CD, critique. VIENNE, Musikverein, le 1er janvier 2019. CONCERT DU NOUVEL AN, Wiener Philharmoniker / CHRISTIAN THIELEMANN 5 1 cd SONY classical). A 59 ans, le wagnérien et straussien (Richard), Christian Thielemann, plus habitué de Dresde et de Bayreuth que de Vienne, affecte un geste un rien prussien, … possède-t-il réellement le sens de l’élégance viennoise, celle des Johann Strauss fils et père, Josef et Edouard aussi ? Car les valses et épisodes symphoniques de Johann fils, vedette viennoise majeure pour cet esprit léger, et davantage, appellent un caractère spécifique entre abandon et allusion, suggestion et subtilité qui doit éblouir non pas dans cette « légèreté » partout annoncée (qu’est ce que cette musique dite « légère » en réalité ? Le vocable comprend une infinité d’acceptations…). Ici, dans l’écrin désigné du rituel Straussien, le Musikverein, il ne doit être question que de finesse, subtilité mélodique, orchestration raffinée, ivresse évocatoire…
Après les Welser-Möst, Dudamel, Jansons, … voici Thielemann : cravatte rayée, le directeur du festival de Pâques de Salzbourg (les directeurs du Festival estival autrichien étaient présents dans la salle), qui est aussi le directeur musical de la Staatskapelle de Dresde, retrouve le Wiener Philharmoniker pour ce programme festif. Les connaisseurs retrouvent dans la disposition typiquement viennoise de l’orchestre, les 6 contrebasses placées en fond, face au chef sous l’orgue du Musikverein de Vienne, véritable colonne sonore assurant une structure et une carrure emblématiques. Le chef a déjà dirigé les Wiener Philharmoniker : on ne peut donc pas parler de baptême orchestral. Le programme d’emblée est très classique : rien que des valses et des polkas ; pas d’étrangers, ni de chanteurs invités (comme l’a fait Karajan à son époque, à la fin des années 1980). Mis à l’honneur aux côtés des frères Strauss (Johann II, Josef et Edouard), une autre dynastie de compositeurs et musiciens viennois, les Hellmesberger, père et fils…
Thielemann : UN GESTE UN RIEN MARTIAL ? Le programme annoncé résolument austro-hongrois, commence par la Schönfeld March op. 422 de Carl Michael Ziehrer: le ton est donné, martial et un rien sec et tendu dans la scansion rythmique. Ziehrer a composé opérettes et ballets (comme Johann Strauss II) : l’écriture est assez quelconque, déployant un caractère ronflant, fort en panache démonstratif, à la façon d’une marche militaire, ou d’une parade appuyée, rythme et accents prussiens à l’envi; baguette épaisse et ronde, d’une martialité trop revendiquée, Thielemann n’est guère dans le style élégantissime qui a fait les meilleurs fait qui l’ont précédé dans cet exercice. Pourtant le Musikverein est plus connu pour l’élégance de sa programmation et la finesse des auteurs programmés. On craint le pire pour la suite…
Heureusement, le chef respecte le code et l’esprit du rituel de l’an neuf à Vienne avec la très belle valse qui suit, la première du programme : « Transactions Waltz » op. 184 de Josef Strauß: Josef est le premier cadet malheureux de Johann : mort en 1870 (à 43 ans) : l’ingénieur qui rejoint l’entreprise familiale et orchestral en 1850 (à 23 ans car son ainé Johann est lui-même épuisé) – mort éreinté en tournée en Pologne… Or le génie de Josef musicalement est aussi élevé que celui de Johann : on s’en aperçoit à chaque session de ce concert du nouvel an. Josef serait même souvent plus sombre et ambivalent, riche et profond que son ainé… De fait, Transactions Wazl s’affiche immédiatement plus sombre, et grave au début, pour mieux faire surgir le thème principal, dans le raffinement des timbres des bois, énoncé par les cordes et des flûtes aériennes : la finesse s’invite enfin, enivrée dans cette séquence, qui s’avance à pas feutrée en pleine magie… saluons l’intelligence des climats, le raffinement de l’orchestration, la caresse de la mélodie principale, délicate nostalgie grâce à un équilibre très subtil entre cordes et les bois… avec la harpe, d’une ineffable nostalgie. Soulignons la profondeur et la sensibilité étonnante de Josef Strauss fauché trop tôt, son aptitude spécifique pour le développement symphonique, à la fois dramatique et allusif, et aussi de façon général, une réflexion sur le sens même de la valse, entre désir et mort. Josef nous paraît plus sombre encore que Johann II. Un maître à mieux connaître et plus écouter assurément.
Thielemann nous réserve ensuite une surprise qui pourrait être révélation : de Josef Hellmesberger (fils): Elfin Dance. Immédiatement saisissante, la finesse étincelante grâce aux nuances aiguës, vibrées, rondes du « xylophone »d’une partition inscrite dans les nuages. Hellmesberger fut professeur de violon au Conservatoire de Vienne et aussi fondateur avec son fils du Quatuor Hellmesberger (1849). Avouons que le compositeur ne manque pas d’inspiration ni de subtilité. Éthéré et aérien est cet elfe, un pur esprit – le style et l’écriture sont très sensuels (pizz des cordes, doublées par les flûtes) – comme Mendelssohn dans Le Songe d’une nuit d’été (envol et boucle aérienne de Puck)? Thielemann est dans son élément : ambassadeur d’une musique pleine d’élégance et de finesse, résolument et littéralement « légère ».
Enfin voici le premier morceau du compositeur vedette : Johann STRAUSS II (fils): sur un rythme effréné, l’Express, polka schnell op. 311 est bien une Polka rapide – on regrette cependant la nervosité un peu sèche ; un rien hystérique (là encore systématique et trop appuyée) de Thielemann qui dirige comme un prussien, vif, nerveux, droit. de toute évidence, et dans ce tableau précis, il manque de souplesse comme de retenue.
Du même Strauss fils, « Pictures of the North Sea », waltz op. 390 / Images de la mer du nord développe écriture et texture orchestrales. L’épisode symphonique à l’essence poétique et chorégraphique débute dans le sombre … déroulant un premier tapis envoûté, quasi tragique, puis un souffle profond grave pour que surgisse enfin l’éblouissante mélodie (wagnérien dans sa houle et ses phrases continues : d’emblée Thielemann le wagnérien est à son affaire ici) : on admire le métier du chef, capable d’heureux équilibres sonores, la finesse des flûtes, le chant ciselé des clarinettes parfaitement détaillées, comme enivrées, caressantes…
Pourtant à l’inverse, et dans le même temps, regrettons quelques écarts de conduite dans la direction : des contrastes trop marqués, et appuyés : la frénésie du geste empoigne la valse avec une dureté prussienne propre au chef berlinois : il n’a pas la finesse de son aîné le regretté Nikolaus Harnoncourt (né en 1929 et décédé en 2016), spécialiste et passionné de valses viennoise qui dirigea le Wiener en de nombreuses occasions les Philharmoniker et le Concert du Nouvel An, à 2 reprises : 2001 et 2003. Ronflant, sec, Thielemann déçoit globalement, malgré les trouvailles sonores évoquées précédemment. Sa baguette manque de fluidité malgré le sujet aquatique de la valse choisie.
Autre frère, pas assez connu et mis dans l’ombre de Johann, leur ainé : Eduard Strauß: « Post-Haste », est une polka schnell op. 259, pour laquelle Thielemann cisèle la coupe et l’esprit de syncope (évocation de la course de la diligence) ; ici encore, on remarque les limites du chef car Thielemann détaille certes l’instrumentation mais manque de précision comme d’imagination: sa direction relève d’un système métrique, militaire dans cette cadence au galop, trépidant, trop mécanique…
Un petit mot sur Edouard, le dernier fils Strauss et l’héritier de la dynastie. Il est mort en 1916, en pleine guerre, trouve sa voie spécifique, comparée à celle de ses deux frères ainés, par une écriture plus frénétique, qui s’est spécialisé dans les polkas rapides / ainsi cette « Polka-schnell ». Rongé par le ressentiment contre ses frères, et pourtant héritier enviable de la dynastie familiale (et orchestrale), il dissout cependant en 1901, l’orchestre Strauss et, surtout, pendant trois journées (honteuses) d’octobre 1907, brûle nombre de papiers, manuscrits et forcément partitions de ses frères Strauss : destruction catastrophique d’un héritier insensé devenu fou. Nombre de documents et de partitions de Josef et de Johann seraient ainsi partis en fumée. L’histoire de la famille Strauss relève d’un roman feuilleton, et l’on s’étonne malgré le succès populaire de leurs valses et mazurkas, qu’aucune série télévisée ne soit encore emparé de leur saga. A suivre…
Après la pause de la mi journée (le concert a commencé à 11h), reprise avec l’évocation du Johann compositeur d’opérettes : c’est Offenbach qui pourtant son rival en France, aurait exhorté le Viennois à composer des opérettes. Grand bien que cette proposition confraternelle et constructive. Ainsi l’ouverture du Baron Tzigane… la plus célèbre avec celle de La Chauve Souris, … ainsi le motif de la valse dépasse la seule occurrence épisodique, pour atteindre une évocation pleine de nostalgie … tzigane et purement symphonique (par le motif ourlé de la clarinette) ; dans cette pièce de caractère, à l’ambition dramatique manifeste, Thielemann soigne le panache sombre et grave, avec un très bel effet de texture caressant chaque motif, en particulier au hautbois, sinueux et pastoral. Là encore on peut regretter le geste un peu lourd du chef plus prussien que viennois.
Pourtant, se détache ensuite finesse et légèreté dans « La Ballerine » opus 227 de Josef Strauß, polka française, et ses fin de phrases, suspendues en deux accents, détachés, retenus… véritable hymne à la souplesse élastique. Avec La vie d’artiste opus 316, de Johann II, le ballet de l’Opéra de Vienne s’invite au concert : comme un réveil au matin, le premier couple du corps de ballet de l’Opéra (Wiener Staatsballet) s’ébranle sur la terrasse et dans les couloirs et circulations du bâtiment : l’élégance et la facétie (gestuelles des mains) des 5 couples en blanc et noir imposent une leçon de souplesse acrobatique, – un moment de raffinement collectif magnifié évidemment pas la somptueuse musique, moins allusive que descriptive, dans la cadre des décors et intérieurs de l’Opéra viennois. L’institution fête ses 150 ans en 2019, ayant été inauguré en 1869. Prestige revendiqué et histoire célébrée au moment où ce sont deux français qui dirigent la Maison, Dominique Meyer, intendant général et l’ex danseur étoile à Paris, Manuel Legris, directeur de la danse. Johann Strauss redouble de tendresse feutrée dans cette page très raffinée qui est l’objet d’une réalisation télévisuelle audacieuse (plans inclinés de la caméra dont jouent les danseurs, très complices).
Puis, d’Eduard Strauß: « Opera Soirée » / Une soirée à l’opéra est une polka française op. 162 (à deux temps), polka assez lente, au rythme plus appuyé que la polka mazurka qui est encore plus lente et ralentie avec des temps suspendus… : Une soirée à l’opéra semble mieux convenir à la carrure prussienne de Thielemann – sans écarter facétie ni délicatesse avec une palette de nuances (piccolo) très finement détaillées ; voici la séquence où le chef dévoile une direction plus nettement enjouée, pleine de sous entendue comme d’élégance.
De Johann STRAUSS II (fils): « Eva Waltz », la valse d’Eva extrait de l’opéra Le Chevalier Pazman se distingue en un début magnifique (somptuosité profonde et noble des cors, puis en dialogue avec les contrebasses – valse atténuée comme un rêve, une réitération onirique liée au personnage d’Eva dans l’opérette de Johann II. C’est Cendrillon réinventée, sa présentation au bal… puis du même opéra, Thielemann a sélectionné une nouvelle pièce de caractère, extrait du même opéra : « Csárdás ». Comme celle de la sublime Chauve Souris, celle qui permet à la comtesse hongroise de s’alanguir jusqu’à la pâmoison, et aussi à la soprano requise, d’éblouir par sa virtuosité profonde, voici une autre facette du génie de Johann II, pleine de facétie heureuse, d’intelligence sauve et lumineuse, de grâce et de finesse. Le Concert télévisé étant aussi une carte postale soulignant les trésors patrimoniaux autochtones, voici les danseurs du Ballet de l’Opéra de Vienne, soit dans un château de basse Autriche, un couple de touristes, parodique, décalé qui s’ennuie puis s’éveille à la pure danse, en rejoignant 3 autres couples de danseurs dans la galerie haute Renaissance. Là encore reconnaissons que la réalisation comme l’alliance de Strauss et de la danse sont idéalement complémentaire, dans un tableau qui s’achève en extérieur, sur une collection de rythmes et de folklores bien trempés, où règne la noblesse du thème hongrois principal (la czardas est de style aristocratique), joué selon la tradition par les paysans pour les moissons ou les noces villageoises.
Johann fils règne en maître absolu avec la Marche égyptienne op. 335 : festival de timbres et d’effets orientalisants et rutilants, parfaitement caractérisés et utilisés à bon escient : d’abord grosse caisse, clarinette mystérieuse, cordes voluptueuse : c’est une séquence entonnée comme une marche militaire, mais enchantée – panache onirique des trompettes et des cors, au souffle inouï, qui égale le meilleur Saint-Saëns, celui oriental de l’orgie / bacchanale dans Samson et Dalila. Thielemann est chez lui, dirigeant sans baguette avec une décontraction affichée, assumée ; lorsque les instrumentistes viennois entonnent en « la la la », le chœur du motif égyptien (qui rappelle aussi Verdi dans ses ballets d’Aida). Tout s’achève dans le lointain en second plan, superbe effet de spatialisation : festif et interactif, le tableau suscite l’enthousiasme de la salle, et la joie des musiciens, heureux d’avoir ainsi surpris l’audience internationale.
Enfin, après « la Valse entracte » de Joseph Hellmesberger fils: d’une délicatesse soyeuse et enivrante (les pizzicati délicats des violons), celle d’un rêve éveillé, auquel Thielemann réserve son attention la plus nuancé, ce sont deux pages parmi les plus raffinées des fils Strauss, Johann II, l’incontournable : « In Praise of Women », polka mazur op. 310 / Eloge des femmes : hymne féministe qui tombe à pic après nos hontes contemporaines (cf les mouvements #Metoo, et #balancetonporc) où règnent flûtes, piccolo, clarinettes et bassons : (finesse d’élocution, irrésistible élégance et souveraine retenue… en un équilibre impeccable cordes et cuivres)… et le rythme très lent, le plus lent, de la polka mazurka ; puis la musique des sphères opus 235 du cadet tout aussi génial, Josef : grande valse, et la plus inspirée du compositeur, où flûtes / harpe se détachent, signifiant là aussi une aube qui se lève… pourtant, le bas blesse : à la délicatesse suggestive de la partition, nous regrettons l’enflure qui finit par être ennuyeuse, et même agaçante du chef, … trop pompier, ignorant volontaire de toute légèreté. Quel dommage.
Enfin c’est le rituel de fin, pour tout concert du nouvel An qui se respecte. Après proclamer les vœux de l’Orchestre, chef et musiciens jouent d’un seul tenant et sans interruption – quand les prédécesseurs commençaient les premières mesures, puis prononçaient les vœurs, enfin reprenaient à son début la partition : voici l’extase fluviale promise et tant attendue, emblème de l’art de vivre viennois : Le Beau Danube Bleu (Johann STRAUSS fils) : avouons que Thielemann sait écarter toute épaisseur et boursoufflure, instillant ce climat du rêve qui fait briller les cors, recherche les effets de textures moins la transparence, d’où ce sentiment d’opulence, de grain sensuel (les clarinettes) – sommet de naturel et de grâce – la partition d’abord chorale, finit ainsi sa course d’une éloquence et sublime manière, comme chant légitimement célébré de l’élégance viennoise à l’international.
Oui certains nous rétorquerons : pourquoi boudez ainsi son plaisir ? Le Beau Danube Bleu suffit à répondre et militer finalement en faveur de la baguette explicitement symphonique de Thielemann. Nous ne parlons pas sciemment de La marche de Radetsky de Johann Strauss le père : bonus pour amuser un public qui souhaite participer en claquant des mains, soulignant encore et encore la frénésie rythmique d’un tube plus que célébré. Daniel Barenboim avait bien raison de bouder cette séquence car la partition fut composée pour célébrer la victoire sur des manifestants et étudiants tués outrageusement contre leur appel à liberté. Qu’on se le dise.
Carrure prussienne mais sensibilité instrumentale d’un gourmand gourmet, Christian Thielemann nous ravit quand même, dans ce concert qui sans être mémorable – ceux de Georges Prête, Nikolaus Harnoncourt, Gustavo Dudamel, Mariss Jansons (2016) l’ont été – , nous permet de marquer dans la légèreté moyenne, à défaut d’exquise finesse, ce 1er jour de l’année nouvelle 2019.
Retrouvez le cd et le dvd du CONCERT DU NOUVEL AN à VIENNE, 1er janvier 2019, sous la direction de Christian Thielemann, à paraître mi janvier chez Sony classical.
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COMPTE RENDU, concert. VIENNE, Musikverein. CONCERT DU NOUVEL AN, Wiener Philhamroniker / CHRISTIAN THIELEMANN (1er janvier 2019) : Valses, polkas, extraits d’opéras, ouverture de Johann STRAUSS II, Josef STRAUSS, Edouard STRAUSS, Josef Hellmesberger…
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Nos autres comptes rendus et critiques des CONCERTS DU NOUVEL AN à VIENNE :
Concert, compte rendu critique. Vienne, Concert du Nouvel An 2016. En direct sur France 2. Vendredi 1er janvier 2016. Wiener Philharmoniker, Mariss Jansons, direction. Valses de Strauss johann I, II; Josef ; Eduard. Waldtaufel…
Concert, compte rendu critique. Vienne, Concert du Nouvel An 2016. En direct sur France 2. Vendredi 1er janvier 2016. En direct de la Philharmonie viennoise, le Konzerthaus, le concert du nouvel An réalise un rêve cathodique et solidaire : succès planétaire depuis des décennies pour ce rendez vous diffusé en direct par toutes les chaînes nationales du monde et qui le temps des fêtes, rassemblent toutes les espérances du monde, en une très large diffusion pour le plus grand nombre (les places sont vendues à un prix exorbitant destiné aux fortunés de la planète) pour un temps meilleur riche en promesses de bonheur. Cette année c’est le chef Mariss Jansons, maestro letton (résident à Saint-Pétersbourg), autant lyrique que symphonique bien trempé qui dirige les divins instrumentistes viennois, ceux du plus subtil des orchestres mondiaux et qui pour l’événement célèbre l’insouciance par la finesse et l’élégance, celle des valses des Strauss, Johann père et fils bien sûr, ce dernier particulièrement à l’honneur, et aussi Joef et Eduard ses frères (tout aussi talentueux que leur ainé), Eduard dont 2016 marque le centenaire.
Compte-rendu critique, concert. VIENNE, Musikverein, dimanche 1er janvier 2017. Wiener Philharmoniker. Gustavo Dudamel, direction. Depuis 1958, le concert du Nouvel An au Musikverein de Vienne est retransmis en direct par les télévisions du monde entier soit 50 millions de spectateurs ; voilà assurément à un moment important de célébration collective, le moment musical et symphonique le plus médiatisé au monde. En plus des talents déjà avérés des instrumentistes du Philharmonique de Vienne, c’est évidemment le nouvel invité, pilote de la séquence, Gustavo Dudamel, pas encore quadra, qui est sous le feu des projecteurs (et des critiques). A presque 36 ans, ce 1er janvier 2017, le jeune maestro vénézuélien a concocté un programme pour le moins original qui en plus de sa jeunesse – c’est le plus jeune chef invité à conduire l’orchestre dans son histoire médiatique, crée une rupture : moins de polkas et de valses tonitruantes, voire trépidantes, mais un choix qui place l’introspection et une certaine retenue intérieure au premier plan ; pas d’esbroufe, mais un contrôle optimal des nuances expressives, et aussi, regard au delà de l’orchestre, comme habité par une claire idée de la sonorité ciblée, une couleur très suggestive, mesurée, intérieure qui s’inscrit dans la réflexion et la nostalgie…? Voilà qui apporte une lecture personnelle et finalement passionnante de l’exercice 2017 : Gustavo Dudamel dont on met souvent en avant la fougue et le tempérament débridé, affirme ici, en complicité explicite avec les musiciens du Philharmonique de Vienne, une direction millimétrée, infiniment suggestive, d’une subtilité absolue, qui colore l’entrain et l’ivresse des valses, polkas et marches des Strauss et autres, par une nouvelle sensibilité introspective. De toute évidence, le maestro vénézuélien, enfant du Sistema, nous épate et convainc de bout en bout. Relevons quelques réussites emblématiques de sa maestrià viennoise. En lire PLUS
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Zubin Mehta / Concert du Nouvel An à VIENNE 2015
L’hommage au génie de Josef Strauss
http://www.classiquenews.com/cd-concert-du-nouvel-an-a-vienne-2015-philharmonique-de-vienne-zubin-mehta-1-cd-sony-classical/
Daniel Barenboim / Concert du Nouvel An à VIENNE 2014
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-vienne-konzerthaus-le-1er-janvier-2014-concert-du-nouvel-an-oeuvres-de-johann-strauss-i-et-ii-edouard-josef-et-richard-strauss-avec-les-danseurs-de-lopera-de-vienne-wiener-phil/
Franz Welser-Möst / Concert du Nouvel An à VIENNE 2013
http://www.classiquenews.com/neujahrskonzert-new-years-concert-concert-du-nouvel-an-vienne-2013franz-welser-mst-1-cd-sony-classical/
Mariss Jansons / Concert du Nouvel An à VIENNE 2012
http://www.classiquenews.com/vienne-musikverein-le-1er-janvier-2012-concert-du-nouvel-an-wiener-philharmoniker-mariss-jansons-direction/
Georges Prêtre / Concert du nouvel AN à VIENNE 2010