vendredi 19 avril 2024

Compte-rendu, opéra. LILLE, Opéra, le 16 janv 2019. RAMEAU : Pygmalion / MONDONVILLE : Amour et Psyché. Haïm / Orlin.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique et à l’opéra - et notamment avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Compte-rendu, Opéra. Opéra de Lille, le 16 janvier 2019. Pygmalion de Rameau couplé avec Amour et Psyché de Mondonville. Emmanuelle Haïm / Robyn Orlin. Spectacle coproduit entre l’Opéra de Lille, le Théâtre de Caen, l’Opéra de Dijon et les Théâtres de la ville de Luxembourg, c’est une bonne idée qu’ont eu les quatre institutions lyriques de coupler Pygmalion de Rameau (1748) et L’Amour et Psyché (1758) de Mondonville, qui traite tous deux de l’éternel thème de l’amour.

 
 

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La première pièce est un des huit ballets en un acte qu’écrivit le compositeur dijonnais entre 1748 et 1754. Tiré du dixième livre des Métamorphoses d’Ovide, le livret reprend la légende de Pygmalion, amoureux de la statue d’ivoire qu’il a lui-même sculptée. L’Amour anime la statue et le chœur chante les louanges du dieu qui règne sur les cœurs. La deuxième pièce est la troisième entrée du ballet héroïque intitulé Les Fêtes de Paphos qui est formé en fait de trois ballets autonomes (Vénus et Adonis, Bacchus et Erigon, et L’Amour et Psyché), composés entre 1747 et 1758, et reliés a posteriori sous le titre de Fêtes de Paphos. Si les deux ouvrages ont une même thématique amoureuse, ils diffèrent en ceci que le second est un pur divertissement, qui ne vise qu’à donner du plaisir, tandis que le second cherche à émouvoir (au sens baroque du terme).
Heureusement, les deux compositeurs français sont merveilleusement servi par la direction d’orchestre : attaques précises, clarté des pupitres, osmose avec un plateau quasi idéal… Emmanuelle Haïm, à le tête de son Concert d’Astrée, fait des merveilles !
Las, la mise en scène/chorégraphie de Robyn Orlin ne restera pas dans les annales. On a trop de fois vu ce procédé qui est de réaliser des vidéos en live pour les projeter au même moment sur des écrans. Les incessants allers et venues de sa troupe et la surabondances d’images diverses et variées parasitent l’écoute, n’éclaire en rien les histoires qui sont contées dans les livrets, et surtout ne font jamais jaillir l’émotion. La série de clichés sur le monde de l’art qui illustre le ballet de Mondonville est tout simplement hors propos et parfaitement gratuite. Bref, nous nous sommes ennuyés pour ce qui est de la partie visuelle…
La partie vocale sauve heureusement la mise (et la soirée !), avec d’abord un hommage appuyé pour le ténor flamand Reinoud van Mechelen (Pygmalion) : belle voix claire, pure et sans vibrato, tour à tour fine et puissante, élégance du style et diction parfaite du français. Statue puis Psyché, la jeune soprano colorature française Magali Léger vit les émois du sentiment amoureux sans afféterie, et nous gratifie de son beau timbre délicat. Avec une voix beaucoup plus corsée, parfois rauque, la chanteuse franco-canadienne Samantha Louis-Jean a du tempérament à revendre en Céphise puis Vénus. Dans le rôle d’Amour, commun aux deux ouvrages, Armelle Khourdoïan fait preuve autant de séduction que d’autorité, avec des aigus aisés et un medium charnu.  Enfin, dans l’hilarant rôle de Tisiphone, le baryton rochelais Victor Sicard explose en déesse (transgenre) infernale, avec une voix aussi solide que parfaitement articulée.
Grâce aux voix et à la musique, on passe au final un bonne soirée !

 
 
 

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Compte-rendu, Opéra. Opéra de Lille, le 16 janvier 2019. Pygmalion de Rameau couplé avec Amour et Psyché de Mondonville. Emmanuelle Haïm / Robyn Orlin.

 
 
 

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