Tous les spectacles à l’affiche (concerts, opéras, ballets, récitals, festivals mais aussi hommages, célébrations, concours et galas …) sont minutieusement analysés par la » Rédaction spectacle vivant » de classiquenews. Voici les meilleures propositions que nous avons souhaité couvrir, où nous étions, spectacles et plateaux qui méritent un témoignage, un compte rendu, un éclairage critique. A lire, pour connaître toutes les raisons pour lesquelles il fallait y être …
Comptes-rendus, critiques de spectacles
sommaire
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DISCERNEMENT, EXPLICATIONS… Ici, la Rédaction de CLASSIQUENEWS distingue l’essentiel et le captivant, l’innovation et la prise de risque… ou bien aime remettre les choses au point sur un spectacle ou un artiste … Suivez le travail des interprètes : chanteurs, instrumentistes, chefs qui font l’actualité et retiennent l’attention des rédacteurs de CLASSIQUENEWS…
LIRE ici nos COMPTES RENDUS antérieurs : 2018, 2017 à 2013
2019
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DÉCEMBRE 2019
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COMPTE RENDU, concert baroque. PARIS, Philh le 21 déc 19. 40 ans des ARTS FLO / W Christie / P Agnew. D’une soirée inoubliable, ne retenons que l’essentiel. Après une première partie copieuse, dédiée aux baroques anglais, sorte de chauffe progressive aux jalons savoureux dont des Haendel réjouissants, certains en italien (Alcina), la seconde partie gagne un surcroît d’implication comme de jeu complice, cette fois en jardin français : au programme précisément, Charpentier puis Rameau. D’abord, de Marc-Antoine, les interprètes chantent et jouent douceur et tendresse lumineuses des … Arts Florissantsjustement, oratorio qui leur a donné leur nom depuis la création de l’ensemble en 1979, où perce le dard ciselé, suave de la soprano visiblement enivrée par l’événement anniversaire Sandrine Piau…
Pour les 40 ans des Arts Flo…
De Bill à Paul Agnew : une passation réussie
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COMPTE-RENDU, concert. TOULOUSE, le 16 déc. 2019. MOZART et l’OPERA ! LIBERTA. Pygmalion. R. Pichon. Raphaël Pichon poursuit son exploration des coulisses des grands compositeurs comme il aime à le raconter. Après Bach et Rameau le voici habité par la fougue mozartienne. Nous avions admiré son extraordinaire interprétation du Requiem de Mozart au sein d’un spectacle complet associant d’autres partitions vocales ou instrumentales en un spectacle porteur d’une immense émotion. Lire notre chronique : Compte-rendu. Concert. Toulouse, le 14 mars 2018. MOZART:Requiem. Pygmalion / Pichon. Ce soir l’intelligence de la construction du programme subjugue. L’énergie musicale partagée est rare ; l’allégresse qui gagne le public, un diamant. Débutant le concert sans cérémonie mais en faisant passer les artistes du statut pose lors d’une répétition à celui du cérémonial du concert petit à petit. Le canon débuté par une soprano, puis l’autre puis par la mezzo prépare l’oreille à la plus grande beauté. Car ce qui est frappant est la qualité musicale, instrumentale comme vocale de chaque pièce du programme. Raphaël Pichon donne une impulsion dramatique d’une terrible efficacité.
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. GENEVE, le 15 déc 2019. RAMEAU : Les Indes Galantes. L Steier / LG Alarcon. Après avoir défendu l’œuvre à l’opéra Garnier de Paris (sept 2019, lecture iconoclaste et vide de sens de Clément Cogitore), – proposition marquante par son déficit de cohérence sur le plan scénique, riche en effets gadgets, pauvre en lecture forte, détruisant l’unité poétique de Rameau et l’insolence de sa musique, revoici l’opéra-ballet, les Indes Galantes par le chef argentin Leonardo García Alarcón, à Genève cette fois, et autrement plus cohérent, même si la mise en scène de Lydia Steier met à mal le cadre de l’œuvre baroque.
Rameau es-tu là ?
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PARIS, BARTOLI, FARINELLI
COMPTE-RENDU, critique. PARIS, le 15 déc 2019. Récital Cecilia Bartoli : FARINELLI (Musiciens du Prince / G Capuano). A Paris, la mezzo romaine Cecilia Bartoli incarne le légendaire Farinelli, accompagnée de ses « Musiciens du Prince » sous la baguette du chef baroque, Gianluca Capuano (lequel avait réalisé avec le duo Caurier / Leiser, un Couronnement de Poppée / Incoronazione du Poppea de Monteverdi, mémorable à l’Opéra de Nantes oct 2019). La diva ne paraît pas grimée en homme barbu, – testostéronée telle qu’elle pose en couverture de son cd FARINELLI édité début novembre 2019 chez Decca… Dommage. Mais pour mieux exprimer la charge hautement dramatique de chaque rôle, la diva comédienne, sait changer de costumes selon les airs sélectionnés, profitant des « pauses » purement instrumentales, qui rythment aussi le récital parisien.
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. LYON, le 13 déc 2019. OFFENBACH, Le Roi Carotte. Orchestre et chœur de l’opéra de Lyon, Adrien Perruchon. Reprise très attendue de la magnifique production donnée à Lyon en 2015. Avec une distribution légèrement modifiée, la magie opère toujours autant. Une des grandes réussites offenbachiennes de ces dernières années. Sur scène, des décors à la fois sobres et monumentaux de Chantal Thomas, compensés par une richesse des costumes et des accessoires (cagettes, panier à salade, presse-purée, Vésuve en miniature…), qui finiront par susciter un véritable enchantement visuel. On se délecte toujours autant de cette parodie de conte de fées inspirée au départ par un conte d’Hoffmann, décidément attaché à Offenbach. Mais le génie parodique du compositeur nous éloigne assez vite de l’univers fantastique, parfois inquiétant, de l’écrivain allemand.
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COMPTE-RENDU, critique, concert. AVIGNON, le 13 déc 2019. Orch Régional Avignon-Provence, M Milstein (violon), P-J De Boer (direction). Compte-Rendu, concert. Avignon, la FabricA, le 13 décembre 2019. Orchestre Régional Avignon-Provence, Maria Milstein (violon), Pieter-Jelle De Boer (direction). C’est encore une riche saison que propose l’Orchestre Régional Avignon-Provence, toujours présidé par l’infatigable Philippe Grison, et décentralisé ce soir au Théâtre La FabricA, l’un des hauts lieux du Festival de théâtre estival. Comme souvent à Avignon, la première partie fait place à une œuvre de musique contemporaine, une pièce de Henri Dutilleux intitulée « Mystère de l’instant » (1989). Le chef belge Pieter-Jelle De Boer, avec une battue à la fois souple et précise, rend parfaitement le lyrisme et la poésie de la partition, sans que le soin apporté dans la mise en place des passages les plus complexes ne vienne brider le propos.
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COMPTE-RENDU, concert. TOULOUSE, le 7 déc 2019. F. LISZT. D. CHOSTAKOVITCH. L. DEBARGUE, ONCT. T. SOKHIEV. Le concert a permis de constater combien le jeune pianiste Lucas Debargue a tenu les promesses que son jeu virtuose avait fait deviner. En effet nous l’avions entendu en 2016 à Piano aux Jacobins puis en 2018 à La Roque d’Anthéron. Nous disions notre admiration et l’attente de la maturité pour gagner en musicalité. Nous y sommes et pouvons affirmer que Lucas Debargue a atteint un bel équilibre aujourd’hui. Ce premier concerto de Liszt, compositeur-virtuose célèbrissime est représentatif de ses excès de virtuosité comme de son génie rhapsodique. Les moyens pianistiques et la musicalité au sommet sont nécessaires pour soutenir l’intérêt tout du long. En effet souvent la virtuosité seule sert le propos et la musique s’évanouit. Il faut également tenir compte de la personnalité de Tugan Sokhiev à la tête de son orchestre. Le chef Ossète est un fin musicien et un grand admirateur des solistes invités, lui qui toujours est attentif à les mettre en valeur.
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Compte-rendu critique, opéra. Paris. Auditorium Saint-Germain, le 8 décembre 2019. Jacques Offenbach : Les Géorgiennes. Marine Gueuti, Mathieu Guigue, Agnès Maulard, Didier Chalu. Laurent Zaïk, direction musicale. Renaud Boutin, mise en scène. Par notre envoyé spécial Narcisso Fiordaliso. Né en 1936, le Groupe Lyrique des PTT de Paris monte chaque année une opérette, devenue au fil des ans une véritable institution parisienne. Renommée sobrement « Le Groupe Lyrique », la compagnie, composée uniquement de chanteurs amateurs de haut niveau, se lance cette fois dans un défi sans précédent : fêter en 2019, le bicentenaire de la naissance d’Offenbach en redonnant vie à un opéra-bouffon inédit du “Petit Mozart des Champs-Elysées”. Créé en 1864 au Théâtre des Variétés, Les Géorgiennes connaîtra un beau succès, jusqu’à l’Allemagne, Vienne et même New-York lors de la tournée américaine du compositeur. Et puis plus rien… jusqu’à aujourd’hui.
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Compte-rendu critique, opéra. MADRID. Teatro Real, le 6 décembre 2019. Vincenzo Bellini : Il Pirata. Sonya Yoncheva, Javier Camarena, George Petean. Maurizio Benini, direction musicale. Emilio Sagi, mise en scène. Et si le Teatro Real de Madrid était la première scène belcantiste du monde?Quelle autre maison sur la planète peut se targuer de parvenir à monter le terrible Pirata de Bellini avec trois distributions de haut vol? Nous n’avons hélas pu applaudir que la première, mais quel plateau ! Le théâtre madrilène ouvre grand ses portes à Javier Camarena pour devenir peu à peu le port d’attache du ténor mexicain. Plus encore, il offre au chanteur l’occasion d’aborder dans ses murs des rôles importants du répertoire romantique italien.
Yoncheva / Camarena, duo saisissant
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COMPTE-RENDU, critique, concert. PARIS, salle Cortot, le 2 déc 2019. Le temps retrouvé / Li-Kung Kuo (violon), Cédric Lorel (piano). Au cœur du chambrisme français. Chausson, Saint-Saëns, Hahn, Ysaÿe… le duo Li-Kung Kuo (violon), Cédric Lorel (piano) à la faveur de leur récent cd édité par Cadence Brillante, intitulé « Le temps retrouvé » (récompensé par le CLIC de CLASSIQUENEWS), souligne l’âge d’or de la musique de chambre en France au temps de Proust dont ils ont proposé une certaine idée du goût musical, propre à la Belle-Epoque. Il n’y a aucun doute sur la qualité de cette musique évocatrice e poétique et l’on s’étonne toujours de ne pas l’écouter plus souvent dans les salles de concert.
Mille et une nuances du chambrisme français
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NOVEMBRE 2019
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COMPTE-RENDU, concert. BOULOGNE-BILL, la Seine Musicale, le 30 nov 2019. Haendel : Glory. Le Palais Royal. Jean-Philippe Sarcos, direction. Jean-Philippe Sarcos dirige son ensemble Le Palais royal (fondé en 2010) dans un programme de célébration, à caractère officiel car il s’agit des musiques de circonstances composées pour ses protecteurs Georges II et son épouse la reine Caroline. Chant exclamatif et majestueux pour le couronnement des souverains (1727, Coronation Anthems), surtout enchaîné sans entracte, le très rare Te Deum de Dettingen, hymne ambrosien, qui célèbre la victoire remportée « à l’arrache » et de façon tout à fait imprévue voire rocambolesque par Georges II sur les français.
HAENDEL au cœur
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Compte-rendu, opéra. Paris, Opéra, le 28 novembre 2019. Borodine : Le Prince Igor. Philippe Jordan / Barrie Kosky. Opéra inachevé de Borodine, (portrait ci contre), Le Prince Igorsemble devoir enfin trouver une reconnaissance en dehors de la Russie, comme le prouvent les récentes productions de David Poutney (à Zurich et Hambourg) ou de Dmitri Tcherniakov à New York (voir le compte-rendu du dvd édité à cette occasion http://www.classiquenews.com/tag/borodine), et surtout l’entrée au répertoire de cet ouvrage à l’Opéra national de Paris, avec un plateau vocal parmi les plus éblouissants du moment. Si l’ouvrage reste rare, le grand public en connait toutefois l’un de ses « tubes », les endiablées Danses polovtsiennes, popularisées par le ballet éponyme de Serge Diaghilev monté en 1909. Comme à New York, on retrouve l’un des grands interprètes du rôle-titre en la personne d’Ildar Abdrazakov,…
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COMPTE RENDU, critique, opéra. PARIS, TCE, le 27 nov 2019. MOZART : Les Noces de Figaro. J RHORER / J GRAY. On l’attendait comme le loup blanc, mieux : comme le nouveau messie venu (enfin) renouveler le genre lyrique passablement éreinté par de faux metteurs en scène. Qu’allions nous alors (re)découvrir dans ces Nozze miraculeuses où brûle le désir et se consume l’amour en une transe collective, à la fois nostalgique et facétieuse ? Qu’apporte réellement à l’opéra, le cinéaste James Gray, lui qui à 50 ans, très marqué par le style intello esthète de l’Actor studio, a marqué le cinéma américain depuis une décennie, grâce à des cadrages et une photographie qui citent souvent … la modernité inusable d’un Degas ?
GRAY UN PEU GRIS…
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COMPTE-RENDU, opéra. TOULOUSE. CAPITOLE. Le 26 Novembre 2019. F. POULENC. DIALOGUES DES CARMELITES. O. PY. A. CONSTANS. A. MOREL. J DEVOS. J.F. LAPOINTE. J.F. VERDIER. Cette belle production d’Olivier Py avait déjà eu bien du succès au Théâtre des Champs Élysées à Paris, et au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles en 2013. La grande élégance stylisée des décors et des costumes y est pour beaucoup. La force également qui se dégage des éclairages et des mouvements puissants des décors à vue marquent durablement les esprits. Le jeu des chanteurs-acteurs est toujours sobre. Il y a comme une certaine distanciation en permanence qui évite toute émotion trop forte. L’intelligence, les symboles sont lisibles et le contexte historique de la Révolution Française est présent.
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COMPTE-RENDU, critique, concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 22 Novembre 2019. A. CLYNE. D. CHOSTAKOVITCH. E. ELGAR. S. GABETTA. ORCH. NAT. CAPITOLE / B. GERNON. En début de concert le jeune chef britannique Ben Gernon a choisi une composition de la jeune et talentueuse compositrice britannique Anna Clyne. La beauté de cette partition est un hommage passionné au poème de Baudelaire “Harmonie du soir”. Beauté sulfureuse au charme prenant, l’Orchestre du Capitole au grand complet participe à cet envoûtement paisible. Une très belle partition abordée avec clarté et précision par le jeune chef. Elle mérite vraiment d’entrer au répertoire des orchestres symphoniques car une telle plénitude, un tel charme qui est bien trop rare dans les premières pièces des programmes, permet d’entrer avec volupté dans toutes les beautés du monde sonore de la musique symphonique.
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COMPTE-RENDU. Concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 19 Novembre 2019. W.A. MOZART. J.BRAHMS. G. SOKOLOV. Chaque concert de Gregory Sokolov est à la fois inouï et … prévisible. Allure d’automate lorsqu’il marche, jeu pénétrant et d’une subtilité rare lorsqu’il se met au clavier, troisième partie offerte en bis aussi longue que les deux précédentes. Et avant tout cette véritable originalité de jeu dans un monde du piano classique… aux goûts souvent trop implicites. Sokolov va là où sa sensibilité le porte et cela ne peut laisser indifférent. Il m’est arrivé de ne pas aimer : une fois pour son concert Bach. Ce soir la majorité du public a été comblée surtout par la deuxième partie réservée à Brahms.
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COMPTE-RENDU CRITIQUE CONCERT Adélaïde FERRIÈRE, marimba, Matthieu COGNET, piano, Bastille Design Center, Paris, 18 novembre 2019. Le marimba, instrument à percussion, possède un répertoire restreint, du fait de son histoire récente. Son registre étendu, ses timbres, ses capacités polyphoniques et harmoniques inspirent depuis un petit siècle les compositeurs, mais aussi sont propices aux arrangements et transcriptions de tous les répertoires ou presque. C’est ce qu’Adélaïde Ferrière et Matthieu Cognet nous ont démontré brillamment le 18 novembre dernier dans ce nouveau lieu épatant pour la musique: le Bastille Design Center situé boulevard Richard Lenoir, dans une ancienne quincaillerie superbement réhabilitée.
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SEPTEMBRE 2019
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COMPTE-RENDU,concert.Festival Piano aux Jacobins. Cloître, le 19 septembre 2019. BEETHOVEN. SCHUMANN. SCHUBERT. A.LALOUM. Pour ce 40ème festival de Piano aux Jacobins les grands pianistes se succèdent à un rythme soutenu et même en choisissant avec soin, la splendeur continuellement renouvelée, ( cf. nos quatre compte rendus JACOBINS 2019 précédents), semble un miracle de stabilité dans notre monde en folie : une différente sorte d’excellence chaque soir ! De telles soirées aident à supporter les journées … Adam Laloum est peut-être parmi ces immenses pianistes celui qui se tient à une place à part, celle du coeur. Du moins pour moi ce concert l’aura été. Je connais bien la musicalité fine de ce pianiste depuis bientôt dix ans et je sais comment chaque fois j’en suis émerveillé. Que ce soit en soliste, en chambriste, en concertiste. Le récent festival de Lagrasse le montre en délicat chambriste, son récent concert de concertos de Mozart à la Roque d’Anthéron en a ébloui plus d’un par sa musicalité mozartienne épanouie, (concert à la réécoute sur France Musique). Ce soir dans l’auguste Cloître des Jacobins après tant de somptueux artistes, Adam Laloum a offert un concert parfaitement construit, dans un répertoire qui lui convient à la perfection.
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COMPTE-RENDU, Concert. Festival Piano aux Jacobins. Toulouse. Cloître des Jacobins, le 19 septembre 2019. W.A. MOZART. F. SCHUBERT, D.FRAY. Quelle différence de présentation du jeune pianiste à son public toulousain entre son dernier concert à la Halle aux Grains en novembre 2018, dans les concertos de Bach pour plusieurs claviers et ce soir … dans ce récital solo aux Jacobins. Si la joie et l’enthousiasme dominaient sa dernière apparition, ce soir dans le Cloître des Jacobins, c’est un homme sombre et tendu qui se met au clavier. Le choix du programme a dû avoir son importance car les trois partitions de Mozart qui ouvrent le programme sont très particulières. Toutes trois font partie des dernières pièces écrites par Mozart pour son cher piano et si il est acquis que Mozart n’est pas vu comme un compositeur révolutionnaire, ce rondo en la mineur et surtout cette fantaisie en do mineur dans leur isolement sont des oeuvres éminemment personnelles déjà par leurs tonalités mineures mais aussi dans leur forme.
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COMPTE-RENDU, opéra. STRASBOURG, Opéra National du Rhin, 18 septembre 2019. 4.48 psychosis. Philip Venables, compositeur. Gweneth-Ann Rand, Susanna Hurrell, Lucy Schaufer… Membres de l’orchestre philharmonique de Strasbourg. Richard Baker, direction. Ted Huffman, mise en scène. Création française de l’opéra contemporain « 4.48 psychosis » du compositeur queer Philip Venables, livret d’après le texte éponyme de l’auteure anglaise Sarah Kane. La création française est assurée par le chef d’orchestre Richard Baker, dirigeant chanteuses et instrumentistes (un ensemble composé des membres de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg). Seulement trois ans après sa création mondiale au Covent Garden à Londres (2016), nous avons droit à cette œuvre de grande justesse et intensité enfin sur le sol français !
« At 4.48, when depression visits, I shall hang myself »
/ à 4h48, quand viendra la dépression, je me pendrai…
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COMPTE-RENDU, Concert. Festival Piano aux Jacobins. Toulouse. Cloître des Jacobins, le 17 septembre 2019.S. PROKOFIEV. J. BRAHMS. N. ANGELICH. Nicholas Angelichest un grand homme. Taille haute certes mais surtout piano porté vers les plus hauts sommets de l’art. Le récital de Nicholas Angelich ce soir est marqué par une puissance expressive peu commune. Le colosse à l’âme sensible nous a livré dans un programme audacieux, une leçon d’interprétation de la musique de Prokofiev peu commune. Les Visions Fugitives qui ouvrent son programme sont un véritable kaléidoscope de sonorités variées, de nuances extrêmes, de virtuosité mise au service d’une expressivité totale. Les visions se déroulent dans une fluidité constante. Cela parle de l’enfance, des pulsions qui s’expriment et de la recherche de quelque chose qui échappe. La richesse de l’écriture pour piano de Prokofiev exulte sous ses doigts qui peuvent tout.
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COMPTE-RENDU CRITIQUE FESTIVAL LES SOLISTES À BAGATELLE, Fabrizio CHIOVETTA, piano, Henri DEMARQUETTE, violoncelle, 15 septembre 2019, Mozart, Murail, Schubert, Britten, Saariaho, Brahms. Ce week-end des 14 et 15 septembre, c’est la fête à Bagatelle. Celle des jardins et de l’agriculture urbaine, et celle de la musique dans l’orangerie. Un inhabituel comité d’accueil forment une haie d’honneur aux mélomanes: trois imposants et rutilants tracteurs sont au garde-à-vous à deux pas de l’entrée, et on espère seulement que tous beaux camions qu’ils sont ils sauront se taire pour la musique. On ne transige pas avec Mozart, surtout joué par Fabrizio Chiovetta….
FABRIZIO CHIOVETTA DONNE DES COULEURS À SA CARTE BLANCHE
Fabrizio Chiovetta originaire de Genève, est un pianiste discret au parcours remarquable. Issu de la Haute école de musique, il a été un disciple privilégié de Paul Badura-Skoda. Il joue à peu près partout dans le monde, et son disque Mozart (Aparté, 2017) a reçu le meilleur accueil du milieu musical. C’est avec son Rondo en la mineur KV 511 qu’il ouvre son récital. Une œuvre à part dans le répertoire pianistique du compositeur. Il faut y entrer dès les premières notes, les habiter dans leur dénuement, marquer le pas de cet andante sans trop en faire au risque de l’empeser, trouver la justesse, la simplicité, déshabiller les notes, le chant…La musique pour piano de Mozart est un magasin de porcelaines, où le moindre faux pas…Chiovetta dans une sonorité très contrôlée, sans que pour autant cela ne soit apparent, nous tient dans son intimité, attrape notre oreille avec son jeu feutré, nous transmet cette indicible et fragile émotion dont seule la musique de Mozart est capable, sans à aucun moment la briser, la compromettre. Il chante dans des nuances extrêmement fines et délicates, déroule avec fluidité les arabesques des variations, soupire, nous plonge dans les pensées d’un Mozart qui s’adresse à lui-même, et nous touche.
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COMPTE-RENDU, opéra. PARIS, Opéra Bastille, 14 sept 2019. PUCCINI : Madame Butterfly. Ana Maria Martinez, Marie-Nicole Lemieux, Giorgio Berrugi… Orchestre de l’opéra. Giacomo Sagripanti, direction. Robert Wilson, mise en scène. Retour de la mise en scène mythique de Madame Butterfly (1993) de Robert Wilson à l’Opéra National de Paris ! La direction musicale de l’archicélèbre opus de Puccini est assuré par le chef Giacomo Sagripanti. Une reprise qui n’est pas sans défaut dans l’exécution mais toujours bienvenue et heureuse grâce à la qualité remarquable de la production.
Madame Butterfly est l’opéra préféré de Puccini, « le plus sincère et le plus évocateur que j’ai jamais conçu », disait-il. Il marque un retour au drame psychologique intimiste, à l’observation des sentiments, à la poésie du quotidien. Puccini pris par son sujet et son héroïne, s’est plongé dans l’étude de la musique, de la culture et des rites japonais, allant jusqu’à la rencontre de l’actrice Sada Jacco qui lui a permis de se familiariser avec le timbre des femmes japonaises ! Si l’histoire d’après le roman de Pierre Lotti « Madame Chrysanthème » fait désormais partie de la culture générale et populaire, de propositions scéniques comme celle de Robert Wilson ont la qualité d’immortaliser davantage et l’oeuvre, et l’expérience esthétique et artistique que sa contemplation représente.
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COMPTE-RENDU, concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 14 septembre 2019. S. RACHMANINOV. S. PROKOFIEV. B. ABDURAIMOV. Orch.Nat.TOULOUSE. T. SOKHIEV. La rentrée de l’Orchestre du Capitole de Toulouse est toujours un événement attendu. Cette année il a semblé un instant que le public venu si nombreux n’allait pas pouvoir entrer dans la vaste Halle-aux-Grains. Mais tout c’est bien passé ; l’orchestre a pu s’installer au centre d’un public serré, attentif et heureux. Il n’est plus très bien vu de dire les qualités de cette salle de concert depuis qu’un projet de nouvel auditorium a pris vie. Mais l’un n’empêche pas l’autre et certes cette salle a ses limites mais elle a aussi de vraies qualités. Ce soir la température idéale a permis de sortir de la torpeur de la ville et de se préparer au concert. Cette présence du public de toutes parts permet à l’Orchestre de bien sentir sa présence.
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COMPTE-RENDU, critique. MEZT, Arsenal, le 13 sept 2019. Concert d’ouverture saison 2019 2020. Mozart : Symphonie n°41 « Jupiter » / BERLIOZ : Harold en Italie. Adrien Boisseau, alto. Orchestre National de METZ. David Reiland, direction. Très réussi et même passionnant premier concert du National de Metz à l’Arsenal : pour l’ouverture de sa nouvelle saison 2019 – 2020, l’Orchestre National de Metz jouait ce vendredi 13 septembre 2019, Mozart puis Berlioz sous la direction de son directeur musical, depuis septembre 2018, David Reiland. La 41è faisait ainsi son entrée au répertoire de la phalange messine ; un point important car il s’agit aussi pour le maestro d’élargir et d’enrichir toujours les champs musicaux des instrumentistes. David Reiland a dirigé la 40è ici même en 2015, alors qu’il n’était pas encore directeur musical. Le maestro nous offre deux lectures investies, abouties, étonnamment ciselées et vivantes.
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Compte rendu, opéra. Paris. Opéra Garnier, 12 septembre 2019. La Traviata, Verdi. Pretty Yende, Benjamin Bernheim, Ludovic Tézier… Orchestre de l’opéra. Michele Mariotti, direction. Simon Stone, mise en scène. Nouvelle production du chef-d’œuvre verdien, La Traviata, à l’affiche pour la rentrée 2019 2020 de l’Opéra National de Paris. L’australien Simon Stone signe une transposition de l’intrigue à notre époque, avec la volonté évidente de parler à la jeunesse actuelle. La soprano Pretty Yende dans le rôle-titre fait une prise de rôle magistrale, entourée des grandes voix telles que celles du ténor Benjamin Bernheim et du baryton Ludovic Tézier. L’orchestre maison est dirigé par le chef italien Michele Mariotti. Une nouveauté riche en paillettes et perlimpinpin, bruyante et incohérente parfois, malgré la beauté plastique indéniable de la soprano, les néons, les costumes hautes en couleur… le bijou reste invisible aux yeux.
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COMPTE-RENDU, Concert. Festival Piano aux Jacobins. Toulouse. Cloître des Jacobins, le 12 septembre 2019. F. CHOPIN. L.V. BEETHOVEN. C. DEBUSSY. P. KOLESNIKOV. Il ne fait rien comme les autres, Pavel Kolesnikov, et à 30 ans, ce phénoménal pianiste russe est arrivé à réveiller le public de Piano aux Jacobins, le sortir du rituel bien établi des douces soirées d’été. Kolesnikov casse en effet tous les codes. Mais de cet ouragan pianistique naît une véritable nouvelle écoute des œuvres aimées et que le public croyait connaître.
Que neni, tout semblera neuf ! Personne ne se permet de jouer d’une traite, sans respirer, cinq morceaux de Chopin puis la sonate au clair de Lune de Beethoven. Comme en état d’apesanteur le public, particulièrement silencieux jusque dans un long silence après la musique, exulte après le dernier accord de la sonate. Ce qui se passe dans un tel concert est l’abolition de toute possibilité de critique, voir d’analyse. Tout est immersion sonore, piano expérimental, moderne et inclassable. Sans recherche de style, de toucher différent, de couleurs informées, Pavel Kolesnikov est comme en transe. Il joue avec une facilité déconcertante, choisi généralement des tempi à la limite de la rupture. Tant dans la rapidité démoniaque que la lenteur en apesanteur. Le début de la sonate au Clair de Lune est hypnotique, le final presto agitato furioso. Son Chopin est chaloupé, dansant et étonnamment moderne dans des rythmes et des harmonies comme mise en lumière par un laser. Rien de joli ou d’agréable mais une sorte d’urgence et de fièvre, une beauté absolue du piano. Après l’entracte qui permet au public de retrouver ses habitudes mondaines, le retour du pianiste va le changer en public bien peu distingué, si, si ….
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Compte-rendu, Opéra. Genève, Grand-Théâtre, le 11 septembre 2019. Einstein on the beach de Philip Glass. Chœur et Orchestre de la Haute Ecole de Musique de Genève. Daniele Finzi Pasca (mise en scène). Titus Engel (direction). Quasiment personne (on compte seulement une ou deux tentatives…) n’avait osé s’affronter au mythe que constitue « Einstein on the Beach », œuvre-monstre du duo Philipp Glass / Robert Wilson créée au Palais des Papes à l’été 1976. Pour marquer d’un grand coup son premier mandat à la tête du Grand-Théâtre de Genève (après dix années passées à celle de l’Opéra des Flandres), le suisse Aviel Cahna choisi ce titre, et a proposé au Suisse Daniele Finzi Pasca (à qui l’on doit les Cérémonies des jeux olympiques de Sotchi ou, plus récemment, la fameuse Fête des vignerons de la voisine Vevey) de mettre en images ce véritable OLNI (Objet Lyrique Non-Identifié).
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COMPTE-RENDU, Concert. TOULOUSE, Piano aux Jacobins, le 11 sept 2019. Récital N. GOERNER, piano. F. CHOPIN. G. FAURE. I.J. PADEREWSKI. Le pianiste Argentin Nelson Goerner est un musicien que j’apprécie beaucoup et dont j’ai régulièrement la chance de rendre compte. Ce soir le changement de programme bien compréhensible, les choses sont annoncées presque un an à l’avance, a eu plus d’importance que prévu. Enlever toute œuvre de LISZT est décevant pour ceux qui voulaient entendre des pièces de ce compositeur. Mais il fallait laisser une chance au compositeur remplaçant. Il faut, et ce n’est pas lui faire injure, reconnaitre que Paderewski n’a tout simplement pas l’envergure de Liszt. Excellent pianiste, Paderewski a été un grand interprète de Chopin déprit le monde et nous lui devons l’organisation de son catalogue, mais la musique de Paderewski, du moins dans cette composition, apparait bien conventionnelle et sans charme.
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COMPTE-RENDU, critique, piano. BAGATELLE, FESTIVAL LES SOLISTES À BAGATELLE, le 8 sept 2019. Récital Anastasia VOROTNAYA, Paolo RIGUTTO. Le festival Les solistes à Bagatellemet du baume au cœur des parisiens en cette rentrée de septembre, atténuant un temps la nostalgie du temps des vacances. Il fait encore beau et fouler le gravier des allées bordant la roseraie encore bien fleurie et parfumée, entre deux concerts d’après-midi, est un plaisir dont on ne se prive pas. Le 8 septembre, deux jeunes pianistes se sont produits en récital dans l’Orangerie : Anastasia VOROTNAYA et Paolo RIGUTTO.
Le festival est attaché à ses particularités: celle de donner à découvrir de jeunes artistes, lors de concerts-tremplin, et celle de faire entendre au cœur de chaque programme une œuvre contemporaine. La pianiste russe Anastasia Vorotnaya à 24 ans a déjà fait, ou presque, le tour du monde, invitée par de nombreuses et prestigieuses scènes internationales. Formée au conservatoire de Moscou, puis auprès de Dimitri Bashkirov à Madrid, elle poursuit son perfectionnement actuellement à Kansas City (USA). Ce samedi, on fait sa connaissance avec César Franck, Carl Vine, et Sergei Rachmaninoff, qu’elle a inscrits à son programme. Pour commencer elle joue Prélude, Choral et Fugue de Franck. On est dès lors saisi par la profondeur de ton, le climat qu’elle instaure dès le début du prélude. Elle joue dans le fond du clavier, dose admirablement les sonorités, la progression dynamique, en retenant le jeu pour mieux l’ouvrir sur la Fugue, orchestrale.
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AOÛT 2019
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ENTRE PIERRES, MER ET CIEL : LES VOIX ANIMÉES
COMPTE-RENDU, concert. TOULON, le 23 août 2019. Les Voix animées : Nymphes des bois. Le chant d’Orphée attendrissait les bêtes, faisait pleurer les rocs. Les Voix animées animent les pierres de la Tour Royale, les font chanter.
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COMPTE-RENDU, concert. Le TOUQUET Paris-plage, Festival des Pianos Folies, le 18 août 2019. Récital Boris Berezovsky, piano.… SCRIABINE, RACHMANINOV. Par notre envoyé spécial MARCEL WEISS
« Je vous appelle à la vie, ô forces mystérieuses » : cette invocation, placée en exergue de la Sonate n°5 de Scriabine, semble défier les interprètes assez imprudents pour partager la quête mystique de son auteur. Dès l’andante cantabile de son premier Poème, Boris Berezovsky en tient la gageure par son jeu tout de suggestion et la délicatesse de son toucher. Les pièces suivantes de Scriabine flirtent avec une vision idéalisée de l’érotisme, symbolisée par l’accord de Tristan énoncé dans la Sonate n°4, une œuvre encore résolument heureuse, débordante d’énergie, que Berezovsky empoigne à bras le corps. Thème amplifié dans l’arachnéenne « Fragilité », la valse évanescente de « Caresse dansée » et le tempétueux « Désir ».
D’un seul jet, la Sonate n°5, contemporaine du « Poème de l’extase », accumule les difficultés et les indications de tempo, dans un sentiment général d’urgence et de fièvre, traduit avec maestria par un interprète halluciné, dominant les pièges techniques. Celui qui se présente parfois comme un chasseur poursuivant ces proies que seraient les notes semble en improviser le cours de manière agogique et non mécanique.
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COMPTE-RENDU,Concert. Festival de La Roque d’Anthéron 2019. La Roque d’Anthéron. Parc du Château de Florans, le 17 août 2019. L.V. BEETHOVEN. F.F. GUY. La grande connaissance de la musique de Beethoven par François-Frédéric Guy est bien connue au concert. Il a également enregistré probablement toute la musique de Beethoven pour piano, sonates, pour piano seul et à deux, musique de chambre et concertos. Son allure calme, sa concentration sereine donnent immédiatement un sentiment de sécurité. Il débute son concert avec la 16 ème des 32 Sonates de Beethoven. Elle possède donc une position centrale dans cette production prodigieuse. Alors qu’elle est contemporaine du déchirant texte du Testament d’Heiligenstadt ; elle paraît joyeuse et pleine d’humour. Comme si le grand homme voulait bien rendre compte de son plaisir à vivre en société que la surdité le condamnait à éviter. Le jeu de François Frédéric Guy est justement capable de rendre cette légèreté et cet humour. Même si le mouvement lent se rembrunit. La beauté de la sonorité nous ravit et la délicatesse des phrasés est également admirable.
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COMPTE-RENDU, concert. Le TOUQUET Paris-plage, Festival des Pianos Folies, le 17 août 2019. Récital Benjamin Grosvenor, piano. SCHUMANN, JANACEK, LISZT… Par notre envoyé spécial au Touquet, MARCEL WEISS. Dans son apparente simplicité, le « Blumenstück » de Schumann constituait une entrée en matière idéale pour saisir le style Grosvenor : recherche de la ligne de chant appropriée, attention au détail des différentes voix, le tout dans un tempo d’une grande souplesse.
Contraste pleinement assumé avec – sans transition – l’attaque brutale des « Kreisleriana » et l’entrée dans l’univers tourmenté d’un Schumann de 28 ans (à un an près l’âge de son interprète) écartelé entre exaltation amoureuse et mélancolie morbide, dans un jeu de double – Florestan le passionné et Eusebius le rêveur – dont on connait le dénouement tragique. Une bipolarité omniprésente dès la première pièce du recueil, Extrêmement agité, avec une section médiane rêveuse rapidement balayée par la tempête de l’âme.
Le jeu de Benjamin Grosvenor : virtuosité et poésie
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COMPTE-RENDU, concert. Le TOUQUET Paris-plage, Festival des Pianos Folies, le 16 août 2019. Récital Alexandre Tharaud, piano. GRIEG, BEETHOVEN, HAHN, RAVEL… Par notre envoyé spécial MARCEL WEISS… Un récital d’Alexandre Tharaud ressemble à une conversation entre gens de bonne compagnie. Conversation qu’il ouvre par une sobre présentation de son programme – comme toujours construit avec subtilité – et la justification de ses choix. En l’occurrence, l’envie de rassembler quatre compositeurs qu’il reconnait particulièrement adorer, en un hommage à la musique baroque, française notamment, dont il s’est montré par le passé un talentueux interprète. Grieg en premier lieu, des extraits de sa Suite Holberg dans sa version pianistique originale : à la cantilène sensuelle de la Sarabande succèdent l’andante religioso de l’Air, émouvant dans sa lumineuse simplicité, et une énergique et rustique Gavotte, sur fond de vielle à roue. Première démonstration d’un art accompli de la suggestion, fait de sonorités impalpables, sans jamais forcer le trait.
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COMPTE-RENDU, opéra. SALZBOURG / Salzburg Festspiel 2019, le 17 août 2019. OFFENBACH : Orphée aux enfers. Beekman, Desandre, Max Hopp… Barrie Kosky. Avec cette nouvelle production savoureuse, Salzbourg 2019 fête à son tour le bicentenaire Offenbach 2019, légitime offrande accréditée par la validation préalable du spécialiste JC Keck, auteur de l’édition critique des opéras du divin Jacques. Orphée apporte dans l’histoire de l’opéra, sa verve impertinent et bouffe, au délire déjanté, drôlatique, dont l’australien Barrie Kosky, par ailleurs directeur du Komische Oper Berlin (l’Opéra comique berlinois), fait un spectacle en tableaux bien caractérisés, dignes d’une revue musicale. Très inspiré par le rire délirant d’Offenbach, sa facétie volontiers lubrique et débraillée, Kosky prend la partition à la lettre et « ose » montrer ce que la partition exprime au plus profond : le goût de la luxure, l’érotisme paillard, la décadence orgiaque à tous les étages (de l’Olympe aux enfers) ; mais de cette traversée sauvage et libertaire, l’héroïne Eurydice apprentie au plaisir, apprend son émancipation ; d’objet sexuel échangé, entre Pluton qui l’enlève à Jupiter qui la butine au sens strict (déguisé en mouche abeille à l’acte II), la compagne ressuscitée d’Orphée se fait par sa seule volonté, bacchante et maîtresse de son plaisir.
Lubrique déjanté mais Eurydice libérée
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COMPTE-RENDU, récital de piano. La Roque d’Anthéron, le 14 août 2019. Festival International de piano de La Roque d’Anthéron. Parc du Château de Florans. Oeuvres de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Claude Debussy (1862-1928) . Par notre envoyé spécial YVES BERGÉ. Grand, mince, allure de gendre idéal, lunettes , costume clair, très classe, le pianiste trentenaire, originaire de Reykjavik, s’avance vers le public, micro à la main et explique, en anglais, qu’il est un heureux papa depuis quatre mois, ce qui a changé sa vie et l’a amené aussi à modifier quelque peu le programme. On n’entendra donc pas Les Tableaux d’une exposition de Moussorgsky, initialement prévus. Deux seuls compositeurs au programme : Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Claude Debussy (1862-1928). Ólafsson précise qu’il adore la Provence, la France et qu’il tient dans une très haute estime ces deux compositeurs majeurs.
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Compte-rendu critique, opéra. Sanxay. Théâtre gallo-romain, le 14 août 2019. Giuseppe Verdi : Aida. Elena Guseva, Irakli Kakhidze, Olesya Petrova, Vitaly Bilyy, In-Sung Sim. Valerio Galli, direction musicale. Jean-Christophe Mast, mise en scène – Vingt ans déjà que, dans un coin de France dépourvu de théâtre lyrique, les Soirées Lyriques de Sanxay proposent chaque été une œuvre du grand répertoire dans les ruines du Théâtre Antique, lieu magique à l’acoustique bluffante.
Vingt ans que Christophe Blugeon soigne amoureusement chaque édition et parvient, grâce à sa passion et son enthousiasme communicatif, à faire venir à lui des chanteurs a priori inaccessibles, réunissant ainsi des distributions dignes des plus grandes scènes internationales. Là aussi, on se dit que la magie n’est pas étrangère à ce petit miracle renouvelé chaque année. Par notre envoyé spécial Narcisso Fiordaliso.
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COMPTE-RENDU, concert piano. La Roque d’Anthéron, Parc du château de Florans, le 13 août 2019. Benjamin Grosvenor, piano. Schumann, Chopin, Liszt… Par notre envoyé spécial YVES BERGÉ… Depuis sa finale remportée au Concours de la BBC, à l’âge de onze ans, le jeune pianiste britannique, vingt-sept ans, originaire de Southend-on-Sea, dans le Comté de l’Essex, parcourt le monde et fascine par sa technique et sa sensibilité. Ce mardi 13 août 2019 au Festival International de piano de La Roque d’Anthéron, le jeune pianiste jouait des pièces essentiellement romantiques de Robert Schumann (1810-1856), Frédéric Chopin (1810-1839), Franz Liszt (1811-1886) et plus modernes de Leoš Janáček (1854-1928) et Sergueï Prokofiev (1891-1953).
Oeuvre de jeunesse de Robert Schumann, Blumenstück, littéralement morceau de fleurs ou par prolongement bouquet de fleurs, (Blumenstrauss) est écrit autour d’un seul thème, inlassablement varié ; beaucoup de grâce, de clarté dans le jeu du pianiste britannique qui n’en rajoute pas pour faire plus « romantique ».. (…) puis deuxième œuvre au programme : le cycle des Kreisleriana, opus 16, évoque le maître de chapelle Johannes Kreisler, personnage créé par Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822), familièrement orthographié E.T.A Hoffmann, écrivain romantique, écrivain, musicien, dessinateur ; Hoffmann inspirera de nombreux artistes dont le plus célèbre Jacques Offenbach qui lui consacrera son seul opéra non bouffe: Les Contes d’Hoffmann en 1881.
Schumann compose certainement, ici, ses plus belles pages pour le piano, s’identifiant tour à tour au mélancolique Eusébius ou au passionné Florestan, entre rêverie et impulsivité qui seront ses traits de caractères majeurs.
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COMPTE-RENDU, concert. La Roque d’Anthéron, Parc du château de Florans, le 13 Août 2019. R. SCHUMANN. F. CHOPIN. L. JANACEK. S. PROKOFIEV. V. BELLINI/F. LISZT. B. GROSVENOR. Le monde du piano classique ne cesse de pouvoir compter sur cette nouvelle génération très prometteuse de pianistes hyper doués techniquement, venant de tous pays. C’est ainsi que la programmation des plus grands festivals est toujours renouvelée. Cette année c’est la découverte du prodigieux Benjamin Grosvenor. Prodige qui à 11 ans jouait déjà avec les plus grands orchestres et a signé depuis chez Decca 4 disques remarquables d’intelligence.
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COMPTE-RENDU, concert piano. Festival International de Musique de Dinard, les 11 et 12 août 2019. Agnès Jaoui, comédienne, Claire-Marie Le Guay, Bertrand Chamayou, piano. Schumann, Ravel, Saint-Saëns, et la Comtesse de Ségur. La trentième édition du Festival International de Musique de Dinard est un cru exceptionnel. Claire-Marie Le Guay, sa nouvelle directrice artistique, l’a voulue festive, « fière de son histoire et tournée vers l’avenir ». Depuis le 10 août et jusqu’au 18, huit journées musicales (festival off et soirées) offrent la diversité de concerts dotés chacun d’une identité particulière. De la magie du concert d’ouverture, en plein air au parc de Port-Breton, au concert de clôture à l’église Notre-Dame, un public de tous âges, venu nombreux, aura partagé de belles émotions et de grands moments de joie musicale. Le 11 août, l’ambiance était à la fête pour les enfants, petits…et grands! Le 12 août, le pianiste Bertrand Chamayou donnait un mémorable récital.
EN FAMILLE AU CONCERT, AVEC CLAIRE-MARIE LE GUAY ET AGNÈS JAOUI
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COMPTE-RENDU, concert. Festival International de piano de La Roque d’Anthéron, le 9 août 2019. TCHAIKOVSKI, RACHMANINOV : A Malofeev, N Goerner. Orch Nat du Tatarstan. A Slakovsky. Le Festival International de piano de La Roque d’Anthéron nous conviait à une très grande et belle Nuit du piano. Deux compositeurs russes, un jeune pianiste russe éblouissant, un pianiste argentin solaire, un orchestre et un chef, exaltés. Par notre envoyé spécial YVES BERGÉ.
Une première partie consacrée à deux œuvres de Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893) et une deuxième à deux œuvres de Sergueï Rachmaninov (1873-1943). Deux concertos, deux œuvres symphoniques, équilibre parfait d’un diptyque somptueux. Alexander Malofeev, gamin surdoué de dix-sept ans, inaugure cette Nuit du piano. Premier Prix du Concours International Tchaïkovsky pour jeunes pianistes, salué par sa prestation exceptionnelle à quatorze ans, il joue le Concerto N°2 pour piano et orchestre en sol majeur opus 44 de Tchaïkovsky, sous la voûte spectaculaire de La Roque, et ses 121 cubes blancs qui en font l’une des acoustiques les plus jalousées des festivals de plein air. Moins célèbre que l’incontournable Concerto N°1 en Si bémol Majeur avec son premier mouvement et ses immenses accords qui parcourent tout le clavier et ce thème legato, d’une ligne mélodique puissante et si sensuelle, le Concerto N°2 (Tchaïkovsky en composera 3) est en trois mouvements, comme la plupart des concertos, dont la forme a été fixée à la fin de l’époque baroque.
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COMPTE-RENDU,Concert. Festival de La Roque d’Anthéron 2019. La Roque d’Anthéron. Parc du château de Florans, le 8 août 2019. S. RACHMANINOV. L. GENIUSAS. VARVARA. ORH DU TATARSTAN. A. SLADKOSKY. Les nuits du piano à La Roque sont toujours un événement car deux concerts se suivent. Dans un but de jouer « tout russe », en l’honneur de Rachmaninov, la soirée a été organisée avec un orchestre, un chef et deux pianistes russes. L’ Orchestre national symphonique du Tatarstan et son chef titulaire ont animé toute la soirée avec beaucoup d’énergie comme de puissance. Débutant le concert par le concerto le plus célèbre, le n°2, le jeune Lukas Geniusas, 29 ans, a d’emblée mis la barre très haut avec une introduction richement timbrée et un crescendo savamment organisé. Las, le chef avait décidé de lâcher toute la puissance de son orchestre, comme pour faire ses preuves. L’effet a été de noyer le soliste, sans pour autant mettre en valeur son orchestre. Il a fallu attendre le deuxième mouvement pour que le soliste et l’orchestre, sans trop d’interventions du chef, organisent un beau dialogue musical. Dommage car les sonorités de l’orchestre sont naturellement belles, il n’est pas besoin de forcer les choses.
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COMPTE-RENDU, danse. BIARRITZ, Gare du Midi, le 8 août 2019. Marie-Antoinette par le Malandain Ballet Biarritz. Après avoir signé des ballets somme toute plutôt abstraits avec Nocturnes ou La mort du Cygne, Thierry Malandain revient à une pièce « avec histoire » (à l’image de Cendrillon ou de La Belle et la Bête) avec sa dernière création : Marie-Antoinette. Commandé par Laurent Brunner pour l’Opéra Royal de Versailles où la spectacle a été donné en mars dernier, il revient pour la troisième fois (en ce mois d’août) à la fameuse Gare du midi de Biarritz (base du Malandain Ballet Biarritz), après y avoir déjà été créé in loco en novembre 2018, puis repris en juin dernier.
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COMPTE-RENDU, concert. BIARRITZ Piano Festival, Hôtel du Palais et Espace Bellevue, les 6 & 7 août 2019. Nuron Mukami (le 6) & Arcadi Volodos (le 7). Avant d’être totalement paralysée par le G7 qui s’y installera dans quelques jours, la ville de Biarritz bruissait de son désormais (très) couru Piano Biarritz Festival, qui fêtait sa 10ème édition entre les 29 juillet et 7 août derniers. Toujours ardemment défendu par son fondateur-directeur Thomas Valverde, le pianiste français continue avec talent de mettre à l’affiche autant la génération montante du piano international que les gloires reconnues, ce que prouvent les deux dernières soirées du festival avec les venues du jeune pianiste ouzbèque Nuron Mukumi (23 ans) et la star du clavier russe, Arcadi Volodos.
C’est dans l’un des magnifiques salons du célèbrissime Hôtel du Palais, construit sur les restes de la villa de l’Impératrice Eugénie, que se produit le premier artiste, déjà présent lors de la dernière manifestation basque. Dans une salle surchauffée où l’on avait omis de mettre la climatisation en route, c’est autant l’instrumentiste que le public qui en souffre, au point de le verbaliser lui-même. Est-ce ce petit aléa qui rend son toucher peu musical (bien que techniquement parfait…) dans les premières pièces qu’il interprète : Le Carnaval de Vienne de Schumann et Venezia e Napoli de Liszt (extrait des Années de Pèlerinage) ? Il faut le croire puisqu’il livre, en deuxième partie, une enthousiasmante exécution de la Sonate n°1 (en do majeur) de Johannes Brahms. Elle révèle, de la part de ce tout jeune artiste, une précoce et totale maîtrise de la forme et du son. Cette forme est pourtant particulièrement complexe, avec ses quatre mouvements très habilement structurés, ses emportements et ses épanchements d’un romantisme exalté ou rasséréné. … Le lendemain, récital d’Arkadi Volodos…
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COMPTE-RENDU,Concert. Festival de La Roque d’ Anthéron 2019. Lambesc. Parvis de l’église, le 7 août 2019. R. SCHUMANN. TRIO WANDERER. Cette nuit Schumann devant le parvis de l’église de Lambesc a rassemblé un vaste public. Le premier concert de notre séjour à La Roque 2019 était donné par le Trio Wanderer seul. Robert Schumann a écrit trois Trio avec piano. Ils ont été joués ce soir dans un ordre non chronologique. Le deuxième puis le troisième et enfin le premier. Ce qui frappe dans cet ordre et les choix de cette interprétation est avant tout la complexité d’écriture du deuxième et du troisième Trio comme la séduction plus immédiate du premier. Avec une certaine austérité et beaucoup de concentration, les Wanderer ont mis en valeur toute la modernité contenue dans le Trio en fa majeur.
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JUILLET 2019
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COMPTE-RENDU critique, récital piano, Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, Festival International de la Roque d’Anthéron, le 28 juillet 2019. Grigory Sokolov, piano. Beethoven, Brahms. Un récital de piano au Grand Théâtre de Provence hors saison, faut-il que l’interprète soit un titan pour une telle exception! Grigory Sokolov n’aime pas jouer en plein air. Alors pas le choix! Il faut un lieu à la mesure de ce géant qui fut révélé à l’âge de 16 ans lorsqu’il remporta le concours Tchaïkovski. Ce soir du 28 juillet 2019, à Aix-en-Provence, le Grand Théâtre a donc ouvert ses portes au plus fascinant pianiste russe, et rempli ses rangs d’orchestre et de balcons. Retour sur ce rendez-vous incontournable du Festival International de la Roque d’Anthéron.
GRIGORY SOKOLOV AU CŒUR DE LA MUSIQUE
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COMPTE-RENDU CRITIQUE RÉCITAL NICOLAS STAVY, piano, FESTIVAL INTERNATIONAL DE PIANO DE LA ROQUE D’ANTHÉRON, 27 juillet 2019. Liszt, Haydn. Le pianiste Nicolas Stavyaime aller vers des découvertes. Sa curiosité jamais assouvie nourrit sa carrière et comble le répertoire pianistique en soi considérable de partitions oubliées, injustement dénigrées, ou retrouvées. Le programme de son récital donné le 27 juillet à l’Abbaye de Silvacane donnait justement à entendre une rare version pour piano des Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn.
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COMPTE-RENDU critique, concert piano. FESTIVAL INTERNATIONAL DE PIANO DE LA ROQUE D’ANTHÉRON, le 26 juillet 2019. ALEXANDRE KANTOROW, piano. Rachmaninov, Fauré, Beethoven, Stravinsky. Le jeune pianiste Alexandre Kantorow (âgé aujourd’hui de 22 ans), Premier Prix et Grand Prix du tout dernier concours Tchaïkovski, fut l’invité dès l’âge de 16 ans de la Folle Journée de Nantes et de Varsovie, où il fit ses premiers pas sur les scènes des festivals. Depuis il n’a cessé d’emporter l’enthousiasme sans réserve de tous ceux qui l’ont entendu à Paris, et partout ailleurs, ainsi qu’au disque: ces trois CD dont le dernier consacré aux concertos de Saint-Saëns, ont été unanimement salués par la critique, et récompensés. Le 26 juillet, Il se produisait sur la scène du parc du château de Florans, au Festival de la Roque d’Anthéron. Un premier récital très attendu en France après son triomphe à Moscou. ALEXANDRE LE MAGNIFIQUE….
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JUIN 2019
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Compte-rendu critique. Opéra. PARIS, OFFENBACH, Madame Favart, 22 juin 2019. Orchestre de Chambre de Paris, Laurent Campellone. Jamais représenté dans la salle qui porte son nom, Madame Favart est pourtant l’une des partitions les plus abouties du « petit Mozart des Champs-Élysées ». La production de l’Opéra-Comique est une réussite exemplaire qui rend justice à l’art du comédien, dans un rythme effréné, sans temps mort ; une drôlerie de tous les instants, magnifiée par une distribution et une direction électrisante.
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SPECIAL LEIPZIG BACHfest 2019
par notre envoyé spécial Florent Coudeyrat
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Compte-rendu, concert. Bachfest, Thomaskirche, Leipzig, le 23 juin 2019. Jean-Sébastien Bach : Messe en si mineur, BWV 232 / Opera Fuoco / David STERN.. En cette fin d’après-midi, l’excitation monte dans l’attente du concert de clôture de la Bachfest, dédié à la Messe en si mineur (1749) de Bach : tous les pas semblent converger vers l’Eglise Saint-Thomas, la plus prestigieuse de la ville de Leipzig, remplie à craquer pour l’occasion. C’est là qu’officia le maitre de 1724 jusqu’à sa mort, lui donnant ses lettres de noblesses, avant d’y être enterré au niveau du choeur. Même si l’acoustique est quelque peu étouffée à cet endroit, donnant une impression d’éloignement par rapport aux interprètes réunis sur la tribune de l’orgue à l’opposé, entendre la Messe en si mineur aux cotés du maitre ne peut manquer d’impressionner.
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Compte-rendu, concert. Bachfest, Michaeliskirche, Leipzig, le 23 juin 2019. Jean-Sébastien Bach : Cantates de Weimar (IV), VOX LUMINIS. On ne remerciera pas assez la Bachfest de nous inciter à quitter le centre-ville de Leipzig pour découvrir l’Eglise Saint-Michel, située à proximité du zoo, au nord. Miraculeusement épargné par les bombardements de la Deuxième guerre mondiale, l’édifice trône au devant d’un square qui le met admirablement en valeur. Mais c’est surtout son intérieur qui surprend par sa variété de style virtuosement entremêlés, relevant essentiellement du néogothique et de l’Art nouveau, tous deux encore en vogue en 1904.
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Compte-rendu, concert. Bachfest, Alte Börse, LEIPZIG, le 23 juin 2019. Joseph Haydn : Quatuor à cordes n° 5, opus 76 / Jean-Sébastien Bach : extraits d’oeuvres / Dimitri Chostakovitch : Quatuor à cordes n°8, opus 110. Preuve s’il en est besoin de la variété des événements proposés lors de la Bachfest, le présent concert permet de découvrir l’un des jeunes quatuors allemands parmi les plus prometteurs du moment. Formé en 2014 à Francfort, où il est toujours en résidence, le quatuor rassemble des solistes venus d’horizons divers : deux Russes, un Canadien et un Allemand. Entre eux, l’entente et l’écoute mutuelle semblent évidents dès les premières mesures du Quatuor à cordes n° 5, opus 76 (1797) de Haydn, entonnées dans l’acoustique sonore de l’ancienne bourse aux échanges (reconstruite à l’identique après-guerre).
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Compte-rendu, concert. Bachfest, Nikolaikirche, Leipzig, le 22 juin 2019. Jean-Sébastien Bach : Cantates de Weimar (III). A l’instar de sa voisine Dresde, Leipzig ne cesse de retrouver sa splendeur d’antan, d’année en année, effaçant les erreurs architecturales de l’après-guerre par d’opportuns rehabillages ou reconstructions dans un style ancien. Pratiquement dédié aux piétons, le centre-ville est d’ores et déjà envahi par les touristes en cette saison estivale, tous séduits par les nombreuses terrasses à chaque coin de rue. Outre l’attrait évident que représentent les gloires musicales locales (Bach et Mendelssohn bien sûr, mais aussi… Wagner, natif de la Cité), il faudra se perdre dans les nombreux et splendides passages couverts dont l’état de conservation ne manquera pas d’impressionner les amateurs.
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Compte-rendu, concert. Bachfest, Schlosskapelle in Neu Augustusburg, WEIßENFELS, le 22 juin 2019. Jean-Sébastien Bach : Cantates de Weimar (II) / Philippe PIERLOT. “C’est un concert de la chaussure ?” commente malicieusement un touriste anglais en visitant le musée de la chaussure de Weißenfels, quelques minutes avant d’assister au concert donné dans la chapelle du Château. Un trait d’humour à même d’animer la visite d’un musée aux murs décrépis, dont la richesse et la diversité des collections, tournées vers le monde, doivent toutefois inciter à dépasser ce premier regard défavorable. Cette collection passionnante rappelle les grandes heures industrielles de la ville de Weißenfels, située à mi chemin entre Weimar et Leipzig (à environ trente minutes en car de cette dernière).
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COMPTE-RENDU, Opéra. TOULOUSE, Théâtre du Capitole, le 20 juin 2019. J. MASSENET. Werther. N. Joel. J.F. Borras. K. Deshayes. A. Heyboer. F. Valiquette . Orchestre et Choeur du Théâtre du Capitole. J.F. VERDIER, direction.Revoir cette belle production de Werther mêle attentes et nostalgie. Je garde en effet un souvenir ému et ébloui du printemps 1997 quand je découvrais Roberto Alagna dans ce rôle. Rappelons que la production était montée pour lui et que le monde entier nous enviait cette prise de rôle. Tout avait été magique avec une distribution de rêve et la découverte d’une scénographie parfaite, de décors simples et beaux, et de costumes sublimes. Tout cet aspect scénique se retrouve et la mise en scène de Nicolas Joel n’a pas pris une ride, la beauté plastique reste idéale. L’ action est située fin XVIIIè, tout étant de bon goût, personne ne se lasse de la retrouver. Les lumières étant peut être encore plus réussies.
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Compte-rendu, opéra. Liège, Opéra royal de Wallonie-Liège, le 20 juin 2019. Bellini : I puritani. Speranza Scappucci / Vincent Boussard. Crée en fin d’année dernière à Francfort, la production des Puritains imaginée par Vincent Boussard fait halte à Liège en cette fin de saison autour d’une distribution remarquable, fort logiquement applaudie par un public enthousiaste pendant toute la soirée – et ce malgré les presque quatre heures de spectacle, avec un entracte, requis pour cette version donnée en intégralité. Les interprètes trouvent dans la mise en scène un écrin d’une remarquable pertinence, Boussard ayant la bonne idée de centrer l’action autour d’Elvira, qui semble revivre les événements qui l’ont conduit à la folie, errant comme un fantôme hagard et inquiet dans les ruines d’un théâtre en rénovation.
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Compte rendu, piano. Lille. Concert de clôture Festival Piano(s) Lille, 16 juin 2019. Concerto pour piano et orchestre en si-bémol, Johannes Brahms. Orchestre National de Lille. Jean-Claude Casadesus, direction. Nelson Freire, piano. Nous voici dans la fabuleuse salle – auditorium du Nouveau Siècle à Lille pour la clôture de la 15e édition du Lille Piano(s) Festival, événement désormais incontournable du printemps lillois chaque année et qui voyait cette année d’anniversaire, la dernière direction artistique de Jean-Claude Casadesus. Pour souligner 2019, le pianiste brésilien Nelson Freire interprète le 2e concerto pour piano et orchestre de Brahms, avec l’Orchestre National de Lille sous la direction de… Jean-Claude Casadesus. Trois jours de célébration kaléidoscopique de l’art du piano avec une conclusion sensible où l’accord, la symbiose entre le piano et l’orchestre sont au rendez-vous. Nelson Freire, après un récital solo d’une sensibilité exquise la veille, rejoint ainsi l’Orchestre National de Lille pour le monumental concerto de Brahms. L’œuvre composée 20 ans après le premier fut très bien reçue dès sa création. Modeste, Brahms parlait du concert comme « un petit concert en si-bémol ». Nous pouvons voir l’évolution tout à fait symphonique du maître ; s’il est moins exubérant que le premier, il est plus équilibré, d’une plus grande réserve émotionnelle, accouplée à une plus grande maîtrise de l’orchestration et surtout à un sens plus mûr de la relation entre le soliste et l’ensemble.
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. METZ, Opéra, le 16 juin 2019, Carmen (Bizet) / José Miguel Pérez-Sierra – Paul-Emile Fourny. D’une vie dramatique intense, c’est la version opéra-comique qui nous est offerte, privée des dialogues comme des amputations de Guiraud. Cette nouvelle Carmen a fait l’objet d’une réécriture dramatique, assortie de quelques modifications qui affectent surtout les passages parlés. Nous sommes transportés dans les années 50, avec une transposition des fonctions qui n’altère ni la psychologie des personnages, ni les ressorts du drame. Paul-Emile Fourny nous offre un début en forme de polar, qui éclaire l’ouvrage d’un jour nouveau.
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. TURIN, le 15 juin 2019. CASELLA : La Giara / MASCAGNI : Cavalleria rusticana. Orchestre du Teatro Regio, Andrea Battistoni. C’est une excellente idée du Regio de Turin d’avoir associée la sur-représentée Cavalleria rusticana à la rare Giara de Casella, compositeur turinois, dont on a pu voir, il y a deux ans, la magnifique Donna serpente. Si les différences – de genre, d’esthétique – sont nombreuses, la thématique littéraire, populaire sicilienne, les rapproche avec pertinence. Au final, la « comédie chorégraphique » de Casella en ressort vainqueur.
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COMPTE-RENDU, théâtre musical. TOULOUSE, Théâtre Jules Julien, le 15 Juin 2019. DARIO FO. Mistero Buffo. BACH. PERGOLESE. VIVALDI. MONTEVERDI. VERDI. ABEDJEAN. DALTIN. Choeur à bout de souffle. DELINCAK. Le nouveau spectacle de la compagnie A bout de Souffle est hypervitaminé. L’engagement des comédiens dans le texte de Dario Fo est total. Ils y croient et le montrent à voir. Comme les choristes et les chanteurs qui semblent vivre chaque mot du Crédo ou du Stabat Mater à la lettre. Le parti pris du metteur en scène, Patrick Abédjean, est de rendre hommage à Dario Fo.
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QUÉBEC, Festival CLASSICA 2019. Palmarès du Récital Concours international de Mélodies françaises. Au terme de la seconde épreuve 2019 (FINALE qui s’est tenue dimanche 16 juin 2019 à Saint-Lambert, Paroisse Catholique) voici le palmarès du 3è Récital-Concours 2019:
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. STRASBOURG, Opéra, le 15 juin 2019, Don Giovanni / Christian Curnyn – Marie-Eve Signeyrole. Relecture ? Transposition ? Détournement ou dévoiement ? Marie-Eve Signeyrole pratique depuis 2012 le dépaysement de tous les ouvrages lyriques qu’elle aborde. Le livret, les didascalies sont oubliés pour transmettre le message que l’inventive metteuse en scène substitue aux intentions du librettiste et du compositeur, pour le meilleur comme pour le moins bon. Ici, c’est pour le meilleur, d’une force bouleversante, où le drama giocoso, avec ses deux versants, atteint une vérité dramatique exceptionnelle : L’opéra du désir « incontrôlable et incontrôlé »…
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. SAINT-ETIENNE, Opéra, le 12 juin 2019, Carmen (Bizet) / Alain Guingal – Nicola Berloffa. Partition raffinée pour une intrigue vulgaire, un fait divers médiocre, crime passionnel dont furent et sont encore victimes tant de femmes, l’ouvrage figure toujours à de nombreux menus : Carmen demeure un plat de choix, apprécié du plus grand nombre. La question que l’on se pose avant la dégustation est : à quelle sauce nous sera-t-elle présentée, tant l’imaginaire des réalisateurs-metteurs en scène est infini ? Celle offerte à l’Opéra de Saint-Etienne reproduit la production de Rennes (mai 2017) – où Claude Schnitzler tenait la baguette – elle-même co-production hispano-suisse.
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Compte rendu, opéra. Paris. Palais Garnier, 11 juin 2019. Don Giovanni, Mozart. Etienne Dupuis, Jacquelyn Wagner, Nicole Car, Philippe Sly… Orchestre et choeurs de l’opéra. Philippe Jordan, direction. Ivo van Hove, mise en scène. Nouvelle production du chef-d’œuvre de Mozart, Don Giovanni, à l’affiche à l’Opéra de Paris. Le metteur en scène Ivo van Hove signe un spectacle gris parpaing ; le chef Philippe Jordanassure la direction musicale de l’orchestre associé à une distribution fortement histrionique, rayonnante de théâtralité, entièrement éprise du mélodrame joyeux du génie salzbourgeois !
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COMPTE-RENDU, concert. MONT-ROYAL, le 11 juin 2019. Festival CLASSICA 2019, Les Larmes de Jacqueline / BERLIOZ, OFFENBACH, ROUSSEL, HÉTU. S Tétreault, JP Sylvestre, Orch Métropolitain. Alain Trudel, direction. Programme plein d’audaces et voire ambitieux ne serait ce que par la présence de deux œuvres rares en concert : le Concertino pour violoncelle de Roussel et le Concerto n°2 pour piano de Jacques Hétu. Pour ce 2è événement dans la ville de Mont-Royal, le Festival a souhaité profité de la présence de l’Orchestre Metropolitain et présenter ainsi plusieurs œuvres concertantes au souffle symphonique indéniable.
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COMPTE-RENDU, concert. TOULOUSE, Halle-aux-Grains, le 10 Juin 2019. A. BORODINE. S. RACHMANINOV. M. MOUSSORGSKI/M.RAVEL. Chœurs du Capitole. Orchestre National du Capitole. G.Magee. T.SOKHIEV, direction. Ce concert très attendu n’a pas permis à la vaste Halle-aux-Grains d’accueillir tout le public venu demander une place. C’est donc dans une salle bondée avec une ambiance électrique que le concert a débuté. La Cantate le Printemps de Rachmaninov pour baryton et chœur est un hymne à l’amour et au renouvellement perpétuel de la vie. Elle contient un très beau message de paix et de pardon. L’orchestration est subtile avec un éveil de la nature d’une sensualité envoutante. Tugan Sokhiev dirige à mains nues et semble obtenir de tous une musique aussi belle qu’émouvante. Le Chœur du Capitole est profond dans d’admirables nuances. Le baryton Garry Magee au chant subtile et à la voix naturellement belle fait un beau portait d’homme amoureux meurtri qui pardonne. Mais nous savons quel Eugène Onéguine il a su être au Capitole. Il offre des interventions parfaites qui nous ont semblé trop courtes. Illustration : Tugan Sokhiev © M Brenner.
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. NANTES, Théâtre Graslin, le 9 juin 2019, Der fliegende Holländer / Rudolf Piehlmayer – Rebecca et Beverly Blankenship. Si toutes les scènes lyriques conduisent régulièrement des opérations de promotion de leurs productions, visant à diffuser l’opéra auprès du plus grand nombre et à inviter les profanes à franchir le seuil de la salle, Angers Nantes Opéra et l’Opéra de Rennes se sont donnés les moyens d’une action d’envergure exceptionnelle : nombreux ateliers de chant préparatoires, diffusion en direct, sur des écrans géants, dans plus de quarante villes de la région, sans oublier …
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MAI 2019
COMPTE-RENDU, FESTIVAL TEMPO PIANO CLASSIQUE, Le Croisic, Paris, 30 mai-2 juin 2019, R. David, J.P. Gasparian, M. Gratton, N. Gouin, Trio Karenine. Comme chaque année, le festival Tempo Piano Classique a donné rendez-vous à son public le week-end de l’Ascension. Un moment toujours très attendu des croisicais, dont le pianiste Romain David, son directeur artistique, a su gagner la confiance et la fidélité, avec l’appui et l’engagement de toute l’équipe du festival. Cette manifestation portée par l’association Arts et Balises prend un nouveau cap, dans la continuité, avec la présidence de Jacques Moison qui succède cette année à son fondateur Yann Barrailler-Lafond, lequel s’est vu décerner la médaille de la Ville par madame Michèle Quellard, maire du Croisic. Un honneur bien mérité.
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Compte-rendu, opéra. Luxembourg, Grand Théâtre, le 10 mai 2019. Bizet : Les Pêcheurs de perles. David Reiland / FC Bergman (Stef Aerts, Marie Vinck, Thomas Verstraeten, Joé Agemans). Conçue par l’Opéra des Flandres en fin d’année dernière, la nouvelle production des Pêcheurs de perles de Georges Bizet (1838-1875) fait halte à Luxembourg en ce début de printemps avec un plateau vocal identique. Il est à noter que ce spectacle de très bonne tenue sera repris début 2020 à l’Opéra de Lille avec des chanteurs et un chef différents : une excellente initiative, tant s’avère réjouissant le travail du collectif théâtral anversois « FC Bergman », dont c’est là la toute première mise en scène lyrique.
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COMPTE-RENDU, récital, DIJON, Opéra, Auditorium, le 5 mai 2019, Le dernier Schubert, Andreas Staier… « Il y a dans la personnalité de Schubert quelque chose qui est absolument unique. Il est peut-être le dernier compositeur de la musique occidentale à pouvoir écrire une musique à la fois populaire et sublime, à la fois extrêmement raffinée, difficile, et si touchante que, même sans éducation musicale, on est bouleversé ». Ces mots d’Andreas Staier sonnent plus justes que jamais après l’achèvement de ce cycle « le dernier Schubert », inauguré en octobre dernier, avec des impromptus, les six moments musicaux, et la première des trois dernières sonates, en ut mineur (D.958). Au programme, nous avons maintenant les deux suivantes, ultimes chefs d’œuvres pianistiques de sa dernière année, en la et en si bémol majeur, D. 959 et 960, dont la plénitude, le détachement comme la fièvre et l’exaltation sont la marque. Comment ne pas y voir parfois l’ombre de Beethoven, qui vient de disparaître ?
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AVRIL 2019
COMPTE-RENDU, opéra. TOURS, Opéra, le 27 avril 2019. KURT WEILL : Les 7 péchés capitaux. M Lenormand… Bleuse /Desbordes. Petite réserve tout d’abord dans la conception même de la soirée. Malgré sa forme chaotique entre récital de chansons, revue, volets habituels du cabaret berlinois, la première partie de soirée (Berliner Kabarett) présente quelques superbes mélodies aux textes tout autant savoureux ; curieusement en dépit de la présence de l’orchestre en fond de scène, c’est au piano seul que trois chanteurs égrènent leur juste complainte entre poésie et désespoir, tous ont cette désillusion enchantée qui est la marque du théâtre aussi politique que délirant du duo Weill / Brecht.
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COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Christianne Stotijn (mezzo-soprano), Philharmonia Chorus, Choeur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal / ONL Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch(direction). La 3ème Symphonie de Mahler, jouée ce soir au Nouveau Siècle à Lille, délivre et confirme désormais les qualités du cycle événement que le chef et directeur musical du National de Lille, ALEXANDRE BLOCH, dédie au compositeur (qui fut aussi un grand chef). De l’énergie, une urgence continue, une intelligence des timbres, surtout une attention particulière à l’architecture interne du massif malhérien… A contrario des conceptions plus « droites », objectives de certains chefs, plus extraverti que d’autres (comme les « grands ainés » tels Karajan, Haitink… sans omettre Abbado), Alexandre Bloch lui ne s’économise en rien, dansant sur le podium, habité, exalté par son sujet, avec une intensité qui rappelle … Bernstein. Ceci nous vaut pour le dernier mouvement, le plus aérien (aux cordes surtout), des jaillissements de lyrisme flexible et amoureusement déployé, un baume pour le cœur et l’esprit, après avoir passé tant d’épisodes si divers et contrastés. On n’oubliera pas ce 6è mouvement final (« Langsam. Ruhevoll. Empfunde ») qui semble comme un choral fraternel et recueilli, embrasser tous les êtres vivants (hommes et animaux) et les couvrir d’un sentiment d’amour, irrépressible et caressant. Dans son intonation, sa pâte transparente, suspendue, le mouvement préfigure l’Adagietto de la 5è, ses amples respirations,sa couleur parsifalienne, sa ligne constante qui appelle et dessine l’infini…
Sons et conscience de la Nature
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MARS 2019
Compte rendu, concert. Dijon, Opéra, Auditorium, le 31 mars 2019. Bach-Mozart, Mendelssohn, Phil Glass, Chostakovitch, Webern, Janacek, Gershwin par le quatuor Schumann. Il existe deux quatuors Schumann… Celui (français) qui se réfère à Robert, et celui dont trois des membres sont frères portant ce patronyme (« Schumann Quartett »). Ce dernier, fondé il y a sept ans, s’est imposé depuis parmi les jeunes quatuors, déjà reconnus par la critique internationale comme l’un des plus prometteurs. Comment ne pas s’enthousiasmer pour ces formations qui, en l’espace de quelques années, parviennent à se hisser au niveau des grands ancêtres, voire les surpassent ?
Séduisant par son originalité, le programme est généreux, éclectique, mais aussi surprenant. La première partie introduit et ponctue d’une fugue de Bach transcrite par Mozart chacune des œuvres (Mendelssohn, Glass, Chostakovitch et Webern). La seconde fait suivre le quatuor « Lettres intimes » de Janacek d’une insipide « Lullaby » de Gershwin, qui rompt l’éblouissement de ce chef-d’œuvre. Un mouvement de Haydn en bis nous réconciliera. Quoi de mieux pour commencer que ces fugues de Bach, découvertes dans la bibliothèque de Van Swieten par Mozart, qui les transcrivit pour quatuor à cordes ?
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COMPTE-RENDU, opéra. PARIS, Opéra-Comique, le 30 mars 2019. Adolphe Adam : Le Postillon de Lonjumeau. Michael Spyres / Michel Fau / Sébastien Rouland. Le 13 octobre 1836 fut une grande date dans l’histoire de l’Opéra-Comique avec la création du Postillon de Lonjumeau (sans g) d’Adolphe Adam ; l’ouvrage fut accueilli triomphalement pour sa musique enjoué et le talent de ses deux interprètes principaux. Il connut plus de 500 représentations pendant le XIXe siècle avant de disparaître de l’affiche en 1894… pour réapparaître enfin ces jours-ci dans l’institution qui l’a vu naître. Le Postillon d’Adam, alias Chapalou, c’est d’abord un ténor qui se doit d’affronter, avec une vocalità typiquement rossinienne, l’une des tessitures les plus périlleuses du répertoire. Tout est basé sur sa performance : c’est en chantant son air « Mes amis, écoutez l’histoire », au premier acte – dont Donizetti se souviendra peut-être dans sa Fille du régiment, quatre ans plus tard -, et en poussant un retentissent contre-Ré qu’il est engagé dans la troupe de l’opéra Royal. Devenu célèbre, Chapelou apparaît au II sous les traits de Saint-Phar, le plus adulé des ténors, qui joue les Divos en se produisant devant Louis le quinzième.
Retour réussi du Postillon de Lonjumeau au Comique
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Compte-rendu, critique, concert. MONTE-CARLO, le 23 mars 2019. Printemps des Arts de Monaco 2019. BRAHMS: Bianconi / Nesterowicz Un seul concert au Printemps des Arts de Monte-Carlo suffit à donner un aperçu de la singularité de ce festival, auquel son directeur artistique Marc Monnet a su imposer sa patte, originale et reconnaissable entre toutes. Comme un bon cuisinier qui cache ses secrets au cœur de ses recettes tout en détaillant les ingrédients sur le menu, il concocte sa programmation avec une science qui lui appartient, dans des mariages hardis, inattendus ; concilie ce qui apparaît au demeurant inconciliable, instille, et même bien davantage, la musique contemporaine dans des programmes où les chocs esthétiques ne sont pas exclus. L’œuvre inclassable du compositeur Mauricio Kagel constitue le fil rouge de cette édition. Alexandros Markeas (né en 1965), et Yann Robin (né en 1974) y sont également à l’honneur. Le 23 mars, un copieux concert attendait son auditoire, avec, tenez-vous bien, les deux concertos pour piano de Brahms, entre autres…
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COMPTE-RENDU, concert. TOULOUSE, Halle-aux-Grains, le 11 Mars 2019. C. DEBUSSY. F. POULENC. S. RACHMANINOV . Sol Gabetta / B.Chamayou. Le duo musical Sol Gabetta et Bertrand Chamayou peut effectivement prétendre à un accord parfait ; les deux jeunes musiciens se connaissent depuis bien longtemps, plus de 15 ans d’amitié, et des concerts en duo depuis dix bonnes années. Leur retour à Toulouse, en terres conquises, dans le cadre des Musicales Franco-Russes est un vrai bonheur. La grâce diffuse autours de Sol Gabetta et le pianiste plus sage semble gagné par le feu secret ou extraverti de sa collègue. La Sonate de Debussy pour violoncelle et piano est d’une grande subtilité et permet des éclairages divers selon les interprètes. Ainsi la version de Sol Gabetta et Hélène Grimaud est bien connue (enregistrée par DG). Ce soir la violoncelliste, en artiste sensible, propose tout autre chose avec la complicité de Bertrand Chamayou.
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COMPTE-RENDU, opéra. SAINT-ETIENNE, Théâtre Massenet, le 10 mars 2019. GODARD : Dante. Gaugler, Marin-Degor… Vesperini / Gerts. SAINT-ETIENNE confirme son étonnante disposition à dévoiler des trésors oubliés de notre patrimoine. Pour ce Dante dont il n’existe q’un enregistrement (assez inégal en raison de chanteurs peu nuancés voire inintelligibles et d’un orchestre « routinier »), voici sur la scène stéphanoise, impliquant tous les ateliers de fabrication locaux (décors, costumes, machinerie), la version scénique de l’ouvrage. Une récréation mondiale car l’opéra de Benjamin Godard n’avait pas été produit sur les planches depuis sa création (malheureuse) en 1890. La révélation est majeure car elle souligne un génie du drame et de l’onirisme noir, souvent sombre, dont l’orchestre et le chœur sont constamment sollicités, en teintes expressives, raffinées, particulièrement oniriques. L’écriture de Godard synthétise le meilleur à son époque, Massenet et Verdi pour le drame, Gounod, Berlioz pour la distinction, sans omettre des couleurs et des harmonies puissantes qui rappellent Tchaikovski et annonce bientôt la transparence d’un Ravel. C’est dire.
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COMPTE-RENDU, concert. DIJON, église Notre-Dame, le 10 mars 2019. DVORAK : Stabat Mater. Chœur de l’opéra de Dijon. Anass Ismat. Grande œuvre chorale de Dvorak, au même titre que son Requiem, ce Stabat Mater n’avait pas été donné à Dijon depuis le passage, en 2015, de Philippe Herreweghe et de son Collegium Vocale, dont on conserve un souvenir mitigé, lié au parti pris du chef : le recueillement, une approche toute intériorisée, lisse, d’où étaient amoindries, voire bannies, les indications dynamiques explicites de la partition. Aujourd’hui, malgré le retour à la première version avec piano, le flamboiement nous renvoie davantage à la vision de Rafael Kubelik. Des dix numéros du Stabat Mater, sept furent écrits pour soli, chœur mixte et piano, avant que la disparition brutale d’un, puis de deux autres de ses enfants conduise le compositeur à compléter la partition (numéros 5 à 7) et à l’orchestrer.
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COMPTE-RENDU, opéra. LILLE, Opéra, le 10 mars 2019. PESSON : Trois contes. Georges-Elie Octors / David Lescot. Présentée à l’Opéra de Lille en 2017, La Double Coquette de Dauvergne (LIRE le compte-rendu du disque édité à cette occasion) avait déjà permis d’apprécier tout le goût de Gérard Pesson (né en 1958) pour l’adaptation musicale. On le retrouve cette fois accompagné de l’excellent David Lescot (dont le travail dans La finta giardiniera de Mozart avait fait grand bruit ici-même en 2014) en un spectacle au titre trompeur qui incite à penser que les enfants en sont la cible. Il n’en est rien, tant les trois contes déconcertent dans un premier temps par l’hétérogénéité des sujets abordés et le sérieux manifeste du propos. Pour autant, l’idée de ce travail est bien de confronter notre regard avec les raccourcis et faux semblants propres à l’imaginaire et au merveilleux, tout autant qu’à notre capacité à nous illusionner pour échapper à la réalité.
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COMPTE-RENDU, opéra. SAINT-ETIENNE, Opéra, le 8 mars 2019. GODARD : Dante. Gaugler, Marin-Degor, Vesperini / Gerts. Révélé il y trois ans à Munich, lors d’un mémorable concert et enregistré dans la foulée avant une reprise à Versailles, le Dante de Benjamin Godard reçoit enfin les honneurs d’une recréation scénique. Mise en scène et direction d’acteurs efficace pour une partition qui regorge de beautés compensant une intrigue quelque peu statique.
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OMPTE-RENDU, opéra. TOULOUSE, Capitole, le 1er mars 2019. R. STRAUSS: Ariane à Naxos (nouvelle production). Fau, Belugou, Fabing, Hunhold, Savage, Morel, Sutphen. Orch National du Capitole. E. ROGISTER, direction. Donner l’opéra le plus élégant de Richard Strauss et Hugo von Haufmannstahl, le plus exigeant au niveau théâtral avec des voix hors normes, toutes surexposées, est une véritable gageure que Christophe Ghristi, nouveau directeur de l’auguste maison toulousaine, relève avec brio. Il a trouvé en Michel Fau un homme de théâtre respectueux de la musique, capable de donner vie à Ariane à Naxos en un équilibre parfait entre théâtre et musique, entre le prologue et l’opéra lui-même.
Ariane à Naxos de Strauss/Hofmansthal
Production géniale à Toulouse
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FÉVRIER 2019
COMPTE-RENDU, Concert. TOULOUSE, Halle-aux-Grains, le 28 fév. 2019. BRAHMS. DEBUSSY. TCHAÏKOVSKI. BORODINE. STRAVINSKI. Orch National du Capitole, N.Sorokin , B. Penas, E. Lee, T. SOKHIEV, direction. C’est la 3ème année que Tugan Sokhiev et l’Orchestre National du Capitole proposent à Toulouse une Académie de direction d’orchestre. Le concert du soir permet aux chefs candidats de diriger devant le public dans des conditions optimales. Puis Tugan Sokhiev dirige la deuxième partie du concert. La salle de la Halle-aux-Grains est pleine et le succès public est au rendez-vous de cet enseignement éclairant. Les séances de l’académie sont publiques et j’ai pu passer la journée de mercredi à assister à cette aventure extraordinaire.
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COMPTE RENDU, concert. LILLE, ONL, Nouveau Siècle, le 28 février 2019. MAHLER : Symphonie n°2 « Résurrection ». Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch. La première Symphonie Titan marquait déjà l’ampleur d’une écriture très inspirée. Premier essai, premier coup de génie (1). Dans la 2è Symphonie, l’architecture s’élève encore : du tumulte initial, l’énergie gravit peu à peu la montagne, jusqu’à édifier une cathédrale… spirituelle et mystique. Alexandre Bloch nous conduit dans ce cheminement qui fait de la Symphonie n°2 une symphonie de compassion, de délivrance, une formidable machine cathartique et salvatrice.
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. MARSEILLE, Odéon, le 24 fév 2019. BENATZKY : L’Auberge du cheval blanc. Conti / Olivéros. Guerre des boutons… disons plutôt des boutonnages de tuniques, le révolutionnaire, par devant, ou le réactionnaire, inversion et perversion, par derrière (même les souples chimpanzés auraient du mal à s’auto-boutonner, non ?). Sur les verdoyants alpages tyroliens, vert de rage—couleur pâturage— risque de s’alpaguer —il en a des boutons— Napoléon Bistagne, cherchant la castagne au sommet contre un contrefacteur, avisé qu’il est par une walkyrienne contre(ut)factrice lui apportant par courrier recommandé la sommation à comparaître en procès contre César Cubisol. Bref, Bistagne tonne, on se déboutonne, c’est la guerre des boutonnages inverses rivaux, ouverte, déclarée, entre le génial créateur de la combinaison « Napoléon » (devant) et celui de la « César » (derrière) auquel César Napoléon Bistagne ne rendra pas ce qui ne lui appartient pas. Mais que va faire sur cette galère alpestre le Marseillais de la rue Saint-Ferréol, rêvant de Bandol et sa plage pour attaquer le plagiaire Cubisol qui jouera l’Arlésienne du Tyrol puisqu’il ne paraîtra jamais ?
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COMPTE-RENDU, opéra. TOULOUSE, Capitole, le 22 fév 2019. BERLIOZ : Damnation de Faust (version de concert). Laho, Koch, Relyea, Véronèse. Chœur et Orchestre National du Capitole. T SOHIEV. C’est la troisième fois que Tugan Sokhiev dirige cette œuvre à la Halle-aux-Grains depuis 2010. Il aime la musique de Berlioz et cette Damnation tout particulièrement. Dans le cadre de cette première saison des Musicales Franco-Russes et pour en assurer l’ouverture « en grand », il nous était promis beaucoup…Et nous devons admettre que le pari fut tenu. Tugan Sokhiev a progressé encore dans sa compréhension de Berlioz. Il assume la richesse des parties orchestrées touffues, comme la délicatesse des moments magiques (les Sylphes).
Une Damnation grandiose
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Compte-rendu critique, opéra. Genève. Grand Théâtre, le 22 février 2019. Vincenzo Bellini : Il Pirata. Roberta Mantegna, Michael Spyres, Franco Vassallo. Daniele Callegari, direction musicale. En parallèle de la reprise du Ring wagnérien imaginé par Dieter Dorn, la cité de Calvin retrouve son Grand Théâtre avec une version de concert du Pirata de Bellini, une œuvre qui semble avoir le vent en poupe sur les scènes européennes ces dernières années. C’est avec un plaisir non dissimulé qu’on pénètre dans les murs rutilants du bâtiment sis Place de Neuve, tout en gardant néanmoins une pensée émue pour l’Opéra des Nations et son intimité aussi boisée que chaleureuse. L’un des évènements de ce concert résidait dans le couple formé par Marina Rebeka et Michael Spyres, abordant tous deux pour la première fois cet opus bellinien. Par notre envoyé spécial, Narcisso Fiordaliso.
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Compte rendu concert. Toulouse. Auditorium Saint-Pierre des Cuisines, le 20 Février 2019. Chostakovitch, Dvorak, Schubert. Quatuor Hagen. A demeurer l’un des meilleurs du monde depuis plus de 30 ans, le Quatuor Hagen mérite toute notre admiration. La venue à Toulouse du célèbre quatuor salzbourgeois à l’invitation des Arts renaissants, a fait salle comble. L’admirable acoustique de l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines a permis au public concentré de déguster les plus belles sonorités possibles. L’équilibre entre les quatre instrumentistes est inhabituel, toujours mouvant mais sans établir de hiérarchie. La personnalité généreuse de Veronika Hagen à l’alto en particulier et sa riche sonorité, la mettant souvent en exergue. La rondeur du son obtenue par ce quatuor, le confort, la solidité et la plénitude du jeux sont inouïes. Les nuances sont incroyablement variées et toujours abordées avec une grande justesse de phrasé. La construction des oeuvres devient limpide et le discours très organisé emporte loin …dans le pays de la beauté. L’écoute de ces quatre musiciens procure un sentiment de bien être et de facilité. C’est là, s’il faut avouer certaines attentes idéalisées, que cette constante beauté peut déranger. Ainsi dans le quatuor de Chostakovitch plus de mordant, de sonorités froides et de moments de dérision féroce, auraient pu être osés par des musiciens si doué
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COMPTE-RENDU, opéra. MONTPELLIER, Opéra, le 20 février 2019. DONIZETTI : Don Pasquale. Taddia, Muzychenko, Greenhalgh… Spotti / Valentin Schwarz. L’opéra bouffe parisien de Donizetti, Don Pasquale, tient l’affiche de l’Opéra de Montpellier dans la production du lauréat du Ring Award 2017, le jeune autrichien Valentin Schwarz et son équipe artistique. Jeunesse à la baguette également avec le chef italien Michele Spotti qui dirige l’orchestre maison avec une fougue impressionnante laquelle s’exprime aussi dans les performances de la distributions des chanteurs-acteurs. Une création riche en surprises !
Comédie romantique, mais pas que…
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COMPTE-RENDU, opéra. MARSEILLE, Opéra, le 19 février 2019. GOUNOD : Faust. BORRAS, COURJAL. L FOSTER / N DUFFAUT. À reprise d’une production, reprise d’une introduction sur une œuvre qui ne bouge pas, même remuée des remous qui accueillirent à Avignon cette mise en scène de Nadine Duffaut, certes, dérangeante, hésitant entre symbolisme et réalisme, mais jamais indifférente. À Marseille, au rôle de Wagner près, c’est la distribution qui est renouvelée.
Diables d’hommes
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COMPTE-RENDU, CRITIQUE, opéra. OLDENBURG, le 16 fev 2019. RAMEAU : Les Paladins. de Carpentries / Kossenko. Parler de pèlerinage est plutôt une notion d’ordre liturgique. Faire le pèlerinage aussi est un acte de foi, une action qui bouleverse à tout jamais les individus qui l’entament. Au cœur de la démarche, il y a un sens mystique, tout pèlerin est un témoin. En 1760, Rameau a 77 ans, pour l’époque c’était un vieillard, mais les génies n’ont pas d’âge. Dans la partition des Paladins, truffée d’hédonisme et de passages d’une grande virtuosité, Rameau déploie la plus belle de ses palettes. L’intrigue, inspirée du conte erotique de Lafontaine « Le petit chien qui secoue de l’argent et des pierreries », même si elle est expurgée de certains passages licencieux, reste un livret empreint de sensualité. Les personnages paraissent des caricatures d’eux mêmes. Le barbon, la jeune fille emprisonnée et le jeune cavalier incognito rappellent furieusement les Bartolo, Rosine et Almaviva du Barbier de Beaumarchais.
« Pilgrim’s progress »
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COMPTE-RENDU, critique, récital. PARIS, Gaveau, le 15 fev 2019. , Schubert, Schumann, Brahms, Liszt. Michel Dalberto, piano. Les Concerts Parisiens accueillaient, ce vendredi 15 février, un pianiste à la renommée solide comme le grès, un artiste sans concession ni complaisance, un musicien comme il y en a peu, dont l’étoffe semble issue des forges qui ont donné les grands du passé. Un maître en somme. D’autant que ses disciples étaient là aussi, dans le public. A 64 ans, Michel Dalberto fait plus que jamais autorité dans le paysage musical d’aujourd’hui.
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COMPTE-RENDU, danse. PARIS, Opéra Garnier, le 11 février 2019. Cherkaoui / Goecke / Lidberg – Ballet de l’Opéra de Paris. Rentrée 2019 pleine de promesses et d’écritures diverses pour le Ballet de l’Opéra de Paris : ce programme en 3 signatures chorégraphiques est une sorte de talisman contemporain qui concentre le génie masculin de la danse actuelle, tel qu’il s’incarne à travers le belge Sidi Larbi Cherkaoui (reprise de Faun, créé en 2009 au Sadler’s Wells de Londres) ; l’allemand Marco Goecke (création de Dogs Sleep) ; enfin le suédois Pontus Lidberg qui « ose » mettre en danse Les Noces de Stravinsky. Le format du spectacle est pourtant resserré : 1h10 de spectacle au total pour les 3 écritures.
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COMPTE-RENDU, opéra. LYON, Opéra, Théâtre de la Croix-Rousse, le 8 février 2019. Boris Blacher : Roméo et Juliette. Emmanuel Calef / Jean Lacornerie. Depuis la création scénique à Salzbourg, sous la baguette de Krips, en 1950, ce Roméo et Julietteest quelque peu tombé dans un oubli injustifié : un enregistrement, puis la création française, ici même, reprise ce soir avec une nouvelle distribution. Pourquoi les scènes lyriques ignorent-elles cette réalisation, d’autant que l’effectif requis – huit chanteurs, neuf musiciens – autorise aisément sa production ? Tour de force, proprement génial, que celui de Boris Blacher en 1943 : après avoir réduit, condensé, le texte de Shakespeare en un livret d’une fidélité exemplaire, le compositeur rejoint la démarche des créateurs de l’opéra au tournant du XVIIe siècle : unir toutes les composantes artistiques, y compris la danse, pour traduire la richesse intarissable du théâtre élisabéthain, avec le langage du XXe siècle. Les librettistes ne retiennent le plus souvent que l’intrigue amoureuse, en oubliant la dimension proprement politique dans laquelle elle s’insère. Ici, Boris Blacher restitue le prologue, qui donne tout son sens et sa force à la conclusion : pourquoi tant de haine ? « Deux amants prennent vie sous la mauvaise étoile, leur malheureux écroulement, très pitoyable, enterre en leur tombeau la haine de leurs parents ». Dans le contexte de la fin de la seconde guerre mondiale, rappelé opportunément par le dernier tableau (photo des ruines de Berlin, prise du Reichstag) cette dimension prend toute sa force.
L’œil était dans la tombe…
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COMPTE-RENDU, opéra. ANVERS, Opéra flamand, le 8 février 2019. Hindemith : Cardillac. Dmitri Jurowski / Guy Joostens. Attaché à l’Opéra des Flandres depuis le début des années 1990, le metteur en scène Guy Joosten vient d’annoncer que la présente production de Cardillac serait sa dernière proposée dans la grande institution belge. Gageons cependant qu’il sera encore possible de revoir certaines de ses productions emblématiques (notamment ses très réussies Noces de Figaro en 2015) à l’occasion de reprises bienvenues. En attendant, le metteur en scène flamand s’attaque à Cardillac (1926), tout premier opéra d’envergure de Hindemith après ses premiers essais en un acte, notamment Sancta Susanna en 1922 (entendu notamment à Lyon en 2012).
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COMPTE-RENDU, CRITIQUE, opéra. TOURCOING, le 7 fév 2019. MOZART : La Clémence de Titus. Duffau, Tilquin, Boucher, …Olivier, Schiaretti. Tourcoing, fabrique lyrique unique. Presque un après la disparition de son fondateur Jean-Claude Malgoire (le 14 avril 2018), L’Atelier Lyrique poursuit très haut cette exigence salvatrice et magicienne qui réalise l’équation ténue du chant, de la musique, et du théâtre. Détenteur d’un secret fédérateur, Jean-Claude Malgoire comme nul autre, savait choisir les œuvres, les interprètes, surtout ses complices à la mise en scène : une intelligence globalisante unique qui a permis et permet encore aujourd’hui, de proposer des lectures toujours justes et fines des oeuvres du répertoire ou moins connues. Une vision et une façon de travailler qui font désormais la réputation de la ville de Tourcoing.
A Tourcoing, poursuite d’une excellence lyrique
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COMPTE-RENDU, opéra. AVIGNON, Opéra. Le 3 fev 2019. GALUPPI : Il Mondo alla Roversa. F Lasserre. Dans les programmations sagement ou mornement répétitives des théâtres lyriques, ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance de découvrir un opéra, par ailleurs signé, texte et musique, de deux célèbres plumes ! Les deux G : non le fameux café XVIIIesiècle d’Aix, cher à son Festival en ses débuts, mais Goldoni, de Venise, et Galuppi de l’île voisine. Non la bruyante et grouillante Murano des verriers mais, au-delà, la minuscule Burano, adorable îlot de calme aux maisons, cubes multicolores, dont même le linge étendu au soleil semble autant de drapeaux éclatants claquant pour une fête silencieuse. Comme un caillou bariolé tombé sur l’eau de la lagune dont les ondes, ondulations, vagues, vaguelettes, rides, en s’éloignant à l’infini de la brume, auraient atteint l’autre rivage d’une île, la rive du rêve : celle des Antipodes, lieu diamétralement opposé à un autre, ici, au diamètre social de la ligne de démarcation décrétée par les hommes, puisque les femmes y règnent : une île donc aux « antipodes du bon sens », expression retenue par un dictionnaire ancien de ce temps. Puisqu’il est aussi supposé que seuls les hommes sont détenteurs du sens, du bon : de la Raison. Qui est forcément celle du plus fort : force musculaire masculine contre le sexe dit faible.
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COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 2 février 2019. Mahler : Symphonie N°1 dite Titan. Orchestre National de Lille / Alexandre Bloch. C’est dans un projet passionnant – qui est toujours aussi un défi un peu fou… – qu’Alexandre Bloch vient de jeter ses forces (et bien évidemment celles de l’Orchestre National de Lille que le chef français dirige depuis septembre 2016) : offrir au public lillois une intégrale des Symphonies de Mahler – d’ici à janvier 2020 – dans leur ordre chronologique. C’est ainsi l’occasion « de suivre le parcours créatif d’un génie musical unique, qui révolutionna l’écriture symphonique par sa démesure visionnaire », comme l’indique si bien le programme de salle. Autre particularité de ce coup d’envoi, avec la Première Symphonie (dite « Titan »), on assiste ce soir à un concert « connecté ». En effet, après une première expérience réussie (en janvier 2018) autour du Sacre du printemps de Stravinski, Alexandre Bloch renouvelle sa proposition de concert connecté. LIRE NOTRE CRITIQUE COMPLETE
GUSTAV en smartphony… le génie Mahlérien connecté, expliqué, magnifié
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Compte rendu, opéra. Sacrati : La finta pazza. Dijon, Opéra, Grand-Théâtre, 5 février 2019. Leonardo García Alarcón / Jean Yves Ruf. C’était une sorte d’Arlésienne de l’opéra : toujours citée, jamais vue. 375 ans après sa création française, à l’instigation de Mazarin pour le jeune Louis XIV, Leonardo García Alarcón nous offre la production de « La Finta Pazza », redécouverte qu’il signe avec Jean Yves Ruf, après leur mémorable Elena, de Cavalli. Aux sources de l’opéra vénitien comme français, cette production est créée à Dijon, au Grand-Théâtre, à l’italienne, le plus opportun pour ce répertoire…
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COMPTE-RENDU, CRITIQUE, opéra. METZ, Opéra, le 1er fév 2019. PUCCINI: Tosca. Pérez-Sierra / Fourny. Il en va de Tosca comme de la Traviata ou de Carmen : éternellement jeunes, ce sont des amies de longue date dont on croit connaître tous les secrets, et que l’on retrouve toujours avec bonheur comme avec appréhension. La surabondance de propositions est loin d’en avoir épuisé la richesse. Une nouvelle preuve nous en est donnée avec la production que signe Paul Emile Fourny pour l’ Opéra de Metz. Plus que beaucoup d’ouvrages véristes, l’efficace drame de Sardou se prête à la caricature expressionniste, au Grand-Guignol. Ici, le refus de transposition ou d’actualisation de l’intrigue se conjugue à la volonté de dépasser l’anecdote pour concentrer toute l’attention sur les principaux acteurs, broyés tour à tour par le drame.
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JANVIER 2019
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COMPTE-RENDU, opéra. PARIS, Bastille, le 30 janvier 2019. BERLIOZ : Les Troyens : Tcherniakov / Jordan. Troyens désenchantés… et réécrits. Fidèle à sa grille de lecture à l’opéra, le russe agent du scandale, Dmitri Tcherniakov réécrit à présent tous les opéras qu’il met en scène ; c’est évidemment le cas des Troyens, osant par exemple faire d’Enée, un traître à sa patrie ; de Priam, un père incestueux et un dictateur ordinaire ; de Cassandre surtout, figure magistrale voire sublime dans la première partie (La prise de Troie), une fumeuse traumatisée, qui a la haine de son père (violeur), soit une âme désenchantée, déstructurée, au cynisme glacial et distancé. Les spectateurs et connaisseurs de Berlioz apprécieront. Si le metteur en scène a liberté de mettre en scène toute partition, est-il juste de réécrire le profil des personnages et couper dans les séquences de l’action au risque de trahir l’unité et la cohérence originelle voulues par le compositeur ? Ainsi ne faut il pas plutôt écrire pour présenter la production :
LES TROYENS DE TCHERNIAKOV
d’après
BERLIOZ…
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COMPTE-RENDU, opéra. TOULOUSE, Capitole, le 27 janv 2019. DONIZETTI : Lucrezia Borgia. Massis, Pancrazi… Caiani / Sagripanti : Le bel canto romantique remis au goût du public par seulement quelques grandes voix (Callas, Sutherland, Caballé) est assez rarement présenté au public en dehors de quelques titres dont émerge Lucia de Lamermoor. Ainsi la très rare Lucrezia Borgia fait l’événement à Toulouse. La soprano française Annick Massis au sommet d’une carrière bientôt trentenaire fait une prise de rôle risquée. Elle ne déméritera pas vocalement. Prudente dans le prologue, elle évolue lentement vers plus d’engagement et sait garder une marge de progression pour un final très abouti. Les exigences vocales sont sauves et la voix d’Annick Massis garde homogénéité et brillant. La souplesse des phrasés fait merveille et les nuances vocales sont délicates. Mais les emportements sont très maitrisés, peut être trop.
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COMPTE-RENDU, opéra. LIMOGES, Opéra, le 27 janv 2019. KORNGOLD : Die tote Stadt (La Ville morte). Baleff / Anglade. Enfant prodige, né à Bratislava en 1897, Erich Wolfgang Korngolddevait disparaître en 1957 à Hollywood, à peine âgé de soixante ans. Fuyant les persécutions nazies, il s’était installé dans la capitale du cinéma en 1934, y gagnant une solide réputation de compositeur de musiques de films – Captain Blood avec Errol Flynn reste l’une de ses compositions les plus célèbres -, décrochant même un oscar. Cette deuxième partie de carrière ne saurait pourtant faire oublier la première, de musicien « sérieux », couronnée par la création, le 4 décembre 1920, le même soir à Hambourg et à Cologne, de Die tote Stadt (La Ville morte), son plus grand succès dans l’univers lyrique.
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Compte rendu, récital, Dijon, Opéra, Auditorium, le 26 janvier 2019. Liszt et Sciarrino. Jean-Pierre Collot, piano. Ce concert s’inscrit au centre d’un triptyque où la musique de notre temps est confrontée à la musique ancienne. Le pianiste Jean-Pierre Collotn’emprunte jamais les voies de la facilité. C’est particulièrement le cas ce soir, où, sous l’intitulé « Virtuosités italiennes », il a choisi de faire alterner l’Italie des « Années de pèlerinage » de Liszt avec les trois premières sonates qu’avait écrites Salvatore Sciarrino pour son instrument. Familier du procédé, habité par la musique du compositeur italien, il avait déjà mis en regard ces sonates avec la musique de Debussy dans un album enregistré en 2016. Le choix de ce soir apparaît encore plus légitime. Le voyage auquel nous sommes conviés est moins celui de l’Italie que l’immersion dans l’univers de Dante (à une pièce près, la Canzonetta de Salvator Rosa), le récital s’achevant de façon explicite « après une lecture de Dante ». Toutes les pièces sont enchaînées. L’élision des ruptures que constituent les applaudissements renforce les liens quasi génétiques qui unissent ces pièces : il n’y a pas davantage de distance qu’entre une rhapsodie hongroise et une des ultimes compositions de Liszt.
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Compte rendu, opéra. PARIS. Opéra Bastille, le 25 janvier 2019. Hector Berlioz : Les Troyens. Stéphanie D’Oustrac, Ekaterina Semenchuk, Brandon Jovanovich, Stéphane Degout, Christian Van Horn… Choeurs et Orchestre de l’Opéra. Philippe Jordan, direction. Dmitri Tcherniakov, mise en scène. Retour des Troyens d’Hector Berlioz à l’Opéra Bastille pour fêter ses 30 ans ! La nouvelle production signée du russe Dimitri Tcherniakov s’inscrit aussi dans les célébrations des 350 ans de l’Opéra National de Paris. Une œuvre monumentale rarement jouée en France avec une distribution fantastique dirigée par le chef de la maison, Philippe Jordan. La première est en hommage à son défunt Président d’Honneur, et principal financeur du bâtiment moderne, le regretté Pierre Bergé. Le metteur en scène quant à lui dédie la production à Gérard Mortier. Une soirée forte en émotion.
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COMPTE RENDU, opéra. PARIS, Bastille, le 25 janv 2019. BERLIOZ : LES TROYENS. Jordan / Tcherniakov. Dénaturés ou régénérés ? Telle est la question face à ce spectacle qui démontre moins l’opéra de Berlioz que la vision d’un homme de théâtre. Mal scène ou réécriture positive ? L’Antiquité se fait intrigue domestique et thérapie collective dont les enjeux dévoilent en réalité les traumas dont chacun souffre malgré lui. La grille de lecture réécrit l’opéra. Pas sur que Berlioz sorte gagnant de cette affaire… Mais anecdotique et laide, la mise en scène collectionne les idées gadgets et déjà vues : Cassandre est interviewée par une équipe de télévision …
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Compte-rendu, opéra. LIEGE, Opéra, le 25 janvier 2019. Gounod : Faust. Patrick Davin / Stefano Poda. Créée en 2015 à Turin, la production de Faust imaginée par Stefano Poda a déjà fait halte à Lausanne (2016) et Tel Aviv (2017), avant la reprise liégeoise de ce début d’année. Un spectacle événement à ne pas manquer, tant l’imagination visuelle de Poda fait mouche à chaque tableau au moyen d’un immense anneau pivotant sur lui-même et revisité pendant tout le spectacle à force d’éclairages spectaculaires et variés. Ce symbole fort du pacte entre Faust et Méphisto fascine tout du long, tout comme le mouvement lancinant du plateau tournant habilement utilisé…
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Compte-rendu, opéra. PARIS, Opéra, le 24 janvier 2019. Scarlatti : Il primo omicidio. René Jacobs / Romeo Castellucci. Coup de coeur de Classiquenews en ce début d’année, la recréation française d’Il primo omicidio (1707), l’un des plus fameux oratorios d’Alessandro Scarlatti (1660-1725), est un événement à ne pas manquer. Alessandro Scarlatti reste aujourd’hui davantage connu comme le père de son fils Domenico, célèbre apôtre du clavier dont on a entendu l’été dernier l’intégrale des sonates en concert dans toute l’Occitanie. Pour autant, Alessandro Scarlatti fut l’un des compositeurs les plus reconnus de son temps, en tant qu’héritier du grand Monteverdi et annonciateur de la génération suivante, dont celle de Haendel.
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Compte-rendu critique. Opéra. LYON, JANACEK, De la maison des morts, 21 janvier 2019. Orchestre de l’opéra de Lyon, Alejo Pérez. Dernière étape lyonnaise d’une production qui avait triomphé à Londres et à Bruxelles en mars et novembre dernier, l’ultime opéra de Janacek oppose une orchestration rutilante et lyrique à une déclamation plus austère qui en fait un opéra singulier, difficilement classable, comme l’est la Donna serpente de Casella, quasiment contemporain. Warlikowski saisit l’œuvre à bras le corps, avec une intelligence et un engagement dramatique qui forcent le respect. Sa lecture vient s’ajouter, sans la faire oublier, à la mythique production de Chéreau.
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COMPTE RENDU, critique, opéra. MARSEILLE, Odéon, le 20 janvier 2019. LEHAR : La veuve joyeuse. Membrey / Lepelletier. Oui, vive la Veuve ! On ne criera pas pour autant « Mort aux maris ! » par prudence, presque chacun l’étant, l’ayant été ou le sera. Encore que la disons Pension de réversionque le vieux Palmieri de Marsovie laisse en mourant élégamment très vite à sa jeunesse d’épouse Missia, plus que le budget restauré de la petite principauté d’Europe centrale ruinée, une constellation de millions, ferait le bonheur d’une myriade internationale de prétendants, soupirants aspirant à sa main pour restaurer leur fortune, ou la faire, pour la dilapider en restaurants chics parisiens avec champagne à gogo et gogo girls en campagne, dans cette capitale du monde et de la fête qu’est ce Paris de la fin du XIXesiècle où tout le monde se retrouve, mondains comme fripouilles, entre le Maxim’s cher déjà à tel Président d’hier, cher à faire rire jaune même un gilet d’aujourd’hui, et lieux de plaisirs racaille et canaille des hauteurs de la Butte à putes de Pigalle et Montmartre.
VIVE LA VEUVE !
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Compte-rendu, opéra. LILLE, Opéra, le 16 janvier 2019. Pygmalion de Rameau couplé avec Amour et Psyché de Mondonville. Emmanuelle Haïm / Robyn Orlin. Spectacle coproduit entre l’Opéra de Lille, le Théâtre de Caen, l’Opéra de Dijon et les Théâtres de la ville de Luxembourg, c’est une bonne idée qu’ont eu les quatre institutions lyriques de coupler Pygmalion de Rameau (1748) et L’Amour et Psyché (1758) de Mondonville, qui traite tous deux de l’éternel thème de l’amour.
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Compte-rendu, Opéra. GENEVE, le 13 janv 2019. Le Voyage fantastique de Sun Wukong / Opéra de Pékin. Après deux ans de bons et loyaux services (durant la durée des travaux du Grand-Théâtrequi réouvrira le mois prochain avec le Ring de Wagner), la structure en bois de l’Opéra des Nations de Genève est sur le point de partir pour la chine, afin de continuer sa vie, après avoir également servi à la Comédie-Française pendant le temps de rénovation qu’elle avait également subie. Bon enfant et spirituel, Tobias Richter a eu l’idée d’inviter la célèbre compagnie de l’Opéra de Pékin pour des adieux en forme de clin d’œil, et la troupe est venue avec un des titres parmi les plus connus dans l’Empire du Milieu : Le Voyage fantastique de Sun Wukong…
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Compte rendu concert. TOULOUSE. La Halle-aux-Grains, le 12 janvier 2019. Mozart. Mahler Adam Laloum. Orchestre National du Capitole de Toulouse. Wong. Nous avons eu le bonheur de suivre l’activité intense du jeune pianiste toulousain cet été au Festival de Salon-de-Provence, La Roque d’Anthéron et Les Pages Musicales de Lagrasse. Le retour à Toulouse d’Adam Laloum avec l’orchestre du Capitole devait être une fête et la salle de la Halle-aux-Grains comble, dans une ambiance fébrile, a eu une écoute des plus attentives, malgré les fâcheux tousseurs impudents. Adam Laloum comprend le génie mozartien de manière instinctive. Il semble être chez lui dans sa musique. Finesse des traits, justesse du toucher à l’exact poids, beauté des nuances, inventivité dans les phrasés, douceur dans l’andante et esprit espiègle dans le final. C’est un régal de chaque instant avec une écoute attentive des instruments solistes dans les moments chambristes.
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Compte rendu, concert. DIJON, Opéra, Auditorium, le 12 janvier 2019. Prokofiev, Korngold, Stravinsky. Les Dissonances / David Grimal. Avant la Philharmonie de Paris, puis Le Havre (Le Volcan), l’Opéra de Dijon offre à son public ce nouveau programme des Dissonances, avec David Grimal comme démiurge et soliste du concerto de Korngold. Celui-ci est précédé par la suite op 33 bis de l’Amour des trois oranges, de Prokofiev (1925) et sera suivi de la troisième suite de l’Oiseau de feu, de Stravinsky. Quand les Dissonances se concentraient sur des œuvres de Mozart, on était admiratif, à juste titre. Le fait de confier la direction au violon solo, ou d’en faire l’économie, s’inscrivait dans une sorte de retour aux sources. Lorsque les musiciens de David Grimal se sont approprié le répertoire romantique, de Beethoven à Brahms, …
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Compte rendu, récital, DIJON, Opéra, le 15 janvier 2019. Chopin, Liszt, Schumann. Sophie Pacini, piano… Le programme, romantique, redoutable aussi, est dépourvu de surprises, sinon celle de l’interprète. Sophie Pacinigermano-italienne, vient d’avoir 27 ans. Malgré ses récompenses, ses enregistrements, ses récitals et concerts, elle demeure peu connue en France, et c’est bien dommage. Après la Seine musicale, avec un programme sensiblement différent, Dijon bénéficie de son apparition. Imposante de stature, son jeu athlétique, musclé, surprend autant par sa virtuosité singulière que par son approche personnelle d’œuvres qui sont dans toutes les oreilles. C’est la Fantaisie –impromptu, opus 66 de Chopin, qui ouvre le récital. Virile en diable, même si sa lecture conserve un aspect conventionnel, c’est du Prokofiev dans ce qu’il y a de plus puissant, voire féroce, avec des rythmiques exacerbées, accentuées comme jamais, sans que Donizetti soit là pour le cantabile. Les affirmations impérieuses l’emportent sur les confidences, la tendresse, la mélancolie, estompées, d’autant que les tempi sont toujours très soutenus…
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COMPTE-RENDU, concert. PARIS, cercle France-Amériques, le 14 janvier 2019. Véronique BONNECAZE, piano. LISZT, DEBUSSY. Il fallait bien attendre la fin de l’année Debussy (et donc au delà) pour disposer enfin d’une main sûre, d’une pensée entière capable d’en comprendre et la construction révolutionnaire et l’infini poétique : si l’année Debussy 2018 est bel et bien derrière nous, janvier 2019 nous renvoie à cette (triste car timide) année de célébration du centenaire, mais ici revivifiée avec éclat et pertinence grâce à l’approche de la pianiste Véronique Bonnecaze. L’expérience du concert confirme la réussite de son disque dédié au grand Claude, que fait paraître le label Paraty, ce 25 janvier 2019. Le cercle France-Amériques accueille son premier concert de lancement.
Pictural, poétique : le Debussy de Véronique Bonnecaze
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COMPTE-RENDU, concert. MARSEILLE, le 12 janv 2019. Concert du nouvel an, Lyricopéra. De la Peña, Mendoze…LyricOpéra fêtait ses dix ans, ses quarante concerts, sans subventions, sans autre soutien que les dons et le dévouement sans faille de sa fondatrice Marthe Sebag. Avec son propre piano qui reste à demeure, elle a fait du Temple Grignan un véritable temple intime du lyrique et s’est gagnée le concours d’artistes dont beaucoup, jeunes, trouvent ou ont trouvé en ce lieu, un premier public attentif et exigeant, avant de se lancer à l’assaut de plus vastes scènes et auditoires. Beaucoup de ces chanteurs honorent désormais des lieux prestigieux nationaux et internationaux, mais fidèles et reconnaissants à l’accueil de cet écrin marseillais chaleureux, ils y reviennent pour notre bonheur. Ainsi, ce premier concert 2019 recevait, avec un vétéran, Christian Mendoze, ancien danseur étoile, flûtiste virtuose, fondateur, il y a plus de trente ans, du premier ensemble baroque de la région Musiqua Antiqua Provence qu’il a promené avec succès dans toute l’Europe, jalonnant son itinéraire de festival en festival, de disques couronnés de prix prestigieux, Grand Prix de l’Académie du Disque, Prix Radio Suisse International, ou distingués par la critique, Recommandation Classica, Meilleur disque de l’année, etc.
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Compte-rendu, Opéra. Fribourg, Théâtre de l’Equilibre, le 6 janvier 2018. W. A. Mozart : Die Zauberflöte. Joan Mompart / Laurent Gendre. Né de la récente fusion de l’Opéra de Fribourg et de la compagnie lyrique Opéra Louise, le Nouvel Opéra Fribourg (NOF) s’est donné comme mission d’ « enjamber les barrières isolant le lyrique de la création scénique contemporaine ». C’est ainsi que Julien Chavaz – directeur de l’institution romande – a eu l’idée de proposer au metteur en scène (de théâtre) suisse Joan Mompart, de mettre en images La Flûte enchantée de Mozart. Le résultat est prodigieux de beauté visuelle et d’intelligence formelle. Le plateau vidé de tout décor restera vide de tout décor tout au long de la représentation, laissant aux images vidéos – signées par Brian Torney et projetées sur de grands rideaux de tulle – le soin de porter l’imagination des spectateurs vers de lointaines contrées tant physiques que psychiques.
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Compte-rendu, concerts. GSTAAD (Suisse), New Year Gstaad Festival, Eglises de Rougemont et Lauenen, les 4 & 5 janvier 2019. Nathalie Stutzmann, Leon Kosavic et l’Ensemble Orfeo 55 (Rougemont), puis Aleksandros Kapelis et les Barock Solisten du Berliner Philharmoniker (Lauenen) dans des œuvres de J. S. Bach. La musique classique à Gstaad, ce n’est pas seulement le célèbre Menuhin Festival en période estivale et les Sommets Musicaux fin janvier, c’est aussi le Gstaad New Year Music Festival, manifestation fondée et inlassablement défendue par la Princesse Caroline Murat, une des arrière-petites-nièces de Napoléon 1er, installée dans la célèbre station alpine, pianiste renommée, mais également co-fondatrice des non moins fameux Festival de Verbier et Sommets Musicaux susnommés…. (…)… Leon Kosavic, prend ensuite le relais avec les arie « Ich will den Kreuzstab gerne tragen » (BWV 56) et « Jesus ist ein Schild » (BWV 56). Le jeune chanteur, que nous avions découvert dans Les Noces de Figaro à Liège, la saison dernière, possède toutes les qualités requises pour rendre justice à cette page. Son baryton souple et flexible le destine tout naturellement aux airs de bravoure dont les redoutables vocalises ne lui posent aucune difficulté, ni en précision ni en justesse. Le velours du timbre en fait également l’interprète idéal des pages plus contemplatives, …
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COMPTE-RENDU, opéra. TOULON, le 1er janvier 2019. ROSSINI : Le barbier de Séville. Hempel / Sinivia. « Bravo, bravissimo », applaudissais-je après avoir savouré dans sa plénitude cette production du Barbiere di Siviglia dans le cadre grandiose du théâtre antique d’Orange lors des dernières Chorégies, le 31 juillet. Puisque les productions tournent, se reprennent, il n’y a pas de raison de ne pas reprendre des introductions aux articles critiques d’œuvres qui demeurent immuables, éternelles, malgré les traitements que leur appliquent ou infligent, malgré les temporalités diverses que leur imposent les metteurs en scène au goût du jour. En voici quelques lignes qui donneront la mesure du passage d’un plein air immense à l’espace clos, plus intime, de l’Opéra de Toulon.
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COMPTE RENDU, concert. VIENNE, Musikverein, le 1er janvier 2019. CONCERT DU NOUVEL AN, Wiener Philharmoniker / CHRISTIAN THIELEMANN. A 59 ans, le wagnérien et straussien (Richard), Christian Thielemann, plus habitué de Dresde et de Bayreuth que de Vienne, affecte un geste un rien prussien, … possède-t-il réellement le sens de l’élégance viennoise, celle des Johann Strauss fils et père, Josef et Edouard aussi ? Car les valses et épisodes symphoniques de Johann fils, vedette viennoise majeure pour cet esprit léger, et davantage, appellent un caractère spécifique entre abandon et allusion, suggestion et subtilité qui doit éblouir non pas dans cette « légèreté » partout annoncée (qu’est ce que cette musique dite “légère” en réalité ? Le vocable comprend une infinité d’acceptations…). Ici, dans l’écrin désigné du rituel Straussien, le Musikverein, il ne doit être question que de finesse, subtilité mélodique, orchestration raffinée, ivresse évocatoire…
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2018
COMPTE RENDU, concert. SCEAUX, La Schubertiade, le 8 décembre 2018. Quatuor Modigliani : Schubert, Mozart, Debussy. De toute évidence, ce qui frappe avant tout chez les Modigliani, c’est la sûreté de leur sonorité, l’ampleur du geste en particulier défendu par le premier violon (Amaury Coeytaux), la volonté d’unir et de fusionner une respiration claire et nuancée qui emporte et précise le caractère de chaque pièce. Le programme rentre bien dans la thématique cultivée depuis sa première session par La Schubertiade de Sceaux : piliers de la musique de chambre (dont surtout la présence pour chaque concert du samedi, d’une œuvre clé de Schubert) et horizon stylistique très élargi, car passer ainsi ce 8 décembre, de Schubert à Mozart puis Debussy, exige chez les spectateurs comme de la part des interprètes, une capacité de concentration égale et même progressive, à mesure que l’on passe d’une écriture à l’autre.