lundi 28 avril 2025
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(VAR) SIX FOURS LES PLAGES. LA VAGUE CLASSIQUE : 16 mai – 21 septembre 2025. Hélène Grimaud, Gautier Capuçon, Benjamin Grosvenor, Lucas Debargue, David Fray, David Kadouch, Zuzana Markova, Matheus, Bertrand Chamayou,

Concocté par son directeur artistique, Gérald Laïk-Lerda, le prochain festival LA VAGUE CLASSIQUE, à Six-Fours Les Plages (site paradisiaque entre mer et forêt, au bord de la Méditerranée, dans le VAR) propose 23 événements, sur 5 mois, du 16 mai au 21 septembre 2025. Soit un cycle qui traverse tout l’été et promet plusieurs temps forts enchanteurs. La diversité s’invite pour le plus grand plaisir des festivaliers : récitals de piano, récitals et même gala lyriques, musique de chambre, sans omettre mélodies et lieder, ainsi que grand concert symphonique (clôture, lire ci après), avec la participation de l’Orchestre de l’Opéra de Toulon

 

 

 

Chaque concert est d’autant plus attendu qu’il s’inscrit idéalement dans chaque lieux désormais emblématique du Festival varois : la cour d’honneur de la Maison du cygne, le parc de la Méditerranée, la Villa Simone, la collégiale Saint-Pierre et la Maison du Patrimoine François Flohic. Autant de lieu écrins qui inscrivent parfaitement la programmation dans la commune de Six-Fours-Les-Plages. Excellence artistique, jeunesse, accessibilité… les valeurs défendues favorisent l’échange, le partage, la rencontre ; soit tout ce qui contribue à réunir et rapprocher un très large public.

 

En MAI et JUIN 2025, pas moins de 14 concerts, essentiellement de musique de chambre, vous attendent à la MAISON DU LAC (à 20h30) : entre autres : OUVERTURE avec la pianiste Hélène Grimaud, ven 16 mai. Récital Beethoven, Brahms, Bach/Busoni) ; puis joyaux chambristes avec Gautier Capuçon / Shani Diluka / Élise Bertrand : jeu 22 mai, oeuvres de Mozart, Brahms, César Franck) ; récital de Sandrine Piau et David Kadouch (ven 30 mai / Mélodies et lieder) ; Sonates violon / piano par Daniel Lozakovich et David Fray (sam 31 mai : œuvres de Bach et Beethoven)… En juin 2025 : récital événement du pianiste britannique Benjamin Grosvenor (mar 3 juin / Brahms, Schumann, et Tableaux d’une exposition de Moussorgski) ; Lucas Debargue, piano (dim 8 juin / œuvres d’Albéniz, Debussy, Scarlatti, Ravel…) ; Bertrand Chamayou, piano (ven 13 juin / récital Maurice Ravel, pour le 150è anniversaire de sa mort) ; récital harpe / ténor avec Xavier de Maistre et Rolando Villazon (sam 21 juin / œuvres de Ginastera, Calvo, Estévez, De Falla…) ; enfin, dernier concert de juin : récital BELLINI au Parc de la Méditerranée, dim 22 juin à 21h, avec Zuzana Markova, soprano / Emily Sierra, mezzo-soprano / Matteo Falcier, ténor… accompagnés par l’Orchestre et le Choeur de l’Opéra de Toulon, sous la direction d’Andrea Sanguineti…

En JUILLET 2025, Jean-Christophe Spinosi et son ensemble Matheus proposent 3 soirées événements à la Collégiale Saint-Pierre : mar 15 juil, 20h30. Programme « La flûte Enchantée 2 » / extraits d’opéras de Mozart, Haydn, Beethoven… jeu 17 juil, 20h30 : Les Vêpres de la Vierge / Vespro della Beata Vergine de Claudio Monteverdi ; enfin, Gala Rossini, sam 19 juil : extraits du Barbier de séville, La Cenerentola, L’Italienne à Alger…

En SEPTEMBRE 2025, 3 récitals de pianos vous envoûteront tout autant à la Maison du Patrimoine à 19h30. Ryan Wang (sam 6 sept / récital Chopin), Karen Kuronuma (sam 13 sept / Chopin, Debussy, Ravel…), Adi Neuhaus (sam 20 sept / Chopin et Rachmaninov) – enfin concert de CLÔTURE le dim 21 sept à la Collégiale Saint-Pierre (18h) dans un programme viennois avec les Concerto n°1 et 2 pour violoncelle de Haydn (soliste : Julie Sevilla-Fraysse) et l’Orchestre de l’Opéra de Toulon (Laurence Monti, direction).

 

En complément, suivez les CONFÉRENCES gratuites par la musicologue Monique Dautemer : le dernier jeudi de chaque mois, au théâtre Daudet à Six-fours les Plages de
14h à 16h. Réservations obligatoires 04 94 34 93 18 (dans la limite des places disponibles)
• Jeudi 30 janvier : Jean-Sébastien Bach
• Jeudi 27 février : Ludwig van Beethoven
• Jeudi 27 mars : Johannes Brahms
• Jeudi 24 avril : Frédéric Chopin
Jeudi 22 mai : Claude Debussy
CINÉMA sous les étoiles… le cinéma Six n’étoiles affiche deux séances de cinéma dans le jardin de la Villa Simone : vendredi 22 et vendredi 29 août à 20h30. Séance gratuite – Réservations obligatoires 04 94 34 93 18 (à partir du 21 juillet 2025 / 9h dans la limite des places disponibles)

 

 

 

TEASER VIDÉO La Vague Classique 2025

 

 

RÉSERVATIONS
> PAR INTERNET : www.sixfoursvagueclassique.fr
> SUR PLACE : Espace André Malraux – 100 avenue de Lattre de Tassigny – 83140 Six-Fours-les-Plages
Du lundi au vendredi de 9h à 12h et 14h à 16h30
Renseignements au 04 94 74 77 79

 

Gratuité
> Pour les enfants jusqu’à 11 ans inclus – Sur présentation d’un justificatif (offre accessible à l’Espace culturel André Malraux ou sur le site sixfoursvagueclassique.fr)

 

Concerts gratuits
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Réservation obligatoire au 04 94 34 93 18.
> Pour la Villa Simone > à partir du 24 mars / 14h
> Pour la Maison du Patrimoine François Flohic > à partir du 21 juillet / 9h
> Pour la Collégiale (concert du 21 septembre) > à partir du 21 juillet / 9h
Pour les concerts à la Collégiale Saint-Pierre : Parking et navette gratuits depuis l’Esplanade de la Halle du Verger à partir de 1h30 avant le début du concert.

 

 

CHÂTEAU DE VERSAILLES, LES ÉPOPÉES. HAENDEL : Alcina, mardi 29 avril 2025. Lisette Oropesa, Gaëlle Arquez, Gwendoline Blondeel… Stéfane Fuget, direction

Londres 1735 : Haendel est au faîte de sa gloire, comme champion de l’opera seria italien. Pourtant sa Royal Academy of Music est fragile, tant la concurrence est rude avec l’Opéra de la Noblesse. Pour attirer davantage de public et séduire les princes, le Saxon affiche un nouveau chef-d’œuvre porté par un personnage charismatique. En 1733, il avait triomphé avec Orlando, d’après L’Arioste. Pour ce nouvel opus, il puise à la même source, reprend le livret de L’Isola d’Alcina, premier opera seria de Riccardo Broschi.

 

La magicienne Alcina en est l’héroïne fameuse ; en son île enchantée où se soumettent les êtres transformés qu’elle a ensorcelés, l’action se fait labrinthe des cœurs entravés… Ainsi le chevalier Ruggiero qui se laisse un temps séduire par la maîtresse des sorts… l’opéra produit des scènes exotiques et spectaculaires, parsemées d’éclairs oniriques ou « furieux », à l’image de la déité souveraine…
Mais Alcina est surtout un ouvrage sur l’amour : Haendel y produit ses propres enchantements par le truchement d’une musique enivrée et dramatique qui in fine, souligne l’impuissance d’Alcina, incapable malgré sa magie, de se faire aimer pour ce qu’elle est… Aucun de ses pouvoirs n’empêchera ici le désamour de Ruggerio puis son départ… et l’implacable magicienne finira en furie vaincue.

Le succès de l’œuvre fut éclatant, grâce à un florilège d’airs de haut vol : Haendel à son apogée, fait assaut de virtuosité et d’invention mélodique, offrant à ses personnages des caractères puissants, brossés avec justesse et vraisemblance, véritables caractères psychologiques, d’une nouvelle ampleur. Les airs d’Alcina, toute manipulatrice soit-elle, se révèlent bouleversants ; car il dévoile dans sa solitude démunie, détruite, la misère d’une femme qui se rêvait omnipotente…

 

 

VERSAILLES, Opéra Royal
HAENDEL : ALCINA
Les Épopées, Stéphane Fuget (direction)
Mardi 29 avril 2025, 20h
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RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Opéra Royal de VERSAILLES : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/haendel-alcina/https://www.operaroyal-versailles.fr/event/haendel-alcina/
Durée : 3h20mn (dont un entracte)
Opéra en trois actes sur un livret anonyme d’après l’Orlando Furioso de l’Arioste, créé à Londres en 1735.
Spectacle en italien surtitré en français et en anglais.

 

distribution

Lisette Oropesa, Alcina
Gaëlle Arquez, Ruggiero
Gwendoline Blondeel, Morgana
Teresa Iervolino, Bradamante
Philippe Talbot, Oronte
Guilhem Worms, Melisso
Samuel Mariño, Oberto
Les Épopées
Stéphane Fuget, clavecin et direction

 

PARIS, SAINTE-CHAPELLE, dim 30 mars 2025. Bach & the Future (3ème Festival « OPÉRA LYRIC & CO »). Myriam Ould-Braham, Mikaël Lafon…

Yann Harleaux nous offre un cycle enchanteur dans l’écrin somptueux de la Sainte Chapelle. Architecture unique au monde, où la lumière colorée semble y dissoudre toute la structure minérale, l’écrin gothique accueille à partir du 30 mars prochain, une série d’événements musicaux qui invite à vivre de nouvelles expériences musicales.

 

 

Ainsi dimanche 30 mars, programme inaugural « Bach & the Future » à 19h30 : deux danseurs de l’Opéra National de Paris (Myriam Ould-Braham, danseuse-étoile et Mickaël Lafon, sujet) y réalisent et réussissent avec la complicité de CLASSIK ENSEMBLE (David Braccini, direction), les noces de la musique et de la danse… d’où le titre « Let’s dance, de Bach à Piazzolla ».
A l’image du sous-titre « MIROIRS » de ce 3è Festival OPERA LYRIC & CO, les deux danseurs dialoguent avec les partitions choisies de Bach à Piazzolla, entre virtuosité musicale et puissance expressive de la danse.
Architecture mesurée, équilibrée de Bach, effusion et vertiges passionnées de Piazzolla… les deux artistes répondent à la diversité des écritures musicales ; ils imaginent des champs chorégraphiques au diapason aussi du lieu qui accueille ce premier concert prometteur : entre grâce, beauté, force et suprême élégance.

 

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concert d’ouverture
LET’S DANCE ! de Bach à Piazzolla
PARIS, Sainte-Chapelle
Dim 30 mars 2025, 19h30
Réservez vos places directement sur le site du 3è FESTIVAL OPÉRA LYRIC & CO 2025 « Miroirs » :
https://www.euromusicproductions.fr/blank-1
Myriam Ould-Braham, danseuse-étoile
de l’Opéra National de Paris
Mikaël Lafon, sujet de l’Opéra National de Paris
CLASSIK ENSEMBLE
David Braccini, direction

 

 

LIRE aussi notre présentation du Festival OPÉRA LYRIC &CO 2025 « Miroirs » / du 30 mars au 1er mai 2025. Myriam Ould-Braham, Arielle Dombasle, Marine…
https://www.classiquenews.com/paris-sainte-chapelle-festival-opera-lyric-co-du-30-mars-au-1er-mai-2025-myriam-ould-braham-arielle-dombasle-marine-chagnon-jeanne-gerard-elsa-dreisig-marie-laure-garnier-axelle-saint-cir/

ÉCRIN ARCHITECTURAL, PERLES MUSICALES… A nouveau à partir du 30 mars (et jusqu’au 1er mai 2025), le producteur Yann Harleaux nous régale : son sens des associations heureuses rehausse la sublime architecture de la sainte-Chapelle en y programmant un cycle de concerts des plus aboutis. Cette année le Festival OPÉRA, LYRIC & CO a pour sous-titre « Miroirs » : une déclaration d’intention qui met en vibration, au cœur du Paris historique, architecture et musique. Pour chaque programme, l’accord entre l’écrin gothique et la musique qui s’y déploie, y produit une expérience mémorable que le spectateur chérit, désireux de le revivre de concert en concert… « Musique et architecture structurent l’espace et le temps, définissant chaque époque en transgressant ses codes. Elles entretiennent un dialogue constant, partageant une même vision du monde à travers formes et sons », précise Yann Harleaux.

 

 

PARIS, Sainte-Chapelle. 3ème Festival OPÉRA, LYRIC & CO :  » MIROIRS  » du 30 mars au 1er mai 2025. Myriam Ould-Braham, Arielle Dombasle, Marine Chagnon, Jeanne Gérard, Elsa Dreisig, Marie-Laure Garnier, Axelle Saint-Cirel, Karine Deshayes, Fabrice Di Falco, Jeanne Mendoche, Académie de l’Opéra national de Paris, Cyril Auvity, Fabienne Conrad…

 

 

 

 

 

 

concerts à venir,

lundi 31 mars 2025, 19h30
ACTE I : Arielle Dombasle (marraine du festival 2025)
HIPHOP, avec Yaman Okur – PLUS D’INFOS : https://www.euromusicproductions.fr/blank-1

 

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INVALIDES. LES TALENS LYRIQUES. LOUIS XIV au Crépuscule, lun 28 avril 2025. François Couperin, Michel Pignolet de Montéclair… 350 ans des Invalides

Quelles sont les dernières évolutions esthétiques et musicales qui marquent la fin du règne de LOUIS XIV ? Pour célébrer aussi les 350 ans de la fondation des Invalides, institution souhaitée et protégée par le Roi-Soleil, Les Talens Lyriques proposent un programme spécifique qui éclaire les derniers éclats du Grand siècle… Pour cet anniversaire qui souligne le prestige de leur passionannte histoire, les Invalides présentent un cycle musical intégral intitulé « Si les Invalides m’étaient contés », avec à la clé certes de superbes concerts comme celui-ci, mais aussi de nouvelles salles muséographiques, éclairant davantage l’évolution des bâtiments et les enjeux de l’Institution à travers les siècles, depuis leur création en 1675…

 

 

La musique connaît de nombreux changements au tournant du XVIIIe siècle. Louis XIV a été roi essentiellement durant le XVIIe siècle mais il meurt en 1715. Ses quinze dernières années de règne et ainsi tout le début du XVIIIe permettent une grande libération artistique. Sous l’influence grandissante de sa dernière épouse, m’incontournable Madame de « maintenant » (la marquise de Maintenon) le roi est devenu un dévot qui maîtrise moins sa monarchie. Les arts se libèrent en se tournant vers l’Italie, aussi bien en peinture, en sculpture, qu’en musique. Les peintres tels LaFosse, Jouvenet, Rigaud et Largillière semblent redécouvrir les couleurs des Vénitiens du siècle précédent (Véronèse et Titien).

De même en musique, tout devient italien bien que l’esprit français reste très sensible. Dans ce programme, Les Talens Lyriques interrogent les premiers (François) Couperin de la fin du XVIIe, début XVIIIe siècle, aux côtés du grand défenseur de la cantate française qu’est Montéclair.
Certes les œuvres ont un petit parfum d’Italie, succombe à la pure et heureuse virtuosité, mais l’on y entend essentiellement de la musique française. Les couleurs, la nostalgie, un suprême raffinement harmonique restent l’emblème préservé de l’esprit français

INVALIDES, Grand Salon
Lundi 28 avril 2025, 20h
François, Couperin, Montéclair…
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RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site des INVALIDES : https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/les-talens-lyriques-aux-invalides.html
PLUS D’INFOS sur le site des TALENS LYRIQUES :
https://www.lestalenslyriques.com/event/louis-xiv-au-crepuscule/
programme
François Couperin (1668-1733)
La Steinkerque, sonate en trio (ca. 1692)
Ariane consolée par Bacchus, cantate (1708)
La Superbe, sonate en trio (ca. 1695)
Airs choisis :
« Qu’on ne me dise plus », air sérieux (1697)
« Doux liens de mon cœur », air sérieux (1701)
« Souvent dans le plus doux sort », air à boire (s.d.)
La Visionnaire, sonate en trio (1690)
Michel Pignolet de Montéclair (1667-1737)
L’enlèvement d’Orithie
Cantate, deuxième Livre (1713)

 

 

 

distribution

Lysandre Châlon, baryton-basse
Gilone Gaubert, violon
Benjamin Chénier, violon
Atsushi Sakaï, viole de gambe

Christophe Rousset, direction & clavecin

 

 

 

approfondir

Autre concert événement aux Invalides, lié aux 350 ans de l’auguste Maison, l’Office de Saint-Louis, dédicataire des lieux par l’ensemble Organum et Marcel Pérès, le 5 juin 2025 – en parallèle, l’Antiphonaire des Invalides, précieux livre de lutrin réalisé et décoré, en 1682, par les pensionnaires de l’institution, dans l’atelier d’enluminure de l’Hôtel, à la demande des prêtres lazaristes, sera exposé en la Cathédrale Saint-Louis des Invalides.

 

Plus d’infos sur le site des INVALIDES, saison musicale 2024 – 2025 :

LIRE aussi notre grand ENTRETIEN avec Christine Dana-Helfrich, à propose de la nouvelle saison musicale 2024 – 2025 aux Invalides : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-christine-dana-helfrich-conservateur-en-chef-du-patrimoine-chef-de-la-mission-musique-et-responsable-artistique-de-la-saison-musicale-du-musee-de-larmee-aux-invalides-a-propos-de/

 

 

 

ENTRETIEN avec Christine DANA-HELFRICH, conservateur en chef du patrimoine, chef de la mission musique et responsable artistique de la Saison Musicale du Musée de l’Armée aux Invalides – à propos de la saison 2024-2025.

 

PARIS, Opéra-Comique. CLARA OLIVARES : Les Sentinelles (création), les 10, 11, 13 avril 2025. Anne-Catherine Gillet, Sylvie Brunet-Grupposo, Camille Schnoor…Chloé Lechat (mise en scène)

La compositrice Clara Olivares et la metteure en scène Chloé Lechat proposent leur vision spécifique sur des questions contemporaines. Trois chanteuses, une comédienne et un orchestre narrateur expriment toutes les nuances de la vie intime. Une mère et sa fille, adolescente surdouée qui se cherche encore, rencontrent un couple de femmes en crise. Les trois adultes se lient affectivement ; comme des sentinelles, les 3 femmes accompagnent chacune selon leur sensibilité, la jeune fille dans sa quête de sens. Chacune incarne, exprime, porte des aspirations différentes au bonheur. L’enfant leur échappe.

 

Comment concilier amour et devoir, identité profonde et sociabilité ? Les thèmes abordés sont très actuels : « les modèles hérités de vie en commun, l’âpre conciliation du désir et de la responsabilité, la difficulté à être au monde et à se parler, les maux de la différence. » Clara Olivares offre à 3 chanteuses, 3 portraits de femmes particulièrement ciselés que les différences, les incohérences, les secrets, les désirs, les désillusions…  toutes en subtilité, dévoilent peu à peu, dans une confrontation active, dramatique, sensible… Comment la fille peut-elle se construire face au monde complexe, souvent déconcertant des adultes ?

 

 

 

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RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Opéra-Comique : https://www.opera-comique.com/fr/spectacles/les-sentinelles
Opéra-Comique, Paris – Les 10, 11 et 13 avril 2025

 

 

 

Photo Les Sentinelles de Clara Olivares © F Desmesure / 2024

 

 

Composition de Clara Olivares. Livret de Chloé Lechat. Opéra créé le 10 novembre 2024 à l’Opéra National de Bordeaux ; à retrouver en avril 2025 à l’Opéra-Comique (création parisienne).

 

distribution

Rôle de A : Anne-Catherine Gillet
Rôle de B : Sylvie Brunet-Grupposo
Rôle de C : Camille Schnoor

 

 

 

 

TEASER VIDÉO : Les Sentinelles de Clara Olivares

 

 

REPORTAGE VIDÉO : Les Sentinelles de CLARA OLIVARES (Bordeaux, 2024)

Chloé Lechat, Clara Olivares et la cheffe Lucie Leguay présentent la nouvelle production Les Sentinelles, en création parisienne à l’Opéra-Comique

 

 

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ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE. EN BOHÊME, les 22, 23, 24 avril 2025 (NANTES puis ANGERS). Tomáš Netopil, direction / Jan Mráček,violon

L’ONPL propose « En Bohême », un voyage inoubliable en compagnie du chef Tomáš Netopil, directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Prague, l’un des meilleurs ambassadeurs actuels de la musique Tchèque, aux bords de la Moldau… Le programme affiche 3 compositeurs qui expriment au plus près la passion romantique slave, et la virtuosité spécifique à la Bohême et aussi à la Russie, en particulier dans l’ultime symphonie (n°6) de Tchaikovski, son testament musical, ardente et intime confession personnelle qui est aussi un défi redoutable pour tout orchestre…

 

D’abord, comme un somptueux lever de rideau préalable, l’ouverture pétillante et rieuse de La fiancée vendue de SMETANA expose toute la délirante facétie de… Rossini (même si l’oeuvre demeure le témoin de l’identité tchèque). Marié à la fille de son professeur Dvorak, le violoniste virtuose JOSEF SUK a largement été influencé par les partitions de son beau-père. Magistrale, flamboyante, d’une redoutable technicité virtuose, la Fantaisie pour violon et orchestre, très rarement joué (et première absolue pour l’ONPL) porte en elle toute la magie des contes et de l’imaginaire fantastique de la Bohême. Pour en exprimer toutes les trouvailles expressives comme les 1000 nuances, le jeune violoniste Jan Mráček est l’invité de l’orchestre ligérien.
Changement de climat avec la Symphonie n°6 de Tchaïkovski, bouleversante confession musicale qui culmine dans un vaste lamento tragique. Son titre « Pathétique » souligne l’essence testamentaire de la pièce : le compositeur s’éteindra quelques semaines après la première. Tomáš Netopil, nouveau directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Prague, diriger ce poignant requiem orchestral qui clôture notre voyage en terres slaves.
A NANTES puis à ANGERS, voici un voyage inoubliable sur les chemins de Bohême, temps fort de la saison 2024 – 2025 de l’ONPL Orchestre National des Pays de la Loire.

 

 

 

Concert «  En Bohême »…
SMETANA, SUK, TCHAIKOVSKI
3 dates événements
22 avril 2025, 20h / NANTES, La Cité
23 avril 2025, 20h // ANGERS, Centre de Congrès
24 avril 2025, 20h // ANGERS, Centre de Congrès
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RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’ONPL Orchestre National des Pays de la Loire : https://onpl.fr/concert/en-boheme-un-voyage-inoubliable-en-compagnie-du-chef-tomas-netopil/
Durée : 1h17mn

 

Bedrich Smetana (1824-1884)
Ouverture de la Fiancée vendue

Josef Suk (1874-1935)
Fantaisie pour violon et orchestre
Soliste : Jan Mracek, violon

Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Symphonie n°6 « Pathétique »
Tomas Netopil, direction

 

 

TEASER VIDÉO
Présentation du concert En Bohême, par Jérôme Dumas (conseiller artistique) et Guillaume Lamas (directeur général de l’ONPL)

présentation de la saison 2024 – 2025

LIRE aussi notre présentation de la saison 2024 – 2025 de l’ONPL Orchestre National des Pays de la Loire / ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE / ONPL. Nouvelle Saison 2024 – 2025 : « L’Eau » ! Carmina Burana de Carl Orff, Festival Beethoven, La Petite Sirène de Zemlinsky, Oratorio de Noël de Saint-Saëns, La Mer de Debussy, Le Ring sans paroles… Sascha Goetzel, direction musicale :

ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE / ONPL. Nouvelle Saison 2024 – 2025 : « L’Eau » ! Carmina Burana de Carl Orff, Festival Beethoven, La Petite Sirène de Zemlinsky, Oratorio de Noël de Saint-Saëns, La Mer de Debussy, Le Ring sans paroles… Sascha Goetzel, direction musicale.

 

CRITIQUE, opéra. MONACO, Salle Garnier, le 23 mars 2025. RAVEL : L’Heure espagnole / L’Enfant et les sortilèges. Gaëlle Arquez, Cyrille Dubois, Florian Sempey, Matthieu Lécroart… Jean-Louis Grinda / Kazuki Yamada

C’est la fête à Ravel. La saison de l’Opéra de Monte-Carlo s’achève on ne peut plus brillamment sur LEnfant et les Sortilèges et L’Heure espagnole programmés au cours de la même soirée dans la joie et la bonne humeur. Ce faisant, Monaco célèbre deux anniversaires : les cent cinquante ans de la naissance de Maurice Ravel et le centenaire de la création, sur la scène monégasque, de L’Enfant et les Sortilèges, le 21 mars 1925. De toute évidence, cent ans plus tard l’« Enfant » se porte bien ! 

 

La rayonnante directrice de l’Opéra de Monte-Carlo, Cecilia Bartoli, en a confié la mise en scène à son prédécesseur Jean-Louis Grinda. Elle a bien fait ! Jean-Louis Grinda a réalisé là un travail d’artiste, d’esthète, d’orfèvre. Il a animé ces Sortilèges de mille détails drôles et précis. Il a situé dans un milieu grand-bourgeois cette histoire de sale gosse qui martyrise les objets, les animaux et les domestiques qui l’entourent. Jean-Louis Grinda anime le lit à baldaquin, le fauteuil, la tasse chinoise, il juche la bonne fée au sommet d’une armoire, il fait apparaître le chat en ombre chinoise, présente l’arithmétique au milieu d’un essaim de bonnets d’âne, utilise à bon escient les effets vidéo. Tout cela est réjouissant et réussi.  

La distribution est épatante. Gaëlle Arquez fait l’enfant. Et qu’est-ce qu’elle le fait bien ! Axelle Saint-Cirel incarne sa mère avec brio, Julie Nemer est très Chouette, tandis que Floriane Hasler se fait Tasse. Florie Valiquette fait valoir ses vocalises princières tandis que Jennifer Courcier se retrouve en Chauve-Souris et Cécile Madelin en Ecureuil. Quant à Florian Sempey, Matthieu Lécroart et Cyrille Dubois, ils forment un trio de chanteurs comédiens qui nous réjouit autant dans L’Enfant et les Sortilèges que dans LHeure espagnole

Cette Heure espagnole, parlons-en ! Jean-Louis Grinda la monte avec une précision… d’horlogerie suisse. Tout fonctionne à merveille… Là encore, la distribution nous ravit. En plus du réjouissant trio Dubois-Sempey-Lécroart, il y a aussi l’horloger de Vincent Ordonneau – et à nouveau l’excellente Gaëlle Arquez en horlogère. 

Dans la fosse, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo nous sert un Ravel plein d’entrain sous la direction de son chef, l’excellent Kazuki Yamada

A la bonne heure !

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. MONACO, Salle Garnier, le 23 mars 2025. RAVEL : L’Heure espagnole / L’Enfant et les sortilèges. Gaëlle Arquez, Cyrille Dubois, Florian Sempey, Matthieu Lécroart… Jean-Louis Grinda / Kazuki Yamada. Crédit photo © Marco Borrelli

 

 

CLERMONT AUVERGNE OPÉRA. Jeu 17 avril 2025. Sophie LACAZE : L’Étoffe inépuisable du rêve. EOC, Ensemble Orchestral Contemporain, Bruno Mantovani (direction)

Le dernier opéra de chambre de la compositrice Sophie Lacaze, L’étoffe inépuisable du rêve, s’inspire de la culture des Aborigènes d’Australie, en particulier du thème central du Rêve (Dreaming). Véritable ode à la nature et au monde en souffrance qui nous entoure, L’Étoffe inépuisable du rêve imagine un artiste occidental immergé dans une légende du Temps du rêve sur la création du monde.

 

La genèse accomplie, les dieux de la Voie Lactée sont stupéfaits en regardant la Terre : ils n’auraient jamais pensé qu’une telle beauté puisse exister. Mais quand l’artiste se réveille, la Terre n’est pas, n’est plus comme dans son rêve.

Pourtant quand les dieux ont façonné la Terre, il s’agissait pour les hommes invités à l’habiter, d’en prendre soin. Le chant de l’art nous rappelle à cette beauté primitive, idéale, admirable. Ainsi dans son livret, l’écrivain Alain Carré nous offre d’en contempler et ressentir l’harmonie mythique (sur la musique tissée dans l’étoffe d’une nouvelle poésie instrumentale où chante le didgeridoo): ses dieux, sa nature luxuriante et sauvage, sa musique traditionnelle, ses oiseaux merveilleux, ses montagnes
bleues, ses forêts d’ or, ses couleurs jamais vues jusqu’ alors…

En donnant la parole aux peuples aborigènes, qui détiennent sans aucun doute une clef de notre survie, l’opéra réalise un voyage initiatique en deux parties ; il nous invite à redonner au monde la couleur de ses origines avec la solidarité comme fondement. Du rêve clairvoyant à la réalité immédiate, le temps est à l’action : agir pour sauver notre monde et notre humanité qui en dépend. La partition présentée en création, est portée par 3 chanteurs et un joueur de Didgeridoo, accompagnés par l’Ensemble Orchestral Contemporain sous la direction du chef et compositeur Bruno Montovani.

 

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CLERMONT-FERRAND, Opéra-Théâtre
Jeudi 17 avril 2025, 20h
Sophie LACAZE : L’étoffe inépuisable du rêve
Opéra de chambre – À partir de 8 ans
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de CLERMONT AUVERGNE OPÉRA : https://clermont-auvergne-opera.com/evenement/letoffe-inepuisable-du-reve/

 

 

 

Musique de Sophie Lacaze
Livret d’Alain Carré
Direction musicale : Bruno Mantovani
Conception scénographique et mise en scène : Jeanne Debost
Création lumière : Dan Félice
Durée : 1h sans entracte

 

PLUS D’INFOS sur le site de l’EOC Ensemble Orchestral Contemporain : https://www.eoc.fr/31504/

 

 

 

TEASER VIDÉO : L’étoffe inépuisable des rêves

CRITIQUE CD. BOISMORTIER : Les Quatre Saisons. Orchestre de l’Opéra Royal, Chloé de Guillebon (1 CD Château de Versailles Spectacles, nov 2023)

Actif entre 1724 et 1752, le lorrain Joseph Bodin de Boismortier (1689 – 1755), premier compositeur français à pouvoir vivre de la publication de ses partitions, laisse un catalogue généreux et d’une remarquable expressivité : virtuose mais pas artificielle. En témoigne ce cycle de 4 cantates sur le thème des Saisons, et qui atteste de son étonnante virtuosité dramatique, dès le début de sa prodigieuse activité (1724). Le recueil confirme aussi l’essor florissant du genre au début du XVIIIè. La partition pourrait avoir été dédiée à la Duchesse du Maine (Louise Bénédicte de Bourbon), en son « royaume » de Sceaux, où elle favorisait fêtes et célébrations, après avoir été bannie de la Cour par le Régent…

 

 

Vrai défi et indiscutable gageure de chanter en moyenne entre 3 à 4 airs, surtout de caractériser chaque image et sentiment du texte… Les quatre solistes savent particulièrement bien accentuer et exprimer chaque tableau, de façon naturelle sans jamais forcer, ni faiblir. Outre l’élégance de l’écriture instrumentale, il faut des diseurs accomplis pour en relever les enjeux poétiques ; d’autant que chaque partie instrumentale suit la même exigence. En réalité, instrumentistes et chanteurs sont sur le même diapason : celui de la virtuosité ; d’autant plus convaincante qu’elle ne semble jamais contrainte ni creuse. En cela les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra Royal sont de remarquables chanteurs eux aussi, dévoilant le très grand raffinement que Boismortier a su réserver pour le continuo de chaque cantate. L’esprit de la conversation argumentée, du salon traverse les quatre partitions.

Voix du Printemps, le soprano coloratoure, acidulé, agile, très brillant et d’une intelligibilité délectable de la parisienne Sarah Charles, exprime toutes les grâces et séductions de la nature printanière, évoquant cet accord idyllique entre bois et bocages enchanteurs, et bergers alanguis et amoureux, d’autant plus curieux, éveillés avec le retour de la jeune Flore – déesse du printemps. Véritable rossignol enivré autant qu’incandescent, la cantatrice subjugue dans les 7 séquences du Printemps, première Saison d’un cycle qui s’annonce ainsi très séduisant ; Sarah Charles a toutes les élégances exquises des naïades, bergères alanguies, dryades… que son chant précis et suave évoque avec raffinement. Pour autant, indice d’une profondeur qui enrichit la séduction formelle de la cantate, le texte colore les sujets pastoraux d’une tragique nuance en évoquant le mythe de Philomèle (fixé par Ovide dans ses Métamorphoses), légende d’autant plus opportune ici qu’elle est fondatrice du chant et de la cantate française (premier air) : Philomèle devenant avec sa sœur (Procné), hirondelle et rossignol (lire l’excellente notice accompagnant le cd, p 15).

Dans l’Été, le ténor Enguerrand de Hys déploie sur un continuo plus dépouillé (expression d’une canicule tenace et oppressante ?), une même attention à l’intelligibilité.
Au fait des tempéraments associés à chaque saison, Boismortier sait animer avec une acuité renouvelée, l’activité dyonisiaque de l’Automne : le chant ciselé du baryton Marc Mauillon, seule voix grave des 4 solistes requis (basse-taille) suggère avec détails et nuances toutes les images du texte célébrant plaisirs et ivresse décrétés par Bacchus, maître de la treille (et des chansons à boire) – du raisin prometteur à la liqueur coulante, divin nectar, dans les verres des convives…

L’Hiver, de loin la cantate la plus développée, détone par l’inventivité des combinaisons rythmiques et instrumentales, mais aussi par ses accents plus intimes, des premiers Zéphirs presque nostalgiques, jusqu’au souffle de Borée glaçant. Le soprano expressif de Lili Aymonino sait diversifier sa partie, évoquant tempête et tonnerre sous les coups d’une Bellone déchaînée, avant que Thalie berce les élans amoureux de Mars qui a délaissé la guerre.

Dans une prise de son très détaillée et équilibrée, qui sait idéalement fusionner le relief de chaque voix comme le chant de chaque instrument, les interprètes partagent une même intelligence des accents et des nuances ; ici les instruments chantent dans une palette superlative de sentiments, soulignant avec cette élégance française, la puissance imaginative du texte, sa souplesse enchantée, son caractère élégiaque et pastorale (avec souvent la flûte obligée qui est l’instrument du compositeur et dont il fut enseignant), sans omettre les multiples références à la mythologie. L’accord entre instrumentistes et chanteurs se révèle souvent jubilatoire, démontrant que l’intimisme du format chambriste, n’écarte en rien, la franchise ni les nuances des interprètes, visiblement inspirés par la puissance poétique du livret.
Cet équilibre qui évite toute théâtralité, tout pathos, au profit du texte et du raffinement instrumental, dévoile la remarquable écriture de Boismortier, aussi inventif et mesuré, suggestif et raffiné qu’un François Couperin (dont il partage le goût pour l’Italie). Chez eux, se déploie une même palette diverse et prodigieuse de couleurs, une harmonie singulière entre nostalgie profonde et séduction sensuelle… autant de qualités spécifiques que comprend et exprime avec finesse le collectif instrumental (recruté par mi l’excellent Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles), galvanisés par la claveciniste et cheffe Chloé de Guillebon. Remarquable réalisation.

 

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CRITIQUE CD événement. BOISMORTIER : Les quatre Saisons, 1724. Sarah Charles (le Printemps), Enguerrand de hys (l’Été), Marc Mauillon (L’Automne), Lili Aymonino (L’Hiver), instrumentistes de l’Orchestre de l’Opéra Royal, Chloé de Guillebon (direction) – 1 cd CVS Château de Versailles Spectacle – enregistré en nov 2024 – CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025
PLUS d’INFOS sur le site du label discographique CVS Château de Versailles Spectacle : https://www.operaroyal-versailles.fr/articles/label-discographique-boutique-en-ligne/
Lien direct vers la page dédiée au CD Les 4 Saisons de Boismortier / Orchestre de l’Opéra Royal / Chloé de Guillebon : https://tickets.chateauversailles-spectacles.fr/fr/product/2795/cvs144_cd_les_quatre_saisons_boismortier
Le Printemps : Sarah Charles
L’Eté: Enguerrand de Hys
L’Automne : Marc Mauillon
L’Hiver : Lili Aymonino
Solistes de l’Orchestre de l’Opéra royal de Versailles :
Koji Yoda, Akane Hagihara (violons)
Natalia Timofeeva (viole de gambe)
Léa Masson (théorbe)
Marta Gawlas (traverso)
Chloé de Guillebon (clavecin et direction)

Enregistré en 2023 en la Chapelle du Petit Trianon – durée : 1h13 mn

 

 

TEASER VIDÉO : Les Saisons de Boismortier / Orchestre de l’Opéra Royal, Chloé de Guillebon

 

 

ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS. LATIN JAZZ SYMPHONIC, les 26 et 27 avril 2025. Fillon Trio, Marius Stieghorst, direction

C’est désormais devenu un rituel : l’OSO affiche un concert qui sort de l’ordinaire. Chaque saison de l’Orchestre Symphonique d’Orléans promet une expérience inédite au carrefour des écritures… en témoigne ce programme mixte qui mêle symphonique, jazz et rythmes latinos.

 

Dominique Fillon, pianiste de jazz fusionne avec les instrumentistes orléanais sous la direction de Marius Stieghorst dans un programme autour des musiques jazz afro-brésiliennes et jazz afro-cubaines. A programme, un programme particulièrement festif et rythmé, des thèmes connus mais aussi des compositions de Dominique Fillon qui a enregistré pas moins de 5 albums, autant de réalisations justement célébrés et qui recueillent les fruits de ses rencontres fructueuses avec Sanseverino, Bernard Lavilliers, Marijosé Alie, Monica Passos, Michel Fugain, Philippe Lavil… Transposé au grand format symphonique, le cycle de pièces latino et jazzy s’annonce explosif.

 

 

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ORLÉANS, Théâtre / Salle Touchard
Samedi 26 avril 2025, 20h30
Dimanche 27 avril 2025, 16h
Latin-jazz Symphonic !
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS : https://www.orchestre-orleans.com/concert/latin-jazz-symphonic/
Orchestre Symphonique d’Orléans
Direction : Marius Stieghorst
solistes : Dominique Fillon Trio

Tarifs
CATÉGORIE 1 : 36 €
CATÉGORIE 2 : 33 € / TR : 30€
CATÉGORIE 3 : 25 €
-26 ans : 13€

Visitez aussi le site du Théâtre d’Orélans / concert Latin jazz Symphonic : https://theatredorleans.fr/agenda/latin-jazz-symphonic

 

 

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PARIS, INVALIDES. Centenaire des Accords de Locarno : 24 mars – 26 mai 2025. Gary Hoffman, David Kadouch, Les talens Lyriques, Karine Deshayes, Quatuor Zaïde, Orchestre de la Musique de l’Air…

Les Invalides accueillent en mars, avril et mai 2025, leur nouveau cycle musical évoquant l’Entre-Deux-Guerres et dédié en particulier au centenaire des Accords de Locarno (16 oct 1925) fixant la paix entre la France et l’Allemagne laissant envisager enfin la Concorde recouvrée pour l’Europe. Une paix fragile, hélas rapidement démentie…« La paix après la guerre est aussi difficile à gagner que la guerre elle-même », rappelle Georges Clémenceau.

 

 

Pendant l’entre-deux-guerres, c’est toute la vie artistique et musicale qui est en proie aux déchirements et aux antagonismes, entre nationalistes exacerbés, volontiers dogmatiques et autoritaires, et émergence des mouvements pan européens… visionnaires. Certains envisagent d’exclure des concerts tous les compositeurs non français… hérésie rétrograde qui contredit l’universalité des génies de Bach, Mozart, Beethoven… L’admirable Suite française nº 5 de Bach et la Fantaisie ainsi que la Sonate en ut mineur de Mozart rappellent à ce devoir d’ouverture et de fraternité, de tolérance et de vision pan européenne…

 

 

 

Jusqu’au 26 mai, 12 concerts
pour célébrer l’esprit fraternel, pacifiste de Locarno

Dans notre grand entretien présentant les temps forts de la saison 2024 – 2025, Christine DANA-HELFRICH, conservateur en chef du patrimoine, chef de la mission musique et responsable artistique de la Saison Musicale du Musée de l’Armée aux Invalides, souligne la singularité du cycle musical (soit 12 concerts célébrant l’esprit de Locarno) : «  Au printemps 2025, un cycle commémoratif de 12 concerts, (…) On relève, à cette époque, l’existence de mouvements pan européens, prônant l’idée d’Etats-Unis d’Europe, notamment à l’initiative d‘Heinrich Mann et du comte Coudenhove-Kalergi, fondateur en 1926 à Vienne de l’Union paneuropéenne internationale. C’est d’ailleurs à ce dernier que l’on doit l’idée de concevoir un hymne européen et de le fonder sur L’Ode à la joie de Ludwig van Beethoven. Une esquisse de celle-ci se trouvant déjà dans le thème final de sa Fantaisie pour chœur et orchestre, elle est donnée, avec le Concerto dit « L’Empereur » de Beethoven, par l’Orchestre des Universités et Grandes Ecoles de Paris Sciences et Lettres, et le pianiste David Kadouch en soliste, le 3 avril 2025. »

 

 

KURT WEILL, MAURICE RAVEL, VIERNE…

En mai 2025, c’est le sentiment généreux de Ravel qui alors que Saint-Saëns défend farouchement la musique française, est célébré, en particulier à l’endroit de Schoenberg dont est joué Pierrot lunaire (19 mai, avec des extraits de l’Opéra de Quat’sous de Kurt Weill, créé à Berlin en 1928). Du même Kurt Weill, la violoniste Elsa Grether, propose le 15 mai 2025, le rare Concerto pour violon et vents (créé à Paris en 1925 ; couplé avec l’hypnotique Valse de Ravel pour les 150 ans de sa naissance en 2025) ; puis le Quatuor Zaïde propose le Quatuor n°2 (26 mai 2025) …

La série de concerts « L’ESPRIT DE LOCARNO », célèbre ainsi l’esprit de Locarno, sentiment pacifiste et espérance pour l’harmonie des nations. Cycle événement, incontournable.

 

 

 

Quelques temps forts
SAISON MUSICALE aux INVALIDES
mars, avril, mai 2025
7 concerts événements

 

LUNDI 24 MARS 2025, 20h
Gary Hoffman, violoncelle
Jean-Philippe Collard, piano
Fauré – Hindemith – Honegger
Invalides, Grand Salon
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/gary-hoffman-et-jean-philippe-collard.html

 

 

JEUDI 3 AVRIL 2025, 20h
Beethoven et l’Empereur
Orchestre et chœur de Paris Sciences et Lettres /
Johan Farjot, direction
Soliste : David Kadouch, piano
Beffa (création de LOCARNO, pour choeur mixte et orchestre – Beethoven (Fantaisie pour piano, choeur et orch / Concerto pou piano n°5, « L’Empereur »
Cathédrale Saint-Louis des Invalides
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/beethoven-et-lempereur.html

 

JEUDI 10 AVRIL 2025, 20h
Viva Rossini
Karine Deshayes, mezzo-soprano
Orchestre de l’opéra de Rouen / Victor Jacob
Rossini : airs d’opéras (Barbier de Séville, Sémiramis, La Cenerentola, L’Italienne à Alger, Tancrède, La Donna del lago…)
Cathédrale Saint-Louis des Invalides
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/viva-rossini.html

 

LUNDI 28 AVRIL 2025, 20h
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction
Louis XIV au crépuscule
Lysandre Châlon, baryton
Couperin – Monteclair
Grand Salon
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/les-talens-lyriques-aux-invalides.html
En ouverture de ce programme, la Sonate de Couperin nous restitue le déroulement de la bataille de Steinkerque du 3 août 1692, marquée par la victoire française du maréchal de Luxembourg sur la puissante coalition de la Ligue d’Augsbourg.
Composée au crépuscule de la vie de Louis XIV par Pignolet de Monteclair, la cantate profane L’Enlèvement d’Orithye (par Borée) conclut ce concert, en référence au 350e anniversaire de la fondation des Invalides par Louis XIV. Au soir de sa vie et en son testament, le souverain a particulièrement à cœur d’inciter ses successeurs à veiller sur cet établissement, pour en pérenniser la noble mission : « Entre tous les établissements que nous avons faits dans le cours de notre règne, il n’en est point qui soit plus utile à l’État que celui de l’Hôtel Royal des Invalides. Toutes sortes de motifs doivent engager le Dauphin et tous les autres rois nos successeurs, à lui accorder une protection particulière ; nous les y exhortons autant qu’il est en notre pouvoir »

 

 

JEUDI 15 MAI 2025
Kurt WEILL, Maurice RAVEL
Avec Elsa Grether, violon
Orchestre de la musique de l’Air et de l’Espace
Claude Kesmaecker, direction
Cathédrale Saint-Louis des Invalides
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/une-soiree-avec-elsa-grether.html
Kurt Weill, compositeur allemand dont la musique est taxée de dégénérée, décide de s’installer aux États-Unis, dès 1935. Mais c’est à Paris qu’est créé, en 1925, son brillant concerto pour violon et vents, quand le « Poema autunnale » de l’Italien Respighi, est composé la même année…

 

LUNDI 19 MAI 2025
SCHOENBERG (Pierrot lunaire), WEILL / BRECHT (extraits de l’Opera de Quat’sous)
Raquel Camarinha, soprano
Raphaël Sévère, clarinette…
Trio Karénine
Yoan Héreau, direction
Grand Salon
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/opera-de-quatsous.html
Sous la direction de Yoan Héreau, Raquel Camarinha, le Trio Karenine, Raphaël Sévère et Matteo Cesari nous plongent dans l’atmosphère d’un cabaret berlinois avec le Pierrot lunaire de Schönberg. Le programme s’ouvrant avec Fauré s’achève par un florilège de chansons de Kurt Weill, extraits de son Opéra de Quat’sous.

 

LUNDI 26 MAI 2025
FAURÉ, WEILL, VIERNE
Quatuor Zaïde
Grand Salon
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/quatuor-zaide-aux-invalides.html
Le Quatuor Zaïde interprète le dernier quatuor à cordes de Fauré, un émouvant adieu du compositeur puis le second quatuor de Weill. Le pianiste Tristan Raës se joint à lui pour le quintette de Vierne, une œuvre poignante dédiée à la mémoire de son fils défunt…

 

L’accès au Musée s’effectue par le 129 rue de Grenelle (de 10h à 18h) ou par la place Vauban (uniquement de 14h à 18h).

TOUTES LES INFOS, le détail des programmes et des distributions, les modalités de réservations, accès et billetterie en ligne, sur le site des INVALIDES, saison musicale /
https://www.musee-armee.fr/au-programme/saison-musicale-invalides.html
Consultez aussi la brochure en ligne :
https://www.calameo.com/read/007399258e2916b64d6ee?view=book&page=1

 

 

 

 

approfondir

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LIRE aussi notre présentation de la saison musicales aux INVALIDES saison 2024 – 2025 / INVALIDES 2024 – 2025. 31ème saison musicale. L’esprit de Locarno / Une certaine idée de la France, L’Exil / 350ème anniversaire de la Fondation des Invalides… Le Cercle de l’Harmonie, Les Talens Lyriques, Roberto Alagna, Karine Deshayes, Isabelle Druet, Ensemble Contraste, Johan Farjot, Orchestre Symphonique de la Garde Républicaine…: https://www.classiquenews.com/invalides-31e-saison-musicale-2024-2025-lesprit-de-locarno-une-certaine-idee-de-la-france-lexil-350e-anniversaire-de-la-fondation-des-invalides-le-cercle-de-l/

Le Musée de l’Armée-Les Invalides propose, pour sa saison musicale 2024 – 2025, un nouveau cycle de concerts parmi les plus riches de la Capitale, et ce dans le cadre patrimonial grandiose qui l’accueille, l’Hôtel National des Invalides, chef d’œuvre architectural édifié sous le règne de Louis XIV… Généreuse et originale, la saison musicale est conçue par Christine Dana-Helfrich, conservatrice en chef du Patrimoine et cheffe de la Mission Musique du musée de l’Armée-Les Invalides.

 

INVALIDES 2024 – 2025. 31ème saison musicale. L’esprit de Locarno / Une certaine idée de la France, L’Exil / 350ème anniversaire de la Fondation des Invalides… Le Cercle de l’Harmonie, Les Talens Lyriques, Roberto Alagna, Karine Deshayes, Isabelle Druet, Ensemble Contraste, Johan Farjot, Orchestre Symphonique de la Garde Républicaine…

 

 

LIRE aussi notre GRAND ENTRETIEN avec Christine DANA-HELFRICH, conservateur en chef du patrimoine, chef de la mission musique et responsable artistique de la Saison Musicale du Musée de l’Armée aux Invalides – à propos de la saison 2024-2025 : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-christine-dana-helfrich-conservateur-en-chef-du-patrimoine-chef-de-la-mission-musique-et-responsable-artistique-de-la-saison-musicale-du-musee-de-larmee-aux-invalides-a-propos-de/

ENTRETIEN avec Christine DANA-HELFRICH, conservateur en chef du patrimoine, chef de la mission musique et responsable artistique de la Saison Musicale des Invalides… Quels sont les temps forts et les cycles thématiques de la nouvelle saison musicale 2024-2025 ? Chaque concert aux Invalides promet de vivre une expérience musicale inoubliable au cœur de Paris, dans un site parmi les plus impressionnants de la Capitale… Pas simple d’associer événements de musique et écrins patrimoniaux aux échelles variées (Grand Salon, Cathédrale, Salle Turenne …). L’intime chambriste et la vitalité de l’exercice concertant, le pari symphonique font revivre différemment les périodes héroïques de l’Histoire militaire française. Pas facile d’établir des passerelles entre le thème des expositions du Musée de l’Armée et les programmes défendus par les musiciens… C’est cependant ce que réalise Christine Dana-Helfrich chaque saison. A l’image de la coupole plaquée d’or fin de la Cathédrale, la saison musicale éblouit par sa richesse et son équilibre.

 

ENTRETIEN avec Christine DANA-HELFRICH, conservateur en chef du patrimoine, chef de la mission musique et responsable artistique de la Saison Musicale du Musée de l’Armée aux Invalides – à propos de la saison 2024-2025.

 

 

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CRITIQUE CD événement. LULLY : Alceste, 1674. Véronique Gens, Cyril Auvity, Nathan Berg… Les Epopées / Stéphane Fuget, direction (1 CD Château de Versailles Spectacles, fév 2024)

Après avoir enregistré – pour le Label Château de Versailles Spectacles – une Intégrale des Motets de Jean-Baptiste Lully (lire ci-après nos recensions des volumes III et IV), Stéphane Fuget et son ensemble Les Epopées ont gravé – lors d’un fabuleux auquel nous avons eu la chance d’assister – la deuxième tragédie lyrique du maître florentin : Alceste.

 

 

Une œuvre fondatrice aux multiples visages
Créée en 1674, Alceste ou le Triomphe d’Alcide marque un tournant dans l’histoire de l’opéra français. Deuxième tragédie lyrique du duo Lully-Quinault, elle puise son inspiration dans la mythologie grecque, adaptant librement la pièce d’Euripide. Si l’œuvre fut un succès public, elle suscita aussi des controverses, notamment pour son audace à mêler comique et tragique. Ces contrastes, aujourd’hui considérés comme une richesse, contribuent à la vitalité de la partition, entre scènes héroïques, divertissements légers et moments d’une profonde émotion.

Une partition aux couleurs variées
Dès le prologue, dédié à la gloire de Louis XIV, Lully déploie une orchestration somptueuse, mêlant trompettes éclatantes et musettes pastorales. L’acte I s’ouvre sur un spectacle maritime, dominé par le fameux duo des Tritons, tandis que l’acte II alterne entre le fracas des combats et la tendresse des adieux d’Alceste et Admète. La mort de l’héroïne donne lieu à une déploration poignante, portée par le Chœur de l’Opéra Royal, avant qu’un rebondissement ne ramène Admète à la vie. Les enfers, évoqués à l’acte IV, offrent un contraste saisissant, mêlant grotesque (avec le nocher Charon, magistralement campé par Guilhem Worms) et grandeur mythologique. Enfin, l’acte V célèbre le triomphe d’Alcide, couronné par des danses exubérantes.

Une interprétation électrisante
Stéphane Fuget, à la tête de son ensemble Les Épopées, livre une lecture dynamique et nuancée de cette partition. L’orchestre, richement coloré, restitue avec brio les contrastes de l’œuvre, des pianissimi délicats aux forte enflammés. Les musiciens, particulièrement les vents et les percussions (dont Laurent Sauron, remarquable), apportent une énergie contagieuse. Le continuo, soutenu par des instrumentistes aguerris, enrichit la texture sonore, tandis que les interventions du violon solo (Hélène Houzel) ajoutent une touche de virtuosité.

Un plateau vocal d’exception
Véronique Gens, en Alceste, impose une présence tragique et vocale magistrale. Son timbre, à la fois pur et expressif, brille particulièrement dans les scènes de déchirement, comme le duo d’adieux avec Admète. Cyril Auvity incarne ce dernier avec une élégance touchante, tandis que Nathan Berg prête sa voix puissante au rôle d’Alcide. Parmi les basses, Guilhem Worms et Geoffroy Buffière se distinguent par leur autorité, tant dans les rôles sombres (Charon, Pluton) que dans les passages plus légers.

Du côté des voix féminines, Camille Poul (Céphise) et Claire Lefilliâtre (La Gloire) apportent des couleurs contrastées, entre douceur et éclat. Le Chœur de l’Opéra Royal, préparé par Lucile de Trémiolles, joue un rôle central, passant avec aisance des lamentations funèbres aux célébrations triomphales.

Un héritage vivant

Si Alceste peut sembler moins aboutie que Atys, elle reste une pierre angulaire durépertoire lyrique français. Cette nouvelle version, enregistrée à l’Opéra de Versailles, s’impose déjà comme une référence, alliant rigueur historique et engagement passionné. Stéphane Fuget y confirme son affinité avec le style de Lully.

Entre tragédie antique et faste baroque, Alceste continue de captiver, prouvant que les contrastes qui firent sa polémique en 1674 sont aujourd’hui sa plus grande force.

 

 

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CRITIQUE CD événement. LULLY : Alceste, 1674. Véronique Gens, Cyril Auvity, Nathan Berg… Les Epopées / Stéphane Fuget, direction (1 CD Château de Versailles Spectacles / Parution en avril 2025). CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025 !

 

PLUS d’INFOS sur le site du label discographique CVS Château de Versailles Spectacle :  https://www.operaroyal-versailles.fr/articles/label-discographique-boutique-en-ligne/

CRITIQUE CD événement. GASPARINI : Atalia, 1692. Camille Poul, Bastien Rimondi, Mélodie Ruvio, Furio Zanassi – Ensemble Hemiolia, Emmanuel Resche-Caserta, direction (1 cd Château de Versailles Spectacles, janvier 2024)

Dramatique, sensuelle, cette Athalie romaine «  ATALIA », conçue par Gasparini d’après la pièce de Racine (seulement 1 an après la création de celle ci à Saint-Cyr), est un pur chef d’oeuvre : concis, hautement émotionnel, resserré dans sa forme en deux parties, l’oratorio créé à Rome en 1692 indique clairement l’essor de l’art lyrique sacré à Rome, une source enfin révélée, à laquelle le jeune Haendel s’abreuve avec la réussite que l’on sait. Furieuse, haineuse, barbare inhumaine, l’Atalia de Gasparini vaut bien l’Athalie de Racine…

 

 

D’ailleurs, l’enseignement de cette recréation et première mondiale est la clarification de ce que le jeune Haendel doit aux compositeurs romains de la fin du XVIIè : Francesco Gasparini (1661 – 1727) peut être considéré, à l’écoute de cet enregistrement, comme un pré-haendélien de première valeur, tant la construction du rôle d’Athalie / Atalia, les formules instrumentales, l’architecture des arias préfigurent le génie haendélien à venir.

Gasparini lui-même fait le lien entre Stradella, Corelli (son professeur) et Haendel ; il était donc juste de placer comme l’ouverture de l’oratorio, l’un des Concerti grossi Corellien, superbe lever de rideau…(qui permet aussi au premier violon de briller ici avec dramatisme et urgence : Emmanuel Resche-Caserta). Gasparini à Rome dès 1680, rejoint ensuite Venise en 1701 où il dirige l’Ospedale de La Piètà, juste avant … Vivaldi. De retour à Rome, il entre au service du prince Ruspoli, comme Maestro di capella, succédant à Caldara (!). Il finit sa carrière éblouissante comme Maestro di capella à Saint-Jean de Latran en 1725. Château de Versailles Spectacles répare ainsi les manques comme l’oubli pénalisant la figure d’un compositeur majeur à Rome.

 

Francesco Gasparini,
génie de l’oratorio romain avant Haendel

Les interprètes s’appuient sur le manuscrit original conservé à Dresde. Atalia, reine de Jerusalem, incarne la grandeur et l’orgueil tragique politique ; cette figure ignoble offre le portrait détestable d’un pouvoir vil et terrifiant ; en elle, se cristallise les tourments haineux d’une âme tournée vers la vengeance irrationnelle (et obsessionnelle), soit digne de la psychologie racinienne, un être condamné car il ne se maîtrise pas ; timbre plastique, doué d’accents tragiques intenses, Camille Poul, malgré quelques duretés métalliques dans la voix, incarne une Athalie schizophrène, attendrie et barbare, vengeresse et délirante : son grand air qui ouvre la partie II, atteint un vérisme avant la lettre, un réalisme expressif qui explore avec justesse, la richesse formelle, laquelle mêle dans un style très naturel et proche de la parole théâtrale, arioso, aria, recitativo : « Ombre, cure, sospetti » / ombres, manigances, soupçons… scène de plus de 6mn, et point fort de la partition qui met à nu la tyranne sanguinaire et la furie bientôt défaite…; l’épisode permet à la soprano de déployer tout son ambitus tragique, source en réalité d’une grande souffrance intérieure (un gouffre mental qui dans la partie I, s’exprime déjà dans le superbe air « Se vedessi le mie pene ») ; dans ce début du II, dans ses épanchements qui confessent une destruction psychique, dans le souffle dramatique confié au continuo (les cordes suractives, impérieuses), la séquence, majeure, préfigure les héroïnes haendéliennes (d’Alcina à Agrippina…, c’est dire).

Sa nourrice, une synthèse des opéras vénitiens, reste faussement à l’écoute de la Reine possédée dont la psyché tourmentée suscite l’effroi ; c’est d’ailleurs la réussite de l’oratorio que d’exposer d’abord, en confrontation avec Ormano (dans la partie I), le tempérament despotique d’Atalia, la face vindicative et aigre voire inflexible et hautaine de la Reine ; Bastien Rimondi fait un vaillant et tendre général Ormano, d’abord glaive d’Athalie, en réalité acquis à l’autorité juste du vieux Prêtre (Sacerdote : douceur impeccable du noble et apollinien Furio Zanasi) dont la souveraine inique, inhumaine souhaite la tête (!)… la vaillance sincère du général se dévoile grâce à l’implication du ténor français au timbre à la fois tendre et héroïque dont un humaine perspicacité a bien saisi la monstruosité de la Reine (I : « Vado, ma ben t’inganni »)…
Puis dans la seconde partie, par le truchement de sa proximité avec la Nourrice, se précisent les failles et les blessures de la souveraine qui est en réalité, sous son armure première, une victime qui souffre mais que sa barbarie a condamnée ; beau parcours racinien dont la musique exprime idéalement la trajectoire et tous les enjeux émotionnels. Toute la seconde partie dévoile le piège collectif qui se referme alors contre la furieuse autocrate, une souveraine délirante dont plus aucun ne veut.

Saluons la caractérisation millimétrée des interprètes, la forte implication expressive des instrumentistes d’Hemiolia, sous la conduite, vive, acérée, du violoniste et maestro Emmanuel Resche-Caserta (qui est aussi le premier violon de l’ensemble Marguerite Louise). Cette recréation réalisée en janvier 2024, est d’autant plus légitime qu’elle éclaire l’essor lyrique à Rome au début du XVIIIè : berceau enfin révélé où Haendel pourra se perfectionner. La découverte est majeure ; elle est à inscrire au crédit du label Château de Versailles Spectacles et de son directeur Laurent Brunner (qui signe la biographie de Gasparini dans le livret). Nous tenons la révélation d’une perle baroque injustement oubliée. CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025

 

 

 

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CRITIQUE CD événement. GASPARINI : Atalia, 1692. Camille Poul, Bastien Rimondi, Mélodie Ruvio, Furio Zanassi – Ensemble Hemiolia, Emmanuel Resche-Caserta (direction) – 1 cd Château de Versailles Spectacles CVS 147 / enregistré au Château de Versailles en janvier 2024 – CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025

 

 

 

Illustration : au XIXè, le peintre Benjamin-Constant, orientaliste et historiciste virtuose à l’égal d’un Gérôme et d’un Meissonnier, imagine une figure de femme noble, inflexible, figure de pouvoir, ici l’impératrice Theodora (1886, DR)

ENTRETIEN avec ELISABETH DOOMS, directrice artistique du Festival Musique Sacrée de Perpignan, à propos de la 39ème édition 2025 « SOURCE »… du 4 au 17 avril 2025

A l’aube de ses 40 printemps, le Festival de musique sacrée de Perpignan cultive à nouveau et dans le prolongements de ses précédentes éditions, l’esprit de la fête collective, le sentiment de joie, et les émotions fortes. Au total, ce sont 23 concerts qui affichent et défendent la permanence de la musique sacrée à travers un fabuleux voyage
aux formes et styles des plus variés : musiques du monde et traditionnelles, jazz, musiques anciennes et baroques, musique classique, chant lyrique, improvisation, chant choral, musique de chambre, récitals, musique d’aujourd’hui, conte musical, création… les concerts Florilège (5 rvs payants incontournables aux Domincains), les concerts « Mosaïque » en accès libre, « Les Pousses du Festival Jeune Public (3è édition en 2025), sans omettre les rencontres avec les artistes, le « Off » et les concerts courts, au VILLAGE DU FESTIVAL, jalonnent l’un des festivals les plus riches et accessibles à chaque printemps dans l’Hexagone. Entretien avec Elisabeth DOOMS afin de mieux comprendre la vitalité d’un Festival incontournable
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Photo  © Michel Aguilar – Festival Musique sacrée Perpignan

 

 

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Pourquoi avoir intitulé l’édition 2025 « SOURCE » ?

ELISABETH DOOMS : C’est moins l’idée d’un retour aux sources que l’intention d’exprimer un jaillissement. Ce moment heureux, marquant dans l’Histoire, où grâce à une conjonction bénéfique, l’eau de la source jaillit et coule enfin. C’est ce moment miraculeux et heureux, mais aussi l’enthousiasme, la joie et l’espérance que cela suscite que porte ce titre. Notre volonté est de montrer que la musique sacrée est toujours vivante ; qu’à travers elle, c’est notre histoire commune qui continue et ne cesse de se transmettre.

 

 

CLASSIQUENEWS : Quels sont les temps forts 2025 ? Comment s’articule chaque édition du Festival ?

ELISABETH DOOMS : En règle générale, je construis chaque édition autour de plusieurs idées maîtresses ; d’abord LA TRANSMISSION, cela englobe tous nos programmes et toutes nos actions qui permettent d’impliquer les jeunes ; les enfants et leurs familles (concerts « jeunes pousses », le dimanche après midi ; contes musicaux ; ciné concert…) soit 11 concerts au total. Sans compter les actions que nous réalisons en classe, avec les artistes qui se déplacent dans les établissements scolaires pour sensibiliser les enfants avant le concert…
De même c’est la 2ème année que nous travaillons avec le Conservatoire de Perpignan, à travers les jeunes musiciens de l’Orchestre du Conservatoire (élèves-solistes sous la direction de Mehdi Lougraïda, dim 6 avril) ; c’est aussi la 4ème année que nous nous associons au Festival Pablo Casals de Prades et recevons de jeunes instrumentistes distingués par Pierre Bleuse, directeur du Festival de Prades. Cette année il s’agit du Quatuor Vivancos, originaire de Barcelone (jeudi 17 avril).
Ensuite, j’aime le principe des COMPAGNONNAGES ; dans les faits, le Festival n’offre pas de résidence d’artistes ; cependant chaque artiste invité est le fruit d’une RENCONTRE souvent amorcée depuis plusieurs années avant qu’il ne vienne effectivement jouer à Perpignan ; ce sont autant d’histoires qui se nourrissent ; elles savent établir un lien spécifique avec le public dans le cas des ensembles qui reviennent à plusieurs reprises.

Cette année par exemple, nous accueillons Laetita Corcelle qui a travaillé auparavant au sein de La Sportelle à Rocamadour et qui vient de fonder son propre ensemble : « Ô » ; la formation regroupe les chanteurs avec qui elle travaillait déjà ; leur complicité remonte donc à plusieurs années et le collectif fonctionne de façon collégiale (concert « Libera me », Requiem de Fauré, sam 12 avril, 21h). Je souhaite également citer Paul Agnew à la tête des Arts Florissants ; pour l’excellence artistique que porte l’ensemble ; Paul est aussi un artiste avec lequel il est facile de discuter ; cette année il présente son travail sur Bach (concert « La grande audition de Leipzig, mar 15 avril, 20h30).
Dans le même sillon, il ne faut pas manquer non plus le concert du pianiste Denis Cuniot, qui vient du jazz et travaille sur la musique Klezmer ; il a inventé le piano Klezmer et compose ses propres solos (ven 11 avril, 18h30). J’ai rencontré Denis il y a plusieurs années à l’occasion d’un concert près du Mémorial de Rivesaltes…
Sam 5 avril (18h30) nous accueillons la Maîtrise de Toulouse sous la direction de Mark Opstad dans un programme qui mêle écritures anciennes et contemporaines.
Enfin, parce qu’il s’agit d’un répertoire qui est majeur dans notre programmation, les musiques du monde, et parce que je suis cette formation depuis longtemps également : dim 13 avril (18h30), l’Ensemble Constantinople propose « La Route dorée », soit tout un cheminement musical qui évoque les anciennes civilisations d’Afghanistan, d’Inde, de Perse…

 

 

CLASSIQUENEWS : Comment le Festival de Musique Sacrée s’inscrit-il dans la ville de Perpignan ? Quels sont les lieux qui lui sont désormais associés ?

ELISABETH DOOMS : Vous avez raison de souligner l’importance du patrimoine et de l’architecture qui constituent une part importante de la beauté de notre ville. Un site se distingue nettement depuis toutes ces années – le festival fêtera ses 40 ans en 2026 : le couvent des Dominicains. C’est d’abord un lieu connu de tous les Perpignanais ; chaque édition, les spectateurs s’y retrouvent dans une ambiance familiale, d’autant plus, depuis que nous y avons implanté le « village ». C’est aussi un cheminement spécifique qui mène le visiteur spectateur, de la cour qui correspond à l’ancien cloître, jusqu’à la nef spectaculaire de l’église dont l’acoustique est idéale pour la musique… Il y a aussi la Cathédrale Saint-Jean Baptiste et son carillon.

 

 

CLASSIQUENEWS : Qu’est ce qui fait selon vous le succès du Festival chaque année auprès du public ?

ELISABETH DOOMS : C’est un rendez-vous à présent très identifié, qui a lieu chaque année avant Pâques. Les lieux nous l’avons évoqué, ont forgé son identité ; la conjonction également des grandes œuvres sacrées avec les sites patrimoniaux produisent des moments très forts qui sont à chaque édition, attendus. Nous constatons l’engouement des festivaliers pour les concerts payants dont la fréquentation ne cesse de croître.

 

Propos recueillis en mars 2025

 

 

le programme complet

Téléchargez le programme complet du Festiva Musqiue Sacrée de Perpignan, « SOURCE », du 4 au 17 avril 2025 : https://www.mairie-perpignan.fr/sites/default/files/documents/musique-sacree-2025.pdf

 

 

présentation

LIRE aussi notre présentation du Festival d’Art Sacré de PERPIGNAN 2025 : 4 au 17 avril 2025 :
https://www.classiquenews.com/festival-musique-sacree-a-perpignan-du-4-au-17-avril-2025-source-5-concerts-florilege-celia-oneto-bensaid-ensemble-o-quatuor-girard-les/

 

 

 

 

FESTIVAL MUSIQUE SACRÉE A PERPIGNAN, du 4 au 17 avril 2025. «  SOURCE » : 5 concerts « Florilège »… Célia Oneto Bensaid, ensemble Ô, Quatuor Girard, Les Arts Florissants… Ensemble Constantinople, Tenebrae Choir, Nigel Short…

 

 

Infos / Résa : 04 68 66 30 30
mairie-perpignan.fr/Festival_Musique_Sacree

 

 

TOULOUSE, OPÉRA NATIONAL DU CAPITOLE. COPPELIA (1870) : 18 – 25 avril 2025. Léo Delibes (1836 – 1891) / Jean-Guillaume Bart / Ballet de l’Opéra national du Capitole

Accomplissement du ballet-pantomime, Coppélia, créé le 25 mai 1870, incarne le modèle romantique de l’école française ; il est basé sur le style raffiné enseigné au Ballet de l’Opéra de Paris. Jean-Guillaume Bart, qui en fut Étoile puis chorégraphe, propose sa propre version, souhaitant en particulier s’inscrire dans la tradition du grand ballet français. Il voit dans Swanilda, l’héroïne qui perce le mystère de la danseuse mécanique, « un personnage moderne, volontaire et dynamique. C’est elle qui mène l’enquête, qui mène la danse… ».

 

Sur la partition mélodieuse, hautement colorée, subtilement raffinée de Léo Delibes, le Ballet du Capitole de Toulouse, ressuscite la poésie et le rythme de ce conte étrange et enchanteur, que rehaussent encore les décors d’Antoine Fontaine, les lumières de François Menou, les costumes de David Belugou.

 

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TOULOUSE, Théâtre du Capitole
Coppélia : 7 représentations
Ballet romantique français, création à Toulouse
Du 18 au 25 avril 2025
RÉSERVEZ VOS PLACES
directement sur le site de l’Opéra National du Capitole de Toulouse :
https://opera.toulouse.fr/coppelia-6111425/
vendredi 18 avril 2025, 20h
samedi 19 avril 2025, 20h
dimanche 20 avri 2025, 15h
mardi 22 avril 2025, 20h
mercredi 23 avril 2025, 20h
jeudi 24 avril 2025, 20h
vendredi 25 avril 2025, 20h
durée : 2h10 dont un entracte
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Autour de Coppélia

samedi 12 avril 2025, 16h30
Conférence : « Coppélia, dernier ballet romantique ? » par Carole Teulet. Entrée libre – Foyer Mady Mesplé

Samedi 12 avril à 18h
Mon métier à l’opéra : avec Antoine Fontaine, décorateur de Coppélia, et Laura Rieussec, cheffe de l’atelier décor de l’Opéra national du Capitole. Entrée libre – Foyer Mady Mesplé

dimanche 13 avril 2025, 12h15
Cours public / Le Ballet de l’Opéra national du Capitole  ouvre ses portes et  fait participer à l’entraînement quotidien sur la scène du théâtre. Beate Vollack, directrice de la danse du Ballet de l’Opéra national du Capitole, vous en expliquera les particularités. A partir de 8 ans. Entrée libre – Foyer Mady Mesplé

 

Répétitions pour Coppelia par le Ballet National du Capitole de Toulouse © Théâtre National du Capitole de Toulouse

 

 

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LIRE aussi tous nos articles COPPELIA sur classiquenews (dossiers, annonces, critiques, … : https://www.classiquenews.com/?s=coppelia

 

 

ORCHESTRE NATIONAL AUVERGNE RHÔNE-ALPES. Les 6 puis 9 avril 2025. JS BACH : Passion selon Saint-Matthieu

Des cinq Passions composées par Jean-Sébastien Bach, seules deux nous sont intégralement parvenues : la Saint-Matthieu, majestueuse et ample déploration pleine d’espérance, et la Saint-Jean, plus resserrée, plus dramatique voire fulgurante…. Piliers des offices religieux à Saint-Nicolas de Leipzig depuis la Réforme, elles étaient entonnées respectivement le dimanche des Rameaux et le Vendredi Saint.

 

C’est le librettiste Picander qui rédige 28 pages madrigalesques intercalées entre les passages évangélistes, tandis que Bach introduit les chorals harmonisés pour un double-chœur correspondant à la configuration particulière de l’église Saint-Thomas, réalisant l’un des plus incroyables fresque musicale du XVIIIe siècle, défendus pour ce concert par plusieurs chanteurs prometteurs, en complicité avec les instrumentistes de l’Orchestre National Auvergne Rhône-Alpes, sous la direction d’Enrico Onofri.

 

Leipzig, de 1727 à 1744

Mendelssohn a dirigé l’oeuvre à Berlin pour son centenaire, le 11 mars 1829. Aujourd’hui, certains musicologues pensent que la partition serait antérieure à 1729, et plutôt composée dès 1727. Bach met en musique le cycle de textes regroupés par Picander, d’après le récit de Saint-Matthieu, plus développé que celui de la Saint-Jean. Au 28 pages madrigalesques, Bach ajoute 12 chorals, plusieurs cantiques et un grand choral qui conclue la première partie. Le compositeur a donc amplifié sensiblement la succession des passages littéraires, en leur réservant une remarquable extension poétique et musicale.

Bach écrit pour un double choeur, chacun disposant de son orgue propre. Cette configuration à deux orgues est propre à l’église Saint-Thomas de Leipzig, c’est sous sa voûte que fut ainsi jouée la Passion, en 1727, 1729, 1736. En 1744, lors d’une nouvelle reprise, l’église avait déposé l’un de ses orgues. Bach écrivit donc une nouveau continuo… pour clavecin.

 

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Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand
Dimanche 6 avril 2025, 15h
JS BACH : Passion selon Saint-Matthieu
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’ORCHESTRE NATIONAL AUVERGNE RHÔNE-ALPES : https://billetterie-orchestreauvergne.mapado.com/event/346222-la-passion-selon-saint-matthieu

 

 

 

Concert repris à PARIS, TCE, mercredi 9 avril 2025

Plus d’infos sur le site du TCE Théâtre des Champs Elysées : https://www.theatrechampselysees.fr/saison-2024-2025/opera-en-concert-et-oratorio/passion-selon-saint-matthieu-4

Durée : 1h10 + entracte de 20 mn

 

 

 

 

 

Jean-Sébastien BACH
Passion selon Saint-Matthieu BWV 244

Werner Güra : ténor (Évangéliste)
Louis Morvan : basse (Jésus)
Julie Roset : soprano
Giuseppina Bridelli : alto
Fabien Hyon : ténor
Thomas Dolié : baryton
NFM choir, chœur
Lionel Sow : chef de chœur
ORCHESTRE NATIONAL AUVERGNE RHÔNE ALPES
Enrico Onofri : direction

 

 

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LIRE aussi notre autres articles PASSION SELON SAINT-MATTHIEU de JS BACH sur classiquenews :
https://www.classiquenews.com/?s=saint-matthieu

 

 

Critique, opéra. PARIS, Palais Garnier le 21 mars 2025. DUSAPIN : Dante, il viaggio. B. Skhovus, C. Loetzsch… Claus Guth / Kent Nagano

Créé en juillet 2022 au Festival d’Aix-en-Provence, l’ultime opus de Pascal Dusapin remporte un triomphe pour son entrée au répertoire de l’Opéra national de Paris, porté par une mise en scène magistrale de Claus Guth et une distribution sans faille. 

 

 

Voyage au bout de la lumière

Des grandes épopées de la littérature italienne, la Divine comédie est sans doute celle qui a le moins inspiré les compositeurs (si l’on excepte l’épisode de Francesca da Rimini ou celui de Gianni Schicchi), un paradoxe pour celui qui définissait la poésie comme « une fiction rhétorique mise en musique ». On connaît la Dante-Symphonie de Liszt tandis que, dans le domaine lyrique, l’opéra de Saint-Étienne avait eu la bonne idée d’exhumer en 2019 le Dante de Benjamin Godard, créé à l’Opéra-comique en 1890. Plus près de nous, le Palais Garnier avait accueilli en mai 2023 un vaste ballet de Thomas Adès, The Dante-Project.

Comme Adès, Pascal Dusapin s’inspire des trois cantiques de la Divine Comédie, et comme chez Adès, l’Enfer y occupe une place prépondérante. Cet opéra en un prologue et sept tableaux, sur un livret en italien de Frédéric Boyer, cite abondamment les vers de Dante (on reconnaît le célèbre incipit du premier chant ou celui du chant III, à l’entrée des Enfers : « Laissez toute espérance, ô vous qui entrez ») habillés d’une musique d’une exigence redoutable et constante. Le compositeur avait déjà puisé dans l’œuvre du Sommo poeta (dans Comœdia, inspiré de trois extraits du Paradis et surtout Passion qui débute par une citation du chant II de l’Enfer). Dans Dante, il viaggio, le compositeur de Perelà, l’uomo di fumo, colle au plus près de la prosodie dantesque (il y convoque également le prosimètre de la Vita nova à travers le personnage du jeune Dante) et signe en moins de deux heures une fascinante synthèse du poème qu’il ne cherche pas à illustrer pompeusement et prétentieusement.

Toute adaptation lyrique d’une grande œuvre littéraire se fait toujours au prix d’une réduction parfois drastique de la source, avec ici six chanteurs, un narrateur, un chœur à quatre voix et un orchestre d’une quarantaine de musiciens. Le flux musical initial nous installe d’emblée dans une atmosphère angoissante qui verra s’alterner morceaux instrumentaux tour à tour sombres et chatoyants et passages en recitar cantando, voire parlando (comme pour le rôle époustouflant de la Voix des damnés entièrement improvisée), tandis que les rôles féminins sont constamment sollicités dans l’aigu et le suraigu. L’œuvre oscille ainsi entre opéra d’intrigue et opéra de paroles, soulignant la dimension contemplative et allégorique du voyage, celui de toute humanité en souffrance, qui expérimente la solitude et la déraison avant de connaître l’ultime ataraxie. L’envoûtement y est total.

 

 

 

 

La mise en scène de Claus Guth est un modèle du genre et nous plonge d’emblée dans une esthétique cinématographique à la David Lynch : on y voit un homme entre la vie et la mort à la suite d’un accident de voiture (qui défile à travers une forêt labyrinthique), tandis que le rideau qui entoure de temps à autre la scène symbolise le seuil fragile entre la vie et la mort. Cette esthétique cinématographique (les projections vidéo débutent et achèvent l’opéra) est en outre rendue par les éclairages remarquables de Fabrice Kebour qui évoquent le mouvement par l’alternance d’ombres et de lumières crue – projetées sur le narrateur par exemple. Le metteur en scène respecte en outre le mélange des registres propre à la poésie dantesque : le tragique côtoie l’ironie grotesque (la Voix des damnés est un vieux travesti hystérique et la danse macabre tour à tour langoureuse et convulsive se déroule dans une atmosphère aux lumières blafardes dont on ne sait si elle évoque le cirque ou l’asile psychiatrique). L’intérieur d’un salon bourgeois – très beau décor mobile d’Étienne Pluss – joue de ses parois coulissantes pour faire apparaître Béatrice, comme surgie du film initialement projeté et rend d’autant plus saisissant le contraste avec l’évocation des Enfers, dont les différents cercles sont évoqués avec un laconisme d’une admirable efficacité théâtrale.  

La distribution a quelque peu évolué par rapport à la création aixoise. Dans le rôle du poète, Bo Skhovus paraît légèrement moins solide que Jean-Sébastien Bou, malgré la chaleur de son timbre et une probité dans le jeu sans faille : sa présence scénique compense ainsi une faiblesse d’intonation dans le registre grave. Déjà présente à Aix, Christel Loetzsch, entendue dans Penthesilea et Lady Macbeth, affronte avec justesse et ferveur la tessiture hybride du jeune Dante : son timbre magnifique de mezzo crée une illusion parfaite. Nouveau changement, la Lucie est défendue de manière impressionnante par la soprano grecque Danae Kontora (et n’a rien à envier à Maria Carla Pino Cury de la création aixoise…) : son timbre diaphane et ses aigus cristallins font constamment mouche, comme ceux de la Béatrice de Jennifer France, déjà créatrice du rôle en 2022, la virtuosité époustouflante ne tombe jamais dans l’histrionisme gratuit et reste constamment musical. Une mention spéciale doit être accordée à Dominique Visse, dont la voix flûtée reste toujours d’une incroyable fraîcheur. Également habitué du répertoire contemporain (on a pu le voir au Châtelet en 1999 pour la création parisienne d’Outis de Berio), il campe une Voix des damnés totalement improvisée qui oscille entre le récit, le chant et le cri. Les deux derniers rôles masculins ont aussi été nouvellement distribués : Virgile trouve en David Leigh un bien meilleur interprète que le timide Evan Hughes : une basse caverneuse alliée à une posture hiératique, l’incarnation est idéale. Quant au narrateur Giovanni Battista Parodi, sa diction impeccable n’a rien à envier à la remarquable prestation de Giacomo Prestia.

Dans la fosse, Kent Nagano continue à défendre avec passion et précision cet opéra à la fois exigeant et envoûtant, grâce à une attention constante aux contrastes que distille une partition pourtant d’une grande sobriété expressive. Le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra national de Paris se sont substitués aux forces lyonnaises, mais l’excellence est toujours au rendez-vous, magnifiée en outre par l’efficace dispositif électroacoustique de Thierry Coduys qui achève de faire de cette soirée de première un grand moment de théâtre musical.

 

 

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Critique, opéra. PARIS, Palais Garnier le 21 mars 2025. DUSAPIN : Dante, il viaggio. B. Skhovus, C. Loetzsch… Claus Guth / Kent Nagano  Bo Skovhus (Dante), David Leigh (Virgilio), Christel Loetzsch (Giovane Dante), Jennifer France (Beatrice), Danae Kontora (Lucia), Dominique Visse (Voce dei dannati), Giovanni Battista Parodi (Narratore), Claus Guth (Mise en scène et chorégraphie), Karine Girard (Responsable de la reprise de la chorégraphie), Gesine Völlm (Costumes) Étienne Pluss (Décors), Fabrice Kebour (Lumières), Roland Horvath (Vidéo), Yvonne Gebauer (Dramaturgie), Thierry Coduys (Dispositif électroacoustique), Alessandro Di Stefano (Chef des chœurs), Orchestre et chœurs de l’Opéra national de Paris, Kent Nagano (direction). Crédit photo © Monika Rittershaus

 

 

 

VIDÉO : Teaser de « Dante, Il Viaggio » de Pascal Dusapin à l’Opéra national de Paris

ORCHESTRE NATIONAL AVIGNON PROVENCE. « Héritages », ven 4 avril 2025. BACH, V. KAPRALOVA, MENDELSSOHN. Adam Laloum, Léo Margue (direction)

En musique, quel est la place des héritages ? Celui du génie baroque Jean-Sébastien Bach demeure intact. Après le jaillissement du Concerto pour clavier du divin Cantor de Leipzig, les musiciens avignonais dévoilent la sensibilité d’une compositrice oubliée décédée à Montpellier; ils dévoilent enfin le même allant jubilatoire de la première symphonie du premier défenseur de Bach à Leipzig, au XIXè, Félix Mendelssohn

 

 

Le programme s’articule autour de l’héritage de Jean-Sébastien Bach. En complicité avec le pianiste Adam Laloum, l’Orchestre National Avignon-Provence joue le spectaculaire concerto que Bach avait imaginé au départ pour un clavecin des cordes, mais qui résonne avec grâce et majesté dans l’équation piano moderne et orchestre. En nommant « Partita », sa pièce concertante, la compositrice tchèque Vitězslava Kaprálová (disparue prématurément à l’âge de 25 ans à Montpellier) rend hommage au cantor de Leipzig dans l’une de ses oeuvres les plus bouleversantes En guise de bouquet final, Léo Margue, dirige les instrumentistes de l’Orchestre National Avignon Provence dans la première symphonie de Felix Mendelssohn, chef visionnaire qui eut l’intuition génial de ressusciter à Leipzig, les Passions de Bach.

 

Symphonie n°1 en ut mineur de Mendelssohn : elle reste rare au concert, puisque les orchestres jouent essentiellement les symphonies suivantes du compositeur (n°3 « écossaise », n°4 « italienne », n°5 « réformation »). Celui qui a déjà composé au moins 13 symphonies de jeunesse (pour cordes), maîtrise totalement l’écriture orchestrale dans ses 5 symphonies, à commencer par la Symphonie n°1 (circa 1829) qui démontre dans l’élan jaillissant, d’une énergie webérienne et schumanienne, de son premier « Allegro di molto », la vitalité d’un tempérament audacieux et spécifiquement architecturé ; il a la carrure et la volonté de Beethoven, l’élégance élégiaque d’un Schumann, avec le génie des combinaisons instrumentales. Le tout dans une clarté trépidante. Ce premier Allegro exprime le sens de la grandeur et aussi l’assimilation parfaite du Sturm un drang, tempête et passion remarquablement transposé dans la langue symphonique romantique. L’Andante qui suit expose avec une délicatesse extrême et une nouvelle profondeur l’éloquence des bois et des vents (hautbois, flûtes, cor…). Le Menuetto célèbre l’héritage des symphonies classiques viennoises, surtout Haydn et Mozart ; enfin le dernier Allegro con fuoco, est une ample trépidation des cordes qui tambour battant et vent debout, affirme l’impérieuse énergie de l’orchestre. Du sang, du nerf, un pur sentiment de renaissance et de conquête porte tout ce dernier mouvement… écartant désormais Mendelssohn de cette facilité artificielle qui lui fut souvent associée.

 

 

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Concert Héritages : Bach, Kapralova, Mendelssohn
Vendredi 4 avril 2025, 20h
AVIGNON, Opéra Grand Avignon
Direction musicale, Léo Margue
Piano, Adam Laloum
Orchestre national Avignon-Provence
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Orchestre national Avignon Provence : https://www.orchestre-avignon.com/concerts/heritages/
programme
Jean-Sébastien Bach, Concerto pour piano n°1
Vítězslava Kaprálová, Partita pour piano et cordes
Felix Mendelssohn, Symphonie n°1

 

 

 

Avant-concert
RENCONTRE avec Léo Margue et les élèves du CRR du Grand Avignon en classe Histoire de la Musique – Salle des Préludes de 19h15 à 19h45 – Promenade Orchestrale

 

CONFÉRENCE INTERACTIVE autour du concert Héritages avec Elisabeth Hochard, musicologue (jeudi 3 avril 2025, 18h – durée : 1h / Université d’Avignon, Campus Hannah Arendt – centre-ville). EN SAVOIR PLUS : https://www.orchestre-avignon.com/concerts/demandez-le-programme-heritages/

 

 

CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Comique, le 19 mars 2025. RAMEAU : Samson. J. Ott, A. M. Labin, J. Roset, M. Palazzi… Claus Guth / Raphaël Pichon

Présentée au festival d’Aix-en-Provence à l’été dernier, la nouvelle production de Samson de Jean-Philippe Rameau fait cette fois étape à l’Opéra-Comique : de quoi découvrir un ouvrage perdu et reconstruit en forme de pasticcio, suite au méticuleux travail opéré conjointement par Raphaël Pichon et Claus Guth, à partir du livret original écrit par Voltaire. Tout, dans ce spectacle, passionne, jusque dans ses excès d’enthousiasme dans la fosse.

 

Après le projet déjà audacieux de réunir des raretés schubertiennes dans une dramaturgie originale, appelée L’Autre voyage (voir l’an passé), Raphaël Pichon choisit à nouveau de sortir des sentiers battus, en se situant à mi-chemin entre reconstitution historique et création originale. Accusé d’impiété par la censure, Samson ne trouve en effet jamais le chemin de la scène, expliquant pourquoi la musique est recyclée entre plusieurs autres chefs d’oeuvre raméliens, ce qu’attestent plusieurs correspondances concordantes. Tel un archéologue à la recherche du moindre indice, le chef français s’est attaché à recréer cet ouvrage composé en 1734, dans la foulée du succès du premier opéra de Rameau, Hippolyte et Aricie.

Plusieurs éléments de la volonté initiale manifestée par Voltaire ont été respecté, comme la faible place des récitatifs et des divertissements dansés, mais aussi le choix d’une fin tragique, inhabituelle pour l’époque. D’autres choix sont plus contestables, tel que celui de renoncer à suivre la lettre du livret de Voltaire, afin de le réécrire au service d’une nouvelle dramaturgie. Il faut évidemment accepter ce parti-pris (assumé par le chef et le metteur en scène) pour donner sa chance au spectacle. Parmi les innovations, Claus Guth choisit de retourner au récit de l’Ancien testament, au moyen de nombreuses citations projetées, qui narrent la vie du héros depuis son enfance. Les références messianiques autour de la naissance de Samson, annoncée par un ange, prennent ainsi une place inattendue. Outre l’ajout du rôle de l’Ange, celui de la mère de Samson permet de recentrer l’histoire autour de sa tragédie personnelle, en victime collatérale des velléités guerrières infatigables de son fils. Les monologues interprétés par la comédienne Andrea Ferréol, au ton juste et déchirant, rythment l’action en donnant une autre temporalité, à même de donner une distance bienvenue par rapport aux événements passés.

 

 

La volonté de mettre en relief les musiques de Rameau avec une création contemporaine en « sound design » est moins indispensable, même si elle donne au spectacle une tonalité plus actuelle. Les ambiances éthérées agissent davantage comme des marqueurs de transitions, auxquels on s’habitue peu à peu. On préfère les autres aspects décisifs du spectacle, de la superbe scénographie revisitée par des éclairages variés et inventifs (notamment un immense néon qui s’abaisse horizontalement pour accentuer les événements surnaturels) à la direction d’acteur mouvante et bondissante, telle une chorégraphie. Les effets de ralentis ou d’immobilisme, toujours surprenants, opposent bien les deux camps en présence.

En dehors de quelques détimbrages en première partie de soirée, Jarrett Ott compose un Samson vibrant et incarné, d’une humanité très touchante. La prononciation idéale du français se pare d’un léger vibrato, admirablement projeté. On aime la voix puissante d’Ana Maria Labin (Dalila), certes moins à l’aise dans la diction, mais dont le caractère fait ressortir son timbre corsé. Parfois en difficulté dans les accélérations, Julie Roset (Timna) ravit dans les passages plus apaisés, faisant valoir des phrasés et un timbre délicieux. Aux cotés des superlatifs Laurence Kilsby (Elon) et Camille Chopin (l’Ange), seul Mirco Palazzi (Achisch) montre quelques limites dans les graves, tout en assurant l’essentiel.

Enfin, la direction de Raphaël Pichon emporte tout sur son passage, à force d’énergie incandescente dans les attaques, de tempi survitaminés et d’une volonté d’articulation prononcée. Cette direction « en technicolore« , aux forte omniprésents, donne un vent de jeunesse à Rameau, qui ne vise pas à faire l’unanimité. Ce geste tempétueux sait heureusement trouver le chemin d’une musicalité plus déliée dans les parties doucereuses, comme un baume apaisant, surtout en dernière partie de soirée.

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Comique, le 19 mars 2025. RAMEAU : Samson. Jarrett Ott (Samson), Ana Maria Labin (Dalila), Julie Roset (Timna), Mirco Palazzi (Achisch), Laurence Kilsby (Elon), Camille Chopin (l’Ange), Richard Pittsinger (Premier juge, un Convive), Andrea Ferréol (la Mère de Samson), Pascal Lifschutz (un sans-abri), Orchestre et choeur Pygmalion, Raphaël Pichon (direction musicale) / Claus Guth (mise en scène). A l’affiche de l’Opéra-Comique jusqu’au 23 mars 2025. Crédit photo © Stefan Brion

 

 

(VOSGES du SUD) 32ème FESTIVAL MUSIQUE ET MÉMOIRE 2025 : 18 juil – 3 août 2025 – Bruno Procopio, Le Poème Harmonique, Les Traversées Baroques, Les Timbres, François Gallon, a nocte temporis (Reinoud Van Mechelen), François Salque…

Au coeur des Vosges du Sud, 16 concerts événements, du 18 juillet au 3 août 2025 vous attendent et promettent un prochain été exceptionnel au cœur des Vosges du sud… La programmation est idéalement équilibrée, alternant récital chambriste et plateau collectifs… les grands génies du XVIIIè (Bach, Telemann, Rameau…) croisent un théâtre médiéval, et une célébration en percussion pour les 70 ans d’un fleuron architectural local : la Chapelle Notre-Dame du haut à Ronchamp (dessiné par Le Corbusier)…

Fabrice Creux, directeur artistique et fondateur, invite à l’été 2025, une myriade d’ensembles et d’artistes de renommée internationale incarnent cette nouvelle épopée musicale ; les déjà venus et familiers : Les Traversées Baroques, a nocte temporis, Artifices, Ecco la Primavera, Les Musiciens de Saint-Julien, Le Poème Harmonique, Les Timbres, François Lazarevitch, François Gallon, Joël Grare, surtout le claveciniste (et chef d’orchestre) Bruno Procopio, Vincent Peiranin et François Salque…

 

32ème FESTIVAL MUSIQUE ET MÉMOIRE
18 juillet-3 août 2025

 

Pour leur seconde année de résidence, Les Traversées Baroques (co dirigés par Étienne Meyer et Judith Pacquier) ouvrent la 3éè édition du festival vosgien, au cours d’un premier week end dont ils assurent le rythme enchanteur (ven 18, sam 19, dim 20 juillet 2025) ; ils remontent le temps jusqu’au flamboiement du XVIeme espagnol [délices du Siècle d’or] jusqu’au nouveau monde. Séville, Lima, Cuzco… Un voyage et une traversée extraordinaire (programme « Musique à la Cité des Rois, Faucogney, église Saint-Georges, ven 18 juil, 21h)…

En connivence, Les Timbres et Harmonia Lenis révèlent dans un concert interactif tout le génie de  » super-Telemann » (« ce célèbre inconnu ») ! / concert du dim 20 juillet à 21h, Luxeuil les Bains, Basilique Saint-Pierre.

Dans le parc de l’abbaye de Lure, François Lazarevitch propose un récital itinérant autour d’œuvres principalement françaises et irlandaises (déambulation, mer 23 juillet). Avec son ensemble, Les Musiciens de Saint-Julien, le musicien défricheur ressuscite des œuvres de Marin Marais jamais jouées dans l’hexagone depuis le début du XVIIIe siècle (programme « Voix humaines », mer 23 juillet).

A Belfort, le jeu 24 juillet, Alice Julien-Laferrière puise dans les mystères joyeux, douloureux et glorieux des Sonates du Rosaire de Heinrich Ignaz Franz von Biber (1644-1704), un jaillissement instrumental régénéré avc son ensemble Artifices ; elle propose un chemin personnel et intime d’une partition inclassable, véritable Everest de tous les violonistes baroques comme le sont les Suites pour violoncelle seules de Bach (ou ses Variations Goldberg, justement jouées par Bruno Procopio lors de cette même édition)
Pour les 70 ans de la chapelle de Le Corbusier à Ronchamp, le percussionniste Joël Grare imagine une mise en son intemporelle de ce haut lieu de l’architecture du XXe siècle. Un moment rare ! (Concert « En résonance », ven 25 juillet, 21h).

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Le Poème Harmonique, ensemble « complice » du festival, revient dans deux programmes incontournables ; d’abord un cycle vertigineux, associant le génie du Stabat Mater de Pergolèse à celui des traditions orales qui l’entouraient à Naples, puis évoquant les musiques espagnoles jouées dans le Paris baroque (Luxeuil les Bains, Basilique Saint-Pierre, sam 26 juillet, 21h) – LIRE ici notre critique de ce programme – puis dim 27 juil, 17h à Servance (église Notre-Dame de l’Assomption), concert « Danza ! ».

Dans l’intimité singulière de la chapelle St Martin de Faucogney, écrin emblématique du Festival vosgeois, François Gallon livre sa lecture personnelle des Suites pour violoncelle seul de Bach (dim 27 juil, 11h).

A l’Ecomusée du Pays de la Cerise, François Salque et Vincent Peirani relisent Bach à travers le prisme de l’accordéon et du violoncelle, au confluent du classique et du jazz. Aux côtés des traditionnels chorals, sarabandes et autres préludes, des œuvres spécialement composées par et pour le duo témoignent que, réinvestie par des musiciens aussi inspirés, la musique du Cantor a encore bien des choses à nous révéler ! – concert « Bach project », mer 30 juillet, 21h).

Renouvelant son soutien à la jeune scène musicale, le festival Musique et Mémoire accueille Ecco la primavera dans le conte médiéval « Les conquêtes de l’homme armé ou la dame qui ne fût pas séduite ». Fabuleuse action entre amour profane et amour sacré avec flûtes, vièles et harpe médiévales (jeudi 31 juillet, 17h, Melisey, choeur roman).

Pour sa première participation au festival Musique et Mémoire, le claveciniste Bruno Procopio joue son compositeur de prédilection et qu’il sert avec jubilation et finesse : Rameau (Pièces de clavecin en concert, version 1741, Ven 1er août, Saint-Barthélémy, avec le violoniste Patrick Bismuth…) ; puis Bruno Procopio, le lendemain, gravit l’Everest musical des Variations Goldberg dans le cadre magique de l’église prieurale de Marast (sam 2 août, 21h).

En clôture de cette 32e édition, Reinoud Van Mechelen à la tête de son ensemble a nocte temporis, renoue avec ses premières amours et la musique du Cantor de Leipzig (Johann Sebastian Bach (1685-1750), dans un programme tourné vers la thématique de l’adieu, la mort, le salut. Une sublime mise en abime en guise d’apothéose… Au programme, les cantates « Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit », BWV 106, et « Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl », BWV 198, couplées avec « Du aber, Daniel, gehe hin » TVWV 4-17 de Georg Philipp Telemann (1681-1767) – dim 3 août, 21h, LURE, église Saint-Martin.

 

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TOUTES LES INFOS, le détail des programmes, les artistes invités pour la 32è édition du Festival Musique & Mémoire (Vosges du sud) – 16 concerts événements du 18 juillet au 3 août 2025 – #32 :
https://musetmemoire.com/2025/02/12/musique-et-memoire-2025-32/

 

 

 

Programme détaillé en suivant ce lien : https://musetmemoire.com/2025/02/12/musique-et-memoire-2025-32/

Musique et Mémoire 2025 #32

 

 

Brochure en format numérique
https://musetmemoire.com/wp-content/uploads/2025/03/brochure-musique-et-memoire-2025.pdf
Programme synthétique en format pdf
file:///Users/pham/Downloads/Programme%20concerts%20M&M25.pdf

CRITIQUE, CD, événement. Marc Antoine CHARPENTIER : Missa Assumpta est Maria (H11), « Messe rouge » (H434) – Marguerite Louise, Gaétan Jarry (direction – 1 cd Château de Versailles Spectacles, 2024)

Au coeur de l’édifice musical et sacré de ce superbe programme, la Messe H11 de Marc-Antoine CharpentierMissa Assumpta est Maria »), d’une lumineuse ferveur dès son Kyrie introductif, affirme une remarquable conviction ; elle produit un geste collectif à la fois très cohérent mais aussi individualisé, où les jeunes voix de la Maîtrise apportent ce rayonnement spécifique associant candeur et tendresse ; accordées aux voix mûres et viriles du chœur d’hommes (et ses 4 parties : hautes-contre, tailles, basses-tailles, basses), les enfants colorent idéalement la messe d’une douceur qui invite au recueillement (« O salutaris hostias »).

 

Le jeu entre timbres virils et enfantins souligne l’expressivité des séquences (déploiement du « Domine Deus », seconde partie du Gloria ; fugaces « Et resurrexit », puis « Cujus regni… » du Credo ). Somptueux compléments, les solos d’orgue ont été réalisés sur l’orgue historique de la Chapelle Royale. La profondeur sans affectation dans l’ornementation prolonge l’état de ferveur enveloppante (remarquable « Tierce en taille de Premier livre d’orgue » de Louis Marchand, jouée comme une méditation hautement spirituelle avant l’Agnus Dei de la Missa Assumpta est Maria, … Agnus Dei, d’une somptueuse flexibilité entre gravité et majesté). D’ailleurs l’apothéose ascensionnelle de Marie est exprimée ensuite à l’orgue seul, comme un couronnement éblouissant par le plein jeu de Guilain.

 

 

 

le son superlatif de Marguerite Louise
au service du meilleur Charpentier
alors maître de musique de la Sainte-Chapelle (Paris, 1698)

Comme compensant les ors et les marbres palatiaux de la Chapelle Royale, les interprètes, tous sous la conduite du chef Gaétan Jarry, et ses effectifs Marguerite Louise, offrent une restitution de la ferveur parisienne totalement convaincante : accordant en un équilibre heureux, remarquablement ciselé, l’opulence instrumentale et la spiritualité des croyants – les musiciens de l’Orchestre Marguerite Louise sont aussi raffinés et nuancés que d’une majesté recueillie et suspendue (« Et incarnatus », séquence la plus longue du Credo).

Telle réalisation ressuscite d’abord la splendide écriture de Charpentier nommé en 1698, « Maître de la Musique de la Sainte Chapelle », haut lieu musical parisien avec Notre-Dame, après la Chapelle Royale. Il s’agit en particulier de jouer les fameuses célébrations pour la rentrée du Parlement (en novembre), messes et chants spectaculaires donnés dans la « Grande Salle » de la Sainte-Chapelle, cycle appelé « Messe rouge » (en raison des robes rouges des parlementaires).

Justement le programme comprend deux partitions probablement écrites après la nomination de Charpentier en 1698 : Messe pour Marie («  Missa Assumpta est Maria H11 », qui donne son titre au présent cd ; et en conclusion, la fameuse Messe pour une longue offrande (H 434), dite aussi « Messe rouge », célébration très inspirée, suggérant la toute puissance divine, sa miséricordieuse justice mise en oeuvre par le Parlement… La voix caverneuse, autoritaire et pleine d’une certitude souveraine de la taille (dès le « Paravit Dominus ») comme les chœurs, hommes et enfants, rayonnent dans la confiance comme l’esprit victorieux, d’autant que les instrumentistes (avec des bois : hautbois, bassons, à la fête et d’un mordant délectable) redoublent de vivacité dramatique, à l’image des chanteurs.

Difficile d’imaginer meilleure réalisation chez Charpentier, dont le sens de la solennité tempérée par une délicatesse tendre, une caractérisation à la fois heureuse et dansante (formidable jubilation de la dernière « Simphonie » « Justus es Domine » avec des solistes déjà connus dont Romain Champion ou David Tricou…) font ici une célébration divine, un acte de ferveur, étonnamment joyeux, sobre, dansant, inscrit dans l’urgence et la pleine lumière. Magistral.

 

 

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CRITIQUE CD événement. MARC-ANTOINE CHARPENTIER (1643-1704) : MISSA ASSUMPTA EST MARIA, Motet pour une longue offrande H.434 (Messe rouge) – David Tricou, Romain Champion, Nicolas Brooymans, Louise Champion, Nicolas de la Fortelle, petits chanteurs issus de la Maîtrise Marguerite Louise / Maîtrise, Choeur et orchestre Marguerite Louise, Gaétan Jarry (direction) – 1 cd Château de Versailles Spectacles – enregistré en mars 2024, à la Chapelle Royale de Versailles. CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025

Plus d’infos sur le site de l’éditeur label Château de Versailles spectacles : https://tickets.chateauversailles-spectacles.fr/fr/product/2793/cvs150_cd_missa_assumpta_est_maria

 

 

 

TEASER VIDÉO Missa Assumpta est Maria / Marguerite Louise, Gaétan Jarry :

 

 

LES TALENS LYRIQUES. JS BACH : Oratorio de Pâques. Les 16, 18, 20, 21 et 26 avril 2025. Nick Pritchard, Anna El Khashem, Mari Askvik… Christophe Rousset (direction)

Les Talens Lyriques célèbrent la Résurrection du Christ en réalisant le fameux Oratorio de Pâques de Jean-Sébastien Bach, exactement 300 ans après la création de la partition à Leipzig en 1725 (précisément la dernière des 3 cantates, celle pour le Dimanche de Pâques, BWV 249).

 

L’Oratorio de Pâques (1724 – 1725), moins joué à Pâques que les deux Passions, est en réalité un triptyque composé de 3 cantates, avec alternance entre récitatifs secs, chœurs et airs solos. La première cantate Erfreut euch, ihr Herzen (BWV 66) ouvre le cycle avec majesté et sens du spectaculaire merveilleux (avec trompettes et tambours pour célébrer Pâques, la joie de la Résurrection du Christ).
Les Talens Lyriques retrouvent pour ce programme des chanteurs partenaires familiers, tels, Nick Pritchard (qui a chanté Atys de Lully), ou Edwin Crossley Mercer, sans omettre Anna El Khashem et Mari Askvik, déjà associées pour la Passion selon Saint Matthieu.
S’il joue plus Haendel et les compositeurs d’opéras napolitains, Christophe Rousset s’entend à merveille à exprimer la ferveur exaltante et profonde de Jean-Sébastien Bach dont il a enregistré l’intégrale de son œuvre au clavecin…

 

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RÉSERVEZ vos places directement sur le site des TALENS LYRIQUES : https://www.lestalenslyriques.com/event/oratorio-de-paques/

Oratorio de Pâques par Les Talens Lyriques
tournée en 5 dates, du 16 au 26 avril 2025

 

 

 

 

mercredi 16 avril 2025
20h, MC2 Auditorium | Grenoble

vendredi 18 avril 2025
18:30, Lucerne Chamber Circle
| KKL Luzern | Konzertsaal | Lucerne, Suisse

dimanche 20 avril 2025
20:30, Festival de Pâques d’Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence | Aix-en-Provence

lundi 21 avril 2025
20h, Philharmonie de Paris | Salle Pierre Boulez

samedi 26 avril 2025
20h, Arsenal | Metz

 

 

programme

Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Cantate « Erfreut euch, ihr Herzen », BWV 66 (1724)
Cantate donnée à Leipzig pour le lundi de Pâques 1724

Cantate « Ein Herz, das seinen Jesum lebend weiß », BWV 134 (1724)
Cantate donnée à Leipzig pour le mardi de Pâques 1724

Osteroratorium, BWV 249 (1725)
Oratorio donné à Leipzig pour le dimanche de Pâques 1725

 

distribution

Anna El Khashem, soprano
Mari Askvik, alto
Nick Pritchard, ténor
Edwin Crossley Mercer, basse

Chœur de Chambre de Namur
Thibault Lenaerts, Chef de chœur

Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction musicale

 

 

 

 

 

 

approfondir

LIRE aussi notre dossier spécial l’ORATORIO DE PÂQUES DE JS BACH : https://www.classiquenews.com/oratorio-de-paques-de-jean-sebastien-bach-bwv-249/

 

Oratorio de Pâques de Jean Sébastien Bach (BWV 249)

 

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG. Le Chant de la Terre, 4 avril 2025. Schoenberg, Mahler. Simon O’Neill, Justina Gringyté, Robert Treviño (direction)

À vingt-cinq ans (1899), Schönberg s’attèle à La Nuit transfigurée (Verklärte Nacht). Encore ancré dans le post-romantisme, il laisse pourtant poindre des audaces harmoniques, qui dépassent ses influences manifestes (Wagner et Brahms), mal comprises par le public viennois. La partition qui est un hymne à l’amour car Arnold Schoenberg est alors tombé amoureux de Mathilde, la soeur d’Alexandre von Zemlinsky – qu’il épousera ensuite. Le jeune compositeur émerdu, saisi, s’inspire de la trame du poème « La Femme et le monde (Weib und Welt) » de Richard Dehmel, ami du compositeur.

 

Un couple traverse une nuit inquiète, obscur : elle avoue à son amant qu’elle attend l’enfant d’un autre que lui, mais il accepte de faire sien l’enfant à naître – toute la texture musicale évoque les sentiments mêlés : l’angoisse de la femme, l’amour inconditionnel de l’homme – de la peur initiale, au bonheur des deux amants que l’expérience a réunis et rapprochés, la partition du jeune Schoenberg dessine un parcours émotionnel d’une irrésistible sensualité, d’autant mieux réalisée ici pour sextuor à cordes (violons, altos, violoncelle par deux).

 

Des circonstances tragiques précèdent l’écriture du vaste cycle de lieder Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre) de Gustav Mahler (1908). Il combine un orchestre coloré et deux voix solistes ; c’est un cycle symphonique et lyrique d’une profondeur inédite, à la fois tendre et clairvoyante dont les textes issus de la poésie chinoise ancienne, évoquent l’absence, la solitude, la douleur.

La bouleversante fresque lyrique et orchestrale est composée en une période très éprouvante pour la compositeur juif du début du XXè – le plus grand symphoniste germanique alors avec Richard Strauss. En témoignent les poèmes déchirants sur l’existence et la condition humaine que Gustav Mahler met alors en musique, comme en miroir de sa propre expérience, avec une frénésie extatique, à la fois symboliste et expressionniste ; c’est la partition majeure d’un auteur qui a perdu sa fille, apprend qu’il est viré de ses fonctions comme directeur de l’Opéra de Vienne (alors qu’il y menait une réforme inouïe, tant en terme de répertoire que de conditions nouvelles pour assister aux concerts symphoniques et aux opéras…), c’est aussi l’époque où Mahler, condamné, apprend qu’il est atteint d’un mal incurable aux poumons. Pourtant l’expérience de la souffrance se métamorphose en fin de cycle, en un hymne apaisé vers la délivrance, l’abstraction, un renoncement salvateur… après les ultimes tensions, le lâcher-prise pour un nouvel être, sans contraintes ni ressentiments.

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STRASBOURG, Palais des la musique et des congrès
Le chant de la terre
Vendredi 4 avril 2025, 20h

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg : https://philharmonique.strasbourg.eu/detail-evenement/-/entity/id/484318010/le-chant-de-la-terre

Programme

Arnold Schönberg
La Nuit transfigurée pour orchestre à cordes

Gustav Mahler
Le Chant de la Terre

ORCHESTRE PHILHARONIQUE DE STRASBOURG
Simon O’Neill, Justina Gringyté, Robert Treviño (direction)

 

 

Des gilets vibrants seront mis à disposition à l’occasion de ce concert. Pour la réservation, merci de nous contacter par mail : [email protected]
ou par SMS au 06 84 35 34 99.

 

Conférence d’avant-concert
Vendredi 4 avril 19h – Salle Marie Jaëll, entrée Érasme
Accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles
Le Chant de la Terre : une symphonie lyrique ? par Étienne Ferrer

 

 

 

 

 

approfondir

LIRE aussi Le Chant de la Terre par Jonas Kaufmann : https://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-mahler-das-lied-von-der-erde-le-chant-de-la-terre-wiener-philharmoniker-jonas-kaufmann-tenor-jonathan-nott-direction-1-cd-sony-classical/

«  Symphonie avec voix, le dernier poème musical “L’adieu” fouille ainsi les tréfonds de l’âme atteinte, en quête de reconnaissance comme de structuration intime. Il n’est guère que Dvorak dans son Stabat Mater qui atteint une telle gravité à la fois sincère et lugubre ; d’autant plus bouleversante que le chant de Kaufmann du début à la fin, sait rester jusqu’à la dernière mesure, d’une simplicité allusive, littéralement prodigieuse », par notre rédactrice Elvire James

 

CD, compte-rendu critique. MAHLER : Das lied von der Erde / Le chant de la Terre. Wiener Philharmoniker. Jonas Kaufmann, ténor. Jonathan Nott, direction (1 cd SONY classical)

 

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO, Concerts au Palais princier, du 10 juillet au 7 août 2025. Daniel Lozakovich, David Fray, Sergey Khachatryan, Lucas & Arthur Jussen, Charles Dutoit, Kazuki Yamada, …

6 concerts d’exception au Palais princier… Créés à l’initiative du Prince Rainier III et de la Princesse Grace, les concerts d’été au Palais, se déroulent chaque été dans le cadre exceptionnel de la Cour d’Honneur du Palais Princier de Monaco ; ils constituent la série de prestige, point d’orgue de la saison de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo.
Depuis plus de 60 ans, de la mi-juillet à début août, S.A.S. le Prince Souverain invite l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo comme les plus grands chefs et solistes internationaux à se produire dans cet écrin exceptionnellement ouvert aux spectateurs.

 

Le grand escalier spectaculaire à doubles volées (chantournées comme celui de Fontainebleau !) accueille les musiciens… Le cycle musical combine habilement grands concertos pour piano ou pour violon, avec les pages orchestrales parmi les plus flamboyantes du répertoire, de quoi ressentir le grand frisson symphonique au Palais princier : entre autres, pour cet été 2025,… la Suite Hary Janos de Kodaky, Valses nobles et sentimentales de Ravel, Les pins de Rome de Respighi, la Suite Roméo et Juliette de Prokofiev, le poème symphonique de R. Strauss, Till l’Espiègle, sans omettre Le Beau Danube Bleu… de Johann Strauss II

 

L’édition 2025 propose 5 concerts dans la Cour d’Honneur du Palais princier ; les solistes invités permettent d’écouter de nombreux piliers du répertoire romantique ; ainsi le violoniste Daniel Lozakovich (Concerto pour violon n°2 en ré mineur de Wienawski, le 10 juillet), le pianiste David Fray (Concerto pour piano n°1 en do majeur de Beethoven, le 31 juillet) ; le violoniste Sergey Khachatryan (Concerto de Max Bruch, le 7 août) ; sans omettre les artistes en résidence de la saison, les pianistes et frères Lucas et Arthur Jussen (Concerto pour 2 pianos en mi majeur de Mendelssohn, le 20 juillet).
Côté baguette, toutes les générations sont au rendez-vous avec les maestros célèbres que l’on ne présente plus : Charles Dutoit et Lawrence Foster ; en particulier le directeur artistique de l’OPMC, Kazuki Yamada qui dirige 2 concerts (le 20 juillet, avec les frères Jussen, mais aussi pour la Symphonie n°4 en mi mineur de Brahms ; puis le 27 juillet pour l’oratorio de Paul McCartney, lire plus loin), sans omettre deux jeunes chefs en pleine ascension : la néo-zélandaise Tianyi Lu (le 3 août) et l’autrichien Emmanuel Tjeknavorian (le 7 août).

Cette année, un 6è concert exceptionnel « hors les murs » est proposé au Grimaldi forum, sous la direction de Kazuki Yamada, – le 27 juillet 2025, pour une partition grandiose écrite par Paul McCartney et Carl Davis, le « Liverpool Oratorio », avec la participation du CBSO Chorus (programme très prometteur présenté aussi en France aux Chorégies d’Orange 2025 !)…

 

Réservez vos places directement sur le site de l’OPMC Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo : www.opmc.mc

 

PROGRAMMATION
(sous réserve de modifications)
consultez le site de l’OPMC pour prendre note d’éventuels changements : https://opmc.mc/concerts-au-palais-princier-2025/

 

JEUDI 10 JUILLET 2025 – 21h30
Cour d’Honneur du Palais princier
Lawrence Foster, direction
Daniel Lozakovich, violon
Ludwig van BEETHOVEN
Les Créatures de Prométhée, Ouverture, op. 43
Henrik WIENAWSKI
Concerto pour violon n°2 en ré mineur, op. 22
Zoltán KODALY
Háry János, Suite

 

DIMANCHE 20 JUILLET 2025 – 21h30
Cour d’Honneur du Palais princier
Kazuki Yamada, direction
Lucas & Arthur Jussen, pianos
Carl Maria von WEBER
Jubel ouverture, op. 59
Felix MENDELSSOHN
Concerto pour 2 pianos en mi majeur
Johannes BRAHMS
Symphonie n°4 en mi mineur, op. 98

 

DIMANCHE 27 JUILLET 2025 – 21h30
Grimaldi forum – Salle des Princes
Kazuki Yamada, direction
CBSO Chorus
Simon Halsey, chef de choeur
Choeur d’enfants de l’Académie Rainier III
Bruno Habert, chef de choeur
Liverpool Oratorio de Paul McCARTNEY & Carl DAVIS
En collaboration avec les Chorégies d’Orange

 

 

JEUDI 31 JUILLET 2025 – 21h30
Cour d’Honneur du Palais princier
Charles Dutoit, direction
David Fray, piano
Ludwig van BEETHOVEN
Concerto pour piano n°1 en do majeur, op.15
Maurice RAVEL
Valses nobles et sentimentales
Ottorino RESPIGHI
Les Pins de Rome

 

DIMANCHE 3 AOÛT 2025 – 21h30
Cour d’Honneur du Palais princier
Tianyi Lu, direction
Georgijs Osokins, piano
Ludwig van BEETHOVEN
Coriolan, Ouverture, op. 62
Concerto pour piano n°4 en sol majeur, op.58
Serge PROKOFIEV
Romeo et Juliette, Suite (extraits)

 

JEUDI 7 AOÛT 2025 – 21h30
Cour d’Honneur du Palais princier
Emmanuel Tjeknavorian, direction
Sergey Khachatryan, violon
Franz LISZT
Mephisto-Valse n°1
Max BRUCH
Concerto pour violon en sol mineur, opus 26
Richard STRAUSS
Till l’Espiègle
Johann STRAUSS
Le Beau Danube bleu

 

 

 

TARIFS
Abonnement 6 concerts
840€ (carré d’or) – 600€ (cat 1) – 390€ (cat 2) – 240€ (cat 3) – 180€ (cat 4) – 120€ (cat 5)

A l’unité
160€ (Carré d’or) – 110€ – 70€ – 45€ – 33€ – 22€ (cat 1, 2, 3, 4 et 5)
Jeune (-25 ans) : 25€ – 15€ – 10€ (cat. 3, 4 et 5)
Groupes (10 personnes et plus) : 60€ – 40€ – 30€ – 20€ (cat. 2, 3, 4 et 5)

 

OUVERTURE DES VENTES
Abonnements et Membres des Amis de l’Orchestre :
mercredi 2 avril 2025.
Toutes réservations : mardi 8 avril 2025

 

INFORMATIONS / RÉSERVATIONS
Billetterie de l’atrium, place du casino – Monaco
Téléphone : + 377 92 00 13 70

Ouvert du mardi au samedi de 10h à 17h30
et les dimanches de concert de 10h à 16h
Internet : www.opmc.mc et www.montecarloticket.com
Billetterie sur la place du Palais les jours de concert à partir de 20h (dans la limite des places disponibles)
Renseignements : [email protected]
Tenue de ville exigée (veste et cravate obligatoires pour les messieurs)

CRITIQUE, opéra. LYON, opéra national, le 18 mars 2025. BATTISTELLI : 7 minutes. N. Petrinsky, N. Beller-Carbone, J. Daviet… Pauline Bayle/ Miguel Perez Inesta.

Que vont décider les 11 ouvrières à qui leur patron propose de renoncer à leur pause quotidienne de 7 minutes pour sauver leur usine ? Cette angoissante question est le sujet de l’opéra précisément intitulé « 7 minutes » de Giorgio Battistelli – qui est donné à l’Opéra Lyon comme 3ème ouvrage dans le cadre de son Festival de Printemps (aux côtés de La Forza del destino et de L’Avenir nous le dira de Diana Soh). Comme si on était dans un exercice de télé-réalité, le compositeur a voulu mettre en musique les échanges verbaux « réels » entre les onze femmes en colère. Mais l’exercice est difficile. En effet, le débit du chant n’est pas aussi rapide que celui de la parole. Les dialogues n’ont pas la vigueur attendue. Ils ne nous accrochent pas. Ce n’est que vers la fin que le spectacle acquiert une certaine intensité. Et cela permet finalement de soulever les applaudissements.  

 

L’histoire de ces « 7 minutes » est inspirée de celle, réelle, de la révolte des employées de l’entreprise Lejaby à Yssingeaux en 2012. On se souvient des larmes de leur déléguée au journal de 20 heures de France 2. L’histoire a été transposée sur scène par un auteur de théâtre, Stefano Massini. De là s’en est suivi l’opéra de Giorgio Battistelli. Mais la différence entre le théâtre et l’opéra c’est que, dans le premier cas, on peut reproduire avec exactitude le dialogue parlé. Pas dans le second. Le compositeur a eu beau utiliser des mélodies hachées, avec des changements brusques d’intervalles, on ne perçoit pas vraiment la violence des débats, des insultes, des invectives. Dans l’expression musicale, il ne fait pas de différence entre une phrase banale comme « Donnes moi une cigarette » et une exclamation angoissée comme « Ils vont toutes nous virer ! »  

Les chanteuses font leur maximum pour défendre leurs personnages, en particulier l’interprète du rôle de Mireille, Jenny Daviet, qui nous est apparue la plus combative du groupe. Notre admiration va aussi à Natascha Petrinsky qui, chantant quasiment en permanence, incarne Blanche, la déléguée du personnel. Elle appuie ses arguments sur de beaux sons graves. Vive comme un feu follet, la benjamine du groupe, Elisabeth Boudreault (Sophie), fait briller l’éclat de sa jeunesse par son soprano colorature. Annoncée souffrante, Shaked Bar a néanmoins parfaitement assuré son rôle de Rachel. Giulia Scopelliti, vêtue d’une robe de cocktail, au milieu de ses camarades en pantalon, incarne une Agnieszka touchante, terrorisée par l’idée de perdre son emploi. Anne-Marie Stanley impose dans son solo du III son personnage de Mahtab. (« Mon sentiment c’est que vous, vous commencez à connaître la peur... »). Cette belle distribution est complétée par Sophia Burgos, Eva Langeland Gjerde, Jenny Anne Floryn et Lara Lagni. 

Tout cela est bien mis en scène par Pauline Bayle, dans un décor unique qui est un coin  d’usine, tandis que Miguel Pérez Iñesta dirige efficacement l’orchestre – ainsi que le Chœur de l’Opéra national de Lyon… mais là, pas de problème, le choeur a été enregistré et est diffusé par bande !

A la fin, dans l’histoire, les votes pour la reprise du travail étant équilibrés, tout dépend de la dernière votante, Odette, laquelle est efficacement interprétée par Nicola Beller Carbone. Le suspens est à son comble. Si elle vote oui, l’usine reste ouverte, si elle vote non, elle ferme. Que va-t-il se passer ? Le rideau tombe… Deux heures se sont écoulées. Ces « 7 minutes » ont, en effet, duré deux heures… 

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. LYON, opéra national, le 18 mars 2025. BATTISTELLI : 7 minutes. N. Petrinsky, N. Beller-Carbone, J. Daviet… Pauline Bayle/ Miguel Perez Inesta. Crédit photo © Jean-Louis Fernandez

CRITIQUE CD événement. RACHMANINOV : intégrale des œuvres pour orchestre, WDR SinfonieOrchester, Christian MACELARU (3 cd Linn)

Le triple conffret est l’un des meilleurs et des plus convaincants dédié à l’intégrale orchestrale de Rachmaninov : les 3 symphonies dont une somptueuse 3ème ; l’Île des morts (d’après Boecklin), le méconnu Caprice Bohémien – l’absence des Danses Symphoniques et des Cloches laisse supposer une suite à cette intégrale en cours, totalement superlative. De quoi retrouver le chef roumain remarquablement sensible et imaginatif, Cristian Macelaru et les instrumentistes Colonais du WDR SinfonieOrchester, une phalange qui comprend Rachmaninov comme s’il s’agissait de leur langue maternelle…

 

 

Symphonie n°1 (CD1): Dès l’Allegro, une énergie générale, impérieuse souffle et gronde même, associée à une maîtrise contrapuntique aiguë. Le second Allegro cultive une agilité brillante, nerveuse, très vive qui détaille bois et vents… avec une précision expressive que porte une énergie continue, parfois inquiète (vitalité des cordes). Le larghetto est parfaitement réalisé, continûment déployé sous le sceau d’une gravité impérieuse (alerte des cuivres cinglants, glaçants)… que tente d’adoucir la caresse éperdue des cordes : là encore la parfaite lisibilité des bois renforce l’acuité et l’éloquence de l’approche. Feu et esprit de conquête habitent le Finale, guerrier voire presque sauvage.

Peu connu Le Caprice bohémien est aussi caractérisé et contrasté que le Cappricio espagnol de Rimsky : un morceau de bravoure qui permet à l’orchestre de démontrer sa cohérence dans l’expressivité la plus débridée. C’est pourtant moins Rimsky que l’on citera, que Tchaikvoski dont Rachmaninov prolonge la flamme dramatique, la maîtrise des couleurs. Bien que de jeunesse, numérotée avant la Symphonie n°1, Rachmaninov exprime déjà un souffle enivré, le sentiment d’une gravité empoisonnée qui convainc et trouble. Le chef sait autant faire rugir la soie éperdue des cordes que détailler le solo de violoncelle auquel répondent les vents (flûtes) qui imposent ensuite à tout l’orchestre dans la séquence finale, le motif de la danse hongroise conclusive, enfiévrée, trépidante, lumineuse que n’aurait pas renié Brahms…

Les 2 cd suivants sont aussi convaincants, voire davantage. Le cd 2, dédié à la Symphonie n°2 est une réussite accomplie, celle d’un Rachmaninov désormais plus confiant et plein d’espoir amoureux… Macelaru sachant et déployer cette ampleur de ton (proche de Sibelius) et assouplir dans une opulence sensuelle, la riche et foisonnante parure instrumentale dont l’orchestration doit à Tchaikovsky (le modèle récurrent de Rachmaninov). Le premier mouvement exprime une énergie de révolte et de conquête quand le second Allegro soigne la clarté polyphonique, la vitalité caractérisé de chaque pupitre (dont la sinuosité chorégraphique des cordes ou le chant éperdu initié par le solo de la clarinette) ; le chef sait rapprocher la motricité orchestrale de la symphonie, et ce morceau en particulier avec l’énergie impérieuse des Danses Symphoniques… L’Adagio respire, rêve, étire une soie sereine et sensuelle totalement apaisée, aux respirations suspendus mahlériennes…
Le dernier mouvement fait une synthèse très habile et naturelle entre l’impérieuse énergie retrouvée et le sentiment de plénitude déployé dans l’Adagio.

 

Le cd3, comprenant la Symphonie n°3 puis l’île des morts confirme les affinités du chef avec l’imaginaire post romantique de Rachmaninov.
Aboutissement de sa recherche orchestrale dans le cadre strictement symphonique, la symphonie n°3 de Rachmaninov, évidemment conjure l’insuccès de la 1ère, et prolonge dans une conception désormais maîtrisée du tissu polyphonique et d’une orchestration flamboyante, la cohésion recouvrée de la 2è. Christian Macelaru convainc spécifiquement dans les deux premiers mouvements, aussi somptueusement ouvragés que d’une activité sourde, complexe, ambivalente… L’Allegro immerge immédiatement dans un climat agité à l’énergie impérieuse, dont Cristian Macelaru fait scintiller la parure trouble et d’une étonnante richesse, entre enivrement empoisonné et texture éperdue aux vertiges impressionnants ; de tels contrastes ne s’entendent avant Rachmaninov que chez son maître… Tchaïkovski ; avec le sentiment d’une déflagration maudite exprimée en tutti secs et terrifiants.
Le chef comprend et caresse la matière instable émotionnellement du flux orchestral qui se tempère dans sa section finale (irrépressible ascension vers la lumière victorieuse). Hollywoodienne, cinématographique, l’étonnante fresque se déploie ici avec naturel et éloquence, sensualité et même majestueuse profondeur (dans l’accord final avec les cors). Et pourtant la pâte orchestrale, somptueuse et onctueuse, ne sonne jamais épaisse ni vulgaire car Macelaru soigne la transparence et la continuité claire de l’étonnante texture polyphonique, clairement d’une prodigieuse richesse.
L’Adagio non troppo se fait rêveur, comme une romance d’une pureté enchantée ; où charme le sinueux ruban des cordes… entre légèreté aérienne et sensualité plus inquiète. Rachmaninov semble y recycler une marche alla Tchaikovski, mais intégrée dans sa propre matrice d’un raffinement sonore, opulent et sensuel. La vivacité qu’obtient le maestro de tous les pupitres éclaire aussi la couleur hallucinée et fantastique de ce mouvement en réalité inclassable. Là encore la volubilité émotive, la versatilité des climats, le soin détaillé que leur réserve le chef alchimiste, le geste ample qui confère au cycle entier, son souffle et sa respiration unitaire, se révèlent superlatifs (le dernier accord tenu où règnent souverain les bois et leur vibration diffuse).
Le dernier Allegro est plus somptueux encore, construit en larges phrasés éperdus – straussiens – avec la splendeur des cors, particulièrement exposées, en connivence avec les cordes et les bois ; accents, éclairs sont électrisés par un entrain impérieux qui annonce évidemment la vitalité rayonnante, totalement enivrée et conquérante des Danses Symphoniques à venir. La sensibilité du chef, son sens du flux organique, de la couleur (la sensualité comme abandonnée de la clarinette…), des rythmes et de certains motifs américains… ; ses immersions fugaces, fulgurantes dans un sous texte enchanté, soudainement nocturne, suscitent l’enthousiasme, jusqu’à la construction du finale en apothéose, jaillissant comme un printemps inattendu, rien qu’heureux et dansant.

 

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CD événement, CRITIQUE. RACHMANINOV : Intégrale orchestraleWDR SinfonieOrchester, Christian MACELARU (3 cd LINN) – CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025

 

 

 

VIDÉO Cristian MACELARU joue le Caprice bohémien de Rachmaninov (oct 2021 avec la Philharmonie de Cologne / Köln Philharmonie)

 

 

 

 

 

VIDÉO Cristian MACELARU joue un extrait de la Symphonie n°2 de Rachmaninov

 

 

CRITIQUE, concert. MONACO, 55ème Printemps des Arts de Monte-Carlo (One Monte-Carlo), le 15 mars 2025. WEBERN / BERG / BEETHOVEN. Quatuor Akilone.

 

Le premier week-end du Printemps des Arts de Monte-Carlo (qui court jusqu’au 27 avril pour cette 55ème édition !…) a été marqué par une programmation audacieuse, mettant en lumière la radicalité musicale à travers les époques. Bruno Mantovani, compositeur et directeur artistique du festival, a ouvert cette édition 2025 (le 12 mars) avec un concert consacré à Stockhausen (auquel a assisté notre confrère André Peyrègne), puis une création personnelle le surlendemain à la cathédrale de Monaco (à laquelle nous n’avons malheureusement pas pu assister…) – tout en orientant subtilement les projecteurs vers Pierre Boulez, dont l’influence se ressent en filigrane dans les œuvres choisies. Bien que la musique de Boulez soit principalement célébrée le 26 mars, jour anniversaire de sa naissance, son empreinte se devine dans les filiations et les évolutions stylistiques présentées tout au long du festival. Les « before », ces moments de médiation précédant les concerts, permettent d’ailleurs d’aborder plus directement cette figure majeure de la musique contemporaine.

Le 15 mars, à l’Amphithéâtre du One Monte-Carlo, c’est le Quatuor Akilone qui était mis en avant, un ensemble exclusivement féminin, lauréat du Concours de Bordeaux en 2016, et qui a offert un concert remarquable, en explorant les radicalités d’Anton Webern à Beethoven. Leur interprétation des Six Bagatelles op. 9 de Webern a captivé par sa sensualité inattendue, dévoilant l’arrière-plan passionnel de ces miniatures musicales d’une extrême économie de moyens. Dans la Suite lyrique d’Alban Berg, les musiciennes ont magnifié les contrastes, passant d’un vibrato charnel à une évanescence presque fantomatique, restituant toute la complexité émotionnelle de l’œuvre. Leur disposition scénique, dite « à la viennoise », avec les premiers et seconds violons face à face, a renforcé la lisibilité des polyphonies, notamment dans le Quatuor à cordes op. 130 de Ludwig van Beethoven (auquel on a restitué sa Grande fugue finale). Ce dernier, interprété avec une virtuosité impressionnante, a démontré l’engagement profond du quatuor, malgré quelques tensions perceptibles dans les mouvements enchaînés. La Cavatine a été un moment de grâce, tandis que la Grande Fugue finale a confirmé leur maîtrise d’une partition exigeante, véritable sommet de la musique de chambre !

 

 

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CRITIQUE, concert. MONACO, 55ème Printemps des Arts de Monte-Carlo (One Monte-Carlo), le 15 mars 2025 (19h30). WEBERN / BERG / BEETHOVEN. Quatuor Akilone. Crédit photo © Emmanuel Andrieu

 

CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre du Châtelet, le 14 mars 2025. GRIEG : Peer Gynt. B. de Roffignac, R. Camarinha, D. Bigourdan… Olivier Py / Anu Tali

Depuis sa création, Peer Gynt est rarement donnée dans sa forme originelle. Pièce-fleuve, de près de quatre heures, alliant musique, danse, théâtre…, en soi une œuvre d’art totale – le Gesamtkunstwerk n’était pas l’apanage de Richard Wagner, elle peut intimider et l’on a plus souvent en concert la suite d’Edvard Grieg que l’œuvre d’Henrik Ibsen. Limoges en 2017, avec beaucoup de coupes, ou Dijon en 2014 avaient tenté le pari. Mais force est de constater que, depuis la création, « les deux œuvres ne se recroisent presque plus », comme le déplore Olivier Py qui a pris l’initiative de porter le projet sur la scène du Théâtre du Châtelet, tout en assurant la traduction de la pièce, parties chantées incluses. 

 

 

Une traduction faite à partir de l’anglais, « qui accélère la langue », et, notamment pour le chant, une « tradaptation », néologisme qui décrit une traduction effectuée « selon les règles de la prosodie », pour parvenir à une traduction non pas littéraire mais « musicale et théâtrale ». L’accessibilité du texte s’en trouve accrue, même si parfois les sur-titres en anglais aident à entendre les vers d’Ibsen, parfois écorchés par certains acteurs soumis il est vrai à une mise en scène frénétique où l’on se déplace comme on parle – vivement. Frénétique ? Le mot n’est pas usurpé : le metteur en scène impose à sa troupe une course sans fin, débridée, joyeuse ou violente, course existentielle dira-t-on si l’on s’en tient au thème de la pièce. A la circulation des personnages répond celle des décors. Typiquement nordiques dans leur simplicité et avec leurs toits très pentus, des maisons vont et viennent côté cour comme jardin, où s’abrite la mère de Peer, où se recueille et attend Solveig. Le plateau parfois s’ouvre pour faire surgir, ici une salle de bal, là un asile psychiatrique au-dessus desquels on peut circuler – et les acteurs ne s’en privent évidemment pas. Quelques accessoires du plus sommaire, un carton, au plus inattendus : un bateau gonflable, un palmier, jalonnent la scène et les acteurs s’en emparent et en jouent avec une forme d’avidité folle, comme pour ajouter au caractère survolté de la soirée. Toute la chorégraphie (Ivo Bauchiero), dansée ou non, force l’admiration tant elle ne laisse aucun répit et se déroule impeccablement.

Saluons ici Bertrand de Roffignac qui, en Peer Gynt, livre une performance éblouissante en occupant l’espace durant les plus de deux-cents minutes d’un spectacle à la durée extravagante. Savourant un texte incisif et drôle, le comédien déclame, murmure, grogne, apostrophe le public à l’occasion, rumine des monologues, tour à tout joyeux, sombre voire sinistre, contemplatif, pessimiste ou interrogatif. De tous ces registres surgit un personnage fantasque, pas forcément aimable mais profondément vivant. Jusqu’à la scène finale où, aux pieds de Solveig, qui l’a attendu sa vie durant dans une résignation sulpicienne, il se couche, dans une posture fœtale, soulignant combien il confond l’amour de la femme et de la mère. 

La scène du Châtelet est vaste. Le dispositif scénique relègue l’orchestre au second plan, les musiciens étant soit occultés par un rideau, soit aperçus en transparence à travers ce même rideau qui s’orne alors de silhouettes projetées et mouvantes. La lisibilité de la partition n’en souffre aucunement. Certains intermèdes musicaux sont abordés comme une pause dans la pièce, d’autres sont au cœur de l’action, comme la célèbre danse du roi de la montagne ou la chanson de Solveig. La distance n’empêche aucunement la musicalité et l’on saluera ici la parfaite homogénéité de l’ensemble, avec une mention pour les percussions, parfaitement tenus, et les bois d’une grâce toute nocturne. Les parties chantées mettent ainsi en valeur les interprètes, qu’ils soient comédiens s’essayant au chant avec plus ou moins de bonheur, ou chanteurs confirmés. En Solveig, Raquel Camarinha marque sans doute un peu trop de retenue pour laisser son chant s’épanouir pleinement mais cela s’explique probablement par le personnage qui lui est confié, d’une tendresse assez rigide. Et sa berceuse finale balaie toute réticence. Endossant plusieurs rôles (Roi des Trolls, le Courbe…), Damien Bigourdan fait entendre ses qualités vocales, tout en s’épanouissant dans l’exubérance scénique voulue par Olivier Py. On notera aussi les petits mais multiples rôles dévolus à Clémentine Bourgoin, Justine Lebas, Lucie Peyramaure – notamment lorsqu’elles forment avec bonheur un délicieux trio de vachères.

Une réussite. Totale comme l’œuvre !

 

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre du Châtelet, le 14 mars 2025. GRIEG : Peer Gynt. B. de Roffignac, R. Camarinha, D. Bigourdan… Olivier Py / Anu Tali. Crédit photo © Vahid Amanpour

 

 

VIDÉO : Trailer de « Peer Gynt » de Grieg selon Olivier Py au Théâtre du Châtelet

 

CRITIQUE, opéra. LYON, opéra national, le 17 mars 2025. VERDI : La Force du destin. H. Sabirova, R. Massi, A. Granbaatar… Ersan Mondtag / Daniele Rustioni

Dans cette Force du destin de Giuseppe Verdi, dans le cadre du Festival de Printemps de l’Opéra de Lyon, deux protagonistes forcent l’admiration : le baryton Ariunbaatar Ganbaatar et le chef Daniele Rustioni. Ce sont les héros de la soirée. Le chanteur venu de Mongolie fait une entrée fracassante dans le monde des chanteurs verdiens. Sa scène du III (« Urna fatale ») est un des grands moments du spectacle. Quant au chef, il conduit son orchestre avec une précision et un panache exemplaires. Au moment des saluts, lorsqu’il est arrivé sur scène, la salle s’est levée. C’était l’apothéose d’une grande et belle soirée.

 

Si ces deux protagonistes forcent l’admiration, le metteur en scène Ersan Mondtag, lui, force l’imagination. On s’interroge sur ses intentions. On comprend, certes, qu’il veut évoquer l’époque expansionniste de l’Espagne en Amérique du Sud et l’exploitation des Incas. Cela a des relents de colonialisme qui ne sont pas sans écho avec la politique internationale actuelle. Mais on se demande quand même pourquoi les femmes sont coiffées d’oreilles de lapin façon Play Boy, pourquoi les costumes mélangent les cottes moyennâgeuses et les costumes contemporains (avec épaulettes en pointes, s’il vous plaît !), pourquoi cette abondance de têtes de morts sur tous les éléments du décor, pourquoi l’acte III se déroule dans un théâtre transformé en hôpital militaire, pourquoi, dans la scène finale, des personnages reviennent entourer Léonora, Carlo et Alvaro qui sont censés conclure à trois la tragédie ? Mais malgré ces questions, on a droit à un beau spectacle qui permet d’éprouver un crescendo d’émotion d’un bout à l’autre de la soirée. C’est bien là le principal…

Le reste de la distribution est de grande qualité. La soprano Hulkar Sabirova, venue d’Ouzbékistan, a belle allure avec sa voix large, sonore, à l’aise dans le répertoire verdien. Le ténor Riccardo Massi possède un très beau timbre. Il a des passages vraiment émouvants, surtout dans le IV, et d’autres où on le sent à la limite de la voix verdienne. Maria Barakova est une éclatante Preziosilla. Le doyen Michele Pertusi incarne un superbe Padre Guardiano, et dans le reste de ce beau plateau, citons Paolo Bordogna en Fra Melitone et Francesco Pittari dans le rôle de Trabuco.

Les Chœurs de l’Opéra national de Lyon sont éclatants. Le chef leur donne un élan considérable. Et là, on en revient à l’excellence de Daniele Rustoni. Ce spectacle, c’est la force du destin… et de Rustioni !

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. LYON, opéra national, le 17 mars 2025. VERDI : La Force du destin. H. Sabirova, R. Massi, A. Granbaatar… Ersan Mondtag / Daniele Rustioni. Crédit photo © Jean-Louis Fernandez

 

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO. Dim 13 avril 2025. POULENC : Concerto pour 2 pianos : Lucas et Arthur JUSSEN – Nicholas Collon, direction

2 pianos impétueux pour un Concerto (en ré mineur), plutôt composite, inclassable. L’œuvre du voyou Poulenc, est composée à l’été 1932 pour la princesse de Polignac (et créé à Venise en septembre de la même année, avec l’auteur et son ami pianiste, Jacques Février).

 

 

Comment interpréter le Concerto pour 2 pianos de Poulenc ? Surtout qu’éviter pour réussir l’une des partitions qui restent difficiles à comprendre ? Point de tempos précipités, voire expédiés pour épater et pour l’esbroufe ; souvent le galop défendu dès le début du premier Allegro (au caractère stravinskien) entraîne confusion, essoufflement ; souvent le mordant facétieux de Poulenc est mal interprété et détourné en agressivité nerveuse et martelée [même Allegro initial] ; pourtant le premier mouvement, d’une belle trépidation rythmique, gagne a être abordé avec souplesse, et aussi une pointe de dérision tapageuse, délirante et amusée dans une euphorie libre mais maitrisée (qui cite Ravel et Rachmaninov).

Le Larghetto qui suit exige quant à lui, un abandon suspendu, « mozartien », sans omettre la facétie du voyou Poulenc… en évitant toute vulgarité aguicheuse. Car chez Poulenc il faut être incisif, percutant mais rond, polissé, et spirituel… Et même charmant. De la subtilité, et jouer dans l’ambivalence et la poésie : voilà le secret. Côté orchestre, le chef doit veiller à la tonicité élégante du discours orchestral ; faire dialoguer en finesse et jeux contrastés chaque mesure… Du chien, du charme, et même de la gouaille parodique assumée [la trompette du Finale].

Au concert, les frères JUSSEN s’entendent à merveille ; ils dévoilent leur compréhension de l’écriture du Concerto, dans une série virevoltante de questions réponses… laquelle produit in fine un feu d’artifice vertigineux, jamais artificiel ni déformant, en réalité cathartique, naturel, jouissif… Les deux facétieux complices sont d’autant plus attendus dans cette œuvre, qu’ils en ont signé sous la direction de Stéphane Deneve, une lecture particulièrement enthousiasmante [2016, chez DG Deutsche Grammophon].

 

 

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ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO
Dim 13 avril 2025, 18h
MONACO, Auditorium RAINIER III
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’OPMC Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo :
https://opmc.mc/concert/concert-symphonique-13-avril-2025/

 

Francis POULENC : Concerto pour 2 pianos en ré mineur, FP 61
Lucas et Arthur JUSSEN, pianos

Claude DEBUSSY : Printemps

Béla BARTÓK : Concerto pour orchestre, Sz. 116
Nicholas Collon, direction

Durée : 1h45 (avec entracte)

 

 

 

autre partition au programme :

Le Concerto pour orchestre est une œuvre ambitieuse pour grand orchestre, d’autant plus représentative du dernier Bartok qu’il s’agit de sa dernière pièce totalement achevée. D’abord, l’Introduzione en est sur les 5, la plage la plus longue qui déroule un tapis sourd et grave…. riche en climats denses voire inquiétants propres à un cycle en réalité kaléidoscopique et qui plonge très profondément dans les cultures métissées du compositeur ; s’y précisent cependant des tensions et une intranquillité très emblématiques de la période qui est celle de l’Exilé aux USA ; ainsi ce nocturne « danubien » préliminaire, auquel répond un vivace aux rythmes « bulgares » ; puis le tranquillo « arabisant », énoncé avec suavité par le hautbois.
Le « Giucco delle coppie » / jeu de couples est une fantaisie d’un mordant quasi stravinskien dans la distribution des timbres successifs (bassons, hautbois, clarinettes, flûtes puis trompettes avec sourdine…) tous comme enivrés en badinages « serbo-croates », dont l’orchestre saisit la pulsion chorégraphique : série de pas à deux, et même à trois.
L’Elégie (Elegia) creuse encore le mystère sonore tout en raffinant le chant comme décalé, scintillant des timbres choisis (ainsi, claire voire perçante, la flûte semble voler au dessus de la nappe orageuse et homogène des cordes) ; en ré exposant l’amorce grave et sourde de l’introduction primordiale, le mouvement axial, semble rebattre les cartes d’un jeu énigmatique qui réitère pour questionner.
Comme une libération, l’Intermezzo (IV) semble déchirer tout à fait le voile d’ambiguïté antérieure grâce à l’évidence du motif hongrois célèbre, véritable déclaration d’amour pour la terre natale tant aimée (et perdue) : précisément, en citant l’air connu, populaire : « Hongrie, tu es belle, tu es magnifique » [szép vagy, gyönyörű vagy Magyarország], extraite de la Mariée de Hambourg (1926) de Zsigsmond Vincze (1874-1935). Bartok se libère enfin dans un acte de volupté sonore alors inédite, dans lequel le collectionneur de mélodies et d’airs traditionnels, recycle, avec à propos, l’élégance (et la suavité) de motifs préexistants.

Le Finale fait imploser touts les tensions contenues jusque là, dans une ronde ascendante qui concentre plusieurs danses traditionnelles dont Bartok fait l’expression d’une « affirmation de la vie », radicale et définitive. Mais tout n’est jamais clairement développé et comme Chostakovitch, Bartok aime l’ambivalence ; il glisse constamment entre ultra réalisme (avec pointes cyniques et parodiques) et vertiges oniriques affleurant jusqu’au mystère le plus trouble… L’orchestre, son chef doivent faire vibrer cette grande lyre énigmatique, à la fois éperdue et expressionniste qui porte l’imaginaire et la sensibilité du dernier Bartók. Emporté par la maladie en 1945, le compositeur ne pourra jamais écouter la partition ; le Concerto aux accents fauves, fantasques, étranges, ne sera créé qu’en …1946.

 

CRITIQUE, opéra. PARIS, Auditorium Olivier Messiaen, Opéra Bastille, le 11 mars 2025. HAYDN : L’Isola disabitata, A. Portelli, I. Anthony, C. Frank, L. Wei… Simon Valastro / François Lopez-Ferrer

Josef Haydn est un compositeur qui souffre depuis près de 40 ans du fichu quart d’heure d’oubli qui est souvent imposé par les programmations ou des avis trop hâtifs sur son œuvre. Comparé sans cesse avec Mozart, Haydn souffre de cette évaluation artificielle et vaine qui pèche par simplisme. Les opéras de Haydn n’ont pas l’air aussi flamboyants que ceux de Mozart à première vue. Outre la houppelande du « génie maudit » que Mozart continue à porter malgré lui, Haydn a eu un talent dramatique extraordinaire. On n’a qu’à lire ou entendre ces opéras d’une humanité formidable où le comique est toujours un peu brisé par des blessures. Que ce soit Orlando Paladino, Armida, La fedeltà premiata ou bien d’autres, les opéras de Haydn demeurent une manne encore inexplorée à tort. Ce fut alors une vraie joie de découvrir que l’Académie de l’Opéra national de Paris a programmé L’Isola disabitata

 

L’Isola disabitata a été créée en 1779 à Esterhaza et reprise en 1780. Entre-temps, le manuscrit original, ainsi que beaucoup d’autres œuvres de Haydn ont brûlé dans l’incendie du petit opéra en novembre 1779. Selon Marc Vignal, l’œuvre n’est connue que par une copie. Haydn retravaillera la partition à la fin de sa vie en 1802. Cette partition est un opéra quasiment de chambre, le livret de Metastasio est resserré avec seulement quatre personnages et une unité de lieu et de temps. Si d’autres ont adapté ce même livret avant ou après Haydn, c’est sa version qui propose une vision musicale inventive. L’histoire ressemble à ces romans de sauvetage qu’affectionnait l’époque, une fable Sturm und Drang dans un lieu désolé et sauvage où l’amour fait des siennes malgré des quiproquos. 

La semblable simplicité de l’action ne fait que cacher une intrigue morale ou c’est l’amour conjugal qui l’emporte à la fin. Musicalement chaque personnage est un leitmotiv digne des plus grandes pages de Zauberflöte. Tout cela a donné à Simon Valastro une idée de décor unique qui épouse parfaitement bien l’espace de l’Auditorium Olivier Messiaen. Malgré la présence inopinée et agaçante d’un danseur, cette espèce de mégalithe volcanique échoué tel un navire au milieu de l’espace scénique est assez efficace. Ce décor évoque la désolation de l’île inhabitée. La direction d’acteurs est correcte sans qu’elle soit extraordinaire. Simon Valastro explore plutôt bien ce livret qui aurait pu tomber dans les profondeurs de la mièvrerie. 

Côté solistes, nous retrouvons les jeunes talents de l’Académie de l’Opéra national de Paris qui nous avaient émerveillé dans le Gala Bizet au Palais Garnier. Dans le rôle de Costanza, la mezzo-soprano Amandine Portelli a un timbre riche doublé d’une présence théâtrale manifeste. Cependant, il nous a semblé que les aigus manquaient parfois de brillance. Face à elle le ténor Liang Wei doté d’une très belle voix mais n’ayant pas l’épaisseur théâtrale encore pour le rôle de Gernando. En revanche, Clemens Frank nous réjouit vocalement et histrioniquement en Enrico ! Il est juste parfait pour le rôle et sa tessiture porte des couleurs fantastiques. On n’aurait pas pu rêver mieux que la fabuleuse Silvia d’Isobel Anthony, soprano à la justesse impressionnante et qui nous ravit par la fraîcheur de son incarnation, et ses solides moyens techniques doublés d’un timbre explosant de beautés.

L’Orchestre Ostinato est correct et mené par la direction sensible de François Lopez-Ferrer. Nous aurions souhaité que les obligati du quatuor final aient plus de volume mais nous avons goûté cette belle exploration insulaire avec grand plaisir.

À la fin l’amour ardent aux limbes d’un océan imaginaire nous a porté comme une nef dans le fin fond des questionnements amoureux. Et si le feu qui a consumé pour toujours le manuscrit de Haydn a jailli de ce quatuor passionné qui a fait une éruption constante dans les entrailles de l’Opéra Bastille alors qu’au-dessus la princesse endormie attendait le baiser libérateur du prince de ses rêves.

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Auditorium Olivier Messiaen, Opéra Bastille, le 11 mars 2025. HAYDN : L’Isola disabitata. A. Portelli, I. Anthony, C. Frank, L. Wei… Simon Valastro / François Lopez-Ferrer. Crédit photo © Vincent Lappartient – Studio j’adore ce que vous faites

CRITIQUE, concert. ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE – LILLE, Nouveau siècle, le 16 mars 2025. Un survivant de Varsovie : Schoënberg (Lambert Wilson, récitant), Chostakovitch (Symphonie n°13, « Babi Yar » – Dmitry Belosselskiy, basse), Joshua WEILERSTEIN, direction.

Pour son dernier concert à l’auditorium du Nouveau Siècle, l’ON LILLE / ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE nous offre un programme particulièrement engagé. Il nous fait écouter le son de l’horreur nazie mais aussi le sourd bourdonnement de la peur, suscité par la terreur stalinienne. Les dévoiler pour mieux les dénoncer.

 

 

Le directeur musical de l’Orchestre Lillois, le très impliqué JOSHUA WEILERSTEIN confère à la prestation une remarquable texture, à la mesure de sa réalisation à la fois carthartique et dénonciatrice. L’art dénonce, éveille les consciences, en dévoilant l’innommable et la terrifiante barbarie, enjoint chacun à recouvrer notre humanité fraternelle. Le sens du concert, son exigence éthique, sa justesse sont d’autant plus pertinents au moment où en France l’antisémitisme se multiplie, produisant des affiches nouvelles qui renouvellent la honte et l’ignominie des années 1930 -1940. Du reste le maestro qui fait une courte et liminaire présentation du concert cite non sans justesse, William Faulkner : » Le passé n’est jamais mort. Il n’est même jamais le passé « . Aux hommes actuels, s’impose l’urgence à combattre la répétition des événements criminels inhumains…

De toute évidence, les compositeurs en particulier Chostakovitch pour lequel la terreur stalinienne fut une menace constante, sourde, concrète, l’ont bien compris, mesuré, médité. L’ intérêt de la musique orchestrale atteint son but : dénoncer certes, surtout comme c’est le cas de toute l’œuvre du compositeur russe, exprimer musicalement le sentiment de révolte et de dissimulation ; écrire une partition à double voire à triple lecture. Expressive et esthétiquement cohérente, et dans le même temps, y déposer les éléments d’une résilience à peine voilée. Ceci vaudra d’ailleurs à l’auteur combatif, d’être inquiété par Staline, expert dans l’art de diffuser la terreur et soumettre ainsi un peuple entier par la peur.

 

Comme un préalable mordant et déchirant, Joshua Weilerstein dirige une pièce aussi âpre que courte [8mn] : la cantate opus 26 « un Survivant de Varsovie » qu’Arnold Schoënberg écrit comme un témoignage inestimable dès 1947 ; avant la symphonie de Chostakovitch, le texte s’impose par sa violence et sa terreur, celles d’un juif survivant de la Shoa, qui témoigne ainsi de la violence inimaginable des soldats nazis torturant hommes, enfants, vieillards à coup de crosse pour les acheminer vers l’extermination des chambres à gaz : la voix acérée, puissante de Lambert Wilson incarnant en anglais le témoin martyrisé, hurlant en allemand les ordres des tortionnaires nazi [dont un sergent bien zélé] se révèle bouleversante, au diapason d’une partition tendue, presque inaudible par ses séquences dodécaphoniques, heurtées, syncopées, exacerbées… L’Orchestre déverse alors un torrent de timbres criards, aigres, d’une fugacité mordante, totalement déshumanisés.

 

Puissante, acide, la Symphonie n°13 « Babi Yar  » exprime une compassion fraternelle bouleversante elle aussi ; elle dénonce spécifiquement la barbarie nazie dont ont été victimes en 2 jours, près de 30 000 juifs massacrés à Babi Yar [Ukraine] ; ils seront au total 100 000 ; le fait que le compositeur ait osé évoquer ce crime de la honte en 1962, après la mort de Staline [1953], était encore risqué car comme souvent toutes les instances soviétiques avaient connaissance du massacre barbare, mais de peur que l’on découvre des connivences honteuses, préféraient le taire.

La puissance de la musique et de l’art réparent ainsi l’omission concertée ; la partition devenant même, et le Ravin lieu du martyre où furent jetés les corps, et le mausolée à la gloire des victimes juives.

 

Dmitry Belosselskiy (basse) chante les poèmes terrifiques d’Evtouchenko © Ugo Ponte

 

C’est peu dire que Joshua Weilerstein aborde chacune des 5 parties avec l’acuité et l’urgence que nous lui connaissons désormais. Le directeur musical de L’ON LILLE épouse et commente en contrastes et phrasés affûtés – et comme enivrés, chaque vers du poème central de l’ukrainien Evtouchenko ; chaque vers constellé d’images horrifiques, résonne avec force. Le maestro emporte tout l’Orchestre dans une urgence suractive, dès le climat sourd du début, jusqu’à l’apothéose plus lumineuse de la fin, – jalonnée par les accents du celesta des harpes et du dernier glas, enveloppant tout le cycle d’une couleur sombre et puissante, électrique et glaçante ; comme transcendé par l’horreur des images que le poème très descriptif et narratif multiplie, l’orchestre exprime avec la précision d’un scalpel, les souffrances et les cris impuissants de tous les martyrs ; chaque accent acéré agit comme autant d’aiguillon sur nos consciences en berne.

Le mérite revient au chef d’aborder ce soir, Chostakovitch avec sa symphonie la plus difficile, techniquement, esthétiquement, spirituellement.

Le flux vocal, source de toutes les dénonciations, exhortations, compassion, est superbement tenu par le narrateur chanteur ukrainien Dmitry Belosselskiy. Basse ample et caverneuse, souvent en dialogue ou associée au chœur d’hommes (impeccable Philharmonia Chorus préparé par son chef, Gavin Carr), le soliste réalise une trajectoire à la fois sobre, expressive, pleine de noblesse, exhortant à la fraternité. Le tableau en particulier des femmes russes s’épuisant dans les magasins vides à trouver leur maigre pitance [III. AU MAGASIN], incarné comme une ample et sombre déploration nocturne, est saisissant ; comme s’affirme la gouaille ironique du II. HUMOUR, où le rire grimaçant de Chostakovitch, faisant alterner chœur et basse, est magnifiquement réalisé, délirant, faussement enjoué et d’un provocateur bravache, comme une chanson à boire.

La lave orchestrale se déploie sans limites, sans contraintes pendant 1h de temps, dessinant des gouffres vertigineux, à la mesure du poème évocatoire. Pour son dernier concert au Nouveau Siècle, le National de Lille offre une vision à la fois détaillée, expressive et même incandescente de la partition qui mord comme un acide. Le chef cisèle chaque partie instrumentale, réalisant un magma de couleurs et de timbres comme possédé et enivré ; l’orchestration s’en trouve lumineuse, claire, furieusement incisive : le velours des clarinettes, le chant profond caverneux de la clarinette basse souvent sollicitée, l’ivresse dansante des flûtes, les cris des hautbois, le ruban enivré des cordes aux unissons flamboyants [dans les parodies de danses au V]… témoignent du très haut niveau expressif de la phalange lilloise, capable après une intégrale Mahler qui a compté, d’exprimer les mondes terrifiques de la symphonie « Babi Yar » du sorcier clairvoyant, Chostakovitch. Magistral. Le programme est repris ce soir à La Philharmonie de Paris : incontournable.

 

L’Orchestre National de Lille aux saluts © classiquenews 2025

 

 

 

PROCHAINS CONCERTS AU CASINO BARRIERE … À partir de ce printemps, travaux de réfection oblige, l’Orchestre National de Lille quitte son vaisseau amiral du nouveau Siècle, et donne rv dans d’autres lieux lilloise dont surtout le Théâtre du Casino Barrière, avec dès les 2 et 3 avril prochains, un programme original non moins audacieux associant 3 compositeurs : Chin, Mozart, Rachmaninov. LIRE ici notre présentation du concert de L’ON LILLE / Chin, Mozart, Rachmaninov, au Casino Barrière : https://www.classiquenews.com/orchestre-national-de-lille-chin-mozart-rachmaninov-les-2-et-3-avril-2025-delyana-lazarova-direction/

 

Toutes les photos © Ugo Ponte / ON LILLE Orchestre National de Lille 2025

 

 

 

 

présentation
LIRE aussi notre présentation du concert symphonique Souvenir de Varsovie / Orchestre National de Lille / Joshua Weilerstein (Symphonie Babi yar de Chostakovitch / Un Survivant de Varsovie de Schoenberg : https://www.classiquenews.com/orchestre-national-de-lille-les-16-et-17-mars-2025-un-survivant-de-varsovie-schoenberg-chostakovitch-symphonie-babi-yar-joshua-walerstein-direction/

 

 

BORD DE SCENE après le concert – formidable instant partagé entre les interprètes et le public lillois – Lambert Wilson évoque la forte impression vécue pendant la réalisation de la cantate de Schoenberg – une pièce éclair qu’il a déjà défendue à Lille avec Jean-Claude Casadesus – à ses côtés, Joshua Weilerstein, directeur musical de l’Orchestre National de Lille, pilote impressionnant de cette soirée forte en émotions – photo © classiquenews 2025

CRITIQUE, opéra. VILLEURBANNE, Théâtre National Populaire, le 16 mars 2025. DIANA SOH : « L’avenir nous le dira ». Alice Laloy (mise en scène), Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Louis Gal et Clément Brun (direction)

On ne peut qu’applaudir des deux mains une entreprise qui vise à immerger les enfants dans le monde du théâtre et de l’art lyrique. Voilà une façon de transmettre la passion de l’opéra de génération en génération. C’est ainsi qu’a été réalisé au TNP de Villeurbanne – avec les enfants de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon -, un spectacle intitulé L’Avenir nous le dira – en ouverture du Festival de Printemps de l’Opéra de Lyon. La compositrice Diana Soh, singapourienne d’origine, est passée par l’Ircam. Le sujet de l’opéra est l’interrogation des enfants sur l’avenir face aux dangers qui menacent le monde. Vaste programme !

 

Contrairement à ce genre de spectacle monté avec des bouts de ficelle dans des écoles de musique méritantes, ici les grands moyens du TNP ont été mis à la disposition des enfants en matière de machineries et de décors : une vraie chance pour eux ! L’orchestre n’est pas composé de musiciens mais d’objets sonores fabriqués pour la circonstance – objets tournant, vibrant, frottant, percutant, sifflant, produisant des sons divers… C’est l’apothéose de ce qu’on appelait autrefois la « musique concrète » ! Ces objets de toutes tailles sont répartis du sol au plafond sur des échafaudages. Au milieu de cette usine à gaz sonore, les enfants forment un essaim réjouissant qui vole gaîment d’un endroit à l’autre, escaladant les échafaudages, glissant sur des toboggans, se laissant porter par un tapis roulant, ou apparaissant dans des boîtes en carton dont ils percent les parois en papier avec leurs têtes et leurs bras. Tous leurs mouvements ont été scrupuleusement synchronisés par la metteuse en scène Alice Laloy – dont on ne peut qu’admirer le travail.

Au plan musical, la Maîtrise de l’Opéra de Lyon, dirigé en alternance par Louis Gal et Clément Brun, « réagit » aux propositions sonores de l’orchestre des machines. Cela donne d’intéressants effets rythmiques, répartis dans l’espace, créant des effets de surprise, des agrégations d’onomatopées, jusqu’à ce qu’une jolie berceuse à la fin prenne le dessus sur les sons mécaniques.

Il manque pourtant quelque chose à ce spectacle : l’intelligibilité du texte. C’est le texte qui porte les interrogations philosophiques et existentielles des enfants. Or, on ne le comprend ni lorsqu’ils chantent ni lorsqu’ils parlent au micro. Cela doit pouvoir être amélioré – du moins pour les séquences parlées au micro. Quelques sous-titres auraient été utiles.

Inutile de dire que dans la Salle Roger Planchon du TNP, remplie des parents et amis des enfants artistes, le succès fut garanti ! L’Avenir nous le dira vient rallonger la liste impressionnante des opéras pour enfants qui ont été composés depuis un demi-siècle et dont aucun ne s’est vraiment imposé en chef d’oeuvre. Quelle sera la destinée de celui-ci ? L’avenir nous le dira… et en attendant, le spectacle sera repris les 4 et 6 avril à l’Opéra national de Lorraine !

 

 

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CRITIQUE, opéra. VILLEURBANNE, Théâtre National Populaire, le 16 mars 2025. DIANA SOH : « L’avenir nous le dira ». Alice Laloy (mise en scène), Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Louis Gal et Clément Brun (direction). Crédit photo © Jean-Louis Fernandez

CRITIQUE, concert. PARIS, Salle Gaveau, le 15 mars 2025. 20ème anniversaire des Musiciens de Saint-Julien – Vivaldi, Bach, Telemann – Grande Fête Celtique. Les Musiciens de Saint-Julien, François Lazarevitch (Flûte et direction)

Les Musiciens de Saint-Julien fêtaient hier leurs 20 ans d’existence avec deux événements exceptionnels à la Salle Gaveau. S’il est une qualité que l’on peut associer à François Lazarevitch, c’est bien l’imagination dans la composition des programmes et des univers sonores proposés. Avec son Ensemble, il aime emprunter des chemins de traverse et assume pleinement la liberté de cet éclectisme stylistique. Et ces concerts « anniversaire » n’y font pas exception. L’alternance d’œuvres instrumentales et vocales est superbement agencée pour donner un rythme parfait à cette célébration.

 

 

Le premier concert programmé à 17h a mis l’accent principalement sur le talent protéiforme de trois compositeurs, Bach Vivaldi et Telemann, qui cultivaient la virtuosité et les éclats dramatiques sur le plan musical. Comme toujours, François Lazarevitch mêle à une fine connaissance musicologique une pratique intuitive de la musique ancienne. Il donne ainsi à Vivaldi une étonnante parure dans une adaptation pour musette du « Printemps » et de « La notte ». D’emblée, on admire la rythmique et les attaques précises. L’atmosphère devient plus virtuose encore avec l’emploi de la musette (que François Lazarevitch a nommé affectueusement, en cette soirée, « ma quincaillerie ») qui se mêle parfaitement au timbre vibrant des violons. On apprécie également les splendides couleurs des cordes dans le « Concerto en Ré Majeur » de Telemann, avec ce thème bondissant du premier mouvement, puis du mouvement final, très animé. 

Comme à son habitude, le flûtiste jongle entre le pupitre et plusieurs instruments, et donne ici la pleine mesure de son éclectisme. En homme-orchestre, il galvanise le talent de l’Ensemble et également de la voix qu’il accompagne. A ses côtés, la soprano Elodie Fonnard nous livre, en effet, un délicieux « Rossignols amoureux », extrait d’Hyppolite et Aricie de Rameau. Le timbre de la chanteuse est idéal pour ce répertoire et s’illustre avec brio. La voix est ductile, légère, dans tout son ambitus. Le chant est pur et débarrassé de toute fioriture inutile et nous offre une parenthèse suspendue dans le temps. 

Dans ce concert de fin d’après-midi, Les Musiciens de Saint-Julien revisitent également les pages populaires d’Europe centrale inspirées par les danses de Moravie et des chansons traditionnelles de Slovaquie interprétées ici par la mezzo-soprano Hélène Richaud, également violoncelliste. Autant d’œuvres qui font ainsi écho au disque « Beauté barbare » enregistré il y a deux ans par Les Musiciens de Saint-Julien. L’ensemble et son chef mettent ici leur virtuosité au service de la redécouverte mémorielle d’œuvres traditionnelles faites de partitions retrouvées grâce à la transmission écrite ou orale. Il en est ainsi du Manuscrit Uhr Ovska, et ses suites de danses au rythme entêtant où François Lazarevitch, en tant que soliste, nous livre des moments d’anthologie à la bagpipe. Comme toujours, avec Les Musiciens de Saint-Julien, le « savant » côtoie, sans condescendance, le « populaire » de la plus bouleversante des façons.

Le concert du soir, conçu comme une Grande Fête celtique, nous amène sur les rives de l’Ecosse, de l’Irlande et de l’Angleterre, les Musiciens de Saint Julien suivant les itinéraires déjà empruntés dans leurs albums « For Ever Fortune », « The High Road to Kilkenny », et « The Queen’s Delight ». Sont ici à l’honneur la mandoline, la harpe baroque et en majesté picturale, les flûtes et small pipes de François Lazarevitch. Les Musiciens de Saint-Julien s’amusent de « reels », de gigues, suites et danses à un rythme  enjoué. 

Dans cette farandole de sons et de rythme, François Lazarevitch a convié des voix émouvantes (le ténor  Robert Getchell, le baryton Enea Sorini, la mezzo-soprano Fiona McGown) et aussi un jeune  danseur de claquettes irlandaises, Nic Gareiss. Cette soirée est une fête mais elle est aussi une affaire de musiciens et cela s’entend. Chacun s’écoute et s’observe attentivement sur scène et même hors scène. A cet égard, pour tout comprendre de cette osmose, il fallait capter l’expression de François Lazarevitch dans la pénombre de la scène, le regard rivé sur ses musiciens et l’excellent ténor Robert Getchell interprétant une chanson traditionnelle Irlandaise « Celia Connalon ». Et dans cet accord parfait, le dialogue entre les voix et l’ensemble instrumental est total. Le charme ne s’épuise jamais à l’écoute de ces musiques profondes, alertes ou lentes, vives ou contemplatives.

Nous sommes ici loin des timbres cossus et lisses d’un English Concert ou d’une Academy of Ancient Music, mais l’approche vivifiante de François Lazarevitch et de son Ensemble, aux sons à la fois corsés et rustiques, qui emprunte beaucoup à la danse, emporte l’enthousiasme de l’auditeur au fil des pièces. Telle est l’alchimie entre art populaire et approche érudite de la musique des Musiciens de Saint-Julien. Quel bel anniversaire !

 

 

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CRITIQUE, concert. PARIS, Salle Gaveau, le 15 mars 2025. 20ème anniversaire des Musiciens de Saint-Julien – Vivaldi, Bach, Telemann à 17h – Grande Fête Celtique à 20h30. Les Musiciens de Saint-Julien, François Lazarevitch (Flûte et direction).  Crédit photo © Brigitte Maroillat

CD événement, annonce. GIACOMO PUCCINI : Tosca. Eleonora Buratto, Jonathan Tetelman, Ludovic Tézier, Orchestra e Coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Daniel Harding (2 CD Deutsche Grammophon, oct 2024)

L’Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, dirigé par son directeur musical Daniel Harding, propose cette nouvelle version de Tosca (live d’oct 2024), sommet lyrique de Puccini, créé à Rome en 1900. L’enregistrement marque le premier engagement du ténor vedette de la marque jaune, Jonathan Tetelman dans l’enregistrement d’un opéra intégral, et aussi la prise de fonction de Harding à Santa Cecilia.

 

Si la direction reste efficace, jouant surtout sur l’ampleur des contrastes dramatiques, l’incarnation des 3 protagonistes suscite l’enthousiasme tant leur conception respective, trouve un équilibre superlatif entre théâtre, passion et… nuances. Le Mario de Jonathan Tetelman est idéalement ardent, sobre, intense ; la Tosca d‘Eleonora Buratto emprunte le pas aux grandes tragédiennes lyriques, tempérament de feu, ardeur amoureuse, tendresse éperdu, passion, résilience, prière (« Vissi d’arte » , puissant et habité au II) : les deux amants magnifiques sont éblouissants de justesse émotionnelle ; quant au Scarpia de Ludovic Tézier, il est lui aussi grandiose : démoniaque et humain, dévoré et jaloux, concupiscent et ivre de haine possessive à l’endroit de la cantatrice qui se refuse finalement… Les productions lyriques au disque sont scrutées avec soin tant elles se sont rarefiées. Celle ci est bien l’événement lyrique de ce printemps. Prochaine critique complète le jour de la parution, ce 28 mars 2025. CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025.

 

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GIACOMO PUCCINI : Tosca. Eleonora Buratto · Jonathan Tetelman, Ludovic Tézier
Orchestra e Coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Daniel Harding (direction) –
Parution annoncée le 28 mars 2025 – 2 CD Deutsche Grammophon – enregistré en oct 2024, à ROME, Santa Cecilia Hall. CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025.

 

 

 

PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur DG Deutsche Grammophon : https://www.deutschegrammophon.com/en/catalogue/products/puccini-tosca-jonathan-tetelman-13777

CRITIQUE, opéra. NICE, Théâtre de l’Opéra, le samedi 15 mars (15h). MARTINU : Juliette ou la clé des songes. I. Revolskaya, A. Blake, S. Camps, L. Morvan, M. Ogii… Clarac et Deloeuil – Le Lab / Antony Hermus

L’Opéra de Nice  Côte d’Azur, sous l’impulsion de son directeur Bertrand Rossi, offre une occasion rare de découvrir Juliette ou la Clé des songes, une œuvre trop peu jouée de Bohuslav Martinů (1890-1939). La dernière représentation de cet opéra remonte à 2002 à l’Opéra de Paris, faisant de cette production un événement culturel d’envergure. Loin des classiques comme La Traviata ou Tosca, qui attirent traditionnellement les foules, Juliette plonge le spectateur dans un univers onirique et déroutant, inspiré de la pièce surréaliste de Georges Neveux (1930), adaptée au cinéma par Marcel Carné en 1951.

 

Dès le premier acte, le public est entraîné dans un voyage psychédélique aux côtés de Michel, un relieur parisien en quête de Juliette, une figure insaisissable qui hante ses rêves. Martinů, compositeur tchèque au génie protéiforme, déploie une palette musicale riche et variée : mélanges de parlé-chanté, dialogues d’opéra-comique, rythmes jazzy, et influences éclectiques allant de Satie à Stravinsky. Cette partition, véritable « cadavre exquis musical », oscille entre lyrisme et absurdité, créant une atmosphère à la fois envoûtante et déstabilisante.

Le Lab, duo de metteurs en scène bordelais composé de Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil, s’empare de cette œuvre avec une énergie créative débordante. Leur vision transpose l’action dans un univers visuel foisonnant, mêlant écrans vidéo, miroirs et objets surréalistes à la Magritte (chapeaux mous, poissons rouges, pistolets en plastique). Le dispositif scénique, conçu comme un triptyque, évoque un cabinet de curiosités où chaque élément participe à la construction d’un rêve éveillé. La scénographie, enrichie par des projections vidéo et des jeux de lumière, plonge le spectateur dans un univers fragmenté et mouvant, où le bleu, couleur dominante, évoque à la fois la Méditerranée et l’infini des rêves. Les références à Nice, ville où Martinů a composé une partie de l’opéra, ajoutent une touche locale à cette production, tandis que les slogans surréalistes projetés sur les écrans renforcent l’aspect onirique de l’œuvre.

 

 

Michel, interprété par le ténor américain Aaron Blake, incarne avec brio ce personnage en quête d’absolu, naviguant entre réalité et illusion. Sa performance, tant vocale que scénique, est remarquable, notamment dans les moments de tension lyrique. À ses côtés, la mystérieuse Juliette, campée par la soprano russe Ilona Revolskaya, déploie une voix corsée et sensuelle, parfaitement adaptée à l’ambiguïté du personnage. Leur rencontre au deuxième acte, baignée dans des textures sonores envoûtantes (piano, célesta), atteint des sommets d’émotion et de mystère. L’opéra regorge de personnages secondaires hauts en couleur, interprétés par une distribution talentueuse. Parmi eux, le jeune ténor français Samy Camps se distingue par sa polyvalence, incarnant tour à tour un commissaire, un facteur et un garde forestier avec une énergie communicative, de même que la prometteuse basse française Louis Morvan, dans le triple rôle de L’homme au casque, Le vieux, et Le mendiant aveugle. Le baryton-basse russe Oleg Volkov apporte une présence imposante à ses multiples rôles, tandis que la soprano Elsa Roux Chamoux illumine la scène de sa voix claire et aérienne.

Sous la baguette du chef allemand néerlandais Antony Hermus, l’Orchestre Philharmonique de Nice livre une interprétation magistrale de cette partition complexe et riche en nuances. Les musiciens captent parfaitement l’esprit de Martinů, mêlant influences jazz, classiques et modernes dans un flot sonore à la fois énergique et poétique. Le Chœur de l’Opéra de Nice, en coulisses, ajoute une dimension mystérieuse et orphique à l’ensemble, renforçant l’idée d’une quête impossible.

Cette production de l’Opéra de Nice est donc une réussite totale, offrant une expérience artistique immersive et intellectuellement stimulante. Elle confirme la place de Martinů parmi les grands compositeurs du XXe siècle et rappelle l’importance de redécouvrir des œuvres méconnues. Une véritable épopée onirique pour ceux qui osent plonger dans les profondeurs de l’inconscient !…

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. NICE, Théâtre de l’Opéra, le samedi 15 mars (15h). MARTINU : Juliette ou la clé des songes. I. Revolskaya, A. Blake, S. Camps, L. Morvan, M. Ogii… Clarac et Deloeuil – Le Lab / Antony Hermus. Crédit photo © Dominique Jaussein  

 

VIDEO : Trailer de “Juliette ou la clé des songes” de Martinu selon Clarac et Deloeuil / Le Lab à l’Opéra de Nice

 

CRITIQUE, oratorio. OPÉRA DE RENNES, le 14 mars 2025. Haendel : La Resurezzione, 1708. LE BANQUET CÉLESTE. Paul-Antoine Bénos-Djian, Thomas Hobbs, Céline Scheen, Thomas Dolié…

Pour La Résurrection du jeune Haendel, ils sont un petite vingtaine sur scène accompagnant les 5 solistes ; le Banquet Céleste nous met en appétit dès le début par la cohésion sonore du collectif, le raffinement des couleurs, le souci des nuances, l’écoute réservée aux chanteurs surtout, dont les musiciens portés par l’accord continu, structurant, entre le premier violon et le premier violoncelle ; sans chef désormais mais habités et soudés par une belle énergie d’ensemble, les instrumentistes ne font pas que démontrer la continuité du groupe : …

 

ils expérimentent aussi un nouvelle approche artistique sans le relais du chef; ils s’exposent directement au public dans une franchise qui portent ses fruits ce soir. Un résultat sonore qui est le produit d’une intelligence collective désormais en ordre de marche. Cette soirée est un jalon attendu, et réussi. Malgré les défis d’une telle partition, les interprètes savent en exprimer dans une version chambriste, chaque accent spirituel avec l’élégance et la nervosité dramatique propre à Haendel. Outre la beauté de certains airs, l’œuvre est saisissante par ses fulgurances dramatiques et le raffinement de l’écriture instrumentale. Une sophistication [qui ne sacrifie rien à la souplesse ni au naturel] et qui gagne même, en intensité et précision dans cet effectif allégé.

C’est d’abord devant les portes de l’Averne, l’opposition spectaculaire entre l’Ange de la Résurrection, éblouissant, vainqueur [qui foudroie littéralement / Nardus Williams, droite, efficace] et Lucifer, haineux, jaloux sorti du Cocyte, qui terrifie (Thomas Dolié, habité, expressif)… Confrontation des plus théâtrales, qui grâce au génie dramatique du jeûne Saxon a certainement saisi l’audience à sa création en 1708.

Défi relevé ce soir dans ce portique de sidération, qui ouvre l’oratorio, puis déroule les épisodes d’un véritable opéra sacré ; l’action réalise plusieurs séquences convaincantes qui sont aussi les airs les plus beaux composés par le Saxon.

Ceux de Madeleine, véritable source ardente de compassion et d’espérance [II.  » Per me già di morire… »], grâce à l’engagement progressif et très incarné de Céline Scheen ;
Lui répond la Cleofide [Marie de Cleophas] du saisissant Paul-Antoine Benos-Djian au chant sobre, articulé, profond [ses graves sont somptueux et naturels], idéalement contemplatif, incarnant lui aussi la ferveur du croyant traversé par le mystère de la Résurrection ; on se délecte en particulier de son air en seconde partie  » Augeletti, ruscelletti… » dont les seuls violons à l’unisson synchronisé et ductile, accompagnent ou soulignent dans la même respiration que celle du chanteur, chaque mesure du texte. Un texte au demeurant très évocateur, souvent pastoral, évoquant avant Haydn et sa Création, la Faune miraculeuse, la Nature enchanteresse dont l’orchestre plusieurs fois, exprime l’essence poétique envoûtante qui participe au Mystère. Tout le début de la seconde partie est en cela enivrant, car Haendel y inscrit la Résurrection de Jésus Rédempteur [au 3 e jour après la Crucifixion, soit au Matin de Pâques] dans l’évocation de l’astre solaire se levant, dans une aube printanière, alors gorgée d’espérance [air de Jean : « Ecco il sol ch’esce dal mare »…

Dernier personnage paraissant dans ce drame du Miracle, Jean qui a connu Jésus et dont le témoignage donne un nouvel écho aux épanchements de Madeleine. Il souligne l’avènement du Christ de gloire et enjoint chacun à méditer le mystère de la Résurrection. La tendresse flexible du timbre de Thomas Hobbs réussit la force spirituelle de ses airs, souvent dépouillés [avec pour seul accompagnement, le duo violoncelle / théorbe], d’une épure méditative impressionnante dont évidemment le sublime air « Cosi la tortorella… » [avec la descente souple et grave des cordes] , puis au II :  » Caro Figlio, amato Dio », acte de ferveur intime très subtilement énoncé.

La résidence du Banquet Céleste à l’Opéra de Rennes, s’inscrit dans la continuité de ses réussites précédentes dont entre autres évidemment les Cantates de JS BACH, et précisément l’oratorio de Caldara, La Maddalena ai piedi di Christo, autre fulgurant oratorio baroque qui révèle les grands interprètes… L’aventure continue ; elle se poursuivra la saison prochaine (2025 – 2026), toujours à l’Opéra de Rennes, avec l’oratorio romain qui précède La Resurezzione : Il trionfo del Tempo e del Disinganno (1707).

 

 

 

 

 

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Programme repris dans le cadre d’une tournée : annoncé à TOURCOING, (Théâtre municipal Raymond Devos, le 24 avril 2025 à 20h – Plus d’infos : https://www.atelierlyriquedetourcoing.fr/haendel-la-resurrezione-05-05-25/ )
programme
Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759)
La Rezurrezione HWV 47, oratorio sur un livret de Carlo SIGISMONDO
par ordre d’apparition
Nardus Williams, Angelo
Thomas Dolié, Lucifero
Céline Scheen, Maddalena
Paul-Antoine Bénos-Djian, Cleofe
Thomas Hobbs, San Giovanni
Le Banquet Céleste

 

 

 

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE. CHIN, MOZART, RACHMANINOV, les 2 et 3 avril 2025. Delyana Lazarova, direction

L’Orchestre National de Lille fait bouger les lignes… La cheffe Delyana Lazarova défend un programme pour le moins surprenant voire détonnant. Les instrumentistes lillois devront déployer leur sens de l’écoute chambriste et concertante chez CHIN puis MOZART, avant de ciseler le souffle à la fois épique et éperdu de RACHMANINOV dont la 3e [et dernière] symphonie exprime les dernières recherches

 

 

 » Subito con forza » d’Unsuk Chin est une pièce fulgurante, écrite pour le 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven. Les solistes de l’orchestre, Sébastien Greliak (violon) et Pablo Muñoz Salido [alto], associeront à nouveau leurs timbres complémentaires dans la sublime Symphonie concertante de Mozart, miracle de fusion instrumentale, véritable joyau de conversation musicale. Quant à la Symphonie n°3, écrite durant son exil américain, c’est l’une des oeuvres les plus profondes et intimes, troublantes et séduisantes de Rachmaninov. L’Auditorium du Nouveau Siècle, résidence habituelle de l’Orchestre National de Lille, étant fermé pour travaux, ce concert événement est joué à Lille, au Théâtre du Casino Barrière.

 

 

 

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Concert événement
Mozart, Rachmaninov & Chin
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Orchestre national de Lille : https://onlille.com/choisir-un-concert/categories/mozart-rachmaninov-chin
Théâtre du Casino Barrière
Mercredi 2 avril 2025 – 20h
Tarif : 6€ – 49€
Durée : 1h45 avec entracte

 

 

 

 

Programme

CHIN, Subito con forza

MOZART, Symphonie concertante pour violon et alto

RACHMANINOV, Symphonie n°3

 

Programme repris à

Hem, le Zéphyr
3 avril 2025 – 20h


 

CRITIQUE, concert. INSULA ORCHESTRA, le 13 mars 2025 (La Seine Musicale). Emilie MAYER, Franz SCHUBERT. Insula Orchestra, David Fray (piano), Laurence Équilbey (direction)

Probablement composée dès 1825 (et non 1828 comme il est dit souvent), la 9è symphonie de Schubert est l’une des plus monumentales de l’histoire symphonique ; un massif d’autant plus impressionnant et même inattendu de la part d’un compositeur qui s’est taillé a contrario, une solide (et légitime) réputation comme génie de la musique de chambre, du piano intime et secret, du lied méditatif…

 

 

Pour fêter leurs déjà 10 années d’une aventure artistique marquante, Insula Orchestra et Laurence Equilbey, ont choisi la partition la plus spectaculaire de Franz l’intime : sa 9ème Symphonie dite « la grande ». D’emblée ce qui saisit immédiatement, c’est la texture à la fois soyeuse et aérienne des cordes dont l’articulation caractérisée et flexible, l’activité élégantissime, produisent un tapis idéal, bondissant, d’une finesse exceptionnelle, … immédiatement entraînante pour l’ample portique du premier Andante – Allegretto ma non troppo ; mordante et flexible dans la signature rythmique du Scherzo, à l’impérieuse urgence.
Les bois sont tout autant expressifs et ciselés ; en particulier les hautbois, bassons, clarinettes… Même le formidable Andante con moto partage avec les autres séquences, une ampleur de format, un souffle épique qui dépasse très vite les motifs pastoraux, plus apaisés et sereins. Dans le dernier mouvement (Allegro vivace), Laurence Equilbey soigne et la flexibilité des transitions, et l’opulence du son qui n’est jamais épais ni dense ; la cheffe en renforce la détermination et l’entrain proprement beethovéniens, dévoilant un Schubert grand architecte des continents orchestraux ; la transparence et la clarté polyphonique nourrissent ici toute la progression à travers une somptueuse instabilité harmonique dont cheffe et instrumentistes éclairent, stimulent la vivacité et l’urgence même. Grâce à la netteté du dessin instrumental, se détache mieux qu’ailleurs, la petite phrase qui cite le début de l’Ode à la joie du modèle absolu pour Schubert, Beethoven l’indépassable (ainsi dans sa 9è, Schubert fait référence à la 9è de son prédécesseur et maître…). C’est pourtant dans une énergie décuplée, conquérante et nerveuse que l’orchestre exalte la texture orchestrale schubertienne ; une apothéose sonore qui saisit par cet équilibre constant entre la richesse texturée, la lisibilité du plan architectural, la finesse des nuances expressives. En 10 ans, Insula Orchestra s’est forgé une identité orchestrale forte, indéniablement convaincante. Preuve en est encore donnée ce soir.

Selon une formule déjà étrennée l’an dernier et qui associait les deux compositeurs (1), Emilie Mayer, compositrice enfin révélée grâce à Insula Orchestra, dite aussi la « Beethoven au féminin », ouvrait avant Schubert, le programme avec son unique Concerto pour piano ; invité prestigieux (et complice de l’orchestre), le pianiste David Fray, élégant et décontracté assurait la partie du clavier, fusionnant virtuosité brillante et douceur voire gravité mozartienne. Le soliste maîtrise la mécanique subtile du piano historique requis pour le concert ; son format sonore engage d’emblée l’orchestre aux équilibres plus ténus, et l’interprète, à soigner davantage l’articulation et la clarté, vu la fragilité de la mécanique ; laquelle d’ailleurs montre ses limites puisque la pédale se déglingue au cours du dernier mouvement. Pas démonté pour autant, David Fray enchaîne après le Concerto (et des applaudissements nourris), un bis : le sublime allegro, à la fois nostalgique et d’une douceur solaire, d’une Sonate de Schubert, comme un prélude à la symphonique spectaculaire qui va suivre (après l’entracte). Exploitant toutes les ressources de son instrument, le pianiste fait émerger un chant puissant et viscéral, d’une intimité bouleversante, un flux d’une douceur jaillissante, entre tendresse et extrême pudeur (malgré le problème de pédale).

Par ses écarts vertigineux (et magnifiquement maîtrisés) entre le concertant habité mozartien, d’Emilie Mayer ; le spectaculaire impérieux et si articulé de Franz Schubert, le concert anniversaire a comblé nos attentes. Souhaitons au collectif et sa cheffe pro active, une nouvelle décennie d’excellence, d’audace, d’engagements aussi convaincants. Laurence Équilbey multiplie les projets en inscrivant aussi le travail d’Insula Orchestra au cœur des arts visuels : vidéo, cinéma, manga, séries thématiques… La pédagogie et la transmission au sein de cette école de l’excellence, complètent désormais cette constellation exemplaire : cette année, un nouveau chantier a vu le jour, Insula Camerata, nouvelle pépinière de jeunes musiciens dont le premier concert sera révélé à l’automne prochain. A suivre.

 

 

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CRITIQUE, concert. INSULA ORCHESTRA, le 13 mars 2025 (La Seine Musicale). Emilie MAYER, Franz SCHUBERT. Insula Orchestra, David Fray (piano), Laurence Équilbey (direction)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

critique du précédent concert

Lire aussi notre critique du concert Symphonie n°1 d’Emilie Mayer et Symphonie n°4 de Franz Schubert, février 2024 : https://www.classiquenews.com/critique-concert-boulogne-seine-musicale-le-27-fevrier-2024-emilie-mayer-symphonie-n1-insularites-orchestra-laurence-equilbey-direction/

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CRITIQUE, concert. BOULOGNE-BILLANCOURT, La Seine Musicale, le 27 février 2024. EMILIE MAYER : Symphonie n°1 / SCHUBERT : Symphonie n°4 « Tragique ». Insula Orchestra / Laurence Equilbey (direction).

 

CRITIQUE, danse. GENÈVE, Bâtiments des Forces Motrices, le 14 mars 2025. Sasha WALTZ : Beethoven 7. Ballet Sasha Waltz & Guests.

Sasha Waltz, chorégraphe allemande aux multiples facettes, présente au Bâtiment des Forces Motrices de Genève une création qui résonne profondément avec les tumultes de notre époque. Inspirée par la Septième Symphonie de Beethoven et enrichie par les compositions électroniques de Diego Noguera, cette œuvre chorégraphique explore les thèmes de la désillusion, de la résistance et de la quête de liberté.

 

Le spectacle s’ouvre dans une atmosphère apocalyptique. Un nuage opaque envahit l’espace, évoquant une catastrophe nucléaire ou un monde en ruine. Des silhouettes émergent de cette brume, masquées et ankylosées, comme des survivants d’un désastre. Leur mouvements, saccadés et chaotiques, sont portés par les rythmes puissants et déstructurés de Diego Noguera. Les danseurs, tels des fantômes ou des êtres hybrides, semblent traverser un paysage dévasté, oscillant entre désespoir et résilience.

Puis, la musique de Beethoven prend le relais, apportant une dimension lyrique et introspective. La chorégraphie de Sasha Waltz épouse parfaitement les nuances de la symphonie, traduisant en mouvements fluides et expressifs les émotions contrastées qui traversent l’œuvre. Les danseurs, pieds nus, glissent sur scène avec une grâce presque surnaturelle, leurs gestes reflétant tour à tour la mélancolie, la révolte et l’espoir. Le célèbre Allegretto, avec son rythme lancinant et poignant, devient un moment de grâce collective, où les corps semblent se fondre dans la musique pour transcender la douleur.

 

 

Sasha Waltz ne se contente pas de danser sur Beethoven ; elle dialogue avec lui, interrogeant les idéaux brisés du compositeur et les confrontant aux défis contemporains. La juxtaposition de la symphonie classique et des sonorités électroniques de Noguera crée un contraste saisissant, soulignant la tension entre tradition et modernité, ordre et chaos.

Le spectacle culmine dans une scène où les danseurs, vêtus de robes légères, semblent incarner une renaissance. Leur énergie, d’abord contenue, éclate en une danse libératrice, symbolisant peut-être la possibilité de surmonter les épreuves. Un danseur afro-européen, en marcel blanc, émerge comme une figure rassembleuse, guidant les autres vers une forme de rédemption collective.

Avec Beethoven 7, Sasha Waltz confirme son statut de l’une des chorégraphes les plus visionnaires de notre temps. Son travail, à la fois rigoureux et émouvant, transcende les frontières entre danse, musique et théâtre, offrant une expérience artistique qui touche à l’universel. Ce spectacle, présenté à Genève jusqu’au 16 mars, est une invitation à réfléchir sur notre humanité, nos luttes et notre capacité à trouver la lumière dans l’obscurité.

 

 

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CRITIQUE, danse. GENÈVE, Bâtiments des Forces Motrices, le 14 mars 2025. Sasha WALTZ : Beethoven 7. Ballet Sasha Waltz & Guests. Crédit photographique © Sebastian Bolesch