
Tarmo Peltokoski a le vent en poupe à Toulouse : il réussit à faire salle comble avec une œuvre rare et inconnue du public. « A sea symphony » de Ralph Vaughan Williams est une partition magnifique et spectaculaire, avec un chœur et des solistes (une soprano et un baryton) qui interviennent tout au long de l’œuvre.
Cette symphonie a été composée en 1910 et créée un mois après la Huitième Symphonie de Mahler. L’art de Vaughan Williams est singulier et sa Première Symphonie est très aboutie. Chantre du renouveau de la musique anglaise, son style est particulièrement séduisant. Il n’y a rien de violent dans les harmonies ou l’orchestration, rien de moderne dans les rythmes : le bon goût est partout. C’est grandiose, chaleureux, fédérateur. Le premier mouvement emporte immédiatement l’auditeur sur les cimes marines avec joie, et la direction de Tarmo Peltokoski est tout simplement magnifique : il demande à tous de s’engager totalement dans cette œuvre qu’il semble beaucoup affectionner. Le chœur Orfeon Donostiarra est somptueux ; l’orchestre est lumineux, et les deux solistes, exaltés. La voix de soprano de Chen Reiss passe sans difficulté l’orchestre et les chœurs, tandis que le baryton Sir Simon Keenlyside, avec une diction admirable, dit le texte autant qu’il chante de sa voix chaude. Chacun participe à la mise en valeur d’une partition qui mérite d’être davantage donnée dans les salles de concert.
Le deuxième mouvement, plus calme et doux, permet de reprendre ses esprits après ce début si sensationnel. Le chœur trouve des couleurs subtiles et les solistes de très belles nuances, surtout le baryton qui a une partie développée. Tarmo Peltokoski construit délicatement une très belle ambiance nocturne : sa direction si précise se fait délicate. Le troisième mouvement retrouve une folle énergie. Le chœur a la part belle et rayonne. L’orchestre, dans ce tempo très vif, dévoile une virtuosité diabolique. Le geste de Tarmo Peltokoski est grand et fin à la fois : tous les détails sont révélés dans une construction d’ensemble magnifique.
Le Finale grandiose stupéfie le public. Il débute délicatement et construit progressivement un hymne. Si des thèmes populaires étaient présents dans le Scherzo pour ce dernier mouvement, le pittoresque maritime s’éloigne. Le texte évolue vers des éléments philosophiques. Tarmo Peltokoski arrive à atteindre un niveau musical sublime avec des gestes envoûtants pleins de grâce. Ce mouvement final est superbe. Orchestre, chœur et soliste se dépassent. Les dernières notes pianissimi sont magiques. Le silence qui suit est encore de la musique. Puis c’est l’explosion de joie d’un public conquis qui fait une confiance absolue au jeune chef de 24 ans, déjà si mature. Durant les saluts, Tarmo Peltokoski brandit plusieurs fois la partition et l’embrasse. Il semble qu’il va graver pour Deutsche Grammophon une Intégrale des Symphonies de Ralph Vaughan Williams. Après une Première Symphonie si réussie, nous ne pouvons que nous réjouir de ce beau projet !
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CRITIQUE, concert, TOULOUSE. Halle-aux-grains, le 11 janvier 2025. R. VAUGHAN WILLIAMS. Première Symphonie / The Sea Symphony. Chœur Orfeon Donostiarra / Orchestre du Capitole / Tarmo Peltokoski (direction). Crédit photographique © Romain Alcaraz
