord-timbre. « Toute note est vivante » tel fut le leitmotiv dès le premier instant de ma formation pianistique. Toute note, tout accord ont leur « biologie » propre, n’avaient de cesse de répéter mes professeurs. Cet enseignement, je ne l’ai jamais oublié, que se soit pour le jeu pianistique, la composition ou bien encore la direction d’orchestre lorsque j’en faisais. Ainsi la matérialité et la texture sont pour moi les êtres vivants avec lesquelles, je l’espère, les auditeurs dialogueront. Car au delà d’une rumeur auditive, d’un ouïr de superficie, d’un entendre distrait, il y a le s’entendre, le tendre vers et avec, ce qui suppose du temps, certes, alors prenons-le, il s’en trouvera retrouvé.… Je ne puis donner de consigne ou conseil sur telle ou telle pièce des Matin calme, chacune d’elle se révélant soit dans leur complexité ou dans leur apparente facilité diaphane, aérienne, contemplative … alors : tel un papillon, volez et butinez de fleurs en fleurs.

 

CLASSIQUENEWS : Enfin, comment s’inscrit ce nouvel album à ce moment de votre parcours artistique ?

PATRICK-ASTRID DEFOSSEZ : L’album CONTREPOINGS s’inscrit comme un nouveau moment de convergence et d’équilibre artistique tel que je l’ai vécu antérieurement avec une pièce nommée Vernissages – dialogues et bavardages pour 19 cordes solistes et 3 improvisateurs. Mais en France, difficile d’être un classique qui fait du jazz ou d’être un jazzman qui fait du classique, question de chapelle, de marché, de posture, que sais-je encore. Aujourd’hui, force est de constater que les esprits se sont ouverts et ce, grâce aux enseignements spécifiquement du jazz et de l’improvisation qui viennent compléter les parcours pédagogiques dits classiques. Moi-même DE/CA de Jazz et au parcours musical complet classique-contemporain, je me vois enseigner à des musiciens de formation classique en recherche de liberté, d’élargissement d’expression interprétative. Après les périodes du sérialisme intégral, de l’aléatoire, de l’improvisation dirigée (donc contrôlée), etc, nous voyons aujourd’hui la jeune génération composer avec leurs différents bains culturels qu’ils soient intérieurs ou extérieurs à leurs lieux d’enseignement. Ils brassent, ils mélangent, ils créolisent, … . Dans cette veine, l’album CONTREPOINGS m’a permis l’expression intégrale de qui je suis : un compositeur d’aujourd’hui et un pianiste improvisateur (jazz et contemporain) tout autant, d’aujourd’hui.

Propos recueillis en janvier 2025

 

 

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(1) Entretien de Stephen Paulello pour le site Musicologie => https://www.musicologie.org/23 entretien_avec_stephen_paulello.html. Le livret de notre album CONTREPOINGS propose également un bel extrait de cet interview.

(2) Les Matins calmes sont disponibles en version dématérialisée sur BabelScores : https://www.babelscores.com/fr/voir-et-rechercher-catalogue/instrumental/7021-matin-calme et seront bientôt disponibles en version papier aux éditions musicales 2Mc : https://2mceditions.com/fr/?srsltid=AfmBOor4NVhftlim7lQ_U_TU35WYo_XedFjKtLlylTUhpqqbhFiFtDNS

 

 

 

 

cd

LIRE aussi notre CRITIQUE CD événement. CONTREPOINGS, Patrick-Astrid Defossez, piano. Debussy, Roussel, P-A Defossez (1 cd CIAR Classics) : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-contrepoings-patrick-astrid-defossez-piano-debussy-roussel-p-a-defossez-1-cd-ciar-classics/

 

CRITIQUE CD événement. CONTREPOINGS, Patrick-Astrid Defossez, piano. Debussy, Roussel, P-A Defossez (1 cd CIAR Classics)