samedi 10 mai 2025
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CRITIQUE, festival. SAINT-TROPEZ, 49ème Festival des Nuits du Château de la Moutte, le 13 août 2024. Airs et Duos d’Opéras. Nadine SIERRA (soprano), Thomas HAMPSON (baryton), Vlad Iftinca (piano).

 

C’est par un récital lyrique d’exception que se sont clôturées les 49èmes Nuits du Château de la Moutte, ce havre de paix et petit coin de paradis pourtant à quelques encablures du frénétique centre-ville de Saint-Tropez. Un écrin qui a accueilli, entre autres Liszt et Wagner, et qui nous rappelle l’histoire musicale ancienne qui s’y est développée et maintenue jusqu’à nos jours. Placé désormais sous la houlette artistique de Jean-Philippe Audoli, et grâce au généreux soutien de l’indispensable mécène qu’est Madame Aline Foriel-Destezet (bien évidemment présente), le festival accueillait rien moins que l’immense artiste qu’est le baryton américain Thomas Hampson, accompagnée d’une des plus belles et talentueuses soprano de notre époque, sa compatriote Nadine Sierra

 

 

Sitôt fini leur premier duo, “Rivolgete a lui lo sguardo” extrait de Cosi fan tutte de Mozart, la jeune star du monde lyrique ne peut s’empêcher de prendre la parole (en anglais) pour se lancer dans un long et vibrant hommage à son mentor qui l’a récompensé d’un Premier prix lors d’un concours de chant alors qu’elle n’était qu’une étudiante, et qui l’a ensuite “pris sous son aile”, en lui proposant d’être sa “partenaire de chant”, comme ce soir, pour le plus grand bonheur d’un public de “happy few”, la cour du Château de la Moutte ne pouvant contenir qu’un parterre de 500 personnes. Très ému par les louanges de sa jeune protégée, le baryton s’esquive ensuite pour lui laisser toute la place, et c’est avec Mozart que se poursuit la soirée avec l’aria “Deh vieni non tardar”, détaillé ici avec tant de délicatesse et d’intelligence que le public succombe aisément et adresse à Nadine Sierra un premier triomphe. C’est ensuite pour le duo “Crudel perché finora” qu’Hampson la rejoint, dans lequel la complicité des deux artistes – à renfort de force regards et mimiques – fait plaisir à voir (et entendre). 

Puis Nadine Sierra s’élance, seule, dans les voltiges de l’air de Gounod “Ah, je veux vivre”, qui s’avère un véritable instant de fraîcheur, juvénile et radieux, par ailleurs déclamé dans un français absolument parfait ! Une élocution de notre idiome que le baryton étasunien, mais on le sait depuis longtemps (!), maîtrise également à la perfection, comme il nous le prouve dans l’air d’Athanaël “Ô visions fugitives” (extrait de Hérodiade de Massenet), où son timbre reconnaissable entre tous et son pouvoir de séduction sont restés intactes, même si le registre aigu n’a plus l’éclat et la phénoménale puissance d’antan. L’acteur conserve également le même pouvoir de persuasion, cette noblesse et ce port aristocratique qu’il a toujours eus, et qui ne cesse de fasciner les spectateurs qui ont la chance de le voir et de l’écouter en “live”. Las, des deux (sublimes) airs annoncés dans le programme (“Depuis le jour” extrait de Louise pour elle et “C’est mon jour suprême” tiré de Don Carlos pour lui), et c’est donc avec le duo Germont/Violetta Valéry (“Madamigella Valéry”) dans La Traviata que s’achève la première partie de soirée. Nadine Sierra s’y montre impériale, capable vocalement d’évoquer le tragique et le sublime. Sa technique exceptionnelle et son tempérament passionné font d’elle une héroïne verdienne de haute volée, tandis que Thomas Hampson lui donne la réplique avec un legato souverain, bien qu’à court de souffle sur certaines fins de phrases. Mais le personnage est là, tout entier dans sa morgue d’abord, avant que le doute ne s’installe ensuite face à la grandeur d’âme de son interlocutrice. 

Après une pause dans la luxueuse palmeraie qui jouxte le château, où l’on peut se délecter (avec modération) des meilleurs rosés de la région dont les vignobles les plus réputés se trouvent dans les villages voisins de Cassin et Cogolin, c’est à un répertoire 100% américain que les deux stars lyriques convient le public très chic et international des Nuits du Château de la Moutte. Et c’est ainsi tous les tubes les plus célèbres des comédies musicales ou “Songs” américaines qui défilent les uns après les autres, entonnés en solo ou duo, tels …”Kiss me Kate” de Cole Porter, “Somewhere over the rainbow” (de Arlen) interprété en solo par l’excellent pianiste et accompagnateur qu’est le roumain Vlad Iftinca, ou encore le célébrissime duo extrait de “West Side Story” (quand bien même Hampson n’est pas ténor…), “Tonight”, les duos étant tout autant dansés que chantés. Et après le fameux “Summertime” de Gershwin, délivrée par une Nadine Sierra comme extatique, c’est avec un bis, le sublime duo « Heure exquise » extrait de La Veuve joyeuse de Franz Lehar, que se conclue la soirée – instant magique qui voit les deux interprètent se lancer dans une valse tourbillonnante (photo ci-dessus) sous un ciel illuminé d’étoiles… dont les yeux des spectateurs étaient à cet instant emplis aussi !

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CRITIQUE, festival. SAINT-TROPEZ, 49ème Festival des Nuits du Château de la Moutte, le 13 août 2024. Airs et Duos d’Opéras. Nadine SIERRA (soprano), Thomas HAMPSON (baryton), Vlad Iftinca (piano). Photos © Emmanuel Andrieu.

 

VIDEO : Nadine Sierra chante l’air « E strano » dans La Traviata de Verdi

 

FESTIVAL INVENTIO, acte II. Les 14, 28 sept puis 7 oct 2024. Le Bateau Ivre, Pierre-Marie GASNIER et Virgile ROCHE, Léo MARILLIER et Orlando BASS, centenaire du Manifeste surréaliste…

En septembre puis début octobre (les 14, 28 sept puis 7 octobre), le 9ème Festival INVENTIO 2024 porté par le violoniste virtuose Léo Marillier poursuit ses escapades musicales, « hors des sentiers battus et urbains, (pour) démocratiser la culture dans des lieux insolites », c’est donc l’excellence artistique fusionnée à la surprise et à l’esprit d’aventure qui prévaut en cette rentrée dans le 77 et à Paris (pour le concert final du 7 octobre, salle Colonne). Des sites surprenants aux acoustiques qui ne le sont pas moins, des formations originales (comme le trio Le Bateau Ivre le 14 sept : alto, harpe, flûte), piano 4 mains, … Au programme : auteurs impressionnistes, créations aussi (signées Léo Marillier, comme à son habitude pour chaque édition d’Inventio), arrangements audacieux pertinents, paraphrases inspirantes, transcriptions aussi impertinentes que recréatives…

 

… avec bouquet final, à Paris, célébration du centenaire du manifeste surréaliste avec des œuvres et des arrangements du duo de choc : Léo Marillier (violon) et Orlando Bass (piano)… dont un LISZT dévoilé, moderne et essentiel ; une commande révélant la magie de deux gestes accordés (violon / piano), enfin la Sonate n°2 de Robert Schumann, que l’on croyait connaître et ici révélée dans une version autographe méconnue.
Pour bien commencer la rentrée francilienne et parisienne 2024, 3 concerts incontournables.

FESTIVAL INVENTIO 2024, acte II
3 CONCERTS événements
14, 28 sept et 7 octobre 2024

 

Information s& réservations directement sur le site du FESTIVAL INVENTIO 2024 :
https://www.inventio-music.com/le-festival/calendrier-et-programmation/

 

 

SAMEDI 14 SEPTEMBRE 2024

CHEVRU, église (77)
Place de l’Église
77320 Chevru

20h : CONCERT / Ensemble LE BATEAU IVRE,
Second Prix Concours OSAKA mai 2023.
Valentin CHIAPELLO, alto
 / Jean-Baptiste HAYE, harpe / 
Samuel CASALE, flûte

Le nom du groupe fait référence au poème éponyme écrit par Arthur Rimbaud en 1871. Jeune poète, Rimbaud bouleverse le paysage poétique français avec une oeuvre radicale, étroitement liée à sa fulgurante trajectoire. Les compositions originales et choix d’oeuvres interprétées par l’ensemble « Le Bateau ivre » partagent avec le poème de Rimbaud un imaginaire nourri d’exotisme, de rêve, voire d’hallucinations mystiques qui les rattachent au courant impressionniste en général.

 

Programme
Claude Debussy, Sonate n°2 pour flûte, alto et harpe
Gabriel Fauré, Une châtelaine en sa tour
Claude Debussy, Syrinx pour flûte seule
Edgar Varèse,  Density 21.5 pour flûte seule
Max Reger,  Suite pour alto solo en mi mineur op.131d
Léo Marillier, pièce pour harpe seule (création 2024)
Maurice Ravel, Sonatine pour alto, flûte et harpe

Après-concert offert par l’association A3E, partagé avec les artistes

 

 

SAMEDI 28 SEPT 2024

BANNOST-VILLEGAGNON (77)
1 Rue de la Forêt
77970 Bannost-Villegagnon

16h
BALADE des 2 lavoirs guidée par l’association des randonneurs de BANNOST
Balade à travers champs, forêts, sentiers sineux. Possibilité de jolies rencontres avec des vaches, des chevreuils, des rapaces dans ce village marqué par la naissance d’un personnage historique d’envergure : Villegagnon ; Provinois , avocat devenu chevalier de Malte, fréquentant les personnages exceptionnels de son époque :  Ronsard, Rabelais, Catherine de Médicis, Charles Quint, François 1er,  doté d’une constitution d’athlète, d’une ambition de conquérant, bon géant marin emportant dans ses bras la petite princesse Marie Stuart » , ce héros de roman tente de concilier l’idéal chevaleresque du moyen-âge et les idées nouvelles de la Renaissance sur le monde, et la foi ; cette conviction le conduit  à mener une expédition au Brésil  où l’ile de la baie de Janeiro porte encore son nom.

 

18h
RÉCITAL PIANO 4 MAINS
BANNOST-VILLEGAGNON, Eglise Notre-Dame
Pierre-Marie GASNIER, piano
Virgile ROCHE, piano

Franz Schubert, fantaisie pour piano 4 mains en fa mineur D.840
Morton Feldman, « four hands »
Paul Dukas, La Péri, ballet pour piano quatre mains
Claude Debussy, 6 épigraphes antiques

« Deux jeunes pianistes qui se connaissent depuis sept ans et se mélangent de temps en temps les pinceaux pour offrir des quatre mains absolument éblouissants. Ils ne sont pas réellement un duo, ils mènent leur vie de pianiste chacun de leur côté, mais de temps en temps, ils étudient des œuvres pour quatre mains ou des arrangements. Bonjour les discussions, les compromis, le qui va prendre la pédale sur cette note, et quelle main doit jouer à gauche ou à droite du clavier etc. » Tout est question ici de complicité et de créativité…

Après-concert offert par la municipalité, partagé avec les artistes

 

 

 

LUNDI 7 OCTOBRE 2024

PARIS, Salle colonne – Paris
94 Bd Auguste Blanqui 75013 Paris
20h : CONCERT-ÉVÉNEMENT
Centenaire du Manifeste du Surréalisme
Violon : Léo MARILLIER
Piano : Orlando BASS

Le programme événement, tout en poursuivant un précédent sur le thème de Faust (2023, voir notre reportage exclusif Une nuit avec FAUST), poursuit l’exploration inventive, hors normes, au geste lyrique et poétique, défendu par le duo Léo Marillier et Orlando Bass ; la soirée est ainsi articulée autour du centenaire du Manifeste du surréalisme. En ouverture, de splendides acrobaties : le Faust de Gounod, revisité par Wieniawski et Ravel, dont le goût virtuose et subtil permet de mettre au grand jour des facettes touchantes de ces thèmes célébrissimes à travers les gestes musicaux que sont paraphrases et transcriptions.
Grand inventeur du piano moderne, maître farouche de la virtuosité, Franz Liszt préfigure le cubisme, par son goût pour les contrastes indomptés et un aspect machiniste immuable dans les trois pièces choisies (Mephisto Polka, Nuages gris, Czardas obstiné / arrangement Léo Marillier et Orlando Bass).

Liszt a exploré à la fin de sa vie les possibilités d’une musique brutale, primitive, sombre, essentielle où le geste de l’interprète virtuose, d’impressionnant, se fait troublant ; incroyable de penser que ce virtuoses du geste élégantissime et un rien narcissique ait évolué vers l’épure, la synthèse, l’être plutôt que le paraître / Wagner son gendre ne s’y est pas tromper en puisant dans cette matière éruptive et vitale ; l
Les interprètes vous proposent trois saynètes arrangées par leurs soins illustrant cette fascination.

En son cœur, un pari musical, une galipette, création commune à Orlando Bass et Léo Marillier, commande de l’édition 2024 du Festival : « DOUBLE-FIL », composé à quatre mains, par le biais d’un système où l’un finit les gestes musicaux suggérés par l’autre, dans une sorte d’aller-retour qui n’est pas sans rappeler le travail à contrainte de l’OuLiPo.
GESTES également puisque cette musique explore l’idée même du jouer-ensemble, de ce qui constitue le langage autant corporel que musical unissant des musiciens. D’où le titre de « Double-fil », le fil étant celui d’un funambule.
Pour finir, la seconde sonate de Schumann, pont géant entre piano et violon, œuvre à l’imaginaire foudroyant, dans une version totalement inédite d’après le manuscrit.

Programme
Henri Wieniwaski : Faust Fantaisie
Maurice Ravel : à la manière d’Emmanuel Chabrier (arrangement Léo Marillier et Orlando Bass),
Franz Liszt : Mephisto Polka, Nuages gris, Czardas obstiné (arrangement Léo Marillier et Orlando Bass) ;
Léo Marillier / Orlando Bass – Double fil (commande du Festival INVENTIO 2024)
Robert Schumann – Sonate pour violon et piano n.2 en ré mineur op.121
(version inédite à partir du manuscrit)

 

 

 

LIRE aussi notre présentation du Festival INVENTIO 2024, acte I, avec un ENTRETIEN avec Léo MARILLIER : https://www.classiquenews.com/77-9e-festival-inventio-leo-marillier-du-geste-a-la-musique-les-16-mai-1er-8-15-30-juin-7-juillet-2024-14-28-sept-puis-7-oct-2024/

 

(77) 9ème FESTIVAL INVENTIO. Léo Marillier : « Du geste à la musique », les 16 mai, 1er, 8, 15, 30 juin, 7 juillet 2024 / 14, 28 sept puis 7 oct 2024

 

 

 

 

VOIR aussi notre REPORTAGE exclusif UNE NUIT avec FAUST, programme INVENTIO 2023 :

PARTIE 1


PARTIE 2

CRITIQUE, festival. MENTON, 75ème Festival de Musique (Parvis de la Basilique St Michel), le 12 août 2024. BRAHMS / R. STRAUSS / MUSIQUES DE FILMS. Renaud Capuçon (violon), Guillaume Bellom (piano).

 

Après une première semaine qui affichait notamment le pianiste turc Fazil Say (voir notre compte-rendu), le 75ème Festival de musique de Menton proposait – en guise de concert de clôture – un duo qui a fait ses preuves, Renaud Capuçon et Guillaume Bellom, dans un programme qui réunissait musiques “pointues” (le Scherzo extrait de la Sonate FAE de Johannes Brahms et la Sonate op. 18 de Richard Strauss) dans une première partie, et les plus célèbres Musiques de films, dans une seconde. C’est là toute la volonté de pluralisme et de diversité affichée par le fringant directeur du festival provençal, Paul-Emmanuel Thomas, qui nous a accordé une interview à cette occasion

 

 

Sur un Parvis de la Basilique St Michel rempli jusqu’à ras-bord (environ 500 spectateurs), et jusqu’aux quelques balcons où des happy few avaient la meilleure vue (et en plus gratuite !) sur la scène dressée devant la porte principale de la magnifique église mentonnaise, les deux compères ont débuté la soirée par une première partie “sérieuse”, en interprétant d’abord le Scherzo de la Sonate FAE de Johannes Brahms. c’est peu dire que Brahms coule tout naturellement dans les veines du pianiste jeune pianiste français Guillaume Bellom, dans une complicité fusionnelle qui l’unit à son illustre aîné violoniste Renaud Capuçon, la même que celle que Brahms éprouvait à l’égard de son ami Joseph Joachim – dédicataire de la pièce jouée ici de manière aussi brillante qu’énergique. Suit la longue Sonate op. 18 de Richard Strauss, une pièce que nous ne sommes pas habitués à entendre car le célèbre compositeur munichois n’a guère écrit pour le répertoire de la musique de chambre. Cette sonate dut ainsi attendre dix ans dans les tiroirs de l’auteur pour aboutir. Et si elle n’est pas souvent donnée, nos deux musiciens savent prendre ce risque, et bien que d’une écriture post romantique qui pourrait sembler anachronique par certains, avouons être restés sous le charme de la qualité d’exécution et de l’amitié artistique qui la porte ici. 

En seconde partie, alors que le thermomètre affichait encore 28 degrés (à 22h30…), c’est à un répertoire que les deux hommes affectionnent qu’ils s’adonnent, les “tubes” du cinéma tels “Les Temps modernes” de Chaplin, “Moon river” de Mancini, “La liste de Schindler” de Spielberg, ou encore “Cinema Paradiso” d’Ennio Morricone (qu’ils reprendront en bis…). On connaît l’amour que porte le célèbre violoniste au 7ème Art (il y a consacré deux albums…), et c’est avec tout autant de ferveur amoureuse et d’âme qu’il s’adonne, avec son acolyte qui n’a pas l’air moins féru, à ce genre souvent “déclassé” et boudé par les artistes adeptes de “grande musique”. Rien de tel ici, et les deux artistes redonnent leurs lettres de noblesse à cette musique qui ravit indéniablement le public qui va jusqu’à taper des mains dans les morceaux les plus célèbres, encouragé par Renaud Capuçon lui-même, au terme d’une soirée d’une belle ferveur festive et populaire !

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CRITIQUE, festival. 75ème Festival de Musique de MENTON, Parvis de la Basilique St Michel, le 12 août 2024. Renaud Capuçon (violon), Guillaume Bellom (piano). Photos (c) Patrick Varotto / Ville de Menton.

 

VIDEO : Renaud Capuçon interprète le thème principal de « Cinema paradiso » d’Ennio Morricone

 

CRITIQUE, festival. 27ème FESTIVAL DURANCE LUBERON, le 10 août (Château de Mirabeau) & le 11 août (Place de l’Eglise de Lauris) 2024. AIRS, DUOS et TRIOS D’OPERAS : Héloïse Mas (mezzo), Florent Leroux-Roche (baryton), Armelle Khourdoïan (soprano), Valentin Thill (ténor), Vladik Polionov (piano). 

 

Pour la 27ème édition du Festival Durance Luberon, étalée du 2 au 17 août 2024, Luc Avrial (son directeur général) et Vladik Polionov (son conseiller artistique) ont concocté une programmation éclectique (opéra, récitals lyrique, jazz, musique du monde…) qui se déroule – comme à sa bonne habitude – dans « les sites inspirés des villages et châteaux prestigieux » de ce petit coin de paradis qu’est le (sud) Luberon. La programmation ne comprend qu’un seul titre lyrique cette année, donné en format dit « de poche », mais quel titre puisqu’il s’agit de « l’opéra des opéras », alias Don Giovanni (demain 16 août) ! De notre côté, nous avons eu la chance d’assister à deux récitals lyriques, les 10 et 11 août, qui mettaient tous deux à l’affiche la mezzo française Héloïse Mas, accompagnée de la soprano Armelle Khourdoïan et du baryton Florent Leroux-Roche le premier soir (puis du ténor varois Valentin Thill, le second soir, voir plus bas…).

 

 

La soirée du 10 août se déroulait dans la cour du superbe Château de Mirabeau, demeure privée qui n’ouvre ses portes au public qu’une fois par an, à l’occasion du festival, et qui se révèle un lieu parfait pour un concert avec ses quatre murs renvoyant le son de manière équilibrée vers les quelques 450 spectateurs qui ont pu avoir un sésame (la soirée affichant complet !). En parfait maître de cérémonie, le protéiforme Vladik Polionov ne se contente pas d’accompagner les trois acolytes réunis pour ce récital d’airs, duos et trios tirés d’opéras de Mozart, Rossini, Verdi ou encore Offenbach, mais détaille chaque partie chantée (souvent avec force malice et clins d’oeil appuyés…), afin de capter l’attention d’un public qui n’est pas forcément « spécialiste » de l’univers lyrique. 

Le concert débute par le trio “Soave sia il vento”, extrait de Cosi fan tutte de W. A. Mozart, dans lequel Héloïse Mas, Florent Leroux Roche et Armelle Khourdoïan parviennent à unir leurs voix et délivrer avec émotion ce départ sans espoir de retour qu’exprime l’aria mozartienne. Il se poursuit avec l’univers plus ludique et foutraque de Gioacchino Rossini, à travers l’air d’Isabella « Cruda sorte » (L’Italiana in Algeri)  et du duo “Dunque io son” extrait du Barbier de Séville. Dans le premier, Héloïse Mas ne manque pas d’impressionner par son sens de la dynamique, et l’on peut se réjouir d’entendre là une authentique voix de mezzo, à l’aise dans les deux extrêmes de sa tessiture, trouvant des effets comiques dans un grave toujours plein, jamais détimbré, et en n’escamotant aucune de ses coloratures. En duo avec le fringant Florent Leroux-Roche (qui chantera le rôle-titre de Don Giovanni demain soir…), Armelle Khourdoïan rivalise de charme et de drôlerie avec son compère, et l’on savoure tant la magnifique voix lyrique de la première que le superbe timbre du baryton marseillais, dont le registre grave est toujours source de frissons le long de l’échine. Appris le matin matin, et donc non prévu au programme (en reportant pour la seconde partie le fameux “Erri tu” verdien qu’il devait initialement délivrer), il s’attaque à l’un des monologues du rôle-titre de Hamlet d’Ambroise Thomas, celui du V, “Comme une pâle fleur”. Juvénile et athlétique, Florent Leroux-Roche campe d’emblée et avec aisance ce personnage rebelle et désespéré, et l’on ne peut que succomber ici à la qualité de son phrasé, à sa droiture stylistique, et à son engagement dramatique. La première partie se referme avec ce même ouvrage, et le trio “Je veux lire enfin dans sa pensée”, qui réunit le rôle-titre, sa fiancée Ophélie et sa mère Gertrude, et dont la force dramatique ne manque pas de faire son effet sur le public qui adresse aux trois artistes une belle salve d’applaudissements. 

Après une pause glaces et boissons bienvenue en cette journée caniculaire (il avait fait jusqu’à 38 degrés dans le Luberon ce jour-là…), la seconde partie commence avec le duo Rigoletto/Gilda (“Tutte le feste al tempio”) extrait de Rigoletto de Giuseppe Verdi. La Gilda d’Armelle Khourdoïan n’a rien d’une oie blanche, et sa voix large lorgne déjà vers le destin d’une Traviata… qu’elle entonnera justement peu après ! Car la soprano d’origine arménienne possède une grande voix lyrique, qui convient parfaitement au rôle de Violetta Valery, qu’elle incarne avec beaucoup de pugnacité et d’émotion, en délivrant un déchirant “E strano…” et jusqu’à un “Sempre libera” tout feu tout flamme, qui emporte l’adhésion du public. Entre les deux airs, le baryton offre le grand air de Renato (dans Un Ballo in maschera) que nous avons déjà évoqué, et auquel il confère la rage et le mordant qu’il appelle, mais aussi la douleur de l’homme bafoué qui se souvient des jours heureux. Il est suivi par le duo extrait des Capuleti ed i Montecchi belliniens “L’altar funesto”, avec Armelle Khourdoïan en Juliette et Héloïse Mas en Roméo. La première s’avère être une idéale Giulietta, par son sens aigu du legato, de la conduite vocale, la facilité de la vocalise ou encore par une superbe homogénéité de timbre sur l’ensemble de la tessiture, tandis que la seconde est d’une beauté sculpturale, même dans le registre hyper-grave, assumé avec brio sans jamais poitriner. Le miracle tient aussi de la pure magie par l’association suave des deux solistes aux timbres parfaitement coordonnés, marqué par une irrésistible pulsion de mort.

La soirée s’achève de manière tout aussi dramatique avec le trio “Tu ne chanteras plus” tiré des Contes d’Hoffman de Jacques Offenbach. C’est depuis l’une des fenêtres du château que la Mère d’Antonia rejoint le duo commencé en contre-bas par la soprano et la baryton, les trois chanteurs unissant leur voix pour atteindre un climax dramatique qui prend à la gorge, et soulève l’enthousiasme du public. Pour le remercier, les trois amis leur offre un bis, avec l’accompagnement toujours au cordeau de Vladik Polionov au clavier, l’air “La ci darem la mano” (Don Giovanni) entonné à trois (le rôle de Zerlina est indifféremment confiée à une soprano ou une mezzo…), ce diable de Don Giovanni/Florent Leroux Roche pouvant ainsi à loisir… lutiner deux femmes au lieu d’une !…

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Le lendemain, nous retrouvions la pétillante Héloïse Mas, sur la ravissante place de l’église du non moins charmant Village de Lauris, accompagnée cette fois de l’un des plus grands espoirs du chant français (dans la catégorie “ténor”)… le chanteur varois Valentin Thill ! Et c’est à un répertoire 100 % consacré au “petit Mozart des Champs-Elysées”, alias Jacques Offenbach, qu’était dévolue cette nouvelle soirée lyrique. Elle débute avec plusieurs extraits de La Périchole (rôle ans lequel la mezzo française a brillé à Marseille, notamment), dont le fameux “air de la griserie”, “Ah que les hommes sont bêtes”, ou encore les airs “de la prison” ou “de l’aveu”…

 

 

La mezzo offre à nouveau au rôle-titre sa voix opulente et corsée, et en plus d’être glamour et vocalement glorieuse, on applaudit aussi l’incarnation qui ne laisse pas dans l’ombre ni la fragilité ni le côté fantasque du personnage (en fonction des airs délivrés). Elle forme ainsi un couple plus que crédible avec son amoureux, le jeune (et très attachant) ténor Valentin Thill, applaudi dernièrement dans Iphigénie en Tauride à l’Opéra de Montpellier. En plus d’incarner un Piquillo éminemment sympathique, le jeune chanteur se montre superbement chantant, fort châtié de style, et s’exprimant dans un français exemplaire. Les deux artistes enchaînent sur le duo de Boulotte et Barbe-Bleue (dans l’opéra éponyme d’Offenbach), “Vous avez vu ce monument”, dans lequel le ténor, s’inspirant de la fameuse série américaine “Dexter”, s’enveloppe dans une combinaison en tulle et enfile des gants en plastique, prêt à accomplir son sanglant forfait… Hilarité générale garantie !

Ils poursuivent avec l’oeuvre “sérieuse” du compositeur allemand, les fameux Contes d’Hoffmann, en interprétant tour à tour “La Légende de Kleinzach” pour l’un, “Vous, sous l’archet frémissant” pour l’autre, avant d’être réunis dans la Romance entre Hoffmann et Nicklausse. Vocalement, Valentin Thill livre un chant incroyablement solide, et surmonte aisément – avec brio et clarté – la tessiture redoutable de la chanson de Kleinzach, le tout dans un français là aussi tout simplement parfait, tandis que la mezzo campe une ardente Nicklausse, au timbre voluptueux et rayonnant dans l’aigu. On retourne ensuite dans l’humour potache avec La Belle Hélène, et ses airs les plus célèbres comme “On m’appelle Hélène la blonde” ou “Au mont Ida”, suivi par le duo Hélène/Pâris : “Ce n’est qu’un rêve”. Héloïse Mas ne fait vocalement qu’une bouchée de son grand air, avec sa voix ample, admirable de souplesse, et tellement déconcertante de légèreté dans l’aigu. Plus belle que jamais, la mezzo campe ainsi la plus crédible des Hélène, peut-être parce qu’elle met dans la déclamation beaucoup d’autodérision. De son côté, Valentin Thill n’éprouve aucune difficulté dans la tessiture très aiguë qui lui incombe, avec un timbre qui a bien le charme requis par le « fier séducteur », en plus d’une diction à faire frissonner de plaisir. Un grand Pâris, plus prince que berger !…

Mais c’est avec un air qui sort du répertoire « offenbachien » qu’ils concluent la soirée, en guise de bis, le sublime air (puis duo) “Mon coeur s’ouvre à ta voix”, extrait de Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns, dans lequel la mezzo offre au public sa voix de bronze et de braise conjugués, avec un legato parfaitement maîtrisé, jusque dans ces pianissimi qu’elle s’autorisent pour souligner tous les contrastes et même les contradictions de son personnage ambigu, avec aussi cette autorité qui s’impose d’emblée, et enfin une sensualité dramatique dont elle use avec un art achevé pour réduire Samson à sa merci ! 

Au final, deux belles soirées lyriques sous le ciel étoilé de Provence !

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CRITIQUE, festival. 27ème Festival Durance Luberon, les 10/8 (Château de Mirabeau) & le 11/8 (Place de l’Eglise de Lauris) 2024. AIRS, DUOS et TRIOS D’OPERAS : Héloïse Mas (mezzo), Florent Leroux-Roche (baryton), Armelle Khourdoïan (soprano), Valentin Thill (ténor), Vladik Polionov (piano). Photos (c) Emmanuel Andrieu.

 

GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY 2024 : temps forts des 23, 24, 25 août 2024. Jonas Kaufmann, Camilla Nylund, Alexandre Kantorow, Hélène Grimaud…

SOMPTUEUSE SOIRÉE LYRIQUE SOUS LA TENTE le vendredi 23 août 2024 – Deuxième week-end sous la Tente du Festival de Gstaad prometteur, vertigineux : le 2ème acte de l’opéra TRISTAN UND ISOLDE de WAGNER en version semi scénique, avec deux monstres sacrés du chant actuel et grands wagnériens reconnus, célébrés : JONAS KAUFMANN (Tristan) et CAMILLA NYLUND (Isolde), vendredi 23 août 2024… Voici l’acte le plus hallucinant et féerique de l’opéra, celui, nocturne, où à la faveur d’une chasse qui occupe la Cour du Roi Marke, les amants magnifiques Tristan et Isolde se retrouvent et se promettent l’un à l’autre, dans une série de tableaux oniriques, dont l’intensité dit l’absolu de l’amour, en un appel à l’oubli du monde, au rêve, à la fusion totale et au renoncement à la réalité du jour… Outre le chant et la splendeur de ce duo irrésistible, Wagner a écrit l’une de ses pages symphoniques les plus bouleversantes : un vrai défi pour l’orchestre requis… L’excellent Gstaad Festival Orchestra est dirigé par Sir Mark Elder (et la production partira ensuite à Baden-Baden et au Danemark). L’acte II de Tristan und Isolde est précédé d’extraits de Parsifal. Grande soirée wagnérienne sous la tente de Gstaad.
PLUS D’INFOS, réservez vos billets : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2024/23-08-2024-opera-concertant?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=GMF_24_15_FR&utm_id=Festival_2024

 

 

SAMEDI 24 AOÛT 2024
Le lendemain samedi 24 août, nouveau vertige symphonique avec une grande soirée tchèque proposée par le chef Iván Fischer et son légendaire Budapest Festival Orchestra: l’élégante Septième de Dvořák ; couplée, en première partie, avec la très virtuose Deuxième Rhapsodie hongroise (avec cymbalum solo) et le Deuxième Concerto pour piano de Liszt, défendu par un poète des nuances, le pianiste français Alexandre Kantorow («Menuhin’s Heritage Artist»), au clavier.
PLUS D’INFOS, réservez vos places : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2024/24-08-2024-concert-symphonique?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=GMF_24_15_FR&utm_id=Festival_2024

 

 

DIMANCHE 25 AOÛT 2024
Quant au dimanche 25 août, place au traditionnel concert pour les enfants et les familles imaginé par l’infatigable Margrith Gimmel-Dauwalder et son équipe: une «Carmen» de Bizet revue et arrangée par Roumen Kroumov. 
PLUS D’INFOS, réservez vos places : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2024/25-08-2024-discovery?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=GMF_24_15_FR&utm_id=Festival_2024

Enfin, ne manquez pas, le très attendu récital d’Hélène Grimaud, qui a dû être reporté, et qui aura lieu également dimanche 25 août 2024 à 18h en l’église de Saanen, l’écrin mythique où Yehudi Menuhin a joué pour les premiers concerts du Festival. Le 25 août prochain, Hélène Grimaud joue Beethoven, Brahms, Bach…
PLUS D’INFOS, réservez vos places : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2024/25-08-2024-musique-de-chambre?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=GMF_24_15_FR&utm_id=Festival_2024

 

TOUTES LES INFOS, le détail des programmes, les artistes et les orchestres invités :
https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/programme-2024/liste-des-concerts

PROGRAMMES, MAGAZINE du GSTAAD MENUHIN FESTIVAL, 23, 24, 25 août 2024,
consultez le magazine en ligne ici : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/service/magazine?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=GMF_24_15_FR&utm_id=Festival_2024

 

 

 

 

TRANSPORTS ECO RESPONSABLES
Soucieux de la durabilité et de la neutralité carbone, le GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY propose des conditions privilégiées lors de vos transports en TRAIN / En transports publics, vous voyagez sans stress et n’avez pas à vous soucier de parquer votre voiture. Profitez du rabais de 20% sur les transports publics offert avec chaque billet de concert. Pour en savoir plus sur cette offre et sur les réservations, rendez-vous sur le site web ici : https://www.sbb.ch/fr/loisirs-vacances/idees/offre.html/veranstaltungen/gstaad-menuhin-festival

TRANSPORT EN BUS : Avec Car Rouge aux concerts sous la Tente du Festival de Gstaad et retour. Vos points de départ: Zurich, Wangen an der Aare, Bern, Thun, Spiez, ainsi que Lausanne, Vevey, Restoroute de la Gruyère, Bulle. Réservez maintenant votre ticket de bus ! Lien direct ici : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/service/votre-visite/bus-de-festival?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=GMF_24_15_FR&utm_id=Festival_2024

CHÂTEAU DE VERSAILLES. SPECTACLES de l’ÉTÉ 2024 : Les Grandes Eaux Nocturnes, de feu, la magie des drones, les 15, 17, 24 août, puis 7, 14 et 21 septembre 2024

VERSAILLES vous attend cet été pour des soirées magiques… l’été et sa voûte étoilée immaculée réserve des nuits mémorables dans les jardins, les bosquets et le parc du Château de Versailles. L’établissement à quelques km de Paris, offre plusieurs spectacles nocturnes, compléments exceptionnels à la visite en journée du château, pour les familles et entre amis.

 

Dans les jardins et ses somptueux bosquets aménagés (dont beaucoup offrent des surprises au visiteur), (re)découvrez le raffinement français de l’art des jardins, grâce aux supports et ressources dédiées aux visiteurs (« Livret jeux Miraculous », application de visite…), nouveaux outils pour intensifier votre visite in situ. Le soir restez au Château et succombez à la magie des spectacles nocturnes de l’été : pas moins de 4 NOCTURNES dans le parc, chacun avec sa propre ambiance musicale et thématique enchanteresse, comme au temps des rois, car le parc de Versailles est un opéra féerique en plein air, une superbe fabrique du rêve : Les Grandes Eaux Nocturnes de Feu, Electro, Classique, La magie des drones…

 

RÉSERVEZ VOS PLACES sur le site officiel dédié :
chateauversailles-spectacles.fr

 

TEASER VIDÉO : les Grandes Eaux nocturnes du Château de Versailles été 2024

 

Les grandes eaux nocturnes de feu

Soirée incontournable des Jardins du Château de Versailles, les Grandes Eaux Nocturnes de Feu orchestrent un spectacle inoubliable rythmé par des prouesses pyrotechniques, des démonstrations d’artistes, des spectacles de drones, sans oublier l’époustouflant feu d’artifice final !

 

JEUDI 15 AOÛT 2024, à partir de 20h30
Réservez vos places ici, directement sur le site du Château de Versailles Spectacles :
https://www.chateauversailles-spectacles.fr/event/les-grandes-eaux-nocturnes-de-feu-2024/?utm_source=brevo&utm_campaign=IND%20269%20-%20Ides%20sorties%20Familles&utm_medium=email

 

Les grandes eaux nocturnes / la magie des drones

Nouveauté 2024 : pour la première fois, le ciel des Grandes Eaux Nocturnes déploie dans les airs, un spectacle saisissant de plus de 500 drones habilement synchronisés. Plongez dans une promenade flamboyante à travers les bosquets et les fontaines métamorphosées par la lumière et les jets d’eau. Féerie totale !

LES SAMEDIS 31 AOÛT et 7 SEPTEMBRE 2024, à partir de 20h30
Réservez vos places ici, directement sur le site du Château de Versailles Spectacles :
https://www.chateauversailles-spectacles.fr/event/les-grandes-eaux-nocturnes-la-magie-des-drones-2024/?utm_source=brevo&utm_campaign=IND%20269%20-%20Ides%20sorties%20Familles&utm_medium=email

*Le 7 septembre, profitez du tarif Famille ! 68€ euros au lieu de 128€
(2 adultes + 2 enfants de 6 à 17 ans inclus)

 

Les grandes eaux nocturnes

Les Jardins Royaux du Château de Versailles se parent de mille feux et vous invitent à un voyage à travers le temps au rythme de la musique du Roi-Soleil. Une promenade de 2h30 semée d’étonnement et de surprises avec en point d’orgue un feu d’artifice royal sur la Grande Perspective !

 

 

LES SAMEDIs

Les Samedis 17, 24 AOÛT et 14 SEPTEMBRE 2024, à partir de 20h30

Réservez vos places ici, directement sur le site du Château de Versailles Spectacles :
https://www.chateauversailles-spectacles.fr/event/les-grandes-eaux-nocturnes-2024/?utm_source=brevo&utm_campaign=IND%20269%20-%20Ides%20sorties%20Familles&utm_medium=email

*Le 14 septembre, profitez du tarif Famille 64€ euros au lieu de 120€
(2 adultes + 2 enfants de 6 à 17 ans inclus)

 

Les grandes eaux nocturnes ELECTRO

Versailles comme vous ne l’avez jamais vu… et entendu ! Profitez d’une dernière soirée d’été exceptionnelle à l’occasion des Grands Eaux Nocturnes spéciale musique électro avec la bande son spectaculaire, enivrante de Antoine Bourachot, Braxe + Falcon, Cosmonection, Paul Prier, Tribute to Dj Mehdi mix by Feadz (Ed Banger). Ces Grandes Eaux Nocturnes Electro sont l’occasion unique et inédite de flâner toute une soirée parmi les bosquets et les fontaines magnifiquement mis en eau et en lumière…

SAMEDI 21 SEPTEMBRE 2024
Dans les jardins, de 20h30 à 23h45
Réservez vos places ici, directement sur le site du Château de Versailles Spectacles :
https://www.chateauversailles-spectacles.fr/event/les-grandes-eaux-nocturnes-electro-2024/?utm_source=brevo&utm_campaign=IND%20269%20-%20Ides%20sorties%20Familles&utm_medium=email

 

 

TEASER VIDÉO : les Grandes Eaux nocturnes du Château de Versailles été 2024

 

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OPÉRA DE LAUSANNE. ROSSINI : Guillaume Tell. 6 > 15 oct 2024. J.F. Bou, O. Kulchynska, J. Dran… Bruno Ravella / Francesco Lanzillotta (Première à Lausanne).

Nouvelle production – et pour la 1ère fois à l’Opéra de Lausanne ! -, Guillaume Tell marque en majesté le lancement de la première saison lyrique de Claude Cortese, nouveau directeur de l’Opéra de Lausanne, dont on s’étonne qu’il n’ait jamais accueilli l’ouvrage majeur de Gioacchino Rossini, créé à Paris en août 1829 (offrande majeure pour l’essor du grand opéra français), de surcroît au sujet historique si essentiel pour l’identité suisse.

 

En effet, exprimant la puissance du motif naturel, entre lac, forêt, montagne, le grand opéra de Rossini (avec ballet) évoque les épisodes les plus héroïques et salvateurs de la résilience des Suisses contre l’envahisseur Autrichien. Sur fond historique, l’action exprime la toute puissance de la liberté à travers le héros patriote Guillaume, exalté par le texte de Schiller, source du livret. Moins belcantiste que ses précédents ouvrages, Guillaume Tell est un opéra pré-verdien, où la force du drame est magistralement portée par des airs irrésistibles façonnant des portraits individuels passionnants ceux de Mathilde (la princesse de Habsbourg), d’Arnold (le ténor requis, aussi bien servi musicalement que le couple protagoniste) et bien sûr Guillaume… lequel est un baryton qui incarne l’exploit du héros suisse, arbalétrier redoutable et victorieux.

Dans cette nouvelle production-événement, qui rétablit une partition majeure de l’opéra romantique sur la scène Lausannoise, s’annoncent aussi trois chanteurs particulièrement prometteurs dans leur rôle respectif : Jean-François Bou en Guillaume, Olga Kulchynska en Mathilde et Julian Dran en Arnold – sous la baguette de Francesco Lanzillotta et dans une mise en scène de Bruno Ravella.

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ROSSINI : Guillaume Tell
Opéra en quatre actes
Livret de Victor-Joseph Étienne de Jouy et Hippolyte-Louis-Florent Bis
Première représentation le 3 août 1829 à la salle Le Peletier, Paris
Nouvelle production – Première à l’Opéra de Lausanne

5 représentations
DIMANCHE 06 octobre 2024 à 17h
MARDI 08 octobre 2024 à 19h
VENDREDI 11 octobre 2024 à 20h
DIMANCHE 13 octobre 2024 à 15h
MARDI 15 octobre 2024 à 19h

 

RÉSERVEZ vos places directement
sur le site de l’Opéra de LAUSANNE :
https://www.opera-lausanne.ch/show/guillaume-tell/

DURÉE : 3h45 (avec un entracte)

Mise en scène : Bruno Ravella

 

Distribution

Guillaume Tell : Jean-Sébastien Bou
Mathilde : Olga Kulchynska
Arnold : Julien Dran
Jemmy : Elisabeth Boudreault
Hedwige : Géraldine Chauvet
Melchtal / Walter Furst : Frédéric Caton
Gessler : Luigi De Donato
Ruodi, un pêcheur : Sahy Ratia
Rodolphe : Jean Miannay
Un chasseu : Warren Kempf
Leuthold : Marc Scoffoni

Orchestre de Chambre de Lausanne
dirigé par Francesco Lanzillotta

Chœur de l’Opéra de Lausanne
dirigé par Alessandro Zuppardo

ARTE. STREAMING bicentenaire 2024 ANTON BRUCKNER, du 25 août au 1er septembre 2024. Celibidache, Bruckner l‘énigmatique, Mirga Grazinyte-Tyla, Manfred Honeck…

A partir du 25 août 2024, ARTE célèbre les 200 ans du dernier grand symphoniste romantique, l’autrichien ANTON BRUCKNER, organiste devenu légendaire à l’Abbaye de Saint-Florian en Autriche. Il aurait eu 200 ans ce 4 septembre 2024. Mais de son vivant, Bruckner l’austère et le rustique, n’aspire qu’à une seule activité : être reconnu comme symphoniste. Il est fervent catholique et sa mystique musicale le porte au plus haut, dans le sillon du « classique » Beethoven, surtout comme disciple de son mentor et modèle, Wagner. Un cycle de 5 programmes diffusés par ARTE (antenne et site ArteConcert) soulignent la valeur de son œuvre, du 25 août au 8 septembre 2024.

 

ARTE célèbre le bicentenaire de la naissance d’Anton Bruckner avec des programmes inédits à l’antenne dès le 1er septembre 2024 (tryptique spécial à partir de 18h40 : archive, documentaire, concert…) et sur arte.tv à partir du 25 août.

 

 

Dimanche 1er septembre 2024
Sur ARTE.TV du 31/08 au 30/09/24 et diffusion le 1er septembre sur ARTE
A 18h40 : SERGIU CELIBIDACHE et les Berliner Philharmoniker collection « Les grands moments de la musique »
En 1992, l’humble et magistral retour sur scène de Sergiu Celibidache avec l’Orchestre philharmonique de Berlin.

A 23h55 : ANTON BRUCKNER – UN GÉNIE ÉNIGMATIQUE (documentaire portrait) – Si Anton Bruckner suscite de son vivant un franc succès avec ses improvisations à l’orgue, ses compositions symphoniques, considérées comme exaltées, boursouflées, incongrues, crépusculaires, ont en revanche suscité, bien des moqueries et critiques. Ce sont les grands chefs du XXè qui réhabilitent son œuvre de symphoniste. Avant-gardiste, Bruckner est resté incompris et ne connaît la reconnaissance de ses pairs et du public qu’au soir de sa vie. Alternant entre présent et passé, entre les éclairages de chefs d’orchestre contemporains et plusieurs scènes de reconstitution historique –, le documentaire propose une immersion originale dans le quotidien d’un génie « énigmatique ». Sur ARTE.TV du 01/09 au 30/09/24
A 00h55 : CONCERT – La Sixième Symphonie de Bruckner 
Sous la direction de l’excellente cheffe lituanienne Mirga Grazinyte-Tyla, l’Orchestre philharmonique de Radio France remet à l’honneur l’une des partitions les moins connues du grand symphoniste Anton Bruckner.  Sur ARTE.TV du 25/08 au 30/09/24

Dimanche 8 septembre 2024 sur ARTE
A 18h25 Blomstedt dirige la 9è de Bruckner
 – Du haut de ses 97 ans, le doyen des maestros de ce monde dirige avec passion et force ampleur, l’Orchestre symphonique de Bamberg dans une interprétation tout en justesse de la Symphonie n° 9 en ré mineur, dernière œuvre de Bruckner, demeurée inachevée. Un concert anniversaire qui se déroule dans la splendide abbaye baroque de Saint-Florian, en Autriche, où la carrière musicale d’Anton Bruckner a débuté (comme organiste reconnu) – Sur ARTE.TV du 08/09 au 6/12/24
A 1h50 Manfred Honeck dirige la « 8e » de Bruckner au Concertgebouw d’Amsterdam
À l’occasion du bicentenaire d’Anton Bruckner, organiste virtuose et héritier de Beethoven, l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam interprète sa Symphonie n° 8 en ut mineur sous la direction de Manfred Honeck – Sur arte.tv du 08/09/2024 au 06/12/24

TOUTES LES INFOS sur le site ARTEconcert, page BRUCKNER bicentenaire 2024 : https://www.arte.tv/fr/search/?q=bruckner&genre=concerts

 

Anton Bruckner, portrait par Josef Büche (DR)

 

 

 

 

approfondir

LIRE aussi notre critique des Symphonies n°4 et n°5 de Bruckner par Christian Thielemann et les Wiener Philharmoniker – somptueuse intégrale éditée chez Sony classical : https://www.classiquenews.com/critique-cd-bruckner-symphonie-n5-wiener-philharmoniker-christian-thielemann-1-cd-sony/

CRITIQUE, CD. BRUCKNER : Symphonie n°5. Wiener Philharmoniker, Christian Thielemann – 1 cd Sony

 

 

CRITIQUE, concert. FESTIVAL MUSIQUE & MÉMOIRE. Melisey, chœur roman, le 4 août 2024. FLORENT MARIE, luth Renaissance à 8 chœurs. Giovanni Antonio Terzi, Ballard, Dowland…

Virtuose du luth, pédagogue et instrumentiste recherché pour de nombreux ensembles sur instruments d’époque, Florent Marie présente à Musique & Mémoire, un programme d’autant plus convaincant qu’il est dans sa conception parfaitement adapté à l’esprit et à la dimension du lieu ; le très intimiste chœur roman de Melisey, joyau patrimonial dont la superbe acoustique est taillée idéalement pour le récital de soliste.

 

A 11h, le récital accueille le festivalier dans l’un des sites les plus secret et les plus authentiques des Vosges du Sud. Le programme fait un tour d’Europe, offrant un bel éventail des styles et des écritures à l’extrême fin du XVIè, soulignant aussi comment un même air passe d’un pays à l’autre, avec propre à la mode locale, une adaptation esthétique requise. Les Italiens reprennent selon leur propre esthétique les chansons françaises les plus célèbres…
Dans ce bain métissé où se déploie l’éloquente virtuosité du luthiste, une place privilégiée,- naturelle au regard de la grande qualité de son écriture, s’affirme peu à peu au profit du compositeur italien méconnu, TERZI, compositeur actif au carrefour des XVI et XVII èmes, à la verve jamais facile ni grossière ; au contraire, d’une faconde délicieusement madrigalesque totalement maîtrisée. Chaque développement mélodique et le choix des airs comme la construction harmonique, accents et effets expressifs semblent sous tendus par un texte dont il faudrait rétablir les paroles. L’articulation souple du luthiste permet de capter le raffinement de Terzi dans son approche personnelle. C’est bien ce luth princier et royal qui affirme ici une élégance et une délicatesse de haute intensité, instrument remarquable en couleurs comme en accent, aussi riche de ce point de vu que le langage parlé.

L’arche musicale ainsi tracée part du classicisme originel, celui de Francesco Da Milano (1497-1543), prince du XVI dont le Ricercar souligne la force poétique.
Les airs à la mode circulent et marquent autant l’imaginaire des composteurs ; ainsi les auteurs célébrés et largement diffusés :  Alberto da Mantova (1500-1551) qui adapte selon son goût « Martin menoit son pourceau au marché » de Clément Janequin… Idem pour l’éditeur Pierre Phalèse (1510-1573) qui publie, et assure la diffusion européenne de l’air   » je suis déshérité » de Pierre Cadéac.

On découvre alors dans tous son raffinement expressif l’art de Giovanni Antonio Terzi (avant 1570? – après 1620) révélé dans sa Canzona : s’affirme en particulier sa langueur mélancolique, d’une délicieuse suavité. Florent Marie a dédié un récent cd monographique au compositeur italien, démontrant combien il était justifié de le révéler ainsi.
Une même invention se déploie dans deux airs inspirés de danses [balli alemani, settimo et quarto, vers 1599] puis dans la Padovana [danse plus développée] ; cependant que la Toccata souligne cette verve vocale et même linguistique déjà évoquée qui s’impose comme l’une des principales singularités identifiant le dit Terzi. Elle va plus loin encore, affirmant même une surenchère linguistique et une vocalità décuplée d’une expressivité libérée qui force l’admiration.

 

Pour Musique & Mémoire,
Florent Marie
révèle le madrigalisme de Terzi
dont l’art s’affirme proche de la parole

Le madrigal d’après Philippe de Monte : » Ahí chi mi rompe il sono » se révèle là encore remarquablement articulé et riche de nuances, genre définitivement plus expressif que la chanson française contemporaine.  Terzi dans ses diminutions idéalement ouvragées, suit le mot italien, recherche l’expressivité de Philippe de Monte qui est d’origine flamande. À côté de la Toccata le  madrigal paraît plus économe et d’une austérité mesurée, plus sobrement suggestive ;  une langueur suspendue, résolument secrète et allusive.

La succession des deux airs qui suit éclaire davantage tout ce qui séduit chez Terzi. Comment en partant d’une source française, il en déduit une nouvelle pièce pleine de délicatesse et de séduction madrigalesque. De la source, française, une Courante de Robert Ballard (1570?-après 1650), somptueuse dans sa mesure noble et classique, d’un équilibre solaire, d’une délicatesse extrême, toute en fluidité continue et qui demeure strictement dans son cadre chorégraphique, Terzi déduit une tout autre pièce, traitée de manière italienne et remarquablement madrigalisée. Le jeu du luthiste en éclaire la créativité capable de renouveler l’esprit de la danse du Français en en réinventant la syntaxe vers un flux dont la séduction rythmique et l’articulation de la mélodie  sont très proches de la respiration du chant.

De l’air Italianisé de Giovanni Battista della Gostena (1558?-1593?), d’après  » Suzanne ung jour » (Roland de Lassus), le luthiste exprime avec justesse la mélancolie sousjacente ; et une équation idéale  entre le langage et le chant. Le luth semble parler et chanter dans ce Lassus des plus populaires. Généreux en découvertes, l’interprète dévoile également la manière de Simone Molinaro (ca.1565-1634) qui fut l’éditeur des madrigaux du poète maudit et assassin, Carlo Gesualdo [Passamezzo – gagliarda].
Enfin la dernière séquence fait la part belle aux anglais, auteurs remarquablement inspirés dont le raffinement mélodique fusionne avec une souplesse rythmique elle aussi nuancée, enivrante.

Contemporain de Terzi, John Dowland (1562?-1626) affirme une évidente facilité dans  » A fancy » : phrasés naturels, nuances  ciselées s’apparentent au chant dans une vocalité détaillée et naturelle. Cependant que les ultimes pièces du programmes :  » Lady Hunsdon’s Puffe » et « Lady Clifton’s spirit » éclairent des sentiments moins naturellement manifestes chez les Italiens : l’humour et le burlesque, d’autant plus mordants qu’ils sont sous les doigts de plus en plus virtuoses de Florent Marie, portés par une vivacité expressive aussi enjouée qu’articulée. On prolongera les délices de ce programme en écoutant les cd : « Musique pour luth de Giovanni Antonio TERZI », et le plus récent, à paraître en septembre 2024 : « John DOWLAND : Sweet Melancholy » (2 cd, édités chez Carpediem records).

 

Récital de Luth par FLORENT MARIE, dans le Choeur roman de Melisey © classiquenews 2024

 

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CRITIQUE, concert. FESTIVAL MUSIQUE & MÉMOIRE. Melisey, chœur roman, le 4 août 2024. Programme : « L’Italie, Miroir de l’Europe ». FLORENT MARIE, luth Renaissance à 8 chœurs. Giovanni Antonio Terzi, Ballard, Dowland…

CRITIQUE, concert. 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL. Berghaus Eggli, le 10 août 2024. Série « Mountain Spirit » n°4 : « Planets by Night » / Les Planètes de Gustav Holst. Gstaad Festival Brass Ensemble / Cuivres du GFO Gstaad Festival Orchestra. Immanuel Richter, trompettes, présentation et direction

Jamais en reste d’un nouveau défi, et comme pour mieux immerger le festivalier au plus près du motif naturel, le GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY inaugure cet été un nouveau format de concert… A 22h, chacun est invité à prendre de la hauteur (facile alors au Pays d’en haut), où toutes les remontées mécaniques s’offrent au randonneur désireux de rejoindre en quelques minutes les sommets surplombant Gstaad et Saanen. Cap ce soir sur l’EGGLI (massif à 1500 m d’altitude), sommet sous les étoiles, et sa terrasse aménagée spécialement dans le cadre de la nouvelle série de concerts (inaugurés en 2024), intitulée « MOUNTAIN SPIRIT ». Déjà, l’ascension dans la nuit, qui dévoile une vue inoubliable sur la vallée, réalise une préparation idéale d’avant le concert.



Le dernier des 4 programmes de cette série, met à l’honneur, les Planètes, celles alignées dans une conjonction proactive, telle que l’a conçu le compositeur Gustav Holst à partir de l’été 1913, alors qu’il était en villégiature à Majorque (le dernier astre Mercure voit le jour en 1916.)… Ainsi se succèdent 7 planètes parmi les plus inspirantes, celles qu’ont généreusement investi l’astronomie et la mythologie.
Ce soir ce sont les cuivres du formidable Orchestre maison, le Gstaad Festival Orchestra, composé d’instrumentistes parmi les plus talentueux des orchestres suisses… qui abordent une version spécifique des Planètes, l’opus 32 (pour cuivres seules) ;
En préambule, une courte et très claire présentation des thèmes principaux et du caractère de chaque pièce est assurée par le musicien leader ce soir, le trompettiste Immanuel Richter qui lors du concert, dirige à cour, avec une précision énergisante.



Nuit vertigineuse au Gstaad Menuhin Festival & Academy

Les cuivres du Gstaad Festival Brass Ensemble
font tourner 7 planètes sur les cimes



La brillance et la puissance des seules cuivres (rebaptisés « Gstaad Festival Brass Ensemble ») occupent tout l’espace sous la tente ; leur vibration exprime la force des montagnes environnantes, et en écho, la rotation spectaculaire des planètes ainsi évoquées : l’esprit conquérant, impérieux de Mars et son irrésistible crescendo rythmique ; la sensualité non moins impériale de Vénus qui met en avant le timbre aquatique, aérien de la harpe auquel répond le velours comme enivré des 3 trombones placés face au public au centre de la scène…
Avec l’adjonction du timbre cristallin du célesta (joué par Immanuel Richter qui en cours de soirée joue au minimum 3 différentes trompettes), le spectre des timbres et des couleurs déploie mille combinaisons de nuances sonores qui accréditent la valeur et le grand raffinement de cette transcription dont les musiciens font leur miel. La partition de Holst permet aussi de jouer sur les étagements et l’organisation des timbres dans l’espace, grâce aux sourdines, très habilement sollicitées en cours de réalisation.

Ainsi trombones, tubas, trompettes, somptueux cors (d’une rondeur expressive elle aussi melliflue) enchaînent les 7 portraits de planète dont les 3 derniers ajoutent au raffinement de l’approche : à l’évocation plus narrative et descriptive des 3 premiers (Mars, Vénus, Mercure, ce dernier d’une vivacité toute aérienne), correspond le trio final, plus riche en texture, plus abstrait aussi : l’arche colossale, – au diapason des cimes suisses, du majestueux Saturne ; l’attractivité d’Uranus et ses textures de fait magiciennes (où se déploient en particulier le métal onctueux à la fois profond et solennel des cors) ; sans omettre l’intensité du « mystique » Neptune dont les instruments en fusion et en complicité parfaites expriment l’agilité de la mélodie serpentine, jusqu’à l’hypnose.

La version renforce l’esprit martial, surtout le caractère de vivacité conquérante, habilement doublé d’une grande sensualité dans les passages qui permettent aux timbres de se frotter avec délice. Expressivité, contrastes, spatialité, énergie et allusion sensuelle…, il ne manque rien à cette version plus que convaincante ; en exposant ainsi les cuivres de l’orchestre, la pièce permet comme peu d’en savourer toutes les nuances sonores.
Étonnante genèse de l’œuvre : les Planètes sont d’abord conçues pour 2 pianos (excepté Neptune, destiné originellement à l’orgue), puis vite mises au placard après le début de la première guerre mondiale. C’est Adrian Boult qui en assure l’exhumation et sa révélation au concert en septembre 1918, après le conflit, comme si la partition et sa fureur raffinée était le miroir idéal d’une période troublée. Il reste étonnant que sans le vouloir, à l’été 1913, Holst ait pressenti la catastrophe à venir dans des déflagrations spectaculaires dues à sa seule inspiration… ; sur le mont EGGLI ce soir, les instrumentistes du Gstaad Festival Brass Ensemble en ont révélé toutes les splendeurs poétiques. A n’en pas douter l’expérience sur les hauteurs est une réussite totale qui deviendra avec les années, si le principe en est pérennisé, l’un des piliers du Gstaad Menuhin Festival. A suivre.





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CRITIQUE, concert. 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL. Berghaus Eggli, le 10 août 2024. Série « Mountain Spirit » n°4 : Planets by Night / Les Planètes de Gustav Holst. Cuivres du GFO Gstaad Festival Orchestra. Immanuel Richter, trompettes, présentation et direction. Photo : © Raphaël Faux / Gstaad Menuhin Festival & Academy 2024


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68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY, jusqu’au 31 août 2024 : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/programme-2024/liste-des-concerts?gad_source=1&gbraid=0AAAAADLwA8MuGPHGLvqDdctnv_l9f8qnj&gclid=EAIaIQobChMIwZ2-7LPyhwMVbK1oCR3v_i1dEAAYASAAEgL8YvD_BwE

 

 

LIRE aussi notre présentation du 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY :  » TRANSFORMATION  » / temps forts, nouvelles séries, engagement pour le climat, teaser vidéo 2024, … :  https://www.classiquenews.com/suisse-68eme-gstaad-menuhin-festival-academy-transformation-12-juillet-31-aout-2024/

SUISSE. 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY : TRANSFORMATION, 12 juillet > 31 août 2024. S. Gabetta, J. Kaufmann, H. Grimaud, Y. Wang, J. Fischer, Sir M. Elder, A. Pappano…

 

CRITIQUE, concert. 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY, Saanen le 10 août 2024.  » Temps et éternité  » : KA Hartman, Martin, JS Bach… ,  Camerata Bern, Patricia Kopatchinskaja

TRANSFORMATION…  L’EXPÉRIENCE MUSICALE À GSTAAD. Plus engagé que jamais pour sa durabilité et la réduction progressive de son empreinte carbone, le Gstaad Menuhin Festival sous l’impulsion visionnaire de son directeur artistique Christoph Müller, poursuit son offre musicale critique, certains diront militante, dont l’exigence du sens accordée à l’excellence artistique produit un nouvel accomplissement significatif.
Ce soir, dans l’église historique de Saanen, vaisseau devenu légendaire car Yehudi MENUHIN décida ici même de la création du Festival en y donnant ses premiers concerts, le bouillonnant directeur, véritable catalyseur culturel, a trouvé en Patricia Kopatchinskaja, une ambassadrice de choix : artiste complète, habitée comme lui par la passion de la musique et conceptrice de programmes aussi forts, engagés que personnels.




MUSIC FOR THE PLANET BY PATRICIA KOPATCHINSKAJA
Tous ses concerts au Gstaad Menuhin Festival illustrent ainsi un nouveau cycle emblématique intitulé « Music for the Planet« . Après l’inoubliable concert « Les Adieux » en 2023, après un premier programme 2024 soulignant avec la complicité d’Anastasia Kobekina, le cas inquiétant de Venise qui meurt de la lente montée des eaux et de la pression touristique terrifiante, voici donc un nouveau spectacle intitulé « temps et éternité« . 
Moins concert habituel qu’expérience musicale et même cheminement spirituel, le format proposé suscite par ses contrastes et sa construction, d’impérieux questionnements sur le sens de nos vies, la place que nous souhaitons occuper sur cette terre : vie et mort, destruction et violence ou renaissance et espoir… 
L’interrogation philosophique est magistralement posée à travers la seconde partie précisément où dans une succession géniale qui alterne séquence de Frank Martin et chorals de Bach [ceux de la Passion selon Saint-Jean, transposés pour orchestre de cordes], la violoniste éruptive et incandescente comme à son habitude, exprime les divers épisodes de la Passion christique dont chaque choral par sa douceur poétique semble réaliser le commentaire méditatif. 
L’expérience de la souffrance la plus intense aiguise la conscience ; tout en l’exprimant directement, la violoniste la dénonce et exhorte à agir pour la réparer. La musique transforme ; elle peut réveiller les consciences et conduire à agir. Le message est clair.

 




UNE EXPÉRIENCE CATHARTIQUE ET RÉSILIENTE DE LA SOUFFRANCE 
Grand admirateur des Passions de JS BACH, Frank MARTIN a composé pour Menuhin, le cycle Passion comme un grand concerto pour violon en 1973.
On passe des stridences âpres et hurlantes à la tendresse apaisée réparatrice ainsi, en une alternance hypnotique. Ce balancement produit un polyptique musical qui saisit et bouleverse. Dans « Crux » de Lubos Fisher [mort en 1999], l’acmé est atteinte dans le duo formé par la violoniste totalement enivrée, abandonnée et réceptive à l’extrême souffrance, et le percussionniste (Pascal Viglino) qui assène des coups de timbales de plus en plus meurtriers, comme ceux d’une lente et progressive exécution, chant embrasé d’une inéluctable mise à mort ; le tout sur l’image projetée de la Crucifixion. En soutien iconographique au polyptique musical, le programme intègre la projection des peintures de DUCCIO di Buoninsegna, actif au XIVè en particulier à la Cathédrale de Sienne. La sensation visuelle et musicale ressentie
restera mémorable. 

En première partie, Patricia Kopatchinskaja aborde avec ses complices de la Camerata de Bern, totalement connectés au moindre battement de ses cils, le vertigineux Concerto « funebre » du munichois Karl Amadeus Hartman [1905 – 1963], fulgurant, convulsif, dont les solos de violons, déchirants, hallucinés… appellent au réveil des consciences tout en exprimant des élans touchés par la grâce [Adagio], et les affres les plus douloureux du désespoir. Humanité et barbarie, tendresse et ignominie… Artman qui a composé son Concerto en 1939 pour dénoncer les pires atrocités nazies commises contre l’humanité, ne pouvait trouver meilleurs interprètes.


L’INCANDESCENT CONCERTO FUNEBRE DE KA ARTMAN 
L’extraordinaire se produit sous l’archet et la vitalité électrisée de sa main gauche ; tout en faisant littéralement pleurer son violon, la musicienne prophétesse comme transfigurée par cette « musique de deuil » , rayonne d’une beauté grave dont la clairvoyance qui jaillit alors de son instrument, foudroie par sa justesse. Patricia Kopatchinskaja souhaite adresser un nouveau message : l’intensité du jeu, la force  et la rage qui s’en dégagent aussi, évoque au cœur du programme, entre gravité et conscience, chaque instant essentiel où « tout bascule » … Si le Concerto d’Hartman brûle comme un brasier dans la nuit, il nous fait voir par cet éclat lacrymal, l’atrocité humaine au plus près ; en l’exprimant ainsi il l’a dénonce, ce que fait Patricia Kopatchinskaja, et avec quelle musicalité. 
Comme on l’a vu l’an dernier à Gstaad [sous la tente dans le programme Les Adieux, adieux aux espèces animales, à leur extinction programmée désormais inéluctable], voici un autre programme qui renouvelle totalement le concert traditionnel, en joignant avant et après Hartmann, des chants traditionnels chantés par un trio de femmes en costumes traditionnels accompagnée par l’accordéon… Référence à une approche paysanne probablement chère à la violoniste moldave, où l’homme savait communier et vivre de la nature sans l’épuiser comme actuellement. 

La musique par le truchement d’un enchaînement parfait évoque ainsi la perte d’un monde harmonieux, l’empire de la violence omniprésente, inévitable… La volonté forcenée de vaincre souffrance et barbarie : conscience et résilience, clairvoyance et responsabilité… Le programme et son message diffusent le meilleur des rôles que la musique peut revêtir et que le thème générique de l’édition 2024 expose ainsi clairement : la transformation. Qui peut dire si parmi les festivaliers, certains auront été transformés en écoutant dans ses enchaînements surprenants ce programme parmi les mieux conçus ? MAGISTRALE expérience et certainement aussi prenante que le programme précédent auquel nous avons assisté lors de l’édition 2023 (1). 




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CRITIQUE, concert. 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY, Saanen le 10 août 2024.  » Temps et éternité  » : KA Hartman, Martin, JS Bach… ,  Camerata Bern, Patricia Kopatchinskaja. Toutes les photos : © Raphaël FAUX / Gstaad Menuhin Festival & Academy 2024



(1) Lire notre critique du concert Les Adieux par Patricia Kopatchinskaja, Gstaad Menuhin Festival & Orchestra, le 12 août 2023https://www.classiquenews.com/critique-concert-gstaad-menuhin-festival-le-5-aout-2023-les-adieux-patricia-kopatchinskaja-beethoven-schumann-chostakovitch-music-for-the-planet-i/


https://www.classiquenews.com/critique-concert-gstaad-menuhin-festival-le-5-aout-2023-les-adieux-patricia-kopatchinskaja-beethoven-schumann-chostakovitch-music-for-the-planet-i/



 

68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY, jusqu’au 31 août 2024 : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/programme-2024/liste-des-concerts?gad_source=1&gbraid=0AAAAADLwA8MuGPHGLvqDdctnv_l9f8qnj&gclid=EAIaIQobChMIwZ2-7LPyhwMVbK1oCR3v_i1dEAAYASAAEgL8YvD_BwE

LIRE aussi notre présentation du 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY :  » TRANSFORMATION  » / temps forts, nouvelles séries, engagement pour le climat, teaser vidéo 2024, … :  https://www.classiquenews.com/suisse-68eme-gstaad-menuhin-festival-academy-transformation-12-juillet-31-aout-2024/

SUISSE. 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY : TRANSFORMATION, 12 juillet > 31 août 2024. S. Gabetta, J. Kaufmann, H. Grimaud, Y. Wang, J. Fischer, Sir M. Elder, A. Pappano…

 

 

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STREAMING opéra. SPONTINI : LA VESTALE, Elza van den Heever… Sur OperaVision, le 6 sept 2024 à 19h, [Opéra de Paris, juin 2024]

La prêtresse Julia qui veille sur la flamme éternelle de la déesse Vesta, va rejoindre Licinius, général romain victorieux, au risque de trahir le serment qui la lie à sa caste : la Grande Vestale condamne à mort toute vierge qui romprait son vœu de chasteté. L’inévitable se produit : alors que les deux amants se vouent l’un à l’autre, la flamme de l’autel s’éteint.

 

L’Opéra national de Paris présente ainsi sa première production sur OperaVision : La Vestale de Gaspare Spontini… opéra aussi peu joué aujourd’hui qu’il fut célébré, applaudi sans discontinuité au XIXème siècle, depuis sa création en 1807 à l’Académie impériale de Paris : Spontini se montrait alors digne de la protection que lui accordait l’impératrice Joséphine. Le sujet réactive sous l’Empire, la force des héros de la Rome impériale ; c’est surtout la droiture morale et la loyauté de Julie, Vestale prête à mourir par amour qui se dresse ainsi au devant de la scène lyrique offrant un somptueux portait de femme admirable, condamnée puis sauvée in extrémis. Autant de grandeur morale annonce NORMA de Bellini à venir… presque 30 ans après la JULIA de SPONTINI !

Souvent systématique, appliquant une grille pré établie sur la partition [au risque assumé d’en dénaturer le sens général et la finesse du dénouement], la metteuse en scène Lydia Steier entend dénoncer le fanatisme religieux institué en cadre sociétal stricte, citant volontiers le roman dystopique de l’écrivaine canadienne Margaret Atwood, « The Handmaid’s tale » / « La servante écarlate » : description terrifiante de la société de Gillead.

Comment l’amour peut-il vaincre contre le fanatisme et la dictature militaire ?

 

Dans cette production captée en juin 2024, le chef Bertrand de Billy dirige l’Orchestre de l’Opéra national de Paris et une distribution choisie ou s’imposent entre autres, Elza van den Heever [la Vestale Julia], Michael Spyres [son amant Licinius], Eve-Maud Hubeaux [la Grande Vestale]…

 

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VOIR LE STREAMING DE JUIN 2024
Diffusé le 6 septembre 2024 à 19h CET,
Disponible jusqu’au 6 mars 2025 à 12h CET,
Enregistré le 29.06.2024
Chanté en français
Sous-titres en français, anglais

 

VOIR LE STREAMING LA VESTALE de SPONTINI : https://operavision.eu/fr/performance/la-vestale8ol

 

LIRE ci-après notre critique complète de La Vestale de Spontini à l’Opéra de Paris juin 2024 :

CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 19 juin 2024. SPONTINI : La Vestale. E. Hache, M. Spyres, J. Behr, E. M. Hubeaux… Lydia Staier / Bertrand de Billy.

 

DISTRIBUTION

Julia : Elza van den Heever
Licinius : Michael Spyres
La Grande Vestale : Eve‑Maud Hubeaux
Cinna : Julien Behr
Le Souverain Pontife : Jean Teitgen
Le Chef des aruspices, un consul : Florent Mbia

Chœurs de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l’Opéra national de Paris

Gaspard Spontini
Livret : Étienne de Jouy

Direction musicale, Bertrand de Billy
Mise en scène : Lydia Steier

 

SYNOPSIS

 

Acte 1
Revenant de la guerre, le victorieux Licinius après 5 ans de campagne, retrouve Rome, ou il est acclamé en général. Il confesse à Cinna, ses espoirs : comme général, il pourra enfin prouver au père de Julia, qu’il adore et dont il est aimé, qu’il est digne de sa fille et peut donc l’épouser.
Mais le père avant de mourir a fait promettre à Julia de devenir Vestale et de rester chaste pour jamais.
D’autant que dans le TEMPLE, la Grande Vestale condamne à mort toute vierge qui romprait son vœu de chasteté. Rome célèbre ses enfants conquérants et victorieux : c’est Julia, hésitante et dévorée entre devoir et amour, qui couronne le général Licinius de la couronne d’immortalité, en présence d’un consul, du Souverain Pontife, de toute la population…
Alors que Julia se voit confier la garde du feu sacré, Licinius déclare à la jeune Vestale qu’il souhaite l’enlever…

Acte 2
La nuit, dans le temple, Licinius retrouve Julia amoureuse. Ils se disent leur amour dans la fièvre de la passion, mais la flamme éternelle s’éteint. Julia qui assume la situation exhorte Licinius de partir ; seule, la Vestale déloyale et traîtresse ne dénonce pas l’intrus qui a violé le temple, elle est condamnée mort par le Souverain Pontife.

Acte 3
Licinius tente en vain de persuader le Souverain Pontife d’épargner Julia dont il avoue être l’amant.
Cinna regroupe les soldats de Licinius pour inflechir le Souverain… Celui-ci place le voile de Julia sur l’autel de Vesta. S’il prend feu, Vesta accorde son pardon. Licinius avoue publiquement qu’il est l’intrus et qu’ il aime Julia… Celle ci jure qu’elle ne le connaît pas. Alors un éclair déchire le ciel, embrase le voile de Julia : croyant à un miracle, le Pontife pardonne et annule la mise à mort de Julia.

Voir
https://operavision.eu/fr/performance/la-vestal

CRITIQUE, LIVRE événement. JEAN-JACQUES NATTIEZ : Proust musicien (éditions PMU Presse Universitaires de Montréal – 3 ème édition, mai 2024)

L’édition première remonte à 1984 à la suite de deux séminaires dédiés, l’un sur la correspondance des arts [Université du Québec à Montréal en 1976-1977] ; puis l’autre, en 1981 et 1983 à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Or depuis des éléments nouveaux ont permis une nouvelle approche et donc une meilleure compréhension des manuscrits sources, en particulier depuis que l’œuvre est tombée dans le domaine public dont témoigne la nouvelle édition de La Pléiade entre 1987 et 1989, commentée par Jean Yves Tadié [4 tomes] qui remplace désormais son prédécesseur Pierre Clarac [1954 en 3 volumes].

 

L’accès à quasiment toutes les esquisses et scénarios imaginés par Proust, dans les bénéfices multiples d’une poïétique clairement exposée, commentée, accessible à présent, nourrit notre connaissance de la genèse du « mythe Vinteuil« , figure clé du compositeur selon Proust. Ce dernier, suprême conteur, accumule tant de précisions à son sujet que d’aucun ont pensé / pensent toujours, que la créature fictionnelle a bel et bien existé. Sa Sonate pour violon et piano, son Septuor s’ils sont nés dans la recherche, paraissent plus vrais que nature. Au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, n’existe-t-il pas, aux côtés des salles Rameau, Fauré et Debussy, une salle… Vinteuil? Bel hommage qui est aussi source de quiproquos.

Comme un enquêteur amoureux de l’objet de sa recherche, l’auteur recense, analyse, décrypte, recompose et nourrit chaque opus de l’œuvre musicale du dénommé Vinnteuil, œuvre elle aussi multiple éparpillée dans chacun des volumes de l’odyssée proustienne, – romans et aussi textes engagés : Contre Sainte-Beuve, Jean Santeuil,  Les Plaisirs et les jours ; évidemment  les sept romans de la Recherche : Du côté de chez Swann, À l’ombre des jeunes filles, Le côté de Guermantes,  Sodome et Gomorrhe, La prisonnière, La fugitive, Le temps retrouvé.

Il en déduit le catalogue précis de toutes les œuvres composées par Vinteuil que mentionne et décrit si subtilement Proust dans La recherche, avec un focus spécifique sur la fameuse « petite phrase », emblème de l’amour qui cristallise d’une certain manière et qui manifeste tous les états d’âme du Swann épris, amoureux.

Proche des idées et questionnements développés dans ses autres essais : « Musicologie générale et sémiologie, Wagner androgyne, Le combat de Chronos et d’Orphée »… mais aussi Lévi-Strauss musicien, Analyses et interprétations de la musique, Fidélité et infidélité dans les mises en scène d’opéra et Les récits cachés de Richard Wagner… ces derniers rédigés depuis 2008, cette 3ème édition s’affirme par son apport particulièrement riche. Voire définitif ?

 

 

3ème édition de
 » Proust musicien  » de Jean-Yves Nattiez,
une poïétique proustienne
exhaustive, nouvellement exploitée

Bénéficiaire de ces dernières données, cette 3e édition a le mérite de l’actualisation et de l’enrichissement des informations comme des pistes spéculatives.
Le texte corrigé et remodelé ainsi souligne les fruits de l’analyse qui questionne les rapports entre musique, mythe, littérature ; en réalité l’auteur va plus loin qu’une simple étude transversale et générique sur les rapports musique / langage.

Moins économe dans l’approfondissement de son approche critique, l’auteur défend désormais que « Proust musicien est bel et bien un essai de sémiologie » ; d’abord, en révélant la  progression du rapport de Proust à la musique tout au long de la Recherche.
Ensuite, en précisant que «  l’inventaire empirique de ce que Proust nous dit de la musique constitue bien une analyse du niveau neutre, au sens du modèle tripartite de Jean Molino  » que l’auteur utilise systématiquement dans ses investigations sémiologiques.

La vision de la musique chez Proust dévoilant comme en miroir ses propres » stratégies créatrices « , relève ainsi comme dit précédemment, d’une poïétique aussi complète qu’intégralement et récemment exploitée.

Davantage qu’hier et mieux que dans les édition précédentes, le texte de Jean-Yves Nattiez met à nu la mécanique proustienne qui grâce au récit du concert, ou dans l’évocation du mystère musical qu’éprouve chaque héros, passe du témoignage éprouvé à la forme symbolique de l’art. La musique mieux qu’aucune description exprime la réalité de l’expérience artistique à travers les sensations décuplées de l’expérience musicale. Autrement dit, le témoignage de l’expérience musicale permet de dévoiler la psyché profonde de chaque personnage et les enjeux de chaque situation, nourrissant chaque fois un peu plus la réalité sensible et sentimentale des protagonistes de La Recherche. Serviteur de la psyché de ses personnages, Proust sonde comme personne, en analyste fin et clairvoyant, le phénomène musical et la musique en général ; son questionnement qui engendre un diagnostic littéraire, se révèle d’une inégalable justesse : il n’est pas d’écrivain plus musicien que Proust. A travers la musique, l’écrivain explore et trouve la vérité humaine. Passionnant et incontournable.

 

 

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CRITIQUE, LIVRE événement. JEAN-JACQUES NATTIEZ : Proust musicien (éditions PMU Presse Universitaires de Montréal – 3 è édition revue et corrigée – mai 2024 – CLIC de CLASSIQUENEWS été 2024 – Plus d’infos sur le site de l’éditeur : www.pum.umontreal.ca

ENTRETIEN avec Javier Lupiáñez et Inés Salinas Blasco, violon et violoncelliste de l’Ensemble Scaramuccia, à propos de l’authentification puis de l’enregistrement en première mondiale de la Sonate pour violon en la majeur « RV 829 » d’Antonio Vivaldi

Découverte et authentifiée depuis cet été, la Sonate pour violon en la majeur désormais étiquetée « RV 829 » d’Antonio Vivaldi, est intégrée au catalogue officiel du Maître du baroque vénitien. Une exhumation exceptionnelle accompagnée par les musicologues et instrumentistes de l’Ensemble SCARAMUCCIA qui l’ont enregistrée en première mondiale sous leur propre label, Snakewood Editions. La réalisation est magistrale : elle manifeste la vitalité unique et virtuose du « Prete Rosso » dans un période charnière de sa vie où il devait absolument démontrer sa haute technicité et sa souveraine musicalité. L’opus ainsi révélé dévoile un épisode de sa vie qui renforce davantage sa formidable personnalité dans le Venise du début XVIIIème. Genèse, enjeux, contexte d’enregistrement… Javier Lupiáñez, violoniste et directeur musical de Scaramuccia, avec Inés Salinas Blasco violoncelliste et manager, évoquent tous les aspects de cette formidable découverte au carrefour de la musicologie et de l’exceptionnel artistique…

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Portrait des musiciens de SCARAMUCCIA [C] Gregor Servais

 

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Que savons-nous de l’époque et du contexte où a été composée cette Sonate ?

Javier Lupiáñez & Inés Salinas Blasco : Il semble que l’œuvre ait été écrite plus ou moins tôt dans la production vivaldienne. Bien qu’il soit très difficile d’établir des dates précises, nous pouvons dater la Sonate au début du XVIIIe siècle. La période est décisive pour Vivaldi qui est alors professeur à la Pietà ; même si son poste est assuré, donnant des cours et composant ses concerts, sa situation n’était pas si facile pour autant : en 1709, Vivaldi perd son poste à La Pietà puis est réengagé en septembre 1711. Nous ne savons pas grand chose de la vie de Vivaldi à cette époque, ce qu’il a fait, où il est allé… Son existence s’apparente à un compositeur « freelance » ; cela correspond au type de composition à laquelle cette Sonate appartient. Il s’agit de la sonate la plus personnelle que nous connaissions de Vivaldi, comme s’il s’agissait d’un concert, Vivaldi y explore les possibilités techniques et expressives du violon jusqu’à ses ultimes limites. Grand érudit, le professeur Michael Talbot, à la lecture de la partition, a précisé que c’était comme une lettre de présentation du prêtre Rosso. Une sonate qui lui permettait de démontrer ses talents de virtuose et de compositeur. J’imagine ce Vivaldi freelance, utilisant sa Sonate comme une carte de visite précisément dans les années où il avait été renvoyé de La Pietà ; au moment où il devait chercher d’autres scènes et d’autres engagements pour diffuser son art. Photo : Ensemble SCARAMUCCIA, à gauche, Inés Salinas Blasco / au milieu, Javier Lupiáñez © Scaramuccia / Snakewood editions,[C] Gregor Servais.

 

CLASSIQUENEWS : Quelle signification donnez-vous au genre « Sonate dite auf Concertenart » ? Est-ce pure virtuosité, ou y-a-t-il d’autres qualités musicales en jeu ?

Javier Lupiáñez & Inés Salinas Blasco : Quand nous avons montré la sonate au Prof. Michael Talbot, il a immédiatement fait référence à ce type de sonate, un type extrait d’une source plus tardive. En 1740, dans le Critischer Musikus (sorte de journal musical), Johann Adolph Scheibe la décrit en effet comme un type de sonate très révélatrice, composée spécifiquement pour montrer les capacités de l’interprète. Mais les compétences déployées vont bien au-delà de la simple virtuosité comme de la difficulté technique. En tant qu’interprète et compositeur, Vivaldi voulait mettre en lumière toutes les facettes de son art ; et cette sonate est un exemple incroyable des compétences de Vivaldi. Du début à la fin, elle est faite pour montrer ses points forts en tant qu’interprète d’un point de vue technique : virtuosité, passages aigus, arpèges, etc. Mais aussi les cadences musicales où l’interprète a une très grande liberté d’exécution, passages qui révèlent les compétences de l’interprète comme improvisateur. De plus, la composition, du point de vue formel, est surprenante et audacieuse, montrant presque effrontément les formidables compétences de Vivaldi en tant que compositeur et sa maîtrise dans la façon de construire formellement la composition. Pour nous, c’est l’une des sonates les plus spéciales que nous avons rencontrées dans la production vivaldienne.

 

 

CLASSIQUENEWS : Quelles informations sur Vivaldi, cette pièce inédite révèle-t-elle ? 

Javier Lupiáñez & Inés Salinas Blasco : : Comme je l’ai dit, cette sonate est une véritable carte de visite de Vivaldi. Écrite et conçue pour être interprétée par lui-même. Ceci est en soi quelque chose de très spécial, puisque normalement les sonates de Vivaldi étaient conçues pour un public plus général ou pour un interprète particulier (comme les sonates qu’il a dédiées à Pisendel, violon solo de l’Orchestre de Dresde). Dans cette sonate, nous pouvons voir ce qu’il aimait jouer à Vivaldi, ses points forts pour ainsi dire. Nous le voyons dans ses concertos, dont beaucoup étaient interprétés par lui-même, mais pas dans les sonates. Cela nous permet d’extrapoler de nombreux aspects du style interprétatif de Vivaldi, du grand format des concertos au format intime de la musique de chambre, un aspect jusqu’ici assez inexploré dans l’interprétation vivaldienne. De plus, nous avons découvert un Vivaldi très novateur dès le début de sa carrière de compositeur. Il s’agit d’une sonate surprenante dans toutes ses facettes : compositionnelle, formelle, technique, interprétative ; sans omettre, peut-être ce qui nous a le plus surpris : voir comment Vivaldi s’y montre plus audacieux comparé aux compositions écrites dans la même période (et qui n’ont pas la même audace).

 

CLASSIQUENEWS : En tant qu’interprète, quels sont les défis à maîtriser pour réussir l’exécution de la Sonate ?

Javier Lupiáñez & Inés Salinas Blasco :: Nous travaillons toujours beaucoup nos interprétations, en cherchant tout ce qui peut nous inspirer et en étudiant en profondeur tout ce qui entoure l’œuvre que nous interprétons. Mais ce cas a été très spécial. Nous avons accompagné cette œuvre depuis le début. De la découverte dans un fichier… en passant par l’étude pour en assurer la paternité à Vivaldi ; donc avant de commencer les premières lectures, nous connaissions déjà extrêmement bien la pièce. Je pense que cela n’arrive pas très souvent.
Ensuite nous étions très enthousiastes à l’idée de la jouer et de l’interpréter en donnant le meilleur de nous-mêmes ; ce qui nous a fait nous tourner encore plus vers l’étude de la partition et à chercher l’inspiration et les idées dans les sources que Vivaldi lui-même a laissées.
En tant que spécialiste de Vivaldi, j’ai consacré entre autres ma thèse de doctorat au Prete Rosso; cela a été un défi pour moi d’interpréter une sonate que je sais avoir été écrite par Vivaldi pour lui-même. D’autre part, ce fut un voyage très excitant qui nous a menés à redécouvrir cette musique merveilleuse, comme si nous avions accompagnés Vivaldi lui-même en le prenant par la main. Je ne sais pas si c’est vraiment le cas, mais nous aimons l’imaginer.

 

 

CLASSIQUENEWS : De quelle manière la réalisation de cette pièce souligne-t-elle les qualités de votre ensemble SCARAMUCCIA ?

Javier Lupiáñez & Inés Salinas Blasco : : Nous pensons qu’un musicien historiquement informé doit connaître les dernières recherches et découvertes dans le domaine de la musicologie. Depuis que nous avons créé l’ensemble SCARAMUCCIA, il y a un peu plus de dix ans, nous demeurons fermement engagés à défendre le patrimoine musical inédit et précieux. Ce répertoire peut être inédit soit parce que l’auteur est anonyme ou peu ou pas connu ; d’autant plus si personne ne s’est jusqu’ici intéressé à son œuvre ; soit parce qu’il s’agit d’une identification récente, comme cela a été le cas du RV 829.
Dans les précédents travaux discographiques, nous avons eu le plaisir d’enregistrer pour la première fois d’autres pièces de Vivaldi et de Pisendel que nous avons également identifiées, ainsi que deux sonates d’Albinoni découvertes par Michael Talbot, lequel nous a gentiment parlé de sa découverte et nous a fourni les sources manuscrites. De plus, nous avons une affinité particulière pour le répertoire italien du début du XVIIIe siècle et Vivaldi nous a toujours accompagnés sur notre chemin.
Enfin, dernier point mais non des moindres, dans ce travail nous avons beaucoup approfondi l’ornementation, en nous basant sur les sources historiques de Vivaldi lui-même et sur son environnement le plus proche. Vivaldi et la musique vénitienne de son temps, bien que célèbre, recèle encore beaucoup d’angles méconnus ; ce répertoire promet encore beaucoup de surprises harmoniques et rythmiques pour l’auditeur moderne. C’est pourquoi l’enregistrement peut parfois sembler un peu « exotique », mais c’est précisément cette approche des sources qui semble la rendre plus intéressante. Nous ne saurons jamais comment Vivaldi a joué cette musique… notre passé musical sera toujours dans une certaine mesure un lieu mystérieux ; mais le chemin qui nous amène à l’imaginer est ce qui nous pousse à continuer, à créer, à rechercher.

 

 

CLASSIQUENEWS : Une anecdote liée à l’enregistrement de la pièce ?

Javier Lupiáñez & Inés Salinas Blasco : : Depuis le moment où nous avons joué la Sonate pour la première fois, quand nous lisions de la musique que nous ne connaissions pas, jusqu’à ce que l’enregistrement soit lancé, six mois environ se sont écoulés ; et nous pouvons dire qu’ils ont été chargés en travail et en émotions, mais ils ont également été très gratifiants. La Sonate se trouve dans une collection de pièces de style bolonais, très intéressantes mais significativement plus simples. Quand nous avons commencé à lire cette sonate, nous nous sommes rendu compte qu’elle n’avait rien à voir avec les autres morceaux; elle utilise un langage extrêmement personnel, qui la distingue des autres pièces. A partir de là, a commencé un travail de recherche pour identifier l’auteur de la pièce. Une fois que l’Istituto Vivaldi a approuvé notre proposition, nous avons décidé de la faire enregistrer en première mondiale et nous avons commencé à organiser le tournage.
Comme nous n’avions pas d’autres pièces pour enregistrer un album qui aurait un fil conducteur cohérent, nous avons décidé d’enregistrer ce qui est devenu notre premier single numérique, un format qui nous semble encore assez innovant dans la musique classique. Sur ce principe, nous pourrions bientôt rassembler d’autres pièces qui pourraient faire partie du puzzle d’un futur album, avec le RV 829.
Nous avons enregistré avec notre propre label, Snakewood Editions, pour lequel nous avons déjà sorti trois albums en plus de ce single. Nous avons fondé le label en 2018 et il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais nous sommes fiers des derniers travaux, qui ont reçu des mentions spéciales de la part de la critique internationale, ainsi que plusieurs nominations aux ICMA et aux Opus Klassik, et sont distribués dans plusieurs pays d’Europe (dont la France) et en Asie.

Pour des raisons personnelles, l’équipe du continuo pour la basse en particulier, a connu quelques changements dans cet enregistrement ; se sont joints à nous, les inestimables claveciniste Fernando Aguado et théorbiste Earl Christy. Même si nous étions habitués à travailler avec la même équipe depuis des années, c’était un plaisir d’avoir de tels collègues ; la compréhension musicale a été très facile et agréable. La première du single a eu lieu le 25 janvier à l’émission La Dársena de Radio Clásica de Radio Nacional de España, où son animateur, Jesús Trujillo, nous a généreusement offert son espace, Nous avons réalisé un programme spécial dans lequel l’enregistrement a été diffusé avec une interview, que nous savons avoir été suivie en direct par les fans de différentes parties du monde. Quelques semaines plus tard, nous avons également publié un clip vidéo amusant qui a été très bien accueilli (https://www.youtube.com/watch?v=ubcUYtBwZDI). Le single numérique est disponible à la vente sur le site web de Snakewood Editions (https://www.snakewoodeditions.com/product/vivaldi_rv_829/) ainsi que sur les plateformes numériques. Nous encourageons les lecteurs à l’écouter et à l’acquérir s’ils le souhaitent (nous sommes un groupe indépendant et cela nous aide à mener à bien des projets comme celui-ci), mais surtout, nous encourageons chacun à oser écouter de la musique inconnue comme celle-ci, qu’il s’agisse d’un nouveau Vivaldi ou d’un auteur dont vous ne savez rien, peut-être même pas son nom. En savoir plus, approfondir et comprendre… voilà pourquoi nous devons continuer à nourrir la curiosité, découvrir de nouvelles voies, explorer et dévoiler de nouvelles œuvres !

 

Propos recueillis en juillet 2024

 

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LIRE aussi notre présentation / annonce de la Sonate RV 829 récemment authentifiée et restituée à Antonio Vivaldi / enregistrement en première mondiale par l’ensemble SCARAMUCCIA : https://www.classiquenews.com/enregistrement-evenement-premiere-mondiale-annonce-scaramuccia-sonata-pour-violon-rv-829-snakewood-editions/

 

ENREGISTREMENT événement, Première mondiale (annonce). SCARAMUCCIA : Sonata pour violon RV 829 (Snakewood Editions).

 

 

CRITIQUE, festival. BAYREUTH, festspielhaus, le 4 août 2024. WAGNER : Tannhäuser. K. F. Vogt, E. Teige, E. Gubanova, M. Eiche… Tobias Krätzer / Nathalie Stutzmann.

 

Au Festival de Bayreuth, preuve est faite qu’une mise en scène et une interprétation imaginative, qui conservent l’esprit et l’intention d’un opéra, peuvent fonctionner malgré ce qui semble à première vue une vision étrange – et même blasphématoire – de Tannhäuser. Le metteur en scène allemand Tobias Krätzer et son équipe de création fusionnent la performance réelle sur la scène de Bayreuth avec la vidéo en coulisse et les pré-3enregistrements, ce qui s’apparente à première vue telles d’irrespectueuses libertés  avec l’œuvre, ajoutant même de nouveaux personnages. Il y a même un spectacle de cabaret pendant l’entracte sur le « lac » proche du festspielhaus, qui non seulement complète – mais devient même partie intégrante – de la narration.

 

 

L’année dernière, nous sommes allés à Wartburg, ville où Wagner a placé l’action de son opéra, telle la légende médiévale d’une compétition de chant dans le château de cette ville. Nous avons traversé la forêt de Thuringe en voiture, puis nous sommes arrivés à Bayreuth. C’est ainsi que la production de Tobias Krätzer commence avec une vidéo projetée sur un écran géant, montrant ce magnifique château sur son escarpement rocheux, survolant la forêt de Thuringe… pour montrer un fourgon Citroën vintage (avec un lapin sur son toit) et, à l’intérieur, Tannhäuser qui s’avère être le clown d’une troupe itinérante de circassiens. La camionnette Citroën est conduite par une Vénus enveloppée dans une robe léopard tandis que ses compagnons, le nain Oskar (celui du Tambour de Schlondorff) et l’interprète-star du cirque, la drag queen “Le Gateau au Chocolat”, complètent cette équipe d’artistes révolutionnaires défiant les normes et traçant leur route à travers le monde. C’est le Venusberg libéré que Tannhäuser a rejoint, après avoir rejeté l’ancien monde de la Wartburg. C’est bien sûr le monde d’Elisabeth aussi qu’il a rejeté. Cependant, lorsque Vénus renverse intentionnellement un garde de sécurité d’un Burger King qui les a surpris en train de voler de l’essence, Tannhäuser retourne à la réalité et rejette ce monde  des plaisirs, tandis qu’un cycliste de passage lui dit d’aller à Rome…

 

 

Elisabeth est ici interprétée par l’exquise et luxuriante soprano norvégienne Elisabeth Teige, qui offre un étonnant contraste dramatique et vocal avec la Vénus d’Ekaterina Gubanova. Teige possède un registre aigu puissant, mais jamais forcé. Associé à la douceur du ténor de Klaus Florian Vogt, nous avons là deux chanteurs parfaits dans leur rôle respectif. Pendant qu’ils chantent à la Wartburg / à Bayreuth – avec l’impressionnant Landgrave de Günther Groissböck -, une vidéo montre Vénus et ses collègues grimpant sur le balcon du Festpielhaus pour déployer cette bannière : « VOULOIR LIBREMENT. FAIRE LIBREMENT. PROFITER LIBREMENT », comme un slogan des jours révolutionnaires de Wagner. Une fois revenus à l’intérieur de l’opéra, le drame du concours de chant se reflète dans les pitreries de Vénus, de Gâteau au Chocolat et d’Oskar. Cependant, le spectacle reste désespérément sombre, car Elisabeth montre les cicatrices de ses poignets après avoir tenté de se suicider après avoir perdu Tannhäuser, et l’amour non partagé de Wolfram est également accentué. Le chant de Markus Eiche est d’une beauté et d’un romantisme renversants tout au long de l’œuvre et l’aria la plus tendre de l’ouvrage (accompagnée à la harpe) « O du mein holder Abendstern » lui est décerné.

Même si l’amour non partagé est déjà clairement apparent, nous devons d’abord avoir cette compétition dans laquelle Siyabonga Maqungo campe un Walther von der Vogelweide, à la voix charmante et appropriée. Le troisième acte commence par un retour au Venusberg, qui a été réduit en tas de ferraille. Le fourgon est une épave et lorsque les chœurs arrivent en haillons, ils y récupèrent ce qu’ils peuvent. Ayant abandonné sa robe de la Wartburg, Elisabeth insiste pour que Wolfram enfile le costume de clown de Tannhäuser et ils font l’amour. Elle se suicide ensuite. C’est dans ce contexte désespérément triste que Wolfram chante son dernier air. Tannhäuser passe du désespoir à l’extase, puis sombre à nouveau dans l’abattement. Pour ajouter à la désillusion artistique, un énorme panneau publicitaire montre que Gateau au Chocolat fait désormais partie du “courant dominant”, et fait la promotion de montres incrustées de diamants. Dans un renversement de La Pietà de Michelangelo, Elisabeth est descendue dans les bras de Tannhäuser. L’opéra se termine par une projection vidéo de Tannhäuser et Elisabeth (plutôt que Vénus) traversant la campagne dans leur camionnette. Je n’étais pas le seul pleurer lors de cette soirée où la musicalité et le chant ont été des plus bouleversants. Oui, la production est divertissante et intelligente, mais c’est avant tout la plus haute qualité du chant et la musicalité de l’orchestre qui dominent, et à ce titre la symbiose de la cheffe française Nathalie Stutzmann avec ses interprètes et la musique ne faiblit [heureusement] jamais tout au long de la soirée.

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CRITIQUE, festival. BAYREUTH, festspielhaus, le 4 août 2024. WAGNER : Tannhauser. K. F. Vogt, E. Teige, E. Gubanova, M. Eiche… Tobias Krätzer / Nathalie Stutzmann. Photos (c) Enrico Nawrath.

 

VIDEO : Version intégrale de « Tannhäuser » de Richard Wagner au Festival de Bayreuth

 

CRITIQUE, festival. PERALADA (Espagne). 38ème Festival Castell de Peralada (Iglesia del Carmen), le 5 août 2024. Airs et duos de Gioacchino Rossini par Sara BLANCH et Paolo BORDOGNA, accompagnés au piano par Giulio Zappa.

 

Au lendemain d’un saisissant concert de la jeune star coréenne du piano Yunchan Lim, c’est le chant qui reprenait ses droits dans la fabuleuse Eglise del Carmen, lieu principal du 38ème Festival Castell de Peralada, même si l’acoustique s’y révèle toujours plus flatteuse pour les instruments que pour les voix. Et c’est un programme 100 % Gioacchino Rossini que sont venus délivrer la soprano catalane Sara Blanch et le baryton italien Paolo Bordogna, ces deux-là se connaissant bien pour avoir participé à nombre de productions belcantistes ensemble. Si la première brille surtout dans les incroyables extrapolations de la voix, le second a conquis le public plus encore par ses incroyables talents de comédien, et ce n’est pas par hasard qu’il est considéré comme l’un des ou trois meilleurs barytons-bouffes au monde, tessiture qui exige la maîtrise du chant sillabato tout autant que l’art des mimiques et des grimaces. 

 

 

Mais c’est Sara Blanch qui ouvre la soirée avec le rare air “Fragolette Fortunate” extrait de l‘opéra “Adina” (de Rossini donc…), dans lequel elle fait montre de son art consommé du chant belcantiste, et qu’elle couronne d’aigus étourdissants. Son incroyable souffle, les divins mélismes de la voix, et ses vertigineux sauts d’octave font également merveille dans “Tremare Zenobia ?” extrait d’Aureliano in Palmira, avant de s’attaquer au plus léger “Squallida veste e bruna” de Don Pasquale, où elle rivalise de malice, et dont elle ne fait qu’une bouchée grâce à grâce à son émission franche et une agilité pyrotechnique qui a fait sa renommée. En deuxième partie, c’est à peine si l’on reconnaît le fameux air “Una voce poco fa” tant elle truffe l’air de nouvelles difficultés techniques, y multipliant contre-Ut et même contre- qui ne sont absolument pas dans la partition originale ! 

De son côté, Paolo Bordogna met un peu plus de temps à se chauffer la voix, son registre grave étant par ailleurs souvent couvert par le pianiste auquel on pourra adresser le reproche de jouer bien trop fort, sans avoir visiblement tester l’acoustique des lieux. Mais au fur et à mesure des airs, la voix volubile et puissante de l’italien reprend ses droits, et finit par en mettre plein la vue tant en termes de vélocité que de puissance vocales. Ainsi, après un air extrait de “La Gazza ladra” manquant de son habituel assurance, celui tiré d”Il Turco in Italia” “Se ho da dirla” fait étalage de son art hors-pair du chant sillabato, qu’il porte à incandescence, plus tard, dans le fameux “Miei rampolli femminini”, qui lui vaut une belle salve d’applaudissements. L’acteur se montre, comme d’habitude aussi, tout aussi hors-pair, multipliant les poses et regards, les grimaces et les gestes propres à susciter le rire. Et si le fameux air “La Calumnia” (Le Barbier de Séville) ne prête pas à rire, c’est sans compter les mimiques appuyés du chanteur, dont le registre grave est cependant à nouveau mis en difficulté tant pas l’acoustique des lieux que par un pianiste peu à l’écoute, en termes de volume sonore, de ses deux partenaires. 

Quant aux duos clôturant les deux parties de la soirée (“Credete alle femminine” d’Il Turco et “Dunque io son” du Barbiere), ils permettent aux deux artistes de laisser éclater tant leur complicité d’artistes que leurs brios respectifs, mais c’est dans leur bis final qu’ils mettent le feu à la vénérable église, avec une inoubliable et magistrale interprétation du “Duo des chats”, d’une incroyable exécution technique et théâtrale, et qui leur a valu une standing ovation amplement méritée !

 

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CRITIQUE, festival. PERALADA (Espagne). 38ème Festival Castell de Peralada (Iglesia del Carmen) le 3 août 2024. Airs et duos de Gioacchino Rossini par Sara BLANCH et Paolo BORDOGNA, accompagné au piano par Giulio Zappa. Photos © Toti Ferrer. 

 

VIDEO : Sarah Blanch et Paolo Bordogna chantent au 38ème Festival Castell de Peralada 

 

CRITIQUE, opéra. LUXEUIL-LES-BAINS, le 4 août 2024. 31è Festival MUSIQUE & MÉMOIRE. HAENDEL : Acis et Galatée (version Cannons, 1718). Rachel Redmond, Hugo Hymas, … Masques. Olivier Fortin, direction

Écrit en 1718 pour le théâtre privé du duc de Chandos, le masque « Acis et Galatéa » est aussi court que riche en contrastes et idéalement dramatique. C’est une quintessence du génie poétique de Haendel. Le pastoralisme, ce monde enchantée des bergers (et bergères), comme des nymphes séductrices inspire au Saxon, une action tragique et sensuelle, irrésistible. L’œuvre marque le point final de la riche collaboration entre Masques et le Festival Musique & Mémoire ; elle souligne combien aux côtés des œuvres sacrées et de l’orgue, l’opéra et la musique lyrique occupent une place de choix dans la programmation conçue par Fabrice Creux.

 

Ainsi Masques achève une résidence de 3 ans, féconde et inventive, Olivier Fortin ayant proposé à Fabrice Creux pour chaque édition de Musique & Mémoire des programmes de plus en plus audacieux et convaincants. Ce soir, le geste sûr, le sentiment épanoui, mesuré, chanteurs et instrumentistes réunis autour d’Olivier Fortin réalisent un nouvel accomplissement, de surcroît magnifié par le décor : le cul de lampe du somptueux orgue XVIIè de la Basilique Saint-Pierre Saint-Paul de Luxeuil-les-Bains. Un accord rare entre théâtre raffiné, bondissant, et l’équilibre ornementé d’une sculpture monumentale héritée du Grand Siècle. Tel accord fait aussi la totale réussite du Festival chaque année ciselé par un maître-concepteur, Fabrice Creux.

 

Dès la sinfonia d’ouverture, l’auditeur est porté par la battue du chef, un galop sensuel dès le début, nourrie par une direction vive, articulée, peine de feu et d’expressivité dramatique.
Le chef est de dos derrière les chanteurs mais chacun écoute, exprime, se met au diapason d’une lecture d’une exceptionnelle finesse sensuelle.
La direction est précise et ronde à la fois, elle avance en détaillant chaque accent s’il sert le sens et le caractère de l’action. Le Haendel de Masques respire, s’épanche à l’évocation du monde pastoral, doucement langoureux, des bergers et bergères. Il en exprime aussi la fragilité arcadienne bientôt malmenée… Il rugit ainsi face à la puissance jalouse et animale du géant Polyphème, ici plus sauvage et grossier que fin et habile séducteur.

En Rachel Redmond, soprano, Acis de grande classe, timbre resplendissant, la tendresse vaillante et enivrée de Galatée rayonne ; même enthousiasme pour l’Acis idéalement naturel et engagé d’Hugo Hymas ; on reste moins convaincus par le Polyphème trop brut rageur de la basse requise (Tomas Kral). Mais chacun dans les ensembles apporte dans un équilibre concerté, la couleur propre de sa voix, éclairant chaque chœur d’une belle épaisseur humaine.

C’est bien toute la saveur si riche (et troublante) du choeur qui ouvre la partie II, moment de bascule et l’un des sommets de la partition (« Wretched lovers »), prière collective, et en réalité ample lamento choral, d’essence tragique : Olivier Fortin y déploie une clarté polyphonique remarquable dont la texture et la densité harmonique expriment ce sentiment d’inquiétude, voire d’effroi qui traverse le monde pastoral des bergers, confronté à la démence meurtrière du géant primaire. Le texte dit tout et la musique en exprime la force des images : « Malheureux amants ! le destin est passé / Ce triste décret : aucune joie ne durera. / Misérables amoureux, abandonnez votre rêve! ».
Le tableau d’une tendresse démunie se charge rapidement d’une profondeur dramatique, un élan panique qui porte le sceau du génie haendélien. Les bergers expriment alors une clairvoyance sur le drame à venir, pressentiment d’une irrépressible énergie dont Olivier Fortin et son équipe réalisent avec précision et souffle, la vivacité expressive. Ils y suggèrent l’avancée irrépressible du monstre, agent du destin et de la tragédie finale : « Voici le monstre Polyphème ! Voyez les pas qu’il fait! ». Au mérite des interprètes, revient cet équilibre souverain entre drame et poésie, geste et intention. Magistral.

 

Masques / Olivier Fortin © Festival Musqiue et Mémoire, DR

 

 

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CRITIQUE, opéra. LUXEUIL-LES-BAINS, le 4 août 2024. 31è Festival MUSIQUE & MÉMOIRE. HAENDEL : Acis et Galatée (version Cannons, 1718). Rachel Redmond, Hugo Hymas, … Masques. Olivier Fortin, direction.

 

Dimanche 4 août 2024
Luxeuil-Les-Bains, basilique Saint-Pierre et Saint-Paul

Georg Friederich Händel (1685-1759) : Acis & Galatea
“Version de Cannons, 1718”

GALATÉE : Rachel REDMOND, soprano
ACIS : Hugo HYMAS, ténor
DAMON : Philippe GAGNÉ, ténor
POLYPHÈME : Tomas KRAL, baryton
Mezzo soprano (chœurs) Marie POUCHELON
Ensemble Masques
Julien Martin et Marine Sablonnière, flûtes à bec
Jasu MOISIO et Lidewei De Sterck, hautbois
Sophie GENT & Tuomo SUNI, violons
Mélisande CORRIVEAU, violoncelle
Benoît VANDEN BEMDEN, contrebasse
Olivier FORTIN, clavecin et direction

 

 

autre critiques

LIRE aussi nos autres CRITIQUES du 31è Festival Musique & Mémoire 2024 :

Florent MARIE,  récital de Luth, le 4 août 2024 : https://www.classiquenews.com/critique-concert-festival-musique-memoire-melisey-choeur-roman-le-4-aout-2024-florent-marie-luth-renaissance-a-8-choeurs-giovanni-antonio-terzi-ballard-dowland/

CRITIQUE, concert. FESTIVAL MUSIQUE & MÉMOIRE. Melisey, chœur roman, le 4 août 2024. FLORENT MARIE, luth Renaissance à 8 chœurs. Giovanni Antonio Terzi, Ballard, Dowland…

 

 

Emmanuel Arakelian / Julien Freymuth / grand orgue de Luxeuil les Bains, le 3 août 2024 : https://www.classiquenews.com/critique-concert-festival-musique-memoire-luxeuil-les-bains-basilique-st-pierre-st-paul-le-3-aout-2024-emmnuel-arakelian-orgue-julien-freymuth-contre-tenor-charpentier-de-grigny-js-bach/

 

CRITIQUE, festival. 31ème Festival MUSIQUE & MÉMOIRE, Luxeuil-les-Bains, Basilique St-Pierre St-Paul, le 3 août 2024. Emmanuel Arakélian, orgue. Julien Freymuth, contre-ténor. Charpentier, De Grigny, JS Bach… « Magnificat »

 

LIVRE D’ÉTÉ. Catherine NEYKOV : « Sinfonietta en ré majeur ». FEUILLETON 3 / 4 — la master class de Mathias

Dans ce nouveau chapitre intitulé « Vendredi 28 juillet – matin / Pavane, Maestoso », Catherine Neykov dévoile une autre facette du Festival « Musique en ré », sur l’Île de Ré ; l’auteure très au fait des coulisses d’un événement de musique de ce type (qui est un festival et aussi une académie) évoque la master class du violoniste vedette Mathias Wolff, star des salles de concerts et qui ainsi, assure une leçon musicale, de surcroît ouverte au public.

 

 

la master class de Mathias

Rien n’est laissé au hasard dans cette évocation très réaliste : ni le look de rock star, style « mauvais garçon », du violoniste pédagogue, ni une certaine emprise que sa virtuosité assumée et naturelle exerce sur les jeunes académiciens venus recueillir ses conseils avisés. D’autant que certains parmi eux, sont depuis toujours, plus qu’admiratifs de son jeu, de sa personnalité…, du répertoire qu’il défend.
Les jeunes musiciens défilent alors, confrontés à l’écoute analytique de Mathias : Sybille, Jonas, Eléonore… ils sont tous en quête de « couleur, d’intensité, de profondeur sonore. » D’autant que le professionnel virtuose ne les épargne pas en les poussant jusqu’au delà de leurs limites ; mais le professeur est là pour cela : aiguiser l’esprit critique des « élèves » sur eux-mêmes ; identifier ce qui les relie toujours à une bonne exécution, scolaire, en les empêchant d’aller au delà… ; les aider à exprimer en liberté, cette histoire qui ne demande qu’à se libérer ; « dépasser la technique, la sublimer »…

Conquis par le « Tzigane » aussi magnifique qu’inclassable, les jeunes violonistes le questionnent ensuite sur ses prochains engagements ; ses goûts, son modèle absolu, révélant alors ce qu’il trouve d’unique chez lui : … « Heifetz, bien sûr, l’étoile inaccessible ».

Entre les lignes se dissipent des sentiments fugaces pourtant essentiels qui fixent l’écart entre les protagonistes : la tentation de briller et une certaine vanité chez le violoniste vedette, entouré par une colonie de jeunes instrumentistes apprentis, certains trop impressionnés voire trop fragiles au cours d’une séance pédagogique qui est autant artistique que physique.

La lecture de ce nouvel épisode permet de comprendre comment l’interprète aborde l’œuvre choisie, les enjeux techniques et artistiques qui s’en dégagent ; les défis multiples à mesurer et à vaincre pour réussir une bonne interprétation…

 

 

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LIRE AUSSI

Notre présentation du livre de Catherine NEYKOV : Sinfonietta en ré majeur / LIVRE DE L’ÉTÉ 2024 :
https://www.classiquenews.com/livre-evenement-annonce-catherine-neykov-sinfonietta-en-re-majeur-editions-le-lys-bleu/

 

 

2 épisodes précédents :

LIVRE D’ÉTÉ. Catherine NEYKOV : « Sinfonietta en ré majeur ». FEUILLETON 1 / 4 – Colombe en quête d’elle-même… :
https://www.classiquenews.com/livre-dete-catherine-nykov-sinfonietta-en-re-majeur-feuilleton-1-4-colombe-en-quete-delle-meme/

LIVRE D’ÉTÉ. Catherine NEYKOV :  » Sinfonietta en ré majeur ». FEUILLETON 2 / 4 – Colombe et le récital de Mathias Wolff :
https://www.classiquenews.com/livre-feuilleton-dete-sinfonietta-en-re-majeur-de-catherine-neykov-colombe-et-le-recital-de-mathias-wolff-2-2/

 

 

 

CRITIQUE, festival. BAYREUTH, festspielhaus, le 3 août 2024. WAGNER : Tristan und Isolde. A. Schager, C. Nylund, C. Mayer, G. Groissböck… T. Arnalsson / S. Bychkov.

C’était pourtant la nouvelle production-phare que ce Tristan und Isolde au Festival de Bayreuth, mais la platitude de la nouvelle mise en scène de l’islandais Thorleifur Örn Arnarsson l’a laissée dans les bas-fonds.

Pour l’acte I, il a placé l’action dans la cale d’un navire, celui de Tristan en route pour la Cornouaille, s’y concentre toute une collection d’artefacts d’abord accumulés dans la chaufferie du bâteau, puis empilés pour former un monticule à l’acte final. Mémoire, représentations, autoréflexion, est-ce le trousseau d’Isolde ? Tout ici est très symbolique, comme quand, à la fin, Tristan plonge son poing à travers un miroir… L’opéra s’ouvre avec une Isolde emmaillotée dans une vaste robe de mariée, qu’elle a préalablement griffonnée un peu partout pour exprimer sa colère et son désir de vengeance. À la fin, Tristan est également couvert de graffitis. La conception pittoresque du décorateur Vytautas Narbutas laisse également entrevoir des cordes de navire suspendues depuis les cintres ; entre lesquelles Tristan erre sans but, tandis qu’Isolde continue à se vautrer dans son chagrin en prenant à partie Brangäne. 

 

 

En Tristan, la performance d’Andreas Schager est en demi-teinte, surtout dans l’acte deux. Sa voix de Heldentenor était assez puissante et projetée pour plaire au public de Bayreuth, mais il y avait des moments où il semblait avoir du mal à atteindre la ligne d’arrivée. Aucun problème, en revanche, avec l’Isolde de Camilla Nylund, car elle vit le rôle intensément. C’est une grande voix pour l’auditorium mais on peut lui reprocher de  manquer de séduction, même si le toujours très attendu “Liebestod” s’est envolé dans une somptueuse catharsis émotionnelle. Le rôle de Brangäne a donné à la chaleureuse mezzo-soprano Christa Mayer l’occasion de briller et les sons hypnotisants proférés hors scène étaient juste exquis. Moins agréable était le baryton plutôt strident d’Olafur Sigurdarson dans le rôle de Kurwenal, tandis que le public de Bayreuth a chaudement applaudi le Roi Marke de Günther Groissböck, délivré tout en douceur. 

Mais revenons au drame. Nos deux « amants » échoués nous donnent un avant-goût de ce qui les attend en regardant dans un trou béant au beau milieu de la scène plongée dans la pénombre. A l’acte deux, il est évident que nous sommes maintenant en dessous de ce grand trou lequel regorge d’artefacts qui vont du passé gréco-romain à une radio moderne, une photo d’une femme (Isolde ?), et sa fameuse robe de mariée.

Pendant ce temps, la direction élégante et magistrale de Semyon Bychkov subjugue l’oreille. La qualité pénétrante de la musique n’est jamais égalée sur scène, dans ce pacte suicidaire et lugubre qui suinte la passion et l’extase de ce qui est bien sûr une histoire d’amour étrange, mais une histoire d’amour tout de même. Tristan et Isolde plongent dans l’extase et meurent tous les deux à la fin. Pourtant, il manquait visiblement les composants chimiques de ces potions mystérieuses. Y a-t-il eu des potions d’amour et du poison pris ? Qui sait ? Certains sont offerts puis emportés, d’autres avalés. Pourtant, à la fin, le couple fait naufrage, du moins leur navire qui finit naufragé. Isolde rampe à travers la scène vers Tristan alors qu’elle aussi tombe dans l’oubli, ou est-ce tout simplement de l’amour transcendantal ?

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CRITIQUE, festival. BAYREUTH, festspielhaus, le 4 août 2024. WAGNER : Tristan und Isolde. A. Schager, C. Nylund, C. Mayer, G. Groissböck… T. Arnalsson / S. Bychkov. Photos (c) Enrico Nawrath.

 

VIDEO : 3ème partie de « Tristan und Isolde » au Festival de Bayreuth 2024

 

SUISSE. 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY, jusqu’au 31 août 2024… Patricia Kopatchinskaja, Janine Jansen, Jaap van Zweden et le Gstaad Festival Orchestra, Hélène Grimaud… les 10, 11, 16, 17, 18 août 2024

Sous son titre fédérateur « TRANSFORMATION », le 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY 2024 affiche à nouveau l’exceptionnel, plus éclectique, ouvert, engagé que jamais…

 

 

LIRE ici notre présentation du 68è GSTAAD MENUHIN FESTIVAL 2024

 

Ce week end, samedi 10 août, nouveau concert engagé de la violoniste et artiste associée du Festival, PATRICIA KOPATCHINSKAJA (église de SAANEN, 19h30) : concert audiovisuel baptisé  «Temps et éternité», dans lequel la violoniste partage la scène avec la Camerata Bern, jouant Machaut, Bach, Hartmann et Frank Martin, avec des projections de photographies du sublime retable de la cathédrale de Sienne…. PLUS D’INFOS : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2024/10-08-2024-concert-orchestral?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=GMF_24_14_FR&utm_id=Festival_2024

 

Puis ce même samedi 10 août, ne manquez pas le concert de la nouvelle série sur les cimes « MOUNTAIN SPIRIT » à 22h sur la terrasse Berghaus Eggli : programme « Planets by night » où les cuivres du somptueux Gstaad Festival Orchestra et Immanuel Richter, trompette & présentation, jouent les Planètes de Holst. Une expérience inédite sur les sommets au plus près des étoiles…  PLUS D’INFOS ici : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2024/10-08-2024-mountain-spirit

 

 

Enfin dimanche 11 août à 11h30, sous la tente du Festival de Gstaad, concert pour tous : Matthias Kuhn dirige le GSTAAD FESTIVAL YOUTH OCHESTRA, un orchestre de jeunes instrumentistes provenant de toute la Suisse dans un concert préparé spécialement pour le Festival 2024 / Au programme : Berlioz, Khatchaturian, Dvorak et la musique du film « Pirates des Caraïbes »… PLUS D’INFOS : https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2024/11-08-2024-concert-for-all

 

Les 16, 17 et 18 août sous la TENTE DE GSTAAD…
Dans une semaine, Janine Jansen, Jaap van Zweden et le Gstaad Festival Orchestra lanceront les festivités sous la Tente du Festival de Gstaad (16 août) ; une affiche prometteuse qui devrait ravir tous les amateurs de romantisme et de grands frissons symphoniques : au programme, le sublime Concerto pour violon en mi mineur de Mendelssohn, la Septième de Bruckner (dont de nombreux clins d’œil à Richard Wagner, son modèle absolu). Le lendemain, changement total d’ambiance et de décor avec le retour du pianiste Christoph Hagel et de son DDC Dancefloor Destruction Crew, dans un show rythmé, spectaculaire de breakdance : «Breakin’ Mozart» (17 août). Quant au 18 août, outre le Quatrième Sonate de Beethoven sous les doigts de la pianiste Hélène Grimaud, il sera l’occasion de découvrir l’une des créatrices les plus talentueuses du 19e siècle, l’Allemande Emilie Mayer, et sa Cinquième Symphonie défendue par le Kammerorchester Basel qui – joli clin d’œil – jouera aussi une page d’une autre grande dame de la musique: Fanny Hensel née Mendelssohn, sœur d’un certain… Felix !

 

TOUTES LES INFOS, le détail des programmes directement sur le site du 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY 2024 ici :
https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/programme-2024/liste-des-concerts

 

 

LIRE aussi notre présentation du 68è GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY 2024 : https://www.classiquenews.com/suisse-68eme-gstaad-menuhin-festival-academy-transformation-12-juillet-31-aout-2024/

SUISSE. 68ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY, jusqu’au 31 août 2024… Patricia Kopatchinskaja, Janine Jansen, Jaap van Zweden et le Gstaad Festival Orchestra, Hélène Grimaud… les 10, 11, 16, 17, 18 août 2024

 

 

 

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ENTRETIEN avec Paul-Emmanuel THOMAS, directeur artistique du Festival de MENTON (à propos de l’édition 2024, 75ème Festival de Menton, jusqu’au 12 août 2024)

D’où vient la magie du Festival de Menton ? Comment le parvis de la Basilique Saint-Michel Archange est-il devenu ce haut lieu musical à la fois esthétique et acoustique, absolument saisissant ? Comment à chaque édition produire l’exceptionnel et favoriser la surprise et les découvertes ? PAUL-EMMANUEL THOMAS, directeur artistique de la manifestation provençale, nous dévoile une partie du mystère, d’autant plus qu’actuellement se précise une période charnière où il devient essentiel de savoir comment renouveler l’expérience du concert… La réussite de chaque édition tient au respect d’une équation spécifique, liée à l’esprit du lieu, celle du spectaculaire et de l’intime, en accord ténu avec l’Histoire du Festival, l’un des plus anciens de France.

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Grand portrait de Paul-Emmanuel Thomas (C) Patrick Varotto

 

 

 

 

Concert de Lucie Horsch sur le parvis de la basilique Saint-Michel Archange © classiquenews

 

CLASSIQUENEWS : Quels sont les éléments de la programmation de cette édition qui prolongent les éditions précédentes ?

PAUL-EMMANUEL THOMAS : Sur le temps long, des particularités essentielles se sont imposées ; d’abord une configuration spatiale atypique qui est celle du parvis Saint-Michel ; elle privilégie et empêche certains formats de concerts. Par exemple une symphonie de Brahms ne conviendrait pas au lieu ; les effectifs notamment de cordes ne pourraient pas prendre place, au regard de l’exiguïté du plateau. Or le parvis de la Basilique Saint-Michel Archange demeure la scène principale et constitue l’ADN très profond du Festival de Menton, même si nous investissons à présent d’autres sites ; mais le parvis continue d’être le cœur du Festival : sa configuration favorise la proximité entre la scène et le public, les artistes et les festivaliers ; l’espace en plein air y présente une acoustique remarquable qui permet de saisir chaque nuance, chaque détail infime. Et je rappelle souvent aux artistes qu’ils peuvent oser des pianissimi extrêmes : ils sont captés par le public sans entrave. Chaque auditeur retient sa respiration, tend l’oreille… Le phénomène est exceptionnel ; cet écrin bâti met à disposition une salle ouverte, de surcroît d’une beauté saisissante avec cette vue plongeante sur la baie de Menton et au loin, la côte italienne. Chaque concert, sous la voûte étoilée compose ainsi un moment magique qui marque durablement le spectateur. Par ailleurs, si nous veillons à atténuer toute nuisance sonore, nous restons dans le cœur de ville ; le lieu n’est pas totalement aseptisé ni réservé en huis clos à quelques privilégiés ; a contrario pendant le concert, les murmures de la ville participent au spectacle : les gens qui vivent dans les immeubles tout autour, les vacanciers ou les résidents qui sont sur la plage au bas du parvis… Tout cela contribue à la magie du Festival de Menton. Tout cela le rend vivant et singulier.

D’année en année s’est construit un certain type de programmation, et aussi une certaine famille d’artistes. Le caractère de l’architecture à la fois grandiose et intime imprime aussi sa marque ; il appelle des interprètes à la fois généreux et à fort tempérament, sans effet de manches ni paillettes ; dont l’authenticité s’accorde immédiatement à l’esprit du lieu.
Le récital de FAZIL SAY correspond à cette attente et à cette équation ; son programme, sa présence réactivent les seuls en scène que Liszt à mis à l’honneur au XIXè, à la fois comme interprète et comme compositeur, avec cette virtuosité contrastée, surprenante, capable d’emporter le public dans une aventure musicale totale.

 

 


© Ville de Menton

 

 

CLASSIQUENEWS : Y-a-t-il des nouveautés en 2024 ?

PAUL-EMMANUEL THOMAS : En accord avec le souhait du Maire de Menton, le Festival a investi de nouveaux lieux, en particulier le haut des vallées de la ville de Menton, d’où notre « festival Off » qui propose d’autres activités situées hors du littoral et qui s’adresse aux habitants des quartiers plus éloignés de la côte et du front de mer. Le festival doit favoriser au maximum la cohabitation la plus harmonieuse possible entre tous les habitants du territoire, quelque que soit sa relation avec le Festival ; qu’il s’agisse des mélomanes purs qui par amour de la musique classique assistent à tous les concerts ; qu’il s’agisse aussi des spectateurs pour lesquels le festival appartient depuis toujours au patrimoine de Menton… Cette mixité nous encourage et nous porte vers plus d’ouverture ; il faut décloisonner la culture et la rendre la plus accessible possible pour tous.
Par ailleurs, programmer un festival, c’est concilier le goût du public, les attentes des artistes, avec l’attrait des découvertes. Je veille à programmer de jeunes musiciens sur la scène du Parvis car ce sont eux qui vont écrire l’histoire de la musique de demain. D’autant plus s’agissant d’interprètes qui cassent les préjugés et créent la surprise.
Le concert d’hier soir avec LUCIE HORSCH (*) est en cela emblématique. Lucie est une artiste très simple ; d’autant plus convaincante que son instrument, la flûte à bec, a plutôt « mauvaise presse » : son intelligence artistique, son humour, son espièglerie aussi détonnent, surprennent, emportent l’adhésion du public qui ne s’attendait pas à une telle performance. Pour son 2è concert, les festivaliers ont pu retrouver l’étonnante virtuosité de Lucie cette fois dans un programme totalement baroque, répertoire qui est sa langue maternelle ; le fait de l’avoir défendu en complicité avec les musiciens du Caravensérail ajoute à la pleine réussite de la soirée ; programmer c’est aussi favoriser les accords gourmands, savoir associer les talents, renforcer les affinités ; de ce point de vue, le concert de Lucie avec Bertrand Cuiller et les musiciens du Caravensérail a été totalement convaincant. (*) concert du 31 juillet 2024  – Photo : portrait de Paul-Emmanuel Thomas (C) Patrick Varotto

 

 

CLASSIQUENEWS : Avez-vous des idées de nouveaux formats de concert, pour renouveler l’expérience musicale ?

PAUL-EMMANUEL THOMAS : Nous sommes à un moment charnière où la nécessité de réinventer le concert s’impose de plus en plus ; il s’agit moins d’imaginer du nouveau pour le nouveau, que d’être à l’écoute de ce qui est en train de se passer dans le monde. L’hybridation, la fin de l’hyper-spécialisation favorisent des expériences artistiques nouvelles ; c’était le cas par exemple à la fin du concert de Lucie, qui a posé sa flûte et … chanté, un air d’opéra italien. Il faut aller au bout des possibilités humaines et créatrices, tout en évitant de reproduire à l’infini et de répéter la manière habituelle de concevoir le concert. Chaque artiste a le désir d’aller toujours plus loin, de lever le voile d’après… il faut donc l’encourager et le suivre dans ce geste créateur.

 

 

CLASSIQUENEWS : Comme chef d’orchestre, que vous apporte la direction artistique d’un festival comme celui de Menton ?

PAUL-EMMANUEL THOMAS : En réalité, je me présente comme un musicien qui concentre plusieurs vies en une seule. Je n’aime pas les étiquettes qui réduisent et enferment les gens. Je suis programmateur, directeur artistique du Festival de Menton, et tout autant chef d’orchestre ; je suis même diplômé en oléologie ; à ce titre je suis donc un dégustateur, spécialiste de la dégustation des huiles d’olive… essentiellement françaises (dont l’AOP de Nice). J’ai donc il y a quelques années repris des études à l’Université de Montpellier pour obtenir le diplôme. En réalité les expériences s’alimentent les unes avec les autres, plutôt qu’elles ne s’éloignent les unes des autres. Comme musicien, je connais les conditions essentielles pour que la magie opère. Pour l’artiste invité, il est primordial de produire la curiosité et l’envie de la rencontre avec le public pour que se réalise de sa part, au moment du concert, l’envie de générosité et de partage ; chacun espère l’instant suspendu qui nous rend plus vivant, qui nous sort du quotidien, qui nous transforme.

Propos recueillis en août 2024

 

 

 

La Basilique Saint-Michel Archange © classiquenews.com

 

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75ème Festival de MENTON, jusqu’au 12 août 2024. Toutes les infos et le détail des programmes : https://www.festival-musique-menton.fr/

Au programme des derniers concerts : NELSON GOERNER, piano (Schumann, Liszt, … sam 10 août à 21h30), Soirée Jeunes talents de la Fondation Gautier Capuçon (dim 11 août, Palais de l’Europe à 18h), clôture lundi 12 août à 21h30, Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange avec Renaud Capuçon, violon et Guillaume Bellom, piano : Brahms, Richard Strauss, musiques de films…

 

CONSULTER la BROCHURE en ligne ici : https://www.calameo.com/menton/read/001905724cd42cf8b71a4

 

 

 

Critiques Festival de MENTON 2024

LIRE aussi notre critique du récital du pianiste FAZIL SAY, le 31 juillet 2024 : https://www.classiquenews.com/critique-festival-75eme-festival-de-menton-le-31-juillet-2024-recital-fazil-say-piano-debussy-ravel-mozart-say/

CRITIQUE, festival. 75ème Festival de MENTON, le 31 juillet 2024. Récital Fazil Say, piano. Debussy, Ravel, Mozart, Say…

 

 

LIRE aussi notre critique du concert de LUCIE HORSCH, le 30 juillet 2024 : https://www.classiquenews.com/critique-concert-menton-le-30-juillet-2024-concert-baroque-carnaval-a-venise-lucie-horsch-flutes-le-caravenserail-bertrand-cuiller-direction/

CRITIQUE, festival. 75ème Festival de MENTON, le 30 juillet 2024. Concert baroque « Carnaval à Venise ». Lucie Horsch, flûtes. Le Caravensérail, Bertrand Cuiller [direction]

 

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS. Nouvelle saison 2024 – 2025, Marius STIEGHORST (direction musicale). Symphonies n°4 de Bruckner et de Schubert, La Boîte de Pandore de Julien JOUBERT, Winston CHOI, Latin Jazz Symphonic, Lola Descours, Déborah Nemtanu…

Pour sa nouvelle saison symphonique 2024 – 2025, l’Orchestre Symphonique d’Orléans (OSO), l’une des phalanges les plus anciennes de l’Hexagone, fondée en 1921 (!), entend prolonger la pleine réussite de la saison passée… laquelle a séduit et fidéliser pas moins de… 13 000 spectateurs ! Un record qui montre combien à Orléans, et dans le territoire orléanais, l’attrait du spectacle vivant et les vertiges symphoniques promis par un orchestre impliqué se révèlent au plus haut niveau au sein de l’offre culturelle. Chaque saison l’OSO propose une douzaine de concerts, traversant les répertoires et les écritures, dans des formats variés : orchestre seul, avec un soliste, avec chœur (avec la coopération régulière des effectifs du Conservatoire d’Orléans), sans omettre les actions de médiation sur le territoire ou les concerts de musique de chambre à Orléans même…

 

 

2024 – 2025 : la saison plurielle de l’OSO
ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS :
Symphonies n°4 de BRUCKNER et SCHUBERT,
LA BOÎTE DE PANDORE,
le CONCERT de NOËL,
JAZZ SYMPHONIQUE,
VIOLON ROMANTIQUE…

 

Acteur majeur de la scène orléanaise, l’OSO sait concilier les grandes œuvres orchestrales dans ses fameux concerts au Théâtre d’Orléans (deux dates de principe, le samedi à 20h suivi du dimanche à 16h) : d’abord avec Anton BRUCKNER (Symphonie n°4 dite « Romantique », les 19 et 20 octobre 2024, commentée, expliquée en première partie par Marius Stieghorst, directeur musicale de l’Orchestre depuis 2014, soit une décennie déjà !) mais aussi Haydn et Schubert ! ; tout en soignant la présence de solistes qui ne sont pas moins grands : telle la bassoniste Lola Descours – basson solo du Philharmonique de Rotterdam, dans le Concerto de Mozart, couplé avec le Tombeau de Couperin de Ravel et la symphonie n°94 de Haydn (les 30 nov puis 1er décembre 2024) ou la violoniste Deborah Nemtanu – premier violon solo de l’Orchestre de Chambre de Paris, dans le Concerto de Brahms, les 23, 24 et 25 mai 2025, couplé avec la Symphonie n°4 de Franz Schubert, et Festina Lente d’Arvo Pärt…).

L’inédit, les raretés et la surprise sont également au rendez-vous de 2024 – 2025 grâce au concert anniversaire réunissant le compositeur Winston CHOI et les solistes de l’OSO, dans sa composition « Deconstrapunctus » (2024), couplé avec la Sonate pour piano opus 1 de Berg et « Night Fantaisies » d’Elliott Carter (mer 30 octobre 2024, salle de l’Institut).

Grâce à la commande passée au compositeur orléanais JULIEN JOUBERT (« La Boîte de Pandore », Orléans connaîtra une création mondiale, les 8 et 9 février 2025, ici couplée avec « Les eaux célestes » de Camille Pépin, Prometheus de Listz et des extraits de l’opéra La Walkyrie de Wagner… avec le comédien Hugo Zermati) ; sans omettre le programme sans limites « Latin Jazz Symphonic » pour une nouvelle expérience incontournable : les 26 puis 27 avril 2025, l’OSO joue des pièces du compositeur et pianiste de jazz Dominique Fillon, mais aussi plusieurs œuvres de jazz afro-cubaines et afro-brésiliennes, dans un programme des plus rythmés !

Ne manquez pas non plus pour les fêtes de fin d’année 2024, le CONCERT DE NOËL, les 21 et 22 décembre 2024 avec 3 chanteurs solistes, le Chœur symphonique et la Maîtrise du Conservatoire d’Orléans, le septuor de l’OSO dans un programme de circonstance comprenant la Messe en sol de Schubert, « Nativity Carol » et « Candle light carol » de Rutter, « Very merry little Christmas » de Goff Richards…

 

ACTIONS PLURIELLES
Plus engagés que jamais, les instrumentistes de l’OSO et leur directeur musical Marius Stieghorst poursuivent les actions vers les plus jeunes : accompagnement pédagogique des enfants de l’Orchestre DEMOS avec la Ville d’Orléans et la Philharmonie de Paris (2è édition de « l’Orchestre DEMOS Orléans Val de Loire » en 2024, soit 90 enfants issus des quartiers prioritaires d’Orléans : vendredi 13 juin 2025, concert de 1ère année), les sessions « découvertes » conçues pour le public scolaire (dont « Les cygnes sauvages » le jeudi 23 janvier 2025 au Théâtre Gérard Philippe, avec le comédien Manu Moser, où le chef médiateur Thierry Weber fera ressentir le langage non-verbal de la musique à travers un choix personnel de pièces orchestrales, inspiré par le conte d’Andersen et à destination des enfants. Avec le comédien, le chef d’orchestre présente chaque instrument de l’orchestre, explique la manière d’associer les timbres et la fonction même du directeur musical…

 

DÉCLOISONNER, FACILITER, FAIRE RAYONNER…
Il s’agit aussi de multiplier les offres de rencontres et de partage pour décloisonner, faciliter, faire rayonner partout et pour le plus large public, le plaisir que permet un orchestre professionnel : la soirée de la Saint-Valentin (le 14 février 2025, au programme : Quintettes de Mozart et de Brahms), les concerts de musique de chambre dans la ville d’Orléans (Trio à cordes le 15 sept…) … et même la garderie musicale le dimanche pour les parents désireux d’assister aux concerts dominicaux.

 

Tous les programmes en détails, les solistes invités, le détail des œuvres jouées pendant la saison 2024 – 2025 de l’ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS sur le site officiel de l’ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS : https://www.orchestre-orleans.com/

 

LIRE aussi la brochure en ligne ici :
https://www.orchestre-orleans.com/wp-content/uploads/2024/06/plaquettes-OSO-24-25_compressed-1.pdf

 

CRITIQUE CD, événement. BRAHMS : Symphonies 1-4. Yannnick Nézet-Séguin, Orchestre de Chambre d’Europe (3 cd DG Deutche Grammophon, 2022 – 2023)

Souvenir symphonique de Baden-Baden. Après plusieurs opus lyriques in loco [cycle des opéras de Mozart avec la crème des chanteurs à la mode dont un Villazon vivace et surprenant…), après surtout les intégrales Schumann, Mendelssohn, Beethoven,. Voici l’heure de Brahms [enregistré en 2022 et 2023] pour lequel dans la suite d’un Mendelssohn aéré, léger,  » YNS « , Yannick Nézet-Séguin, ouvrage en complicité avec les jeunes musiciens de l’Orchestre de chambre d’Europe, une lecture aux rebonds allégés, sans épaisseur,… d’une énergie globalement heureuse. La vie en rose en quelque sorte ainsi que la couleur affichée par YNZ en couverture et face à nous, tendrait à nous le suggérer.

 

En effet son Brahms est moins tourmenté et passionnel ici que clairvoyant et comme mis à distance d’un surcroît de sentimentalité, ailleurs très appuyé ou simplement manifeste au risque d’une épaisseur tragique, nettement moins évidente à Baden-Baden. Il fallait oser le faire dans une ville thermale à la toujours riche activité symphonique et où Brahms est régulièrement joué ayant même possédé une maison en proche périphérie [Lichtenthal, à la périphérie immédiate de Baden-Baden, où sa maison-musée se visite depuis lors].
BRAHMS autant inspiré, électrisé par le modèle Beethovenien, accomplit son propre cheminement symphonique à la pleine maturité, les 40 ans passés. Même la plus Pastorale, la 2ème, composée courant 1877, témoigne d’une bonhommie heureuse… Qui n’est cependant qu’illusion tant les contre champs de l’écriture manifeste des tourments mélancoliques d’une profondeur parfois vertigineuse ; YNS dévoile et articule tout cela avec la minutie d’un chef analytique qui prend soin de ne pas se diluer dans la trame d’un pathos post romantique ailleurs très souvent épais et dépressif.

 

BRAHMS architectural, nerveux, allégé

Secret, réservé, Brahms se livre cependant dans sa musique dont il soigne en particulier la parure trouble, souvent ambivalente entre tendresse éperdue, mystique amoureuse passionnelle, extrême pudeur et fureur émotionnelle à peine contenue ; s’y dissimule dans la trame complexe, son amour insatisfait pour Clara, épouse de Robert Schumann qui demeure une icône pour Johannes [Brahms cite allusivement les Symphonies de Schumann dont surtout la 3e dite « Rhénane », fleuron de la sensibilité romantique germanique]. En cela le poco allegretto de la 3e Symphonie si abondamment repris et recyclé au cinéma comme dans la variété [jusqu’à Gainsbourg] reste l’emblème de la passion silencieuse qui dévore l’âme d’un Brahms qui restera célibataire, un état définitif incarné, proclamé par le moto du compositeur clairvoyant : « Frei aber einsam » (libre mais solitaire, musicalement déposé dans la matière sonore de cette même 3ème symphonie).

La maîtrise de Yannick Nezet-Seguin se révèle encore dans l’approche intuitive de sa direction qui éclaire avec clarté et vivacité l’équilibre formel comme la structure architecturale de l’écriture d’un Brahms surtout épris d’équilibre et de proportions : dans la somptueuse Passacaille finale qui conclut la 4ème symphonie ainsi, Brahms réussit un tour de force dans la puissante orchestration, le souffle instrumental qui s’en dégage.
La clarté qu’apporte ici l’Orchestre de chambre d’Europe se justifie d’autant plus que dans le cas de la 4ème, c’est bien un orchestre moyen, [Meiningen] soit autour de 50 instrumentistes [plutôt que les 80 d’office chez les intégrales Karajan ou Haïtink] qui ont créé l’opus. Que Brahms cautionne ou non les effectifs de cette création bien documentée, l’interprétation qui se réalise ici, convainc par son style et sa pâte sonore, outre le chambrisme relatif du dispositif. YNS semble nous dire qu’en dépit d’une tradition germanique souvent dense, spectaculaire voire grandiloquente, la lecture en format allégée gagne une incontournable transparence agogique qui s’inscrit dans les démarches historiquement informées et précédentes de Gardiner ou d’Herreweghe.

Mais à la différence de ceux là, YNS semble dans le choix des respirations et la conscience de la structure, développer une toute autre compréhension, laquelle sonne en comparaison moins didactique voire discursive. Travers fréquent dans bien des approches sur instruments d’époque (où le désir et la tentation de démontrer priment sur les respirations naturelles et les rebonds organiquement souples). C’est que le chef québécois soigne précisément le nerf [que certains trouveront parfois un rien sec], tout en nourrissant la rondeur sonore à partir des graves. Une lecture médiane, expressive donc qui est loin de démériter malgré une discographie pléthorique. L’Orchestre de chambre d’Europe tire même son épingle du jeu et s’inscrit parmi les meilleures phalanges brahmsiennes de ces dernières années. CLIC de CLASSIQUENEWS été 2024.

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Plus d’infos directement sur le site de DG Deutsche Grammophon : Intégrale des Symphonies de Brahms par Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de Chambre d’Europe / Chamber Orchestra of EUROPE – 3 cd DG Deutsche Grammophon : https://www.deutschegrammophon.com/en/artists/yannick-nezet-seguin

 

 

LIRE aussi notre critique des Symphonies de MENDELSSOHN par Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de Chambre d’Europe (CLIC de CLASSIQUENEWS, parution 2017) : https://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-mendelssohn-symphonies-1-2-3-4-5-chamber-orchestra-of-europe-yannick-nezet-seguin-direction-3-cd-dg-deutsche-grammophon/

CD, compte rendu critique.MENDELSSOHN : Symphonies 1, 2, 3, 4, 5. Chamber Orchestra of Europe. Yannick Nézet-Séguin, direction (3 cd DG Deutsche Grammophon)

 

 

approfondir

Nos autres articles YNZ Yannick Nézet-Séguin sur CLASSIQUENEWS : https://www.classiquenews.com/?s=yannick+nezet-seguin

 

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CRITIQUE, festival. 31ème Festival MUSIQUE & MÉMOIRE, Luxeuil-les-Bains, Basilique St-Pierre St-Paul, le 3 août 2024. Emmanuel Arakélian, orgue. Julien Freymuth, contre-ténor. Charpentier, De Grigny, JS Bach… « Magnificat »

Temps fort de chaque édition du Festival Musique & Mémoire, le grand concert du soir à la Basilique Saint-Pierre Saint-Paul qui met en scène le grand orgue historique, instrument remarquable du XVIIème [1617], classé dès 1845.

Pour son 2ème concert au Festival, l’organiste Emmanuel Arakélian réussit un tour de force en offrant un jeu à la fois spectaculaire et nuancé qui dévoile comme jamais l’infinie palette des couleurs et accents dont est capable l’instrument. Plus qu’un concert, c’est une expérience musicale totale qui permet d’entendre les prouesses sonores d’un instrument aussi redoutable à jouer [et à comprendre] qu’il est impressionnant par ses dimensions (5 plans sonores : positif de dos, grand-orgue, résonance, écho, pédale) ; le cul de lampe totalement sculpté offrant un programme iconographique qui mêle mythologie et histoire biblique, mérite à lui seul d’être vu. 

 

Julien Freymuth / Emmanuel Arakélian DR

 

C’est d’ailleurs à chaque session de musique, ce décor saisissant, qui s’offre à la délectation du spectateur auditeur au moment de chaque concert à la Basilique, le plateau étant déployé au pied de l’orgue. 

Emmanuel Arakélian a construit son programme autour de pièces célébrant La Vierge, en particulier du Salve Regina. Outre la puissance et les miroitements insoupçonnés de l’instrument, arguments déjà remarquables, l’organiste sait transmettre dans la conception de l’architecture sonore, à travers ses choix de registre et dans un équilibre somptueux de la texture musicale, une intelligence interprétative indiscutable. 

Il faut dompter l’instrument c’est à dire en comprendre tout le potentiel expressif, en maîtriser les incontournables choix dans les étagements sonores, dans l’organisation des plans expressifs. En réalité c’est peu dire que le musicien titulaire par quartier des orgues de la Basilique Saint-Maximin la Sainte Baume, éblouit par la clarté polyphonique, les nuances, et la fluidité rythmique. Il révèle ce soir des combinaisons et des mélanges d’une beauté à couper le souffle. Il s’accorde aussi à la voix à la fois intense et claire du contre-ténor Julien Freymuth lequel débute le concert depuis la chaire dans la nef, entonnant un chant fervent et ample [antienne grégorienne sur le texte du Salve Regina] qui se déploie lui aussi, occupant tout l’espace sous la voûte.

 

2ème concert d’Emmanuel ARAKÉLIAN
à Musique & Mémoire
Miroitements sonores du grand orgue historique
de la Basilique Saint-Pierre Saint-Paul
de Luxeuil-les-Bains

 

 

 

La sélection des morceaux excellemment enchaînés fait un tour d’Europe dont une sublime étape française, avant Bach [et la sublime Passacaille magistralement réalisée], une délectable séquence française qui comprend un trio idéalement adapté aux qualités propres de l’instrument : Charpentier, Paulet, de Grigny… 

L’ouverture du programme convoque d’abord l’Espagne de Cabanilles, une pièce modale dont le ton est le même que la pièce suivante, « l’Ego flos campi » du grand Claudio Monteverdi – l’art des enchaînements et des passages est comme on a dit l’un des temps forts de ce programme, convaincant du début à la fin. Le timbre perçant et rond du contre-ténor Julien Freymuth en exprime la tendresse et la douce plénitude dans un éclairage dramatique idéal, conçu par un maître des lumières, acteur familier du festival, Benoît Collardelle. 

Puis Emmanuel Arakélian dévoile l’ivresse sonore d’un autre italien du plein XVIème, Girolamo Cavazzoni (1512-1577) ; son « Ricercare quarto » déploie dans un contrepoint joyeux et lumineux, une pièce enjouée presque dansante. La clarté du jeu fait entendre toutes les nuances d’une registration particulièrement réussie ; là encore, ce sont les scintillements nuancés, toutes les couleurs associées qui composent une tapisserie sonore chatoyante. Le propre de l’organiste est de nous offrir des paysages musicaux, finement ouvragés, idéalement mesurés, dans la puissance, la variété, le raffinement.

 

CHARPENTIER, PAULET, DE GRIGNY

Séquence délectable, l’enchaînement des compositeurs français.  Le motet Salve Regina (H 23) de Marc-Antoine Charpentier (1643-1707) surprend d’abord par sa gravitas et sa tendresse ; la voix souple et ductile du contre-ténor en fait surgir l’intranquillité souterraine, l’intensité d’une ferveur insatisfaite ; le sentiment est certes religieux mais dans sa fragilité perceptible, il est comme nimbé d’inquiétude [quel contraste avec le faste éblouissant et oxygéné du De Grigny qui suit]… l’activité de l’orgue est suprême, accordé aux élans de la voix ; organiste et chanteur expriment ainsi l’ardeur inquiète du croyant ; la sobre et profonde prière de l’implorant.

Puis au centre de ce triptyque imprévu et d’une poésie inouïe, Emmanuel Arakélian joue une pièce d’un compositeur contemporain, Vincent Paulet (né en 1962), – rémois comme Nicolas de Grigny. Son « Salve Regina »  est également une prière de dévotion dont la sincérité d’abord entonnée par la voix, (pour l’exposition du texte) suscite ensuite une construction sonore imprévue, comme le surgissement d’un monde étrange, commentaire du texte lui-même, mais aussi expression du divin, dans un cheminement sonore enveloppé d’un nimbe grave et mystérieux ; les intervalles y sont vertigineux, et les suraigus percent les vagues ténébreuses ; comme les lumières dont nous avons parlé, l’orgue s’affirme dans toute sa dimension à la fois dramatique et abstraite ; la partition suractive façonne un formidable théâtre d’ombre et d’éclats fulgurants ; plusieurs accords syncopés déchirent alors l’espace, élargissant encore le sentiment du doute, de l’inquiétude … avant que la certitude de la ferveur ne s’affirme enfin dans une théâtralité intérieure qui questionne. Le parcours est remarquable, exploitant ainsi toutes les ressources expressives et toutes les couleurs et nuances de timbres de orgue. 

Le Paulet préparait à l’accomplissement suivant : l’hymne « Ave Maris Stella » de Nicolas de Grigny (1672-1703) génie inclassable du dernier XVIIème et qui façonne ici comme un appel à la lumière de la grâce. La pièce dans sa structure même, et dans son propre cheminement se prête idéalement à l’instrument comme si elle semblait sous les doigts de l’organiste, avoir été composée pour lui : plein jeu à 5 – fugue à 5 – Duo –  surtout dialogue sur les grands jeux avec l’alternance du plain-chant (Alternatim, principe déjà illustré dans un concert précédent du Festival par l’ensemble Les Meslanges : LIRE ici notre critique du concert du 25 juillet 2024 à Belfort). 

Dans cette alternance remarquablement calibrée, la voix du chanteur se fait plus angélique contrastant avec l’ample solennité du plein jeu de l’orgue ; un orgue alors de magnificence, dont les dimensions, le caractère, la fluidité et la rondeur spectaculaire citent immédiatement les fastes versaillais, en raffinement et en puissance.

D’autant que le texte est de célébration, qui encense et glorifie la splendeur divine (et son omnipotence). Dans sa majesté sonore, l’orgue éblouit par le raffinement des couleurs et la subtilité ; le jeu d’Emmanuel Arakélian tisse alors une véritable tapisserie sonore, à la fois dense et scintillante ; une cathédrale sonore immatérielle qui donne raison aussi au programme iconographique du cul de lampe sculpté occupant toute la partie inférieure de l’instrument. Ce dernier en effet semble jaillir de la seule force de l’Atlante qui le porte ; et au dessus de sa partie médiane – laquelle expose les 3 médaillons aux sujets opportuns (le roi David jouant de la harpe / Saint-Paul recevant les clés du Christ / Sainte-Cécile, patronne des musiciens), c’est l’orgue lui-même qui dans ce dispositif particulier, manifeste et représente l’harmonie de la cité céleste. Rien de plus évident ce soir. 

La fin du programme réalise une sorte d’apothéose avec la redoutable Passacaille de Jean-Sébastien Bach. L’architecture se densifie et s’éclaircie ; où évidemment la construction contrapuntique et la fugue impériale expriment l’éternité de la foi, l’universalisme d’une croyance qui éblouit et se fortifie.

La Passacaille en ut mineur, BWV 582 est une partition de méditation dont les ralentis, les prodigieux effets de suspension questionnement. Il ouvrent vers une profonde introspection que chaque auditeur peut approfondir encore dans la durée de son déroulement. Le jeu d’Emmanuel Arakélian en distille une légèreté cristalline ; monumentale, l’œuvre n’en forme pas moins une conclusion d’un raffinement inouï, là encore en termes de couleurs, nuances, fluidité. Ivresse des timbres idéalement associés, jeu d’une équilibre parfait, entre lisibilité, accents et ampleur… Bach sied admirablement à l’instrument – même si certains puristes le trouveront sur l’instrument, trop « raffiné ». Ce soir, l’ampleur n’écrase rien. Elle sublime les couleurs et la clarté qui rayonnent. Soirée mémorable. 

 

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CRITIQUE, concert. 31ème Festival MUSIQUE & MÉMOIRE, Luxeuil-les-Bains, Basilique St-Pierre St-Paul, le 3 août 2024. Emmnuel Arakélian, orgue. Julien Freymuth, contre-ténor. Charpentier, De Grigny, JS Bach… « Salve Regina »…

 

 

 

 

Photos © Festival Musique & Mémoire 2024

 

 

 

 

ENTRETIEN avec Jean VANDAMME, président des Amis de la cathédrale Notre-Dame de la Treille et Didier LALEU, directeur artistique des Estivales de la Treille (Lille).

Chaque samedi et jusqu’au 31 août 2024, la Cathédrale NOTRE-DAME de la TREILLE, joyau patrimonial à LILLE accueille un festival estival d’une rare poésie. Les concerts proposés chaque samedi à 18h30, s’accordent à la spécificité architecturale du lieu, en un dialogue singulier où musique de chambre (nouveauté cette année), musique chorale, cymbalum ou flamenco … subliment la rencontre unique de la lumière et de l’architecture. L’expérience artistique fait la délectation des visiteurs à chaque session. Incontournable.

 

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CLASSIQUENEWS : En quoi l’édition 2024 prolonge-t-elle les précédentes ?

Les concerts des Estivales 2024 sont comme les éditions précédentes placés sous le signe de l’éclectisme avec une programmation riche et variée. Il y en a pour tous les goûts.
Ce samedi 27 juillet par exemple, il y a eu un récital de piano. En août, il y aura un concert autour du cymbalum, instrument plus rare, lié à l’Europe de l’Est. Puis un récital de guitare classique qui regardera aussi du côté du flamenco. Et comme chaque année, le Caritas Chamber Choir de Canterbury revient avec des oeuvres de Rheinberger, Bruckner, Holst et Fauré, ainsi qu’une oeuvre de Benedict Preece qui dirige l’ensemble.
Nous nous promenons chaque semaine en musique au fil des siècles et des genres musicaux et nous invitons le public des Estivales à s’arrêter un peu plus d’une heure pour découvrir des artistes dans des programmes de qualité.

 

CLASSIQUENEWS : Y a-t-il des nouveautés cette année ? Lesquelles et pourquoi ?

Oui, il y a plusieurs nouveautés. La Maîtrise de la cathédrale de Lyon qui s’est s’arrêtée à Lille dans le cadre d’une tournée européenne, un jeune septuor à cordes et vents sur instruments d’époque (Ensemble Auskulti), une première dans ce festival, avec un programme consacré à Beethoven, ainsi qu’une pianiste virtuose ukrainienne de renommée internationale, Kateryna Kulykova, aux nombreux prix d’excellence.

 

CLASSIQUENEWS : Comment exploitez-vous toutes les ressources de la Cathédrale dans le déploiement et la réalisation du Festival ? (Équation architecture et concerts / intégration de l’orgue et ses spécificités …)

A l’heure où le soleil estival illumine la façade de marbre translucide de Peter Rice et la rosace de Ladislas Kijno, c’est à ce moment que, chaque samedi de juillet-août à 18h30, la musique résonne sous les voûtes de la cathédrale entre néo-gothique et contemporain et fait vibrer le cœur du public à l’unisson des artistes.
Selon les concerts, les artistes se placent devant la façade, près du plateau liturgique ou au centre de la Cathédrale. Le mélange du spectacle visuel de cette magnifique cathédrale avec l’écoute musicale est pour les spectateurs un instant privilégié. Ils en témoignent souvent.
Le grand orgue, qui fait l’objet d’un festival nouvellement lancé en avril dernier avec quatre concerts dont deux avec les co-titulaires Ghislain Leroy et Denis Comtet, est parfois mis à l’honneur lors des Estivales selon les programmes proposés

 

CLASSIQUENEWS : Avez-vous des précisions / informations sur le profil des festivaliers qui assistent aux concerts ?

Le public est composé d’habitués qui depuis 9 ans maintenant, regardent en amont les programmes proposés et ont plaisir à venir découvrir chaque semaine de nouveaux artistes. Il y a aussi des mélomanes intéressés par un programme ou un artiste en particulier et bien sûr, un public de passage. Touristes en visite à Lille qui, en fin de journée et, avant de s’attarder autour d’un repas, viennent s’installer dans un endroit dont la fraîcheur accompagne le charme du lieu tout, en découvrant des artistes.

 

Propos recueillis en juillet 2024

 

 

 

 

présentation 2024

LIRE aussi notre présentation générale des ESTIVALES DE LA TREILLE 2024 : https://www.classiquenews.com/lille-les-estivales-de-la-treille-chaque-samedi-18h30-jusquau-31-aout-2024/

 

LILLE, les ESTIVALES de la TREILLE, chaque samedi à 18h30, jusqu’au 31 août 2024. Auskulti, Cymba 4, Arnaud Dumond, Caritas Chamber Choir de Canterbury, Harmonia Sacra…

 

 

CRITIQUE, festival. PERALADA (Espagne). 38ème Festival Castell de Peralada (Iglesia del Carmen) le 3 août 2024. Récital de Yunchan Lim (piano).

 

Malgré le statu quo des travaux qui devait lui permettre de se doter d’un nouvel Auditorium, le prestigieux festival calatan Castell de Peralada n’en propose pas moins une offre lyrique toujours aussi impressionnante, notamment au travers de récitals affichant les stars les plus en vue du monde opératique : Piotr Beczala, Sonya Yoncheva, Ismaël Jordi, Anna Pirozzi, Julian Prégardien, Sara Blanch et Paolo Bordogna en duo (nous y reviendrons), mais aussi les pianistes les plus médiatisés et brillants de notre temps, Yuja Wang chez les dames, et le tout jeune pianiste coréen Yunchan Lim (né en 2004), star mondial des réseaux sociaux mais également artiste de génie – comme le récital auquel nous avons pu assisté, en ce samedi 3 août dans la superbe Église del Carmen, nous l’a confirmé.

 

 

Les précédentes apparitions (parisiennes) de Yunchan Lim – en février 2023 à la Fondation Louis Vuitton (voir vidéo plus bas), puis à la Philharmonie de Paris au printemps dernier – ont révélé au public français ce jeune pianiste de tout juste 20 ans. Lors du Concours Van Cliburn, édition 2022, ceux qui l’ont découvert en direct ou à travers les streamings et les vidéos l’ont nommé “ovni” ou “extraterrestre”, compte tenu de son univers particulier qui n’appartient qu’à lui. Hors les deux courtes pièces introductives (Deux Romances sans paroles, toute en poésie, de Felix Mendelssohn), c’est un programme entièrement russe qu’il délivre ce soir, au travers des deux pièces peut-être les plus emblématiques du répertoire russe : Les Saisons de Piotr Ilitch Tchaïkovsky et les célébrissimes Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgski

Dans les douze numéros des Saisons de Tchaïkovski, vignettes composées en un temps heureux où la musique paraissait en feuilleton dans la presse mensuelle, Yunchan Lim sait leur donner toute leur saveur, imprimant ici à une sonorité plus colorée, là un ton plus tendre et confidentiel, voire spirituel, totalement à l’aise dans une musique avec laquelle il respire avec le plus complet naturel. On savoure tout au long de cette promenade romantique les parfums qui semblaient s’échapper des plus merveilleux ballets de Tchaïkovski, comme des bribes de thèmes qui auraient pu être empruntés à la thématique de ses symphonies et opéras, même si le grand moment est évidemment la Barcarolle de juin, celle qui servit à Jean-Jacques Annaud dans son film L’Ours, ici délivrée avec une bouleversante tendresse et intimité. Les parties plus dynamiques des mois suivants intéressent tout autant et sont développées sans accrocs par le pianiste : il revient à des intonations plus tristes et plus pensives dès la Chanson d’Automne d’octobre pour présenter ensuite en novembre une Troïka particulièrement retenue dans sa dynamique, avant un Noël qui rappelle le style du ballet Casse-Noisette.

Mais c’est dans Les Tableaux qu’il impressionne le plus, l’ouvrage lui permettant une liberté de ton qu’il ne se refuse pas de prendre. Bien que très contrôlée, son interprétation ne bride pas l’expression, et encore moins l’émotion, jouant sur les failles et déchirures caractéristiques du compositeur, en les accentuant même pour plus d’effet sur un public médusé, et allant même jusqu’à rajouter des ornementations ou effets qui n’apparaissent pas dans la partition originale, telles ces octaves doublées dans le registre grave dans le Ballet des poussins ou l’inclusion d’un glissando avant l’accord culminant du Baba-Yaga. Le discours va toujours de l’avant, avec plus ou moins de précipitation et un usage assez systématique du rubato, avec parfois la volonté d’articuler clairement (“Tuileries”, “Limoges”, ou encore tomber avec délice dans les excès (“La Grande Porte de Kiev”). On est ici dans une volonté de sacrifier plus à la virtuosité et au spectacle qu’à la perfection (mais dans le cas présent, le jeune prodige coréen parvient aux deux !), multipliant à l’envie tout un éventail de nuances dynamiques, qui ne manquent pas d’éblouir l’audience qui se lève comme d’un seul homme après la dernière renversante mesure qui couronne cette pièce majeure de la littérature pianistique. En bis, il lui offre la transcription de Wilhelm Kempff de la Sicilienne extraite de la Sonate pour flûte n°2 BWV 1031 de Jean-Sébastien Bach.

Vivement de retrouver ce véritable phénomène du piano mondial !

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CRITIQUE, festival. PERALADA (Espagne). 38ème Festival Castell de Peralada (Iglesia del Carmen,) le 3 août 2024. Récital de Yunchan Lim (piano). Photos (c) Miquel Gonzalez.

 

VIDEO : Yunchan Lim en récital à La Fondation Louis Vuitton (2023)

 

 

Lire aussi notre présentation du Festival Castell de Peralada 2024 :

https://www.classiquenews.com/festival-peralada-2024-espagne-du-19-juillet-au-11-aout-2024-sonya-yoncheva-anna-pirozzi-carlos-acosta-yuja-wang-yunchan-lim/

ENTRETIEN avec Romain LELEU, trompettiste, à propos de son nouvel album « Nuit fantastique »…

Pour son nouvel album « Nuit fantastique », le trompettiste français Romain LELEU bouscule les zones de confort, ose jouer dans une vocalité propre, plusieurs mélodies et pièces originellement lyriques (entre autres) ; de quoi renouveler l’art de la trompette et aussi l’exercice de la transcription. En témoigne ce programme aussi acrobate qu’enchanteur dont chaque pièce a été cousue sur mesure pour la formation qui porte son nom, le « Romain Leleu Sextet », réunissant le trompettiste et le quatuor à cordes augmenté d’une contrebasse. Un album qui est aussi un jalon dans le parcours du musicien qui fonde ainsi son propre label « RL Records » …
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CLASSIQUENEWS : Pour exprimer au plus juste l’univers de la Nuit et le caractère fantastique, – pour reprendre le titre de l’album, comment avez vous choisi et sélectionné les pièces de ce programme ? Selon quels critères ?

ROMAIN LELEU : Nous avions travaillé sur ce thème pour la Folle Journée, et j’ai décidé d’en poursuivre l’exploration car il m’a beaucoup inspiré. La nuit tout est différent et j’aime d’ailleurs beaucoup travailler la nuit lorsque notre cerveau est en ondes Alpha, ce qui permet une concentration différente, un moment presque hors du temps. Mais la nuit peut aussi être source de peurs, d’angoisses, de rêveries, de romances, de fêtes etc.
Les pièces ont été sélectionnées en fonction de l’histoire qu’elles racontent d’une part (le Roi des Aulnes, Nacht & Träume, etc) ; également en fonction de l’idée que je m’en faisais de les jouer à la trompette. Et sur ce travail, nous n’avons pas dû abandonner d’idées tant le plan vocal ou symphonique se prêtait bien à l’ensemble.
J’ai également sélectionné les œuvres qui me paraissaient illustrer tous ces sentiments cités plus haut. Ainsi, la fête jusqu’au bout de la Nuit du Bœuf sur le Toit me plaisait beaucoup, d’autant plus que j’aurais beaucoup aimé partager une soirée en compagnie du Groupe des Six et du fameux Jean Cocteau !

 

CLASSIQUENEWS : Quels bénéfices / Quelles qualités confirme le timbre de la trompette à travers les transcriptions ? Quel éclairage particulier sur les pièces que l’on connaissait dans leur version originale ? Y a t il des pièces qui se prêtent mieux au jeu / au timbre de la trompette ?

ROMAIN LELEU : Le fait de transcrire des œuvres me donne l’occasion d’avoir accès à un autre répertoire et de trouver un équilibre artistique entre ce que je fais en concerto, en récital, et avec le Sextet. C’est très important pour moi, pour ne pas tomber dans une sorte de routine, et j’aime beaucoup découvrir de nouvelles œuvres, à créer, ou à transcrire !
Le timbre de mon instrument peut parfois donner un nouvel éclairage, ou un éclairage différent. Par exemple, le Roi des Aulnes, dont l’arrangement fait tourner les personnages en permanence dans les différentes voix de l’ensemble, me permet de jouer le rôle du narrateur et de l’enfant. Le défi est alors de trouver le timbre qui corresponde le mieux à chacun des personnages. C’est valable pour chaque œuvre car j’aime beaucoup travailler, pas forcément en voyant des couleurs, mais en me représentant certains personnages souvent issus de mon imaginaire !
Je ne suis pas dans l’imitation mais il est vrai que j’aime beaucoup m’inspirer des voix de chanteurs, lyriques ou pas, et que je considère pleinement mon instrument comme un prolongement de la voix humaine.
Je ne sais pas si certaines œuvres se prêtent mieux au jeu ou au timbre de la trompette, je peux juste dire que si les choses sont jouées avec conviction et sincérité, alors elles fonctionnent auprès de l’auditeur !

 

CLASSIQUENEWS : Quels ont été les défis techniques particuliers pour réussir l’interprétation ? Sur quels points avez-vous travaillé avec les cordes du Sextet ?

ROMAIN LELEU : Il a fallu travailler sur le texte, le phrasé et le rythme de chaque œuvre que je voulais programmer sur cet enregistrement. Techniquement, le défi est constant car les œuvres sont physiquement difficiles et les différents caractères à proposer sur chaque pièce demandent un engagement physique total. Je joue beaucoup de trompette en Ut sur ce disque, un instrument réalisé en France par Adrien Jaminet, un artisan d’art, luthier pour vents, qui m’accompagne depuis un moment, et le timbre de ses instruments se marient bien avec les cordes de l’ensemble. Le côté brillant, timbré, vibré, sans jamais être écrasant, crée un bel équilibre sonore. Je suis aussi allé chercher des couleurs que je n’avais jamais exploités jusqu’alors, justement grâce à ce répertoire nocturne !
Avec les cordes, il est souvent question, comme dans chaque formation, d’intonation, de répartition, de placement. C’est un travail qui me passionne toujours et me fait progresser.
J’aime aussi m’inspirer de leurs modes de jeux, très variés, pertinents, et de leurs articulations, dont le spectre me paraît toujours plus large de ce que nous pouvons faire chez les cuivres. Un travail de longue haleine, mais totalement passionnant.

 

CLASSIQUENEWS : Dans ce programme : une pièce favorite / un enchaînement clé particulièrement réussi ?

ROMAIN LELEU : Il y en a plusieurs, mais comme le programme est bien sûr décliné en plusieurs versions de concerts, l’enchainement « Round Midnight / Night in Tunisia » est particulièrement intéressant à jouer. J’ai beaucoup de plaisir à aborder « la Danse Macabre », justement en allant chercher des articulations plus poussées, sans en faire une pièce de bravoure pour autant. Une danse qui permet de s’installer dans cette Nuit Fantastique et de se laisser aller à l’aventure !
J’ai aussi un faible pour « Nacht und Träume », qui me permet de m’exprimer profondément, mais simplement. Les choses les plus belles sont souvent les plus simples !

 

CLASSIQUENEWS : Une anecdote / un souvenir lié à la conception du programme, et au moment de son enregistrement ?

ROMAIN LELEU : Beaucoup de bons souvenirs et d’anecdotes en effet !
D’abord la conception a été un vrai plaisir, mais aussi une recherche, afin de trouver quelle pièce pourrait évoquer tel ou tel sentiment ou ressenti de cette Nuit Fantastique.
Au moment de l’enregistrement, nous avons eu le plaisir, une fois les répétitions faites, de travailler en totale immersion, dans le cadre de la Ferme de Villefavard, qui offre la possibilité de travailler dans des conditions particulièrement sereines. Nous étions totalement immergés dans le projet pendant plusieurs jours, loin du bruit et du stress de la ville, pour une résidence / enregistrement précieuse et importante pour moi, notamment grâce au soutien de Génération Spedidam. Un accompagnement parfait qui nous a permis d’aller au fond des choses.
L’anecdote ou le souvenir marquant est que toute cette aventure s’est programmée en 24 heures ; nous avons pu avoir, les équipes, le lieu, et l’ingénieur du son que je voulais, preuve que les planètes étaient bien alignées !

 

CLASSIQUENEWS : Que représente cet album à ce moment précis de votre vie de musicien ?

ROMAIN LELEU : C’est d’abord une étape importante car ce disque marque la création du label RL Records, lié à notre structure.
Cela trottait dans mon esprit depuis un moment, et nous nous sommes, avec mes équipes, lancés dans cette nouvelle aventure avec engagement et abnégation. Je suis également ravi de pouvoir proposer une déclinaison de cet album en LP, et en Dolby ATMOS. Je tenais à ces formats également.
Ce disque n’est pas non plus un album de plus à mes yeux car il représente une évolution significative du parcours de l’ensemble, une nouvelle étape dans l’exploration d’une thématique, une recherche du timbre plus poussée, et ouvre une nouvelle page à travailler pour l’avenir ! Et j’en suis ravi !

 

 

CLASSIQUENEWS : D’une façon générale, que vous apporte le fait de jouer au sein de votre propre Sextet ?

ROMAIN LELEU : Je prends beaucoup de plaisir à construire les différents programmes, et à les jouer en concert. Le sextet est l’un de mes projets personnels phares, initié il y a 15 ans. Avec ce projet j’ai pu changer l’image de mon instrument, parfois un peu poussiéreuse ou désuète, ou même « drôle » ! J’aime donner ces programmes qui font plaisir à écouter, mais qui sont également intéressants à jouer. L’idée n’est jamais de tomber dans une certaine facilité, cela ne me ressemble pas.
Alors, je prends autant de plaisir à jouer un lied de Schubert, ou la suite du Bœuf sur le Toit, qu’une musique de film ou une chanson…selon moi, étant donné que les œuvres ont été soigneusement « sélectionnées », magnifiquement arrangées, et interprétées avec sincérité, alors elles sont tout aussi acceptables ou valables qu’une œuvre du répertoire. C’est ce que je défends avec conviction.
Le fait de jouer avec l’ensemble me donne aussi beaucoup de souplesse et de diversité.
J’aime beaucoup jouer en concerto, j’aime également le cadre intimiste d’un récital avec piano par exemple, mais ce que je développe avec l’ensemble est tout à fait différent, car tout le répertoire est réellement fait sur mesure pour nous, c’est donc tout à fait passionnant et unique.

Propos recueillis en juillet 2024

 

 

CD

LIRE aussi notre CRITIQUE complète du cd Nuit fantastique par le Romain Leleu Sextet (RL records) / CLIC de CLASSIQUENEWS été 2024 : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-nuit-fantastique-romain-leleu-sextet-1-cd-rl-records-schubert-milhaud-mozart-rota-porter-rossini-monk-gillespie/

CRITIQUE CD événement. NUIT FANTASTIQUE, ROMAIN LELEU SEXTET (1 cd RL records) – Schubert, Milhaud, Mozart, Rota, Porter, Rossini, Monk, Gillespie…

 

LIVE STREAMING opéras, août 2024. 4 opéras à ne pas manquer sur OperaVision [Wagner et Rossini] : La Walkyrie, Il Viaggio a Reims, Le Conte Ory, Le Barbier de Séville…

 

En août 2024, OperaVision fait son tour des festivals d’opéra : Longborough Opera Festival, Rossini Opera Festival de Pesaro et Rossini Festival in Bad Wilbad.. Le 9 août, nouvelle production depuis le Festival de Longborough de La Walkyrie de Richard Wagner, mise en scène d’Amy Lane et dirigée par le wagnérien Anthony Negus (nous y étions et l’avons chroniqué en juillet / Lire notre critique).

Ensuite, Cycle ROSSINI à travers 3 opéras bouffes qui font la part belle à l’amour : intrigues amoureuses lors du couronnement du roi de France, séduction et tromperies derrière les murailles d’un château, amour rendu possible par un entremetteur…

Soit Il Viaggio a Reims [le 16 août, depuis le Festival de Pesaro, avec les chanteurs émergents de l’Accademia Rossiniana Alberto Zedda, *en live streaming], puis Le Comte Ory (auquel nous avons également assisté fin juillet / Lire notre critique complète) depuis le Rossini Festival de Bad Wildbad, le 23 août – et enfin, Il Barbiere di Siviglia [depuis l’Opéra Royal de Suède], le 30 août 2024.

 

LONGBOROUGH FESTIVAL OPERA
WAGNER : La Walkyrie
9 août 2024, 19h CET

 

ROSSINI OPERA FESTIVAL
Il Viaggio a Reims
16 août 2024, 11h CET / DIRECT
Livestreaming

 

ROSSINI IN BAD WILDBAD
Le Comte Ory
23 août 2024, 19h CET

 

ROYAL SWEDISH OPERA
Il barbiere di Siviglia
30 août 2024, 19h CET

 

Toutes les infos, les horaires et les dates ainsi que le détail des distributions sans omettre le synopsis de chaque ouvrage, directement sur le site d’OperaVision : https://operavision.eu/fr?utm_source=OperaVision&utm_campaign=d260382d51-august-2024-fr&utm_medium=email&utm_term=0_be53dc455e-d260382d51-100559298

 

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CRITIQUE CD événement. NUIT FANTASTIQUE, ROMAIN LELEU SEXTET (1 cd RL records) – Schubert, Milhaud, Mozart, Rota, Porter, Rossini, Monk, Gillespie…

Interprète engagé et entrepreneur… Le trompettiste Romain Leleu [41 ans, Victoire de la musique classique en 2009, réussit coup sur coup en un doublé gagnant, ce nouveau programme thématique [son 5e album] ; pour lequel il fonde aussi son propre label et réunit les musiciens de son propre ensemble le « Romain Leleu Sextet« .. Parmi eux, le violoniste Manuel Doutrelant signe ici nombre d’arrangements. .. Soit un répertoire inédit taillé sur mesure d’autant plus opportun qu’il permet au Sextet de déployer toutes les facettes de sa complicité manifeste.

 

Le trompettiste lillois et le quintette de cordes traversent toutes les étapes d’un fabuleux voyage nocturne ainsi que le titre nous l’indique [« Nuit fantastique »].
Les morceaux choisis dessinent un riche parcours marqué par l’intériorité et l’onirisme, plaçant la trompette au devant, véritable voix claire et suave dont le chant est un guide privilégié.

 

Noctambule inspiré, ROMAIN LELEU,
Paganini de la trompette

La vocalité du trompettiste trouve les nuances justes dans des arrangements qui touchent par leur sensibilité leur profondeur et un raffinement constant qui respecte le caractère intime des pièces originelles ; Romain Leleu soigne en particulier le caractère du timbre, soucieux d’écarter toujours une clarté trop lisse ou trop  uniforme… C’est avant tout sa passion de l’instrument, personnalisé, fortement caractérisé, qui ose prendre tous les risques, qui frotte et qui exprime, que l’insatiable expérimentateur défend dans ce programme superlatif, lui l’enfant du Nord, lillois, dont le père, grand interprète au tuba, incarne avant lui, l’attachement à la tradition locale, celle des harmonies de cuivres.

Ceci vaut pour l’ineffable plongée langoureuse, suspendue du superbe lied D. 827 « Nacht und Träume » qui plonge dans le songe enchanté ; dans le si expressif Roi des Aulnes, D. 328 (sommet dramatique de ce fantastique Schubertien qui marque idéalement l’engagement des interprètes à servir leur thème) ; l’ agilité colorature du trompettiste sujbugue tout autant dans l’air redoutable de la Reine de la nuit d’après La flûte enchantée de Mozart dont il fallait oser s’attaquer à l’éblouissante écriture stratosphérique.

Les  musiques de films (Ryuichi Sakamoto pour Talons aiguilles / Nino Rota pour Fellini), plusieurs standards du jazz (Cole Porter, Thelonius Monk,… ), l’emprunt à West Side Story, et les musiques symphoniques [ivresse pétillante des deux Milhaud ; saillies grinçantes du Saint-Saëns, souveraine volupté du Rimski-Korsakov à partir duquel s’est bâti tout le programme],… Autant d’airs boire de tune ainsi réinvestis qui inspirent au trompettiste de somptueux moments qui réconcilient virtuosité, maîtrise technique, nuance, profondeur émotionnelle.

Outre sa riche palette expressive, l’enjeu du programme nourrit le répertoire de la formation comme il souligne davantage la richesse d’un parcours qui joue aussi des styles et des répertoires : pur classique, populaire, jazz, cinéma… De quoi composer une mixité bouillonnante et heureuse, toujours subtilement calibrée et juste.

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CRITIQUE CD événement. NUIT FANTASTIQUE, ROMAIN LELEU SEXTET (1 cd RL records) – Schubert, Milhaud, Mozart, Rota, Porter, Rossini, Monk, Gillespie…

 

Entretien

LIRE aussi notre ENTRETIEN avec ROMAIN LELEU, à propos de son cd « Nuit fantastique », avec le Romain Leleu Sextet : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-romain-leleu-trompettiste-a-propos-de-son-nouvel-album-nuit-fantastique/

ENTRETIEN avec Romain LELEU, trompettiste, à propos de son nouvel album « Nuit fantastique »…

 

Pour son nouvel album « Nuit fantastique », le trompettiste français ROMAIN LELEU bouscule les zones de confort, ose jouer dans une vocalité propre, plusieurs mélodies et pièces originellement lyriques (entre autres) ; de quoi renouveler l’art de la trompette et aussi l’exercice de la transcription. En témoigne ce programme aussi acrobate qu’enchanteur dont chaque pièce a été cousue sur mesure pour la formation qui porte son nom, le « Romain Leleu Sextet », réunissant le trompettiste et le quatuor à cordes augmenté d’une contrebasse. Un album qui est aussi un jalon dont la réalisation correspond aussi à la naissance de son propre label « RL Records » …
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AUDITORIUM ORCHESTRE NATIONAL DE LYON. Nouvelle saison 2024 – 2025 (Nikolaj Szeps-Znaider, direction musicale). Mahler, Chostakovitch, Ravel, les 50 ans de l’Auditorium, Leonard Slatkin, Nathalie Stutzmann, Steven Isserlis…

L’Auditorium Orchestre National de Lyon promet, pour sa nouvelle saison 2024 – 2025, une aventure musicale placée sous le signe de l’excellence et de l’éclectisme, avec comme point fort : les 50 ans du bâtiment (écrin abritant l’Auditorium « Maurice Ravel », inauguré en février 1975)… La présence d’artistes qui ont marqué son histoire musicale animera cet anniversaire tout au long de la saison, et seront conviés à la fête entre autres : Steven Isserlis, Jeneba Kanneh-Mason, Sarah Connolly, Saleem Ashkar, Isabelle Faust, Alexander Melnikov, Andreas Staier, Yefim Bronfman, Ibrahim Maalouf, Astrig Siranossian, Pierre-Laurent Aimard, Sandrine Piau, David Grimal, Julia Fischer, Renaud Capuçon, Stuart Skelton, Johanna Malangré, Nathalie Stutzmann, Tabita Berglund, Simone Young, Eva Ollikainen… et le chef Leonard Slatkin…

 

 

 

Immersion dans la cité, sur le territoire
Ouverture sur le monde

 

 

Le directeur général Nicolas Droin a concocté une programmation festive et « ouverte sur le monde » qui s’adresse à tous les publics : « avertis ou néophytes, amateurs de musique symphonique ou férus de jazz, fans de pop ou aficionados de musiques du monde, bébés, enfants ou adolescents, sans oublier les personnes en situation de précarité ou de handicap… ». Et même les étudiants auxquels des offres sont réservées… avec aussi une offre renforcée et des actions de sensibilisation accrues vers les scolaires et les jeunes spectateurs. La diversité des spectateurs fait aussi la diversité de l’offre culturelle.

 

 

L’Orchestre s’adresse plus que jamais aux Lyonnais(es), partout dans la ville (Salle Molière, Palais de la Mutualité, Musée des confluences, Villa Gillet… à travers même un concert gratuit hors normes, « Mozart fait son cinéma », au Centre commercial Westfield La Part-Dieu (le 25 sept à 12h30), et circulant au-delà de la cité. La volonté est d’ouvrir et d’élargir (35 000 places à moins de 10 euros tout au long de la saison…), de rayonner sur le territoire grâce à de nombreux programmes hors de l’Auditorium cœur de ville (quartier Part-Dieu), portés par un réseau revivifié de partenaires locaux. Des thématiques structurent la saison et guident le spectateur-auditeur au fil des propositions en reliant partition jouée, auteur, tableau… La musique comme formidable vecteur de découvertes illimitées au carrefour des arts et des disciplines.

 

Partage, altérité, différence

Parmi ces thèmes ciselés par le directeur musical Nikolaj Szeps-Znaider : le cycle dédié au maestro Leonard Slatkin (concert Copland Chostakovitch, les 3 et 5 oct / concert Barber, Gershwin, le 11 oct…), l’Amérique (bientôt à l’heure électorale), Vienne éternellement inspirante et ses compositeurs, avec Schubert et surtout Mahler (4ème Symphonie, Chant de la Terre…), et aussi les compositeurs dont les anniversaires font l’actualité de 2025 ; Johann Strauss fils (concert dirigé par le violon solo du Philharmonique de Vienne : Rainer Honeck, programme « Nouvel an à Vienne, valses & polkas » les 29, 30, 31 déc et 1er janvier 2025), Chostakovitch ( « sonorités sombres et grinçantes » des Symphonies n°5 et 11…), Maurice Ravel dont l’Auditorium porte le nom comme dit précédemment (nombreux concerts dont Les Valses nobles et sentimentales, Shéhérazade, les 14 et 15 fév, concert gala pour les 50 ans de l’Auditorium ; « Marathon Ravel » avec les musiciens de l’Orchestre, sam 22 mars 2025…), Berio, Boulez et même Saint- Exupéry dont la déclaration « Si tu diffères de moi mon frère, loin de me nuire, tu m’enrichis… » vaut manifeste d’un humanisme exemplaire et fraternel. Nikolaj Szeps-Znaider souligne combien ces mots sont essentiels pour le monde ; ils colorent aussi la programmation elle-même dont l’ouverture et l’éclectisme sont les garants de nouveaux moments privilégiés de partage et d’entente, célébrant les bienfaits de l’altérité et de la différence : « …éveiller notre curiosité pour un ailleurs, nous enrichir de ce que l’on ne connaît pas, de ce que l’on croit connaître, de ce que l’on connaît déjà, mais autrement. »

L’Orchestre National de Lyon aime inviter ses confrères pour découvrir d’autres sonorités collectives. Ainsi parmi les ensembles invités en 2024 – 2025 : Anima Eterna, Le Concert spirituel, l’Orchestre des Champs-Elysées (Symphonies n°4 et 7 de Beethoven / Philippe Herreweghe, direction, le 21 mai 2025), la Cappella Mediterranea (Les Indes Galantes de Rameau / Leonardo Garcia Alarcon, direction, le 4 juin 2025)… Citons également, l’invitation faite à la cheffe Nathalie Stutzmann dirigeant la 5ème symphonie de Chostakovitch (les 19 et 20 déc)…

Au total, ce sont plus de 170 levers de rideaux, 160 concerts, comprenant aussi de nombreuses animations et événements (ateliers sonores, conférences, afterworks, week-ends festifs, cycles thématiques, nouvelles expériences immersives et inclusives…) qui en font le cœur névralgique de l’expérience musicale à Lyon. Coup de cœur pour le ciné-concert « Jurassic Park » avec l’Orchestre à son complet, les 14, 15, 16 et 17 nov 2024…

 

Découvrez toute la saison 2024 – 2025 de l’Auditorium – Orchestre National de Lyon, le détail des programmes, des interprètes invités ici : https://www.auditorium-lyon.com/fr/programmation?type=126&saison=436#views-exposed-form-evenements-list-programmation

 

Auditorium Orchestre National de Lyon
Saison 2024 – 2025

 

TEMPS FORTS SYMPHONIQUES
Sélection des concerts sous la direction du directeur musical,
Nikolaj Szeps-Znaiders

 

Jeudi 12 sept 2024
OUVERTURE ce jeudi 12 sept 2024 – programme « RÊVERIES D’ÉTÉ », Rêves d’été ou d’hiver, d’elfes ou de revenants ? Jugez par vous mêmes : Songe mendelssohnien, concerto de Sibelius (soliste : Sergey Khachatryan, violon), sans omettre le ballet de flocons dans le scherzo de la Première symphonie de Tchaïkovski dite « rêverie d’hiver », version 1874)… L’Orchestre national de Lyon retrouve son directeur musical Nikolaj Szeps-Znaider pour ce premier vertige symphonique qui lance la nouvelle saison 2024 – 2025, en soufflant le feu et brisant la glace, divins contrastes pour une exaltante expérience musicale, typiquement lyonnaise (concert diffusé sur Radio Classique) – Plus d’infos : https://www.auditorium-lyon.com/fr/saison-2024-25/symphonique/reveries-ete

Retrouvez le détail de chaque concert, le programme détaillé et les distributions complètes sur le site de l’Auditorium-Orchestre National de Lyon, saison 2024 – 2025 : https://www.auditorium-lyon.com/fr

 

 

Jeudi 19, Ven 20 sept 2024
A LA MONTAGNE, avec Steven Isserlis,violoncelle
Ralph Vaughan Williams : Les Guêpes (ouverture)
Vincent d’Indy : Jour d’été à la montagne
Antonín Dvořák : Concerto pour violoncelle

 

Jeudi 31 oct, sam 2 nov 2024
UNE SYMPHONIE ALPESTRE
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 24
(Saleem Ashkar piano) ;
Richard Strauss : Une symphonie alpestre

 

Ven 6 et sam 7 déc 2024
MAHLER : SYMPHONIE n°5
Luciano Berio : Rendering (d’après Schubert)
Gustav Mahler : Symphonie n° 5

 

2025

 

Jeudi 30 janvier 2025, sam 1er février 2025
LE CHANT DE LA TERRE
Franz Schubert : Symphonie n° 8, « Inachevée »
Gustav Mahler : Das Lied von der Erde [Le Chant de la terre]
Wiebke Lehmkuhl, contralto
Stuart Skelton, ténor

 

Ven 31 janvier 2025
Franz Schubert : Octuor
avec Nikolaj Szeps-Znaider, violon, et les musiciens de l’Orchestre National de Lyon
1h sans entracte

 

Jeudi 20, ven 21 février 2025
L’EMPEREUR
Grégoire Rolland : Omoï (version pour orchestre)
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n°5, « L’Empereur » (Yefim Bronfman, piano); Robert Schumann : Symphonie n° 3, « Rhénane »

 

Jeudi 6 et ven 7 mars 2025
RAVEL : 7 mars, 150 ans de Maurice Ravel…
Maurice Ravel : Alborada del Gracioso
Manuel de Falla : Le Tricorne, suite d’orchestre n° 2
Ibrahim Maalouf : Boléro pour Ravel
(commande de l’Auditorium- Orchestre national de Lyon, de la Philharmonie de Paris et de l’Orchestre de Pau-Béarn);
Richard Strauss : Le Chevalier à la rose, suite d’orchestre
Maurice Ravel : La Valse, poème chorégraphique

 

Jeudi 17 et sam 19 avril 2025
MAZEPPA, Wagner avant Wagner
Felix Mendelssohn Bartholdy : Ouverture Les Hébrides
(La Grotte de Fingal) ;
Richard Wagner : Ouverture du Vaisseau fantôme
Franz Liszt : Mazeppa
Hector Berlioz : Les Nuits d’été
Richard Wagner : Ouverture de Tannhäuser
Avec Johanna Wallroth, soprano

 

Sam 26 avril 2025
BRUCKNER : SYMPHONIE N°7
Felix Mendelssohn Bartholdy : Concerto pour violon
Anton Bruckner : Symphonie n° 7
Avec Julia Fischer, violon

 

Jeudi 15 et ven 16 mai 2025
MAHLER : SYMPHONIE N°4
Ernest Bloch « Danse », extraite des Trois Poèmes juifs
Noah Bendix-Balgley Fidl-Fantazye, un concerto klezmer (orch. Samuel Adler)
Gustav Mahler : Symphonie n° 4

 

Jeudi 12 juin 2025
BEETHOVEN / ELGAR
Edward Elgar : Variations Enigma
Avec Piotr Anderszewski, piano

 

La billetterie est accessible pendant tout l’été 2024 et au delà pour acheter vos places et bénéficier des offres abonnement saison 2024 – 2025 : https://billetterie.auditorium-lyon.com/

Consultez la brochure saison 2024 – 2025 de l’Orchestre National de Lyon : https://www.auditorium-lyon.com/sites/default/files/upload/documents/BROCHURE%2024-25_ok.pdf

 

CRITIQUE, festival. 75ème Festival de MENTON, le 31 juillet 2024. Récital Fazil Say, piano. Debussy, Ravel, Mozart, Say…

Retour attendu d’un grand artiste, familier de Menton, FAZIL SAY dernièrement plutôt partenaire de concerts chambristes mais ce soir, seul en scène dans un récital en solo qui fait la joie voire la délectation optimale des festivaliers.

 

On connaît de longue date sa lecture si librement fantaisiste et personnelle de la Sonate en la majeur KV 331 [son rondo final « alla turca »] de Mozart : tempi réappropriés, nuances orfévrées, liberté rythmique,… intelligence du rubato d’une évidente et rare cohérence… Le geste prolonge la note qui est investie, incarnée, étirée dans toute sa longueur expressive… Chaque mesure est ici puissamment questionnée, dans la volonté d’en exprimer les ultimes enjeux : facétie, complicité communicative, et souvent ivresse émotionnelle dont le parcours est jalonné des grands appels des bras comme si l’interprète nous indiquait des mondes parallèles, accueillants, soudainement accessibles..  Comme s’il ouvrait les portes successives d’une surréalité imaginaire et parallèle, en guide improvisé et fascinant qui nous montre l’invisible et rend vibrant l’ineffable.

Tel un funambule enivré, le pianiste multiplie les adresses aux spectateurs, soulignant chaque phrasé par un geste ouvert et amical en une chorégraphie corporelle des mains, du corps qui berce et interpelle.
La communion avec le public est d’une rare qualité et le soliste magicien des notes énigmatiques semble concentrer aussi toute la poésie du lieu, cette scène sous les étoiles au pied de la monumentale façade de la Basilique de Saint-Michel Archange ; le mur du bâtiment qui lui fait face renvoie le son, détaillant davantage encore chaque phrasé dont nous abreuve un pianiste alchimiste. Du grand art.

 

75ème Festival de Menton
Fazil Say,
Magicien et poète du son

 

Fazil Say au 75ème Festival de Menton © Loïc Lafontaine

 

Dans la première partie, la soliste se montre tout aussi inspiré en nuances et poésie des lointains chez Debussy et Ravel dont il décrypte les arcanes d’un langage en commun, dont il sait tisser les liens souterrains, la viscérale gémellité. En tuilages harmoniques remarquablement réalisés, le pianiste élabore des paysages sonores d’une envoûtante immatérialité ; la texture impressionniste des œuvres choisies entre Debussy et Ravel, de la fille aux cheveux de lin, la Cathédrale engloutie, Clair de lune du premier… aux Noctuelles et Oiseaux tristes du second, entre autres, se déploie dans l’espace, produisant des vertiges colorés comme des brumes aquarellées.

En peintre musicien, Fazil Say nous inonde littéralement de vapeurs millimétrées, où scintillent des petites notes électriques : statisme tournoyant des oiseaux ravéliens, d’une brûlante et indicible activité.
Le programme semble jaillir même de la voûte étoilée soulignant combien le pianiste est avant tout un prodigieux poète, un peintre coloriste au goût sûr et d’une richesse agogique surprenante.

La seconde partie réactive la tradition romantique des interprètes compositeurs ; le pianiste turc joue ses propres compositions ; se révèle inventeur et défricheur de sons inédits, jouant avec l’instrument, créant des accents quasi percussifs, en frappant les cordes directement sur la table d’harmonie. Outre sa Sonate opus 99 « Yeni Hayat » [nouvelle vie] où dans la partie centrale, le pianiste convoque le chant des étoiles, des 5 mélodies programmées, se distinguent la poésie suspendue, nostalgique de « Kumu » [colombe en turc] puis le dernier « Wintermorgen Istanbul« , nouvelle immersion dans l’imaginaire, à la fois tendre, hypersensible, viscéralement mélancolique de l’auteur.

À la sensibilité intérieure de l’interprète, au jeu franc, direct parfois écorché du compositeur, surgit enfin un final non moins grandiose, une séquence improvisée [« Jazz Fantaisies »] d’après « Summertime » de Gershwin, énoncé, déroulé avec une délicatesse infinie, une liberté fantaisiste inouïe, un jeu tout en liberté et en facétie filigranées. Certainement la facette du pianiste qui nous enchante le plus.

Une soirée inoubliable en poésie et personnalité singulière, d’autant plus exceptionnelle qu’au moment où Fazil Say jouait la Sonate KV 331, le nageur Léon Marchand réalisait alors simultanément aux JO de Paris, son doublé gagnant, récoltant l’or dans le 100 m brasse après avoir récolté précédemment le même or dans le 100 m papillon. Une nuit inscrite dans les étoiles. Inoubliable. 

 

 

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CRITIQUE, concert. 75ème Festival de Menton, le 31 juillet 2024. Récital de FAZIL SAY, piano. Debussy, Ravel, Mozart, Say, improvisation sur Summertime – Photos : 75ème Festival de Menton © Loïc Lafontaine.

 

FESTIVAL DE MENTON juillet 2024 / © PA CLASSIQUENEWS

 

 

LIRE aussi notre présentation du Festival de MENTON 2024, du 27 juillet au 12 août 2024 : https://www.classiquenews.com/75eme-festival-de-menton-du-27-juil-au-12-aout-2024-l-bringuier-a-tharaud-f-say-b-rana-n-goerner-a-dovgan-r-capucon/

Au-dessus de la mer, au pied d’une merveilleuse Basilique baroque (sous la protection de l’épée de Saint-Michel Archange), chaque concert est en soi un événement unique, une expérience inoubliable… Le Festival de Menton promet cet enchantement qui fait depuis ses débuts sa réputation à nulle autre pareille… aux sons harmonieux et expressifs répond l’harmonie silencieuse d’un patrimoine enchanteur (le parvis de la Basilique Saint-Michel Archange). Voilà de quoi garantir l’onirisme de votre prochain déplacement à Menton…

 

 

 

(06) 75ème FESTIVAL DE MENTON : du 27 juil au 12 août 2024. L. Bringuier, A. Tharaud, F. Say, B. Rana, N. Goerner, A. Dovgan, R. Capuçon…

 

CRITIQUE, festival. 75ème Festival de MENTON, le 30 juillet 2024. Concert baroque « Carnaval à Venise ». Lucie Horsch, flûtes. Le Caravensérail, Bertrand Cuiller [direction]

Fidèle à sa longue histoire musicale [c’est l’un des plus anciens festivals français et européens fondé en 1949], le Festival de Menton ne déroge pas à sa prestigieuse réputation ce soir, tremplin exaltant de la nouvelle génération d’instrumentistes aussi jeunes et virtuoses, que sensibles et nuancés. Le jeu et la présence de la flûtiste néerlandaise Lucie Horsch sont pour le moins exemplaires, sachant même établir, outre sa musicalité aussi naturelle que convaincante, une relation avec le public, immédiate et bon enfant, de quoi casser les codes du concert classique et renforcer encore la proximité entre artistes et public.

 

Le concert de ce soir regroupe les éléments d’une pleine réussite : cadre magique au pied de la façade italianisante (gênoise) de la basilique Saint-Michel Archange avec une vue surplombant toute la baie de Menton,… ses lointains italiens dignes des grands peintres paysagistes classiques ; douceur d’un air ambiant qui sous la voûte étoilée, la nuit venue, s’est fait rafraîchissant et enveloppant…

Telle une fée fuselée dans sa robe rouge, la jeune flûtiste excelle dans un programme qui expose sa fabuleuse sensibilité, sa rayonnante vivacité au service d’un programme totalement baroque [ou presque] ; tant d’énergie sensible, est ici couplée, indice superlatif, à une maîtrise technique saisissante. De quoi fusionner en complicité et complémentarité, son remarquable tempérament avec les instrumentistes du Caravenserail, tout aussi intimistes, précis, dirigés du clavecin par l’excellent Bertrand Cuiller.

Le programme colle d’autant plus au cadre qu’il aborde avec une expressivité décuplée, la poésie climatique d’un Vivaldi aussi énergique qu’évocateur ; lui aussi, peintre des sensations les plus ténues. Au concerto La Notte (en Si mineur RV104), préambule enchanteur, la flûtiste suit le fil de sa thématique vénitienne, et joue aussi, seule, la transcription du Printemps des 4 Saisons dans la version qu’en a livrée le philosophe et compositeur Jean-Jacques Rousseau.

 

FESTIVAL DE MENTON juillet 2024 / Concert de Lucie Horsch, flûtes à bec © PA CLASSIQUENEWS

 

Même engagement superlatif pour deux extraits « Boffons » et « Ballo del Gran Duca » de l’Utréchtois (comme elle) Jan Van Eyck [… à ne pas confondre avec le peintre flamand du XVe] , lequel comme la super soliste ce soir avait coutume de jouer ainsi ses propres compositions …en plein air.

Musique et plein air ainsi réconciliés composent une expérience musicale qui fonde davantage le prestige de Menton chaque été. La preuve en est encore donnée ce soir.
En muse inspirée [et facétieuse] qui dévoile de somptueux paysages musicaux, Lucie Horsch convainc tout autant dans les deux Napolitains Francesco Mancini et Leonardo Leo dont le Concerto en sol majeur, dans sa passionnante diversité mélodique et rythmique, d’une suavité exaltée, contrastée, suscite non sans raison l’adhésion du public.

Poésie et virtuosité réalisent un parcours captivant dont les deux offrandes finales provoquent des salves d’applaudissements légitimes. D’abord un air lyrique (montéverdien) d’une sensualité mélancolique qui dévoile première absolue, les talents de la flûtiste comme … chanteuse ; puis en guise de bis, l’air emprunté au folklore serbe d’une époustouflante virtuosité et qui finit de convaincre l’audience, totalement charmée.

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CRITIQUE, concert. 75ème FESTIVAL de MENTON, le 30 juillet 2024. Concert baroque « Carnaval à Venise ». Lucie Horsch, flûtes. Le Caravensérail, Bertrand Cuiller [direction]

 

FESTIVAL DE MENTON juillet 2024 / © PA CLASSIQUENEWS

 

 

LIRE aussi notre présentation du Festival de MENTON 2024, du 27 juillet au 12 août 2024 : https://www.classiquenews.com/75eme-festival-de-menton-du-27-juil-au-12-aout-2024-l-bringuier-a-tharaud-f-say-b-rana-n-goerner-a-dovgan-r-capucon/

Au-dessus de la mer, au pied d’une merveilleuse Basilique baroque (sous la protection de l’épée de Saint-Michel Archange), chaque concert est en soi un événement unique, une expérience inoubliable… Le Festival de Menton promet cet enchantement qui fait depuis ses débuts sa réputation à nulle autre pareille… aux sons harmonieux et expressifs répond l’harmonie silencieuse d’un patrimoine enchanteur (le parvis de la Basilique Saint-Michel Archange). Voilà de quoi garantir l’onirisme de votre prochain déplacement à Menton…

 

 

 

(06) 75ème FESTIVAL DE MENTON : du 27 juil au 12 août 2024. L. Bringuier, A. Tharaud, F. Say, B. Rana, N. Goerner, A. Dovgan, R. Capuçon…

 

 

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CRITIQUE, festival. MARTINA FRANCA (Italie), 50ème Festival della valle d’Itria (Teatro Verdi), le 29 juillet 2024. HAENDEL : Ariodante. C. Molinari, T. Iervolino, F. Lombardi Mazzuli, T. Raftis, M. Amati… Torsten Fischer / Federico Maria Sardelli.

 

La veille d’une enthousiasmante production du trop rare “Aladin et la lampe magique” de Nino Rota, nous avons pu assister à une nouvelle production de Ariodante de Georg Friedrich Haendel (au Teatro Verdi de Martina Franca), troisième production lyrique de cette 50ème édition du Festival della Valle d’Itria (aux côtés d’une production de “Norma” de Vincenzo Bellini que nous avons malheureusement manquée…). 

 

 

Avouons d’emblée avoir été beaucoup moins séduits par la production “passe-partout” de l’allemand Torsten Fischer (à qui était confiée la mise en scène de cet « Ariodante » haendélien), dans une scénographie “minimaliste” de Herbert Schäfer, qui aurait pu s’adapter à n’importe quel titre du répertoire (ou presque). On nous propose ici un plateau nu, composé de rectangles blancs s’encastrant les uns dans les autres comme des poupées russes. Tous les personnages sont en costumes (chics) noirs ou blancs (dont deux robes de mariées, pour jouer sur les quiproquos de la narration…), quasiment les deux seules “couleurs” du spectacle, si ce n’est l’apparition fugitive d’un tableau de Fernand Khnopff, et d’une grande lune au moment où l’air le plus célèbre de la partition est entonné, le célébrissime “Scherza infida”, pendant lequel le héros éponyme se meut en agitant au-dessus de sa tête le voile de sa promise (faussement infidèle) Ginevra. Les chanteurs-acteurs font ce qu’ils peuvent pour meubler le temps, et une fois l’effet outrancier du maquillage (alla joker) de Polinesso passé, l’on s’ennuie ferme pour ce qui est de la partie scénique…

Par bonheur, la distribution offre autrement de satisfaction, même si le rôle-titre – tenu ici par la mezzo italienne Cecilia Molinari – nous a déçus. Remarquable dans les arias véloces, où sa pyrotechnie vocale impressionne de fait grandement, voilà encore une mezzo pratiquement dépourvue de registre grave, délivrant ainsi un “Scherza infida” manquant totalement d’émotion, car ce sont les notes graves qui justement la suscite dans cet air de déploration parmi les plus célèbres du répertoire baroque. Ses partenaires se montrent plus à propos, à commencer par le grand triomphe de la soirée – qui est sans conteste le Polinesso jubilatoire de la mezzo italienne Teresa Iervolino. Tout au plaisir de chanter, elle vocalise avec rage et gourmandise ce rôle qu’elle taille à sa mesure. Elle aurait été un magnifique Ariodante, mais elle donne ici toute sa puissance à ce personnage somme toute bien ordinaire qu’est Melisso, en donnant notamment corps à cette histoire de jalousie bien pâlotte. Bravo à elle ! De son côté, Francesca Mazzuli Lombardi fait profiter Ginevra de son instrument plein et charnu, et lui donne ainsi une réelle force, bien que Haendel n’ait pas développé davantage son personnage. Charmante Dalinda, Theodora Raftis se révèle parfaitement à sa place en suivante bernée, grâce à sa voix joliment acidulée, franche et bien timbrée, la fausse candeur de son incarnation et ses beaux piani. En Lurcanio, le jeune ténor italien Manuel Amati (originaire de Martina Franca !) est l’une des belles découvertes de la distribution, et enthousiasme dans ses trois arias, grâce à une agilité parfaitement exécutée et un magnifique sens musical. Le baryton-basse Biagio Pizzuti, quant à lui, donne à entendre un touchant Roi, à la douceur paternelle attachante, quand le ténor Manuel Caputo offre un Odoardo sans histoire. 

Enfin, pour sa troisième et dernière année de résidence au festival apulien, le chef italien Federico Maria Sardelli, placé à la tête de son ensemble Il Modo Antiquo, alterne aimables colorations orchestrales (les nombreux intermèdes dansés) et rage, larmes, flamme et éclats de rire quand la partition les réclame. Le succès finalement remportée par la soirée lui doit beaucoup !

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CRITIQUE, festival. MARTINA FRANCA (Italie), 50ème Festival della valle d’Itria (Teatro Verdi), le 29 juillet 2024. HAENDEL : Ariodante. C. Molinari, T. Iervolino, F. Lombardi Mazzuli, T. Raftis, M. Amati… Torsten Fischer / Federico Maria Sardelli. Photos (c) Clarissa Lapolla.

 

CRITIQUE, festival. MARTINA FRANCA (Italie), 50ème Festival della valle d’Itria (Cour du Palais Ducal), le 30 juillet 2024. NINO ROTA : Aladin ou la lampe magique. M. Ciaponi, C. Urru, M. F. Romano, E. Filipponi… Rita Cosentino / Francesco Lanzillotta.

Pour son 50ème anniversaire, le Festival della valle d’Itria (sis à Martina Franca, cette petite ville-pépite des Pouilles située entre Bari et Taranto) a étonnamment renié les choix artistiques qui ont fait sa renommée depuis un demi siècle, c’est-à-dire la résurrection de partitions rares voire totalement tombées dans l’oubli (à l’instar du festival de Wexford, en Irlande), et les deux premiers ouvrages de cette édition-anniversaire affichaient les “tubes” opératiques que sont Norma de Bellini et Ariodante de Haendel – et c’est donc bien le troisième titre qui nous a fait accourir dans les Pouilles pour voir et entendre le merveilleux (au sens propre comme au figuré..) “Aladin ou la Lampe magique” de Nino Rota, créé au Teatro di San Carlo de Naples en 1968. 

 

Une mise en scène magique, digne d’un conte des Mille et Une Nuits !

 

 

Tout le monde connaît Nino Rota (1911- 1979), remarquable compositeur de musiques de film et collaborateur de Federico Fellini, Francis Ford Coppola, Franco Zeffirelli ou Luchino Visconti, mais qui sait vraiment qu’il a également écrit des concertos, des symphonies, de la musique de chambre… et pas moins de onze opéras ! La musique de “Aladin” est à la fois agréable et savante, voire rutilante, faisant sans cesse référence aux harmonies du Moyen-Orient, réaménagées et revisitées avec goût, s’inspirant ici de Puccini, là de Rimski-Korsakov (et même par endroit de Richard Strauss et Dmitri Chostakovitch !). L’intrigue est simple : convaincu par un mage de conquérir une lampe extraordinaire, Aladin la garde pour lui et épouse la fille du Sultan. Le Magicien s’empare alors de la lampe et de la Princesse, jusqu’à ce qu’Aladin les lui reprenne, pour convoler à nouveau avec sa douce et belle Princesse. 

Pour servir cette mirifique partition, aux infinis chatoiements et luxuriances, un seul ténor fait face à pas moins de cinq voix graves. Le ténor Marco Ciaponi, qui ne quitte pratiquement jamais la scène, campe un vaillant Aladin, au lyrisme ardent et à la voix claire superbement projetée. Ces autres messieurs, très impliqués, se caractérisent à la fois par la musique qui leur est dévolue, et par une gestuelle taillée au cordeau, à commencer par le terrifiant Magicien de la basse sicilienne Marco Filippo Romano, à la voix aussi noires que ses machiavéliques projets, et qui tient également ici le rôle du Roi, à l’inverse facétieux et jouisseur bien que cupide, les deux personnages antinomiques démontrant tout l’étendue du jeu scénique du chanteur. De son côté, Rocco Cavalluzzi campe un inquiétant Grand Vizir, au superbe registre grave, tandis que le noble Génie de la lampe de Giovanni Accardi ou l’hilarant Génie de l’anneau d’Alexander Ilvakhin font mouche. Si l’Orfèvre d’Omar Cepparolli n’accroche guère l’oreille, le trio de Compagnons d’Aladin (Pepe Hanan, Davide Zaccherini, Zachary McCullough) s’avère particulièrement savoureux. Les dames ne sont pas en reste, avec la Princesse sensuelle et superbement lyrique de la soprano italienne Claudia Urru tandis que la mezzo Eleonora Filipponi prête ses maternels accents à la génitrice du héros. Une mention encore pour la Suivante de la Princesse Anastasia Churakova. L’excellent Choeur du Teatro Petruzzelli (dirigés par Marco Medved) et les nombreux enfants de la Maîtrise de la Fondation Paolo Grassi (dirigés par Angela Lacarbonara) ne sont pas en reste, et contribuent pour beaucoup, par leur prestance et leur homogénéité, à la réussite d’ensemble – sans oublier les deux danseurs captivants que sont Emanuela Boldetti et Samuel Moretti, dans les tableaux dansés qui leur sont confiés.

 

 

La mise en scène de Rita Consentino est tout simplement magique, digne d’un conte des Mille et Une Nuits. Fluide et parfois irréelle, elle déploie tout l’ensorcellement des fastes orientaux, les différents lieux de l’action étant évoqués grâce à une scénographie inventive (signée Leila Fteita, qui a conçu également les somptueux costumes orientaux), magnifiée par les lumières de Francesco Siri. Au tout début, un enfant reste seul, après un cours avec une professeure et ses camarades de classe, devant une immense bibliothèque blanche qui sera l’unique mais ingénieux dispositif scénique. Il en choisit un livre qu’on imagine être celui des 1001 Nuits, et son imagination s’envole tandis que l’action peut commencer. Cette bibliothèque cache des panneaux qui, en les ouvrant, laissent apparaître la grotte magique où se trouve la fameuse lampe ou le somptueux palais que la Lampe magique fait apparaître à la demande du héros, pour l’offrir comme résidence à sa bien aimée la Princesse Badr-al-Budur. Magique également la première apparition de la Princesse, en ombre chinoise alors qu’elle prend un bain derrière un paravent blanc qui laisse deviner ses formes pulpeuses, une image d’une inouïe sensualité… Bref, un pur enchantement visuel !

 

 

Dernier magicien de la soirée, l’excellent chef italien Francesco Lanzillotta qui obtient des trésors de sonorités luxuriantes de l’Orchestre du Teatro Petruzzelli de Bari. Tous les instrumentistes de la phalange apulienne font assaut de précision rythmique et de rutilance chromatique, riche en mille et une couleurs et nuances (orientalisantes). Le chef est sur tous les fronts, chantant chaque strophe en couvrant des yeux les solistes comme les choeurs, tout en portant une suprême attention aux équilibres dynamiques de la fosse. Bravi tutti !

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CRITIQUE, festival. MARTINA FRANCA (Italie), 50ème Festival della valle d’Itria (Cour du Palais Ducal), le 30 juillet 2024. NINO ROTA : Aladin ou la lampe magique. M. Ciaponi, C. Urru, M. F. Romano, E. Filipponi… Rita Cosentino / Francesco Lanzillotta. Photos (c) Clarissa Lapolla.

OPÉRA DE MASSY. Nouvelle saison 2024 – 2025. Hamlet, La Belle Hélène, Il Trovatore, La Clémence de Titus, Rusalka… Dominique Ruits et l’Orchestre de l’Opéra de Massy, Hervé Niquet, Opera Fuoco, David Stern, Le Poème Harmonique, Vincent Tavernier…

La nouvelle saison 2024 – 2025 de l’Opéra de Massy n’est pas seulement flamboyante, elle a la valeur de l’éclectisme et de l’équilibre. Tous les genres y sont représentés : belle ouverture et esprit de curiosité détendu in loco pour les massicois (et tous les autres visiteurs, de plus en plus nombreux…). L’immense plateau, les équipements techniques, la fosse d’orchestre (et le confort des fauteuils)… tout inspire à Massy une programmation à 360° et une intensification même de l’offre artistique : 9 spectacles lyriques, 8 spectacles de danse, et parmi un choix des plus consistants, 10 grands concerts et récitals (lyriques) que nous avons sélectionnés pour leur pertinence et leur audace, à ne manquer donc sous aucun prétexte. Peu de scènes en Île-de-France peuvent ainsi proposer une telle diversité d’expériences musicales. Honneur à Massy : l’opéra sur un territoire, où on ne l’attendait pas, est devenu une passion populaire à l’adresse de tous.

 

 

OUVERTURE LYRIQUE : les 15 et 17 novembre 2024

Au chapitre OPÉRAS, la saison s’annonce fantastique au sens strict du terme, surnaturelle et même fantomatique grâce au remarquable HAMLET d’AMBROISE THOMAS, père de l’opéra romantique français, avant Gounod et Massenet, et digne confrère d’un Verdi. La distribution  promet un grand moment d’émotion avec entre autres Armando Noguera (dans le rôle-titre), Florie Valiquette dans celui d’Ophélie, amoureuse éperdue, démunie… (direction Hervé Niquet, les 15 et 17 nov 2024 / mise en scène : Frank Van Laecke) – Puis, avant les fêtes de fin d‘année, les 13 et 14 décembre 2024, l’Orchestre de l’Opéra de Massy sous la direction de Dominique Rouits aborde LA BELLE HÉLENE d’OFFENBACH (mise en scène : Olivier Desbordes). Immersion chez les dieux de l’Olympe, avec Ahlima Mhamdi, Raphaël Jardin, Matthieu Toulouse, Thibault de Damas…

En 2025, pour fêter l’an neuf, pleins feux sur un drame flamboyant et barbare de VERDI, IL TROVATORE, assurément l’un des temps forts de cette nouvelle saison, avec le même orchestre maison dirigé par le même Dominique Rouits, ce pour 4 dates absolument incontournables.  Mise en scène : Roberta Mattelli, avec la Compagnie Lyrique Opera 2001 – Les 16, 17, 18 et 19 janvier 2025.

 

BEL ÉQUILIBRE
et ÉCLECTISME SUPERLATIF

Philippe Bellot, directeur de l’Opéra de Massy nous régale à nouveau en mars (les 8 et 9  mars 2025) en affichant une rareté superlative, COMPANY de STEPHEN SONDHEIM, comédie musicale raffinée, spectacle sur les amitiés, les relations, l’amour et la solitude, racontés à travers un ensemble de mélodies brillantes, de situations irrésistibles, de numéros de danses étourdissants : attention spectacle total – Orchestre national d’Île-de-France (direction : Larry Blank) – Mise en scène : James Bonas. Avec Jeanne Jerosme, Camille Nicolas, Gaétan Borg, Arnaud Masclet, Éva Gentili,…

Enfin au printemps 2025, deux productions s’annoncent elles aussi passionnantes : le dernier opera seria de Mozart (de surcroît composé in extremis l’année de sa mort en 1791) par la « troupe » en résidence à l’Opéra de Massy, OPERA FUOCO et DAVID STERN dans LA CLEMENCE DE TITUS : les 5 et 6 avril 2025 – avec les jeunes talents de la 6è génération de l’Atelier Lyrique OPERA FUOCO – Mise en scène : Héloïse Serazin. 

Enfin, pour conclure une saison exceptionnellement riche, vous ne saurez résister à l’appel de l’ondine qui n’hésite pas par amour, à sacrifier son identité et sa nature en choisissant de  devenir mortelle et souffrir… Ainsi s’énonce le conte onirique et envoûtant de RUSALKA d’Antonín Dvořák, les 16 et 17 mai 2025  Orchestre de l’Opéra de Massy • Chœur et Ballet de l’Opéra de Metz (direction :  Kaspar Zehnder) – Mise en scène : Paul Émile Fourny – Avec : Serenad Uyar, Misha Schelomianski, Ewandro Stenzowski, Marion Lebègue, Lucie Peyramaure, Simona Caressa…

Les amateurs d’OPÉRA BAROQUE ne seront pas en reste ; preuve qu’un éclectisme culturel prenant en compte TOUS les goûts, dans le sens d’une véritable démocratie culturelle, peut être appliqué, l’Opéra de Massy, mieux que l’Opéra de Paris sait équilibrer les genres et les époques ; pas moins de 3 spectacles baroques complètent l’affiche de cette saison lyrique 2024 – 2025. C’est d’abord SOLOMON : A SERENATA de William Byce, révélé par Opera Fuoco (le 29 nov 2024) ; puis les 7 et 8 février 2025, place au CARNAVAL BAROQUE du Poème Harmonique (direction : Vincent Dumestre) où magie scénique, drôlerie lyrique et acrobates délirants, poétiques fusionnent pour un théâtre lui aussi total et magicien (un must absolu !) ; enfin le 19 mars, un autre type de spectacle total investit la scène massicoise : Le Mariage forcé des deux « Baptistes », Molière et Lully, subtil mélange de burlesque et d’humour, alliant danse, théâtre et musique dans une mise en scène des plus inspirées signées Vincent Tavernier ; avec là encore, ce qui nous passionne littéralement, l’esprit et la signature donc la cohérence d’une « troupe » : les comédiens des Malins Plaisirs, les solistes et les musiciens du Concert Spirituel, les danseurs de la Compagnie de danse L’Éventail, réunis en une performance unie, fraternelle. Incontournable. 

 

TOUTES LES INFOS, le détail des programmes, des distributions sur le site de l’Opéra de MASSY, saison 2024 – 2025 (programmation et formulaire d’abonnement en ligne) : https://www.opera-massy.com/

 

 

SAISON 2024 – 2025 de l’OPÉRA de MASSY

Opéras, spectacles lyriques, danse,concerts syphoniques, récitals, spectacles jeune public… tous nos coups de cœur : 

 

9 PRODUCTIONS & SPECTACLES d’OPERAS à MASSY
Vendredi 15 novembre • 20h
Dimanche 17 novembre
• 16h

AMBROISE THOMAS : HAMLET

La célèbre œuvre de Shakespeare a inspiré au compositeur français un opéra aux airs bouleversants et virtuoses, grâce à une partition flamboyante où le surnaturel d’une apparition spectrale se mêle aux rebondissements d’une action passionnelle et… tragique. 

Direction : Hervé Niquet • Mise en scène : Frank Van Laecke • Avec : Armando Noguera, Florie Valiquette, Patrick Bolleire, Ahlima Mhamdi, Kaelig Boché, Yoann Le Lan…• Orchestre Nal d’Île-de-France • Chœur d’Angers-Nantes Opéra et de l’Opéra de Massy

 

Vendredi 29 novembre • 20h
Solomon : a serenata
de William Boyce • Opera Fuoco
Écrit comme un vif échange amoureux entre un berger et une bergère, le livret tire son origine du Cantiques des Cantiques de Salomon. Découvrez cette œuvre du compositeur anglais William Boyce, en version de concert.
Direction : David Stern • Solistes et Orchestre d’Opera Fuoco • Chœurs Atelier lyrique de l’Opéra de Massy et Chœur de chambre de Namur

 

Vendredi 13 et samedi 14 décembre • 20h
La Belle Hélène
de Jacques Offenbach
L’opérette la plus enlevée et la plus drôle d’Offenbach dans une mise en scène rythmée et haute en couleur transposée ici dans une famille royale !
Direction : Dominique Rouits • Mise en scène : Olivier Desbordes • Avec : Ahlima Mhamdi, Raphaël Jardin, Matthieu Toulouse, Thibault de Damas, Alfred Bironien, Analia Telega…• Orchestre de l’Opéra de Massy

 

Jeudi 16, Vendredi 17 et Samedi 18 janvier • 20h
Dimanche 19 janvier • 16h
GIUSEPPE VERDI : IL TROVATORE
Giuseppe Verdi a connu avec cet opéra un succès qui aura fait de ce titre l’une de ses oeuvres incontournables.
Direction : Constantin Rouits • Mise en scène : Roberta Mattelli • Avec la Compagnie Lyrique Opera 2001• Orchestre de l’Opéra de Massy

 

Vendredi 7 et samedi 8 février • 20h
Le Carnaval baroque par Le Poème Harmonique
Bienvenue dans l’univers de farces, de faste et de grotesque d’un carnaval italien au milieu du 17e siècle, pour une rencontre contrastée, facétieuse voire délirante, entre 18 artistes :acrobates, jongleurs, mimes, chanteurs et musiciens.
Direction : Vincent Dumestre • Mise en scène : Cécile Roussat • Avec : Anaïs Bertrand, Paco Garcia, Martial Paulia, Igor Bouin… • Le Poème Harmonique

 

 

Samedi 8 mars • 20h / Dimanche 9 mars • 16h
COMPANY de STEPHEN SONDHEIM
Les amitiés, les relations, l’amour et la solitude, racontés à travers un ensemble de chansons brillantes et de scènes pleines d’esprit suscitent une collections d’airs irrésistibles et des numéros de danse époustouflants.
Direction : Larry Blank • Mise en scène : James Bonas • Avec : Jeanne Jerosme, Camille Nicolas, Gaétan Borg, Arnaud Masclet, Éva Gentili, Jasmine Roy, Scott Emerson… • Orchestre national d’Île-de-France

 

Mercredi 19 mars • 20h
Le Mariage forcé de Molière et Lully
Un subtil mélange de burlesque, d’humour et de réflexions alliant danse, théâtre et musique dans une
mise en scène virevoltante.
Mise en scène : Vincent Tavernier • Avec les comédiens des Malins
Plaisirs, les solistes et les musiciens du Concert Spirituel, les danseurs de
la Compagnie de danse L’Éventail

 

Samedi 5 avril • 20h / Dimanche 6 avril • 16h
LA CÉMENCE DE TITUS de MOZART
Avec ce chef-d’œuvre lyrique, Mozart explore, comme aucun autre en cette extrême fin du Xviiieme siècle, la psychologie humaine et l’expression
intime des sentiments. À l’époque des lumières, lascene lyrique se pare d’une profondeur émotionnelle et psychologique inouïe dont seul est capable de l’explorer alors le génie de Wolfgang.
Direction : David Stern • Mise en espace : Héloïse Serazin • Avec les
Solistes de la 6e Génération de l’Atelier Lyrique Opera Fuoco • Orchestre
Opera Fuoco • Atelier Lyrique de l’Opéra de Massy

 

 

Vendredi 16 mai • 20h / Dimanche 18 mai • 16h
RUSALKA d’ANTONIN DVORAK
Inspiré de La petite Sirène, l’opéra tchèque le plus célèbre du répertoire est un hymne magnifique à l’amour impossible mais sincère. L’intensité des sentiments se mesure ici à l’aulne des sacrifices consenties, assumés jusqu’à la mort.
Direction : Kaspar Zehnder • Mise en scène : Paul-Émile Fourny • Avec : Serenad Uyar, Misha Schelomianski, Ewandro Stenzowski, Marion Lebègue, Lucie Peyramaure, Simona Caressa… • Orchestre de l’Opéra de Massy • Chœur et Ballet de l’Opéra de Metz

 

 

8 SPECTACLES de DANSE

Jeudi 21 novembre • 20h
Malpaso Dance Company
Dancing Island / Tabula Rasa / Women With Water
Découvrez la jeune compagnie cubaine Malpaso à l’incroyable énergie qui explore la genèse et l’évolution des danses sociales cubaines dans Dancing Island,
allant de la rumba à la Salsa.
Chorégraphies : Osnel Delgado, Ohad Naharin, Mats Ek • Avec : 12 danseurs

Mercredi 4 décembre • 20h
Matière(s) Première(s)
Compagnie Par TerreAnne Nguyen
Anne Nguyen propose un « voyage initiatique » dans l’univers des cultures africaines urbaines, sensuelles et frénétiques. Elle livre une œuvre implacable où
chaque mouvement résonne comme un immense cri d’amour à l’universalisme et la fraternité.
Chorégraphie : Anne Nguyen • Avec : 6 danseurs

 

Jeudi 19 décembre • 20h

Folia
Mourad Merzouki/ Cie Käfig
Dans ce spectacle hors norme, le chorégraphe jette des ponts entre le hip-hop, la danse classique et contemporaine, la musique baroque et les tarentelles
italiennes.
Chorégraphie : Mourad Merzouki •
Avec : 12 danseurs, 6 musiciens et 1 soprano

 

Dimanche 26 janvier • 16h
Hommage à Noureev
Danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris
Retrouvez les grands Pas de deux du répertoire chorégraphique de Noureev. Interprétée par la jeune et nouvelle vague de danseurs de l’Opéra, cette soirée
est l’occasion de lui rendre hommage et de retracer son génie artistique.
Chorégraphies : Rudolf Noureev • Avec : 6 danseurs

 

Jeudi 13 février • 20h
IT Dansa
28 000 Waves / Lo que no se ve / Minus 16
Des danseurs fougueux, en pleine maîtrise de leur art et promis à une grande carrière, présentent un
programme flamboyant de trois pièces. Émotions garanties !
Chorégraphies : Cayetano Soto, Gustavo Ramírez Sansano, Ohad Naharin • Avec : 15 danseurs

 

Vendredi 14 mars • 20h
Requiem – La mort joyeuse
Compagnie Fêtes GalantesBéatrice Massin
La grande dame de la danse baroque contemporaine tire le Requiem de Mozart vers la contemplation, dans une chorégraphie de flux et de reflux, comme un grand renouveau.
Chorégraphie : Béatrice Massin • Avec : 12 danseurs

 

Vendredi 11 avril • 20h
Mytho : Olympus Circus
Compagnie MéMé BaNjOLionel Hoche
Mytho est un projet qui pirate la mythologie grecque et fait se côtoyer sur scène un carnaval pop et anachronique de divinités et héros ou super-héroïnes
de la culture populaire.
Chorégraphie : Lionel Hoche • Avec : 5 danseurs

 

Mardi 27 et mercredi 28 mai • 20h
KA-IN
Groupe Acrobatique de TangerRaphaëlle Boitel
Une nouvelle création acrobatique, dansée et spectaculaire. Raphaëlle Boitel imagine cette pièce comme un cirque dansé, élan de vie organique, puissant et drôle sur fond de culture berbère.
Mise en scène et chorégraphie : Raphaëlle Boitel • Avec : 13 artistes

 

SELECTION DE CONCERTS SYMPHONIQUES, RÉCITALS,...

Samedi 23 novembre • 20h

Aux confins du Romantisme
Orchestre de l’Opéra de Massy • Florian Noack
Le concerto de Schumann est ici sublimé par le célèbre
pianiste belge Florian Noack pour une soirée placée sous le
signe de la grâce.
Clara Schumann Ouverture en Ut / Robert Schumann Concerto pour
piano, op. 54 / Felix Mendelssohn Symphonie n°1, op. 11
Direction : Dominique Rouits • Piano : Florian Noack

 

Samedi 7 décembre • 20h
Philippe Jaroussky
Vienne… Paris
Ce récital nous fait passer de l’univers poétique viennois
d’Haydn, Mozart, Schubert, à celui de la mélodie
française raffinée des compositeurs tel qu’Hahn, Fauré
et Debussy.
Contre-ténor : Philippe Jaroussky • Piano : Jérôme Ducros

Vendredi 24 janvier • 20h
Une soirée avec Chostakovitch
Orchestre national d’Île-de-France • Thomas Sanderling
A l’occasion du cinquantenaire de sa disparition, retrouvez
des extraits inédits du Nez ou son ultime symphonie : sublime !
Dimitri Chostakovitch
Le Nez (extraits inédits) / Symphonie n°15 /
Concerto pour violoncelle de Schumann (réécriture)
Direction : Thomas Sanderland • Violoncelle : Emmanuelle Bertrand

Dimanche 2 février • 16h
Roméo + Juliette
Orchestre de l’Opéra de Massy • Bruno Philippe
Parmi les adaptations musicales du drame de Shakespeare,
celle de Tchaïkovski est l’une des plus attachantes.
Dmitri Chostakovitch Concerto pour violoncelle n°1, op. 107
Johan Svendsen Romeo and Juliet, op. 18
Piotr Ilitch Tchaïkovski Roméo et Juliette
Direction : Constantin Rouits • Violoncelle : Bruno Philippe

Mardi 4 février • 20h
La Nuit en tête (Un Voyage de l’écoute)
TM+ • Raphaële Kennedy
Construit autour de la soprano le programe entrelace des
œuvres de musiques anciennes et contemporaines autour du
thème de la nuit.
Airs de Claude Le Jeune, Georges Aperghis, Henry Purcell, Hans
Abrahamsen, Yannick Varlet…
Direction : Laurent Cuniot • Soprano : Raphaële Kennedy

 

Samedi 15 mars • 20h
Airs et Mélodies
Natalie Dessay & 2 lauréats du concours de Gordes
La soprano Natalie Dessay accompagnée de deux talents
lyriques interprètent quelques perles de la mélodie
française, du lied et de l’opéra.
Airs d’opéras et Mélodies
Soprano Natalie Dessay et deux lauréats du Concours de Gordes 2024 •
Piano NN

 

Vendredi 28 mars • 20h
Chants de la Nuit Mahler : Symphonie n°7
Orchestre national d’Île-de-France • Karl Biscuit
Vivez une véritable expérience sensorielle avec
cette œuvre, magnifiée par les projections visuelles
originales du vidéaste Karl Biscuit.
Gustav Mahler Symphonie n°7
Direction : Case Scaglione • Vidéo : Karl Biscuit

 

Mardi 8 avril • 20h
Requiem de Fauré
Le Concert Spirituel • Hervé Niquet
Cette œuvre grandiose, qui frappe encore aujourd’hui par
sa délicatesse, reste certainement l’une des plus connues
du compositeur.
Charles Gounod Messe de Clovis / Camille Saint-Saëns Tantum ergo
op. 5 / Louis Aubert O Salutaris / Gabriel Fauré Requiem…
Direction : Hervé Niquet • Chœur et Orchestre : Le Concert Spirituel

 

Dimanche 25 mai • 16h
Parfums d’Espagne
Orchestre de l’Opéra de Massy • Gaëlle Solal
Un voyage musical en Espagne !
Joaquín Turina La oración del torero, op. 34
Joaquín Rodrigo Concerto d’Aranjuez pour guitare
Manuel De Falla L’Amour sorcier
Direction : Constantin Rouits • Guitare : Gaëlle Solal • Contralto : N

 

Samedi 28 juin • 20h
Bach en héritage
Orchestre de l’Opéra de Massy
Bach comme inspiration.
Jean-Sébastien Bach Ouverture n°1, en ut majeur BWV 1066
Arvo Pärt Fratres
Ola Gjeilo Sunrise Mass
Direction : Béatrice Warcollier / Constantin Rouits •
Violon : Guillaume Plays • Chœur L’Atelier

 

 

POUR LE JEUNE PUBLIC

Vendredi 6 décembre • 19h
Horace, le coucou qui fait hi-han
D’Alexandros Markéas
Un conte musical lyrique, à la fois chanté et raconté pour
soprano et 2 instruments originaux aux mille couleurs : le
saxhorn (petit tuba) et l’accordéon. Le public sera au plus
près des artistes sur le plateau.
Livret : Pierre Sanges • Mise en scène : Edouard Signolet • Chant et narration : Elise Chauvin ou Anne-Emmanuelle Davy • Saxhorn : Vianney Desplantes • Accordéon : Julia Sinoimeri

 

Dimanche 16 mars • 15h et 16h15
Le Voyage magique de Gustave
(Concert des enfants)
Orchestre de l’Opéra de Massy
Partez en voyage avec Gustave à la découverte des
instruments de l’orchestre lors de ce concert adapté aux
petites oreilles (de 2 à 6 ans).
Direction : Quentin Molto • Texte et mise en scène : Alexandra Iarca

 

Vendredi 23 mai • 20h
La Petite Sirène
De Régis Campo
Magique et féerique, cet opéra pour petits et grands
est une merveilleuse ode à l’amour, à l’entraide, au
refus de la vengeance et de la violence.
Direction : Raoul Lay • Mise en scène : Bérénice Collet •
Avec : 4 chanteurs • Ensemble Télémaque
(à partir de 6 ans)

 

 

 

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VOSGES. 31ème FESTIVAL MUSIQUE & MÉMOIRE / Acte 3. Les 1er, 2, 3 et 4 août 2024 – Un final en apothéose !

Exceptionnel et toujours audacieux, proche des artistes auxquels il sait réserver des résidences fécondes et inspirantes, le Festival MUSIQUE & MÉMOIRE dans les Vosges du Sud affiche une somptueuse programmation pour son dernier week-end estival.

 

Musique et Mémoire, 31 ème édition 2024
Acte 3 / Masques, Emmanuel Arakélian et Julien Freymuth, Florent Marie, Les Timbres… Les 1er, 2, 3 et 4 août 2024

 

 

L’ensemble Masques achève son cycle de 3 années de résidence avec un nouveau triptyque d’une grande force : concerti pour 2 clavecins de Bach, un programme autour du sommeil et l’opéra Acis & Galatea de Haendel…

Emmanuel Arakélian, avec le contre-ténor Julien Freymuth, illustre l’orgue historique de la basilique St Pierre de Luxeuil-les-Bains dans un programme somptueux…

Les Timbres, ensemble ami du festival, lance dans le cadre bucolique du Moulin Saguin, son épopée en carriole, dans le territoire, au rythme du cheval avec un premier portrait consacré à François Couperin.

Et en toute intimité, le luthiste Florent Marie enchante le choeur roman de Melisey…

 

Les 6 programmes

Jeudi 1er août, 21h
Saint-Barthélemy, église
Masques / Concerti

 

Vendredi 2 août, 21h Luxeuil-les-Bains, basilique Saint-Pierre et Saint-Paul
Masques / Sommeils

 

Samedi 3 août, 21h Luxeuil-les-Bains, basilique Saint-Pierre et Saint-Paul
Emmanuel Arakélian et Julien Freymuth / Magnificat

 

Dimanche 4 août, 11 h
Melisey, chœur roman
Florent Marie / L’Italie miroir de l’Europe

 

Dimanche 4 août, 15 h
Amage, moulin Saguin
Les Timbres / La Tournée !

 

Dimanche 4 août, 21h Luxeuil-les-Bains, basilique Saint-Pierre et Saint-Paul
Masques / Acis & Galatea

 

 

Présentation / Entretien

Lire aussi notre présentation du 31ème festival MUSIQUE & MÉMOIRE 2024, et les temps forts / entretien avec Fabrice Creux :

(88) 31ème FESTIVAL MUSIQUE & MEMOIRE, du 18 juillet au 4 août 2024. Les Meslanges, Les Traversées Baroques, Masques…

 

Lien direct vers notre entretien avec FABRICE CREUX à propos de la 31e édition du Festival MUSIQUE & MÉMOIRE : https://www.classiquenews.com/festival-musique-memoire-2024-entretien-avec-fabrice-creux-fondateur-et-directeur-artistique-a-propos-de-ledition-2024/

 

PORTUGAL. 5ème OPERAFEST LISBOA & OEIRAS > du 22 août au 11 septembre 2024. Cavalleria Rusticana, I Pagliacci, Don Giovanni, Le Petit Poucet, création de la cantate « Torment » pour les 500 ans du poète Luís Vaz de Camões…

Depuis 5 ans déjà, Lisbonne accueille un festival lyrique hors normes, attachant et surprenant, dont la programmation ose l’esprit de défrichement, tout en programmant les piliers du répertoire opératique… La 5ème édition d’Operafest Lisboa a pour thème en 2024, « BASIC INSTINCT » illustrant son propos passionnel, voire tragique, avec les opéras italiens véristes les plus populaires : « Cavalleria Rusticana » et « I Pagliacci »… un rendez-vous qui ne se manque pas ! Le festival allie exigence et originalité, dirigé par la soprano Catarina Molder, et produit par l’Opera do Castelo. C’est LE rendez-vous lyrique incontournable de l’été à Lisbonne.

 

Nouveauté cette année : l‘Operafest Lisboa 2024 s’étend ainsi à la ville voisine d’Oeiras, dont il investira les somptueux Jardins du Palácio Marquês de Pombal, cadre onirique et enchanteur, à l’orée de Lisbonne, pour les deux chefs-d’œuvre du verismo italien : « Cavalleria rusticiana » de Pietro Mascagni et « I Pagliacci » de Rugggero Leoncavallo, deux drames aussi intenses qu’ils sont courts (et qui donc peuvent être programmés en une seule soirée – forcément magique). Les spectateurs pourront écouter, entre autres, la soprano portugaise Catarina Molder dans les rôles passionnants de Santuzza (pour Cavalleria Rusticana) et de Nedda (dans I Pagliacci).

 

Les plus jeunes pourront découvrir l’opéra « Petit Poucet » de la compositrice française Isabelle Aboulker, mais aussi « l’opéra des opéras » « Don Giovanni » de W. A. Mozart qui ravira amateurs et connaisseurs (à l’Amphithéâtre en plein air de la Fondation Calouste Gulbenkian). Et le Festival n’oublie pas de fêter les 500 ans du poète Luís de Camões, l’un des plus grands poètes de tous les temps et père de la langue portugaise, avec la création en Première mondiale de la Cantate « TORMENT », inspirée du Chant V du poème épique « Luisadas » (Triennale de Lisbonne, avec conférences, débats, ateliers…).

 

Bienvenus à l’Operafest – et dans monde tragique de l’opéra ! Fort en tempérament – et exemplaire dans ses prises de risques -, le Festival OPERAFEST LISBOA assume pleinement la veine tragique à l’opéra… pour preuve les 4 productions lyriques de cette 5ème édition, forte en rebondissements et caractères, contrastes et coups de théâtre, drame, passion et vertiges émotionnels (avec, en prime, une soirée festive « Attraction fatale » le 7 sept ; et aussi des leçons de chant lyrique pour tout amateur désireux d’en savoir plus sur la pratique vocale et l’expérience du chanteur / « Lyrich Machine : SINGING LESSONS FOR CURIOUS AMATEURS ») ; sans omettre plusieurs ciné-concerts qui mettent l’accent sur la réalisation d’opéras mis en scène par de grands poètes de l’image et du théâtre : Joseph Losey, Franco Zeffirelli

 

OPERAFEST Lisboa & Oeiras
22 août > 11 sept 2024
4 TEMPS FORTS LYRIQUES

 

CAVALLERIA RUSTICANA & PAGLIACCI
Mascagni & Leoncavallo
Les 22, 24, 26 août 2024, 21h
Palácio Marquês de Pombal Gardens – Oeiras
INFOS & RÉSERVATIONS : https://www.operafestlisboa.com/en/
Musical Director: Osvaldo Ferreira
Stage director: Mónica Garnel
Set design and costumes: Patrícia Costa
Lighting design: Sérgio Moreira

Turiddu: Andeka Gorrotxategi
Santuzza: Catarina Molder
Alfio: Christian Luján
Mamma Lucia: Carolina Figueiredo
Lola: Leila Moreso
Canio: Andeka Gorrotxategi
Nedda: Catarina Molder
Tonio: Jorge Martins
Silvio: Rui Baeta
Beppe: Bruno Almeida
Operafest Lisboa Chorus
Conductor: Filipa Palhares
Portuguese Philharmonic Orchestra

 

LITLLE THUMB / LE PETIT POUCET
Isabelle Aboulker, opéra conté
Les 28, 29, 30 et 31 août 2024, 21h
Palácio Marquês de Pombal Gardens – Oeiras
INFOS & RÉSERVATIONS : https://www.operafestlisboa.com/en/little-thumb-2024/

Stage Director: Sandra Faleiro
Musical director & piano: Francisco Sassetti
Set design and costumes: Patrícia Costa
Lighting design: Sérgio Moreira

Mother & Ogre’s wife: Beatriz Volante
Father & Ogre: Ricardo Rebelo Silva
Narrator: Joana Campelo
Children: Afonso Lebre, Duarte Nunes, Francisco Pereira, Inês Fofana, Joana Almeida, Júlia Sundquist, Miguel Mondril

 

 

DON GIOVANNI
Mozart
Les 30, 31 août, puis 2 et 4 sept 2024
Open-air Amphitheatre Gulbenkian
INFOS & RÉSERVATIONS : https://www.operafestlisboa.com/en/don-giovanni-2024-en/

Don Giovanni: Christian Luján
Leporello: Luís Rodrigues
Comendador: Nuno Dias
Donna Anna: Patrícia Modesto
Donna Elvira: Rafaela Albuquerque
Zerlina: Cecília Rodrigues
Don Ottavio: Alberto Sousa
Masetto: Tiago Amado Gomes

Operafest Lisboa Chorus
Conductor: Filipa Palhares
Orquestra de Câmara Portuguesa

 

                                                               TORMENT
CAMÕES 500 YEARS – Cantate pour les 500 ans de Luís Vaz de Camões
Création – Première mondiale
Opera Satellite | Creations
Les et 6 sept 2024, à 21h et 22h
Trienal de Lisboa
INFOS & RÉSERVATIONS : https://www.operafestlisboa.com/en/tormento-2024-en/

Creation & performer: Gustavo Sumpta
Music and Music director: Nuno da Rocha
Nova era vocal ensemble
Condutor: João Barros

 

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Mais aussi, Leçon de chant lyrique pour tous les amateurs… en 30 mn !

Lyrich Machine :
SINGING LESSONS FOR CURIOUS AMATEURS
Leçon de chant lyrique pour tous
Opera Satellite
Les 24, 25, 31 août, 1er sept 2024 à 11h et 18h
Palácio Marquês de Pombal ;
Les 7 et 8 sept 2024 à 11h et 18h
Sociedade de Instrução Guilherme Cossoul
INFOS & RÉSERVATIONS : https://www.operafestlisboa.com/en/lyric-machine-2024/

Lesson of 30 minutes
Also available in English
Price: 20€
Up to 30: 15€ (25% discount)
Tickets [email protected]
The lesson must be paid with the reservation

 

 

RAVE OPERATIQUE / SOIRÉE SPÉCIALE
Operafest Lisboa 2024
RAVE OPERÁTICA / « ATRACÇÃO FATAL / ATTRACTION FATALE »
Ópera Satélite
7  sept 2024 – 23h00
Titanic sur mer

Vous rappelez vous la rave emblématique dans « Attraction fatale » ? Place à ne grande soirée festive (avec le dress code « sexy »), pour clôturer la 5ème édition du Festival, une célébration qui fusionne opéra, électronique, pop, afro et dance music, avec des performances de l’enapá 2000, le groupe de danse moderne « Bateu Matou » et la déesse urbaine Dj Nídia et plusieurs surprises opératiques inoubliables. Laissez vous surprendre !
INFOS : https://www.operafestlisboa.com/pt/raveoperatica-2024/

 

 

 

TOUTES LES INFOS sur la programmation, le détail des distributions et des opéras à l’affiche de la 5ème édition d’OperaFest Lisboa & oeiras :
https://www.operafestlisboa.com/en/

 

TEASER VIDÉO OPERAFEST LISBOA & OEIRAS 2024:
https://youtu.be/Xfwg-_5v69A

 

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CRITIQUE, festival. BAD WILDBAD (Allemagne), 35ème « Rossini in Wildbad – Belcanto Opera Festival » (Kurtheater), le 28 juillet 2024. ROSSINI : L’Italiana in Algeri. P. Anikina, D. Özkan, H. Kim, F. Bossi… Jochen Schönleber / José Miguel Pérez-Sierra.

 

Au lendemain d’une savoureuse représentation du facétieux Comte Ory, dans le cadre du “Rossini in Wildbad – Belcanto Opera Festival”, c’est à une Italienne à Alger non moins drolatique et réussie que nous avons eu la chance d’assister, dans le bel écrin du Kurtheater (200 places) – autrement agréable pour les yeux comme pour les oreilles que le disgracieux et malsonnant Trinkhalle voisin, malheureusement beaucoup plus utilisé car on peut y accueillir deux fois plus de spectateurs…

 

 

Comme la veille, et pour tout spectacle donné en version scénique, c’est à nouveau le maître des lieux Jochen Schönleber qui se colle à la mise en scène, avec tout autant d’humour et de réussite que la veille. L’exiguïté des lieux permet encore moins la mise en place d’une scénographie lourde, et c’est avec “trois bouts de ficelle” que l’homme de théâtre allemand donne vie à cette “Italienne” qu’il transpose en Afrique du Nord pendant un Paris/Dakar auquel participe Isabella, mais qui tombe en rade en pleine course (mais dans une ville…) au volant de sa Fiat aux couleurs de l’Italie. Mustapha tient un Döner Kebap dans le coin, et il recueille la naufragée dont il tombe raide dingue à l’instant. Si ce n’est la lettre, l’esprit est conservé, et les gags filent bon train, dont le ballet des broches et autres hachoirs dans les mains de Haly et du chœur pendant la scène de menace d’empalement de Taddeo !

Les chanteurs réunis ici sont en grande partie ceux des jeunes talents de l’Académie BelCanto du Festival Rossini in Bad Wildbad (cette année dirigée par la légende du chant rossinien qu’est Raul Gimenez !), où ils peuvent développer leur potentiel vocal avec les parties vertigineuses et rapides dont est truffé l’opéra bouffe. Tous se coulent dans ce rythme haletant sans failles et sans défaillances, du premier au dernier. En Haly haletant, persécuté par le maître, Francesco Bossi, jeune baryton italien, est l’une de nos meilleures découvertes, tant l’acteur est incroyable, et la voix superbement projetée et timbrée. En barbon berné, Emmanuel Franco campe un Taddeo au superbe timbre, voix large et agile, doublé d’un jeu d’une grande drôlerie également. Mais c’est la basse Turque Dogukan Özkan qui est la révélation du spectacle, incarnant un Mustafa infatué, inénarrable dans le jeu et le chant : il se tire avec aisance des diaboliques staccati volubiles et virtuoses du rôle ; sans esbroufe, il s’ébroue dans les trilles, grimace dans le son sans préjudice de la musique. Il est le tyran content de l’être, redoutable et ingénu. En Lindoro, le ténor coréen Hyunduk Kim possède la grâce rossinienne dans la voix et l’agilité, deux qualités qui lui permettent un parfait « Languir per una bella », avec tout le moelleux requis dans les aigus de son grand air. 

Malgré le rôle trop bref de Zulma, la mezzo espagnole Camilla Carol Farias laisse percevoir la beauté d’un timbre prometteur. Quant à la soprano ukrainienne Oksana Vakula, elle est une belle Elvira, exaspérée, désespérée et touchante même dans son hystérie de femme soumise au caprice de l’homme : sous le voile bouffe, le drame. La ruse étant l’arme des faibles, Isabella sera une justicière des femmes en payant l’homme de sa pièce : elle est campée, pimpante, piquante, coquine, taquine, câline, sensuelle, à croquer par la mezzo russe Polina Anikina, plastique de rêve dont elle joue, en plus d’une voix voluptueuse de velours, ronde, profonde, charnue, égale sur tous ses registres, aux aigus éclatants. Les vocalises les plus acrobatiques de Rossini, elle donne perlées, détachées par le staccato, avec une précision et une musicalité admirables. 

En fosse, dès la fameuse ouverture, ces sortes de pas de loup feutrés qu’on croirait d’une anticipation de malicieuse musique de dessin animé, ponctués fermement, à peine interrompus par la ligne voluptueuse de la clarinette, avant que le crescendo, l’accélération vive, nerveuse, rieuse, qui deviendra l’un des traits typiques de Monsieur « vaccarmini », ne s’empare en fièvre grandissante de l’orchestre, course, cavalcade, galop effréné, on sent que le chef espagnol José Miguel Pérez-Sierra – à la tête de l’Orchestre Szymanowski de Cracovie (présent en fosse pour toutes les concerts ou représentations avec orchestre du festival) – tient sa baguette comme une cravache, chevauche en maître cette musique menée à un train d’enfer : sans temps mort, mais tendre et voluptueux dans les airs amoureux ; enjoué, vif, le tempo est d’une vitalité exaltante, électrique et dynamique. Sur un nappage de cordes transparentes, il pointe les piccolos pépiants, flûtes futées et affûtées, tout l’humour piquant de Rossini en somme, avec une netteté de dessin, ciselé, et un sens de la dynamique pétaradant et trépidant : tout est là dans sa légèreté juvénile et vivifiante.

Bravi tutti !

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CRITIQUE, festival. BAD WILDBAD, 35ème « Rossini in Wildbad – Belcanto Opera Festival » (Trinkhalle), le 28 juillet 2024. ROSSINI : L’Italiana in Algeri. P. Anikina, D. Özkan, H. Kim, F. Bossi… Jochen Schönleber / José Miguel Pérez-Sierra. Photos (c) Patrick Pfeiffer.

 

VIDEO : William Matteuzzi chante l’air « Languir per una bella » extrait de « L’Italienne à Alger » de Rossini

 

LIVRE D’ÉTÉ. Catherine NEYKOV :  » Sinfonietta en ré majeur ». FEUILLETON 2 / 4 – Colombe et le récital de Mathias Wolff

Dans ce second volet de notre feuilleton dédié au dernier roman musical de Catherine NeykovSinfonietta en ré majeur »), tous les musiciens et les membres du Bureau sont sur le pont, plus impliqués que jamais pour résoudre les nombreux impondérables et défis d’une académie de musique doublée d’une série de concerts publiques.
Ces « mardi 26 et jeudi 27 juillet », l’activité bat son plein. Les équipes du Festival préparent le grand concert du soir. L’auteure dévoile les coulisses d’un événement musical qui doit accueillir les spectateurs dans les meilleures conditions. Sur un rythme trépidant ( celui d’une « Toccata », sous-titre du chapitre), chacun s’affaire ; et malgré les temps de préparation, des contraintes nouvelles, des imprévus entravent la bonne marche ou brouillent les esprits, certains rattrapés par les rebondissements de la vie personnelle.

 

 

Colombe et le récital du virtuose Mathias Wolff

L’héroïne Colombe, éprouvée par des problèmes inextricables de famille, aiguise en réalité son discernement ; en particulier sur les causes profondes qui affectent son jeu et les défauts de sa pratique violonistique ; son professeur Gustavo lui aussi, ne trouve plus la disponibilité annoncée pour la faire travailler…
Les événements se précipitent et dans l’accumulation même des faits relatés, s’exprime une accélération « musicale » du texte. Le point de préoccupation étant le concert du violoniste célèbre, « Mathias Wolff » ; sa venue exacerbe les relations comme, comportement déplacé voire choquant, le « président » qui passe ses nerfs sur les bénévoles (!) : tout cela sonne trop vrai pour ne pas être inspiré par des faits réels.

Riche en contrastes, souvent humoristiques, le texte scelle alors le destin de Colombe, esseulée, qui attend dans une salle de classe, la venue de son professeur (qui se fait excuser) ; seule et désespérée car elle a du se séparer de son violon Vuillaume, … la jeune instrumentiste est plus clarivoyante que jamais. Alors qu’au dehors, retentissent les cris de joie des spectateurs venus écoutés un spectacle d’opéra. Des doutes surgissent chez la jeune femme : pourra-t-elle jamais résoudre ses problèmes techniques ?

Le contraste avec ce qui suit est d’autant plus fort. L’évocation du récital de fameux Mathias Wolff, virtuose célébrissime qui fusionne « la vivacité d’Heiffetz et la tendresse de Menuhin » (rien que cela) affirme à l’inverse de Colombe, une figure impériale, flamboyante voire excessive, lisztéenne et paganinienne : « regard noir intense sous ses cheveux longs »… On croirait alors que le texte décrit précisément alors un soliste actuel aux mêmes caractéristiques (!).
Le texte est ainsi truffé de références indirectes à des personnages réels (et des situations qui ne le sont pas moins). Tout est juste, rythmé, prenant.

 

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Sinfonietta en ré majeur de Catherine Neykov (Le Lys Bleu éditions) – Lire notre présentation / annonce – Lire aussi le feuilleton 1 de « Sinfonietta en ré majeur » – Livre de l’été 2024, Coup de cœur de la Rédaction, CLIC de CLASSIQUENEWS été 2024

 

 

LIRE aussi notre FEUILLETON 1 / 4 : Sinfonietta en ré majeur de Catherine NEYKOV / Colombe en quête d’elle-même : https://www.classiquenews.com/livre-dete-catherine-nykov-sinfonietta-en-re-majeur-feuilleton-1-4-colombe-en-quete-delle-meme/

 

LIVRE D’ÉTÉ. Catherine NEYKOV : « Sinfonietta en ré majeur ». FEUILLETON 1 / 4 – Colombe en quête d’elle-même…

 

ORCHESTRES. L’ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE EN DANGER !

Dans un communiqué, les instrumentistes de l’Orchestre des Pays de Savoir ont exprimé leur consternation suite à la déclaration formulée en juin 2024 par le Département de Savoie qu’il suspendait les subventions allouées à l’Orchestre depuis 40 ans. Une décision brutale et incompréhensible, d’autant plus mal ressentie que l’Orchestre devait fêter en 2025, ses 40 ans justement.

 

Voici le communiqué, transmis par les musiciens de l’Orchestre des Pays de Savoie :

« En juin dernier, nous avons appris avec consternation la volonté du département de Savoie de suspendre les subventions qu’il attribue à l’Orchestre des Pays de Savoie depuis 40 ans dès janvier 2025.
Cela représenterait une perte d’environ 360.000 euros, soit ¼ des financements publics de l’Orchestre qui se trouve déjà dans une situation délicate. 34 salarié·es permanent·es risquent ainsi de se retrouver sans emploi si la saison 2025 ne voit pas le jour faute de moyens.
Depuis 1984 date de sa création, l’Orchestre des Pays de Savoie parcourt les territoires pour porter une offre culturelle d’excellence à des publics diversifiés, des grandes scènes internationales aux petits villages de Savoie et Haute-Savoie, des établissements scolaires aux crèches en passant par les maisons de retraite et les prisons… Avec 80 concerts par an, il est un acteur essentiel et unique de la formation des jeunes musicien.ne.s et de la sensibilisation des publics à la musique classique dans un esprit de partage et d’exigence artistique.
La Fédération CGT du Spectacle, le SAMPL-CGT et le Synptac-CGT demandent à l’ensemble des tutelles une intervention rapide afin de trouver une issue à la pérennisation financière de cet orchestre de qualité.
Si la situation n’évolue pas rapidement, l’Orchestre des Pays de Savoie ne sera pas en mesure d’assurer sa saison anniversaire 2024 / 2025 ».

Les musiciens de l’Orchestre des Pays de Savoie

 

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PÉTITION

Pour soutenir l’Orchestre des Pays de Savoie, vous pouvez SIGNER LA PÉTITION EN LIGNE « pour que vive l’Orchestre des Pays de Savoie », ici :
https://www.change.org/p/pour-que-vive-l-orchestre-des-pays-de-savoie

Déjà plus de 3000 signatures fin juillet 2024

 

LIRE aussi

Les dernières actualités de l’Orchestre des Pays de Savoie : https://orchestrepayssavoie.com/actualites/