dimanche 19 janvier 2025

CRITIQUE CD événement. BEETHOVEN : Intégrale des Symphonies, vol.1 – Symphonies n° 1, 2, 4 – Orchestre Consuelo, direction Victor Julien-Laferrière (1 cd b-records)

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Victor Julien-Laferrière est un violoncelliste respecté ; il dévoile dans ce double coffret une autre carte de poids (et de choc), c’est un chef de première valeur. Évidence est faite que l’instrumentiste aguerri a visiblement convaincu et fédéré le collectif en une compréhension globale. En témoigne ce premier jalon d’une intégrale des symphonies de Ludwig van Beethoven (Symphonies 1, 2, 4), à la tête de son propre orchestre (Consuelo)…

 

La prise live de l’éditeur B-records (captation très maîtrisée réalisée à l’Abbatiale Saint-Robert / Festival de la Chaise-Dieu les 22 et 23 août 2023) révèle un geste à la fois analytique et superbement architecturé, alliant souffle et nuances, dramatisme et profondeur, avec cette élégance fluide, ce sens de la trépidation haydnienne, de l’équilibre viennois, … surtout de la vivacité conquérante, propre à Ludwig, l’insatiable réformateur, conquérant des nouveaux mondes. En deux CD, la lecture précise une compréhension captivante du massif beethovénien grâce à l’agilité des instruments requis, dans cette forge orchestrale bâtie et ciselée par un Beethoven trentenaire… qui de fait, réalise par son génie en maturation, la synthèse entre Haydn (son maître) et la grâce de Mozart… avec cette vitalité et une fougue inédite. L’enjeu de la Symphonie n°1 (composée en 1799, créée à Vienne en 1800) affirme l’équation miraculeuse entre l’éclat et le brio, l’orchestration impétueuse, surtout l’expression d’une volonté irrépressible, impérieuse, impériale. Ludwig admirateur alors de Bonaparte / Napoléon, exprime la musique de son temps, musique de la rupture, de l’énergie, de la promesse aussi.

Les choix d’articulation, les respirations très justes font aussi la pertinence de la Symphonie n°2, plus rare au concert et souvent jouée comme un jalon complémentaire, dans le cadre d’une intégrale ; les qualités d’Orchestre Consuelo s’y confirment : fluidité et personnalité de la pâte sonore, équilibre remarquable entre l’allant et le sens des timbres et des détails instrumentaux, relief des accents et souplesse générale de l’expressivité ; la nervosité calibrée ; la vitalité continue qui respirer et articuler…

Tout aussi rare, la 4ème en si bémol majeur op. 60 (créée en… 1807) est dédiée au Comte Wenzel von Oppersdorff, mécène silésien parmi les nombreux protecteurs de Beethoven à Vienne… La partition affirme l’intelligence interprétative globale : sa pseudo « sagesse » (après les fracas et déflagrations de la 3ème « Eroïca ») prend ici un tout autre visage ; l’adagio d’ouverture, étiré, large, mystérieux idéalement, surpasse l’effet contrasté recherché par le maître Haydn (qui a souvent procédé de même) ; Ludwig semble y décrire un champ de ruines, une terre au destin suspendu, un repli souterrain dont le cheminement harmonique est des plus incertains, pour faire jaillir, en une jubilation impérieuse et dansante (bassons sautillants), l’allegro qui suit immédiatement. L’Adagio a fait justement l’admiration de Berlioz : angélisme naturel de son envol mélodique que le chef fait chanter avec une tendresse irrésistible (« virgilienne », selon les mêmes mots de Berlioz) que ponctue les tutti réguliers, comme des mises en garde. Le flux dramatique est d’une intensité et d’une ivresse jubilatoire. Sentiment qui se gonfle d’une assurance tout aussi maîtrisée, dans le somptueux et trépidant second Allegro (faisant office de scherzo avant l’heure) dont le maestro violoncelliste suit très exactement les indications dynamiques : Allegro molto e vivace – Un poco meno allegro – Tempo primo : un régal de respect et de relecture imaginative.

 

BEETHOVEN nerveux, régénéré

Le finale, Allegro ma non troppo exprime toute la nervosité attendrie, l’humour et la joie (à venir, celle fraternelle de la 6ème « pastorale), et surtout cette frénésie dansante que permet l’équilibre expressif qui circule d’un pupitre à l’autre : cordes en joie jubilante, vents et bois réglés comme des danseurs élastiques et d’une flexibilité bondissante, sur des tempi rapides, fouettés sans sécheresse ; tout cela façonne une mécanique au bonheur débordant- l’un des mouvements les plus joyeux de Beethoven.
Cette intégrale Beethoven par l’Orchestre Consuelo, s’annonce ainsi sous les meilleurs auspices. Les temps de répétition ont valablement été exploités, à bon escient, certainement sous le contrôle d’un chef soucieux de confort et d’efficacité : tant la cohérence et cette fluidité expressive transparaissent avec vitalité et précision. La complicité entre instrumentistes et chef est palpable, d’autant plus sensible dans la continuité de ce live si proche du concert. Vite la suite !

 

 

 

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CRITIQUE CD événement. BEETHOVEN : Intégrale des Symphonies, vol.1 – Symphonies N° 1, 2, 4,
 Orchestre Consuelo, direction : Victor Julien-Laferrière (1 cd B-records) / coll Festival de la Chaise-Dieu, 2024


https://www.b-records.fr/beethoven-symphonies-vol1
https://www.orchestreconsuelo.com

 

 

 

 

TEASER VIDÉO B-records / Symphonies de Beethoven par l’Orchestre Consuelo

 

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