mardi 8 juillet 2025
Accueil Blog Page 366

Coffret « a tribute to Benjamin Britten »Huit opéras – Arthaus MusikLe contenu du coffret, présentation de chaque opéra

Sommaire
du coffret « A tribute to Benjamin Britten« ,
paru en décembre 2006 chez Arthaus Musik

1. Peter Grimes, 1945
Après avoir réalisé un Billy Budd tout aussi convaincant, David Atherton, à la tête de l’English National Opera orchestra, Philip Langridge, dans le rôle titre, abordent la violence et la barbarie à l’oeuvre dans Peter Grimes, le premier opéra de Britten, qui lui valut une notoriété immédiate. Le ténor incarne un Grimes déterminé dans son mutisme et son mystère, sorte d’albatros qui décidément n’a rien de commun avec les habitants du village de pêcheurs d’Aldeburgh. La tragédie et la cruauté du monde des hommes, mais aussi, l’appel au dépassement, l’incandescence des préludes marins, dans lesquels se fondent, et la nostalgie de Britten pour ses chères côtes natales, et le désir d’atteindre d’autres rives salvatrices : tout est présent dans cette production d’une parfaite cohérence, scénique, vocale, dramaturgique.

2.The Rape of Lucretia, 1946
Après
le succès de son premier opéra : Peter Grimes, Britten et la troupe
lyrique qu’il a co fondé, renouvellent l’exercice dramatique. Il
souhaite développer un théâtre national, soucieux d’apporter à
l’Angleterre une véritable dramaturgie, digne des trésors de sa langue
et de sa poésie. The Rape of Lucrezia est donc une sorte de premier
aboutissement pour un drame anglais renouvelé : pour la création, créé
le 12 juillet 1946, le plateau comprend Kathleen Ferrier et Peter
Pears. Le film reprend l’excellente mise en scène de Graham Vick et
tourne en studio chaque tableau : ombres noire sur fonds lumineux, à la
façon des théâtres d’ombres asiatiques. La conception est épurée, elle
intensifie les passions humaines, soulignant l’acuité presque
étouffante de ce huit-clos : grossièreté des militaires étrusques,
vertue éprouvée de Lucrezia. La très efficace tenue interprétative
éclaire ce drame de l’obscurité, soumis aux mystères de la nuit. C’est
une machinerie marquée du sceau de la corruption et de la manipulation,
de la haine et de la pernicieuse séduction. Quand Tarquinius envoûte et
viole la jeune femme, c’est la Rome bafouée qui perd sa dignité sous le
joug des infâmes étrusques. Conduite d’acteurs exemplaires, voix
claires, proclamatrices, incantatoires (en particulier, les deux
récitants ou intercesseurs qui expriment et narrent le feu intérieur
qui dévore chaque personnage, à la façon du Testo du Combat de Tancrède
de Monteverdi) : rien ne manque à cette lecture cinématographique,
parfaitement réglée.

3.Billy Budd, 1951
D’après
le Billy Budd de Melville, Britten a construit une nouvelle parabole du
thème qui lui est cher et innerve toute son oeuvre : l’innocence
sacrifiée, les blessures et le traumatisme infligés à une victime
innocente par la société corruptrice et avilissante. Le milieu des
marins, sur l’Indomptable, vaisseau appareillé pour vaincre les
français, est une jungle qui concentre la violences et l’inhumanité des
rapports sociaux. Dans la mise en scène de Tim Albery (1993), l’action
se déroule dans l’esprit du Capitaine Vere, rongé par la culpabilité.
Univers d’hommes, oppressant, à la façon d’une étuve meurtrière, la
production suit l’horreur décriée dans la partition, et le chemin de
croix de Billy, objet des désirs inavouables et bientôt sadique de Vere
et surtout du maître d’armes, John Claggart, figure du mal. L’orchestre
dirigé par David Atherton laisse respirer toutes les couleurs écrites
par Britten dans une partition qui n’a jamais été aussi inspirée,
flamboyante et poétique. Quant aux chanteurs, ils sont indiscutables.

4.Gloriana, 1953
Enregistrement
pris sur le vif au London Coliseum en 1984, la production dirigée par
Marc Elder à la tête des effectifs de l’English national opera emporte
l’adhésion. Les scènes d’évocation élisabéthaines dans le style
Renaissance tarif et pré baroque sont subtilement restituées (danses à
la Cour londonienne) ; surtout le duo Elisabeth I et Essex est
superbement incarné par Sarah Walker et Anthony Rolfe Johnson : la
figure suprême du pouvoir pris dans les filets d’une passion amoureuse,
est saisissante de vérité. Sarah Walker donne au personnage de la
Souveraine, ce visage à la fois humain et solennel. Entre la femme qui
aime, et la Reine qui pointe l’illusion d’un égarement, se précise la
véritable personnalité de la fille d’Henri VIII, une âme vive et
intelligente, prête à sacrifier l’idée d’un bonheur personnel pour la
grandeur de la nation anglaise (scène finale où la Souveraine exprime
la grandeur de la fonction qui est la sienne). Quant à Johnson, il fait
d’Essex, un arriviste non dénué de fière arrogance qui, favori du
Sceptre, s’est crû au-dessus des lois et de la femme qui l’aimait, et
lui-même avorton d’une noblesse particulièrement hautaine. La réussite
de Britten tient au fait qu’il réussit un drame historique palpitant,
au lieu d’une oeuvre froide et sophistiquée, convenue et complaisante.
Pour son couronnement, Elisabeth II pouvait contempler dans sa
magnificence restituée, son ancêtre, fondatrice d’une Angleterre
unifiée et forte.


5.The turn of the screw, 1954
L’histoire
des fantômes prend une dimension étrange et hypnotique dans la mise en
scène glaçante de Michael Hampe, d’autant que la direction de Steuart
Bedford est vive, détaillée, presque énigmatique, pour cette captation
en provenance du festival de Schwetzingen de 1990. La gouvernante
d’Helen Field a cette fragilité permanente qui la rend exaltée et
courageuse, perdue mais tenace (scène du lac). L’interprétation relève
d’un examen clinique de folie collective, – ou individuelle si l’on se
place du côté de la gouvernante : l’action peut ne s’être déroulée et
n’avoir fleuri que dans sa pauvre imagination… La tenue de
l’orchestre, aux morsures suggestives, qui rend chaque apparition de
Miles, plus fascinante que la précédente, ne fait qu’accentuer la
réussite de la production.

6.Owen Windgrave, 1970
Pacifiste, Britten expose ses thèses contre la guerre, contre
l’impasse de la violence, et dénonce l’inutile grandeur des états qui
osent versé le sang de tant d’innocents. Owen Windgrave incarne un
idéal humaniste, le diamant d’un être loyal, dépourvu de calcul, prêt à
rompre la gloire de sa famille, au renom militaire, si la carrière
qu’on lui a imposé, ne cadre plus avec ses convictions.
L’interprétation de Gérard Finley est sobre et subtile. Tous les
chanteurs offrent d’ailleurs une photogénie plausible pour cet opéra
conçu pour la télévision. La direction de Nagano, à la tête du
Deutsches symphonie orchester Berlin, est vive, mordante, dessinée. Là
aussi, une production totalement convaincante. En bonus : « The hidden
Heart », documentaire captivant sur la vie et l’oeuvre de Benjamin
Britten de 58mn.

7. Death in Venice, 1973
L’ultime
partition de Britten ferme le cercle des oeuvres lyriques du
compositeur : c’est un chant du cygne et aussi l’aboutissement de la
collaboration avec Peter Pears pour lequel le compositeur a conçu un
rôle central, écrasant, fulgurant qui porte toute l’action dramatique.
Robert Tear donne l’ampleur d’un rôle qui recueille le lyrisme
idéaliste et esthétique d’un homme parvenu au terme de son chemin. Dans
une Venise crépusculaire, bientôt rongée par l’épidémie, les dernières
visions d’un condamné qui erre, se perd pour mieux affronter sa propre
mort, trouvent dans la musique de Britten, un superbe aboutissement,
composé d’une succession de tableaux contemplatifs. Lire notre critique
plus développée du dvd « Mort à venise » de Benjamin Britten.


8.
Let’s make an opera, 1949

L’enfance occupe une place centrale dans l’oeuvre de Britten. Pour
la deuxième édition du Festival d’Aldeburgh, en 1949, le compositeur
imagine un « divertissement » en trois parties, deux théâtrales avec
épisodes musicaux, un troisième, lyrique, sur le thème du Petit
Ramoneur. Du début à la fin, sur le mode de l’humour et du plaisir, le
spectacle initie les plus jeunes spectateurs au monde de l’illusion, du
drame, de l’action parodique. Le film de Peter Weigl, qui se joue des
situations piquantes et drôlatiques, donne la mesure de cette ambition
de pure comédie : enchaînement de catastrophes, mines outrées,
situations bouffes, sous-entendus languissants… Tous les personnages
de la comédie filmée se retrouvent ensuite pour la représentation de
l’opéra des enfants. La réalisation de 1996 n’a pas lésiné sur les
moyens humains et techniques pour restituer le projet de Britten :
donner l’illusion et l’enchantement d’un spectacle qui mêle la féerie
d’un conte pour enfants et l’humour déjanté, accordés dans un
dispositif mixte, plutôt efficace, qui revisite le genre de la comédie
musicale. Les musiciens, chanteurs et figurants (city of Birmingham
symphony chorus, symphony youth chorus, The Coull quartet…) prennent
visiblement beaucoup de plaisir devant la caméra de Petr Weigl.
L’oeuvre de Britten ne pouvait trouver meilleurs ambassadeurs.

Approfondir
Lire notre dossier « Identité du héros dans les opéras de Benjamin Britten« 
Lire notre critique du livre « Benjamin Britten, le mythe de l’enfance« , biographie de Mildred Clary parue en novembre 2006 chez Buchet/Chastel

Crédits photographiques
Benjamin Britten (DR)
Britten et Chostakovitch (DR)

Dossier réalisé par Carter Chris Humphrey, Guillaume-Hugues Ferney, David Tonnelier, Delphine Raph et Lucas Irom sous la direction d’Alexandre Pham.

Paris. Théâtre des Champs-Elysées, le jeudi 7 décembre 2006. Concert Schubert, Mahler. Orchestre National de France, direction : Daniele Gatti

0

Daniele Gatti connaît bien la Quatrième Symphonie de Mahler. Il l’a enregistrée avec le Royal Philharmonic Orchestra, dont il est le directeur musical depuis dix ans. Pour cette soirée avec l’Orchestral National, il est venu avec la voix de sa gravure discographique, Ruth Ziesak. Concert dont nous ressortons mitigés.
Beaucoup de choses admirables, bien sûr. L’Orchestre National se dépense, répond immédiatement aux souhaits de Gatti. Les cordes sont toujours aussi magnifiques d’homogénéité ; leur chant est souvent d’une simplicité étonnante et d’une grande douceur, notamment au début du merveilleux troisième mouvement. D’où vient alors cette impression de déséquilibre permanent ? Pour Gatti, la musique de Mahler est celle de la liberté, de tous les excès. Rien ne nous dérange dans ce point de vue, sauf si l’architecture est mise en défaut. Son premier mouvement faisait encore illusion, son manque de logique pouvait en effet refléter une volonté d’insister sur une certaine discontinuité du discours. Cependant, le manque de fermeté rythmique dans le deuxième mouvement, ensuite l’absence de progression dans le lyrisme, enfin une certaine dichotomie de pensée entre la chanteuse et le chef n’ont pas vraiment rétabli l’équilibre nécessaire. En outre, si nous aimons l’Orchestre National pour son engagement physique, il sonne assez gris, et les aspérités de l’écriture (notamment celle des bois) ne sont par ailleurs guère exploitées par Gatti. Nous sommes donc restés sur notre faim, sans jamais entrevoir les sphères célestes, décrites dans le lied final, rédempteur.
La Cinquième Symphonie de Schubert, programmée en première partie, manquait parfois du charme inhérent à cette musique mais Gatti, avec une économie de gestes étonnante, infusait aux musiciens de l’Orchestre National des phrasés d’une grande finesse (début du premier mouvement, thème mélodique du troisième), traversés d’élans fébriles bienvenus. A notre sens, la partie la plus aboutie du concert.
 
Paris. Théâtre des Champs-Elysées, le 7 décembre 2006. Franz Schubert (1797-1828) :Symphonie n 5 en si bémol majeur D 485. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4 en sol majeur. Ruth Ziesak, soprano. Orchestre National de France.Daniele Gatti, direction.
 
Crédit photographique
Daniele Gatti (DR)

Hommage à Benjamin BrittenCoffret de 8 dvds, Arthaus Musik

0

2006 marque les 30 ans de la disparition de Benjamin Britten. Arthaus Musik réunit en un coffret, 8 dvds incontournables pour qui souhaite se familiariser avec l’univers lyrique du compositeur britannique. L’édition mérite d’autant plus d’être soulignée que les interprétations particulièrement soignées, rendent justice à une oeuvre cohérente par ses thèmes, mais tout autant diverse dans les styles et les univers musicaux développés. Voici une présentation du coffret, prétexte pour nous, à une évocation de l’écriture lyrique de Benjamin Britten, mort le 4 décembre 1976.

Compositeur pour l’opéra
« Je suis un compositeur pour l’opéra, et c’est ce que je vais être jusqu’à la fin de ma vie« , Benjamin Briiten à Michael Tipett. Pour le compositeur britannique, l’écriture lyrique est une priorité déclarée, le coeur de son travail de musicien.
Après la fin de la guerre, Britten, créée le 6 juin 1945, pour la réouverture du Sadler’s Wells Opera, à 32 ans, son premier opéra, Peter Grimes, écrit hors des conflits aux Etats-Unis- rejoints en 1939-, car il est pacifiste. Le sujet aborde le thème de la différence, et de l’oppression d’un marin présumé criminel, par une population hostile. L’éloignement du Sussex, sa terre natale, a suscité chez Britten des évocations nostalgiques de son lieu de naissance, un hymne aux embruns marins soufflant sur les côtes habitées. Peter Grimes est musicalement éblouissant : c’est un poème qui chante la dureté de la société du village d’Aldeburg et tout autant la force des éléments de la nature. L’oeuvre tout en affirmant le génie d’un auteur aussi adulé que le fut Purcell à son époque, prélude à un cycle personnel, de 1945 à 1973, dans lequel le compositeur ne cesse de se poser la question : qu’est ce qu’un opéra? Comment renouveler le genre ? Comment et pourquoi réconcilier drame, musique, poésie, action théâtrale?
Au démarrage de son travail, Britten cofonde l’English Opera Group, en 1946, dont l’activité remet à l’honneur la production lyrique tout en recourant à un effectif réduit, celui de l’opéra de chambre. Dans le même temps, Britten et son compagnon, le ténor Peter Pears, créateur du rôle de Peter Grimes, comme il chantera aussi pour la première, le rôle du docteur Aschenbach dans son dernier opéra, Death in Venice (1973), créée en 1948, le festival d’Aldeburgh, son lieu de résidence, un festival qui chaque année donne opéras et concerts, dont certains dirigés par Britten car le compositeur fut aussi pianiste et chef d’orchestre. L’événement musical se déroule toujours.

Humaniste et ami de Chostakovitch

Dès lors, se succèdent de nombreuses oeuvres majeures qui montrent l’évolution de la pensée musicale : s’y mêlent le thème central de la différence et de l’identité, lié à l’homosexualité de l’auteur ; celui de l’enfance sacrifiée, où l’enfant n’est pas cité comme un objet à corrompre mais comme la figure d’un état d’innocence et d’insouciance, vénéré, recherché dans toute l’oeuvre ; la question de l’hypocrisie de l’ordre bourgeois…
Sur des idées graves, le musicien édifie un langage dense, serré qui recherche l’expression sans détours, tout en hissant l’anecdote sur le plan de la métaphore universelle. Plus tard, en particulier dans les trois paraboles d’église (Curlew river, 1964 ; The burning fiery furnace, 1966 ; The prodigal son, 1968), Briiten atteint une forme théâtre dont l’épure expressive se rapproche du théâtre Nô. Humaniste, Britten le fut assurément. Et son amitié avec Chostakovitch (rencontré en 1960), le démontre clairement : « Depuis des années, votre travail et votre vie ont été pour moi un modèle -de courage, d’intégrité, et de sympathie humaine, aussi de créativité et de vision claire. Personne parmi les compositeurs actuels n’ a sur moi une influence égale« , écrit-il au musicien russe, en décembre 1963, peu après la création londonienne de Katerina Ismaïlova (version révisée de sa Lady Macbeth).

Les oeuvres majeures
Après Peter Grimes, se succèdent ainsi : The rape of Lucretia (1946), Albert Herring (1947), Let’s make an opera (1949, oeuvre chère composée pour enfants), Billy Budd (1951), Gloriana (composé pour le couronnement d’Elisabeth II en 1953), The turn of the screw (1954), A midsummer night’s dream (1960), Owen Windgrave (1970, pour la BBC), enfin Death In Venice (1973).

Sommaire
du coffret « A tribute to Benjamin Britten« ,
paru en décembre 2006 chez Arthaus Musik

1. Peter Grimes, 1945

2. The Rape of Lucretia, 1946

3. Billy Budd, 1951

4. Gloriana, 1953


5. The turn of the screw, 1954

6. Owen Windgrave, 1970

7.
Death in Venice, 1973

8.
Let’s make an opera, 1949

Approfondir
Lire notre présentation de chacun des huit opéras du coffret « a tribute to Benjamin Britten » paru chez Arthaus musik
Lire notre dossier « Identité du héros dans les opéras de Benjamin Britten« 
Lire notre critique du livre « Benjamin Britten, le mythe de l’enfance« , biographie de Mildred Clary parue en novembre 2006 chez Buchet/Chastel

Crédits photographiques
Benjamin Britten (DR)
Britten et Chostakovitch (DR)

Festival 100% SchubertBruxelles, Flagey. Du 6 au 11 février 2007

0

100% Schubert
Après une première édition en 2005 consacrée à Chopin (15 000 spectateurs), le festival 100% récidive et consacre, du 6 au 11 février 2007, un cycle musical dédié à Franz Schubert (1797-1828). Décédé à 31 ans, le compositeur laisse une oeuvre sombre et tendre, profonde et énigmatique, un voyage intérieur que musicologues et public ne cessent à chaque concert d’interroger et d’explorer, sans épuiser l’insondable richesse. Le festival 100% Schubert se penche sur les joyaux de sa musique de chambre, composée par intermittence, au cours d’une vie qui a connu des périodes de mutisme, puis d’écriture effrénée.
Les divers aspects de l’oeuvre seront abordés : musique pour piano, pour quatuor et quintette, mélodies (lieder) grâce à la présence des pianistes Abdel Rahman El Bacha, Philippe Cassard, Michel Dalberto et Fritz Schwinghammer, de la violoncelliste Marie Hallynck, du baryton Dietrich Henschel, des quatuors Danel et Pražák, ainsi que du Wiener Klaviertrio.
Les oeuvres de Schubert seront aussi mises en perspective avec les formes de la musique actuelle, avec les expressions contemporaines : le rock, le jazz, la vidéo, le mix et l’improvisation mais aussi, la littérature avec la participation de Vincent Engel et Eric Durnez. Mais les événements Schubert débutent dès avant Noël. A partir du 15 décembre 2006, plusieurs activités préparent la semaine de février 2007. De nombreuses actions de sensibilisation initient toutes les audiences (public scolaire et grand public…) à la vie et à l’écriture musicale du compositeur. Conférences, spectacles pour enfants, théâtre et danse, rencontres de musicologues, concerts d’initiations, approche psychanalytique du compositeur, films documentaire et de fiction, stand littéraire, prestations d’étudiants, Leçon de Musique de Jean-François Zygel autour de l’œuvre de Franz Schubert…

Qui est Schubert?
L’oeuvre est aussi féconde que mystérieuse. Qui était Franz Schubert ? D’où vient l’inspiration de son génie singulier? Quelles étaient ses voix intérieures, capables de lui inspirer ce chant d’outre-tombe, ces climats spectraux nourris par la féerie et l’enchantement ?Comment expliquer par exemple, que dans les années 1815-1816 (il avait 18-19 ans, travaillait neuf heures par jour comme instituteur), le jeune homme compose plusieurs centaines de lieder? ; de même, les biographes soulignent le miracle des « vingt et un mois », entre 1827 et 1828, pendant lesquels le créateur produit plusieurs chefs-d’œuvre essentiels de la musique romantique allemande.
La perception du compositeur a évolué : 100% Schubert 2007 devrait aussi réévaluer les connaissances, valider ou infirmer les hypothèses, nombreuses, sur tel ou tel aspect de son oeuvre, sur telle ou telle période de sa carrière… Eduqué dès sa prime jeunesse à la musique, côtoyant poètes et intellectuels de son époque, Schubert cultivait naturellement les affinités entre les arts : musique et poésie, chant et littérature. Si chacune de ses partitions semble questionner le mystère de la vie, la question de l’identité, l’ensemble des concerts et des activités parallèles tenteront d’établir la relation de connivence et d’intimité que fait naître la musique de Schubert avec le public. Le compositeur travaillait comme un forçat, obtenant au prix d’un labeur régulier, les mélodies qui aujourd’hui enchantent les amateurs de lieder et tant d’autres pages aussi intenses.

Cycle 100% Schubert, 20 concerts en 6 soirées. Du 6 au 11 février 2007.

Consultez le programme de 100% Schubert dans notre agenda

Infos: www.100p100schubert.be ou www.flagey.be

Illustration
Wilhelm August Rieder, 1825
Gravure de L. Kupelwieser, 1813

Disques de décembre 2006Récitals lyriques, album choral : moisson glorieuse !

0

Voix de décembre : moisson glorieuse !

En décembre 2006, l’actualité du disque fait paraître simultanément un ensemble de récitals vocaux, exceptionnellement réussis. Laurence Equilbey et Accentus récidivent dans « transcriptions 2 » la magie de leur premier disque, paru chez Naïve. Primo uomo au sommet de son expérience lyrique, Simon Keenlyside surprend dans un programme conçu comme un journal personnel (Sony classical). Ambassadrices de la vague baroque toujours vivace, deux mezzos enflamment les airs haendéliens : Vivica Genaux (Virgin classics) et Angelika Kirchschlager (Sony classical). Du grand nord Norvégien, c’est le timbre éclatant et charnel de la soprano Solveig Kingelborn qui séduit dans une série d’albums de mélodies et de lieders impeccables. Jamais la scène lyrique n’a paru autant gâtée. Et le disque en recueille les fruits les plus convaincants. Qui disait que notre époque était marquée par un vide de talents?

Vivica Genaux, « Arias »
Née en Alaska mais vivant en Italie, –la nation de son compagnon-, la mezzo Vivica Genaux accorde grâce et volupté. Son chant ample et acrobatique s’est mesuré aux airs de virtuosité dans un récital d’airs de Farinelli (Harmonia mundi). Sous la direction de Fabio Biondi, elle a démontré avec flamme, un tempérament vocal éruptif dans Bajazet de Vivaldi (Virgin classics). Dans ce troisième album solo, la cantatrice revient à Haendel, en lui associant un vénitien contemporain, d’origine saxone comme lui, du plein XVIII ème siècle, Hasse. Ce dernier lui fut révélé par Jacobs à Berlin en 1999, quand elle faisait partie de la production de l’opéra Solimano. Dramatisme de l’Orlando et d’Alcina de Haendel, auxquels est associée la cantate « Splenda l’alba in oriente » Hvw 1666 ; feu belcantiste d’Arminio et de La scusa de Hasse. En Vivica Genaux, les deux plus grands compositeurs lyriques autour de 1700, ont trouvé une interprète éclatante (1 cd Virgin classics).
Lire aussi notre critique du dvd Opera night », gala de l’Opéra de Cologne (2005, Arthaus musik) dans lequel la mezzo canadienne impose une vocalità rayonnante dans Rossini et un air de Zarzuela. Un film incontournable pour les fans.

Angelika Kirchschlager, « Handel Arias »
Nous la connaissions mozartienne (lire notre critique du dvd « Les noces de Figaro » où elle incarne Chérubin » sous la direction de René Jacobs, Bel Air classiques), straussienne (lire notre critique du dvd du Chevalier à la rose où la mezzo est « Quinquin », TDK). En décembre 2006, Angelika Kirchschlager se prête au chant haendélien : la ligne souple de son timbre exprime la plainte longue et meurtrie d’Ariodante (Scherza infida), la fièvre tendre et pleine d’espérance du Cara Speme de Giulio Cesare, surtout, la sensibilité exacerbée des airs choisis extraits de la trop méconnue « Arianna in Creta ». On pensait que sa carrière avait tout donné, la diva montre une vigueur reconquise et l’opulence de son timbre préservé (1 cd Sony classical)

Simon Keenlyside, « Tales of opera »
Accompagné par Ulf Schirmer et l’orchestre de la Radio de Munich, le baryton Keenlyside montre qu’il relève le défi d’un programme multilinguiste, variant les écoles et les styles. Il a tout d’un récitaliste accompli. Une aisance interprétative donne le niveau atteint, en maturité et en musicalité. Chacun pourra à loisir sélectionner l’air de son choix, au sein d’un récital éclectique, mariant la fierté blessée de Paillasse, la noble humanité fauve de Germont, à la facétieuse fanfaronade de Figaro (Rossini), surtout l’élocution (en français) d’Hérode et la suave tendresse ivre de Wolfram. Nous l’avions découvert dans Orfeo de Monteverdi à Aix sous la direction de René Jacobs. Quel chemin parcouru depuis, mais dans la même ligne : déterminée, juste, incarnée (1 cd Sony classical)

Accentus/Laurence Equilbey : Transcriptions 2
L’idée de transcriptions se révèle triplement juste : l’approche chorale est d’une rare splendeur d’intonation et de liberté, tout en restant fidèle au « climat originel » dans la texture originelle ; à la façon d’un peintre maniant sa palette, jouant des couleurs et des tonalités, – celles de 32 chanteurs-, la chef du choeur Accentus et les choristes professionnels osent ce que nous n’avions pas imaginer entendre, à peine rêver furtivement ; enfin, le « rôle » des transcripteurs, Gérard Pesson pour Ravel et Scriabine ; Franck Krawczyk et Clytus Gottwald pour Schubert, Vivaldi ou Debussy, se dévoile en pleine lumière : Gottwald explique son travail sur les quatre lieders de Schubert ,commande de Laurence Equilbey pour Accentus. Manifeste d’une nouvelle esthétique de l’écriture chorale, et des perspectives expressives nouvellement permises, chacun des textes donne le reflet de ce disque : un voyage dans l’imaginaire, où le geste vocal est soutenu par la maîtrise éclatante du souffle, dans sa résonance, ses harmonies inédites. C’est tout d’un coup « Im Treibhaus » des Wesendonck-lieder de Wagner, l’hiver des Quatre saisons de Vivaldi ou le chant des hommes ressuscités de l’Alexandre Nevski de Prokofiev qui, révisités, transfigurés par quelques vagues chorales régénérantes, partagent un sentiment inconnu d’extase énigmatique. Eblouissant (1 cd Naïve).

Solveig Kringelborn
La soprano née en Norvège, Solveig Kringelborn a révélé en quelques années grâce à plusieurs albums parus sous étiquette NMA (label norvégien distribué en France par Distrart) l’amplitude de son timbre de soprano opulent, charnel, éclatant. Harmoniques riches, agilité souple dans tous les registres, la chanteuse surprend autant dans les rôles dramatiques (Elsa de Lohengrin, Arianne d’Ariadne auf Naxos, la Maréchale du Chavalier à la Rose et… La Comtesse de Capriccio à l’Opéra de Paris, à l’automne 2007) que dans l’univers feutré, intimiste et secret des mélodies de Grieg et de Jensen, ou dans les lieder. Son timbre exprime une plainte douce, lointaine, dont la musicalité se révèle fascinante. Celle qui porte un prénom pour chanter Grieg, -ce qu’elle fait avec combien de subtilité-, ne cesse de dévoiler son chant indiscutable, celui d’une nouvelle diva venue du Grand Nord. A écouter : « Solveigs sang » (2001, 1cd), « To a friend » : mélodies inédites de Ludvig Irgens-Jensen (2003, 1 cd) et plus récemment, « Erwartung » (1cd). Lire notre dossier « Solveig Kringelborn, portrait« .

Michaela Kaune.Richard Strauss: lieder avec orchestre. Voici un récital remarquablement conçu, cohérent par le choix des mélodies choisies, toutes avec accompagnement d’orchestre. Les Straussiens, amoureux des lieder, retrouveront, incontournables pour ce type de récital, « Wiegenlied » (suspendu, aérien), « Meinem Kinde » (attendri, maternel), « Cäcilie » (hymne ivre d’un lyrisme radical), mais aussi, -surtout- quelques perles trop rares au concert comme au disque jusque-là, tel « Gesang der Apollopriesterin » opus 33 (à l’onirisme wagnérien à peine voilé) : le timbre lumineux et tendre, l’articulation fragile, façonnée pour le lied comme l’exclamation symphonique de la soprano hambourgeoise, Michaela Kaune éclaire chaque tableau d’une touche humaine et sensible. Quant aux Quatre derniers lieder, la ligne est souveraine, l’élégance subtile et murmurée. La fusion avec l’orchestre (NDR Philharmonique, basé à Hanovre) d’un fini détaillé et mordoré, jubilatoire (grâce à la baguette à l’équilibre exquis du japonais Eiji Oue) hisse le chant crépusculaire d’après les poèmes de Hermann Hesse et Eichendorf à un niveau confondant par son esthétisme (1cd Berlin classics).

« Voix de décembre« . Dossier réalisé par Carter-Chris Humphrey, Alban Deags, Stéphanie Bataille, David Tonnelier, Tristan Montségur, sous la direction d’Anthony Goret et d’Alexandre Pham.

Pierre et le Loup par Suzie TempletonDVD événement de décembre 2006

0

Attention chef-d’oeuvre absolu !
La période des fêtes nous réserve toujours une excellente surprise. Autant dire que décembre et son lot de coffret cadeaux nous enchante en 2006 (lire notre Guide cadeaux cds, dvds et livres 2006). Mais Intégral, distributeur en France d’Arthaus Musik, nous offre une éblouissante réalisation pour Noël : Pierre et le loup d’après Prokofiev, revisité avec quel talent par la réalisatrice britannique Suzie Templeton. La réalisation de ce film d’animation, véritable joyau de poésie et d’humour fantastique, a été confié aux studios polonais Se-ma-for auquel Wallace & Gromit doivent également leur superbe incarnation à l’écran.

Ce dvd de Noël qui a suscité l’enthousiasme de la Rédaction de classiquenews.com, est d’autant plus recommandable qu’il plaira autant aux enfants qu’aux adultes. Les nombreux bonus dévoilent le travail préparatoire, surtout la conception de la réalisatrice. Vous comprendrez alors comment de son point de vue, le jeune Pierre, nouveau prototype de héros, relève le défi de ses peurs anciennes. Qui a peur du loup?

Concours
Lire notre critique du dvd Pierre et le loup de Suzie Templeton
Participez aussi à notre grand concours « Pierre et le loup » pour gagner un exemplaire de ce dvd magique et féerique !

Solveig Kringelborn, sopranoPortrait

Une voix de velours

des aigus expressifs, à l’articulation incarnée. Une ligne vocale certes. Surtout une prosodie du verbe texturée, sensuelle, idéale pour exprimer la magie incantatoire du mot : la soprano norvégienne qui a étudié à l’Académie Royale de Stockholm, Solveig Kringelborn, déploie son diamant vocal dans une série d’albums édités par le label norvégien NMA : trois disques à ce jour, dont le plus récent, « Erwartung » qui confirme ses talents de mélodiste née.
Ses compatriotes Grieg et Ibsen occupent une place de choix. Diction exemplaire, amplitude charnelle du timbre qui se montre d’une rare cohérence de registres et de dynamique : la cantatrice nordique affirme une indiscutable attraction. En plus du chant parfaitement articulé et même ciselé, la soprano ajoute un tempérament dramatique subtil, d’une musicalité égale, à couper le souffle.
Diseuse et conteuse inspirée aux lieds et dans les mélodies de ses compatriotes, elle se montre aussi inspiré dans le « grand format symphonique » comme le montre son autre album « Solveig sang ». Evidemment, le récital débute par la chanson de Solveig, extrait de Peer Gynt de Grieg : relief et opulence du timbre dévoilent le talent d’une chanteuse immensément douée.

Parcours

Elle a réellement fait ses débuts lyriques au début des années 1990. Mimi dans la Bohême, égérie de Lutoslawski qui lui dédie Chantefleurs et chantefables, la soprano dramatique enchante tout autant dans les mélodies scandinaves, ayant pour elle, le naturel et l’accentuation juste des langues scandinaves. Celle qui interprète à présent les mélodies de Grieg, d’Irgens-Jensen, fut aussi une Comtesse des Noces de Figaro de Mozart, sensible et humaine (Festival de Salzbourg, 1995 et 1996) et chante Tatyana (Oneguine) et Marie (Wozzek). A Paris, elle fut une Ariane (Ariadne auf naxos de Richard Strauss) fascinante en 2004 ; elle sera la Comtesse pour Capriccio à l’automne 2007, succédant à Renée Fleming dans la mise en scène de Robert Carsen… Mais son dramatisme incandescent s’est dévoilé plus encore dans le lied, en norvégien comme en allemand, la chaleur expressionniste de son timbre transfigure le texte. Un précédent album, intitulé Erwartung l’a démontré : Kringelborn maîtrise les connotations et intentions affleurant dans le texte, à la surface du chant. Souple et ample, charnelle et fluide, la voix étonne et captive par l’homogénéité de ses registres et de ses dynamiques.
Plus d’info : www.muzik.no

Agenda
Elsa, Lohengrin de Richard Wagner. Du 17 janvier au 4 février 2007. Milan, Scala.
La Comtesse, Capriccio de Richard Strauss. Automne 2007. Paris, Opéra Bastille.

Téléchargement. Les sites qui innoventNotre sélection. Sommaire

0

Téléchargement
les sites qui innovent.
Notre sélection
.

Peu à peu, l’idée d’une discothèque accessible à toute heure, et
d’une richesse foisonnante, y compris au rayonnage des enregistrements
historiques, se précise et prend réalité, grâce à internet. Si l’offre
des magasins diminue toujours la diversité de la musique physique (cd
et dvd), Internet grâce aux plateformes de téléchargement, vidéo et
audio, semble bien la solution technique qui sauvera le marché. Voici une sélection de nos dernières découvertes sur la toile.

1. Classical music mobile
Quelle est la valeur ajoutée de ce site pertinent ? Les enregistrements historiques tombés dans le domaine public.
Pour
un euro seulement, sans limite de durée, vous pourrez télécharger en
toute légalité de nombreux titres historiques, aujourd’hui introuvables
dans le marché physique. Le choix force le désir du mélomane et tous
les transferts sont encodés à 192 kbits/seconde. Autant dire que les
enregistrements téléchargés ne perdent rien, comparés à la bande
originale. Une idée de la diversité du catalogue ?
Mengelberg dans
la Quatrième de Mahler (Concertgebouw, 1939), Walter dans la Neuvième
de Mahler (Wiener, 1938), Cosi de Mozart par Karajan (1954), de la même
année : Huitième symphonie de Bruckner par Furtwängler avec le
Berliner… En décembre 2006 : la Tétralogie par Furtwängler en 1950 à
la Scala de Milan, mais aussi celle de Clemens Krauss, à Bayreuth, en
1953…

2. DG concerts et DECCA concerts :
L’offre digitale conçue par Universal music (Global Concert hall)
est née le 30 octobre 2006. Découvrez le contenu et le principe de ce
nouveau catalogue qui offrent rien que sur le net un choix
d’enregistrements publics par les grands orchestres américains et
européens, sous la direction des chefs renommés : orchestres de Los
Angeles, New York…, Esa-Pekka Salonen, Lorin Maazel… Le 11 décembre
2006, Decca lance son premier titre digital, avec Martha Argerich et
Riccardo Chailly.


3. Internet innovant : l’attrait des bonus exclusifs
Désormais,
il semble qu’Internet non seulement suscite la faveur des mélomanes
mais en outre, innove, joue la carte de la surprise et des bonus. Voyez
par exemple, le dernier cd de Sting, consacré à Dowland
(DG) : le programme téléchargeable est plus intéressant que l’album
physique. En plus de l’enregistrement identique à l’album cd, les
internautes pourront télécharger le film documentaire sur
l’enregistrement, et un guide explicatif du projet, réalisé par Sting
et son complice, le luthiste Edin Karamazov. Avec de tels dispositifs,
la musique classique gagnera de nouveaux amateurs ! Tout cela se passe
sur Internet, rien que sur le Net!

4. Les sites des orchestres : vitrines performantes !
Depuis
quelques années, deux orchestres anglo saxons ont montré une énergie
visionnaire dans leur politique de communication numérique. Le London Symphony orchestra et le New York Philharmonic orchestra
ont déployé sur la toile, efforts, engagements, contenus très complets.
Chacun, en complément aux inévitables textes de présentation, genèse,
historique, répertoire et généalogies des chefs et de mécènes, offre un
choix déjà très large sur les plateformes de téléchargement. Côté NYP
(New York Philharmonic), vous pourrez découvrir et posséder les
derniers titres de l’orchestre sous la tutelle de son chef, Lorin
Maazel. L’orchestre américain participe à l’offre digitale d’Universal
music, sous le titre générique de Global concert hall, en particulier
au sein des concerts live, « DG concerts »: découvrez parmi ses derniers
titres publiés, uniquement accessibles en téléchargement : les trois dernières symphonies de Mozart par Lorin Maazel et le NYP.
Lire notre présentation au chapitre 2. ; concernant le LSO, partenaire
des jeux olympiques de 2012 à Londres, les deux chefs, Colin Davis et
Bernard Haitink s’illustrent diversement, chacun selon le répertoire
abordé : le premier, convainc dans Berlioz, son cheval de bataille
depuis toujours, et vient d’enregistrer Fidelio de Beethoven ; le
second, achève une intégrale des symphonies du même Beethoven.

5. Le site du Philadelphia Orchestra mise sur le format FLAC
Les offres de téléchargement sont diverses, à performances inégales. Il est important de s’y retrouver, en mesurant les « avancées » de chacun.
Virginmega-classique.fr offre un format de téléchargement supérieur à celui de ses concurrents, 320 kbps : son amélioré, distorsion et réduction du spectre musical, moindres. Voici que se précise un format autre, plutôt attrayant d’un premier abord. De quoi s’agit-il? Moins utilisé que le Mp3, le « Free Lossless audio codec », Flac, présente de réelles avancées: aucune perte de données d’origine, mais une taille de fichier encore élevée. Cependant, premier orchestre à proposer en téléchargement ses archives sonores, l’Orchestre de Philadelphie (dont Christophe Eschenbach est le directeur musical, en plus de diriger l’Orchestre de Paris), permet aux internautes mélomanes, de télécharger sur son site, plusieurs formats musicaux non protégés (donc transférables à volonté!), au format Flac. Seul handicap, ce format s’adresse au plus débrouillards d’entre nous: incompatible avec les baladeurs numériques, le flac exige quelques astuces informatiques. Pour écouter comme il se doit les fichiers téléchargés, vous devrez brancher vos enceintes sur votre pc, ou traduire le fichier au cd audio, via un logiciel de gravure, (gratuit sur le Net). La musique numérique implique de légers aménagements techniques, mais le résultat est des plus probants. Visitez le site du www.thephiladelphiaorchestra.com

PodcastingAnalyse de l’offre en ligne

0

Le programme de mon choix, quand je veux, où je veux, dans la durée que je souhaite. Internet colle au plus près de nos rythmes et de nos envies. En dématérialisant le support, le contenu recherché peut être désormais écouté ou vu sans entraves ni limites, où l’on veut, quand on veut. Le terme « podcasting » est la contraction des mots « iPod » (du nom du baladeur MP3) et « broadcasting » (émission). Ce mode de diffusion permet, via Internet, de télécharger des enregistrements audio ou vidéo sur son ordinateur afin de les transférer ensuite sur un baladeur numérique pour une écoute immédiate ou ultérieure, séquentielle ou intégrale.

Sommaire

1. Le Bozarpodcasting

Lancé depuis le 31 octobre 2006, le Bozar de Bruxelles diffuse son offre podcasting, laquelle régulièrement actualisée, suit les expositions et les événements de musique à l’affiche du complexe culturel de la capitale belge. Le BOZARPODCAST est disponible via les sites internet d’iTunes, Brussels International, OPT, Discovery Travel et
BOZAR, et peut également être téléchargé via la borne prévue à cet
effet à l’entrée de l’exposition.
À venir en décembre 2006 : Ganesh, le protecteur. Interview exclusive de Jan van Alphen. Lotus et serpents, symboles du recommencement… Jan van Alphen nous en dit plus. Au programme du Festival India en décembre. Découvrir le site et son contenu : www.bozar.be

2. Télérama radio
Complément indispensable au magazine papier, Télérama radio offre un choix varié de contenus entièrement gratuits, dont de nombreux podcasting qui éclairent tel et tel pan de l’actualité culturelle, surtout musicale. Découvrir le site Télérama radio : www.teleramaradio.fr


A la rubrique « le classique a plein tubes »
, plusieurs « chroniques audio » analysent quelques événements de l’actualité du classique. Au programme de décembre 2006, entre autres :
Laurent Korcia, violoniste impétueux (durée : 13mn). Le violoniste parle de son instrument, un Stradivarius de 1719
Le Requiem de Mozart : suites et fin (20mn). Histoire du « Libera me » composé en 1819 à Rio de Janeiro


A la rubrique « Double croche »
, deux journalistes de la Rédaction, racontent l’histoire de la musique en dates clés et par extraits, à deux voix concertantes. Des conseils aussi pour se constituer sa discothèque idéale. Lully et Charpentier, la viole et la dynastie des Couperin , Purcell et les requiem des rois de France…. Consultez le sommaire complet.

Dimitri ChostakovitchSuite sur des poèmes de Michel-Ange (1974)France musique, le 20 décembre 2006 à 20h

0

Prima la musica
Mercredi 20 décembre à 20h
Concert enregistré à Paris,
Théâtre des Champs-Elysées
le 14 décembre 2006
Chostakovitch
Suite sur des poèmes
de Michel-Ange

Symphonie N°15
Matthias Goerne, baryton
Orchestre national de France,
Bernard Haitink
, direction

La suite sur des poèmes de Michel-Ange forme un cycle qui subjugue par son intensité et ses respirations poétiques. Composé en 1974, soit quelques mois avant la mort de l’auteur, l’ensemble est considéré comme le testament de Chostakovitch. D’ailleurs, l’adaptation pour orchestre seul, sans le concours de la voix, était considéré par le symphoniste comme sa Symphonie n°16 : une prouesse en soi quand Beethoven n’atteint que le nombre 9, Mahler à peine le 10… Plus qu’une illustration des vers choisis, il s’agit d’une amplification symphonique, murmurée ou extatique de l’incantation vocale.

Approfondir

Lire notre dossier « Dimitri Chostakovitch« 

Crédit photographique
Matthias Goerne (DR)

Ludwig Van Beethoven Symphonie n°9Grenoble, MC2 Le 29 décembre 2006 à 19h30

0

Ludwig Van Beethoven
Symphonie n°9

Grenoble, MC2
Le 29 décembre 2006 à 19h30

Choeur Symphonique de la ville de Birmingham
Barbara Haveman, soprano
Zandra McMaster, alto
Stefan Vinke, ténor
Franz-Josef Selig, basse

Orchestre national de Lyon
Jun Märkl
, direction

Première Symphonie associant à l’orchestre, la voix humaine, la Neuvième de Beethoven est l’aboutissement d’une longue gestation de près de trente années. Soit un ensemble d’esquisses préparatoires non moins foisonnantes dont la célèbre Fantaisie pour piano choeur et orchestre… Beethoven appelait dans ses propres carnets, sa Neuvième, « Symphonie allemande ». L’hymne à la joie d’après Schiller stigmatise la quête humaniste d’un Beethoven soucieux de répandre le sentiment de fraternité et de paix. Aujourd’hui son grand dessein, qui porte sur le plan musical, toutes les formes futures de la sensibilité romantique, s’est pleinement accompli. L’oeuvre en étant l’hymne Européen, réalise ce projet généreux et exemplaire conçu au XIX ème siècle par l’un des plus grands génies de la musique. Jun Märkl dirige à Grenoble l’Orchestre national de Lyon dans Beethoven, avant d’aborder, le 15 mai, dans le même lieu, plusieurs extraits des opéras de Wagner, avec la soprano Deborah Polaski (le 15 mai 2007).

Approfondir
Lire notre dossier « Les Symphonies de Beethoven« , chapitre sur la genèse et le déroulement de la Symphonie n°9.

Concert du Nouvel AnTours, Grand Théâtre OpéraLes 29, 30 et 31 décembre 2006

0

Opéra de Tours
Concert du Nouvel An

Mozart, Johann et Richard Strauss
Vendredi 29 décembre 2006 à 20h
Samedi 30 décembre 2006 à 15h
Dimanche 31 décembre 2006 à 20h

Orchestre symphonique
Région Centre-Tours
Jean-Yves Ossonce, direction

Déclinée en visuels aériens, sur un fond bleu céruléen, la communication de l’Orchestre Symphonique Région Centre-Tours annonce clairement sa couleur : celle de l’émotion et de l’évasion.
Enfin le Grand Théâtre de Tours rouvre sa salle, rénovée, flambant neuve après un chantier de rénovation de près de huit mois. Au programme d’un triptyque festif qui sonne comme une inauguration officielle, musique viennoise pour clore 2006 et ouvrir 2007 : Mozart (airs de concerts), Johann Strauss (valses, polkas et galops), surtout valses et finale du Chevalier à la Rose de Richard Strauss, grâce au concours des cantatrices Ingrid Perruche, Marina Lodygensky et Delphine Haidan, pour un trio vocal embrasé.

L’orchestre symphonique Région Centre-Tours
Né des effectifs de l’Orchestre Symphonique de Tours créé en 1960, l’Orchestre régional est né en 2002 et assure, sous la direction de Jean-Yves Ossonce, également directeur artistique de l’Opéra de Tours, une activité continue pour favoriser la diffusion de la musique symphonique auprès des communes de la Région. Chaque année un grand projet associe les structures culturelles locales, comme ce sera le cas de la production, les 24, 25 et 27 mars 2007, de la Création de Joseph Haydn, présentée à Issoudun et à Tours. Le concert du Nouvel an n’est qu’un chapitre d’une saison déjà amorcée depuis septembre 2006, et qui se poursuit jusqu’au 21 juin 2007. Parmi quelques temps forts, signalons en particulier : Le Viol de Lucrèce de Britten (février 2007), récital Ingrid Perruche (avril 2007), Les pêcheurs de perles (mai 2007)… Informations : www.regioncentre.fr et www.tours.fr

Richard Strauss, Mort et TransfigurationMezzo, jusqu’au 24 janvier 2007

0



Le 5 janvier 2007 à 20h45

Richard Strauss
Mort et transfiguration
,
poème symphonique opus 24
(Tod und Verklärung)
Concert (1977, 25 mn),
Réalisation : Humphrey Burton.
Production : Unitel
Georg Solti, direction

Rediffusions
Le 6 janvier 2007 à 13h45
Le 14 janvier 2007 à 5h45
Le 24 janvier 2007 à 16h45
.

L’oeuvre
Strauss précise son intention : dans Mort et Transfiguration, il s’agit de poursuivre le travail de Macbeth (qui commence et s’achève en ré mineur), celui de Don Juan (qui débute en mi majeur et se conclut en mi mineur) et concevoir enfin, une oeuvre qui ouvre en ut mineur et se résolve en ut majeur. Souci de compositeur, mais préoccupation légitime qui dévoile une pensée musicale habitée par la structure, et le développement d’un programme cohérent, illustrant au plus juste son sujet. Composée en 1887-1888, la partition est créée le 21 juin 1890 sous la direction de l’auteur à Eisenach. Le dramatisme et la poésie d’outre-tombe fascine les premiers auditeurs. Il est vrai que Strauss eut la révélation de la partition après avoir lu un texte de Romain Rolland sur les dernières heures d’une pauvre âme, parvenue au soir de sa carrière : en proie sur son lit de mort, au désarroi existentiel, mais aspirant jusqu’aux limites imaginables, au salut de son âme. La musique de Strauss imagine les sensations ultimes d’un individu à l’agonie, traversé par l’angoisse vertigineuse, à l’effroi des derniers instants. Le tableau est à la fois glaçant, terrifiant et fascinant.

Tout ce que j’ai composé… était parfaitement juste

Strauss développe le sujet en deux parties. Lutte contre la mort d’abord ; transfiguration espérée, atteinte, éprouvée, ensuite. Un ample largo sert ici d’introduction, préludant à un développement de forme sonate. Comme il est dit dans le texte originel de Rolland, les années d’enfance sont évoquées avec nostalgie, puis l’évocation d’un bref bonheur anime ce corps malade au bord du gouffre ; enfin vient, l’abandon de la vie, l’appel de l’au-delà, les brumes de plus en plus persistantes de la transfiguration. L’ut majeur déclare l’élévation de l’âme parvenue à la fin de sa course : l’idéal de délivrance est enfin éprouvé et le pauvre corps peut sans douleurs, se détacher de son enveloppe terrestre.
Strauss devait sur son propre lit de mort, déclarer à son fils : « Je peux t’affirmer que tout ce que j’ai composé dans Mort et Transfiguration était parfaitement juste ; j’ai vécu très précisément tout cela ces dernières heures… ». Quel plus juste témoignage pouvait-on envisager quant à la vérité et la justesse d’une oeuvre pourtant écrite dans les années de jeunesse?

Approfondir

Restez sur Mezzo, les 6 et 24 janvier 2007, après Georg Solti, Kurt Masur interprète Richard Strauss, avec Métamorphoses, et les Quatre derniers lieder. Concert enregistré sur la scène du vieil opéra de Frankfort, en 1992 avec comme soliste, l’éruptive et incandescente Julia Varady. A bonne distance du chef, près du premier violon, la voix se fond dans la masse de l’orchestre (Gewandhaus de Leipzig), tel un instrument parmi ses pairs. Dans sa robe bleu brodée de fleurs, la cantatrice revêt la silhouette d’une prêtresse antique. Grand moment en persepctive !
Autres Diffusions

Le 13 janvier 2007 à 3h45
Le 16 janvier 2007 à 5h45

Crédits photographiques
Richard Strauss (DR)
Julia Varady (DR)

Roberto AlagnaJournée exceptionnelle, Radio classiqueLundi 25 décembre 2006, de 9h à 19h

0

Lundi 25 décembre 2006
Journée
Roberto Alagna

« L’affaire de la Scala » dévoile un artiste entier

C’est un artiste entier, au tempérament indomptable et généreux, à la mesure de son timbre lumineux et solaire qui est l’invité de Radio classique. En décembre 2006, l’affaire de la Scala a révélé un artiste prêt à assumer ses responsabilités. Programmé dans le rôle de Radamès, le général égyptien de l’opéra Aïda de Verdi, dans la production de Franco Zeffirelli, (à l’affiche de la Scala de Milan, jusqu’au 12 janvier 2007), le ténor français, âgé de 43 ans, a interrompu sa prestation d’une façon spectaculaire, dimanche 10 décembre dernier. De nombreux sifflets se sont élevés de la salle italienne à l’encontre du ténor français, après qu’il achevait son premier grand air, « Celeste Aïda« . L’interprète décidait sur le champ, en pleine action, de se retirer, préférant s’éloigner d’un « public hostile« , parlant de « cabale » orchestrée contre lui. Le lendemain, lundi 11 décembre, le directeur du Théâtre, Stéphane Lissner décidait de se séparer de la star française, parlant d’une « déchirure » entre l’artiste et le public de la Scala…
Aujourd’hui, le chanteur déclare avoir agi en cohérence avec le désir d’un public opposé, visiblement peu enclin à lui pardonner de récents engagements dans d’autres répertoires que l’opéra classique… le ténor estime légitime d’avoir quitté une audience contraire, préférant se retirer par respect pour les vives réactions exprimées. D’autant que n’ayant jamais été hué jusque là, il ne pouvait plus poursuivre sa prestation, souffrant d’hypoglycémie après le choc éprouvé dans ces conditions.
Interrogé par Marc-Olivier Fogiel, mardi 12 janvier 2006 à 8h50, au micro de RTL, Roberto Alagna estimait que la décision de Stéphane Lissner de rompre leur contrat, à la suite de la production du 10 décembre, pouvait pénaliser le reste du public milanais, présent pour les autres réprésentations de la Scala. Le ténor confirmait être prêt à reprendre son rôle. Lors de la Première, le 7 décembre 2006, retransmis en direct de la Scala, la représentation avait été accueillie chaleureusement par public et critiques. Le 25 décembre 2006, au micro de Radio classique, le chanteur précisera encore sa position, d’autant que d’ici là, « l’affaire Aïda » risque d’évoluer…

Carrière
Le ténor français le plus célèbre de l’heure, est né à Clichy-sous-bois (93), un certain 7 juin 1963. A 43 ans, Roberto Alagna enchaîne les rôles avec une santé opiniâtre. Nommé « artiste lyrique de l’année » aux Victoires de la musique 2004, l’interprète est reconnu, adulé même : il a rencontré son public, un public convaincu qui le suit indéfectiblement pour chaque prise de rôle ou chaque album (publié chez Universal music, son éditeur avec lequel il a signé un contrat d’exclusivité en 2004). Comme en témoigne son album dédié à Luis Mariano et qui à dépassé les 400 000 ventes en France : un record digne de la variété.

L’été 2006 a validé de nouvelles prises de risques, à Montpellier dans Fiesque, un opéra retrouvé de Lalo, pour lequel il s’est investi ; surtout Radamès dans Aïda de Verdi aux Chorégies d’Orange 2006, un rôle qu’il a superbement abordé au Liceu de Barcelone, jusqu’au 1er décembre 2006. Nouveau défi pour sa voix d’airain, nouvelle réussite. L’artiste n’entend pas en rester là : il rêve de poursuivre une généalogie de rôles, déjà impressionnante. Demain, Le Cid de Massenet, Le Trouvère de Verdi, et Faust de Gounod devraient être ses prochaines incarnations.
L’artiste est aussi un défricheur qui aime le risque, mesuré. Il n’ a pas hésité à investir sur ses fonds propres, pour la production en dvd, de Cyrano de Bergerac d’Alfano (DG), pas moins de 750 000 euros. Mais le résultat est à la hauteur des efforts consentis : le chanteur se montre passionné par l’image et la réalisation audiovisuelle. En cinéaste, il a su y préserver la vérité et l’expression du drame d’Alfano d’après Rostang.

Roberto Alagna est l’invité de Radio classique, le 25 décembre 2006. Une journée passionnante où le ténor engagé, qui a plein la tête de projets, se dévoilera davantage. Pour Noël, découvrez la personnalité attachante du plus grand ténor français de l’heure.

Journée Roberto Alagna sur Radio classique, de 9h à 19h. A 18h, le ténor répond aux questions des auditeurs.

Approfondir
« L’affaire Aïda » : synthèse et revue de presse

Roberto Alagna au dvd

« Roberto Alagna, live in Paris » : un récital comme on les aime. Le chanteur exhibe des cheveux longs style dandy romantique : il paraît en séducteur. Cela commence doucement avec l’ouverture de Carmen, puis peu à peu, la voix s’amplifie, articule, taquine, s’envole (air du Prince Calaf dans Turandot de Puccini), ose des variations inédites indiscutablement délectables (Une Furtiva lagrima de l’elisir d’amore de Donizetti), impose un tempérament dramatique intense et rare (deux airs suspendus de Paillasse de Leoncavallo)… mais aux côtés du vériste que même les italiens nous envient, Roberto Alagna s’affirme tout autant dans un français ciselé (Cid de Massenet et Carmen de Bizet : « La fleur que tu m’avais jeté »)… le texte est projeté avec relief et émotivité. Le ténor est un lion, habité, sanguin, indiscutable. Enregistré les 8 et 11 janvier 2001, ce concert parisien, Salle Gaveau, reste un témoignage indispensable pour mesurer le talent de l’acteur et du chanteur (1 dvd, DG).

Leoncavallo, Pagliacci. Filmée depuis les arènes de Vérone, en février 2002, la production de ce Paillasse mérite totalement son transfert en dvd : Roberto Alagna, en costume de clown triste et blessé, est un Canio poignant et même bouleversant. Le ténor est au sommet de son art : la perfection mesurée de son style vériste éclaire l’amplitude tragique du personnage, et la finesse de l’interprète. Son grand air : « Recitar… Vesti la giubba » fait entendre un art maîtrisé du chant habité et intérieur. Le chanteur est entouré d’une équipe vocale cohérente, dans une mise en scène convaincante. A voir sans hésitation (1 dvd, DG).

Livre
Le ténor fait paraître aux éditions Grasset, une autobiographie « Je ne suis pas le produit du hasard« , en janvier 2007. Prochaine chronique sur classiquenews.com dans notre magzine des livres. Plus qu’une évocation de sa carrière lyrique déjà phénoménale, l’artiste mène dans ce livre personnel, une « quête des origines ». Evocation de son berceau familial, sicilien, où l’opéra est une seconde langue…

Crédit photographique
Roberto Alagna (DR)

Hommage à Joséphine BakerOrchestre Philharmonique de Monte-CarloMonaco, le samedi 16 décembre 2006

Née il y a 100 ans
Il y a cent ans (Saint-Louis, Missouri, le 3 juin 1906) naissait la future icône du Paris glamour des années 1930. Reine du Music Hall et du Charleston, Joséphine Baker enchante les soirs de la vie parisienne, aux Folies Bergères et au Casino de Paris, pendant les Années Folles. Ce beau brin de femme, à la peau sombre, à l’accent ensoleillé, charme immédiatement le coeur des français. Depuis son arrivée à Paris, en 1925, au sein de la Revue Africaine, elle n’a alors que 19 ans, la danseuse au déhanchement sulfureux et à la silhouette envoûtante, deviendra une militante contre toutes les formes de racisme, une artiste engagée sur le front de la tolérance et pour l’humanisme social.

L’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo programme dans le cadre de sa saison événementielle des 150 ans, une soirée hommage à Joséphine Baker.
La diva noire a trouvé à Monaco une retraite inespérée : après avoir quitté son domaine de Milandes où elle vivait entourée des enfants qu’elle avait adoptés, Joséphine Baker est l’invitée de la Princesse Grâce qui lui offre logement et engagement pour des soirées de charité. L’artiste décédée en 1975, est inhumée au cimetière de Monaco. Au cours de ce concert exceptionnel, la soprano Adina Aaron (notre photo), lauréate des Monte-Carlo Voice masters 2005, interprète plusieurs arrangements par le pianiste Bruno Fontaine.

Concert

Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Samedi 16 décembre à 20 h 30
Auditorium Rainier III
« Hommage à Joséphine Baker »
Concert crée le 18 janvier 2006
au Victoria Hall de Genève
par l’Orchestre de la Suisse Romande

Programme
Arrangement de « Petite fleur » (Sidney BECHET)
pour clarinette solo et orchestre.
(Clarinette, Véronique Bonche-Audard)
Blue skies / Près de vous
Then I’ll be happy
You’re driving me crazy
Pizzicato jazz (Leroy Anderson)
Breezing along with the breeze (avec piano)
La Petite Tonkinoise
entracte
Rhapsodie in blue de George Gershwin
(original band version)
C’est lui (avec piano)
Mon rêve, c’était vous
Arrangement de « Chant des partisans »
Bye Bye Blackbird
La Conga Blicoti

Adina Aaron, soprano
(lauréate des Monte-Carlo Voice Masters 2005)
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Bruno Fontaine,
direction et piano

Télé


Samedi 9 décembre à 22h30

Musica
« Joséphine Baker, la Vénus noire »
Documentaire de Annette von Wangenheim. 2006, 42mn
Portrait de l’artiste et surtout de la femme militante, contre l’intolérance et la discrimination.

Crédits photographiques

Joséphine Baker (DR)
Adina Aaron (DR)

Musique en ligne (version test)

L’année Schumann retentit de nouveau, grâce à l’avancée de l’offre
digitale. Le programme est doublement captivant. Il vient confirmer
tout d’abord, la réussite de maestro Chailly, producteur de climats
somptueux pour le piano soliste, à l’image d’un récent récital Brahms
avec Nelson Freire paru au disque chez Decca.
Prometteur ensuite, le concert enregistré sur le vif, qui inaugure aux
côtés des « DG concerts », l’offre digitale des « Decca concerts », laisse
espérer de futures moissons exemplaires.
Dans cette captation publique,-réalisée en septembre 2006-, le piano de Martha Argerich chante la grâce et la tendresse du Concerto n°1
de Schumann : éclat murmuré et texture moirée d’une confession à demi
mots, superbement intériorisée. Dans les trois mouvements, la fusion
complice du chant soliste et de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig,
sous la battue attendrie et affectueuse de Riccardo Chailly, est
totale.
Chef et orchestre poursuivent ce climat hautement schumannien avec l’ouverture de Genoveva, le seul opéra du compositeur, injustement absent des salles lyriques, et surtout une Symphonie n°4,
qui dans l’orchestration de Gustav Mahler, déploie une opulence de sons
jubilatoire, dans l’impétuosité et la vitalité maîtrisées. La direction
de Chailly convainc : moins solaire que furieusement déterminée,
radicalement dans l’action, son Schumann déploie une force et une santé
irrépressible, bien en rapport avec la genèse de composition : après
avoir composé l’essentiel de sa musique de chambre, et avant de rédiger
son opéra, le musicien particulièrement prolifique, accoucha de ses
quatre symphonies en à peine quelques mois.

Programme
L’enregistrement
amorce la collaboration du Gewandhaus de Leipzig avec Decca dans le
cadre de son offre digitale. Comme le New York philharmonic, le Los
Angeles philharmonic dans la collection DG concerts, Decca inaugure ainsi un cycle d’enregistrements symphoniques saisis sur le vif.

Robert Schumann
Genoveva, ouverture
Concerto pour piano n°1

Martha Argerich, piano
Symphonie n°4
Gewandhaus de Leipzig
Riccardo Chailly
, direction

Le
programme de ce concert est disponible à partir du 11 décembre 2006 sur
votre plateforme de téléchargement habituelle, par oeuvre ou dans son
intégralité.

Participez
à la conférence de presse
Lundi 11 décembre à 17h
sur le site www.decca.com/deccaconcerts

Assistez
à la conférence de presse en ligne où Riccardo Chailly présentera
l’enregistrement, uniquement accessible en téléchargement sur Internet.
Consultez régulièrement le site www.decca.com/deccaconcerts où sont
précisés les modalités de la conférence de presse en ligne, au fur et à
mesure des avancées de son organisation.

La conférence de presse Decca concerts fait partie de la sélection « événements » de France musique.
Découvrir la présentation sur le site de France musique

Musique en ligneTéléchargement & PodcastingNotre sélection

0

Téléchargement
les sites qui innovent.
Notre sélection
.

Peu à peu, l’idée d’une discothèque accessible à toute heure, et d’une richesse foisonnante, y compris au rayonnage des enregistrements historiques, se précise et prend réalité, grâce à internet. Si l’offre des magasins diminue toujours la diversité de la musique physique (cd et dvd), Internet grâce aux plateformes de téléchargement, vidéo et audio, semble bien la solution technique qui sauvera le marché.
Voici une sélection de nos dernières découvertes en téléchargement sur la toile.

Podcasting
Les émissions et programmes d’information à écouter
Nos coups de coeur


L’information connaît aussi la révolution digitale. Aujourd’hui, plus besoin de rester devant son poste de radio pour écouter en direct, à l’heure de la programmation antenne, le programme sélectionné. Grâce au podcasting, il est possible de télécharger un contenu audio (ou vidéo) puis de la transférer sur son baladeur, afin de l’écouter quant on veut, où l’on veut. Par séquences ou intégralement.
Voici une sélection de nos découvertes podcasting sur la toile


Berlin. Musée des Instruments de Musique de l’Institut d’Etat, Tiergartenstrasse, le samedi 26 novembre 2006. Concert de musique baroque. L’Estro Cromatico, direction : Marco Sorticati.

0

Berlin, samedi 26 novembre à 11 heures. Musée des Instruments de Musique de l’Institut d’Etat, Tiergartenstrasse. Rencontre organisée en collaboration
avec l’Institut Italien de Berlin et enregistrée par Kulturradio. Un jeune ensemble de Milan dirigé par Marco Sorticati, l’Estro Cromatrico,  triomphe
dans le répertoire du concerto baroque en un lieu magique et devant un public d’amateurs.

Le lieu est prestigieux, il a l’autorité des instruments les plus anciens. Des épinettes de la Renaissance, des clavecins Rückers, des Hasse, un orgue
magnifiquement peint, d’autres marquetés, le clavecin brisé de voyage Markus que le Roi de Prusse portait dans ses dentelles à la guerre, des fagots
géants, des luths, des violons et des trompettes marines, le portrait de Graun… que de merveilles.

L’auditorium offre une acoustique remarquable : les bois neufs ont un effet amplificateur, le son est comme retransmis par un
micro. Pour les instrumentistes il est quasi impossible de juger de la projection, l’émission étant certainement sèche à leur niveau. Une acoustique
typiquement moderne donc.

Remarquons un programme composé avec un sens de l’équilibre et du dosage : pas trop long, eu égard à l’absence de pause, serti pour le plaisir du public avant tout, soignant l’alternance d’oeuvres célèbres et d’oeuvres peu connues, prenant garde au changement des couleurs et à la mise en valeur des solistes qui se succèdent. Il n’est pas donné à tous les groupes de savoir  un composer un programme XVIII ème où l’ennui n’affleure pas, où les concertos se dépouillent de leur aspect « tafelmusik ».

Marco Scorticatti : une flûte engagée « à l’italienne »
Le concerto en do mineur RV 441 de Vivaldi permet à Marco Scorticati d’ouvrir le concert sous son autorité de soliste. Son jeu s’inscrit dans
l’esthétique qui fait aujourd’hui le succès des interprètes italiens. Il s’agit d’être outrancieusement baroque et expressif dans une démesure qui
retrouve les excès du Romantisme, excès certes désormais filtrés par les techniques solidement acquises du jeu à l’ancienne. Dire qu’avec l’école
italienne, la boucle de la redécouverte du Baroque s’est refermée sur elle-même, n’est pas impossible : nous y voyons la preuve que le Romantisme avait
en lui un héritage que nous n’étions pas encore prêt à sentir aux moments pionniers du renouveau baroque.

Il n’est pas aisé de jouer de la flûte à bec, instrument très ingrat. Soit on le rend expressif et la justesse en pâtit, soit on le rend « cantabile » et
l’expression devient systématique et froidement élégiaque. Notre expérience d’auditeur s’est affinée, tant les choix techniques de
Marco Scorticati étaient parlants. En effet nous avions eu l’occasion d’entendre deux autres grands artistes : Lorenzo Cavazzanti, au son parfait
et à la maitrise totale, et Mikael Form qui dans une virtuosité et une platicité étourdissante, quasi naturelle, nous avait camoufflé combien grand
est l’effort sur la justesse pour rendre l’instrument expressif. Entendre d’autres choix permet de mieux cerner la personnalité de l’interprète.

Dans les passages de tutti, Marco Scorticati fait entrer le son de sa flûte dans celui du premier violon afin de créer une couleur unique; dans les
passages solistes, il enfle le son sur la plupart des notes longues et même moyennes : ainsi son engagement est l’expressivité, le dynamisme, la
vocalité. C’est au prix de la justesse de certaines finales, mais le choix est de dépasser les possibilités de l’instrument. C’est d’ailleurs en osant
que l’on trouve dans une carrière, les possibilités pour pallier ce problème typique de cet instrument, dès lors que l’on veut explorer un son
qui touche le public. Un exemple typique du travail de l’artiste, dans les mouvements lents, est sa gestion du souffle et la façon de
reprendre imperceptiblement sa respirartion avant la note finale pour la poser, à la manière d’un coup d’archet. Cela permet de mettre en valeur le
conduit vers la phrase suivante dans le même souffle qui vient de poser la note finale. C’est d’un grand effet, employé deux fois, tant que cela ne
devient pas une habitude systématique, c’est d’un grand prix. Le même engagement se ressent dans les traits de virtuosité qui privilégient à la
qualité du son, l’impact sur le public, tenu en haleine, et le phrasé proche de celui d’un violon. Scorticati a indéniablement une belle présence sur
scène.

Un quattuor de corde qui ne se contente pas d’accompagner
Il est rare d’entendre l’opus V de Haendel. L’exemple des l’opus II et III du du grand maître romain, Corelli, que Haendel a connu intimement, ainsi
que celui des livres de sonates en trio et des sonates méthodiques de Telemann, fait que cet ouvrage (le numéro d’opus fait hommage à l’opus V de
Corelli) est bien plus important qu’on ne le croit. L’auteur y a mis du soin, y a réduit des pages d’orchestre célèbres, y a ajouté une partie
d’alto (viola), facultative dans une sorte de « jeu de lego » qui est une constante dans son oeuvre.

La sonate 4 débute par la fameuse Ouverture d’Attila, élégante et guindée, british. La formation à deux violons, viole et violoncelle fait aussi effet
sur le public qui possède dans son imaginaire la noble tradition du quattuor. C’est donc encore un choix théâtral que celui de cette sonate,
voulu par Scorticati. Le violon original, anonyme du XVIII ème siècle, de Monika Toth, d’un timbre mezzo-soprano profond et doux n’est pas en osmose
avec la copie Amati d’Ayaki Matsunaga, lumineux et puissant, mais les artistes savent s’écouter. Le violoncelle de Marco Testori (que l’on avait
entendu en soliste à Colle di Val d’Elsa dans un concert de Francesco Cera) est très puissant, énergique, exhalté, c’est d’ailleurs une constance dans
l’école italienne du violoncelle (lire notre commentaire sur Marco Scandelli au festival Pietre Sonore de Milan). La viola de Raul Orellana, très belle,
rend cependant difficile l’équilibre sonore de certaines parties de la sonate, en particulier la passacaille dont le thème est un peu brouillé par
les sauts de quarte du remplissage harmonique. C’est que la difficulté technique est vraiment dans l’extrême délicatesse du rendu. Cela vaut le
coût et reste méritoire d’oser affronter le danger, l’intérêt est de permettre l’alternance des tutti et des solis qu’assument les deux violons,
ce qui est, encore une fois, très démonstratif pour le public. En définitive, la solution est un travail poussé de la balance sonore pour une
bonne lecture des deux violons par l’auditeur. Le menuet final est, il va sans dire, exquis.

Sur le talent prometteur du virtuose Davide Pozzi
Le célèbre concerto la « notte » de Vivaldi avec ses effets descriptifs permetle retour du soliste chef Marco Scorticati. Mais il est ici pretexte à
aborder la manière du continuo de Davide Pozzi, élève de la Scola Basiliensis. il en a le soutien rythmique très fort, on dira même que son
continuo est trop rythmique et manque de fantaisies, de broderies qui fassent étinceler le clavecin de bouffées impressionnistes. Cependant il a
su mener de belles lignes au soprano, diriger les instruments vers une détente très ouverte dans les cadences, répandre des effets d’unisons dans
les légères basses des mouvements lents, en compagnie du violoncelle, s’abîmer dans des plongées profondes pour évoquer « la nuit » et autres
procédés figuratifs. Le clavecin, copie d’un  Nicolaus Nitcke du début du XVIII ème, avec des chinoiseries laquées (l’original est au chateau de
Charlottenbourg), très sonore dans cette salle, ne lui permettait pas des nuances dans son registre « piano ».

Mais c’est surtout en tant que soliste, dans le concerto en s
ol mineur de Bach, que ce jeune interprète a démontré qu’il sera une vedette qui comptera
très fortement sur la scène du nouveau siècle. Remarquable son assurance, pas une égratinure ! c’est déjà beaucoup. Si dans les mouvements rapides le
jeu est encore trop legato, ne privilégiant que les accents de temps, sa  recherche d’expression dans le mouvement lent est impressionnante, et son
emploi du rubato subtil « XVIII ème siècle » très beau : notamment pour les « notes décalées » entre la basse et le soprano. S’il complète cette recherche
par une étude de l’expressivité de l’étouffoir, il fera bientôt parti de ces rares « happy few » qui savent faire chanter l’instrument avec le coeur.

Le concerto pour flûte piccolo RV 444 de Vivaldi, une oeuvre que Bach a transcrite pour clavecin, achève d’impressionner le public, qui lors du
débat après le concert, posera beaucoup de question sur les registres des flûtes, sur les transcriptions et les notes de Vivaldi pour ses concertos
d’exceptions où on faisait appel à des solistes virtuoses invités plutôt qu’aux jeunes et belles violonistes de l’hospice. Dans cette conférence le
public germanique s’est montré très savant, échangeant du savoir avec un jeune Marco Scorticati, habile en allemand, et secondé par notre femme
musicologue et présentatrice ainsi que le directeur du musée.

Le Bis ne pouvait être qu’un Telemann tiré de la « Tafelmusik », en pizziccati, avec cet entrain galamment folklorique qui fait la marque
indélébile de ce génie.

Berlin. Musée des Instruments de Musique de l’Institut d’Etat, Tiergartenstrasse, le samedi 26 novembre 2006. AntonioVivaldi (1678-1741) : Concert en do mineur RV441, Concerto « la Nuit » en sol mineur »  RV 104, Concerto per flautino en do majeur RV444. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Sonate n°4 de l’opus V en sol majeur HWV 399. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concerto en sol mineur pour clavecin BWV 1058. Estro Cromatico, Marco Scorticati, flûtes et direction. Ayaki Matsunaga, violon. Raul Orellana, viole (alto). Marco Testori, violoncelle. Davide Pozzi, clavecin.

Rolando Villazon,France 2, lundi 18 décembre 2006 à 1h15

0

Lundi 18 décembre 2006 à 1h15
Musiques au coeur
Magazine présenté par Eve Ruggiéri.
Réalisation : Don Kent. 1h20mn. 2006


Rolando Villazon,
portrait

L’héritier de Placido Domingo
Né à Mexico, le 22 février 1972, second lauréat du prix Placido Domingo (1999) dont il est un admirateur déclaré, Rolando Villazon est l’un des ténors les plus demandés car les plus talentueux de l’heure. L’artiste est d’autant plus auréolé et reconnu que son talent a convaincu l’illustre ténor adulé, qui est devenu son mentor. Charisme solaire, jeu dramatique, sensibilité musicale, Rolando Villazon a tout d’un artiste exceptionnel : celui qui fut l’élève de la soprano australienne Joan Sutherland, se montre généreux et expressif, comme il l’a montré récemment en partenaire idéal de Natalie Dessay, ou aux côtés d’Anna Netrebko dans l’Elisir d’amore de Donizetti qu’a fait paraître Virgin classics, début décembre 2006.

Programme

Au programme de ce nouveau magazine présenté par Eve Ruggiéri, quelques extraits lyriques parmi lesquels :
Verdi, Traviata
Duo « Un di felice… » avec Anna Netrebko. Festival de Salzbourg 2005
Bernstein, West side story
Duo « Tonight », avec Anna Netrebko. Concert de la Waldbühne, le 7 juillet 2006
Franz Lehar, Le pays du sourire
Duo avec Placido Domingo : « je t’ai donné mon coeur »

Un programme des plus alléchants. Et si vous ne pouvez veiller si tard, préparez vos cassettes ! Durée : 1h20mn.

Approfondir
Le site officiel de Rolando Villazon
Rolanda Villazon au DVD : lire notre chronique de l’Elisir d’Amore de Donizetti, publié par Virgin classics en décembre 2006

Crédit photographique
© Ana Bloom

Paris. Salle Pleyel, le jeudi 30 novembre 2006. Concert Sibelius, Bartok, Berlioz. Orchestre de Paris, direction : Ilan Volkov

0

Durant deux soirs consécutifs, l’Orchestre de Paris devait accueillir Esa-Pekka Salonen. Pour des raisons de santé, celui-ci a dû annuler. Ilan Volkov, jeune Israélien de trente ans, actuel chef permanent de l’Orchestre symphonique écossais de la BBC, l’a remplacé.

Les curieux ont été, à bien des égards, satisfaits. Volkov a gardé le même programme que celui prévu par Salonen : Finlandia de Sibelius, Le Mandarin merveilleux (suite) de Bartók et les extraits symphoniques de Roméo et Juliette de Berlioz. Programme plutôt rare à Paris, et passionnant. Ensuite, nous avons découvert un chef qui ne l’est pas moins. Dès Finlandia, l’auditeur est frappé par la rigueur, la concentration du geste. Cet hymne à la Finlande ne sonnera jamais vulgaire ou grandiloquent, plutôt puissant, intériorisé. La pièce de Sibelius met en exergue une qualité que l’on retrouve tout au long du concert : Volkov est aussi un architecte ; les progressions qu’il ménage sont souvent profondément abouties, d’une logique imparable, comme en témoigne toute la dernière partie du Mandarin merveilleux. Un Bartók qui parallèlement reste peut-être trop symphonique. Il y manque du drame, de l’effroi. Rien ici n’atteint vraiment l’insupportable.

La deuxième partie nous a convaincus davantage encore. La cruauté des programmations (pour le plus grand bonheur des mélomanes !) veut que les Parisiens aient entendu Roméo et Juliette de Berlioz avec l’Orchestre National de France sous la direction de Colin Davis, au mois d’octobre. A la vision quelque peu insipide du chef anglais répond la conception fine, légère (inoubliable féerie de la Reine Mab !) et poétique du jeune Israélien. Les premières mesures nous le font rapidement sentir : articulations beaucoup plus nettes, sens des couleurs et des plans sonores plus prononcés chez le jeune chef. La Scène d’Amour, admirable par ses atmosphères, suggère la nuit et nous touche…À d’autres moments, Volkov préfère peut-être trop nettement la mesure à la démesure. Son Roméo ne nécessitait-il pas un peu plus d’audace ? L’audace de faire craquer les murs, l’audace de la révolution ?
Cela n’a guère entaché cependant cette belle soirée. Ilan Volkov nous semble un bon cru qui ne demande qu’à s’affiner… 

Paris. Salle Pleyel, le 30 novembre 2006. Jean Sibelius (1865-1957) :Finlandia, Op. 26. Béla Bartók (1881-1945) :  Le Mandarin merveilleux (suite). Hector Berlioz (1803-1869) : Roméo et Juliette (extraits symphoniques). Orchestre de Paris.Ilan Volkov, direction.

Crédit photographique
Ilan Volkov (DR)

Paul Van Nevel, chef du HuelgasFrance musique, le 18 décembre 2006 à 19h

0


Le 18 décembre 2006 à 19h

Paul Van Nevel
Chef du Huelgas

Paul Van Nevel et l’ensemble Huelgas : une équation gagnante, qui depuis 35 ans d’activité, a produit plusieurs miracles interprétatifs, au service des répertoires polyphoniques d’hier et d’aujourd’hui. Le contrepoint religieux dans le style de la Renaissance n’a plus, pour les musiciens du Huelgas, aucun secret. Ils ont aujourd’hui à leur actif, un répertoire vaste, protéiforme qui montre combien la musique chorale, depuis le Moyen-Age, a su constamment se renouveler et se maintenir : Manchicourt, Gombert, Brumel, Gesualdo… autant de noms, hier énigmatiques, aujourd’hui révélés en pleine lumière, grâce à leur expertise vocale qui comprend aussi Bruckner… Depuis leur premier aboutissement au disque, Utopia triomphans, paru en 1994, chez SOny classical, l’ensemble a affirmer ses voix multiples et véhémentes, dans la miniature comme dans l’exclamation collective. En témoigne, leur nouveau disque « Quarante voix », dont le titre réaffirme la performance de chanter à plus de 39 voix !, et qui relit plusieurs pièces déjà abordées en 1994. Au répertoire ancien, paraîssent aussi les pièces contemporaines de la basse de l’ensemble, Willem Ceuleers (par ailleurs maître de chapelle royale de Laeken à Bruxelles) dont la passion est de réécrire des ensembles polychoraux dans le style brillant et savant de la Renaissance.
En plus d’être maîtres de l’articulation et des couleurs vocales, les artisans associés du Huelgas sont surtout des experts bâtisseurs, aptes à édifier de superbes architectures à 13, 24 et même 40 ans voix mêlées… Mais jamais la massivité des effectifs ne se montre épaisse et brumeuse : ou si le voile des intentions se précise, c’est pour mieux suggérer et répondre à un besoin d’onirisme. Paul Van Nevel est l’invité de France musique, pour évoquer son travail et le parcours musical de son ensemble.

La valse, tournée de la Chambre PhilharmoniqueDu 14 au 21 décembre 2006

« La Valse »
Tournée de la Chambre Philharmonique

Le propre de La Chambre Philharmonique n’est pas seulement de placer chef et instrumentistes sur un même pied d’égalité. Il s’agit surtout d’une aventure humaine, où les musiciens, qui se cooptent par affinité, assurant la cohésion de l’ensemble, se retrouvent autour de projets spécifiques. La notion de restitution à l’identique ou de travail historique pèse de tout son poids. Le répertoire choisi téléguide le choix des instruments utilisés.
L’orchestre est né de l’initiative du chef d’orchestre, Emmanuel Krivine, au moment de la Folle Journée de Nantes en 2004. Outre la recherche du son le plus proche des conditions de création, inféodant en particulier le style et la technique d’interprétation, la Chambre Philharmonique élargit son répertoire aux compositeurs contemporains, comme en témoignent les oeuvres commandées à Bruno Mantovani (2005) et à Yan Maresz (2006). Pour les fêtes de la fin de l’année 2006, la phalange atypique consacre une série de concerts en quatre dates à « la valse ».

Après un premier disque consacré à la Messe en ut mineur de Mozart, chez Naïve, l’ensemble fera paraître chez le même éditeur, en janvier 2007, un nouveau programme dédié à Schumann.

Programme
La Chambre Philharmonique et Emmanuel Krivine sont en tournée en décembre, du 14 au 21 décembre 2006.

Johann Strauss,
La Chauve Souris (ouverture)
La Valse de l’Empereur
Polka « sous le tonnerre et les éclairs »
Dvorak,
Danses slaves
Johann Strauss,
Tritsch-Tratsch polka
Tchaïkovski,
Valses de fleurs (Casse Noisette)
Brahms,
Danses hongroises
n°1, 5 et 17
Josef Strauss,
Delirien Waltz

Dates
Le jeudi 14 décembre 2006 à Paris, Cité de la musique à 20h
Le mardi 19 décembre 2006 à Grenoble, MC2 à 20h30
Le mercredi 20 décembre 2006 à Lyon, Opéra à 20h30
Le jeudi 21 décembre 2006 à Lausanne, Opéra à 20h

Betsy Jolas, Domaine privéParis, Cité de la musiqueDu 6 au 10 décembre 2006

0

Les femmes compositrices sont rares en musique. Dans un milieu d’hommes, Betsy Jolas, né le 5 août 1926, qui fête donc en 2006, ses 80 ans, a fait entendre sa voix singulière. Elle ne s’est jamais remis de l’éblouissement éprouvé à l’écoute de la polyphonie de la Renaissance, en particulier des messes de Lassus, alors qu’elle étudie la musique à New-York, entre 1940 et 1946, puisque ses parents son américains. C’est justement en Amérique où ses parents se sont exilés, que la jeune femme, entend Bartok, découve Honneger, rencontre Stravinsky. A Paris, sa ville natale, l’étudiante de 20 ans, de retour en France devient l’élève de Messiaen dont elle sera la suppléante au Conservatoire de Paris. Après avoir suivi le sillon sériel, l’amoureuse des polyphonistes du XVI ème siècle, confirme sa fidélité à Lassus, dans « Lassus ricercare » (1971). Auparavant, la jeune musicienne compose l’une de ses pièces les plus libres et les plus célèbres : Quatuor II en 1963-64 (créée par la soprano Mady Mesplé).
La voix, les entrelacs des lignes vocales, sont au coeur de ses recherches. Quatuor VI avec clarinette, Tales of the summer sea entre autres, restent des oeuvres décisives révélant l’ampleur d’une inspiration active qui aime réinterroger les modèles anciens, Schumann ou Monteverdi, surtout Debussy, pour mieux nourrir sa propre écriture.
En cinq concerts, la Cité de la musique de Paris, dédie à la compositrice, un domaine privé, cycle de concerts d’oeuvres de sa main ou de ses amis, Dutilleux et Berio), du 6 au 10 décembre 2006.

Tous les programmes du Domaine privé de Betsy Jolas, à la Cité de la musique.
Lire une biographie complète de Betsy Jolas

Wilhelm Furtwängler,chef et compositeurRadio classique, le 27 décembre 2006 à 21h

0



Carole Bouquet raconte

Le 27 décembre 2006 à 21h

Wilhelm Furtwängler
Chef d’orchestre
et compositeur

Un artiste en enfer

Les dates tout d’abord : Wilhelm Fürtwangler est né berlinois, le 25 janvier 1886. Dans la lignée de Gustav Mahler, Wilhelm Fürtwangler fut le chef d’orchestre légendaire que l’on connaît, disciple en cela, d’Arthur Nikisch, mais il fut aussi, compositeur. Notre époque se focalise sur sa direction, à couper le souffle, épique, habitée, traversée par le sentiment du destin.
Cet aspect est d’autant plus vivant que son immense legs discographique, et quelques documents d’archives audiovisuelles, ne cessent de nous interroger sur la notion de profondeur et d’inspiration vis-à-vis du travail d’interprétation. Nul doute que l’homme continue d’être célébré comme chef, un chef précoce : il dirige dès 20 ans, la Neuvième Symphonie de Bruckner. A 34 ans, il succède à Richard Strauss comme chef des concerts symphoniques de l’Opéra de Berlin…
La suite est de la même tenue : successeur d’Arthur Nikisch, au Gewandhaus de Leipzig (1922), successeur de Weingartner à la Philharmonie de Vienne (1928), enfin co-directeur du festival de Berlin avec Toscanini, en 1931.
Aux heures les plus noires de la barbarie nazie, Furtwängler fait la preuve de son humanisme indiscutable : après avoir créé le Coeur de Pfitzner, en 1931, engageant de nombreux musiciens juifs dans l’orchestre de l’Opéra qu’il dirige, le chef suscite la désapprobation officielle des autorités hitlériennes. Hitler refuse que le chef dirige à l’Opéra de Berlin, l’opéra « Mathis le Peintre » parce que son auteur, Hindemith, est juif : Furtwängler démissionne pour raisons politiques, en 1934.
Il devient alors un chef invité à New-York, Vienne, Philadelphie, qui lui offrent de diriger leur opéra respectif. Mais, comme il lui sera reproché par la suite, le chef décline les offres qui lui sont faites : il souhaite rester dans son pays. Né allemand, il décide de demeurer chez lui, quitte à braver l’ordre nazi. Il revient à Bayreuth en 1936, 1937, 1943 et 1944. L’art peut-il être dissocié de la politique? Le chef est allé jusqu’au bout de ses convictions artistiques au sein de l’enfer. Mais sa situation devenant insupportable, inquiété par la Gestapo, il se résout à fuir l’Allemagne pour la Suisse en 1945.
Au lendemain de la guerre, Fürtwangler doit s’expliquer devant un tribunal militaire américain sur ses faits et gestes pendant le régime nazi. Il sera lavé de tout soupçon, en décembre 1946, grâce, entre autres, aux témoignages de Yehudi Menuhin et du chef Ernest Ansermet.
A partir de 1947, Furtwängler devient l’âme du festival de Salzbourg.

L’interprète et le compositeur

Evidemment, la stature de l’artiste écrase toutes les autres, y compris celle de Karajan, qui ne cessait, alors qu’il était le maître du festival de Salzbourg, de se comparer à son prédécesseur, exigeant qu’on lui dise, s’il avait dirigé, aussi bien ou mieux, que Fürtwangler.
Pour ce dernier, bien diriger, signifie recréer. L’acte d’interprétation s’apparente à l’acte de création. Le musicien nous le rappelle quand il déclare « je suis un compositeur qui dirige ». Composer ou diriger, relève de la même exigence, du même idéal.
Avant répétitions et concerts, Fürtwangler prenait un soin méticuleux à analyser chaque partition. En particulier les oeuvres des grands romantiques germaniques dont il prolonge en quelque sorte la tradition esthétique : Haydn, Beethoven, Brahms et Bruckner. Homme engagé, interprète idéaliste et cultivé, Furtwängler laisse un ensemble de textes éloquents sur sa conception des oeuvres et sur la musique en général : « Le cas Hindemith (1934) », « Brahms et Bruckner » (1941), « la musique et son public » (1954)….
Vis-à-vis de l’atonalisme, le compositeur se montrera même définitivement opposé à l’écriture du système dodécaphonique car selon lui, la vie est atonale et tonale. Ce regard organique qui rétablit les parties opposées en un équilibre vital, a plus encore nourri sa compréhension des partitions, en tant qu’interprète : il n’hésitera pas, par exemple, à diriger Schönberg dont il crée les Variations pour orchestre, opus 31, en 1928. A ce titre, le chef aura créé bon nombre d’oeuvre en création dont en 1950, les Quatre derniers lieder de Richard Strauss.
Esprit exigeant, préoccupé par la notion de musique pure, Furtwängler nous laisse plus de 20 compositions. Ce corpus est divisé en deux périodes, nettement dissociées par un silence de… 26 ans. La première période débute lorsqu’en 1893, âgé de sept ans, il compose ses premières partitions pour piano. Le Te Deum conclut ce premier cycle en 1909.
Vingt six ans plus tard, en 1935, juste avant la deuxième guerre mondiale, Fürtwangler reprend la composition pour son Quintette pour cordes et piano, plusieurs sonates pour violon et piano. La maîtrise de la musique de chambre devait bientôt le mener à la composition de symphonies, au total trois opus, – la dernière reste inachevée-, composées à partir de 1941, à plus de cinquante ans. Il ne devait plus s’arrêter, jusqu’à sa mort en 1954. La deuxième symphonie est achevée dès 1948.

Voir
Diriger Wilhelm Fürtwangler, en 1950, la Philharmonie de Vienne

Illustrations
Alexandre Pham, portrait de Wilhelm Fürtwangler © A. Pham pour classiquenews.com
Wilhelm Fürtwangler (DR)

Le Monde de la musique – décembre 2006 – N° 315 (5,50 euros)

0

En couverture : Il fut un temps où elle déclarait forfait. Cette ère d’affliction est bel et bien révolue : rayonnante, plus « glamour » que jamais, Natalie Dessay affirme une santé reconquise, comme « rédactrice en chef invitée » : plus qu’une exceptionnelle diva française, « héritière surdouée de la dynastie des coloratures françaises », la cantatrice est un « phénomène (qui) n’a pas fini de nous étonner ». En témoigne, le sommaire de ce numéro composé par la soprano, selon ses goûts et ses envies : ses coups de coeur (livres, cds, dvds, théâtre et films) ; réflexion sur la mise en scène et sa rencontre avec Andrei Serban, « un disciple de Peter Brook » ; hommage à Armin Jordan ; portrait de Luchino Visconti pour lequel « la musique et le drame ne faisaient qu’un ».
Disques 2006 : découvrez les 16 « Chocs de l’année ».

« Les acteurs de la musique » : portrait des quatre musiciens du Quatuor Modigliani. Deux violonistes inspirés, auteurs récents de deux disques « splendides » : Isabelle Faust et Tedi Papavrami. Production majeure à Paris : « le 50ème anniversaire de Candide », de Leonard Bernstein sur la scène du Châtelet, du 11 au 31 décembre 2006.
Un exemple à suivre là où l’on s’entête à souligner l’absence de culture : « pas moins de quatre nouvelles salles de concerts ont été inaugurées, en 2006, en Amérique du Nord » : c’est « le rêve américain ». Pour les villes modernistes et à l’avant-garde, la course à la performance passe nécessairement par l’essor de la musique. Pour preuve, les nouveaux complexes de Nashville, Costa Mesa, Miami, Toronto. Des Etats-Unis au Canada, le modèle culturel nous viendrait-il d’outre-Atlantique? Ce n’est pas Natalie Dessay qui le démentirait, elle qui a chanté, déjà trois fois à Santa Fe…
La Flûte enchantée est l’opéra préféré de la rédactrice en chef invitée : dossier sur le nouveau film de Kenneth Branagh et évocation de l’année 1791 qui est celle de la composition de l’ouvrage et la dernière année de Mozart : « Le crépuscule du dieu ». Et pour cadeau de Noël, portfolio de chanteurs et musiciens, à l’époque de leurs très jeunes années : chaque photo, en culotte courte, est le sujet d’un souvenir d’enfance retranscrit comme légende.

« Hi-fi » : découvrez le palmarès des « chocs » de l’année 2006 : le meilleur, testé et approuvé, des enceintes, amplificateurs et lecteurs cd/sacd.
Pour Noël, choix de « livres en fête » : 10 titres à offrir.

Retrouvez dans votre mensuel, toute l’actualité des cds (dont les 20 « chocs » de décembre 2006), des dvds, des livres ; l’agenda des concerts et opéras ; le guide télévision-radio. 146 pages.

Mois Piano sur MezzoDécembre 2006




Mois Piano

Décembre 2006
En décembre 2006, la chaîne musique classique programme de nombreux interprètes d’exception, confirmés ou prometteurs.

Vanessa Wagner

Premier prix du Conservatoire National Supérieur de Musique de
Paris à 17 ans, dans la classe de Dominique Merlet, Vanessa Wagner
poursuit son cycle de perfectionnement avec Jean-François Heisser. En
Italie, au sein de l’Académie de Cadenabbia, la jeune pianiste
française se perfectionne encore (1995) auprès de Leon Fleisher, Murray
Perahia, Alexis Weissenberg… concertiste, Vanessa Wagner se passionne
tout autant pour la musique de chambre et l’écriture contemporaine.
Pascal Dusapin lui a dédié ses études pour piano n°3 et n°7 qu’elle a créées en septembre 2000 et novembre 2002. En 1999, elle reçoit une Victoire de la Musique dans la catégorie « Révélation Soliste Instrumental« .

Le piano de Vanessa Wagner
Documentaire réalisé par Marie-Hélène Rebois. 26 mn.
Le 5 décembre 2006 à 13h45
Le 17 décembre 2006 à 10h45
Le 18 décembre 2006 à 3h30

Son magnifique chat blanc sur les genoux, la pianiste française Vanessa Wagner avoue que Schubert fut un compositeur aimé, ardemment écouté, pour ce sentiment indéfinissable de tendresse voilée… La concertiste éprouve le désir de jouer avec d’autres partenaires, échanger, partager, percer la sensation d’isolement du soliste. De fait, elle compose avec le violoncelliste Henri Demarquette, un duo reconnu. Celle qui aime citer Richter, lequel avouait que parfois, le concertiste qu’il était, se sentait, avant certains concerts, comme à l’aube d’une grande catastrophe, suscite aux côtés de Demarquette, l’admiration du compositeur Pascal Dusapin : l’écoute de l’album Scriabine lui révèle un jeu sombre, grave et profond. Pour conclusion de ce portrait sensible, l’interprète cite un autre confrère, Alain Planès dont elle partage l’enseignement qui invite à cultiver la richesse d’être fragile, plutôt que d’acquérir une force illusoire. Assumer ces zones faillibles, accepter sa fragilité : telle serait-la vérité du pianiste ?

Pierre-Laurent Aimard

Lauréat de quatre Premiers prix au Conservatoire de Paris, l’élève
d’Yvonne Loriod, est, dès l’âge de 12 ans, un proche d’Olivier Messiaen
dont il est l’interprète le plus pertinent de sa génération.
D’ailleurs, après une formation auprès de György Kurtág, il remporte en
1973, le Premier prix du Concours Olivier Messiaen de piano
contemporain. A 19 ans, il devient soliste de l’Ensemble
Intercontemporain, et l’interprète désigné des sonates de Boulez comme des Klavierstücke de Stockhausen. Ligeti lui a dédié plusieurs de ses études.


Piano aux Jacobins
Enregistré aux Jacobins de Toulouse, le 17 septembre 2002.
Le 5 décembre 2006 à 21h10
Le 6 décembre 2006 à 14h10
Le 12 décembre 2006 à 3h55
Le 21 décembre 2006 à 5h
Le 23 décembre 2006 à 10h10
Le récital de Pierre-Laurent Aimard est une immersion dans le monde enchanté voire angoissé de la nuit. De Messiaen à Carter, surtout pour conclusion pacifiante, après les climats d’étrangeté tendue développée par un Carter noctambule, un Ravel à l’écoute des chants intérieurs : ceux de Gaspard de la nuit. Et pour parachever cette évocation des mondes mystérieux de Morphée, le pianiste cite Debussy, – Cinquième image- « quand la lune descend sur un temple qui fut ». Le programme d’une rare cohérence serait un rien trop dense si le guide n’expliquait la musique, micro à la main, décortiquant la magie à l’oeuvre, en particulier chez Carter (Night Fantaisies). Pédagogue, passionné de musique contemporaine, explicite et convaincant : notre plaisir est son comble.

Claire Désert

Née à Angoulême en 1967, Claire Désert entre à 14 ans au
Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Elle y obtient le
premier prix de Musique de Chambre et le premier prix de piano (1985).
Grâce à une étude, elle peut rejoindre le conservatoire Tchaïkovski à
Moscou, pour suivre les cours d’Evgéni Malinin. A Paris, la pianiste se
perfectionne aussi en musique de chambre : elle est la pianiste du
Quatuor Kandinsky.

Le piano de Claire Désert

Documentaire réalisé par Perrine Robert. 2004, 26 mn.
Le 11 décembre 2006 à 20h45
Le 12 décembre 2006 à 13h45
Le 24 décembre 2006 à 10h45
Le 25 décembre 2006 à 3h50

Qui est Claire Désert ? Devant la caméra de Perrine Robert, ses amis et partenaires (Emmanuel Strosser, Anne Gastinel,…), sa professeur de piano s’accordent pour mettre en avant son exigence, l’agilité de sa technique digitale, sa discipline. Depuis quelques années, la pianiste enseigne au Concervatoire de Paris : comment « corriger sans éteindre la flamme », « préserver la main et la former », « éduquer sans briser »… autant de question que s’est posé son propre professeur à son sujet. Aujourd’hui, la concertiste aborde Haydn, surtout Schumann avec lequel elle est en affinité naturelle. Claire Désert savait déjà interpréter la sonate en sol mineur avec un feu et un tempérament remarquable. L’interprète est une artiste accomplie qui compense la solitude parfois difficile des concerts et tournées en soliste, grâce au jeu partagé de la musique de chambre

Hélène Grimaud

Aixoise, née dans la cité de Campra et de Cézanne, le 7 novembre 1969, Hélène Grimaud, pianiste dès l’âge de 9 ans, est l’élève à Paris en 1982, de Jacques Rouvier. Son interprétation en 1985, à 16 ans de la sonate n°2 de Rachmaninov impose une interprète accomplie. L’enregistrement lui vaudra d’ailleurs, la même année, le Grand Prix du Disque de l’Académie Charles Cros. Depuis 1991, la concertiste vit au Connecticut (South Salem), où, au coeur des forêts, elle élève des loups dont elle est passionnée et une militante engagée.
Hélène Grimaud à la Cité de la musique.
Concert Robert Schumann enregistré en 2001 à la Cité de la musique à Paris.
Le 23 décembre 2006 à 14h30
Le 24 décembre 2006 à 4h50

Lors de ce concert parisien, la pianiste Hélène Grimaud joue en compagnie des solistes de l’Orchestre de Paris. Programme Schumann d’autant plus opportun en 2006 qui marque les 150 ans de la mort : éclat solaire du Quintette pour piano dont les interprètes expriment cet optimisme effréné et même radical. A l’appui du concert, la pianiste commente les oeuvres et déclare que la musique germanique est sa langue car elle correspond totalement à son univers personnel. Pour conclure, Hélène Grimaud accompagne le clarinettiste Pascal Moraguès, dans plusieurs Fantasiestücke pour clarinette et piano de Robert Schumann. Avec : Roland Daugarell et Nathalie Lamoureux, violons ; Jean Dupouy, alto ; Emmanuel Gaigué, violoncelle.

Akiko Ebi

Lauréate en 1975, du Grand Prix du concours Long-Thibaud, la pianiste japonaise Akiko Ebi remporte cinq ans plus tard, le Prix du Concours Chopin de Varsovie. Parmi les membres du jury, Martha Argerich décide d’être son mentor. La jeune interprète poursuit ensuite son apprentissage au Conservatoire National et Supérieur de Musique de Paris, avec Aldo Ciccolini.
Récital Akiko Ebi.
Le 25 décembre 2006 à 5h40

Approfondir
Mezzo diffuse de nombreux autres programmes autour du piano, dont l’excellent documentaire de Serge Dantin, « Vingt tonnes de silence » (2006, 1h30). Si vous goûtez les compétitions et les joutes propres à éprouver l’esprit de surenchère et d’improvisation des pianistes candidats, consultez aussi « Bataille de piano » où rivalisent les pianistes « Gonzales » et Jean-François Zygel (du 22 au 30 décembre).

Crédits photographiques
(DR)
Hélène Grimaud © JH Fair / DG

Mois Piano sur MezzoVing tonnes de silenceMezzo, les 25 et 26 décembre 2006

0



Le 25 décembre 2006 à 21h45
Le 26 décembre 2006 à 14h45

Vingt tonnes de silence
Documentaire de Serge Dentin, 2005, 1h30mn.

Qu’est-ce qu’un piano? De quoi souffre-t-il? D’où vient ce besoin qu’il suscite auprès de tous ceux qui en sont les joueurs habitués, passionnés, qu’il soient dilettantes, professeurs, concertistes, ou accordeurs? Le documentaire de Serge Dantin, laisse la parole aux victimes. Une professeur qui est demeurée sous la coupe de son professeur, de son « maître » qui préféra renoncer à une carrière probable, parce que jouer du piano est tout simplement trop dur et presque qu’inhumain.
L’apprentissage passe par la souffrance : haine et détestation, et pourtant, le plaisir que procure l’art du clavier promet joie et élan de l’âme. Travail et déplacements des accordeurs chez leurs clients, quête des apprentis pianistes, en particulier, enregistrement par une concertiste de la sonate en si mineur de Liszt sous le contrôle avisé des ingénieurs du son : travail sur la clarté, la juste restitution de la couleur, des contrastes et de l’intensité…
Le piano structure des vies entières et mieux que des paroles, il exprime au plus juste le sentiment. Sans histoire ni scénario explicites, Serge Dantin tourne autour de son sujet, prétexte à une série de témoignages et d’expériences aussi diverses que différentes. Si le lien intime qui unit tout pianiste à son instrument est difficile à exprimer, il reste et demeure pour la vie.

Journées européennes de l’Opéra,Du 16 au 18 février 2007

0

Près de cent théâtres lyriques en Europe dont 26 institutions françaises, participeront le temps d’un week -end, du 16 au 18 février 2007, aux premières « Journées européennes de l’opéra », de Paris à Moscou et de Lisbonne à Helsinki. L’opéra souvent mis au placard, décrié, critiqué, taxé de conservatisme, d’élitisme et de dépenses pharaoniques, n’a jamais paru aussi créatif et populaire.

L’édition des Journées européennes 2007, coïncide aussi avec les 400 ans du premier opéra moderne de l’Histoire lyrique, « Orfeo » de Claudio Monteverdi, créé à Mantoue (Italie), le 24 février 1607. Selon Bernard Foccroule, président d’Opéra Europa, bureau organisateur des Journées, qui regroupe près de 100 maisons d’opéras et festivals lyriques, la « dynamique » actuelle de l’opéra n’a jamais connu un tel haut. Or selon le déclarant l’opéra génère même « des retombées économiques considérables ». Art porteur de créations mais aussi de « valeurs humanistes », l’opéra sera l’objet pendant ces Journées de découvertes exceptionnelles réservées au public : visites guidées des coulisses, des ateliers, accès aux répétitions publiques… Pendant les Journées, les professionnels de leurs côtés, seront invités à s’interroger sur « l’héritage », le « futur », « la conquête des nouveaux publics »… `

L’opération débutera le samedi 17 février 2007 avec des actions généralisées sur le thème de « tous à l’opéra! », manifestation conçue par la Réunion des opéras de France et dont la marraine, Natalie Dessay, voudrait que l’art lyrique soit accessible à tous, et qu’il ne s’adresse pas uniquement à une élite.

Approfondir
Visitez le site d’Opera Europa
Consultez aussi le site www.operadays.eu

Philippe Genty,Fin des terres (2006)Mezzo, jusqu’au 20 janvier 2007

Philippe Genty
Fin des terres

Ballet, 2005


Le 31 décembre 2006 à 20h45
Le 7 janvier 2007 à 11h45
Le 10 janvier 2007 à 3h30
Le 11 janvier 2007 à 15h50
Le 20 janvier 2007 à 15h45

Puis le ballet est suivi par un portrait du chorégraphe,
« Philippe Genty, l’attrape rêves »

Documentaire inédit de Patrick Savey. 2005, 26 mn.

Le rêve est une vision libératrice
Pour Philippe Genty, le rêve est un moyen primordial pour se connaître : se connaître, c’est à dire connaître ses peurs. Lecteur de Freud, de Bettelheim, de Mélanie Klein, ces défricheurs/déchifreurs de rêves, Genty a décidé de faire face à ses propres rêves, à ses propres visions. En particulier, dans ses spectacles, il reproduit des images ineffaçables : insecte volant menaçant et collant, poupée obèse, main surdimensionnée. Ces spectacles chorégraphiés avec l’aide de sa complice et compagne, Mary Underwood, décrivent un espace hors du monde. Le lieu dont il est question, est celui des fantasmes, des révélations. Le dernier ballet du chorégraphe plonge dans nos vertiges intérieurs. Avec « Fin des terres », production de la Compagnie Philippe Genty, qui tourne en France depuis novembre 2005, le questionnement imaginaire de Philippe Genty va au-delà des apparences du réel, pour toucher un monde rêvé, pourtant essentiel. C’est une succession de métamorphoses continuelles où le sol se dérobe, afin que paraissent les personnages d’une action à plusieurs figures. Chaque tableau surréaliste à la manière de Magritte, suspendu comme les hommes à chapeau volants du dessinateur Folon, suscitent la plongée dans l’imaginaire des rêves. Genty nous invite en définitive à nous plonger dans notre enfance, chercher, saisir les images oubliées, pourtant vécues, refoulées mais actives. Ce faiseur de rêves nous incitent à en deviner le sens caché.

En quête de sens

Il avoue qu’enfant, il s’est inconsciemment accusé de la mort de son père alors qu’il n’avait que 6 ans. En plein complexe d’Oedipe, amoureux de sa mère, il avait rêver tuer son père, et naturellement s’était accusé de sa mort. Il a fallu un lent travail d’auto analyse pour faire remonter le scénario primitif afin qu’il se dégage et se libère de ses peurs et de ses angoisses.
« Fin des terres » signifie l’extrémité ultime, les confins de cet autre monde que le chorégraphe, passeur, nous invite à découvrir. Inquiétant mais décisif : voir ses propres rêves, rien de plus insupportable, et de plus nécessaire. Pour qui veut se libérer de soi-même, et renaître.
Dans son ballet, Genty explique la relation de l’homme et de la femme, confrontés à une exploration dans l’ailleurs. L’univers décrit, avec souvent beaucoup d’humour et de décallage, se fait initiation, exploration. Avec Philippe Genty, nous sommes comme Pandore qui ouvre la boîte convoitée, certains d’être surpris pendant la découverte, moins rassurés quand au destin qui suivra. Mais convaincus que le chemin mérite d’être vécu pour atteindre cette libération et cette renaissance espérée.

L’attrape rêves

Le documentaire de Patrick Savey, qui suit le ballet proprement dit, construit autour du travail sur « Fin des terres », démonte les étapes de la conception, les répétitions avec les danseurs qui sont aussi acteurs. Le cinéaste filme le ballet qui s’accomplit, sur la scène de la maison de la culture de Nevers en 2006. La caméra dévoile comment en produisant ses rêves, Genty s’en libère. Disparitions, surgissements, visions et révélations : le caché et le souterrain font surface, le temps du rêve. A nous d’en saisir la vérité et l’enseignement. Qui n’a pas cherché à comprendre ses rêves, vit hors de soi. Genty nous permet d’apprendre à les déchiffrer. Il nous offre de mieux nous comprendre, donc de mieux nous aimer.

Crédit photographique
(DR)

Jean Martinon (2)Petite ébauche par le disque

0

Le legs discographique de Jean Martinon, dispersé entre plusieurs maisons de disques, est d’une qualité exceptionnelle. Dans ce deuxième épisode, nous évoquerons la période moins connue des années 1950 pendant laquelle le Français enregistre essentiellement pour les maisons Decca et Philips. Nous aborderons aussi Martinon sous la bannière de Prokofiev, compositeur qui a toujours eu une place privilégiée dans sa vie.

Jean MARTINON (1910-1976) (2)
Petite ébauche par le disque

Le coffret Decca récemment paru documente les années 1950. Martinon signe alors notamment ses uniques gravures d’œuvres qu’il apprécie tout particulièrement. Ainsi, sa Symphonie n° 2 de Borodine (LSO, 1958), jouissive, palpitante et néanmoins inquiète demeure certainement l’une des très grandes interprétations de cette œuvre au disque. La Sixième de Tchaïkovski avec le Philharmonique de Vienne sidère à chaque mesure, saisissante de vérité expressive. Tout ici est violence, coup de poignard, tourment, détresse. Même les pages les plus calmes dissimulent des blessures incurables. Le Finale est à cet égard prodigieux. Quelle tristesse qu’il n’y ait pas eu d’autres collaborations discographiques entre le Français et les Viennois, se dit-on alors.
Parmi les œuvres que le chef enregistrera à nouveau, on admirera Namouna de Lalo : l’Orchestre Philharmonique de Londres y est léger, raffiné, d’une fraîcheur indélébile. Et comment ne pas mentionner ces Saint-Saëns fébriles (Le Rouet d’Omphale, Danse Macabre), ce Bizet tendre et rêveur (Jeux d’enfants) ou ces Berlioz fins et impétueux (Le Corsaire !) de 1958 avec la Société des Concerts du Conservatoire ! Peut-on résister à de si tonifiantes interprétations… ?

Le chef français a également laissé pour la maison de disques anglaise des gravures assez exceptionnelles de l’Ouverture Russe op. 72 et des Symphonie n° 5 & 7 de Prokofiev, avec la Société des Concerts du Conservatoire (1957). Profondément attiré par l’œuvre du compositeur russe, Martinon enregistrera de nouveau ces œuvres pour Vox, en 1971 avec l’Orchestre National de l’O.R.T.F, dans le cadre d’une intégrale des Symphonies – une référence encore aujourd’hui. Les prises de son accentuent les différences entre les deux orchestres français. Le National, par ses couleurs rondes et chaudes, donne à Prokofiev des accents chatoyants, gorgés de soleil noir, qu’il est souvent refusé au compositeur russe. A la tête de la Société des Concerts du Conservatoire, aux timbres plus rauques, le chef se révèle plus incisif, plus coupant. Sa conception, qui cherche déjà la pleine lumière, est d’un lyrisme poignant.

En réalité, ce qui nous manque peut-être parfois dans les gravures pour Decca (comparez le Capriccio espagnol de Rimsky-Korsakov par Martinon et Dorati avec le même Symphonique de Londres, respectivement en mars 1958 et en juin 1959), c’est un soupçon d’abandon, de cette liberté qui mène au rêve. En revanche, l’élégance naturelle, le sens de la ligne et de l’architecture, l’agencement subtil des timbres, l’énergie et la force vitale sont déjà bien présents.
Le passage du chef à Düsseldorf (1960-1966) et sa fréquentation toujours plus assidue du répertoire allemand ont-ils apporté à son style ce supplément de flexibilité, de poésie qui rendent incontournables ses enregistrements plus tardifs ? Sans doute. Néanmoins, dans le Bacchus et Ariane de Roussel chez Philips en 1953, d’une pugnacité rythmique inoubliable, « le Martinon de l’O.R.T.F » est bien là, dans toute sa grandeur, insurpassée, insurpassable.


Prochain épisode

1963-1975 : Jean Martinon à Chicago et Paris ou Les Absolus

A rééditer

Intégralité des enregistrements Philips (Mozart, Fauré, Falla, Roussel, Honegger,…). 1953/1954. Orchestre des Concerts Lamoureux

Si vous souhaitez écouter
: Complete Decca Recordings 1951-1960 – Decca 475 7209 – 9 CD ; Prokofiev : Symphonies n° 1-7, Ouverture Russe, Ouverture sur des thèmes hébreux, Suite « Chout » – Orchestre National de l’Office de la Radiodiffusion-Télévision Française – 2 coffrets de 2 CD Vox CDX 5001 & 5054 : ces deux coffrets sont disponibles sans aucune difficulté sur Internet

Nice, festival Manca. Concert d’ouverture. Le jeudi 9 novembre 2006

0

Jeudi 9 novembre 2006, théâtre Francis Gag, Nice. Ouverture du festival Manca avec la présentation du forum des étudiants en électroacoustique et musiques mixtes. Des personnalités affirmées se sont fait remarquer, soit que l’électroacoustique ait donné seule sa valeur sonore, soit que les instruments, notamment des flûtes étranges, aient magnifié le genre.

Sur l’électroacoustique seule

Signe de l’époque, l’électroacoustique se fait « New Age » et l’eau y tiens une place primordiale. C’est le cas de l’oeuvre « Raga de printemps » de Remi
Mezzina mais aussi « Aux calmes » de Benjamin Crousillac. Ces deux oeuvres furent séparées dans la soirée, chacune ornementant une mi-temps, fort
heureusement pour l’équilibre. Dans la première, l’eau et la nature sont superposées au son du sitar indien que l’on devine au loin et dont l’oeuvre
cherche à épouser les mouvements d’improvisation ; dans la deuxième l’eau nous submerge. C’est, de toutes les oeuvres éléctroacoustiques présentées
ce soir là, la plus belle : la fonction quasi SACD de l’octuple bande, c’est à dire une stéréophonie totale, nous plonge dans un focus amplifié. Nous entendons le ressac comme avec un microscope sonore : nous sommes nous mêmes ces petits crabes d’eaux qui sont environnés de mouvements d’évier,
constants dans les rochers de la mer, mouvements violents, dangereux, fragilisants si l’on se sent tout petit. Puis, cette mer se transforme, c’est un ruisseau, c’est de l’eau douce. Et pourtant, si nous cessons d’être des liliputiens, cette eau est bien calme … et justifie le titre de l’oeuvre.

« Transe Lucide » d’Eric Allietta, autre oeuvre électroacoustique, procède aussi d’un même mouvement, entre apaisement et angoisse. Cette musique là
agence les bruits savamment. C’est cela, la découverte de l’électroacoustique : la musique depuis son origine est cet agencement savant et harmonieux des bruits – Mozart sous sa perruque ne fait pas autre chose que d’agencer « des sons qui s’aiment ». Et les bruits quittent leur statut anodin dès que l’oreille de l’artiste sait les mettre en situation, pour que notre propre oreille y découvre, elle aussi, ce qu’ils ont d’expressif et d’unique. Nos oreilles, s’étaient trop laissées aller à la banalité, l’artiste est là pour les mettre en garde : désormais les bruits deviennent art et se nomment sons. Nous nous référons à l’idée de l’artiste que se fit Bergson (« la Pensée et le Mouvant ») : l’artiste renonce à voir le monde globalement, dans cette forme simplifiée pour l’usage courant, pour y voir des particularités que nous ne voyons plus dans la vie de tous les jours. L’électroacoustique se donne cette mission-là.

Sur les flûtes prolongées ou soutenues par l’électroacoustique
La tendance « New Age » des jeunes générations se retrouve également dans les choix sonores de tous le concert et dans les traitements particuliers des pièces. Un besoin de retour à la Nature ! La flûte à bec : un symbole ! Instrument venu du fond préhistorique, balbutiement et science profonde de l’humanité, sonorité à la foi liquide douce et violente, eau qui dort et eau qui court … deux personnalités, bien représentées par Monica Lopez Lau et Simone Schmid, l’une méditerranéenne, l’autre flamande, l’une bibelot, l’autre statue, mais s’interchangeant la douceur et la violence, le jeu mélodique et le jeu percussif et jusqu’aux paroles dramatiques dans certaines pièces et même, une fois, la même flûte, geste de communion sensuelle tout comme spirituelle. Ce sont deux élèves du conservatoire de Lausanne (classe d’Antonio Politano) surtout deux interprètes de
distinction.

La pièce de Danièle Gugelmo
, que l’on qualifiera de féminine, commente la pensée spirituelle de Balzac telle qu’il l’a exprimée dans son roman « Seraphîta » en 1835. Cette jeune compositrice a trouvé en elle un matériel pour les flûtes si remarquable que l’accompagnement électroacoustique en devient quasi superflu. Les sons enregistrés qui débutent le premier mouvement de l’oeuvre, sont certainement l’inspiration d’origine des effets heureux envahissant bientôt les flûtes de voix. Mais paradoxalement, ces sons enregistrés montrent leur limite, en tant que matériel froid, dès que la chaleur du matériel instrumental et humain apparaît. C’est ainsi pour chaque idée de chaque mouvement. Le traitement de la flûte de seize pieds, flûte géante au son de tuyau d’orgue, mais octavant rapidement et permettant un effet percussif des touches à vide, rappelle les émotives fragilités que l’on entend dans les oeuvres de John Cage. Enfin une tendance à la polyphonie se fait sentir dès le début de l’oeuvre, tendance qui met l’auditeur entre deux eaux : la musique y sera-t-elle expressive à partir des seuls effets de son, où sombrera-t-elle dans l’harmonie classique (un passage entier entre les deux flûtes est carrément mélodique) ? est-ce un atout, est un embarras ? Dans le dernier mouvement, ce sera une réussite : un orgue enregistré dans la bande magnétique débute un Choral de Bach que les deux flûtes vont élégamment « flouter », comme dans un rêve « drogué », au point que la basse d’orgue se fera un temps totalement discrète avant que de conclure, in fine, exactement sur un accord parfait avec les deux flûtes. Espace onirique entre harmonie et son vague : toute la matière poétique d’un Bério. Danièle Gugelmo y montre un talent certain qu’elle saura approfondir.

La pièce de Gaël Navard où les résonnances des flûtes étaient prolongées par les moyens de l’électroacoustique, présentée dans la même partie, a pris, en regard de l’oeuvre de la jeune compositrice, un aspect plus âpre et masculin : « asile », soit l’asile d’un « si », soit d’un « la », sorte de jeu théâtral.

Après la méditation « New Age », le choc théâtral.

Il y eut d’ailleurs dans la soirée d’autres moments théâtraux, notamment dans les jeux d’improvisations des flûtistes jouant avec l’électroacoustique (Anders Forslund) mais aussi avec l’apparition de texte et de scénographie « quasi érotique » (l’échange de la même flûte ?) dans l’oeuvre d’Oskar Lissheim-Boethius. La notion de ligne musicale surgit : l’oeuvre exprime, crie, touche l’auditeur.

Evidemement, le clou spectaculaire est le grand closter de l’oeuvre de Florian Gourio et Manuel Rosas Gutierrez, « SOAP Machine #3 », avec des saxophones, trombones, trompette et un arrosoir (buggler), un écran de cinéma rétro et une soprano folle aux cheveux dénoués. Des « warum », des « perché », le tout lyrique, quodlibet et fortissimo. C’est l’occasion d’admirer la souplesse vocale, la musicalité – que dire ? la beauté de la ligne du son, allant du filet de voix au lyrisme chaleureux de la soprano. Tant de merveilles pour caractériser Liesel Jürgens, l’un des immenses talents vocaux sur Nice. Pour la première fois, on la voit très heureusement se produire dans un concert contemporain, où d’habitude, sur la scène locale niçoise, où nous avions vu régner la seule Tanya Laing, dont l’émission et la présence sur scène font une digne héritière de Kathie Berberian.

Un peu de philo

Cependant que l’on parle de théâtre, c’était la clôture de la première partie. La deuxième se clôturait plutôt sur une séquence philosophique : un solo de clarinette basse, par trop intellectuel d’Aaron Einbond. L’auteur se cherche là : ce n’est pas une critique ! Qu’il ne nous en veuille pas si l’on pense qu’il ne s’y est pas encore trouvé. C’est déjà un grand effet, si on peut susciter chez l’auditeur cette curiosit
é de sentir une direction, une recherche, plutôt que l’ennui d’une oeuvre élégante mais vide. On retrouve ce sympathique compositeur, le mercredi 15 novembre, toujours dans le cadre du Festival MANCA au CNR avec Gaël Navard, dont on a parlé auparavant, pour nous faire découvrir à travers un « Atelier- concert », « leur travail » en France et aux Etats-Unis dans le cadre du programme d’échange pédagogique F.A.C.E. qui unit le CIRM, au CNR, à l’Université de Nice-Sophia-Antipolis, l’Université de Berkeley et le CNMAT.

Crédits photographiques
© service photo CIRM 2006

Beethoven, sonates opus 109, 110, 111Récital Kun Woo Paik, pianoFrance musique, le 18 décembre 2006 à 15h

0


Le 18 décembre 2006 à 15h
Récital
Kun Woo Paik
, piano
Ludwig van Beethoven
Sonate n°30 en mi majeur opus 109
Sonate n°31 en la bémol opus 110
Sonate n°32 en ut mineur, opus 111


Prima la musica
Présenté par Jean-Michel Damian

Les sonates opus 109 et 110

C’est le dernier Beethoven qui est ici présent. Dans ces trois dernières sonates, comme dans ces derniers quatuors, son style reste difficile à cerner. La surdité du compositeur est devenue totale, et son isolement complet lui inflige a contrario, une nouvelle force de création. Les dernières compositions s’apparentent à de profondes méditations intérieures. Le solitaire privilégie le style fugué et les variations. Il étudie les grands maîtres passés allemands : Bach, « le père universel de l’harmonie », et Haendel, qu’il vénère et prend pour nouveau modèle. Ces trois dernières sonates furent peu connues et peu jouées de son vivant, de même qu’à la génération qui suit.

L’opus 109 ouvre le cycle composé entre 1820-22. Il semble, d’après Schindler, que le compositeur se lança un défi car l’ « Allgemeine Musikalische Zeitung » l’avait présenté comme figurant désormais hors de la vie musicale de son temps. Autrement dit, Beethoven, trop vieux, est écarté par les critiques, démodé et même épuisé : l’inspiration tarie, elle semble ne plus rien avoir à dire. Comme nombre de témoignages du célèbre secrétaire de Beethoven, on peut douter de cette hypothèse. Composée durant l’été de 1820 à Mödling, la sonate est adressée à la fille d’Antonia Brentano. La partition est publiée chez Schlesinger à Berlin, en novembre 1821. Alors que les deux premiers mouvements s’enchaînent sans interruption, le troisième révèle la science du dernier Beethoven : un thème cantabile très expressif et d’une grande simplicité, est suivi de six variations très ingénieuses.

Esquissée en même temps que l’Opus 109 en 1819, la sonate opus 110, est achevée le 18 décembre 1821 et publiée bien plus tard par Schlesinger, à la fois à Berlin et à Paris en août 1822. Elle devait au départ être destinée à Antonia Brentano (ainsi que l’Opus 111), mais finalement Beethoven abandonne cette intention. Les deux premiers mouvements sont courts, mais le troisième est un long finale complexe qui se décompose en plusieurs parties dont un adagio et une fugue.

L’Opus 111, dernière sonate du maître, comprend seulement deux mouvements. Achevée début 1822, la dédicace va à l’archiduc Rodolphe. Elle a suscité bien des commentaires, nombre de musicologues, se sont souvent amusés à en chercher la signification. Le rythme des variations finales est d’une grande complexité (la partition reste surprenante). A noter, encore une fois, la belle inspiration du thème initial, aussi profond que d’une grande simplicité. Selon Schindler, Beethoven n’aurait pas eu le temps de composer un troisième mouvement, chose peu probable.

Georges Balanchine, Joyaux (« Jewels », 1967) France 2, lundi 25 décembre 2006 vers minuit

0

Georges Balanchine
Joyaux
, 1967
à l’Opéra national de Paris


Lundi 25 décembre vers minuit

Musiques au coeur
Présenté par Eve Ruggieri.
Ballet filmé par Pierre Cavassilas, 2005.
Joyaux ou « Jewels », est un ballet new yorkais de Balanchine, créé en 1967, dans lequel le chorégraphe rend hommage aux trois villes et aux trois écoles qui ont forgé son style inimitable, fait d’élégance et d’esthétisme… Les caméras de France 2 filment la reprise en 2005, du triptyque créé in situ, en décembre 2000

Un triptyque serti de gemmes et de pierreries
Les habitués de l’Opéra de Paris, amateurs de danse, avaient regretté que, pour raison de grèves opiniâtres, battant les planches en ce mois de décembre 2000, la création de Joyaux (« Jewels ») ait été quelque peu bousculée. La soirée tant attendue put avoir lieu, échapant en quelque sorte à la vigilance des syndicats, le 19 décembre 2000, décalant de 4 jours, la création programmée par la direction.
Le ballet permet à Balanchine qui se souvient des vitrines luxueuses des bijoutiers de la Cinquième Avenue à New York, de se remémorer les trois cités, foyers chorégraphiques, qui ont marqué sa carrière et son style. Le cycle créé en 1967 par le New York City ballet, est l’une des réalisations les plus emblématiques de son oeuvre et de sa démarche artistique. Elève danseur sous la direction de Marius Petitpa, au Théâtre Marie (Mariinski) de Saint-Pétersbourg, Balanchine devient ce génie de la scène dansée que Paris, -rejoint en 1925-, reconnaîtra. Au sein des Ballets Russes de Serge Diaghilev, il fait oeuvre de chorégraphe à 24 ans avec Apollon Musagète sur la musique néoclassique d’un Stravinsky pacifié, qui regarde du côté des tableaux atemporels de la Grêce antique. Paris, après Saint-Pétersbourg est donc une étape clé, comme le sera New-York qu’il rejoint en 1933, devenant le fondateur de la School of American Ballet

Emeraude
(Paris)
Le déroulement du ballet suit un ordre différent de la chronologie de la carrière : d’abord, Paris, avec Emeraude. Sur la musique poétique et rêveuse de Fauré, Balanchine évoque le foyer du romantisme. Les deux couples à l’honneur (Isabelle Guérin et Nicolas Le Riche, Fanny Gaïda et Kader Belarbi) laissent s’épanouir, le corps de ballet de dix filles dont Eleonora Abbagnato et Nolween Daniel. Lesquelles occupent le devant de la scène dans le trio dessiné avec Guillaume Charlot, à la souplesse impeccable. Elegance prenant appui sur le travail et la prestance du poignet et du pied : la pureté des arabesques et des lignes corporelles affirment en particulier Isabelle Guérin dans le sillon impérial tracé par une Chauviré…

Rubis (New York)

Rubis, inscrit au répertoire de l’Opéra parisien dès 1974, se détache, sur la musique de Capriccio de Stravinsky, par son humour. Balanchine revisite Broadway sous l’action facétieuse et libérée des rythmes stravinskiens. Paul Connely et l’orchestre Colonne trouve le ton juste pour une partition qui favorise le déhanchement sacrilège, l’audace vive et nerveuse. Les danseurs imposent là encore un style souverain, façonné à l’école de la précision et de la discipline : parfaits, dans la pose comme dans le maintien, digne des Unes de magazine à la mode des années 60, le couple Manuel Legris et Delphine Moussin, mais aussi Marie-Agnès Gillot dont les jambes allongées arborent mine de rien, une ligne purement balanchinienne.

Diamants
(Saint-Pétersbourg)
Enfin Diamants (Symphonie n°3 de Tchaïkovski), est un pur joyau classique, qui illustre avec éclat et mesure, la perfection du ballet impérial russe perfectionné dans l’écrin du théâtre Mariinski. Agnès Letestu et José Martinez en constituent les facettes les plus convaincantes. Et comme nous l’avons signalé, à l’appui de la performance des danseurs, l’orchestre Colonne soutient le niveau étincelant du spectacle, conférant à ce superbe cycle de tableaux esthétiques (costumes d’un raffinement discret signés Christian Lacroix), leur profondeur, leur éclat, leur pureté. Autant de qualités que le public est en droit d’attendre pour un spectacle où pierreries et gemmes taillés, produisant irisations et miroitements, sont à l’honneur.

Torroba, Luisa Fernanda (1832)Arte, le 16 décembre 2006 à 22h30

0

Federico Moreno Torroba
Luisa Fernanda
, 1932

Samedi 16 décembre 2006
à 22h30, Musica

Comédie Lyrique de Federico Moreno Torroba
Livret de Federico Romero & Guillermo Fernandez Shaw

Placido Domingo, Vidal
Nancy Herrera, Luisa
José Bros, Mariola Cantanero…
Orchestre du Théâtre royal de Madrid,
Jésus Lopez-Cobos
, direction
Emilio Sagi, mise en scène

Représentations filmées à Madrid,
les 14 et 16 juillet 2006. Réalisation : Angel Luis Ramirez

Histoire du genre « zarzuela »

Zarzuela ou « ronces » en espagnol, est un genre né à l’époque baroque, quand les concerts lyriques divertissaient la Cour madrilène dans le pavillon delle Zarzuela, parce que de nombreux massifs épineux en indiquaient les abords.
Au XVIIIème siècle, les livrets s’étoffent considérablement : de nouveaux drames populaires et sentimentaux donnent une contrepartie hispanique à l’opéra comique français. Le début du XX ème siècle est marqué par deux chefs d’oeuvre incontestables qui montrent la pérennité du genre, sa contante vivacité, sur le plan musical comme dramatique. Doña Fransisquita de Vives, en 1923 et donc, Luisa Fernanda, en 1932.
Impresario renommé, compositeur, Torroba, né en 1891, souscrit à l’endurance d’une genre qui pourtant au moment de création à Madrid au début des années 30 est quelque peu « décalé » voire rétrograde.
Or, Placido Domingo se passionne pour cette oeuvre, plus précisément pour son auteur, qui dirigea comme organisateur de tournées outre Atlantique, les parents Domingo, tous deux chanteurs ; la collaboration entre les deux hommes se réalisant pleinement en 1980, lorsque le chanteur créé le dernier opéra de Torroba, âgé de 90 ans, dans le genre zarzuela bien sûr, El Poeta.

La production de Luisa Fernanda 2006
Sur rythmes chaloupés, au panache alliant fierté et grandeur théâtrale, Luisa Fernanda ressuscite sur les planches la révolution de septembre 1868, qui suscite la chute d’Isabelle II et l’avènement de la première république espagnole.
Au premier plan de la fresque historique, le colonel des hussards, fiancé de la belle Luisa Fernanda, Vidal, montre sa jalousie vacillante vis à vis du riche paysan d’Estremadura, Javier, amoureux lui aussi de Luisa. Au terme de moultes péripéties, Vidal auquel le sort a préservé ses faveurs, perd l’amour de la belle Luisa car Javier fait naître en elle, une flamme grandissante. Vidal, dans un ultime tableau des plus passionnés, consent à la laisser partir pour ne revenir jamais. La noblesse des héros se mesure à l’importance du sacrifice ultime dont ils sont capables.
Dans cette production déjà présentée à la Scala de Milan en 2003, enregistrée ici en juillet 2006, à l’Opéra royal de Madrid, Placido Domingo qui est à l’initiative de la recréation contemporaine de l’ouvrage, étonne par son feu scénique et vocal. La tessiture a baissé dans le grave, ce qui ne fait que conforter davantage la richesse de son incarnation de Vidal, colonel à qui la vie sourit mais que l’amour fuit. On ne peut gagner sur tous les tableaux, et l’opéra zarzuela s’achève sur une note amère et tragique : la solitude trahie de Vidal apporte une touche douce amère à la partition. L’orchestration brillante et sensible offre une matière foisonnante et lyrique au chef Lopez-Cobos, visiblement inspiré par les registres de cet ouvrage, dramatique et exalté. Le dvd de cette production est annoncé en février 2007 chez Opus Arte.

Crédits photographiques

Service photo Arte (DR)

Bataille de piano : Zygel contre GonzalvesMezzo, jusqu’au 10 janvier 2007

0

Bataille de piano
Zygel contre Gonzalves



Le 22 décembre à 20h45
Le 23 décembre à 13h45
Le 30 décembre à 4h02
Le 10 janvier 2007 à 16h45


En décembre 2006, Mezzo met à l’honneur le piano. Y compris comme ici, dans ses aspects les moins convenus. Il fut un temps, en particulier à l’âge baroque, où les meilleurs musiciens et compositeurs s’adonnaient pour montrer leur valeur, à des compétitions publiques. Même Mozart aima disputer à Salieri, la primauté du goût, même si l’on sait qu’au final, les Viennois restaient peu enclins à la modernité irrévérencieuse de son style.
Or dans le cadre du festival « piano en Valois », sur la scène de L’Européen à Paris, le pédagogue Jean-François Zygel, à présent célébré pour ses « leçons de musique » admirablement éloquentes, en dvd ou en public, rivalise de facétie et de surenchère avec le pianiste « Gonzales », qui se prêtant au jeu du round, paraît, affublé comme un boxeur, serviette autour du cou, vêtement d’entraînement, la mine pointue, le regard vengeur… prêt à en découdre. C’est compter sans le talent d’improvisateur du maître Zygel, inventif et imprévisible, qui manie l’art de la réponse avec humour, dans le style de… Encadré par un animateur-juge, les deux jongleurs du clavier, improvisent, se répondent, argumentent. Avec d’autant plus de sagacité et de ressources, que les épreuves auxquelles les compétiteurs soumettent leur technique et leur musicalité, sont en partie choisies par le public : ne jouer que les touches blanches, puis que les noires, jouer debout (comme dans la chanson de France Gal), digitaliser les yeux bandés, ou faire sonner son instrument sans toucher les touches du clavier… mais c’est possible ! Autant de péripéties que les deux rivaux traversent avec une belle énergie, sans défaillir : heureux au final de se voir départager par l’applaudimètre… et l’issue n’est pas celle que l’on croît.

Concert filmé par Eric Michaud. Festival piano en Valois. 2005, 52 mn.

Le choeur des enfantsFrance 2, Jeudi 21 décembre 2006 à 22h30

0



Infrarouge, magazine hebdomadaire,
chaque jeudi en deuxième partie de soirée.

Jeudi 21 décembre 2006
vers 22h30

Le Choeur des enfants
Les Petits chanteurs à la croix de bois

Documentaire réalisé par Emmanuel Descombes. 2005, 1h20mn.

Ecole de vie, apprentissage quotidien de la discipline, la vie des 80 jeunes choristes du Choeur des Petits chanteurs de la croix de bois, n’a rien d’un long fleuve tranquille. Après les vacances de Pâques, sur l’ensemble des effectifs composés par des garçons âgés entre 8 et 15 ans, seuls 32 partiront en mai, en tournée en France et à l’étranger, représenter l’image d’un choeur d’enfants, et défendre sa réputation faite d’excellence et d’assiduité. Le film commence au moment de la sélection des participants.
Au total près de 12 villes en France et en Belgique, 3000 kms en car, et davantage encore quand il s’agit d’une tournée hors de France…. Voilà 100 ans que les Petits chanteurs maintiennent le plus haut niveau, en particulier grâce à la vigilance de leur chef, Véronique Thomassin. Laquelle d’ailleurs, ne leur laisse rien passer : à la fin de chaque concert public, le chef du choeur distribue les points, critique, complimente, sans détours, sans complaisance… La responsable est une pédagogue assidue qui sait aussi être humaine et motivante.
La journée est longue, au château de Glaignes, dans l’Oise, et l’activité, sans pause ni temps morts. Cours scolaire normal, mais aussi solfège, harmonie, répétitions… rien n’est omis pour assurer un résultat optimal. Enseignement intense le matin ; l’après-midi, travail du chant… Et la dernière tournée à peine achevée, compétitions pour la suivante : le rythme est soutenu, mais stimulant pour les meilleurs et les plus assidus. Pourtant la retraite sonne rapidemment pour les 3ème : quand la voix s’abaisse, la motivation déraille… les plus âgés se demandent si leur place est bien légitime… normal pour un choeur de jeunes garçon à la voix d’anges, de soprano ou d’alto, qui cependant doit aussi, malgré tout, compter quelques basses…

La caméra d’Emmanuel Descombes filme la vie d’un jeune chanteur, soumis aux lois des tournées professionnelles. Même si cela est dur et éreintant, la majorité d’entre eux avoue vouloir poursuivre l’expérience, pour le voyage et la perspectives des tournées. Surtout quand ils sont reçus dans des pays lointains enthousiastes voire hystériques comme c’est le cas de la Corée du Sud. Même si leur tenue, plutôt ringarde, suscitent de la part des autres garçons de leur âge, qui ne sont pas internes au château, de vifs quolibets.
Pourtant quand le Choeur se produit à Séoul, la mégapole coréenne de 12 millions de citadins, le triomphe est toujours au rendez-vous : les petites coréennes s’enthousiasment facilement pour ces voix d’anges venus de l’autre côté de l’Asie… Réceptions officielles, congratulations, chaque tournée coréenne s’apparente à un voyage paradisiaque, d’autant que les chanteurs français sont logés dans des palaces… Et les séances d’autographes tournent rapidemment à l’hystérie.
Sous leur aube, petite croix de bois au cou, les apprentis chanteurs imposent des caractères bien trempés. Le réalisateur s’attache (dans un cadre féerique car le château est situé dans les bois), à dévoiler et suivre les individualités. Travail collectif certes, surtout association de tempéraments divers. Pendant les huit mois du tournage, le cinéaste a capté les regards, saisi les détails de cette expérience de l’équipe, des rencontres, des voyages aussi qui façonnent et aiguisent l’acuité de chacun. L’intérêt du documentaire capte à hauteur d’enfant et d’adolescent, la vie et le monde, rencontrés, découverts, traversés. Compétition, rivalité, camaraderie, fraternité : sous l’angélisme des voix cristallines se cachent des êtres de chair et de sang, de rêves et de projets dont les témoignages recueillis ici, constituent une formidable leçon de vie.

Crédit photographique
(DR)

Musique en ligneRobert Schumann, concerto pour piano n°1, Symphonie n°4Martha Argerich, piano. Gewandhaus de Leipzig, Riccardo ChaillyDecca concerts, le 11 décembre 2006

0

L’année Schumann retentit de nouveau, grâce à l’avancée de l’offre digitale. Le programme est doublement captivant. Il vient confirmer tout d’abord, la réussite de maestro Chailly, producteur de climats somptueux pour le piano soliste, à l’image d’un récent récital Brahms avec Nelson Freire paru au disque chez Decca également. Prometteur ensuite, le concert enregistré sur le vif, qui inaugure aux côtés des « DG concerts », l’offre digitale des « Decca concerts », laisse espérer de futures moissons exemplaires.

Dans cette captation publique,-réalisée en septembre 2006-, le piano de Martha Argerich chante la grâce et la tendresse du Concerto n°1 de Schumann : éclat murmuré et texture moirée d’une confession à demi mots, superbement intériorisée. Dans les trois mouvements, la fusion complice du chant soliste et de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, sous la battue attendrie et affectueuse de Riccardo Chailly, est totale.

Chef et orchestre poursuivent ce climat hautement schumannien avec l’ouverture de Genoveva, le seul opéra du compositeur, injustement absent des salles lyriques, et surtout une Symphonie n°4, qui dans l’orchestration de Gustav Mahler, déploie une opulence de sons jubilatoire, dans l’impétuosité et la vitalité maîtrisées. La direction de Chailly convainc : moins solaire que furieusement déterminée, radicalement dans l’action, son Schumann déploie une force et une santé irrépressible, bien en rapport avec la genèse de composition : après avir composé l’essentiel de sa musique de chambre, et avant de rédiger son opéra, le musicien particulièrement prolifique, accoucha de ses quatre symphonies en à peine quelques mois. Une intense activité qui prépare d’autant mieux ses dispositions pour son opéra à venir, Genoveva.

Programme
L’enregistrement amorce la collaboration du Gewandhaus de Leipzig avec Decca dans le cadre de son offre digitale. Comme le New York philharmonic, le Los Angeles philharmonic dans la collection DG concerts, Decca inaugure ainsi un cycle d’enregistrements symphoniques saisis sur le vif.

Robert Schumann
Genoveva, ouverture
Concerto pour piano n°1

Martha Argerich, piano
Symphonie n°4
Gewandhaus de Leipzig
Riccardo Chailly
, direction

Le programme de ce concert est disponible à partir du 11 décembre 2006 sur votre plateforme de téléchargement habituelle, par oeuvre ou dans son intégralité.

Participez
à la conférence de presse
Lundi 11 décembre à 17h
sur le site www.decca.com/deccaconcerts

Assistez à la conférence de presse en ligne où Riccardo Chailly présentera l’enregistrement, uniquement accessible en téléchargement sur Internet. Consultez régulièrement le site www.decca.com/deccaconcerts où sont précisés les modalités de la conférence de presse en ligne, au fur et à mesure des avancées de son organisation.
Crédits photographiques
Martha Argerich (DR)
Riccardo Chailly (DR)

Jules Massenet, Le jongleur de Notre-Dame (1902)Opéra de MetzDu 26 au 30 janvier 2007

Jules Massenet
Le Jongleur de Notre-Dame
, 1902
Miracle en trois actes

Opéra de Metz
Du 26 au 30 janvier 2007
Direction : Jacques Mercier
Mise en scène : Jean-Louis Pichon

Le sujet
Devant l’abbaye de Cluny, au XIV ème, Jean, jongleur famélique succombe aux perspectives de la vie religieuse, en particulier à la possibilité du salut de son âme, que lui offre le Prieur. Menacé par les flammes de l’enfer, le pauvre pêcheur découvre la vie monastique et contemplative. Doutant de lui, humble et repentant, Jean connaîtra ce que chacun espère, sans l’atteindre ou l’éprouver, l’illumination : il voit s’animer la statue de la Vierge compatissante, confirmation de sa quête spirituelle. Comme un vitrail gothique ou à la façon d’un livre de prières, le miracle en trois actes de Massenet, brosse le portrait d’un manant devenu saint. « Heureux les simples car ils verront Dieu« , conclut le Prieur.

Genèse et réception

Massenet se passionne pour une pièce de théâtre que lui avait adressé directement l’auteur, Maurice Léna. Curieusement, lui qui a illustré avec quel génie, la passion féminine, préférant exprimer jusque là, la dignité des héroïnes composant un éventail de figures de femmes comme peu de compositeurs avant lui, de Manon, Esclarmonde, à Thaïs et Hérodiade…, le musicien s’intéresse au Jongleur qui ne met en scène que des personnages masculins. Dès juillet 1900, le compositeur a toute la structure mélodique de l’oeuvre dans la tête. La partition est mise au net en 1901. La vision offerte des moines bénédictins est presque licencieuse : bons vivants et trop sensuels (à l’acte II, la dispute entre les moines peintre, poète, musicien et sculpteur, chacun se prévalant de représenter l’art majeur qui supplante les autres, est à ce titre emblématique). Jean, laïque, intense dans sa foi, incarne l’état de sincérité sainte opposée à l’état de décadence des bénédictins au XIV ème siècle. L’image quelque peu critique à l’égard du milieu monacal s’entend dans le contexte que vit Jules Massenet : en 1905, sera instaurée la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Selon les mots du musicien, le Jongleur est son chef-d’oeuvre, à la fois, légende, pièce, conte en musique…
Musicalement, Massenet « médiévalise » son style, emprunte des mélodies anciennes, utilise la viole d’amour, instrument mis à l’honneur dans l’orchestre du XIXème depuis que Meyerbeer sur la proposition de l’altiste Chrétien Urhan, l’utilisa dans ses Huguenots (1836).
Créé à l’opéra de Monte-Carlo, le 18 février 1902, le Jongleur suscita un triomphe, y compris auprès des critiques qui depuis quelques années avaient souligné l’indigence musicale des oeuvres de Massenet, s’étant trouvés déconcertés par l’évolution de son écriture. Le musicien allait y puiser un regain d’inspiration pour ses oeuvres ultérieures, toutes composées pour les planches monégasques, à l’époque du Prince Albert Ier : Don Quichotte, Roma, Cléopâtre… L’oeuvre fut reprise ensuite en création à Paris, sur la scène de l’Opéra-Comique, en 1904, connaissant dès 1908, sa 100ème. Etonnant avatar, validé cependant par l’auteur, Mary Garden, la créatrice de Mélisande dans le Pelléas de Debussy, quelques années auparavant (1902), créa le rôle de Jean, au Metropolitan de New-York (novembre 1908) : l’opéra des hommes devait bientôt intégrer une présence féminine. Quoi de plus naturel de la part d’un musicien qui se plut à brosser le portrait musical de tant d’héroïnes? Mais, comme pour se racheter, Massenet accepta de même, d’adapter le rôle de Jean, initialement écrit pour un ténor, pour le baryton Jean Périer. Quoiqu’il en soit, l’évolution psychologique du personnage qui dépeint une conversion sincère et exaucée, demeure une expérience exceptionnellement aboutie pour tout interprète : il lui est donné d’offrir toute la palette de son talent, vocal et dramatique.

La production de Metz reprend en partie le spectacle créé lors du 8 ème festival Massenet, en novembre 2005, à l’Esplanade de Saint-Etienne : Jean-Louis Pichon en avait déjà signé la mise-en-scène.

Illustration
Affiche du Jongleur de Notre-Dame, lors de la reprise de l’oeuvre en 1904 (DR).

Sibelius, Finlandia opus 26Radio classique, le 18 décembre à 21h

0

Concert enregistré Salle Pleyel à Paris,
les 29 et 30 novembre 2006,

initialement programmé sous la direction de
Esa-Pekka Salonen qui pour raison de santé
a été remplacé par Ilan Volkov (notre
photo), directeur de l’Orchestre de la BBC.

Jean Sibelius
Finlandia
, opus 26

Un
poème symphonique initialement prévu dans un cycle de « tableaux
historiques » mais qui devint, sans que son auteur l’ait souhaité,
l’hymne de la Finlande nationaliste, contre l’impérialisme russe.
« Finlandia », créé le 4 novembre 1899 à Helsinki, était à l’origine le
sixième tableau d’un ensemble symphonique plus vaste, au sujet
poétique, en rien politique. Or lorsqu’en 1900, l’Orchestre national
d’Helsinki joua la partition à l’Exposition Universelle de Paris, les
spectateurs l’entendirent comme le cri de révolte d’un état occupé par
les russes. Sibelius, qui avait 35 ans, devint du jour au lendemain, la
figure internationale de l’autonomie finlandaise, et son oeuvre, un
second hymne national.

Si le premier mouvement – andante sostenuto-,
peint avec grandeur et lyrisme, la beauté des paysages de Finlande, ses
vastes forêts et les miroirs étincelants de ses lacs légendaires, le
second mouvement fait retentit une marche haletante et triomphale dont
l’apothéose a suscité l’enthousiasme de l’audience nationaliste, et le
ralliement des sympathisants de l’indépendance finlandaise. Le pays ne
se libérera du joug russe qu’en 1917. Au programme également le Mandarin Merveilleux de Bartok dont Sibelius était un fervent admirateur.

Programme

Jean Sibelius
Finlandia, opus 26
Bela Bartok,
La Mandarin merveilleux
(suite)
Hector Berlioz
Roméo et Juliette,
(extraits symphoniques)

Orchestre de Paris
Ilan Volkov
, direction

Approfondir

Esa-Pekka Salonen en téléchargement. Depuis le 30 octobre, DG rend disponible, uniquement en téléchargement, dans le cadre de son offre, Global Concert Hall,
un concert enregistré en live où Esa-Pekka Salonen dirige l’Orchestre
Philharmonique de Los Angeles dans Beethoven (Symphonies n°7 et 8) et
Anders Hillborg (né en 1954. « eleven gates »). Lire notre critique des symphonies n°7 et n°8 de Beethoven par Esa-Pekka Salonen, en accès 100% digital, uniquement disponible en téléchargement.
Le Mandarin Merveilleux, dirigé par Esa-Pekka Salonen (DG)
Lire la chronique de ce concert Sibelius par Ilan Volkov, par Pierre-Yves Lascar

Illustrations
Ilan Volkov © K. Saunders 2005
Eero Järnefelt, portrait de Jean Sibelius, en 1892 (DR)

Récital WagnerBen Heppner chante le RingFrance musique, le 18 décembre 2006 à 20h

0

Lundi 18 décembre 2006 à 20h
Prima la musica
Ben Heppner chante Wagner
De 20h à 22h58
Présentation : François-Xavier Szymczak

Tannhaüser, ouveture
Lohengrin, « In fernem land »
à « ich bin Lohengrin gennant »
« Mein lieber Schwan »
à « Leb woh! Leb wohl! » (3ème acte)
Parsifal,
Prélude Nur eine Waffe taugt (3ème acte)
Tristan, Prélude de l’acte 1
« Dünk dich das? »
à « Wann wird es Ruh im Haus? »
« Isolde kommt »
à « Verflucht, wer dich gebraut » (3ème acte)

Ben Heppner, ténor
Orchestre Philhamonique de Radio France
Direction : Myung-Whun Chung

Tristan, Lohengrin, Parsifal : le ténor Ben Heppner collectionne les grands rôles wagnériens. Lors de ce récital parisien, enregistré le 8 décembre 2006, Salle Pleyel, le chanteur aborde les personnages qu’il a déjà chantés sur la scène. Autant de rôles que l’interprète incarne avec passion, s’attachant surtout à exprimer l’étoffe humaine, les paradoxes, les doutes et les contradictions.
Mais Ben Heppner est généreux et même pédagogue car il enseigne le chant. Originaire de la Colombie Britannique, né à Dawson Creek, il aime partager la musique et surtout chanter pour des publics qui en sont privés. Comme il aime aussi raconter à la radio, comme il le fit pour une chaîne canadienne, au moment des célébrations Berlioz, l’histoire de la musique et de compositeurs.
En 2008 et 2009, il chantera à Aix-en-Provence, dans le Ring dirigé par Simon Rattle. Le récital diffusé par France Musique éclaire l’étendue du répertoire wagnérien qui s’offre à sa voix de Heldentenor, experte et visiblement à l’aise dans l’opéra allemand.

Crédit photographique
© M.Umans 2005