mardi 18 février 2025

CRITIQUE, concert. PARIS, Philharmonie, le 13 janvier 2025. BOULEZ / BRAHMS. London Symphony Orchestra, Barbara Hannigan (soprano), Sir Simon Rattle (direction)

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Par un hasard de calendrier, la soirée du 13 janvier marquait une série d’anniversaire à la Philharmonie de Paris. La Cité de la musique dessinée par Christian de Portzamparc a 30 ans, l’édifice de Jean Nouvel abritant la Grande Salle Pierre Boulez a 10 ans, alors que cette année 2025 célèbre également le Centenaire de la naissance de Pierre Boulez. Pour souffler ces multiples bougies, il fallait un maître de cérémonie de choix. Sir Simon Rattle – qui s’apprête à fêter ses 70 ans – s’est donc remis à la tête d’un London Symphonie Orchestra qu’il connaît intimement, puisqu’il en a été le chef principal de 2017 à 2023, et ce dans un programme qui pourra sembler disparate au premier abord.

 

Tout d’abord, anniversaire oblige, Éclats de Pierre Boulez, oeuvre d’environ 8 minutes pour quinze instruments qui donne la sensation de fragmenter et d’égrainer le temps par des changements de rythme et des traits vifs demandant virtuosité et concentration d’exécution. La partition aura pour effet de faire songer, comme le soulignait Claude Rostand à un Aérolithe Musical, à la forme intérieur comme extérieur du bâtiment de la Philharmonie de Paris. S’en est suivi la création Française de Interludes and Aria de George Benjamin qui venait tout juste d’être créé mondialement, le 9 janvier 2025, par le même casting – à savoir le LSO dirigé par Sir Simon Rattle et Barbara Hannigan – au Barbican Centre de Londres. L’oeuvre se présente comme un montage d’extraits du troisième opéra de Benjamin, Lessons in Love and Violence relatant la délicate fin de règne du roi d’Angleterre Edouard II, mêlant intrigue de cour, amour homosexuel et assassinat. Cette oeuvre à la fois colorée et oppressante laisse une impression brumeuse d’un rêve étrange, sans compter l’intervention de Barbara Hannigan dans une entrée en scène spectaculaire. Malgré une voix qui parfois manque de puissance, on retiendra son impressionnant engagement physique donnant corps à la composition de Benjamin, présent à cette première française.

 

La seconde partie du concert laissa la place à la Symphonie n°4 de Johannes Brahms. Malgré la tonalité mineur de cette dernière symphonie, celle-ci sonna d’un éclat tout solaire sous la direction de Rattle. Bien que l’orchestre avait largement fait ses preuves dans les deux pièces précédentes, les musiciens de chaque pupitres démontrèrent la maîtrise totale de la partition dans un travail d’orfèvre et une énergie rayonnante. Pour clôturer le concert, et en cadeau d’anniversaire général, Rattle nous offrit en bis la Troisième Danse Hongroise du même Brahms avec la même lumière qui avait illuminé la Quatrième symphonie. On retiendra de ce programme très éclectique l’incroyable adaptabilité de Rattle et du LSO dans l’interprétation d’oeuvres aussi différentes les unes que les autres, l’association de ce chef et de cet orchestre restera alchimiquement de la belle ouvrage.

 
 
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CRITIQUE, concert. PARIS, Philharmonie, le 13 janvier 2025. BOULEZ / BRAHMS. London Symphony Orchestra, Barbara Hannigan (soprano), Sir Simon Rattle (direction). Crédit photographique © Antoine Benoit-Godet / Cheeese

 

VIDEO : Sir Simon Rattle dirige la 4ème Symphonie de Johannes Brahms à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Berlin

 

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