STREAMING, REPLAY, opéra. PUCCINI : Turandot (Stölzl) sur ARTEconcert – À l’Opéra d’État de Berlin (en juin 2022), Elena Pankratova, Aida Garifullina, Siegfried Jerusalem, René Pape contribuent à la valeur scénique et vocale de cette version berlinoise du dernier opéra de Puccini sous la direction de Zubin Mehta et dans une mise en scène de Philipp Stölzl. Ce dernier met en scène une immense poupée marionnette dont à mesure que l’action se déroule, les membres se disloquent, exprimant le passage de la princesse vierge sanguinaire à sa lente humanisation au contact du prince Calaf…
À Pékin, des prétendants de sang royal de tous les pays se pressent pour épouser la princesse Turandot. Pour être l’heureux élu, il leur faut se soumettre à la résolution des trois énigmes énoncées par la princesse, fille de l’Empereur, qui a fait vœu de chasteté. S’ils échouent, c’est la mort. Alors que la foule réclame l’exécution du prince de Perse, Calaf, le fils du roi Tatare, tombe sous le charme de l’inaccessible princesse et « ose » se soumettre au rituel des énigmes…
Aida Garifulina, sincère et tendre Liù
Chef-d’œuvre inachevé, le dernier opéra de Puccini (1858-1924), créé à la Scala de Milan deux ans après la mort du compositeur, recèle aussi l’un des plus grands airs pour ténor : « Nessun dorma », air mythique qui a constrtuit la légende de Luciano Pavarotti : au matin, Pékin s’éveille dans la terreur car Turandot a exigé qu’on lui révèle l’identité du prince prétendant… Cette nouvelle production de Turandot, dans une mise en scène monumentale postfuriste du réalisateur allemand Philipp Stölzl réalise la cruauté d’une société soumise à loi d’une princesse vierge… Ici convainquent surtout la Liù de la soprano Aida Garifullina, beauté sacrificielle qui restitue au conte barbare, une humanité tendre ; René Pape en Timur au profil ciselé… sous la baguette à la fois détaillée instrumentalement et orchestralement flamboyante du maestro indien Zubin Mehta, familier de la partition pour l’avoir entre autre dirigée dans une production devenue mythique à Pékin même, dans la cité interdite.
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VOIR sur ARTEconcert TURANDOT de PUCCINI :
https://www.arte.tv/fr/videos/109832-000-A/giacomo-puccini-turandot/
En replay du 15/10/2022 au 13/01/2023
Opéra filmé le 18 juin 2022 à l’Opéra d’État de Berlin.
Mise en scène : Philipp Stölzl
Avec :
Elena Pankratova (Turandot)
Siegfried Jerusalem (Altoum)
René Pape (Timur)
Yusif Eyvazov (Calaf)
Aida Garifullina (Liù)
Gyula Orendt (Ping)
Andrés Moreno García (Pang)
Siyabonga Maqungo (Pong)
Staatskapelle Berlin
Zubin Mehta, direction
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CHORÉGIES D’ORANGE 2020. A l’heure de la covid19, la circulation internationale des artistes étant réduite (probablement jusqu’à la fin de l’année 2020), les Chorégies d’Orange se mettent au diapason de la mémoire et propose une manière de rétrospective, avec focus sur quelques unes des plus belles réalisations passées. Un retour sur… en quelque sorte. Histoire des Chorégies sur le site et la page facebook (exposition photographique jusqu’au 23 juillet 2020 / 1979 – 2009 : 40 ans de photos réalisées par Philippe Gromelle : Quarante ans de photos aux Chorégies d’Orange retracés grâce à huit courtes vidéos d’environ 5 minutes. Huit épisodes, qui traiteront chacun d’un thème emblématique du festival lyrique: «Musiques en fête», «Métamorphoses d’un opéra : de la maquette au spectacle», «Les voix légendaires», «Les chefs d’orchestre et les metteurs en scène», «Les artistes présents en 2020», «L’opéra le plus joué», «Les plus beaux souvenirs de Philippe Gromelle» et «Le public des Chorégies») ; retransmisions sur France Télévisions et culturebox de 3 productions emblématiques :
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OPERAS EN REPLAY jusqu’au 19 décembre 2020
VERDI : Il Trovatore (2015)
PUCCINI : Madama Butterfly (dès le 4 juillet, Orange 2016)
VERDI : Requiem (dès le 18 juillet 2020, Orange 2016)
et sur France Musique, programmes spécial Chorégies d’Orange, les 5 juillet, 12 juillet puis 1er août 2020.
à venir
Ce n’est plus un secret, les Chorégies d’Orange 2021 présenteront SAMSON ET DALILA de SAINT-SAËNS avec Roberto Alagna et Marie-Nicole Lemieux, Samedi 10 juillet 2021
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NOTRE AVIS
VERDI : Il Trovatore (Orange, 2015). Rien de confus ou alambiqué dans l’opéra de Verdi : une légende virile et fantastique qui narre la vengeance de la gitane mi sorcière mi haineuse Azucena, laquelle recueille et élève son « fils » Manrico ; celui ci aime Leonora, elle-même adorée par le sombre et cynique Comte Luna. Manrico et Luna s’opposent, se haïssent : Luna fait condamner Manrico par jalousie, avant d’apprendre de la bouche d’Azucena qu’il était son frère ; ainsi se venge la sorcière dont le véritable enfant a été tué, brûlé vif par le premier comte de Luna… Ainsi se réalisent les haines de clans, sacrifiant les enfants pour venger l’honneur des parents.
Verdi exploite les ressorts dramatiques d’une sombre histoire familiale où les enfants perpétuent la barbarie des parents. Transmission de l’esprit du soupçon, des manipulations et du mensonge, l’action est celle de la vengeance sourde mais inéluctable… Dès la première scène, l’histoire de l’enfant brûlé est contée par une basse chantante, hallucinée, pénétrée par l’horreur qu’il professe…
La production d’Orange 2015 réunit une distribution convaincante ; la Leonora de la chinoise Hui He est plus mezzo dramatique (d’une belle rondeur cuivrée quoique souvent imprécise dans ses vocalises) ; son ampleur renforce l’autorité d’un personnage, écarte l’angélisme du rôle ; sa Leonora a des accents plus maternels que réellement juvéniles, et même de plus en plus sombres à la fin ; le Manrico de Roberto Alagna a fière allure, ardent et enivré même, incarnant la virilité tendre du jeune amoureux, comme l’ardeur loyal du fils, présent à sa mère (air du feu, nerveux et tendu), pris dans les rets d’une haine familiale qui le dépasse. Luna, sombre, jaloux, à la rancœur aigre, braise inquiète dans l’ombre de la lumière des deux amants permet au baryton roumain Georges Petean d’épaissir son personnage, mais l’interprétation reste parfois trop sage ; heureusement à mesure que l’action se déroule, ce jaloux frustré gagne une sincérité croissante. Tandis que la sorcière de Lemieux atteint des éclats ténébristes et graves dans le récit de la mort de son fils croisé avec le visage de sa mère brûlée vive…. Une très belle interprétation. La direction de de Billy est active, mais lourde et brutale ; et la mise en scène de Charles Roubaud, routinière mais lisible, jusqu’à l’épure oratorienne à la fin. Durée : 2h20mn.
Culturebox. En replay jusqu’au 27 décembre 2020
https://www.france.tv/france-3/tous-a-l-opera-2018/966403-il-trovatore-de-verdi-aux-choregies-d-orange-2015.html
Roberto Alagna, Manrico
Hui He, Leonora
Marie Nicle Lemieux
George Petean, Comte de Luna
Orchestre National de France
Bertrand de Billy, direction
Charles Roubaud, mise en scène