vendredi 4 octobre 2024

COMPTE-RENDU, opéra. Genève, le 11 sept 2019. GLASS : Einstein on the beach. Daniele Finzi Pasca / Titus Engel

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

glass philip coffret box cd review cd critique classiquenews homepage_large.9078cd9bCompte-rendu, Opéra. Genève, Grand-Théâtre, le 11 septembre 2019. Einstein on the beach de Philip Glass. Chœur et Orchestre de la Haute Ecole de Musique de Genève. Daniele Finzi Pasca (mise en scène). Titus Engel (direction). Quasiment personne (on compte seulement une ou deux tentatives…) n’avait osé s’affronter au mythe que constitue « Einstein on the Beach », œuvre-monstre du duo Philipp Glass / Robert Wilson créée au Palais des Papes à l’été 1976. Pour marquer d’un grand coup son premier mandat à la tête du Grand-Théâtre de Genève (après dix années passées à celle de l’Opéra des Flandres), le suisse Aviel Cahn a choisi ce titre, et a proposé au Suisse Daniele Finzi Pasca (à qui l’on doit les Cérémonies des jeux olympiques de Sotchi ou, plus récemment, la fameuse Fête des vignerons de la voisine Vevey) de mettre en images ce véritable OLNI (Objet Lyrique Non-Identifié). Las, avouons d’emblée que le nouveau « jet » est loin du choc qu’avait constitué pour nous la mouture originale (par quatre fois, lors de la reprise du spectacle de Wilson au Corum de Montpellier, puis au Théâtre du Châtelet, il y a bientôt dix ans).

 

 

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Pour commencer, et c’est la plus grosse déception, il faut faire le deuil des sublimes chorégraphies de Lucinda Childs, remplacées ici par de plates scénettes illustratives, dont la première nous montre Einstein s’affairant autour de son bureau, entourés de multiple assistants, et l’on s’ennuie ferme là où l’on tressaillait de plaisir avec Childs. Il faudra attendre une bonne heure avant qu’une image vienne enfin nous tirer de notre torpeur, celle de roues tournoyant – en roue libre – dans un ciel orageux et rougeoyant à la fois.
D’autres suivront, plus ou moins oniriques, tel cette naïade vêtue de tulles oranges se livrant à un mystérieux ballet aquatique dans une grande cuve cylindrique emplie d’eau. L’humour est également présent dans le spectacle, notamment lors de la scène la plus réussie (à nos yeux) de la soirée, où les acteurs circassiens de la Compagnia Finzi Pasca – filmés en temps réel – essaient d’escalader la bibliothèque d’Einstein, selon les images vidéos que le public voit, mais sont en fait allongés au sol, ce qui s’avère à la fois une réflexion sur la pesanteur, mais qui est surtout prétexte ici à d’improbables et drolatiques figures acrobatiques ! Mais pour deux ou trois moments réussis esthétiquement ou intellectuellement, combien de scènes vides, qui ne sont rien d’autres que du pur remplissage. Où est donc passé la vraie réflexion métaphysique qui innervait les 4h30 du spectacle de Wilson (ici réduit à 3h40), car on ne retrouve ici que des scènes sans grande logique ni lien entre elles, si ce n’est qu’elles font appel aux éléments de langage de Finzi Pasca (références circassiennes, néons, jeux d’ombres et de miroirs). Bref, la copie apparaît comme bien pâle auprès de l’original…

 

 

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Par bonheur, la force de la musique et du chant, quant à eux, restés intacts, et constituent le principal intérêt de la soirée. Les structures répétitives de la musique de Philip Glass, son arithmétique et son solfège chantés par un Chœur – composé d’étudiant(e)s de la Haute Ecole de Musique de Genève (à l’instar des instrumentistes de l’Einstein Ensemble) – d’une tenue et d’une précision impressionnantes, ses progressions, ses ruptures rythmiques, libèrent les effets hypnotiques qui nous avaient cloué à notre siège la première fois, sous la direction d’un Titus Engel qui en maîtrise parfaitement la syntaxe. Même si la sonorisation semble perfectible, orgues synthétiques et bois orchestrent une liturgie captivante, présidée par un Einstein au violon aérien digne d’une Partita de Bach (Madoka Sakitsu, remarquable d’endurance et de musicalité).

Si l’essai demande néanmoins à être transformé, bravo à Aviel Cahn d’avoir eu le courage de remonter un tel ouvrage, et vivement la suite d’une saison qui – sur le papier – s’avère des plus palpitantes !

 

 
 

 

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Compte-rendu, Opéra. Genève, Grand-Théâtre, le 11 septembre 2019. Einstein on the beach de Philip Glass. Chœur et Orchestre de la Haute Ecole de Musique de Genève. Daniele Finzi Pasca (mise en scène). Titus Engel (direction).

Illustrations : © C Parodi / Opéra Grand Théâtre de Genève © 2019

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