mercredi 2 juillet 2025
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CHÂTEAU DE VERSAILLES. Temps forts de juin et juillet 2025. BACH / Gardiner (10 et 11 juin), JUNIOR BALLET DE L’OPÉRA DE PARIS (12,13,14 juin), La Morte d’Orfeo / Les Épopées (18 juin),…

L’Opéra Royal et plusieurs autres lieux du Château de Versailles (Salon d’Hercule, Salle des Croisades, Chapelle Royale… et même le petit théâtre de la Reine au Trianon) proposent de nombreux concerts et spectacles prometteurs en juin puis juillet 2025. Tous les genres sont représentés : musique sacrée à la Chapelle Royale, opéra, musique instrumentale, divertissement, « Carnaval baroque », … outre les ensembles invités (Les fabuleux Épopées emmenés, électrisés par Stéphane Fuget, Le Poème Harmonique, Les Talens Lyriques,…), Château de Versailles Spectacle affiche surtout ses propres équipes artistiques dont entre autres, son pétillant et vivifiant Orchestre de l’Opéra Royal

 

 

 

En voici les temps forts : au total 7 événements en juin, 2 en juillet prochains : Bach par Gardiner, les opéras baroques spectaculaires (et non moins psychologiques) tels Proserpine de Lully, La Morte d’Orfeo de Landi ; les vertiges purement orchestraux de Vivaldi et Guido, les élans ciselés du prodige préromantique, Jadin mis en perspective avec son ainé Mozart,… sans omettre un début d’été volontiers VIVALDIEN, avec 2 programmes non des moindres dans entre autres sites magiciens, l’écrin réservé, méconnu et très confidentiel du Petit Théâtre de la Reine (5 et 6 juillet – cf photo ci contre), scène édifiée pour Marie-Antoinette en son domaine de Trianon, pour les représentations de sa troupe aristocratique :…

 

 

 

 

7 spectacles événements de juin 2025

 

 

10 et 11 juin 2025
Chapelle Royale
Cantates de JS BACH par John Eliot Gardiner
John Eliot Gardiner poursuit une profonde et pertinente interrogation de la musique sacrée de Jean-Sébastien Bach ; il en réalise une somptueuse et très fraternelle immersion dans les cantates, avec un parti pris identique à celui qu’il avait pris lors de son intégrale donnée à l’occasion du 250e anniversaire de la mort du compositeur : le maestro suit le calendrier liturgique plutôt que l’ordre chronologique.
10 juin, 20h : Cantates pour le Dimanche « Jubilate »
11 juin, 20h : Cantates pour le 16è Dimanche
Après le dimanche de la Trinité
Réservez vos places : https://www.operaroyal-versailles.fr/

 

 

 

Les 12, 13, 14 juin 2025
Opéra Royal
JUNIOR BALLET de l’Opéra National de Paris
En 1713, Louis XIV créait l’École de Danse de l’Académie Royale de musique : la chorégraphie était si importante dans les spectacles de la cour comme de la ville qu’il fallait bien une institution pour en porter formation et transmission. Trois siècles plus tard, le Ballet de l’Opéra national de Paris crée son Junior Ballet, qui fait sa première halte à l’Opéra Royal du château de Versailles. Composé de 18 danseurs recrutés sur concours international pour leur donner toutes les armes qui permettront le développement de leur talent, le Junior Ballet naît en 2024. Et à l’aune de l’extraordinaire réputation du Ballet de l’Opéra national de Paris, il promet des surprises, des découvertes, des talents exceptionnels voire mémorables… Au programme : ballets de Béjart, Balanchine, López Ochoa, Martinez…
Réservez vos places : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/junior-ballet-de-lopera-de-paris/

 

 

15 juin 2025
Opéra Royal
LULLY : Proserpine (1680)
Créée avec succès en 1680 à la Cour de Saint-Germain-en-Laye, Proserpine marque le retour du duo Quinault et Lully, (interdit après leur scandaleuse Isis de 1677). D’après les Métamorphoses d’Ovide, le livret de la tragédie lyrique en cinq actes se concentre sur Cérès, mère dévastée de Proserpine, laquelle a été enlevée par Pluton, dieu des enfers, qui souhaite l’épouser. La création de l’œuvre coïncide avec l’annonce du mariage entre Marie-Anne de Bavière et le Grand Dauphin, unique fils légitime de Louis XIV : Proserpine qui doit épouser un homme qu’elle n’a pas choisi, afin de devenir la reine des Enfers où elle trouvera finalement l’amour, évoque la future Dauphine de France. Quand Cérès, délaissée par Jupiter, rappelle la Marquise de Montespan, alors négligée par Louis XIV pour Madame de Ludres. Avec dans les rôles de la mère et de sa fille : Véronique Gens (Cérès), Marie Lys (Proserpine), Jean-Sébastien BouChœur de chambre de Namur, Les Talens Lyriques (Christophe Rousset, direction)
Réservez vos places : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/lully-proserpine/

 

 

18 juin 2025
LANDI : La morte d’Orfeo
Salon d’Hercule, 21h
Stéphane Fuget et ses formidables Épopées, poursuivent l’exploration des premiers opéras italiens. Dans la continuité de l’Orfeo de Monteverdi, 1607 qu’il sont joué et enregistré), La Morte d’Orfeo (1619) de Stefano Landi met en musique le retour du héros après son échec à ramener Euridice sur terre. Tout à sa douleur, Orfeo renonce aux joies terrestres. Dionysos s’en offusque, et le livre à la furie des Bacchantes : il meurt déchiqueté sous leurs coups. Sculptant le verbe autant que les nuances instrumentales, Stéphane Fuget prodigue vertiges et sentiments au service d’une dynamique émotionnelle, puissante et contrastées, à la manière des clairs-obscurs du peinture Caravage… Avec Juan Sancho, Hasnaa Bennani, Paul Figuier… Concert enregistré pour un prochain cd paraître au label Château de Versailles Spectacles.
Découvrir la boutique cd et dvd de Château de Versailles Spectacles : https://www.operaroyal-versailles.fr/articles/label-discographique-boutique-en-ligne/?swcfpc=1
Réservez vos places : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/landi-la-morte-dorfeo/
LIRE aussi notre présentation de la production de La Morte d’Orfeo de Stefano Landi par Les Épopées et Stéphane Fuget : https://www.classiquenews.com/les-epopees-chateau-de-versailles-salon-dhercule-mercredi-18-juin-2025-landi-la-morte-dorfeo-juan-sancho-hasnaa-bennani-les-epopees-stephane-fuget-direction/

 

 

Les 19, 20, 21 juin 2025
Le CARNAVAL BAROQUE
Production phare du Poème Harmonique… au carrefour de la musique baroque et des arts du cirque, ce Carnaval raconte une journée de fête à Rome. D’un festin pittoresque à un théâtre de rue en passant par une chasse à l’homme le long des ruelles, chanteurs et acrobates nous enchantent au fil des danses et des chansons populaires. LIRE aussi notre critique du spectacle Le CARNAVAL BAROQUE (Opéra de Rennes, déc 2024) : https://www.classiquenews.com/critique-opera-rennes-opera-le-2-janvier-2024-le-carnaval-le-poeme-harmonique-vincent-dumestre/
Infos & réservations : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/le-carnaval-baroque/

 

Le 23 juin 2025
Grande salle des Croisades
MOZART / JADIN : Concertos pour pianoforte
Les génies meurent souvent trop jeunes : si l’autrichien Mozart (1756-1791) décède à 35 ans, quasiment au même âge que Marie-Antoinette (1755-1793), le versaillais Hyacinthe Jadin (1776-1800) disparait lui à 24 ans, vaincu par la tuberculose. Virtuose du piano et compositeur inspiré pour son instrument, il laisse de nombreuses sonates et trois concertos, fugaces témoignages de son immense talent à peine éclos, et d’un magnifique préromantisme. Le voici confronté aux œuvres de son aîné Mozart, unis dans la précocité des œuvres comme de leur disparition. Orchestre de l’Opéra Royal, Justin Taylor (pianoforte et direction).
Réservez vos places : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/mozart-jadin-concertos-pour-pianoforte/
Concert enregistré pour un prochain cd paraître au label Château de Versailles Spectacles.
Découvrir la boutique cd et dvd de Château de Versailles Spectacles : https://www.operaroyal-versailles.fr/articles/label-discographique-boutique-en-ligne/?swcfpc=1

 

 

Le 30 juin 2025
Salon d’Hercule
JS BACH : Concertos pour 1,2,3 violon(s)
Pour ce concert exceptionnel autour des fameux concertos pour violons de Bach, le violoniste Théotime Langlois de Swarte, dirige l’Orchestre de l’Opéra Royal. Il est par ailleurs le premier violoniste baroque à avoir été nommé aux Victoires de la Musique Classique (2020), récompensant ainsi son travail avec plusieurs ensembles baroques, tels que Les Arts Florissants. Au programme : Concertos pour un, deux et trois violons de Bach, chefs-d’œuvre du genre et du baroque tardif qui, alliant virtuosité et chant expressif, rendent hommage au compositeur allemand. Âgé de trente-deux ans, Bach est le maître de musique de la Cour de Köthen, qu’il fait briller de la plus splendide musique instrumentale. Disposant d’un orchestre aux solistes virtuoses, il compose ses concertos de violon(s) pour éblouir le Prince qu’il sert … Réservez vos places : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/bach-concertos-pour-1-2-3-violons/

 

 

 

 

JUILLET 2025

UN ÉTÉ VIVALDIEN…. La Sérénissima à Versailles… 2 productions sont à l’affiche, dans 2 sites parmi les plus enchanteurs du Château de Versailles, le Petit théâtre de la Reine (miraculeusement préservé pendant la Révolution) et évidemment l’Opéra Royal et ses ors néo classiques…

 

Les 5 et 6 juillet 2025
Petit Théâtre de la Reine
VIVALDI : LA SENNA FESTEGGIANTE
Les œuvres de Vivaldi illustrent les rapports très riches entre Venise et Versailles, qui se matérialisent par le dessin du Grand Canal, de la flottille de la Petite Venise jusqu’aux miroirs de la Galerie des Glaces. Ses fameuses Quatre Saisons furent beaucoup jouées à Paris et son œuvre La Senna festeggiante fut conçue pour célébrer Louis XV. Cette commande de l’ambassadeur de France à Venise honorait le mariage du roi Louis XV avec Marie Leszczynska en 1725. Le jeune roi avait quinze ans, son épouse vingt-deux. Cette grande Sérénade en deux parties, au format d’un petit opéra, réuni la Vertu et l’Âge d’Or sur les rives de la Seine en fête. La gloire du roi de France en est allégoriquement magnifiée par une musique colorée, vivante, somptueuse et virtuose. Avec entre autres, la soprano éblouissante Franciana Nogues (l’Âge d’or), Orchestre de l’Opéra Royal (Gaétan Jarry, direction)
Réservez vos places : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/vivaldi-la-senna-festeggiante/

 

Les 12 et 14 juillet 2025
Opéra Royal
VIVALDI / GUIDO : Les Quatre Saisons
Orchestre de l’Opéra Royal (Stefan Plewniak, direction)
Si Guido reste un musicien mystérieux, c’est par manque d’archives. Né vers 1675, il est répertorié dans l’effectif des étudiants en violon du Conservatorio della Pietà dei Turchini, à Naples, puis dans celui des musiciens de La Chapelle Royale, jusqu’en 1702. C’est alors qu’il part pour Paris et entre au service du duc Philippe d’Orléans, futur Régent de France et grand mélomane, dont il deviendra Maître de la Musique. Il côtoie ainsi Morin, Gervais, Forqueray, et contribue à faire connaître la musique italienne en France. Il entre également dans le cercle du financier Pierre Crozat, chez lequel il donne des concerts entre 1714 et 1726, y rejoignant notamment Watteau ou le banquier Law. Dans ce programme très habilement conçu qui alterne pièces de Vivaldi et de Guido, les instrumentistes de l’Opéra Royal de Versailles dévoile le tempérament suractif, surexpressif de Guido, qui aurait inspiré à Vivaldi, ses propres saisons. Révélation spectaculaire (la musique de ce programme orchestral est aussi la partition du ballet Les saisons de Thierry Malandain qui a construit sa chorégraphie pour l’Opéra Royal)… LIRE aussi notre critique des Saisons, nouveau ballet de Thierry Malandain, création à l’Opéra Royal de Versailles (déc 2023) : https://www.classiquenews.com/critique-danse-versailles-opera-royal-le-15-decembre-2023-thierry-malandain-les-saisons-musiques-vivaldi-guido-orchestre-de-lopera-royal-de-versailles-stefan-plewniak-directio/
Réservez vos places : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/vivaldi-guido-les-quatre-saisons/

Programme : Antonio Vivaldi (1678-1741) : Primavera : Allegro – Largo – Allegro. Giovanni Guido (1675-1729) : Le Printemps : Le temps vole – Chaque saison s’enfuit – Les ruisseaux – Muzete – Danse des Bergers… L’Este : L’air s’enflamme – Zéphire desparoit – Chant des Coucous – Vole à notre secours O ! Cérès adorable – Un violent orage…

 

 

TOUTES LES INFOS sur le site de Château de Versailles Spectacles :
https://www.operaroyal-versailles.fr/

Infos & réservations :
https://www.operaroyal-versailles.fr/event/junior-ballet-de-lopera-de-paris/

 

L’Opéra royal de Versailles  © Olivier Houeix / Château de Versailles Spectacles
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CLERMONT AUVERGNE OPÉRA, sam 14 juin 2025. Graines d’Opéra : Un poirier m’a dit (conte musical à partir de 7 ans). Jean-Claude Touzeil, Michèle Bernard…

CLERMONT AUVERGNE OPÉRA sensibilise les plus jeunes et leurs familles au miracle naturel en proposant un spectacle poétique (et gratuit) qui souligne les vertus et la magie qui paraissent quand l’homme retrouve sa relations harmonieuse avec la Nature… La vie d’un POIRIER n’est pas de tout repos ! Il s’en passe des choses dans ce petit coin de Normandie ! Ici, pas de super héros ni de princesse, mais un vieux poirier malicieux, sa voisine poétesse et quelques enfants en vacances !

 

Inspirée d’un recueil de poèmes (de Jean-Claude Touzeil), l’histoire nous reconnecte à l’essentiel : à travers une collection de 15 chansons (dites du poirier), le spectacle évoque entre autres, un vieux poirier capable encore de fleurir et de produire des poires en or… ,
il nous rappelle joyeusement à toutes les choses importantes de la vie ; le goût de la nature, la solidarité, l’échange et le partage fraternel ; la poésie cachée sous chaque feuille…

 

 

 

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Graines d’Opéra : Un poirier m’a dit
CLERMONT-FERRAND, Opéra-Théâtre
samedi 14 juin 2025, 15h
Conte musical à partir de 7 ans
entrée libre – 50 mn
https://clermont-auvergne-opera.com/evenement/graines-dopera-un-poirier-ma-dit/
Conte musical à partir de 7 ans
Musique : Michèle Bernard / Arrangements : Jean-Luc Michel
D’après Poirier Proche, recueil de poésie de Jean-Claude Touzeil
Textes : Michèle Bernard, Jean-Claude Touzeil et Paul Lefèvre-Géraldy
Intervenante musique : Camille Achard
Pianiste : Aurélie Casalegno
Mise en scène : Jennifer Sainty
Avec la classe de CM1/CM2 de M. Couegnas de l’école Victor Hugo (Quartier La Fontaine-du-Bac – Clermont-Fd)

 

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Opéra-Théâtre
50 mn. environ
Entrée libre
Dans le cadre de Lyrique en quartier(s), Clermont Auvergne Opéra offre chaque saison aux jeunes des quartiers prioritaires, la possibilité d’une pratique artistique exercée en temps scolaire, dans un cadre professionnel, par la création d’un spectacle lyrique original.
La diffusion de ce répertoire fait l’objet d’un partenariat avec le Centre de Création Vocale et Scénique et bénéficie du soutien de l’Académie musicale de Villecroze, en partenariat avec l’Education Nationale et le Réseau Canopé.

 

 

ORCHESTRE NATIONAL AUVERGNE RHÔNE-ALPES. Ven 6 juin 2025 : Romantisme et swing ! RODRIGO, MILHAUD… Raphaël Feuillâtre (guitare) / Alpesh Chauhan (direction)

Pour ce concert haut enc ouleurs et en rythmes, l’Orchestre National Auvergne Rhône-Alpes est dirigé par le chef Alpesh Chauhan… Au total et à partir de 1933, environ 1 500 musiciens fuient l’Europe et émigrent aux États-Unis, tels Bartók, Milhaud et aussi Stravinski dont le « Dumbarton Oaks Concerto » (1938), commande de riches mécènes américains (les époux Bliss pour les 30 ans de leur mariage lors d’une fête dans leur propriété de Dumbarton Oaks), y est créé sous la direction de Nadia Boulanger. Il s’agit d’un authentique Concerto Grosso que Stravinsky conçoit d’après les Brandebourgeois de JS Bach. Le génie stravinskien s’y dévoile sans limites dans une indiscutable légèreté virtuose.

 

 

 

Le concerto d’Aranjuez de Rodrigo écrit à Paris alors que l’Espagne s’entredéchire pendant la Guerre Civile (1939) est le premier de ses 5 Concertos pour guitare. On y relève l’influence des maîtres anciens Domenico Scarlatti, Padre Soler. Le titre renvoie au jardins (enchanteurs) du palais royal d’Aranjuez, édifié pour Felipe II. C’est une partition panthéiste, un hymne au miracle de la nature où s’expriment directement les merveilles du jardin célébré : chant des oiseaux, ruissellement des fontaines multiples, jusqu’au parfum des magnolias en fleurs… un Eden terrestre en temps de guerre. Au temps de la barbarie, le compositeur affirme a contrario le miracle atemporel et éblouissant des fleurs et des oiseaux… Le second mouvement (Adagio où dialoguent la guitare avec les bois et les cuivres : cor anglais, basson, hautbois, cor d’harmonie…), le plus introspectif, entre sérénité et tristesse pudique n’est pas inspiré des victimes du bombardement de Guernica survenu en 1937 (comme on le dit très souvent), mais de la lune de miel du compositeur avec sa femme Victoria.

Alors que Joaquín Rodrigo et Igor Stravinsky se réfèrent aux temps anciens et développent en l’assumant une écriture néo-classique, fantaisie, cocasseries, musiques populaires s’invitent chez les Français au début du XXe siècle : Jacques Ibert illustre une comédie de Labiche « parsemée de coq-à-l’âne où cohabitent cirque et ballet », tandis que Darius Milhaud, carioca dans l’âme et capteur sans pareil des rythmes et vibrations de timbres, livre ses impressions du Carnaval de Rio ; il réunit dans « Bœuf sur le toit », au charme dadaïste délirant, rumbas, fados et tangos, à partir d’un un argument de Jean Cocteau, avec les décors réalisés du peintre coloré, transparent Raoul Dufy.

 

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Romantisme et Swing !
CLERMONT-FERRAND, Opéra-Théâtre
Vendredi 6 juin 2025, 19h30

RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Orchestre National d’Auvergne-Rhône-Alpes : https://onauvergne.com/events/romantisme-et-swing/

 

Durée : 1h40 entracte compris

 

 

Programme

Jacques IBERT
Divertissement

Edward ELGAR
Chanson de nuit et de matin Opus 15

Joaquín RODRIGO
Concerto d’Aranjuez pour guitare et orchestre
Raphaël Feuillâtre, guitare

Igor STRAVINSKY
Dumbarton Oaks

Darius MILHAUD
Le boeuf sur le toit Opus 58

Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes
Alpesh Chauhan, direction

 

 

A 18h30 : INVITATION À L’ÉCOUTE
Avant-concert à 18h30 – Opéra-Théâtre – Entrée libre
Joaquín Rodrigo Concerto d’Aranjuez pour guitare et orchestre
Comprendre l’œuvre, le contexte de sa composition, les choix d’interprétation, permet de vivre des sensations plus subtiles le soir du concert. Cette mini conférence sera présentée en direct en avant-concert à 18h30 par Benjamin Lassauzet, Docteur en musicologie, professeur agrégé en musique à l’Université Clermont Auvergne.

 

Réservations :
Téléphone 04 73 14 47 47
Email : [email protected]
Site Web : https://onauvergne.com/

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TOULOUSE, Théâtre du Capitole. CILEA : Adriana Lecouvreur (nouvelle production), du 20 au 29 juin 2025. Lianna Haroutounian, Judit Kutasi, José Cura… Ivan Stefanutti (mise en scène) /

Dans le Paris du XVIIIe siècle, une célèbre tragédienne (Adrienne) s’éprend d’un bel officier (Maurice), mais elle aura tout à craindre d’une terrible rivale (la princesse de Bouillon). Pour ce chef-d’œuvre du vérisme italien, le Théâtre du Capitole propose une somptueuse mise en scène d’Ivan Stefanutti sous la direction de Giampaolo Bisanti. Christophe Gristi, directeur du Théâtre National du Capitole de Toulouse, a réuni une distribution cinq étoiles !

 

La lumineuse soprano arménienne Lianna Haroutounian, qui triomphe dans Verdi et Puccini dans le monde entier est Adrienne ; l’incandescente mezzo roumano-hongroise Judit Kutasi (inoubliable Laura de notre Gioconda en 2021) incarne la redoutable Princesse de Bouillon) ; tandis que le légendaire ténor argentin José Cura chante le rôle du séduisant et virile Maurice, l’homme désiré par les deux femmes… ; sans omettre deux grandissimi représentants de l’école du chant italien : Nicola Alaimo et Roberto Scandiuzzi
Photo : Adrienne Lecouvreur, mise en scène Ivan Stefanutti © Alessia Santambrogio

 

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Francesco Cilea (1866-1950) : Adrienne Lecouvreur, 1902
5 représentations
vendredi 20 juin 2025 : 20:00 – 22:40
dimanche 22 juin 2025 : 15:00 – 17:40
mardi 24 juin 2025 : 20:00 – 22:40
jeudi 26 juin 2025 : 20:00 – 22:40
dimanche 29 juin 2025 : 15:00 – 17:40
Adrienne Lecouvreur, mise en scène Ivan Stefanutti © Alessia Santambrogio

RÉSERVEZ vos places directement sur le site du Théâtre National du Captiole de Toulouse / Opéra de Toulouse : https://opera.toulouse.fr/adrienne-lecouvreur/

 

 

Opéra en quatre actes
Livret d’Arturo Colautti d’après Eugène Scribe et Ernest Legouvé
Créé le 6 novembre 1902 au Teatro Lirico de Milan

 

distribution

Adriana Lecouvreur : Lianna Haroutounian
Maurizio : José Cura
Michonnet : Nicola Alaimo
La Princesse de Bouillon : Judit Kutasi
Le Prince de Bouillon : Roberto Scandiuzzi
L’Abbé de Chazeuil : Pierre Derhet
Mademoiselle Jouvenot : Cristina Giannelli
Mademoiselle Dangeville : Marie-Ange Todorovitch
Poisson : Damien Bigourdan
Quinault : Yuri Kissin
Majordome : Hun Kim

Danseurs et danseuses du Ballet de l’Opéra national du Capitole :  Juliette Itou, Louna Jusic, Charley Austin, Justine Scarabello*, Georgina Giovanonni*, Mathéo Bourreau*

Orchestre national du Capitole
Chœur de l’Opéra national du Capitole

 

Le Capitole s’intéresse ainsi à l’ouvrage vériste signé Cilea, subtile mise en abîme sur les planches lyriques, de l’action théâtrale à travers un épisode de la vie amoureuse de l’actrice de la Comédie Française, Adrienne Lecouvreur, vedette tragique et pathétique dans Bajazet et surtout dans Phèdre. Cilea laisse une partition où l’esprit du théâtre parlé et déclamé est présent tout au long de l’action…
Mort d’une tragédienne …
Aveuglée par un amour passionné qui l’empêche de comprendre les vrais sentiments de son amant (le prince Maurice de Saxe), Adrienne se perd dans la toile que jette sur son chemin sa fausse rivale la Princesse de Bouillon. Dans la dernière scène, d’essence théâtrale et tragique, Adrienne en tragédienne inspirée, expire empoisonnée comme les grandes héroïnes qu’elle aima incarner sur la scène.
En 4 actes, l’opéra d’après Scribe et Legouvré, est créé au Teatro Lirico de Milan, le 6 novembre 1902. La pièce de Scribe, succès et modèle des mélodrames du Boulevard, Adrienne Lecouvreur de 1850 offre à Cilea l’opportunité de développer une page orchestrale d’un souffle néobaroque, comme plus tard Richard Strauss dans son « Chevalier à la rose ». Le rôle titre permet aux grandes sopranos lyriques et dramatiques de faire valoir leur talent de cantatrice et surtout d’actrice en un canto parlando d’une rare intensité (la dernière scène et la mort d’Adriana). Tel est le cas de Renata Tebaldi, Mirella Freni, ou plus récemment Angela Gheorghiu, toutes ont marqué le rôle écrit par Cilea, et lui doivent d’avoir pu ainsi dévoiler leur immense talent d’interprètes. Nouvelle production événement.

 

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2ème CHAMONIX VALLEE CLASSICS FESTIVAL : du 30 juillet au 7 août. Quatuor Ebène, Angela Hewitt, Boris Giltburg, Quatuor Kleio, Axelle Fanyo…

Après le triomphe de sa première édition en 2024, le Chamonix Vallée Classics Festival revient pour une deuxième saison prometteuse, du 30 juillet au 7 août 2025. Ce festival, né d’une vision audacieuse portée par Bernard de Launoit – Président exécutif de la Chapelle de la Reine à Waterloo et figure emblématique de passion culturelle –, continue d’incarner son rêve : hisser Chamonix au rang de capitale culturelle incontournable des Alpes. En hommage à son fondateur disparu en 2023, cette édition 2025 – présidée par David Joseph – est honorée d’accueillir sa veuve, Vanessa de Launoit, comme marraine et mécène du festival, perpétuant ainsi son héritage inspirant.

 

Une ambition culturelle au cœur des Alpes

Le Chamonix Vallée Classics se donne pour mission de transcender le simple événement musical. Il célèbre la symbiose entre l’excellence artistique classique et l’identité unique de la vallée de Chamonix, à travers ses paysages grandioses et son riche patrimoine historique. Conçu pour séduire tant les vacanciers en quête d’émotions que les mélomanes voyageurs, le festival promet une immersion totale dans un art de vivre alliant raffinement musical et authenticité alpine.

Une programmation d’exception

Pour cette deuxième édition, le festival réunit à nouveau des virtuoses internationaux parmi les plus acclamés de leur génération : le Quatuor Ebène : Consacré meilleur quatuor au monde, leur présence est un événement en soi. Angela Hewitt : La pianiste légendaire interprétera les mythiques Variations Goldberg de Bach, un sommet de la musique pour clavier. Boris Giltburg : Le maître du piano livrera une intégrale captivante des 24 Préludes de Chopin. Le Quatuor Kleio : De retour après leur succès en 2024, leur énergie et leur complicité scénique enflammeront à nouveau le public. Un Trio d’exception réunissant Kyril Zlotnikov (violoncelle), Alena Baeva (violon) et Vadym Kholodenko (piano) unissent leurs talents dans une formation de chambre magistrale. Et enfin Axelle Fanyo, Étoile montante de la scène lyrique française, choisie pour interpréter l’hymne olympique aux JO 2024 de Paris ; elle clôturera le festival en beauté. Accompagnée par le pianiste Kunal Lahiry, elle offrira une soirée dédiée aux plus belles pages du chant lyrique français.

Des écrin(s) prestigieux

Les concerts se dérouleront dans deux lieux emblématiques de Chamonix, offrant acoustique et atmosphère uniques : l’Église Saint-Michel, joyau architectural au cœur du village, et l’Espace Michel Croz 2 (EMC2), salle moderne et chaleureuse.Rendez-vous en juillet-août 2025 !

 

Le Chamonix Vallée Classics Festival invite ainsi les mélomanes de tous horizons à vivre neuf jours d’enchantement musical dans un cadre alpin exceptionnel. Que vous soyez amateur de classique chevronné ou simplement curieux de découvrir des émotions artistiques fortes, venez célébrer au coeur des Alpes la beauté, la mémoire et la création !

 

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Plus d’Informations sur le site du festival : https://www.cvc-festival.com/fr/accueil/

 

 

CRITIQUE, opéra. ISTANBUL, Atatürk Cultural Center, le 28 mai 2025. R. STRAUSS : Elektra. L. Kehayova, G. Rusekova, T. Bandalovska… Plamen Kartaloff / Evan-Alexis Christ

Dans le cadre du 16ᵉ Festival International d’Opéra et de Ballet d’Istanbul, l’Atatürk Kültür Merkezi (AKM) a accueilli (le 28 mai) une production électrisante d’Elektra de Richard Strauss, portée par l‘Opéra et Ballet National de Sofia. Cette représentation s’inscrivait dans une programmation exigeante due à l’infatigable directeur de l’Opéra d’Istanbul, Caner Agkün, en affichant des compagnies telles que le fameux Ballet Eifman de Saint-Pétersbourg (Anna Karenina, le 31 mai). L’AKM, scène emblématique de la vie culturelle stambouliote, a offert un écrin parfait à cette tragédie grecque transfigurée par la musique straussienne, avec une salle comble et un public international conquis par l’audace de la mise en scène et la qualité des voix.

 

Le metteur en scène bulgare Plamen Kartaloff, directeur de l’Opéra de Sofia, a imposé une approche résolument cinématographique de l’ouvrage straussien. Selon ses propres termes, l’œuvre défile comme « une séquence de scènes en mouvement constant, évoquant le rythme et la tension d’un montage filmique« . Les décors épurés mais évocateurs de Sven Jonke (structures géométriques et jeux d’ombre) et les costumes symboliques de Leo Kulash ont créé un espace psychique où la folie d’Elektra devenait palpable. Andrej Hajdinjak a sculpté la scène avec des lumières contrastées, passant des ténèbres oppressantes du palais de Mycènes aux éclats fiévreux de la danse finale. Cette production, déjà acclamée à Sofia, confirme le génie de Kartaloff pour les grandes fresques wagnériennes et straussiennes, comme en témoigne son Ring intégral salué dans toute l’Europe.

Côté fosse, le chef américain d’origine grecque Evan-Alexis Christ, collaborateur régulier de l’Opéra de Sofia depuis 2020, a dirigé avec une énergie électrique. Sous sa baguette, l’Orchestre de l’Opéra national de Sofia a restitué la partition complexe de Strauss avec une précision diabolique, des grondements des basses aux fulgurances des cuivres. Christ a accentué les moments clés (comme la Danse de la vengeance) par des tempi haletants, tout en ménageant des respirations lyriques dans les duos des deux soeurs.

Dans le rôle-titre, Lilia Kehayova a époustouflé l’audience. Présente sur scène durant les 110 minutes sans entracte que dure la partition, elle a incarné une Elektra à la fois vulnérable et terrifiante, des murmures hallucinés aux cris vengeurs. Son soprano dramatique a dompté les tessitures extrêmes du rôle, notamment dans le monologue d’ouverture « Allein! Weh, ganz allein », où sa voix a fusionné rage et désespoir. En Clytemnestre, Gergana Rusekova a livré une reine déchue hantée par ses cauchemars, avec un mezzo aux résonances sombres et caverneuses. Sa confrontation avec Elektra (« Ich habe keine guten Nächte ») fut un sommet d’intensité psychologique. Face à la noirceur d’Élektra, Tsvetana Bandalovska a offert un soprano lyrique étincelant, notamment dans « Ich kann nicht sitzen und ins Dunkel starren », exprimant avec grâce le désir d’une vie normale. Dans le personnage d’Oreste, Atanas Mladenov offre son baryton noble et charpenté, incarnant un Oreste d’une autorité troublante, notamment dans la scène de reconnaissance « Orest! Orest ist es! ». De son côté, Daniel Ostretsov s’avère un ténor agile et charismatique, campant un Égisthe ridiculement vaniteux, dont l’assassinat a provoqué un frisson collectif.

La standing ovation finale qui s’en est suivi et qui a duré une bonne dizaine de minutes, est venue saluer l’alchimie entre l’orchestre, les solistes et les chœurs (parmi lesquels ont été choisis les solistes incarnant les personnages secondaires, à commencer par les remarquables six Servantes…). Cette production incarne l’excellence de la coopération artistique entre la Bulgarie et la Turquie, un dialogue des cultures qui magnifie l’universalité du génie straussien !

 

 

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CRITIQUE, opéra. ISTANBUL, Atatürk Cultural Center, le 28 mai 2025. R. STRAUSS : Elektra. L. Kehayova, G. Rusekova, T. Bandalovska… Plamen Kartaloff / Evan-Alexis Christ. Crédit photo (c) Droits réservés.

 

 

 

MILLY LA FORÊT, Samedis Musicaux chez Jean Cocteau, du 28 juin jusqu’au 13 septembre 2025. HAHN, DEBUSSY, POULENC, … Laurent Wagschal, Théo Ould, Florent Héau…

Chaque samedi à 18h, d’une durée d’une heure environ, le jardin de la maison de Jean Cocteau à Milly la Forêt est l’écrin exceptionnel d’un concert de musique de chambre, combinaison réfléchie d’œuvres originales ou de transcriptions, dans des formations vocales et instrumentales diverses ; du piano au basson, le nouveau cycle annonce un festival de couleurs et de timbres, du 28 juin au 13 sept 2025 ; tous les sons sont à l’honneur. À chaque concert, dans l’esprit des salons de musique, les musiciens présentent les œuvres choisies. Le cycle musical prend place dans le cadre magique du jardin de la Maison de Jean Cocteau.

 

 

 

Entre les murs de la Maison et de sa dépendance, comme enveloppés par la verdure et les fleurs, les amateurs des musiques du XXe siècle peuvent goûter au charme de concerts inédits, se délecter de chaque programme, conçu par le compositeur Marc-Olivier Dupin. Au programme entre autres, les compositeurs contemporains de Jean COCTEAU, de sa jeunesse comme de sa maturité, dont certains étaient ses amis, tels Reynaldo Hahn, Django Reinhardt, Francis Poulenc ou György Ligeti, … tous les goûts, les styles, les alliances musicales sont présents…. Parmi les temps forts 2025, les Samedis musicaux chez Jean Cocteau accueillent Le Voyage de Babar de Francis Poulenc [avec un récitant et un musicien].

 

 

EXPOSITION été 2025 : En complément à votre venue pour les concerts dans le jardin, la Maison de Jean Cocteau présente une exposition « MARAIS, l’autre Jean » jusqu’au 31 décembre 2025.
Présentation : lorsque Jean Cocteau crée Œdipe Roi en 1937, il cherche un interprète pour le rôle-titre. Fasciné par Jean Marais, tout jeune acteur athlétique et solaire mais inexpérimenté, il l’engage pour un rôle muet. Cette rencontre est le début d’une relation profonde, d’amour, de complicité, d’inspiration et de respect qui perdurera au-delà de la mort de Jean Cocteau.
Plus rien ne subsiste de l’aménagement de la chambre de Jean Marais à Milly-la-Forêt. Pour autant, lui qui a déniché la Maison où s’installe Jean Cocteau en 1947 a laissé le souvenir de l’immense vedette de cinéma, adulé dans les années 50, qui venait simplement chercher son journal au village…

 

 

 

PLUS D’INFOS sur le site de la MAISON DE JEAN COCTEAU à MILLY-LA-FORÊT :
https://maisonjeancocteau.com/
LIEN direct vers la page programmation des concerts 2025 à la Maison JEAN COCTEAU : https://maisonjeancocteau.com/programmation/

 

 

 

Programmation 2025
Du 28 juin au 16 sept 2025

7 concerts d’exception chez Cocteau
Milly la Forêt

 

Samedi 28 juin 2025 – 18h
La jeunesse de Cocteau
Duo piano violoncelle

Pauline Bartissol, violoncelle
Laurent Wagschal, piano
Les musiques qui ont baigné l’enfance de Cocteau :
Guy Ropartz – 2e sonate pour violoncelle et piano.
Gabriel Fauré – Trois pièces pour violoncelle et piano.
Reynaldo Hahn – Trois pièces pour piano extraites du recueil Le Rossignol éperdu.
Louis Vierne – Extrait de la Sonate pour violoncelle et piano.
Claude Debussy – Sonate.

 

 

Samedi 5 juillet 2025 – 18h
Promenade avec Django – Trio

François Jeanneau, saxophone
Jean-Baptiste Laya, guitare
Arnault Cuisinier, contrebasse
Jazz avec Cocteau dans son jardin, ayant en tête un thème de Django Reinhardt ou une chanson française de l’époque

Django Reinhardt – Manoir de mes rêves, Swing 42, Belleville…
Chansons de Mireille, Georges Van Parys, Hubert Giraud, Vincent Rose…

 

 

Samedi 12 juillet 2025- 18h
POULENC : Le voyage de Babar
Benoît Marchand, comédien
Violaine Debever, piano

Des histoires et des musiques qui s’adressent aux enfants et aux adultes qui le sont restés
Francis Poulenc sur un texte de Jean de Brunhoff – Le voyage de Babar
Maurice Ravel – Ma mère l’Oye

 

 

Samedi 18 juillet 2025- 18h
Mélange – Duo clarinette et accordéon
Florent Héau, clarinette
Théo Ould, accordéon
Un ébouriffant bouquet qui tourne autour du Groupe des Six :
Erik Satie – Morceaux en forme de poire (instrumentation Marc-Olivier Dupin).
Francis Poulenc – Les Chemins de l’amour, Hôtel, Je ne veux pas travailler, La foule.
Erik Satie – Je te veux.
Bohuslav Martinu – Sonate
Germaine Tailleferre – Arabesque
Darius Milhaud – Brazilian.

 

 

Samedi 30 août 2025, 18h
Sonates violon et piano – Duo violon et piano
Elsa Grether, violon
David Lively, piano
Plusieurs chefs-d’œuvre de compositeurs chers à Jean Cocteau

Francis Poulenc – Sonate
Germaine Tailleferre – Berceuse
Maurice Ravel – Sonate
Reynaldo Hahn – A Chloris
Igor Stravinsky – Suite Italienne

 

 

Samedi 6 septembre 2025 – 18h
Trio d’Anches – Solistes de l’Orchestre national d’Île-de-France
Vincent Michel, clarinette
Paul-Edouard Hindley, hautbois
Lucas Gioanni, basson

Une formation instrumentale originale, à la mode du Groupe des Six
Georges Auric – Trio
Henri Tomasi – Concert champêtre
Darius Milhaud – Suite d’après Corette
Reynaldo Hahn – Eglogue
Louis Durey – Divertissement
Jacques Ibert – Cinq pièces en trio

 

 

Samedi 13 septembre 2025 – 18h
Contrastes – Duo soprano et piano
Clara Barbier, soprano
Orlando Bass, piano

Dialogue d’œuvres de deux compositeurs proches de Jean Cocteau – Francis Poulenc et Clément Doucet – avec une improvisation d’Orlando Bass, sur des Aphorismes du poète. Et en forme de péroraison, un extrait du Grand Macabre de György Ligeti.

 

TOUTES LES INFOS, la billetterie, le détail des programmes et les artistes invités sur le site de la MAISON DE JEAN COCTEAU /MILLY-LA-FORÊT : https://maisonjeancocteau.com/

 

 

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OPÉRA SUR ÉCRAN, mer 18 juin 2025. ANGERS, NANTES, RENNES (Pays de la Loire et Bretagne). MOZART : La Flûte enchantée (Mathieu Bauer / Nicolas Ellis). Elsa Benoît, Nathanaël Tavernier, Lila Dufy ……

Opéra des plus populaires et d’un raffinement irrésistible, alliant grâce, féerie mai aussi drame et légende philosophique, le dernier opéra de Mozart, La Flûte enchantée (1791) ne cesse de faire rêver tout en édifiant par son sujet lumineux voire éblouissant : à travers le cheminement du couple Tamino et Pamina, s’incarnent les valeurs héritées du Siècle des Lumières : courage, noblesse, loyauté, persévérance… et amour. Le propos est la fraternité et l’amour. Dans la production très réussie de Mathieu Bauer, La flûte Enchantée sera projetée en public, en plein air et gratuitement lors d’une 6ème édition d’OPÉRA SUR ÉCRAN

 

 

La nouvelle production mise en scène par Mathieu Bauer présentée d’abord à l’Opéra de Rennes, puis à l’affiche en mai et juin 2025, d’Angers Nantes Opéra, conçue comme une féerie foraine (LIRE notre critique de La Flûte enchantée par Mathieu Bauer : https://www.classiquenews.com/angers-nantes-opera-mozart-la-flute-enchantee-nouvelle-production-du-24-mai-au-18-juin-2025-nicolas-ellis-direction-mathieu-bauer-mise-en-scene-elsa-benoitnathanael-tavernier-florie-vali/) sera projetée samedi 18 juin 2025, dans près de 80 lieux de diffusion en Pays de la Loire et en Bretagne (à Angers, à Nantes, à Rennes…), jusqu’en Allemagne (15 sites diffuseurs en plus comparé à 2024). Evénement emblématique pour que l’opéra se démocratise et soit accessible au plus grand nombre, le spectacle est ainsi projeté dans le cadre de la 6ème édition d’OPÉRA SUR ÉCRANS : la dernière représentation du samedi 18 juin est retransmise en direct à grande échelle pour le plaisir du plus vaste public (depuis le Grand Théâtre d’Angers : 12è représentation du spectacle après avoir été donné à à l’Opéra de Rennes et au Théâtre Graslin de Nantes)).

LES PLUS de cette production déjà applaudie à l’Opéra de Rennes : la mise en scène simple et onirique, accessible et poétique de Mathieu Bauer ; la direction vive et détaillée de Nicolas Ellis, pilotant l’Orchestre national de Bretagne dont il est le nouveau directeur musical ; une distribution particulièrement soignée avec entre autres, les excellents Damien Pass et Nathanaël Tavernier, respectivement Papageo et Sarastro ; la prise de rôle réussie d’Elsa Benoit (Pamina),… aux côtés du Choeur Mélisme(s)

 

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MOZART : La Flûte enchantée, en allemand, surtitré en français
Durée : 3h avec 1 entracte
OPÉRA SUR ÉCRANS
Mercredi 18 juin 2025, à partir de 20h
Diffusion sur grand écran en plein air, accès gratuit
ANGERS, Place du Ralliement
NANTES, Place Graslin
RENNES, Place de la Mairie
Et dans les villes en Pays de la Loire et en Bretagne
EN DIRECT depuis le Grand Théâtre d’Angers

 

PLUS D’INFOS : https://www.angers-nantes-opera.com/opera-sur-ecrans-la-flute-enchantee
Retransmission sur la plateforme france.tv, le site internet de France 3 Pays de la Loire et les télévisions locales : Télénantes et Angers Télé, LM Tv Sarthe, TV Vendée, TVR, Tébéo-TébéSud et Val de Loire TV

 

 

présentation

Lire notre présentation de LA FLÛTE ENCHANTÉE par Mathieu BAUER / nouvelle production présentée début mai 2025 à l’Opéra de RENNES :
https://www.classiquenews.com/angers-nantes-opera-mozart-la-flute-enchantee-nouvelle-production-du-24-mai-au-18-juin-2025-nicolas-ellis-direction-mathieu-bauer-mise-en-scene-elsa-benoitnathanael-tavernier-florie-vali/

 

 

critique

LIRE aussi notre critique de La Flûte Enchantée par Mathieu BAUER :

ANGERS NANTES OPÉRA. MOZART : La Flûte enchantée, nouvelle production, du 24 mai au 18 juin 2025. Nicolas Ellis (direction), Mathieu Bauer (mise en scène). Elsa Benoit,Nathanaël Tavernier, Florie Valiquette, Benoît Rameau…

C’est la nouvelle production lyrique événement de cette fin de saison 2024 – 2025 en Bretagne et dans les Pays de la Loire : d’abord créée à Rennes (jusqu’au 15 mai) puis reprise à Nantes et à Angers (à partir du 24 mai), La Flûte enchantée de Mathieu Bauer s’affiche lumineuse et facétieuse, d’autant plus convaincante que la distribution vocale sait réjouir voire captiver et que la mise en scène sert un propos cohérent et juste, à mille mieux des décalages et réécritures habituels

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CRITIQUE, ballet. PARIS, Palais Garnier, mai 2025. DELIBES : Sylvia. Manuel Legris (nouvelle chorégraphie). Bleuenn Battistoni, Paul Marque… Kevin Rhodes (direction)

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Très attendu, le nouveau spectacle du Ballet de l’Opéra de Paris déçoit nos attentes : l’entrée au répertoire de la Sylvia de Manuel Legris ne suscite guère les frissons espérés. Style surconvenu, donc effets attendus…, décors et costumes rien que décoratifs sans grande vision synthétique ; l’approche ne sert pas la partition de Delibes, lequel après avoir composé Coppélia (1870), livre ainsi un second ballet aussi « symphonique » que le premier (et un 2ème triomphe) : Sylvia … pour l’inauguration du Palais Garnier en 1876.
Heureusement la distribution de 2025, techniquement à la hauteur, sauve les meubles en particulier dans la fin [grand pas final plus convaincant, lui même inspiré de Lycette Darsonval et à travers elle, de… Serge Lifar]. Pour autant, la chorégraphie précédente de Neumeier reste beaucoup plus cohérente et poétique. Souhaitons qu’elle ne passe pas ainsi à la trappe et sera prochainement reprogrammée.

Illustration / photo : Sylvia de Manuel Legris (création mai 2025) – Ballet de l’Opéra de Paris – Paul Marque et Bleuenn Battistoni © Yonathan Kellerman / OnP

 

 

Certes Manuel Legris, choisi par Noureev, fut un grand danseur. Après son départ de l’Opéra de Paris en 2009, il a dirigé le Ballet de l’Opéra de Vienne puis le Ballet de la Scala de Milan. Son retour à Paris au Palais Garnier, n’est pas l’accomplissement attendu d’autant plus pour Sylvia, ouvrage clé du romantisme parisien proposé par Louis Mérante en 1876, et comme nous l’avons précédemment rappelé, premier ballet créé au Palais Garnier. La musique de Delibes, admirée à juste titre par Tchaikovsky, explique le succès de Sylvia jamais démenti. Après la chorégraphie de John Neumeier (1997, qu’a dansé Manuel Legris en Aminta en 2005), la Sylvia de Manuel Legris donc, se perd dans la relative complexité du livret inspiré de la mythologie grecque.
Suivante de Diane, Sylvia a juré fidélité à la Déesse de la Chasse. Mais le berger Aminta la trouble et remet en question son vœu de chasteté ; même Diane se languit en contemplant le corps d’Endymion (cette pensée infléchira le jugement de la déesse en fin d’action…. au profit de la nymphe Sylvia). La force du désir peut-elle bousculer l’ordre établi ? Après moult coups de théâtre et avatars divers (dont plusieurs tableaux de pure « fantaisie » exotique, propres à l’éclectisme fin XIXè), Sylvia choisit l’amour sensuel et son bel Aminta.
Le livret sous le joug de l’impérial Eros, célèbre la force des attractions, l’intensité et la toute puissance de l’amour, ce que Delibes exprime avec diversité, subtilité, et infiniment d’élégance. Suffisamment pour réunifier ce qui peut paraître décousu, voire éloigné de la mythologie romaine : la suite d’évocations folkloriques [esclaves « éthiopiennes » dans la caverne d’Orion au II ; séquences pittoresques, indienne, espagnole, pas des seclaves dans le grand divertissement bacchique du II au Temple de Diane,…]

Malgré la diversité des tableaux pourtant inscrits dans le livret et les péripéties de l’action, Legris manque de caractérisation et s’enlise dans une approche lisse, linéaire, répétitive dans le choix des (toujours mêmes) figures, sans grands reliefs dramatiques ; le chorégraphe reste à l’extérieur du conte plus ambivalent qu’il n’y paraît, monde trouble entre les bergers et les créatures de la forêt (nymphes, faunes, dryades et donc chasseresses inféodées au culte de Diane…). Y manque surtout ce lien en sous texte qui relie ou oppose les personnages et qui clarifie relations et situations. Ici, l’amour est une souffrance, un délice mortel qui blesse et afflige. Voici donc un ballet bien peu conforme et complaisant qui offre un quatuor de rôles superbes pour des solistes rompus à l’élégance acrobatique.

Mêmes les costumes et décors pourtant recrées pour cette entrée au répertoire, paraissent déjà vus et défraîchis ; au moins espérons que fabriqués dans les ateliers de l’Opéra de Paris, ils respectent la charte écologique sur le réemploi et la décarbonation [!].

Comme le ballet Mayerling (lire ci après notre compte rendu du ballet présenté en 2022), précédemment proposé, et bien conforme lui aussi, cette Sylvia ne s’affirme pas a contrario dans le sillon de l’excellente recréation de La Source de Jean-Guillaume Bart (2011, reprise en 2014), probablement la meilleure réalisation au mérite de la Maison parisienne dans son exploration chorégraphique patrimoniale. Hélas en manque de souffle poétique, de construction dramatique, d’audaces, la Sylvia de Legris semble ressusciter un âge révolu de la danse à Paris. LONDRES et le Royal ballet (dont on sait la légendaire et historique Sylvia de Frederic Ashton de 1952) réalisent une toute autre régénération de son répertoire dont témoigne entre autres le formidable Lac des cygnes toujours éblouissant et convaincant actuellement.

 

Danseurs irréprochables

Les danseurs, eux, s’ingénient à défendre leur partie avec art et intensité, et cette excellence technicienne [athlétique, élégante, à la fois mathématique et d’une absolue justesse expressive] réellement éblouissante… qui fait aujourd’hui le renom de l’Ecole de danse.
Sylvia enflammée et techniquement au top, Bleuenn Battistoni incarne la chasseresse, tendue et altière, ardente et curieuse, engageante et fervente, dans une suractivité gestuelle idéalement maîtrisée. Voilà une performance technique qui marie précision, naturel et expressivité. Bien que de grande classe, sa Sylvia ainsi rayonnante ne fouille en rien son rapport au désir et à la sensualité… [pourtant passionnant dans d’autres productions et chorégraphies]. Dommage. La danse ce n’est pas seulement une succession de tableaux de haute technicité : c’est aussi une situation, un drame, des sentiments, voire une métamorphose qui s’accomplit en cours de spectacle… La trajectoire de Sylvia a pourtant de quoi captiver: en elle, travaille les forces inconscientes du sentiment amoureux ; elle blesse avec son arc celui qui l’aime, Aminta (acte I) ; enlevée par le chasseur brutal Orion, Sylvia se refuse à lui et apprend ce qui sépare le désir physique, de l’amour total et respectueux ; elle remet à plat l’empire de Diane et ses suivantes chasseresses ; leur impérial maintien et leur mise à distance des hommes… tout ce que mettait en avant la chorégraphie précédente à Paris, signée John Neumeier de 1997 (en particulier dans un premier tableau pastoral et cynégétique qui savait fusionner autorité noble des chasseresses et aussi fragilité tendre de leur profonde nature, humaine). De ce point de vue, la choré de Legris nous laisse plutôt insatisfaits et frustrés, d’autant plus avec des solistes de cette qualité.

Efficaces au regard de leur apparition réduite au minimum, les Diane de Silvia Saint-Martin [hiératique et presque énigmatique],
Aminta de Paul Marque [enfin cohérent et presque superbe de profondeur dans son ultime solo, véritable apothéose et à travers lui, le triomphe d’Éros / Amour] ; l’Eros justement de Mathieu Contat s’impose tout autant par l’intégrité continue de son style et de sa présence scénique… Y compris dans sa charge plus comique en sorcier puis pirate.

On détecte une même exigence expressive chez Andrea Sarri [Orion], Francesco Mura [le chef des Faunes]… D’autant plus que dans la fosse, la direction du chef Kevin Rhodes sait explorer avec détails et souffle, les 1001 accents et nuances de la partition du génial Delibes. Reste que tant de talents sont bien peu exploités selon leur juste possibilité dans un spectacle poussif et finalement rein qu’illustratif.

 

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SYLVIA de Manuel Legris. Ballet de l’Opéra de Paris, musique de Léo Delibes, décors et costumes de Luisa Spinatelli.
Entrée au répertoire – Ballet en trois actes
Chorégraphie d’après Louis Mérante
Livret de Manuel Legris et Jean-François Vazelle d’après Jules Barbier et Jacques de Reinach

 

Avec Bleuenn Battistoni (Sylvia), Paul Marque (Aminta), Silvia Saint-Martin (Diane), Andrea Sarri (Orion), Mathieu Contat (Éros), Marius Rubio (Endymion), Francesco Mura (un Faune), Marine Ganio (une Naïade), Nine Seropian et Clara Mousseigne (deux Chasseresses), Letizia Galloni et Clara Mousseigne (deux esclaves nubiennes). Orchestre de l’Opéra national de Paris, Kevin Rhodes [direction].
À l’affiche du Palais Garnier, jusqu’au 4 juin 2025. Plus d’infos sur le site du Palais Garnier / Opéra de Paris : https://www.operadeparis.fr/saison-24-25/ballet/sylvia

 

 

TEASER VIDÉO Sylvia de Manel Legris
Variation dansée du III avec Bleuenn Battistoni (Sylvia) / Divertissement du III

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LIRE aussi notre présentation de la Sylvia de John Neumeier (1997, reprise en 2005) à l’Opéra de Paris : https://www.classiquenews.com/leo-delibes-sylvia-choregraphie-john-neumeier-2005mezzo-le-30-septembre-2007-a-20h45/

 

 

LIRE aussi notre critique du ballet MAYERLING (6è ballet de Kenneth McMillan, 1978, à l’affiche de l’Opéra de Paris, automne 2022) : https://www.classiquenews.com/critique-danse-paris-palais-garnier-le-25-oct-2022-mayerling-k-macmillan-hugo-marchand-dorothee-gilbert-martin-yates/

Créé en 1978 au Royal Ballet de Londres, Mayerling est le 6ème ballet de Kenneth MacMillan à entrer au répertoire de la Grande Boutique parisienne. Le public apprécie déjà régulièrement le très célèbre ballet « L’histoire de Manon » de ce maître incontestable de la danse britannique, avec les qualités singulières de son langage chorégraphique néo-classique, axé sur l’aspect acrobatique et l’expression dramatique des interprètes. Inspiré d’une anecdote historique, le double suicide (ou meurtre ?) de l’archiduc Rodolphe, prince héritier de l’Empire Austro-hongrois, et de sa maîtresse la baronne Mary Vetsera dans un pavillon de chasse à Mayerling, près de Vienne ; le ballet est une variation résolument moderne sur le thème de… Roméo et Juliette !

 

 

LIRE aussi nos comptes rendus et présentation du ballet LA SOURCE, recréation par Jean-Guillaume Bart : https://www.classiquenews.com/?s=la+source
Le livret de La Source, d’après Charles Nuitter, est l’un de ces produits typiques de l’ère romantique inspiré d’un orient imaginé et dont la cohérence narrative cède aux besoins expressifs de l’artiste. L’actualisation élaborée par Jean-Guillaume Bart avec l’assistance de Clément Hervieu-Léger pour la dramaturgie, rapproche le spectacle, avec une histoire toujours complexe, à l’époque actuelle et y explore des problématiques de façon subtile. Ainsi, nous trouvons le personnage de La Source, appelé Naïla, héroïne à la fois pétillante, bienveillante et tragique, qui aide le chasseur dont elle est éprise, Djémil, à trouver l’amour auprès de Nouredda, princesse caucasienne aux intentions douteuses. Elle est promise au Khan par son frère Mozdock. Un Djémil ingénu ne reconnaît pas l’amour de Naïla qui se donne et s’abandonne en se sacrifiant pour que Djémil et Nouredda puisse vivre leur histoire d’amour. La Source a des elfes, des nymphes, des caucasiens caractéristiques, les odalisques du Khan exotiques, et tant d’autres figures féeriques… Si l’histoire racontée parle de la situation de la femme, toute époque confondue, il s’agît surtout de l’occasion de revisiter la grande danse noble de l’Ecole française, avec ses beautés et ses richesses. Un faste audio-visuel et chorégraphique, plein de tension comme d’intentions. LIRE notre compte rendu complet du ballet LA SOURCE, 2014 : https://www.classiquenews.com/compte-rendu-danse-paris-palais-garnier-le-2-decembre-2014-jean-guillaume-bart-la-source-muriel-zusperreguy-francois-alu-audric-bezard-vamentine-colasante-ballet-de-lopera-de-par/

 

 

Compte rendu, danse. Paris. Palais Garnier, le 2 décembre 2014. Jean-Guillaume Bart : La Source. Muriel Zusperreguy, François Alu, Audric Bezard, Vamentine Colasante… Ballet de l’Opéra de Paris. Minkus, Délibes, compositeurs. Orchestre Colonne. Koen Kessels, direction musicale.

 

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CRITIQUE, ballet. PARIS, Opéra Comique, le 27 MAI 2025. GLUCK : Sémiramis / Don Juan. Ballet de l’Opéra national du Capitole, Le Concert des Nations, Jordi Savall (direction)

Le temple rouge et or où le velours complice enveloppe les soupirs des siècles passés, la belle Salle Favart ose une résurrection double et contrastée. Deux ballets-pantomimes de Christoph Wiilibald Gluck – Sémiramis et Don Juan – deux mythes consumés par la danse, deux toiles où le destin trace sa ligne de feu. 

 

À la baguette : Jordi Savall, enchanteur baroque, thaumaturge de l’inouï. Aux corps : Ángel Rodríguez et Edward Clug, deux visions, deux gouffres, deux réponses au silence du temps. Sous ses doigts, la musique de Gluck ne ressuscite pas : elle s’élève, elle lévite, elle transfigure. L’ouverture tirée d’Iphigénie en Aulide ne prélude pas, elle prophétise. Le Concert des Nations, ensemble d’élus aux archets ivres de larmes, cisèle chaque mesure comme un camée antique. Savall sculpte l’air avec une noblesse hiératique ; il ne dirige pas — il convoque les morts, les dieux, les échos d’une Hellade rêvée. Déjà, le sol tremble sous le pas des héroïnes et héros incarné.e.s par l’excellent Ballet de l’Opéra national du Capitole

Sémiramis : orgie tragique aux confins de la nuit

Dans un clair-obscur chorégraphique d’une sensualité vénéneuse, Ángel Rodríguez façonne Sémiramis comme une fresque babylonienne, un rite de possession et d’expiation. Les corps s’y fondent, s’y confondent, se lovent en figures polycéphales d’une puissance hypnotique. Sémiramis n’est pas une femme : elle est le remords du pouvoir, le cri contenu dans le marbre. Chaque geste — bras tranchant, hanche fuyante — devient incantation. On croit voir s’animer un sarcophage de lumière, où les pas de la reine maudite frappent le sol comme pour réveiller ses crimes. Un chef-d’œuvre incarné, fébrile, magnétique, malgré un décor pauvre en imagination. 

Don Juan : une abstraction au goût de cendre

Puis vient Don Juan. Et la tension retombe, comme une étoile déçue par la gravité. Edward Clug, chorégraphe subtil mais cérébral, nous offre une vision aseptisée, comme lavée des souillures du mythe. Plus de Commandeur — évacué comme un reliquat de dramaturgie poussiéreuse. Reste un ballet glacé, géométrique, épuré à la limite du désincarné. Les danseurs y tracent des lignes élégantes, certes, mais sans élan tragique. Loin de l’érotisme destructeur ou du défi prométhéen, ce Don Juan se promène — il ne brûle pas, il ne chute pas : il glisse. La musique de Gluck, pourtant fulgurante, semble ici orpheline, privée d’organe à habiter.

Une soirée en clair-obscur : extase et frustration

À l’issue de ce diptyque paradoxal, le spectateur sort les sens en feu… et l’âme en suspens. Sémiramis l’embrase, le transperce, le marque au fer rouge. Don Juan le caresse du bout des doigts — puis s’éclipse, poliment. Ce déséquilibre, loin d’être une faute, devient peut-être la vérité de la soirée : celle d’un art qui, pour survivre, doit se confronter à la beauté et à la fadeur, à la chair et au concept galvaudé. Entre la volupté du tragique et le désert du formalisme, il y a toute la condition de l’acte créatif. 

En somme une nuit aux reflets d’obsidienne, où le feu de Gluck brûle d’abord haut, avant de se perdre dans les méandres glacés d’un miroir trop bien poli.

 

 

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CRITIQUE, ballet. PARIS, Opéra Comique, le 27 MAI 2025. GLUCK : Sémiramis / Don Juan. Ballet de l’Opéra national du Capitole, Le Concert des Nations, Jordi Savall (direction)

 

 

CRITIQUE CD événement. BERLIOZ : Symphonie fantastique / RAVEL : La Valse. Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä, direction – 1 cd Decca Classics, 2024)

Entre surgissement et impérieuse nécessité, efflorescence pulsionnelle et pourtant clarté de la structure, la direction de Klaus Mäkelä sur le métier berliozien, fait merveille ; par sa justesse économe, sa profondeur expressive, une alliance rare entre sens du détail et qualité et puissance de l’architecture, les instrumentistes de l’Orchestre de Paris le suivent sans sourciller. A 27 ans, Klaus Mäkelä joue la partition la plus fascinante du romantisme français, conçue par un Berlioz de… 27 ans. La réussite est totale tant elle prodigue les vertiges symphoniques espérés.

 

 

Pièce maîtresse du programme, la Symphonie Fantastique sort régénérée d’une compréhension particulièrement aboutie. Le premier mouvement (« Rêveries – passions ») est conçu comme le jaillissement de sentiments et d’émotions incontrôlés, scintillants, énigmatiques, dans un bouillonnement de séquences variées, caractérisées, ininterrompues qui exprime le désarroi du héros saisi dans une tempête de sensations irrépressibles, entre amour, passion, hypersensibilité. Ici se cristallise en un maelström primitif, l’ardent désir que suscite chez Hector, la beauté de l’actrice Harriet Smithson, actrice shakespearienne irrésistible alors (découverte sur scène dans Ophélie).
Le deuxième mouvement (« Un bal ») n’est qu’ivresse éperdue et perte des sens ;
Le 3è (« Scène aux champs »), explore d’autres sensations, celles d’un paysage, motif pleinairiste dans le sillon de la Pastorale de Beethoven que Berlioz revisite avec cette hypersensibilité, et la puissance de son tempérament tout inféodé à l’empire du sentiment. Du reste voici la partie la plus développée, la plus longue (17mn précisément dans cette lecture) où dans la tendresse des bois, la noblesse des cuivres, l’ardente prière des cordes semble enfin trouver équilibre et apaisement, en contact régénérateur avec l’insondable Nature (saluons le solo de clarinette ; les reprises particulièrement soignées en murmures mystérieux, avec accélération saisissante puis deccelerandos prodigieux de gravité profonde… pour exprimer un détachement apaisé mêlé à une indéracinable mélancolie, avant le solo final du cor anglais)…

Les 2 derniers tableaux font basculer le psychisme du héros dans une nuit dramatique et anxiogène plus tourmentée, plus impétueuse encore, traversée par la violence des visions proprement fantastiques où tout espoir de paix, est perdu ; insatisfait, inconsolable, Berlioz y réactive les cauchemars de l’enfance, qu’ont vivifié les vicissitudes de sa vie amoureuse éprouvante (car Harriet le repousse d’abord… et finit par l’épouser 3 ans après la création triomphale de la Symphonie Fantastique, en 1833)… La lecture qui collectionne une successions de paysages particulièrement caractérisés, clarifie chaque état d’âme. « La marche au supplice » brille par sa coupe sautillante et grotesque (chant sombre mais pétillant, danse hideuse des bassons) ; jusqu’à l’extase sauvage et l’abandon dans la folie du « Songe d’une nuit de Sabbat » ; la furie monstrueuse qui s’amplifie par la seule succession géniale des pupitres, aux couleurs expressives idéalement sollicitées, approche la brutalité poétique de Moussorgski et annonce aussi l’éclat surexpressif du Dukas de l’Apprenti Sorcier ; cette transe originelle (portée par le délire de la clarinette qui entraîne tous les pupitres) saisit tout autant, et qui en rappelle une autre, également placée en séquence finale, celle de la Valse de Ravel (1920), jouée ensuite. Pertinent couplage. On y retrouve les mêmes bassons primordiaux, dont la chorégraphie souterraine emporte toute la pièce vers son déséquilibre déhanché, dans son développement à la fois sensuel et fatalement envoûtant. Clarté et abandon, détail et ivresse, et aussi jubilation heureuse dans le relief des timbres : magistral. CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025

 

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CRITIQUE CD événement. BERLIOZ : Symphonie fantastique / RAVEL : La Valse. Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä, direction – 1 cd Decca Classics – Enregistré en septembre et déc 2024 – Philharmonie de Paris

 

PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur DECCA : https://shop.decca.com/products/berlioz-symphonie-fantastique-ravel-la-valse-cd?srsltid=AfmBOooH-G7AVn-nbOawXff2pcOGlBixdDLSSgv4TUBGMXeqDNuUvz2i

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autre cd Klaus Mäkelä / Decca Classics
sur CLASSIQUENEWS :

 

 

DECCA : MÄKELÄ / SIBELIUS : fin mars 2022

A la tête de l’OSLO PHILHARMONIC / Orchestre Philharmonique d’OSLO, le jeune maestro finnois Klaus Mäkelä (actuel directeur musical de l’Orchestre de Paris) « ose » malgré son âge une première intégrale des 7 symphonies de Sibelius, en complément du coffret annoncé chez Decca, Tapiola, Trois derniers fragments. D’abord conçu comme une cycle de concerts de 9 mois avec le Philhar d’Oslo, l’intégrale – covid oblige, s’est muée en projet discographique de grande envergure (avec tournée européenne dans la foulée en avril et mai 2022). La phalange d’Oslo est d’autant plus légitime à jouer Sibelius que ce dernier la dirigeait déjà pour 3 concerts en 1921. L’écriture de Sibelius livre à la Finlande sa propre identité symphonique jusque là dominée par les allemands et les russes. MÄKELÄ soigne en particulier la puissance, la noirceur et la profondeur des cordes selon une vision transmise par le chef Mariss Jansons. Après Solti (1948), Chailly (1978), Klaus MÄKELÄ est le 3è maestro à signer un contrat chez Decca. Filiation prestigieuse et souhaitons-le prometteuse. A suivre.

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MENTON : 76ème Festival du 22 juillet au 8 août 2025. Bertrand Chamayou, Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles, Romain Leleu, Celia Oneto Bensaid, Nemanja Radulovic, les jeunes talents du Concours Chopin…

Toujours inspiré, éclectique, exigeant, généreux, accessible, le Festival de Menton bat son plein cette année, du 22 juil au 8 août, soit 15 jours de festivités et d’événements musicaux d’une grande diversité et pour tous les publics : baroque, classique, jazz, musiques du monde, partitions rares ou redécouvertes, formations chambristes, ensembles orchestraux sans omettre comme chaque été, une place privilégiée, devenue emblématique, réservée au PIANO : pas moins de 5 grands rvs pianistiques s’annoncent cet été.

 

 

C’est un soir d’été, sous la voûte étoilée, dans une chaleur caressante, enveloppante, et dans un lieu patrimonial parmi les plus féeriques qui soit… il ne s’agit pas d’une carte postale ou du rêve d’un festivalier en quête d’exception, mais bien d’une soirée au Festival de Menton… L’attrait de Menton, c’est évidemment l’intégration idéale des concerts dans la vieille ville, en particulier la tenue des concerts du soir sur le parvis de la Basilique Saint-Michel Archange, écrin d’une beauté inouïe, comme suspendu sur la mer et qui forme comme une boîte acoustique plein ciel, d’une magie envoûtante … une architecture « pensée pour l’oreille et pour l’âme » dixit le maire de la ville, Yves Juhel.

Paul-Emmanuel Thomas, directeur artistique, veille à l’excellence des programmes, entre répertoire et créations. Les grands solistes promettent plusieurs soirées enchanteresses : le trompettiste Romain Leleu (et son Sextet, mardi 22 juillet, esplanade des Sablettes, concert de préouverture, de Bernstein à Gillespie, Dvorak et Saint-Saëns…), le violoniste Nemanja Radulovic et l’Orchestre Double Sens (mer 23 juillet, Quatre Saisons de Vivaldi et œuvres de JS Bach, Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange), la pianiste Celia Oneto Bensaid (récital Leleu, Pépin, Marie Jaëll… Palais de l’Europe, jeu 24 juillet), aux côtés des jeunes talents du Concours Chopin (ven 25, mer 30 juillet, Palais de l’Europe à 18h), le récital lyrique du ténor Pene Pati (chansons napolitaines, sam 26 juillet, Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange), Renaud Capuçon (en trio le 28 juillet: Schubert et Brahms, Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange, avec Kian Soltani, violoncelle et Mao Fujita, piano)…
Temps forts, année RAVEL 2025 oblige, le récital Maurice Ravel par Bertrand Chamayou, jeudi 31 juillet, 21h, Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange), … En clôture, grand concert baroque avec l’excellent Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles (Justin Taylor, clavecin et direction, le 8 août, 21h / Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange).

 

L’élégante façade de la Basilique Saint-Michel Archange © classiquenews

 

A noter aussi, le concert symphonique défendu par le Joven Orquesta de Cuenca, formation espagnole (Manuel Murgi, direction), jeu 24 juillet (Esplanade Francis Palméo, 21h / Oeuvres de Schubert, Beethoven Tchaikovsky…) ; l’ensemble Jonaska (ven 25 juillet, Esplanade des Sablette, 21h / Johann Strauss II, Massenet, Waxman, Les Quatre Saisons de Vivaldi « in Janoska style »…) , le Ramona Horvath Trio, le 7 août (Programme « Carmen’s Karma », d’après Carmen de Bizet / Casino Barrière) ; et bien sûr, les nombreux récitals de PIANO, qui tissent comme un fil rouge pour chaque édition du Festival de Menton : le récital piano jazz et classique par Dexter Goldberg et Louise Akili, mar 19 juillet, Palais de L’Europe) ; Jean-Baptiste Doulcet (lun 4 août, Palais de l’Europe – Programme : Grieg, Liszt, Sibelius et improvisations par le soliste)… sans omettre, Alexandra Dovgan, le 5 août (Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange / programme : Beethoven, Chopin, Franck (le sublime Prélude, Chorale et Fugue FWV 21), Prokofiev…
Plus que jamais, Menton s’annonce enchanteur et magique cet été à partir du 22 juillet 2025… et pendant 2 semaines.

 

 

TOUTES LES INFOS sur le site du Festival de MENTON 2025 :
https://www.festival-musique-menton.fr/

Billetterie et informations à l’Office de Tourisme de MENTON : 04 83 93 70 20

 

 

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CRITIQUE opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 26 mai 2025. MASSENET : Manon. A. Edris, B. Bernheim, A. Filoňczyk, N. Cavallier, R. Mengus… Vincent Huguet / Pierre Dumoussaud

Reprise de la mise en scène de Vincent Huguet, Manon de Jules Massenet triomphe à l’Opéra Bastille avec Amina Edris et Benjamin Bernheim, portés par la direction inspirée de Pierre Dumoussaud à la tête de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris.

 

Si l’opéra, c’est l’instant de la représentation, cette Manon fait mouche ! Les deux protagonistes – Manon et le chevalier des Grieux – acteurs impliqués et émouvants, cultivent leur juvénile spontanéité (1er acte du coche à Amiens), le naturel intime de leurs amours (2ème acte) autant que les revers de leurs parcours. La soprano Amina Edris instaure d’emblée une simplicité doublée de luminosité dans « Je suis encore toute étourdie ». Lors de son accession au monde du luxe, le timbre clair gagne en brillance sur les coloratures et en élégance du phrasé (la gavotte du Cours-la-Reine). Tandis que sa virtuosité est sans faille dans tout ensemble, sa diction serait perfectible ; c’est d’ailleurs dans la fragilité des pianissimi de l’agonie que celle-ci est la plus compréhensible, soutenue par le halo de harpe et cor anglais.

La palme d’or revient ainsi au ténor franco-suisse Benjamin Bernheim, déjà auréolé par ce rôle chanté in loco (en 2020 et 2022) et pour ceux de Roméo et de Werther. Ici, l’émotion véhiculée dans les airs emblématiques émeut – une grâce suspendue dans l’air du rêve (2ème acte), une ardeur palpable dans « Ah, fuyez douce image ! ». La palette d’infinies nuances n’est jamais en défaut de timbre quand l’articulation et la compréhension sont optimales, a fortiori pour le parler des mélodrames. Aussi, leur duo de la reconquête au séminaire de Saint-Sulpice est d’une sublime intensité, différemment de celui pathétique des amants meurtris (La route du Havre).

Face au couple désuni par la société patriarcale et libertine, les rôles masculins s’imposent. La basse Nicolas Cavallier (le comte des Grieux) est un opposant de poids face à son fils (acte de Saint-Sulpice) : noblesse du ton, graves de velours, peut-être moins à l’aise dans le duo dialogué avec Manon. Le mordant du baryton Andrzej Filoňczyk qualifie bien le jeu trouble du Lescaut des premiers actes. Hélas la prosodie française n’est pas (encore) dans ses cordes… Les deux fêtards campent les altercations avec engagement en dépit des travestissements incongrus imposés au Brétigny interprété par Régis Mengus et de la désinvolture de Nicholas Jones rajeunissant Guillot de Mortefontaine. Le trio des jeunes courtisanes, vêtues de costumes chamarrés, est d’une éclatante santé vocale avec la soprano Ilanah Lobel-Torres, les mezzos Marine Chagnon et Maria Warenberg, issues de la troupe de l’Opéra national de Paris.

 

 

La réussite de cette production, c’est enfin la direction raffinée de Pierre Dumoussaud à la tête de l’Orchestre national de l’Opéra  de Paris qui restitue l’infini talent de Massenet orchestrateur. Le chef enflamme les élans des duos amoureux, enrobe les mélodrames de couleurs transparentes et anime le pastiche des danses « baroques » (Cours-la-Reine) avec la complicité d’excellents musiciens. La belle projection du Chœur de l’Opéra national de Paris (préparé par Ching-Lien Wu) fait valoir les actes collectifs (le 2 et le 4) avec de somptueux costumes de bal (Clémence Pernoud) mariant de chatoyants coloris. N’omettons pas la qualité du chœur féminin, introduisant le Tableau du séminaire de Saint-Sulpice. Si l’opéra est aussi le lieu public d’une réflexion sociétale, cette luxueuse production de Manon sur l’immense plateau de Bastille louperait-elle… le coche ?

En effet, les deux pics d’émotion de l’opéra-comique – « Adieu notre petite table » (2ème acte) et les ultimes soupirs d’ivresse avant la mort de l’héroïne – se perdent, en dépit d’éclairages ciblés. Sur le plateau de l’Opéra Comique en 2019, la mise en scène pourtant plus transgressive d’Olivier Py ménageait ces instantanés. En outre, quels atouts apporte la transposition vers les Années folles, choisie par l’équipe artistique de Vincent Huguet (mise en scène), Aurélie Maestre (scénographie) et J.-F. Kessler (chorégraphie). Certes, les années 1930 furent aussi tumultueuses que la Régence du roman de l’Abbé Prévost (matrice du livret) dans leur quête d’une libération sexuelle. Et l’imposante scénographie, conjuguée à l’animation du Cours-la-Reine et de la Maison de jeu les crédibilisent assurément : modernisme architectural, éclectisme des costumes, ballet performant des garçonnes avec danseurs.

Campé par Danielle Gabou, le rôle muet de Joséphine Baker, égérie afro- amérindienne des cabarets parisiens, interroge. Elle figure ici l’éducation de Manon au milieu interlope des spectacles Montmartrois. Dansées par Joséphine lors de baisser de rideau, les chansons jazzy additionnelles entrent en collision avec les « Entractes » composés par Massenet (un usage de l’opéra-comique au XIXe siècle). Dans ce milieu, la démonstration d’une Manon libérée passe donc en force à compter du 3ème acte. Car cette amoureuse certes sensuelle s’est livrée à De Grieux en lui confiant « Je ne suis que faiblesse et fragilité ». La jeune provinciale, devenue la proie du patriarcat concupiscent, est plus une victime sociale (emprisonnée et déportée) qu’une libérale, en habit masculin dans la maison de jeu. Aussi, cette transposition et cette omniprésence de Baker nous lassent. Les trajectoires humaines de Manon souffrent du syndrome mémoriel de la mise en scène lyrique : cette production intimidante du XXIème siècle met les Années folles en abîme afin de vitaliser un opéra-comique dix-neuviémiste (1884), lequel revisite les mœurs libertines d’après une nouvelle de 173 …

Foin de réflexions, la première représentation n’en est pas moins ovationnée par le public !…

 

 

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CRITIQUE opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 26 mai 2025. MASSENET : Manon. A. Edris, B. Bernheim, A. Filoňczyk, N. Cavallier, R. Mengus… Vincent Huguet / Pierre Dumoussaud. Crédit photographique © Sébastien Mathé

 

 

CRITIQUE, oratorio. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 23 MAI 2025. HAENDEL : Deborah. S. Junker, JJ. Orlinski, Matthias Wolff… Amsterdam Baroque Orchestra & Choir, Ton Koopman (direction)

1733 a été une année de crise pour Georg Friedrich Haendel et pour ses alliés politiques. Année terrible pour Robert Walpole suite à la crise de la taxe d’accise qui lui a aliéné le soutien de la noblesse. Cette année-là, Haendel approchait la cinquantaine et sa position comme compositeur d’opéras était de plus en plus contestée. Alors qu’il a vu son Orlando subir les conséquences de la création d’une compagnie rivale, The Opera of nobility, Haendel a opéré un revirement digne des meilleurs hommes d’affaires, il a créé coup sur coup deux de ses premiers oratorios proposant un modèle inédit jusqu’alors. Réunissant le dramatisme de l’opéra, un livret issu de l’écriture mais en anglais et une richesse musicale sans limites. Le 17 mars 1733 au King’s Theatre de Haymarket, l’histoire de la prophétesse Deborah déroulait ses magnificences sur la scène où le profane a vu guerriers, enchanteresses et dragons jusqu’à présent. 

 

Mais qui est Deborah ? Cette figure sui generis de l’Ancien Testament est la seule femme « Juge d’Israel« . Donnant ses jugements et ses prophéties sous un arbre dattier, l’oratorio se centre sur son rôle actif dans la libération du peuple hébreu de l’invasion des Cananéens menés par le terrible Sisera. Deborah, porteuse de la flamme divine, encourage l’ardeur guerrière de Barak et la vertu de Jaël. Pour une fois, c’est cette dernière qui réussit à occire le général cananéen. Cet épisode en particulier a été magistralement immortalisé dans une très belle toile d’Artemisia Gentileschi désormais dans les collections du Musée National de Budapest. Très rarement repris et quasiment jamais en France, Deborah est, avec Athalia et Susanna, une des plus belles partitions d’oratorio de Haendel, on se demande pourquoi ces trois chefs d’œuvre demeurent encore dans un oubli relatif dans les programmations. Deborah comporte quelques airs d’une rare beauté. Nous pouvons citer l’intense « At my feet extended low » de Sisera, le vaillant « Tyrant, no more we dread thee » de Jaël ou le divin « The glorious sun shall cease to shed » de Deborah, prophétique lueur qui embaume d’espoir la fin des combats. 

Nous nous réjouissons de pouvoir redécouvrir sur le plateau du Théâtre des Champs-Elysées cette partition sous la direction experte de Ton Koopman. On oublie souvent que le grand maestro néerlandais n’est pas simplement un des plus grands interprètes de Johann Sebastian Bach mais aussi un Haendelien confirmé et célébré. Pour cette Deborah, il nous gâte avec les instrumentistes et choristes de son Amsterdam Baroque Orchestra. Las, nous sommes étonnés du nombre important de coupures dans la partition, à commencer par l’ouverture et la quasi intégralité du rôle protagoniste de Jaël. Ces coupes rendent l’intrigue quelque peu bancale. Aussi, les tempi sont un peu trop lents à notre goût. Cependant des moments d’une pure beauté ont réussi à nous convaincre que maestro Koopman devrait revenir plus souvent à Haendel.

Sophie Junker est une Deborah idéale. Incarnant la hiératique prophétesse avec aplomb, la soprano belge à la tessiture qui convient au rôle et sa maîtrise du chant Haendelien restituent les plus beaux joyaux de cette partition à la perfection. La ligne vocale immarcescible de Sophie Junker, doublée d’une précision hors pair dans la vocalise ont rendu à Deborah à la fois la puissance fougueuse de la prophétesse et l’ardeur d’une héroïne prompte à tout pour le salut de sa foi et sa nation. Jakub Jozef Orlinski, en revanche, reste égal à lui-même. Avec un timbre chaleureux par instants mais au placement déséquilibré, il est un Barak en filigrane et n’arrive pas à surmonter certaines difficultés de la partition que péniblement. Nous avons été passablement agacés par des facéties histrioniques hors propos pour un héros biblique. 

Le reste de la distribution n’a pas été remarquable. L’Abinoam caricatural de Matthias Wolff Friedrich peinait à faire entendre la musique de Haendel. Le Sisera soporifique de Sophia Patsi ne fait pas briller la flamme cruelle du Cananéen. Seul l’excellent ténor Kieran White sort son épingle du jeu avec ses interventions, c’est un des plus talentueux chanteurs de sa génération et il mériterait d’avoir des rôles principaux à foison. Kieran White a une voix exceptionnelle comme on les aime : précise, riche en contrastes et au timbre à la fois brillant et envoûtant. 

Le soleil glorieux percera finalement les nuées qui ont embaumé le printemps parisien ce soir de Deborah. L’histoire de la juge et de Jaël nous porte à croire que l’avenir promet des épreuves qui vont être balayées par le courage et l’effort. C’est dans cette période d’incertitude qu’il est nécessaire d’entendre ces œuvres et en tirer les leçons. Outre la morale religieuse, ce sont les émotions que Haendel a su distiller en faisant de la marmoréenne Deborah, un rayon puissant de ce soleil qui ne s’éteint jamais.

 

 

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CRITIQUE, oratorio, THEÂTRE DES CHAMPS-ELYSEES, le 23 MAI 2025. HAENDEL : Deborah. S. Junker, J. Orlinski, Matthias Wolff… Amsterdam Baroque Orchestra & Choir, Ton Koopman (direction). Crédit photo (c) DR.

 

FESTIVAL INVENTIO 2025. Dim 22 juin 2025 : « Une invention féérique ou la parabole du professeur Tourbillon », création. Orchestre Sur Mesure, Léo Marillier (conception), Vincent Morieux (mise en scène)

Le spectacle-création du 22 juin à la Galleria Continua / les MOULINS à BOISSY LE CHÂTEL (17h), est l’un des temps forts du 10ème Festival INVENTIO 2025. Imaginé par Léo Marillier et Vincent Morieux, le spectacle est une féerie ou conte musical ; il s’inscrit dans le volet thématique « Ouvrir la voix » à l’affiche du Festival 2025 (LIRE notre entretien avec Léo Marillier, directeur fondateur du Festival INVENTIO, à propos de l’édition 2025)…

 

Il propose une forme ouverte à la fois théâtre musical et récit d’initiation, qui permet la (re)découverte des instruments de l’orchestre et évoque la magie de son fonctionnement ; une odyssée inédite qui immerge dans l’univers d’un orchestre « de poche » et d’une œuvre musicale originale adossée à une histoire fantastique. Plurielle, poétique, audacieuse voire délirante mais « magique », la pièce relève de façon emblématique du travail de Léo Marillier.

Le concert de 17h est précédé d’une visite guidée des nouvelles expositions du lieu.

 

 

 

 

La Parabole du professeur Tourbillon,
invention féerique (création)
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GALLERIA CONTINUA, Les Moulins
46, rue de la Ferté Gaucher à Boissy le Châtel
Dimanche 22 juin 2025, 17h

RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site du 10è Festival INVENTIO 2025 : https://www.inventio-music.com/

 

 

Spectacle-familles entre féérique et sensationnel
 – « Une invention féérique ou la parabole de Monsieur Tourbillon » de Léo MARILLIER, librement inspiré par un récit de Ferruccio Busoni (création 2025) – Conte musical et récit d’initiation permettant Au sein d’un décor à couper le souffle… A la fois conte musical et leçon pédagogique pour découvrir les instruments de l’orchestre et la magie de son fonctionnement dans la lignée des récits d’initiation à l’orchestre tels que « Pierre et le Loup », le spectacle musical proposé par le Festival INVENTIO, immerge les spectateurs dans l’univers des timbres et des harmonies orchestrales grâce à un ensemble de taille réduite plus accessible et à une œuvre musicale originale à visée pédagogique, adossée à une histoire fantastique. Entre féérique et sensationnel, entre découverte et séduction, et dans un écrin abritant les œuvres monumentales des plus grands artistes-plasticiens de notre temps : Daniel Buren, Anish Kapoor… le concert spectacle s’annonce comme l’un des temps forts du Festival INVENTIO 2025.

 

avant le concert de 17h
15h30 (option sur inscription) : visite guidée par les médiateurs de la GALLERIA CONTINUA ; découverte des nouvelles expositions du lieu. Des roues hydrauliques, des charpentes et poutres métalliques apparentes, des soubassements en béton… L’ancienne papeterie des Moulins en Seine-et-Marne date des années 1820 ; ses machines à papier l’érigèrent en son temps en pionnière de la « révolution du livre ». Le riche décor et les éléments bruts qui le composent, servent aujourd’hui de faire-valoir aux œuvres souvent monumentales et aux expositions collectives qui se succèdent dans les deux espaces d’exposition (1500m²). Des artistes aussi renommés que le plasticien indien Anish Kapoor, mais aussi Ai Weiwei, ou Antony Gormley se partagent ces immenses espaces de ciment et de verdure….

 

17h, création 2025
Une invention féérique
ou la parabole du professeur Tourbillon

Conte fantastique musical – Orchestre et choeur – Fantaisie musicale librement inspirée d’un récit de F. Busoni, imaginée et composée par Léo Marillier – création 2025.
Orchestre Sur Mesure
Clara Barbier-Serrano, soprano
Léo Marillier, violon
Emma Derivière, contrebasse
François Vallet , percussions
Guillaume Retail, hautbois
Geoffray Proye, trombone
Charlotte Scohy, flûte
Camille Coello, alto
Helena Ortuno, basson
Emmanuel Acurero, violoncelle
Ensemble vocal de Passy dirigé par Angélique Niclas
Mise en scène : Vincent Morieux
Livret : Léo Marillier et Vincent Morieux

Goûter gourmand offert, après la représentation

 

 

 

 

entretien

LIRE aussi notre grand ENTRETIEN avec Léo Marillier, directeur artistique du Festival INVENTIO 2025, à propos de la 10ème édition 2025 : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-leo-marillier-directeur-artisitique-du-festival-inventio-a-propos-de-ledition-2025-celle-des-10-ans-les-29-avril-5-17-mai-1er-15-22-29-juin-puis-7-12-20-septembre/

 

ENTRETIEN avec LÉO MARILLIER, directeur artistique du Festival INVENTIO, à propos de l’édition 2025 : celle des 10 ans / Les 29 avril, 5, 17 mai, 1er, 15, 22, 29 juin puis 7, 12, 20 septembre 2025

 

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre du Châtelet, le 24 mai 2025. G. BIZET : L’Arlésienne / Le Docteur Miracle. D. Bawab, H. Mas, M. Mauillon, T. Dolié… Orchestre de chambre de Paris, Pierre Lebon (mise en scène), Sora Elisabeth Lee (direction)

Pour célébrer le 150ème anniversaire de la disparition de Georges Bizet, le Théâtre du Châtelet propose un diptyque tragique et comique du compositeur dans le cadre du festival Palazzetto Bru Zane. Versus Provence : L’Arlésienne de Daudet ; versus commedia dell’arte : Le Docteur Miracle. Avec l’Orchestre de chambre de Paris et d’excellents artistes mis en scène par l’iconoclaste Pierre Lebon, le public familial s’éclate. 

 

Versus tragique, L’Arlésienne, drame d’Alphonse Daudet avec les musiques de scène de Georges Bizet (1872, théâtre du Vaudeville) est ici remanié en conte par Hervé Lacombe, s’inspirant de la nouvelle éponyme d’Alphonse Daudet (1866). Au centre du plateau, l’immense moulin est un dispositif scénographique doublement pertinent. Au plan dramatique, les ailes en mouvement figurent la temporalité des destinées sur trois générations en milieu rural provençal, dont celle du jeune Frederi, hanté par son Arlésienne volage. En outre, le premier plateau du moulin intègre un castelet dont les toiles déroulent des paysages naturalistes ou bien des scènes folkloriques du XIXe siècle à la manière d’un diorama sous diverses saisons (Bertrand Killy aux lumières). Au plan de la récriture, les allusions aux Lettres de mon moulin (La Chèvre de M. Seguin, Le Secret de maître Cornille) trouvent ici une évocation pittoresque au pied du moulin de Fontvieille où le jeune Alphonse séjourna, proche des félibres. Plusieurs « tableaux » de bergers, arlésiens et arlésiennes sont rapidement saisis dans la mise en scène néo-réaliste de Pierre Lebon. Cependant, dans le huis-clos du mas provençal, le « réalisme poétique » et intime de L’Arlésienne peine à surgir. Car cette adaptation emmêle les fils narratifs conduisant au suicide du fils Frederi, concomitant de l’éveil de conscience de l’Innocent, son frère. En outre, la stylisation de pantomimes et chorégraphies métamorphose les êtres douloureux en santons-acrobates dans un registre trop expressionniste. Lorsque la sincérité du conteur provençal – Eddie Chignara – et la naïveté errante de l’Innocent « à la Debureau » (Pierre Lebon) habitent la scène de bout en bout, les musiques de scène de Bizet sont d’inépuisables ressources d’intimité et d’éclairage psychologique. Sous la direction de Sora Elisabeth Lee, l’Orchestre de chambre de Paris renoue avec la véritable formation de 26 musiciens et fait briller les standards : l’alerte Marche des rois en ouverture ou l’étourdissante Farandole (des emprunts de Bizet au recueil provençal de Vidal), sans omettre les joyeuses volées du Carillon. Plus rarement interprétés in extenso, les autres pages raffinées mêlent l’instrumental au quatuor vocal (les futurs interprètes du Docteur Miracle). Si le tempo du premier menuet est trop vif et haché, les tempi et nuances appropriés de la Pastorale (sicilienne pour 2 flûtes émérites) et de l’Adagietto (mélodrame sous les aveux amoureux des vieillards) forment deux pics de séduction sous une nuit étoilée à la Van Gogh.

Versus comique, le public est à la fête en découvrant Le Docteur Miracle, opéra-comique en un acte du jeune Bizet (à peine 19 ans), composé pour le concours offenbachien des Bouffes-Parisiens (1857) qu’il gagne, ex aequo avec Charles Lecocq. Sous la plume de L. Battu et L. Halévy, le canevas dell’arte oppose le Podestat de Padoue dupé (baryton) au clan des jeunes amoureux, sa fille Laurette (soprano) et le capitaine Silvio (ténor), rejoints par sa seconde épouse Véronique (mezzo). Silvio est prêt à tous les travestissements (charlatan, serviteur Pasquin, docteur) pour obtenir le consentement paternel au mariage. La scénographie efficace d’un théâtre de tréteaux – un empilement de praticables et de trappes campant la maison du Podestat sur la place publique – donne lieu à d’acrobatiques jeux de scène, calibrés sur les rythmes musicaux. Tous vêtus de rouge comme au cirque, les quatre chanteurs en défient les risques sur les pas d’un effronté manipulateur (rôle parlé incarné par Pierre Lebon 1). Ce bateleur des farces du Pont-Neuf, mâtiné de Sganarelle du Malade imaginaire, mène l’intrigue. Après l’ouverture virevoltante, de piquants numéros vocaux déroulent les épisodes de la pasquinade, entrecoupée de vifs dialogues. Le talent précoce de Bizet s’y expose, apte à composer la couleur du moment. Pour se limiter à des exemples, le second tempo de l’ouverture frétille sous la baguette de la cheffe de l’Orchestre de chambre de Paris; la fanfare de rue (coulisse) couine avec un brio clinquant. Autres registres, la tendre effusion de la romance de Laurette, détaillée avec fraîcheur par Dima Bawab (L’amour vient) s’enchaîne au registre décomplexé de la cupidité dans l’air de Véronique. La crânerie et la splendeur du timbre d’Héloïse Mas y fait merveille. Si le prétendant – Marc Mauillon – séduit par un naturel vocal adapté à ses travestissements (Je sais monter les escaliers), le podestat au ventre postiche – Thomas Dolié – affiche également une belle palette expressive. Ces protagonistes patentés excellent dans l’iconique « quatuor de l’omelette », bissé lors de la création aux Bouffes. Le registre prosaïque de la recette est audacieusement détourné vers les codes sérieux du bel canto contemporain (Donizetti), construisant une progression et un crescendo superlatifs depuis le tempo lent initial. La grandiloquence vocale est d’une discordance désopilante au vu des paroles. En complicité de l’Orchestre, les interprètes en savourent le sel pour notre plus grand plaisir.

Dans ce diptyque tragique / comique, le public du Théâtre du Châtelet découvre les facettes du génie de Bizet (1838-1875), avant l’incontournable Carmen. L’intériorité tragique comme l’ironie cocasse s’affirment pleinement, à quelque âge de sa brève carrière.

 

 

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CRITIQUE, opéra / conte musical. PARIS, Théâtre du Châtelet, le 24 mai 2025. G. BIZET : L’Arlésienne / Le Docteur Miracle. D. Bawab, H. Mas, M. Mauillon, T. Dolié… Orchestre de chambre de Paris, Pierre Lebon (mise en scène), Sora Elisabeth Lee (direction). Crédit photographique © Thomas Amouroux

 

 

ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE. Les 15, 17 et 18 juin 2025. 1001 DANSES. SIERRA, POULENC (Gloria), RIMSKY-KORSAKOV (Shéhérazade). ONPL, Domingo Hindoyan (direction)

C’est l’un des ultimes temps forts de la saison 2024 – 2025 de l’ONPL / ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE ; un programme exclamatif et lumineux comprenant l’invitation onirique de Shéhérazade de Rimsky-Korsakov et le Gloria de Poulenc… deux œuvres envoûtantes pour une grandiose fin de saison ! De surcroît en accès facilité : 15 euros la place quelque soit la catégorie…

 

En début de concert, le chef d’orchestre Domingo Hindoyan joue le compositeur Roberto Sierra. Occasion prometteuse de découvrir les rythmes endiablés de son Fandango ; ils provoqueront une irrésistible envie de danser.
En contraste, le Gloria de Poulenc est une poignante page de musique sacrée. Un sacré qui se colore de nostalgie et d’un zeste de frivolité, comme toujours chez le facétieux compositeur « mi-moine, mi-voyou », cependant d’une croyance sincère manifeste. Les voix célestes de Melody Louledjian et du Chœur de l’ONPL interprètent ce chef-d’œuvre inspiré des fresques cabotines de Gozzoli à Florence.

Créée en 1888, la chatoyante Shéhérazade de Rimski-Korsakov brille également de mille feux. La partition est un sommet de raffinement orchestral, de suggestion onirique qui convoque les confins d’Orient, l’appel de la mer (le navire de Sindbad), et l’amour d’une princesse légendaire et d’un jeune prince, sans omettre la fête à Bagdad et le naufrage… Orchestrateur de génie, le compositeur russe tisse un voyage irrésistible dans le monde magnifique d’une sultane avisée qui, en diseuse envoûtante, pour échapper à l’exécution, hypnotise le sultan Shahriar par ses récits merveilleux, pour mille-et-une nuits grâce à mille-et-un contes. La puissance des légendes inspire une pièce parmi les plus envoûtante du répertoire symphonique.

Photo : Domingo Hindoyan DR

 

 

 

Concert symphonique
OFFRE SPÉCIALE : 15 EUROS quelque soit la catégorie
La 2è place à 10 euros
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ANGERS, Centre de congrès
Dim 15 juin 2025, 17h
Mardi 17 juin 2025, 20h30 /
NANTES, Cité des congrès
Mercredi 18 juin 2025, 20h30
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’ONPL / ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE : https://onpl.fr/agenda/mille-et-une-danses/
Durée totale : 100 min

 

 

 

 

programme

Roberto Sierra | Fandangos – 13’

Francis Poulenc | Gloria – 28’
Melody Louledjian soprano
Choeur de l’ONPL -Valérie Fayet, cheffe de choeur

– entracte –

Nicolaï Rimski-Korsakov | Shéhérazade, suite – 42’

ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE
Domingo Hindoyan, direction

Consultez ici le programme du concert (pdf) :
file:///Users/pham/Downloads/mille1danses.pdf

 

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ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO. Dim 15 juin 2025 : HOMMAGE A CHOSTAKOVITCH : Concerto pour piano n°2 (Andreï Korobeinikov, piano). Juraj VALČUHA (direction)

Vertiges symphoniques assurés ! L’OPMC / ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO nous régale ce dimanche 15 juin prochain (Auditorium Rainier III, 18h) en proposant un programme ambitieux associant entre autres deux massifs spectaculaires de l’écriture symphonique (et concertante) : le Concerto n°2 de Chostakovtich dont 2025 marque le 50ème anniversaire de la mort ; puis fresque autobiographique qui hisse une existence à l’échelle de l’épopée : Une vie de héros de l’immense Richard Strauss

 

Concerto pour piano n°2 de CHOSTAKOVITCH : POUR MAXIME…
Près de 25 ans après son premier Concerto (1933), Chostakovitch compose son Deuxième concerto pour piano à l’intention de son fils Maxime. Volontiers plus léger, voire « insouciant », le compositeur par égard à la jeunesse du soliste (19 ans), semble écarter l’ironie mordante et la satire glaçante qui lui sont coutumières. Panache, esprit fanfaron, soliloque d’une franche clarté les deux mouvements extrêmes permettent d’exposer un dialogue ardent, vif (groupe des vents dont les flûtes engageant presque acide cependant), entre orchestre et piano. Même l’Andante, explicitement intérieur, n’écarte pas une gravité inquiète… cela, sans proportion avec les accents tragiques de la Symphonie n° 11, créée quelques mois plus tard.

Amorcé telle une comptine, le premier Allegro martèle un épisode martial (scansions de la caisse claire) où le piano percussif, déterminé, trépidant, bouillonnant, affirme sa marche expressionniste comme hallucinée, porté par un orchestre d’une énergie croissante comme prêt à en découdre… Ample sarabande, l’Andante central déploie à l’inverse, une cantilène toute feutrée, d’une délicatesse infinie, intériorité triste, nostalgique dont le repli grave, le lyrisme sombre regardent vers le dernier postromantique : Rachmaninov…
Le finale (Allegro) renchérit sur l’élan percussif du premier mouvement, avec une motricité décuplée, comme ivre ainsi que le suggèrent la polka et ses contretemps heurtés. Le pianiste y multiplie les éclats virtuoses dans lesquels Chostakovitch a glissé non sans humour, les études de Hanon, étudiées par son fils pour perfectionner son jeu.

 

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Dimanche 15 juin 2025, 18h
MONACO, AUDITORIUM RAINIER III
Concert symphonique : Hommage à Chostakovitch
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’OPMC ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO : https://opmc.mc/concert/hommage-a-chostakovitch-15-juin-2025/
Alexander GLAZOUNOV
Valse de concert n°1 en ré majeur, op. 47
Dmitri CHOSTAKOVITCH
Concerto pour piano n°2 en fa majeur, op. 102
Richard STRAUSS
Ein Heldenleben (Une vie de héros), TrV 190, op. 40

 

Durée approximative du concert: 1h45 avec entracte

 

 

 

 

RICHARD STRAUSS : UNE VIE DE HÉROS
Ein Heldenleben, TrV 190, op. 40 – 1899

Après Don Quichotte (1898), Une vie de Héros, opus 40, met un terme au cycle grandiose des poèmes symphoniques que l’auteur porte à son paroxysme expressif, tout en absorbant les formes et les pistes de la modernité. Richard Strauss s’essaie avec liberté et invention à expérimenter une très large palette de possibilités instrumentale, certes circonscrit dans le « cadre » fixé par son sujet, ici une auto proclamation, une sorte de journal autobiographique, une manière de double musical. Son esprit facétieux autant qu’épique donne matière à un foisonnement de l’écriture qui n’est pas seulement « descriptive » : il est aussi purement instrumental, expérimental, toujours évocatoire… A l’époque de la Seconde Symphonie « Résurrection » de Mahler, également autobiographique, Strauss semble animé par une même aspiration spirituelle qui lui inspire ce mouvement spéculatif, expiatoire, démonstratif sur sa propre carrière. Il a trente cinq.
Evoquant les épisodes d’une épopée domestique, six morceaux s’enchaînent formant une ample sonate organisée par un ciment thématique (onze thèmes distincts) dont le style a été considéré comme le plus classique des poèmes composés, regardant vers Beethoven ou Berlioz. Photo : le chef Juraj Valcuha / DR.
L’oeuvre dédiée à Willem Melgelberg et à l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam est créée le 3 mars 1899 sous la direction de l’auteur, suscitant l’enthousiasme du public.

1. « Der held », le héros. Au commencement telle une autoproclamation dont la critique éreintée, malgré le succès immédiat de l’oeuvre jusqu’à l’hystérie (selon les témoignage de Romain Rolland), a reproché le narcissisme volontaire, Strauss se présente avec une emphase lyrique pleinement assumée : c’est l’avènement du héros victorieux et conquérant, défiant l’univers et les hommes, dans la tonalité de mi bémol majeur, celle du triomphe.
2. « Des Helden Widersacher » : il s’agit d’un scherzo caricatural dans lequel l’auteur épingle les « ennemis duhéros » : ces critiques gavés de fausses et étroites certitudes à l’esprit arrogant et pincé. Flûte, hautbois puis tuba insistent sur la tonalité sarcastique de la pièce où malgré de vains assauts contraires, le héros triomphe toujours.
3. « Des Helden Gefährtin », la compagne du héros est madame Strauss soi-même : personnalité versatile et capricieuse s’il en est, comme l’indique le violon solo. Agitations, disputes? tout se calme bientôt en un long adagio amoureux, pacifié.
4. « Des Helden Walstatt » : l’emportement guerrier des trompettes installent « le combat du héros » : les adversaires du deuxième chapitre, reparaissent. Volée de projectiles (flûte piccolo), fracas des armes affrontées (cuivres) : la guerre brossée par un Strauss qui veut en découdre enthousiasme Rolland qui reconnaît « la plus formidable bataille jamais peinte en musique! ». L’envolée martiale s’achève sur un nouveau chant de victoire (exaltant si majeur).
5. « Des Helden Friedenswerke » expriment les « oeuvres de paix du héros » : aspiration mystique, conscience philosophique qui citent les poèmes antérieurs, « Don Juan » et « Zarathoustra » (aux cors à la noble puissance), mais encore, « Mort et Transfiguration », « Don Quichotte » : l’auteur fait face à son oeuvre et s’expose à une sorte de bilan personnel et rétrospectif.
6. Après un court intermède tragique, c’est « la retraite du héros et l’accomplissement » ( Des helden weltflucht und vollendung) : cor bucolique, puis thème de la résignation, enfin, renoncement exprimé en une lente berceuse. Au terme du cycle des épreuves, le héros assume le sens de toute une vie pleinement acceptée.

 

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CRITIQUE, opéra (en version concertante). VERSAILLES, Opéra Royal, le 25 mai 2025. WAGNER : Siegfried. T. Unger, A. Asszonyi, S. Bailey… Orchestre national de la Sarre, Sébastien Rouland (direction)

Dans le cadre majestueux de l’Opéra Royal de Versailles, la version de concert du Siegfried de Richard Wagner a offert, le 25 mai 2025, une expérience musicale d’exception. Ce troisième volet du Ring des Nibelungen poursuit le cycle (entamé en 2023 avec L’Or du Rhin, suivi en 2024 avec La Walkyrie) par l’Orchestre du Théâtre National de la Sarre, sous la baguette superlative de leur directeur musical, le chef français Sébastien Rouland. Une célébration anticipée du 150ᵉ anniversaire de la création intégrale du Ring à Bayreuth (1876-2026), magnifiant le lien historique entre Louis II de Bavière, Versailles et Richard Wagner.

 

Sébastien Rouland, chef associé à ce projet cyclique depuis ses débuts, a déployé une lecture à la fois précise et flamboyante de la partition. Son orchestre, formé de musiciens rompus au répertoire wagnérien (tradition oblige dans les maisons allemandes), a fait vibrer la salle de marbre et bois doré par la transparence des textures, où les cuivres, d’une rondeur sans vulgarité, dialoguaient avec des bois d’une poésie forestière (scènes de la Forêt). L’acte I, centré sur l’ambiance étouffante de la forge, contrastait avec l’éclat cosmique de l’acte III (entrée d’Erda et réveil de Brünnhilde). Le chef a su particulièrement gérer les climax de l’ouvrage : le Murmure de la forêt (Waldweben) a jailli comme un souffle organique, tandis que la traversée du feu final a électrisé l’auditoire par sa tension progressive.

La version de concert, dépourvue de mise en scène si ce n’est quelques déplacements sur le maigre espace leur restant devant l’orchestre placé sur le plateau, exige des chanteurs une incarnation par la seule puissance du verbe et du timbre. La distribution internationale réunie à Versailles a relevé ce défi avec brio. Dans le rôle-titre, l’allemand Tilmann Unger possède un timbre clair et juvénile, idéal pour le « héros ignorant », mais la voix apparaît fragile dans le I, avant de prendre de plus en plus d’assurance au II et au III. Son “Nothung ! Nothung !” à l’acte I n’a pas eu totalement l’effet escompté, tandis que la scène du dragon révélait ensuite une palette allant de la bravoure à l’émerveillement enfantin. Son monologue final (« Ewig war ich« ) a été du plus bel effet. De son côté, la soprano hongroise Aile Asszonyi (Brünnhilde) est une soprano dramatique à la projection de laser, et elle a transformé l’immobilité en triomphe. Son réveil (« Heil dir, Sonne !« ) a déployé des aigus étincelants et une ligne de chant d’une tenue héroïque, épousant chaque nuance de l’orchestre. 

Le baryton-basse britannique Simon Bailey (Wotan), à la noble autorité, a humanisé le dieu déchu par un legato sombre et pénétrant (dialogue avec Erda à l’acte III). Son duel verbal avec Mime (Acte I) fut un modèle d’ironie tragique. Accouru en remplacement d’un collègue défaillant (et donc seul chanteur à avoir besoin d’un pupitre avec la partition…), Paul McNamara possède cette voix de ténor caractériel, emplie de duplicité. Son récit de la peur (Acte II) a révélé un art du phrasé grotesque et poignant, contrepoint parfait à la simplicité de Siegfried.. Werner van Mechelen interprète un Alberich complexe, maladif dans son obsession, appuyé par une voix puissante et riche en nuances. Formidable Erda campé ici par l’alto brésilo-américaine Melissa Zgouridi, aux graves abyssaux, tandis que la basse japonaise Hiroshi Matsui séduit grandement par la puissance de sa voix caverneuse. Enfin, Bettina Maria Bauer (L’Oiseau des bois) est une soprano légère au timbre de cristal, parfaite en guide aérien dans la forêt

Cette version de concert a démontré que la puissance du Ring réside avant tout dans sa partition. Sébastien Rouland, en alchimiste inspiré, a uni la rigueur germanique (Orchestre de la Sarre) et la clarté française (acoustique versaillaise) pour servir un récit initiatique universel. Les ovations finales – saluant particulièrement la soprano dramatique et les voix graves – ont confirmé l’émotion partagée. Rendez-vous est pris pour Le Crépuscule des Dieux en mai 2026, où le rêve de Louis II de réunir Versailles et Bayreuth trouvera son accomplissement !

 

 

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CRITIQUE, opéra (en version concertante). VERSAILLES, Opéra Royal, le 25 mai 2025. WAGNER : Siegfried. T. Unger, A. Asszonyi, S. Bailey… Orchestre national de la Sarre, Sébastien Rouland (direction). Crédit photographique (c) Emmanuel Andrieu

 

 

CD événement annonce. INSIEME: Schubert 4 hands piano music. Monica Leone, Michele Campanella, pianos (1 cd Odradek, 2008)

Lisztéen de grande classe (il a fait paraître un ouvrage sur le compositeur hongrois comme écrivain en 2011), pédagogue recherché, le pianiste italien multi récompensé Michele Campanella élargit encore son champs de recherche dans ce nouvel opus. Adepte des lectures maîtrisées entre haute technicité et profondeur, sobriété et poésie, l’excellent pianiste retrouve pour le label Odradek, une partenaire particulièrement choisie avec laquelle il cultive des affinités créatives comme ce nouveau double album le démontre : Michele Campanella réalise en complicité avec Monica Leone (son épouse à la ville) tout un cycle de pièces pour piano à quatre mains de Schubert (1797 – 1828). Le corpus pianistique ainsi sélectionné est relativement peu exploré, pourtant d’une grande richesse poétique et expressive.

 

 

 

Les deux interprètes regroupent les pièces les plus significatives de l’écriture Schubertienne, dévoilant aussi l’évolution stylistique de la Fantaisie D9 de 1811… à la Fantaisie D940 de 1828 (année de sa mort). Un intervalle durant lequel l’imagination et la conception musicale de Schubert traverse de multiples jalons, alliant charme, gravité voire introspection vertigineuse. En dépit de la fugacité de son existence terrestre, Schubert laisse en héritage, un catalogue musical d’une vérité personnelle souvent bouleversante.
La vitalité du jeu à 4 mains (et 2 pianos pour les « 6 Grandes Marches » D819) souligne combien dans la diversité des caractères et des rythmes, l’œuvre de Schubert est plurielle mais d’une étonnante cohérence poétique.

Aux Variations sur un thème original D813 (1824) associant mélodies élégantes et motricité dansante, répondent les quatre Polonaises D599 et le Deutscher und Ländler D618 qui regorgent d’idées musicales entre bonhommie et insouciance…
Originellement écrite pour l’orgue, la fugue en mi mineur D952, transcrite à quatre mains, date également de 1828. Elle souligne la dernière manière d’un Schubert rattrapé par la maladie.
Au centre de l’approche, ample et très contrastée, avec ses reprises évolutives aux modulations d’une rare subtilité, la Fantaisie en fa mineur D940 est une pièce majeure qui exige imaginaire, fluidité, intensité. Grande finesse aussi dans la réalisation de chaque reprise… Les deux pianistes Michele Campanella et Monica Leone en expriment toute l’énergie de transformation et l’intériorité parfois douloureuse, jusqu’à sa conclusion tragique, où la reprise du motif musical conclut le cycle comme une ultime expérience intime et nostalgique. « C’est l’une des œuvres les plus importantes de 1828, année où Schubert atteignit les sommets de la musique », précise Michele Campanella. Le compositeur y délivre un message personnel, autobiographique, d’une sombre et impérieuse sincérité. Double cd événement. Michele Campanella et Monica Leone se produisent ensemble depuis de nombreuses années, dans un répertoire allant de Bach à Bartók. L’alchimie de leur duo pianistique se dévoile avec éclat dans ce nouveau programme discographique en 2 cd, réunissant donc 9 pièces et cycles parmi les plus personnels de Franz Schubert. Prochaine critique à venir sur CLASSIQUENEWS.COM

 

 

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CD événement annonce. INSIEME: Schubert 4 hands piano music. Monica Leone, Michele Campanella, pianos (1 cd Odradek, 2008) – ODRCD469 -UPC : 810042704695 – parution fin avril 2025 –  PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur italien Odradek records : https://odradek-records.com/release/michele-campanella-monica-leone-insieme-schubert-4-hands-piano-music/

CD événement, annonce. Martha Argerich / Alexandre Rabinovitch-Barakovsky – Live in Luxembourg, 2006 (1 cd Cascavelle)

Deux immenses tempéraments pianistiques associent leur prodigieuse technicité et leur créativité poétique dans un 4 mains totalement légendaire, réalisé à la Philharmonie de Luxembourg en mai 2006. Leur fusion spirituelle s’avère d’un onirisme bouleversant. On sait les liens profonds qui unissent Martha Argerich et Alexandre R-Barakovsky : cette entente fraternelle intergénérationnelle est une source permanente de miracles sonores et poétiques…

 

 

 

…Un modèle de créativité à deux âmes, à deux cœurs, que porte une même exigence de perfection entre justesse émotionnelle et idéal esthétique. Ce disque doit être entre toutes les mains, artistiquement éblouissant, il inspire et exprime ce que l’acte musical, de surcroît ainsi partagé à 4 mains peut réaliser de meilleur. Une sorte de miracle musical qui porte aux cimes célestes ; carrément (cf. le flux extatique de « La nuit… L’amour », révélant un Rachmaninov lisztéen qui rejoint les étoiles). Au programme, les 2 Suites de Rachmaninov, et quelques « encores »(bis), tout aussi magiciens, Ravel, Brahms…

Si le premier épisode de la Suite n°2, est d’exposition et déjà d’une furieuse énergie, la Valse qui suit donne la mesure de la performance : crépitante et scintillante, d’une maîtrise agogique exceptionnelle, révélant dans cette Valse : et la complicité superlative des deux pianistes, et pour chacun, une hypersensibilité qui coulant de source, se dévoile complémentaire à l’autre ; la versatilité des climats de la Valse, en cela suivi idéalement par l’approche non moins exceptionnelle de la Romance, qui suit, alterne précipitations impérieuses et élans suaves des plus suggestifs (fin éthérée, murmurée, éperdue de la dite Romance) ; phrasés ciselés en contrastes exacerbés, d’une mesure à l’autre, dans une entente souveraine.
De tels crépitements qui dans le jeu simultané, étagé, croisé des 4 mains, font surgir des jaillissements expressifs ardents, fulgurants, rappellent les chants et contre-chants des Concertos pour piano (surtout le n°3, récemment restitué par une archive du lauréat du Concours Cliburn 2022, Yunchan LIM, superbe live édité par Decca au printemps 2025, lui aussi – également salué par le CLIC de CLASSIQUENEWS…).
Tout le programme de ce live mythique, est de la même eau, avec une Suite n°1, plus enivrante et poétiquement éperdue, alliant suprême naturel et flux expressif virtuose. Le label Cascavelle nous régale en nous offrant ainsi une performance artistique anthologique. La preuve est bel et bien apporté ici qu’un miracle musical est possible en concert ; d’autant mieux transmis que la prise de son est remarquablement proche et détaillée. CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025 – prochaine critique complète sur CLASSIQUENEWS.

 

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CD événement, annonce. Martha Argerich / Alexandre Rabinovitch-BarakovskyLive in Luxembourg, 2006 (1 cd Cascavelle)  –  Plus d’infos sur le site de l’éditeur Cascavelle : https://vdegallo.com/fr/produit/rachmaninoff-ravel-mendelssohn-martha-argerich-alexandre-rabinovitch-barakovsky-live-in-luxembourg-2006/

 

 

 

 

 

 

 

autres critiques cd

autres critiques de CD Casacavelle sur CLASSIQUENEWS : https://www.classiquenews.com/?s=cascavelle

 

CRITIQUE CD événement. CLARA NOTRE ÉTOILE – lieder de Robert et Clara Schumann / Brahms – Alice Ferrière, mezzo-soprano (1 cd Cascavelle)

 

 

CRITIQUE, CD évènement. LA MONTAGNE MAGIQUE / Quatuor LONTANO et invités : STRAVINSKY, COPLAND, NOVAK, RAVEL, BERIO… (1 cd CASCAVELLE)

 

CD, coffret événement. BERLIOZ Enregistrements inoubliables / unforgettable recordings : Monteux, Münch, Beecham, Scherchen, Martinon… (11 cd CASCAVELLE)

 

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CRITIQUE, LIVRE événement. ALAIN GUÉDÉ : MONSIEUR DE SAINT GEORGE (nouvelle édition 2025, Actes Sud)

Né en 1739 à Basse-Terre (Guadeloupe), d’une esclave d’origine sénégalaise et d’un planteur noble, Joseph, le beau mulâtre de Guadeloupe, incarne une trajectoire singulière voire exceptionnelle au XVIIIè ; il apparaît aujourd’hui comme l’une des figures les plus romanesques du siècle des Lumières. L’auteur qui avait déjà fait paraître une biographie chez le même éditeur en 1999 (« intitulée alors « Monsieur de Saint-George, le nègre des lumières »), rééditée ensuite en 2017, a repris son texte et l’a considérablement enrichi des découvertes les plus récentes

 

 

 

Joseph, le Voltaire de la musique

… dont l’un des apports significatifs est la restauration de son juste nom, levant le voile sur ses origines ; les musiciens et musicologues désormais avisés seraient inspirés (lire la passionnante annexe « l’homme qui ne s’appelait pas Bologne »), de respecter le nom exact de Joseph de Saint-George, et précisez dorénavant : Joseph Boullongne de Saint-George, … en aucun cas « Bologne » qui est inexact (et que l’on peut lire cependant partout). L’affaire est entendue, et le dossier identitaire et la clarification patronymique sont désormais clos : Joseph est le fils d’une esclave NINON (au caractère bien trempé, originaire d’Afrique / Sénégambie) et de Guillaume-Pierre de BOULLONGNE, trésorier général des colonies pour le duc de Choiseul alors ministre de la Marine et des colonies de Louis XV. On apprendra que l’enfant né de ce couple inespéré héritera de la grâce et du caractère de sa mère ; de la force et de la fermeté de son père.

 

BOULLONGNE et non « BOLOGNE »

C’est le destin exceptionnel de ce répudié de l’histoire que retrace ici Alain Guédé, dont l’érudition vivante, accessible ressuscite avec talent l’itinéraire de l’homme et aussi le contexte historique dans lequel il dut faire sa place ; période tourmentée, société hiérarchisée et compartimentée, mentalités racistes… Les grands événements de sa vie sont retracés avec un aplomb réjouissant et force détails.
Le profil du remarquable bretteur qui avait le goût des confrontations et qui aimait les gagner, revêt ainsi un relief singulier, idéalement évoqué ; aux côtés de ses performances musicales : le virtuose du violon (élève du légendaire et mystérieux Jean-Marie Leclair) affirmant également un charisme fédérateur comme chef, comme directeur musical de son propre orchestre (« des Amateurs »), et aussi au Concert Spirituel, entre autres… Protégé de Marie-Antoinette, jeune Reine de France en 1776, Saint-George est pressenti pour prendre la direction de l’Opéra Royal : mais un nègre à la tête de l’Académie royale !? le candidat fut ostracisé, relégué, écarté ; son éviction, emblème d’une société raciste et esclavagiste.
Contemporain de Mozart, l’auteur soulève un fait marquant : alors parisien, présent au moment où le Chevalier est pourtant célèbre et son talent reconnu, Wolfgang ne fait aucune mention de son confrère pourtant si doué. Le sous titre de la présente édition « un rival de Mozart », laisse perplexe.

LONDRES, 1787… Parmi les épisodes édifiants d’une vie qui se déroule comme une épopée rocambolesque, distinguons l’un des séjours londoniens de Saint-George, proche du Prince de Galles (futur George IV), et comme le Français, très amateur de fleuret. Envoyé comme agent par le Duc Philippe d’Orléans (son mécène), Joseph âgé de 48 ans y rencontre la Chevalière d’Éon, qui était un homme et que l’on pensait le vrai père du Prince (!)… Les deux épéistes, exceptionnels bretteurs, Saint-George et Éon (60 ans), s’affrontent alors, entre élégance et grande estime partagée, dans un célèbre match qui fait la Une des gazettes londoniennes. C’est à la suite de cette performance médiatisée, que Saint-George est portraituré par Mather Brown,ble portraitiste de John Adams et de Thomas Jefferson (visuel de couverture du livre), et qu’il composera en pensant à la Chevalière d’Éon, son opéra « La fille garçon ». Tout chez l’Américain, ce « Voltaire de la musique » relève de la fable, de la légende, d’un destin hors du commun.

 

 

L’un des apports les plus salutaires reste le premier catalogue raisonné des œuvres de Saint-George ; c’est l’indice le plus objectif qui parle en faveur du compositeur et de sa valeur (qui n’est pas celle d’un « dilettante » comme on le dit trop souvent). La musique de Saint-George avait la grâce de Mozart et aussi sa profondeur, ainsi que le suggère Alain Guédé (le choix du sous titre se précise ainsi) ; plusieurs exemples indiquent clairement la séduction d’un langage musical qui était aussi brillant que juste, virtuose et bouleversant. Ainsi une passionnante hypothèse est formulée à propos du fameux « Adagio d’Albinoni », pastiche contemporain, néo baroque conçu au XXè par le musicologue Remo Giazotto, lequel aurait pu s’inspirer du mouvement lent du Concert pour violon n°9 de Saint-George ! Voilà qui serait d’autant plus significatif sur les dons de mélodiste du très doué Chevalier…

 

MUSICIEN DES LUMIERES
L’auteur recense ainsi les Quatuors (dès 1772, à un époque où Haydn invente et fixe le format du quatuor classique viennois…), plus de 10 Concertos pour violon, un cycle impressionnant de Symphonies et Symphonies concertantes, surtout d’airs lyriques (ariettes, mélodies…), l’opéra « L’Ernestine » de 1777 (livret de Choderlos de Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses), ou encore « La fille-garçon », hommage déguisé à la Chevalière d’Éon (1787) ; quantité de Sonates pour piano seul, clavecin, violon et clavier (pianoforte / clavecin), d’airs avec orchestre, … ce jusqu’à la Révolution, période à partir de laquelle le premier colonel noir de l’Armée française abandonne plume et partitions pour l’épée, s’engageant sans compter au service des idéaux républicains.
Depuis, une trentaine de pièces ont été identifiées (datées 1999-2009)… Aussi complète que facile à lire, la biographie est la référence pour qui souhaite comprendre la personnalité de Joseph de Saint-George, humainement, artistiquement, militairement admirable. Il est temps de ressusciter son legs musical : le présent texte y contribue idéalement. Lecture incontournable.

 

 

Londres, Carlton House, 1787. Match entre deux bretteurs épéistes virtuoses : Joseph de Saint-George et La Chevalière D’Éon, l’espionne de Louis XV – ici rivaux dans une joute fameuse organisée par le Prince de Galles, futur George IV (DR)

 

 

 

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CRITIQUE LIVRE événement. ALAIN GUÉDÉ : MONSIEUR DE SAINT GEORGE (nouvelle édition 2025, Actes Sud) – parution : mars, 2025 – 13.00 x 24.00 cm – 352 pages. ISBN : 978-2-330-20319-1 – Prix indicatif : 24.50€  – CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025
PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur Actes Sud : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-francophone/monsieur-de-saint-george

 

 

 

 

 

VIDÉO Joseph, Chevalier de Saint-George

 

 

 

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STREAMING OPÉRA, sam 24 mai 2025 : BERLIN, Concert des Finalistes Neue Stimmen (Opera Unter den Linden)

A 19h ce soir, samedi 24 mai 2025, vivez la Finale du Concours de chant Neue Stimmen de la Fondation Liz Mohn à l’Opéra Unter den Linden à Berlin, le plus ancien théâtre lyrique de la ville (capté / filmé le 21 mai dernier).

 

 

Le concours de chant Neue Stimmen / Fondation Liz Mohn est un événement incontournable pour les jeunes artistes lyriques. Parmi les anciens participants, figurent plusieurs solistes qui ont été/sont des stars reconnues à l’échelle internationale : Vesselina Kasarova, Franco Fagioli, Marina Rebeka … Elsa Dreisig. Preuve que les lauréats se retrouvent généralement ainsi projetés et mis en lumière, puis engagés par les plus grandes scènes du monde. Au cours de nombreuses présélections internationales – de New York à Londres, d’Amsterdam à Vienne ou au Cap – les experts sélectionnaurs du Concours Neue Stimmen recherchent les jeunes chanteurs et chanteuses les plus prometteurs et leur offre un tremplin unique.

La Finale du Concours se tient tous les deux ans à Gütersloh, sa ville d’origine. Entre deux éditions, une sélection de finalistes se réunit au Staatsoper Unter den Linden à Berlin pour un concert dans la capitale allemande. Ce concert permet de suivre l’évolution de ces jeunes talents au cours d’une soirée largement consacrée à Mozart, avec quelques incursions plus tardives comme des airs empruntés à Mahler et Kurt Weill.

 

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VOIR la Finale du Concours de chant Neue Stimmen de la Fondation Liz Mohn à l’Opéra Unter den Linden à Berlin : https://operavision.eu/fr/performance/concert-des-finalistes-neue-stimmen
Diffusé le 24 mai 2025 à 19h CET
En replay / Disponible jusqu’au 24 nov 2025 à 12h CET Enregistré le 21 mai 2025

 

distribution : 5 jeunes tempéraments mis en avant

1er prix : Magdalena Lucjan (soprano, Pologne)
2ème prix : Anita Monserrat (mezzo-sop, Royaume-Uni)
/ Trevor Haumschilt-Rocha (baryton, USA)
3ème prix : Finn Sagal (baryton, USA)
Prix ​​spécial du jury : Ian Rucker (baryton, USA)
Finaliste : Martina Russomanno (soprano, Italie / USA)
Piano : Markus Zugehör

 

programme
Anita Monserrat (Royaume-Uni), mezzo-soprano
« L’indifférent » de cycle de chansons Shéhérazade par Maurice Ravel
Ian Rucker (États-Unis), baryton
« Rivolgete a lui lo sguardo » de Così fan tutte par Wolfgang Amadeus Mozart
Anita Monserrat (Royaume-Uni), mezzo-soprano & Finn Sagal (États-Unis), baryton
« Il core vi dono » de Così fan tutte par Wolfgang Amadeus Mozart
Magdalena Lucjan (Pologne), soprano
« Zeffiretti lusinghieri » de Idomeneo par Wolfgang Amadeus Mozart
Finn Sagal (États-Unis), baryton
« Hai già vinta la causa? » de Le nozze di Figaro par Wolfgang Amadeus Mozart
Magdalena Lucjan (Pologne), soprano & Trevor Haumschilt-Rocha (États-Unis), baryton
« Crudel! Perché finora farmi languir così? » de Le nozze di Figaro par Wolfgang Amadeus Mozart
Martina Russomanno (Italie/États-Unis), soprano
« Ich atmet‘ einen linden Duft » de Rückert Lieder par Gustav Mahler
Ian Rucker (États-Unis), baryton
« Vers le sud » et « Aussi bien que les cigales » de cycle de chansons Calligrammes par Francis Poulenc
Finn Sagal (États-Unis), baryton
« If ever I would leave you » de musical Camelot par Frederick Loewe
Trevor Haumschilt-Rocha (États-Unis), baryton
« Sois immobile » de Guillaume Tell par Gioachino Rossini
Martina Russomanno (Italie/États-Unis), soprano
« Sombre forêt » de Guillaume Tell par Gioachino Rossini
Anita Monserrat (Royaume-Uni), mezzo-soprano
« Amour, viens rendre à mon âme » de Orphée et Eurydice par Christoph Willibald Gluck
Trevor Haumschilt-Rocha (États-Unis), baryton
« O Captain! My Captain » de Quatre chansons de Walt Whitman par Kurt Weill
Magdalena Lucjan (Pologne), soprano
« Samotny księżyc » – « La lune solitaire » de Six chansons de la princesse des fées par Karol Szymanowski
Martina Russomanno (Italie/États-Unis), soprano & Ian Rucker (États-Unis), baryton
« Nedda! …Silvio, a quest’ora, che imprudenza » de Pagliacci par Ruggero Leoncavallo
Finale: Minuet and Infernal Galop de Orphée aux Enfers par Jacques Offenbach

 

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CRITIQUE, concert. STRASBOURG, Palais de la Musique et des Congrès, le 23 mai 2025. MAHLER : 2ème Symphonie (dite « Résurrection »). Valentina Farcas (soprano), Anna Kissjudit (mezzo), OPS, Aziz Shokhakimov (direction)

Ce vendredi 23 mai 2025 restera gravé dans les mémoires des mélomanes strasbourgeois ! Sous la direction électrisante d’Aziz Shokhakimov, l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg a offert une interprétation grandiose de la monumentale Deuxième Symphonie (dite « Résurrection ») de Gustav Mahler au Palais de la Musique et des Congrès. Une performance où chaque note, chaque silence, chaque frémissement orchestral a vibré d’une intensité quasi mystique, portée par les solistes Valentina Farcas (soprano) et Anna Kissjudit (mezzo-soprano), ainsi que par les Chœurs réunis de l’Opéra National du Rhin et du Chœur Philharmonique de Strasbourg.

 

Le chef Ouzbèque Aziz Shokhakimov a pu confirmer son statut de magicien des partitions colossales. Connu pour sa précision chirurgicale et son énergie contagieuse, il a sculpté les cinq mouvements de la Symphonie avec une maîtrise rare. Son approche, alliant rigueur des répétitions et spontanéité sur scène, a permis à l’orchestre de déployer une palette sonore allant des murmures les plus délicats aux fracas apocalyptiques. Les cuivres, d’une puissance héroïque, dialoguaient avec les cordes enveloppantes, tandis que les bois apportaient une poésie troublante, notamment dans le troisième mouvement (« In ruhig fließender Bewegung »), où les soli de hautbois et de clarinette ont évoqué une nostalgie spectralement belle.

L’entrée de Valentina Farcas dans l’ »Urlicht » (quatrième mouvement) a suspendu le temps. Sa voix cristalline, d’une pureté angélique, a apporté une lumière surnaturelle, contrastant avec la profondeur chaude et envoûtante de Anna Kissjudit, dont le timbre semblait émerger des abîmes pour appeler à la rédemption. Le Finale (« Im Tempo des Scherzos »), avec l’explosion des chœurs, a été un moment d’extase collective. Les Chœurs de l’Opéra National du Rhin et le Chœur Philharmonique de Strasbourg, préparés par Hendrik Haas, ont déployé une puissance tellurique, murmurant les textes de Klopstock et Mahler avec une ferveur quasi religieuse avant de culminer dans un « Aufersteh’n » (« Résurrection ») à couper le souffle. La Salle Érasme, réputée pour son acoustique claire et puissante, a magnifié l’œuvre. Les nuances les plus subtiles — un pizzicato des contrebasses, un frisson de harpe — résonnaient avec une netteté prodigieuse, tandis que les climax orchestraux, comme la fanfare finale, embrasaient l’espace d’une vibration cosmique. Le public, subjugué, a retenu son souffle pendant les silences tendus avant d’éclater en ovations interminables !…

Dans un entretien récent, Shokhakimov confiait son amour pour Mahler, soulignant la « dimension philosophique » de sa musique. Cette affinité s’est traduite par une lecture à la fois architecturale et émotionnelle de la partition. Le premier mouvement (Allegro maestoso), funèbre et tourmenté, gagnait en tension dramatique grâce à des contrastes dynamiques audacieux. Le deuxième mouvement (Andante moderato), souvent interprété comme une évasion lyrique, prenait ici des accents dansants, presque ironiques, rappelant que Shokhakimov est aussi un virtuose de Stravinsky.

Cette exécution n’était pas qu’un concert — c’était un voyage métaphysique. Entre les frémissements initiaux de la mort et l’éclat triomphal de la renaissance, Shokhakimov et ses musiciens ont transcendé la partition pour toucher à l’universel. Les solistes, les chœurs et l’orchestre, unis dans une même ferveur, ont offert une expérience qui, à l’image de l’œuvre elle-même, oscillait entre désespoir terrestre et espérance céleste.

 

 

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CRITIQUE, concert. STRASBOURG, Palais de la Musique et des Congrès, le 23 mai 2025. MAHLER : 2ème Symphonie (dite « Résurrection »). Valentina Farcas (soprano), Anna Kissjudit (mezzo), OPS, Aziz Shokhakimov (direction). Crédit photographique © Grégory Massat

 

 

 

approfondir

LIRE aussi nos critiques des CD enregistré par Aziz Shokhakimov et l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-prokofiev-romeo-et-juliette-symphonie-classique-orchestre-philharmonique-de-strasbourg-aziz-shokhakimov-1-cd-warner-classics-2022/

Énergie débordante et canalisée donc irrésistible… le geste à la fois puissant, détaillé et léger du directeur musical du Philharmonique de Strasbourg, Aziz Shokhakimov éblouit par sa carrure dansante, son esprit facétieux, un sens souverain des rebonds, des accents, de la respiration, ainsi circulant dans tous les pupitres ; ce dès l’allant en clarté et transparence de la si gracieuse Symphonie classique (opus 26) dont on retiendra surtout après le nerf vif de l’Allegro initial, le sens des phrasés

CRITIQUE CD événement. PROKOFIEV : Roméo et Juliette, Symphonie classique. Orchestre Philharmonique de Strasbourg / Aziz Shokhakimov (1 CD Warner classics, 2022).

 

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GRAND THÉÂTRE DE GENEVE. VERDI : La Traviata (nouvelle production). Les 14, 15, 18, 20, 22, 24, 26 et 27 juin 2025. Ruzan Mantashyan / Jeanine De Bique, Enea Scala / Julien Behr, Karin Henkel (mise en scène)

Dernier spectacle de sa saison 2024 – 2025 intitulée « Sacrifices », La Traviata de Verdi est l’ultime spectacle lyrique à l’affiche du GTG Grand Théâtre de Genève. Soit l’une des figures les plus emblématiques du sacrifice féminin à l’opéra : Violetta Valéry… ou avatar lyrique de Marguerite Gautier frêle et inoubliable héroïne de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils. Le GTG Grand Théâtre de Genève affiche ainsi sa nouvelle production événement.

 

Courtisane condamnée, âme pure et généreuse, Violetta rencontre l’amour le plus sincère et le plus irradiant à Paris, mais goûtant déjà un bonheur parfait, elle en fait l’offrande sur l’autel de la morale bourgeoise afin de protéger la réputation et l’avenir de la famille de son amant (Alfredo, ou Germont fils) ; Germont père se présente au domicile des amants qui font planer déshonneur et ruine pour le clan familial. Dans une confrontation fameuse, cœur de l’acte II, Violetta doit renoncer au bonheur pour préserver celui de la famille d’Alfredo. De surcroît, malade, abandonnée de tous, elle meurt à l’acte III, sous les combles parisiens. – Et gagne au passage la palme de la plus longue scène d’agonie du répertoire…

Par ce sacrifice attendu, consenti, et cette expiration fatale, Violetta atteint une gloire romantique qu’aucun des hommes qui gravitent autour d’elle sur la scène, ne partagera jamais. La metteuse en scène allemande Karin Henkel, remarquée dans Le Joueur de Prokofiev à l’Opera Ballet Vlaanderen (2018), questionne à Genève, les enjeux et le sens du sacrifice exigé ; et au delà, la place singulière de la femme, icône désirée, célébrée, convoitée, mais unanimement détruite et sacrifiée, en confrontant Violetta à des alter ego de différentes époques… Le GTG Grand Théâtre de Genève annonce une vision « fraîche » de ce drame pourtant archi-connu (mais qui continue d’être programmé partout et régulièrement dans le monde).

Le chef italien spécialiste de Verdi Paolo Carignani dirige l’Orchestre de la Suisse Romande et un double cast prometteur. Après le sacrifice de Rachel dans La Juive en 21-22, Ruzan Mantashyan incarnera Violetta, en alternance avec Jeanine De Bique (Poppée sur la scène du GTG en 2021). Soit deux prises de rôle très attendues. Face à elles en Alfredo, alterneront l’italien Enea Scala et le français Julien Behr… Nouvelle production événement.

 

 

 

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GRAND THÉÂTRE DE GENEVE
La Traviata de Giuseppe Verdi 8 représentations
Nouvelle production
14, 18*, 26 et 27 juin 2025 – 20h
15 et 22 juin 2025 – 15h
20 juin 2025 – 19h
24 juin 2025 – 19h30
*Représentation « Glam Night »
RÉSERVEZ vos places directement sur le site du GTG Grand Théâtre de Genève :
https://www.gtg.ch/saison-24-25/la-traviata/

 

Livret de Francesco Maria Piave d’après la pièce d’Alexandre Dumas fils La Dame aux Camélias
Créé le 6 mars 1853 au Théâtre La Fenice à Venise
Dernière fois au Grand Théâtre de Genève en 2012-2013
Chanté en italien avec surtitres en français et anglais
Durée : approx. 2h35 avec un entracte inclus*

 

 

distribution

Direction musicale : Paolo Carignani
Mise en scène : Karin Henkel
Collaboratrice artistique à la mise en scène : Victoria Stevens
Scénographie : Aleksandar Denić
Costumes : Teresa Vergho
Dramaturgie : Malte Ubenauf
Direction des chœurs Mark Biggins

Violetta : Valéry Ruzan Mantashyan (14.6, 18,6, 22.6, 26.6) /
Jeanine De Bique (15.6, 20.6, 24.6, 27.6)
Violetta Valéry (double chantant) : Martina Russomanno
Violetta Valéry (double dansant) : Sabine Molenaar
Alfredo Germont : Enea Scala (14.6, 18,6, 22.6, 26.6) /
Julien Behr (15.6, 20.6, 24.6, 27.6)
Giorgio Germont : Luca Micheletti (14.6, 18,6, 22.6, 26.6) /
Tassis Christoyannis (15.6, 20.6, 24.6, 27.6)
Gaston de Létorieres : Emanuel Tomljenović
Flora Bervoix : Yuliia Zasimova
Annina : Élise Bédènes
Le Marquis d’Obigny : Raphaël Hardmeyer
Le Docteur Grenvil : Mark Kurmanbayev
Le baron Douphol : David Ireland

Chœur du Grand Théâtre de Genève
Orchestre de la Suisse Romande

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre des Champs-Elysés, 21 MAI 2025. R. STRAUSS : Der Rosenkavalier. V. Gens, N. O’Sullivan, R. Mühlemann, P. Rose, J-S. Bou… Orchestre national de France, Henrik Nanasi / Krzysztof Warlikowski

Le printemps explose en mille gouttes de bruine dans la grande ville. Rafraîchissante haleine des ondées caressantes après le passage de l’astre de feu et son cortège pastoral de nuées laineuses. Au loin, les rues en grande pompe se pressent vers les terrasses abritées et les théâtres aux lampions mordorés. Ce soir, le temple de marbre et d’or du Théâtre des Champs-Elysées allait révéler au monde une nouvelle production du Rosenkavalier de Richard Strauss, une promesse épanouie lors des premières bruines du printemps. 

 

Ce chef d’œuvre de la main de Richard Strauss et surtout de son librettiste Hugo von Hoffmannsthal dont le génie a su mettre dans la bouche de dames et gentilshommes très XVIIIème siècle, le langage de la modernité. On est emporté par les assertions de la Maréchale, voix d’une raison bien éprouvée par son désir. Et que dire des envolées exponentielles d’Octavian et de Sophie ? Tout ce livret est un traité non seulement d’amour mais une grande page de vie qui demeure valable un siècle après la création de ce beau Rosenkavalier à Dresde. 

Outre le triangle amoureux qui pourrait à la fois nous faire penser à ce monde suranné cher à Zweig et à Proust, ou bien l’on songerait aisément à La Contessa, Barbarina et Cherubino chez Da Ponte/Mozart, Rosenkavalier ne porte pas que des leitmotiv musicaux. Issue d’une tradition ancestrale, cette intrigue rappelle les amours de la belle Vénus et d’Adonis à Cythère. Mais aussi, grâce à la présence du baron Ochs, sorte de Falstaff débonnaire, l’opéra comique n’est pas loin. En particulier la fascination de Ochs pour le double travesti d’Octavian, la femme de chambre Mariandel, intrigue interlope qui semble quasiment calquer celle de La finta cameriera de Gaetano Latilla. 

Cette nouvelle production parisienne a été confiée au metteur en scène Krzysztof Warlikowski. A la réputation de casseur de codes et souvent aux références contemporaines voire kitsch, le metteur en scène polonais nous propose une vision problématique de cette fable. Son décor unique qui se métamorphose de chambre en salon bourgeois et de cinéma en boudoir peine à nous apporter des subtilités que l’on attendrait justement d’un tel metteur en scène. La présence des danseurs est bavarde et chaotique, sans une réelle utilité narrative. En revanche, Warlikowski fait intervenir la vidéo pendant la présentation de la rose et à la fin. Si la première est anecdotique mais fonctionne, la seconde est un des plus beaux moments d’opéra de la saison, un dernier regard de cette Maréchale qui rentre dans le désenchantement confortable de son appartement cossu et nous prend à parti avec un regard couleur du temps. Si la mise en scène de Warlikowski semble par instants maladroite parce qu’il cède à ses tics et ses obsessions, nous sommes emportés dans la passion ambiante qui, dans un geste de démiurge, réussit à installer sans effort. 

La distribution est largement dominée par la Maréchale de légende de Véronique Gens. Prise de rôle pour la superbe soprano dont l’interprétation est sans faute. On assiste à l’épanouissement de la maturité dans toute sa splendeur, cet éternel féminin qui ne cesse de fleurir surtout quand dans la fleur de feu vient butiner l’abeille de la jeunesse. La Maréchale de Véronique Gens a une voix sans l’ombre d’une imprécision, tout est net, précis, la ligne d’une belle musicalité débordante de couleurs dans le phrasé. Le jeu de Véronique Gens est aussi puissant, notamment au troisième acte, dans un élégant tailleur écarlate Yves Saint-Laurent ou Chanel (Collection Lagerfeld 1983), elle dit adieu à la passion en portant ses couleurs dans un oriflamme sartorial. Son dernier regard n’est pas un adieu, mais une promesse d’une nouvelle vie. 

Face à elle, Niamh O’Sullivan est un Octavian fougueux et inénarrable dans certaines scènes. La mezzo que nous avons loué dans son interprétation d’Ino dans Semele de Haendel dernièrement in loco, ne tombe jamais dans la caricature de l’adolescent en proie à la folie amoureuse au seuil de l’âge adulte. Vocalement, son Octavian est un régal, tout y est et il n’y a rien que des belles choses à en dire. La suissesse Regula Mühlemann – que nous avions découvert avec joie dans des récitals baroques -, campe une Sophie volontaire et passionnée. La ligne vocale est un fil de soie cristallin sans l’ombre d’une quelconque fragilité. Ses aigus diamantins sont galvanisés par une assise vocale sur un médium vigoureux et enveloppant. 

Le baron Ochs, en barbon sempiternel, est campé ici par Peter Rose. Drôle et parfois un peu pataud vocalement, on est agréablement surpris par un jeu tout en finesse. Dans les rôles secondaires nous remarquons la fantastique mezzo-soprano Eléonore Pancrazi dans une désopilante Annina qui mérite largement l’ovation qu’elle a eue pendant les saluts : Eléonore Prancazi est une des meilleures solistes françaises de notre temps. Dans le petit rôle du chanteur italien, nous avons aussi apprécié le ténor Francesco Demuro, à la belle présence scénique, et doté d’une voix aux mille et une irisations. Et dans le rôle de l’aubergiste, le jeune Yoann Le Lan nous ravit avec un timbre d’une rare beauté. 

L‘Orchestre national de France dévoile les sensuelles volutes de cette partition sous la conduite enthousiasmante du chef Henrik Nanasi. Pendant les près de 3h30 de l’opéra, Maestro Nanasi a gardé l’intensité au fer rouge et son énergie n’a pas du tout faibli, au contraire, l’émotion s’envolait avec des silences aussi caressants que les notes. 

A la fin de tout, alors que toutes les danses de la vie se tassent et se tarit la passion petit à petit, reste encore alors le parfum impérissable des roses de la vie que la jeunesse cueillit et dont les bouquets ne se flétrissent jamais au contact de la fourche cruelle du temps qui s’écoule sans cesse entre les doigts de ceux qui rêvent de le saisir.

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, THEÂTRE DES CHAMPS-ELYSEES, 21 MAI 2025. STRAUSS : Der Rosenkavalier. V. Gens, N. O’Sullivan, R. Mühlemann, P. Rose, J-S. Bou… Orchestre national de France, Henrik Nanasi / Krzysztof Warlikowski. Crédit photographique © Vincent Pontet

 

 

CRITIQUE, opéra. TOULOUSE, Théâtre du Capitole, le 22 mai 2025. WAGNER : Der Fliegende Holländer. A. Isaev, I. Brimberg, A. Hernandez… Michel Fau / F. Beermann

Michel Fau, fidèle à sa collaboration avec le Théâtre du Capitole après Wozzeck et Elektra, plonge pour la première fois dans l’univers wagnérien avec une approche résolument ancrée dans le romantisme allemand. Refusant les transpositions modernes, il situe l’action à la fin du XVIIe siècle, dans une esthétique baroque et fantasmagorique inspirée des peintures marines néerlandaises. Le décorateur Antoine Fontaine crée des toiles peintes en trompe-l’œil, où le navire de Daland et le Vaisseau fantôme aux voiles rouges surgissent avec une puissance visuelle stupéfiante.

 

La scénographie joue avec l’illusion théâtrale : au deuxième acte, un cadre doré transforme la scène en tableau vivant du Hollandais maudit, dont le portrait s’anime pour rejoindre Senta à l’avant-scène. Les lumières de Joël Fabing, évoquant l’éclairage à la bougie du XIXe siècle, renforcent l’atmosphère spectrale du spectacle. Les costumes de Christian Lacroix subliment le folklore scandinave, comme le manteau-armure du Hollandais ou les robes brodées des fileuses, mêlant réalisme historique et poésie.

Dans le rôle-titre, le baryton russe Aleksei Isaev impose une présence vocale et scénique magistrale. Son timbre sombre et puissant, notamment dans la scène d’entrée, captive par son autorité tragique et sa profondeur. Face à lui, la soprano suédoise Ingela Brimberg (en remplacement de Marie-Adeline Henry initialement annoncée) livre une performance lumineuse et intense en Senta. Son vibrato large mais maîtrisé et sa projection incandescente servent parfaitement le rôle de l’héroïne sacrifiée. Le ténor espagnol Airam Hernández (Erik), grand habitué des lieux, incarne un fiancé désespéré au timbre cuivré et à la justesse expressive, apportant une humanité touchante au drame. Dans le rôle de Daland, la basse française Jean Teitgen (Daland) donne au père cupide une dimension tragique, avec des harmoniques riches et une puissance vocale remarquable. Les rôles secondaires ne sont pas en reste : Eugénie Joneau (Mary) et Valentin Thill (Le Pilote) impressionnent par leur engagement, tandis que les chœurs, remarquablement préparés par Gabriel Bourgoin, offrent des moments d’une puissance spectrale, notamment dans l’acte III où marins norvégiens et fantômes hollandais s’affrontent en une tempête sonore.

Autre habitué des lieux, l’allemand Frank Beermann, chef wagnérien aguerri, dirige l’Orchestre national du Capitole de Toulouse avec un équilibre parfait entre romantisme flamboyant et tension dramatique. Les cuivres grondent comme les flots, tandis que les solos de cor anglais et hautbois ajoutent une poésie mélancolique. Plus largement, les excellents instrumentistes de la phalange occitane restituent à la perfection la violence des éléments et la psyché tourmentée des personnages.

Pour l’anecdote, le public a frissonné à l’arrivée sur scène de Christophe Ghristi avant la représentation, mais ce n’était pas pour nous annoncer quelque indisposition de l’un des artistes, mais pour souhaiter un bon anniversaire au grand Richard Wagner… né un 22 mai !…

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. TOULOUSE, Théâtre du Capitole, le 22 mai 2025. WAGNER : Der Fliegende Holländer. A. Isaev, I. Brimberg, A. Hernandez… Michel Fau / F. Beermann. Crédit photographique © Mirco Magliocca

 

 

VIDEO : Michel Fau présente « son » Vaisseau fantôme de Wagner au Théâtre du Capitole

 

ORCHESTRE NATIONAL DE LYON. Les 6 et 7 juin 2025 : BIZET : L’Arlésienne. RESPIGHI : Les Fêtes romaines. ONL, Laurent Zufferey (direction)

Juin 2025 marque déjà les deux saisons où Laurent Zufferey a agi comme chef assistant de l’Orchestre national de Lyon. Auprès de Nikolaj Szeps-Znaider, le jeune maestro réalise l’indispensable travail de l’ombre. Le voici au premier plan, sur le podium si convoité, dans un programme de pleine lumière, ensoleillé, au diapason d’une énergie continue vécue, en partage avec les instrumentistes de l’Orchestre National de Lyon

 

 

 

Feux scintillants et lumière, couleurs et chaleurs, mais aussi festival de rythmes dansants : voilà l’intention et le caractère d’un programme prometteur avant le début officiel de l’été. Le jeune chef prometteur Laurent Zufferey célèbre ainsi le soleil de l’Italie et plus précisément celui de Rome. En quatre mouvements, « Feste romane » / Fêtes romaines (lire ci après notre présentation de l’œuvre) de Ottorino Respighi résument l’histoire de la cité chrétienne, les jeux du cirque, le cruel combat des gladiateurs, les plaintes des martyrs dévorés par les félins féroces, les pèlerinages, les réjouissances dans la campagne, les rencontres amoureuses au son d’une mandoline, la joyeuse animation, Piazza Navona.
C’est aussi le soleil de l’Espagne avant que la nuit ne tombe, moment suspendu entre chien et loup, que Debussy dans Iberia emprunte comme une marche musical : «Par les rues et par les chemins» avant d’exprimer tous les «Parfums de la nuit», et nous réveiller au « Matin d’un jour de fête ».
C’est enfin le soleil de Provence enfin, sur les pas de l’Arlésienne. Le pays des santons inspire Bizet qui se souvient de la chanson De bon matin j’ai rencontré le train, dont il déduit sa «Farandole», brillante, enivrée, d’une énergie exaltée. Du soleil et des caractères contrastées souvent irrésistibles font ici à Lyon, un programme qui révèle toutes les nuances de la grande forge orchestrale. Concert événement.

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Auditorium de Lyon – Grande Salle
vendredi 6 juin 2025, 20h
samedi 7 juin 2025, 18h
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’ORCHESTRE NATIONAL DE LYON :
https://www.auditorium-lyon.com/fr/saison-2024-25/symphonique/arlesienne-fetes-romaines
Durée : 1h10 sans entracte
Une présentation des œuvres au programme est disponible en ligne quelques jours avant le concert.

 

 

 

programme

Georges Bizet : L’Arlésienne
Prélude de la suite 1 – Menuet de la suite 1,
Intermezzo de la suite 2 – Farandole de la suite 2
18 min

Claude Debussy : Iberia
20 min

Ottorino Respighi : Feste romane
24 min

 

 

Fêtes romaines d’Ottorino Respighi

La partition des *Feste Romane* de Ottorino Respighi, qui fait partie de sa trilogie romaine (avec *Fontane di Roma* et *Pini di Roma*), mérite amplement d’être davantage jouée au concert par les orchestres dignes de ce nom ; Arturo Toscanini en assure la création à New York le 21 fév 1929 ; composée en 1928, l’œuvre est emblématique de l’écriture de Respighi, elle est remarquable pour plusieurs raisons :

 

1. ORCHESTRATION RAFFINÉE : Respighi, qui a recueilli l’enseignement et les conseils entre autres du bouillonnant Rimsky-Korsakov (à Saint-Pétersbourg) et se montre curieux de la chatoyance debussyste, utilise une grande variété d’instruments pour créer des textures sonores riches et évocatrices. Cela inclut des instruments moins courants comme le buccin, le glockenspiel, et même des cloches et des sirènes. Ainsi le 2è épisode « Giubileo » / Jubilé qui transporte dans la fièvre fervente des pèlerins, alors acteurs majeurs de la Rome impériale et christianisée.

 

 

2. RICHE PROGRAMME NARRATIF : Chacun des 4 mouvements des *Feste Romane* dépeint une scène ou une fête romaine spécifique. Par exemple, le premier mouvement, *Circenses*, évoque les jeux du cirque romain avec des fanfares éclatantes et des rythmes dynamiques. Le dernier mouvement, *La Befana*, évoque la fête de l’Épiphanie, Piazza Navone, dans une orgie de couleurs, des rythmes, d’accents impétueux et dramatiques.
3. FOLKLORE ET HISTOIRE de ROME : Respighi incorpore des mélodies et des rythmes inspirés de la musique folklorique italienne et des traditions historiques romaines. Cela donne à l’œuvre une grande authenticité et une profondeur culturelle.
4. CONSTRUCTION : L’œuvre est structurée de manière à créer un voyage sonore à travers les différentes fêtes et célébrations romaines. Les contrastes dynamiques et les changements de tempo ajoutent à l’excitation et à la variété de la partition.
5. AUDACES HARMONIQUES : Respighi utilise des harmonies riches et des rythmes complexes pour créer une musique qui est à la fois accessible et sophistiquée. Cela inclut l’utilisation de polyrythmies et de polytonalités pour enrichir la complexité et l’intérêt du cycle entier.
Feste Romane célèbre la grandeur et la vitalité de Rome à travers une musique richement texturée et très évocatrice. Un régal et un défi pour l’orchestre.

 

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FEST’ACADÉMIE Les Chants d’Ulysse, du 5 au 13 juillet 2025. Patricia Petibon, Héloïse Gaillard, Olivier Py… Concerts & conférences publiques

L’Ensemble Amarillis, le théâtre le Dôme de Saumur et l’Abbaye Royale de Fontevraud présentent la 3ème édition de la Fest’ Académie internationale Les Chants d’Ulysse parrainée par Olivier Py. Cofondée par la flûtiste et hautboïse Héloïse Gaillard et l’artiste lyrique Patricia Petibon, la Fest’ Académie internationale Les Chants d’Ulysse propose une formation originale, particulièrement complète aux musiciens : chanteurs, instrumentistes,…

 

Photo : Héloïse gaillard et Patricia Petibon © Jeff Rabillon

 

 

Une Académie pour les musiciens
qui est aussi un FESTIVAL avec concerts & conférences publiques

Les fondamentaux en sont la transversalité et la pluralité des disciplines artistiques proposées avec des intervenants experts, chacun très pertinent dans sa spécialité : chant individuel et collectif, jeu scénique (théâtre), improvisation, classe de violon, flûte, hautbois, classe d’ensemble… Les différentes classes abordent tous les aspect du futur métier (travail et préparation physique, technique, et bien sûr art de la scène (jeu, maquillage, costume…).
En parallèle, l’Académie propose aussi un riche programme comprenant concerts, performances et conférences sur les arts et les sciences : double vision animant un cycle particulièrement passionnant, très enrichissant pour les participants, où sont invités des chercheurs, experts, artistes expérimentés… accessible aux étudiants et ouvert au public.

 

 

FEST’ ACADÉMIE INTERNATIONALE
LES CHANTS D’ULYSSE
Formation, Concerts, Rencontres publiques Arts & Sciences

Patricia Petibon & Héloïse Gaillard, direction artistique
Olivier Py, parrain de l’académie

Théâtre le Dôme de Saumur et Abbaye Royale de Fontevraud
3e édition, du 5 au 13 juillet 2025
PLUS d’INFOS, RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site des Chants d’Ulysse 2025 : https://amarillis.fr/academie/

 

 

TEASER VIDEO Les Chants d’Ulysse


 

 

 

 

La FEST’ACADÉMIE
Les Chants d’Ulysse
du 5 au 13 juillet 2025

à Saumur & Fontevraud

 

 

10 jours d’enseignements : Master classes, ateliers collectifs, pilates danse, théâtre, improvisation, costumes et maquillage avec des professeurs d’exception

Patricia Petibon : chant et mise en scène
David Levi : coaching vocal et interprétations d’airs et de rôles
Héloïse Gaillard : flûtes à bec et hautbois baroque
Alice Piérot : violon baroque
Cyril Poulet : violoncelle baroque
Laurent Le Chenadec : basson baroque
Marouan Mankar-Bennis : clavecin et chef de chant
Erika Guiomar et Joseph Birnbaum : chefs de chant
Thierry Escaich : improvisation
Raphaël Cottin : chorégraphie et mise en scène
Emma Delahaye : Pilates
Zelia : créatrice costumes
Angélique Humeau : créatrice maquillage et coiffure

 

La FEST’ACADÉMIE propose ainsi une série de conférences ouvertes au public qui fait la part belle aux dialogues entre les arts et la science (entrée libre) .
Accessible, chaque conférence est un moment intense de découverte, pour élargir et interroger sa propre vision du monde. La plupart des intervenants sont rares pour le grand public, car en général ils interviennent au sein de leur domaine d’expertise : la recherche scientifique, le monde sportif, les coulisses des opéras… l’occasion est exceptionnelle de pouvoir échanger avec eux.

Au cours des pécédentes éditions, sont intervenus entre autres une phoniatre, le triple champion du monde d’apnée Arthur Guerin Bouëri, les astrophysiciens Jean-Philippe Uzan et Patrick Michel, le compositeur Fabien Waksman, l’expert en communication Romain Pomedio, les comédiens Shirley et Dino, et aussi Olivier Py, parrain de l’événement.

 

 

programme
événements & concerts

 

 

 

Samedi 5 juillet 2025 à 18h
Théâtre le Dôme à Saumur

#Hvaldimir, la véritable histoire du béluga espion et sa conversation extra-ordinaire avec une jeune fille grâce à la musique – Projection du documentaire multirécompensé (notamment Prix du Public au prestigieux festival Wild Sreen de Bristol) et rencontre avec le réalisateur Jérôme Delafosse, auteur, réalisateur de documentaires, explorateur passionné par l’océan.

 

 

Dimanche 6 juillet 2025 à 17h30
Théâtre le Dôme à Saumur

L’exploration spatiale et le jeu des intelligences – Où avons-nous la tête ?
Patrick Michel, astrophysicien, directeur de recherche au CNES à l’Observatoire de la Côte d’Azur, et Raphaël Gaillard, Académicien, psychiatre, auteur et responsable du CHU de psychiatrie de St Anne à Paris. Conférence suivie à 22h par une visite du ciel sous les étoiles par Patrick Michel à Rou-Marson dans l’Amphithéâtre de verdure.

 

 

Mardi 8 juillet 2025 à 21h
Église Saint-Pierre à Saumur

Ciné-concert avec Thierry Escaich
Projection du film La Passion de Jeanne d’Arc, de Carl Theodor Dreyer (1928) avec improvisation musicale de Thierry Escaich, compositeur et organiste titulaire de l’orgue de Notre Dame de Paris, sur l’orgue de l’église Saint Pierre. Durée du film : 114′.
Billetterie auprès du Cinéma Le Grand Palace à Saumur.

 

 

Mercredi 9 juillet 2025
Abbaye Royale de Fontevraud
Une JOURNÉE ÉVÉNEMENT à l’Abbaye Royale de Fontevraud

14h30
concert-performance avec les académiciens, les artistes enseignants et le plasticien Geoffroy Pithon

16h30
conférence de Fabrice Desjours sur « La Forêt Gourmande » (cf plus haut)
Une forêt gourmande pour tous les sens en éveil ou comment réenchanter le monde
Fabrice Desjours, créateur de « La Forêt gourmande », auteur, conférencier, interlocuteur d’instances scientifiques. Ancien infirmier, Fabrice Desjours lance une révolution silencieuse il y a 15 ans: planter des forêts qui nourrissent les hommes. Au fil des années, il transforme une pâture infertile en une forêt gourmande d’une densité prodigieuse qui peut résoudre nombre de problèmes générés par le dérèglement climatique.

18h
promenade musicale et apéritif en compagnie des enseignants
*Gratuit dans le cadre du droit d’entrée
Concert-performance avec la plasticienne Dominique Paulin en 2024

Dimanche 13 juillet 2025 à 17h
Théâtre le Dôme à Saumur
GRAND CONCERT DE CLÔTURE avec les participants et les enseignants

Les académiciens/ennes présenteront un spectacle qu’ils auront préparé pendant ces 10 jours d’immersion. Entrée libre – réservation conseillée.

 

 

 

REPORTAGE VIDÉO Les Chants d’Ulysse 2025

La Fest’ Académie internationale, Les Chants d’Ulysse est imaginée et conçue par la soprano Patricia Petibon et la flûtiste et hautboïste Héloïse Gaillard, directrice artistique de l’Ensemble Amarillis ; elle favorise la transversalité et la pluralité des disciplines artistiques. Elle s’adresse à des étudiants, chanteurs et musiciens, futurs professionnels et artistes émergents.
Cette Académie internationale propose aux étudiants à partir de 18 ans et à des mineurs accompagnés un cursus de perfectionnement musical personnalisé permettant de répondre aux attentes de chacun. Elle s’inscrit dans une démarche de développement et d’enrichissement sur le plan personnel tout en donnant accès à la pratique collective et à la réflexion commune grâce à l’intervention de personnalités artistiques exceptionnelles.
L’Académie Les Chants d’Ulysse offre aux participants de travailler sur le croisement des arts grâce à la pluridisciplinarité : master classes et ateliers collectifs (improvisation musicale et théâtre physique), rencontres/conférences en soirée, concert de clôture en aboutissement de la semaine de formation.

 

 

 

CD Tombeau pour Aliénor
Nouvel album paru chez Evidence Classics

Toute l’équipe de l’Académie a participé à la réalisation d’un nouvel album « Tombeau pour Aliénor » de Py / Escaich créée à l’occasion de la première édition des Chants d’Ulysse à l’Abbaye Royale de Fontevraud le 26 avril 2023. La cantate contemporaine de Thierry Escaich, est composée sur des poèmes d’Olivier Py, et associée aux oeuvres d’Henry Purcell, offrant une rencontre inédite entre deux univers musicaux que plusieurs siècles semblent séparer. Interprété par Patricia Petibon et les musiciens d’Amarillis, cet enregistrement redonne vie à la figure d’Aliénor d’Aquitaine, femme inspirante au destin hors du commun, née il y a 900 ans.

 

LIRE notre critique du CD Tombeau pour Alinéor sur CLASSIQUENEWS :

https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-tombeau-pour-alienor-thierry-escaich-olivier-py-paticia-petibon-amarillis-heloise-gaillard-direction-1-cd-evidence-enregistre-en-juin-2024/

Pythie et prophétesse aux nuances chamaniques, la soprano Patricia Petibon, voix vibrante, hallucinée, déclamatoire ou rêveuse, du texte d’Olivier Py, réalise ce lien entre vivants et morts, gisants de pierre (Alienor git à Fontevraud aux côtés de ses fils Richard cœur de lion et Jean sans terre…) et étoiles de légende. Entre traces baroques et éclairs contemporains. Le chant proclame, s’intensifie, murmure à la façon d’un rituel païen et magique. Comme en transe ou en murmures énigmatiques, la soprano absorbe le texte et le diffuse, constellé de nuances chamaniques. Ce pourrait être aussi grâce à la voix chantée, parlée, déclamée de la cantatrice diseuse et actrice, tragédienne et fraternelle, un cheminement du terrestre au céleste,…

 

 

 

Prochains rvs & concerts Amarillis / Patricia Petibon :

13 mai 2025 / Opéra de Bordeaux : Patricia Petibon, Susan Manoff et Christian-Pierre La Marca dans un voyage musical de Marin Marais à Yann Tiersen, en passant par Poulenc, Satie, De Falla et Barber

6 et 8 juin 2025 / Seoul Arts Center (Corée du Sud) : Patricia Petibon, Héloïse Gaillard et l’Ensemble Amarillis dans le programme « Flammes de magiciennes »

28 juin 2025 / Théâtre des Champs-Elysées : Patricia Petibon en récital avec Laurent Naouri et Rodolphe Briand pour une soirée mêlant opérette et chansons avec l’Orchestre national d’Ile de France dirigé par Laurent Campellone

30 juin 2025 : Master Class de Patricia Petibon à la 4e édition des Etoiles du Classique à Saint Germain en Laye

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ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE. Les 4, 5, 6 juin 2025. Richard STRAUSS (Suite du Chevalier à la rose), MOUSSORGSKI (Tableaux d’une exposition), MOZART : Concerto pour flûte et harpe… David Reiland, direction

SUITE DE LA SAISON 2024 – 2025 de l’ON LILLE / Orchestre National de Lille – nouvelle apothéose orchestrale pour le printemps… Au programme : R. Strauss, Mozart, Moussorgski. Richard Strauss n’a aucun lien familial avec les rois de la valse viennoise Johann et Josef Strauss. Plus tardif, Richard est au début du XXè siècle, le plus grands symphoniste européen, l’égal dans le genre orchestral d’un Mahler, Sibelius, Debussy et Ravel… c’est dire. En lui s’incarne une équation magistrale : la subtilité et la profondeur de Mozart, la puissance et le génie théâtral de Wagner. Richard Strauss s’impose aussi au début du nouveau siècle, dans l’écriture lyrique où il réforme en profondeur l’expressionnisme musical, en particulier avec Salomé (1905) et Elektra (1903), bombes symphoniques et opératiques conçu avec son librettiste Hugo von Hofmannstahl. Mais le compositeur allemand s’inscrit dans la descendance directe de ses homonymes ; ainsi que le démontre l’étourdissante Suite n°1 de valses tirée des actes II et III de son opéra « Le Chevalier à la rose » (1911), suite purement orchestrale conçue en 1944.

 

 

Les musiciens de l’ON LILLE / ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE poursuivent le programme avec le non moins subtile Concerto pour flûte et harpe de Mozart (solistes : Clément Dufour et Anne Le Roy Petit, instrumentistes de l’orchestre). A l’écoute de ce sommet de musique concertante, d’un style (c’est à dire d’une élégance toute française), il reste difficile de croire que l’auteur ne supportait pas la flûte… comme sa lettre à son père de 1778 en atteste.
Les emblématiques Tableaux d’une Exposition de Moussorgski (1874) emportent tout autant l’adhésion tant la force suggestive des rythmes et accents égale la raffinement de l’orchestration sertie, ciselée par Maurice Ravel qui en avait mesuré ainsi en 1922, le potentiel et le charme absolus (le saxophone dans « Il vecchio castello »). La diversité exubérante parfois délirante des tableaux ainsi évoqués (« Gnomus », le nain bondissant / le ballet des poussins dans leurs coques / la maison de la sorcière Baba-Yaga sur des pattes de poule…) s’articule autour d’une ritournelle jouée à plusieurs reprises et à chaque fois dans une orchestration différente (génial Ravel) : elle est lancée en premier par les trois trompettes puis reprise aussitôt par tout l’orchestre ; la mélodie enfantine porte le nom de « Promenade » car dans l’imaginaire de Modeste Moussorgski, ces quelques notes, ainsi énoncées 4 fois, évoquent les déambulations d’un promeneur qui aurait visité ainsi, en 1874 à Saint-Pétersbourg, une exposition de tableaux de son ami le peintre et architecte Viktor Hartmann (l’œuvre est donc un « tombeau musical », l’hommage respectueux et admiratif d’un compositeur de génie à un pair.
Les Tableaux de Moussorgski terminent comme une apothéose ce concert plein de souffle et de couleurs, grâce à la direction toujours nuancé, réfléchie, du chef belge David Reiland (qui est aussi un mozartien remarqué). Photo : Maurice Ravel DR

 

 

 

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Concert symphonique  –  Strauss, Mozart & Moussorgski
2 représentations à LILLE
Mercredi 4 & jeudi 5 juin 2025 – 20h
Lille, Théâtre Sébastopol
LILLE, Théâtre Sébastopol, les 4 et 5 juin 2025
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE / ON LILLE : https://onlille.com/choisir-un-concert/categories/strauss-mozart-moussorgski
repris
Vendredi 6 juin 2025 – 20h
Boulogne-sur-Mer, L’Embarcadère
Réservations :
https://embarcadere-boulonnais.fr/information/agenda/orchestre-national-de-lille-1

 

programme

Richard Strauss (1864-1949)
Le Chevalier à la rose : Suite de valses n°1 (1944) – 12’

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour flûte et harpe en do majeur K.299 (1778) – 30’
1. Allegro
2. Andantino
3. Rondo : Allegro

ENTRACTE

Modeste Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d’une Exposition (1874, orchestré en 1922 par Maurice Ravel) – 40’

distribution

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE / ON LILLE
David Reiland, direction
Clément Dufour, Flûte
Anne Le Roy Petit, Harpe
Amanda Favier, Violon solo

CONSULTEZ LE PROGRAMME DU CONCERT :
https://administration.onlille.com/wp-content/uploads/Strauss-Mozart-Moussorgski.pdf

 

 

BILLETTERIE – RESERVATIONS :
10 place Mendès France – BP 70119 – 59027 Lille cedex
+33(0)3 20 12 82 40

 

 

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OPÉRA GRAND AVIGNON. POULENC: Les Mamelles de Tirésias, les 6 et 8 juin 2025. Sheva Téhoval, Jean-Christophe Lanièce… Théophile Alexandre (mise en scène)

L’excellente production créée à l’Opéra de Limoges (les 13 et 15 mai dernier) fait escale à l’Opéra Grand Avignon pour 2 dates incontournables.

 

Thérèse, refusant le rôle de procréatrice que lui assignent les hommes, se métamorphose en homme et devient Tirésias. Elle se transforme, ses mamelles s’envolent… Dès lors, c’est son mari qui portera les enfants. À travers ce loufoque inclassable, donc « surréaliste », l’œuvre aborde des sujets d’actualité dans une société d’après-guerre en pleine mutation, comme le refus de la procréation obligée ou la revendication des femmes qui aspirent à s’émanciper, prendre le pouvoir, faire carrière. La question sociale de la place des pères dans le couple résonne dans cet opéra conçu en 1947, il y a près de 80 ans dans un propos satirique dont la justesse fait toujours mouche en 2025 ! A travers la figure spectaculaire de Thérèse / Tirésias, perce les aspirations libertaires du féminisme, mais Poulenc sur les traces d’Apollinaire avait bien mesuré toute la vérité criante du personnage, sa justesse et son droit légitime à l’émancipation comme à la liberté.

 

Surréalisme, féminisme, féerie

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POULENC : Les Mamelles de Tirésias (1947)
OPÉRA GRAND AVIGNON
2 représentations incontournables
Vendredi 6 juin 2025 à 20h
Dimanche 8 juin 2025 à 14h30
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra Grand Avignon : https://www.operagrandavignon.fr/les-mamelles-de-tiresias-poulenc

 

NOTRE AVIS… Dans cette nouvelle production, le chanteur Théophile Alexandre réalise la mise en scène, lui qui est un défenseur farouche de la cause des femmes. Entre délire fantaisiste et féerique, surréalisme onirique, et situations foutraques, le spectacle respecte la charge critique distillée par Poulenc en 1947, sur le rôle assigné à la femme, souligne l’élan émancipateur de la séditieuse Thérèse devenu Tirésias, tout en produisant une série de séquences visuellement très esthétiques et aussi délirantes voire fantasques et comiques. D’autant que le personnage du mari de Thérèse, autre rôle clé de cette fantaisie irrésistible est incarné par l’excellent Jean-Christophe Lanièce. La réussite est totale : LIRE aussi notre critique des Mamelles de Tirésias créées à l’Opéra de Limoges : https://www.classiquenews.com/critique-opera-limoges-opera-le-13-mai-2025-poulenc-les-mamelles-de-tiresias-nouvelle-production-sheva-tehoval-jean-christophe-laniece-theophile-alexandre-mise-en-scene-samue/

 

 

Direction : musicale Samuel Jean
Mise en scène : Théophile Alexandre

Thérèse / Cartomancienne : Sheva Tehoval
Directeur théâtre / Gendarme : Marc Scoffoni
Mari : Jean-Christophe Lanièce
Presto : Philippe Estèphe
Lacouf / Le fils : Blaise Rantoanina
Journaliste parisien : Matthieu Justine
La Marchande de journaux : Ingrid Perruche

Chœur de l’Opéra Grand Avignon
Orchestre national Avignon-Provence

Décor : Camille Dugas
Costumes Nathalie Pallandre
Lumières : Judith Leray
Assistanat à la mise en scène : Daphné Mauger
Études musicales : Elisabeth Brusselle
Chef de Chœur : Alan Woodbridge

 

 

Le court-métrage «  Good Girl »  (2022) réalisé par Mathilde Hirsch et Camille d’Arcimoles, produit par Fabienne Servan-Schreiber et Estelle Mauriac, sera projeté en première partie du spectacle. Avec la voix d’Agnès Jaoui

 

Photos © Steve Barek

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CHÂTEAU DE VERSAILLES, Opéra Royal. WAGNER : Siegfried, dim 25 mai 2025. Tilmann Unger, Paul McNamara, Simon Bailey… Orchestre du Théâtre National de la Sarre / Sébastien Rouland (direction)

WAGNER A VERSAILLES… Suite de la Tétralogie wagnérienne dans l’écrin et le joyau acoustique de l’Opéra Royal de Versailles. Qui eut pensé que l’opéra de Wagner trouverait ainsi sa place à Versailles, en un cycle devenu incontournable ? Voici, la 2è Journée du Ring, dédié au héros Siegfried, tel que Wagner l’a rêvé. Château de Versailles Spectacles nous régale à nouveau pour une expérience musicale et théâtrale inoubliable…

 

Après le succès de L’Or du Rhin en mai 2023, et de La Walkyrie en mars 2024, voici le troisième volet – et la deuxième journée – de la Tétralogie. Pour toute maison d’Opéra, le Ring de Richard Wagner – L’Anneau du Nibelung – est un défi lyrique et l’un des sommets du genre opéra. Composé entre 1853 et 1874, Le Ring ou Tétralogie de Wagner, soit 1 prologue (L’Or du Rhin / Rheingold) suivi de 3 Journées (La Walkyrie, Siegfried, Le Crépuscule des Dieux), constitue un cycle mythique, construit comme un « festival scénique ». Wagner fusionne orchestre, chant, théâtre en une totalité dramatique et poétique qui a révolutionné l’opéra.

Cette fameuse tétralogie fût créée dans son ensemble pour l’inauguration du Festspielhaus de Bayreuth en 1876. Composé entre 1856 et 1871, mais créé pour l’inauguration de Bayreuth en 1876, Siegfried prolonge La Walkyrie : cette 2è Journée met en scène la formation et l’apprentissage du héros Siegfried, d’abord manipulé par son tuteur Mime ; puis ayant tué ce dernier, Siegfried devient un homme en réalisant son destin : tuer le dragon (avatar de l’ex géant Fafner qui avait bâti avec son frère Fasolt, le palais du dieu Wotan, dans l’Or du Rhin). Preux, héros qui ne connaît pas a peur, Siegfried libère la Walkyrie déchue (Brünnhilde) en traversant le mur de flammes qui la protège : l’embrassant pour la réveiller, il lui donne l’Anneau en serment d’amour… Wagner offre à cette puissante fresque un souffle saisissant, dans ce tableau final qui consacre la rencontre des deux êtres les plus admirables.

Un Ring à Versailles, le rêve de Louis II de Bavière
La passion absolue qui anima le Roi Louis II de Bavière pour Versailles et pour Wagner tisse un lien singulier entre ce Ring et le plus beau Palais du Monde… Pour fêter l’anniversaire prochain des cent cinquante ans du Ring (1876-2026), l’Opéra Royal du Château de Versailles a demandé au Théâtre National de la Sarre de Sarrebruck, qui monte chacun des quatre opéras du Ring depuis deux saisons, de venir les présenter à Versailles en version de concert.
Pour chaque maison d’opéra allemand, monter régulièrement une production de la Tétralogie est un défi, une gageure, une tradition nécessaire. Les chanteurs de la troupe permanente, dont c’est une base du répertoire, sont rejoints par des solistes wagnériens qui interprètent les grands rôles dans l’ensemble des opéras germanophones. Le cycle de ce Ring à Versailles, voulu par Laurent Brunner, directeur de CVS, Château de Versailles Spectacles, s’inscrit dans cent cinquante ans de pratique que l’Opéra de Sarrebruck présente ainsi à Versailles durant quatre années, jusqu’en 2026, l’année des 150 ans de la création du Ring.

 

 

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WAGNER : Siegfried
Versailles, Opéra Royal
Dimanche 25 mai 2025, 15h
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de Château de Versailles Spectacles :
https://www.operaroyal-versailles.fr/event/wagner-siegfried/

 

 

Durée : 5h, 2 entractes inclus
SIEGFRIED de WAGNER, 2è Journée de la Téralogie / Ring
Opéra en trois actes sur un livret de Richard Wagner, créé à Bayreuth en 1876.
Spectacle en allemand surtitré en français et en anglais

distribution

Tilmann Unger : Siegfried
Paul McNamara : Mime
Simon Bailey : Der Wanderer
Werner van Michelen Alberich
Hiroshi Matsui : Fafner
Melissa Zgouridi : Erda
Aile Asszonyi : Brünnhilde
Bettina Maria Bauer : Stimme des Waldvogels
Orchestre du Théâtre National de la Sarre
Sébastien Rouland, direction

 

RÉSERVATIONS / BILLETTERIE : L’équipe billetterie est à votre disposition par téléphone au 01 30 83 78 89 (du lundi au vendredi de 11h à 18h) ou sur place dans notre billetterie-boutique (3 bis rue des Réservoirs, 78000 Versailles ; du lundi au vendredi de 11h à 18h, ainsi que les samedis de spectacles hors Grandes Eaux Musicales de 14h à 17h).

 

 

 

ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS. Ven 23, sam 24, dim 25 mai 2025. Violon et romantisme : SCHUBERT, BRAHMS… Deborah Nemtanu (violon), Marius Stieghorst (direction

Grands vertiges symphoniques et virtuosité concertante à Orléans grâce à l’engagement de l’Orchestre Symphonique d’Orléans sous la direction de son chef attitré, Marius Stieghorst. Au programme, Schubert et Brahms, deux visages du grand romantisme germanique : celui spectaculaire et puissant de Schubert, digne successeur de Beethoven ; puis virtuosité passionnée et introspective de Brahms, avec invitée de marque, la violoniste Deborah Nemtanu, premier violon solo de l’Orchestre de Chambre de Paris depuis 2005.

 

 

 

Entre une symphonie “tragique” et un concerto virtuose et très mélodique, le programme célèbre le romantisme. Schubert a choisi une tonalité mineure pour exprimer ses sentiments profonds et tragiques à travers une orchestration aussi puissante que scintillante et détaillée. C’est d’ailleurs Brahms qui dirigea la première version complète en 1884.

Le Concerto opus 77 en ré majeur est la seule œuvre composée par Brahms pour violon et orchestre. A sa création en 1879 à Leipzig, l’œuvre a ravi les uns et irrité les autres. Le chef Hans von Bülow y voyait un morceau composé contre le violon et non pas pour le violon. En effet, dans ce concerto, le violon est une voix parmi d’autres, et de surcroît une voix confrontée à d’immenses difficultés techniques d’exécution.
Dans son traitement du concerto pour soliste, Brahms adopte une approche plutôt symphonique. Il voulait que le violon se mette au service de la musique et non l’inverse. Les critiques souvent virulentes le découragèrent d’écrire un second concerto pour violon. Pourtant, le jugement de l’histoire allait s’avérer bien différent. Aujourd’hui, cette œuvre devenue incontournable est inscrite au répertoire des plus grands violonistes. Un défi indispensable et une oeuvre de référence qui dévoile les maitres actuels de l’archet.

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ORLÉANS, Théatre d’Orléans, salle Barrault
vendredi 23 mai 2025 – 20h30
samedi 24 mai 2025 – 20h30
dimanche 25 mai 2025 – 16h
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Orchestre Symphonique d’Orléans : https://www.orchestre-orleans.com/concert/violon-et-romantisme/
ORCHESTRE SYMPHONIQUE D’ORLÉANS
Direction : Marius Stieghorst
Soliste : Déborah Nemtanu
PÄRT : Festina Lente
SCHUBERT : Symphonie n°4
BRAHMS : Concerto pour violon
Durée : 1h30

 

Schubert, jusqu’à la 3ème Symphonie, revisite Haydn et Mozart. Avec la Quatrième, qu’il baptise « tragique », peut-être en raison du pessimisme qui le traverse alors (la partition est terminée en 1816), le musicien fixe l’exemple Beethovénien, en particulier la Cinquième, dans le choix tout d’abord de la tonalité d’ut mineur. Le tragique dont il est question, ne résiste pas à l’envie d’ampleur comme l’attestent dans les couleurs imaginées par Schubert, pas moins de quatre cors.
Agé de 19 ans, le jeune compositeur affirme un tempérament personnel, singulier et divers, malgré les critiques émises sur les défauts (lourdeurs superfétatoires) des deux derniers mouvements. La partition est créée sous la direction de Riccius à Leipzig.
Les quatre mouvements
Dans l’Adagio molto puis allegro vivace, en guise de premier mouvement, Schubert évoque un chant funèbre et profond (teinté par le souvenir des musiques maçonniques de Mozart) que rompt le rythme haletant et finalement triomphant de l’allegro vivace.
L’andante développe ce climat proprement Schubertien : un murmure affectueux qui parle en climats réservés et intérieurs, presque secret. Les bois portent les lignes mélodiques sur un tapis de cordes.
Le menuetto-allegro vivace marque par son entêtement rythmique, d’où toute noirceur est absente. L’allegro final, en ut mineur, affirme après la réexposition de la fébrilité initiale (premier mouvement), la volonté d’en sortir et rayonne dans une conclusion enfin lumineuse (affirmation de la tonalité d’ut).
Durée indicative – Environ 30 mn.

 

LIRE aussi notre Présentation de la saison 2024-2025 de l’Orchestre Symphonique d’Orléans : https://www.classiquenews.com/orchestre-symphonique-dorleans-nouvelle-saison-2024-2025-marius-stieghorst-direction-musicale-symphonies-n4-de-bruckner-et-de-schubert-la-boite-de-pandore-de-julien-joubert-win/

Pour sa nouvelle saison symphonique 2024 – 2025, l’Orchestre Symphonique d’Orléans (OSO), l’une des phalanges les plus anciennes de l’Hexagone, fondée en 1921 (!), entend prolonger la pleine réussite de la saison passée… laquelle a séduit et fidéliser pas moins de… 13 000 spectateurs ! Un record qui montre combien à Orléans, et dans le territoire orléanais, l’attrait du spectacle vivant et les vertiges symphoniques promis par un orchestre impliqué se révèlent au plus haut niveau au sein de l’offre culturelle. Chaque saison l’OSO propose une douzaine de concerts, traversant les répertoires et les écritures, dans des formats variés : orchestre seul, avec un soliste, avec chœur (avec la coopération régulière des effectifs du Conservatoire d’Orléans), sans omettre les actions de médiation sur le territoire ou les concerts de musique de chambre à Orléans même…

 

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ANGERS NANTES OPÉRA. MOZART : La Flûte enchantée, nouvelle production, du 24 mai au 18 juin 2025. Nicolas Ellis (direction), Mathieu Bauer (mise en scène). Elsa Benoit,Nathanaël Tavernier, Florie Valiquette, Benoît Rameau…

Dix ans que l’on n’avait pas revu La Flûte enchantée à Nantes et Angers ! L’ultime opéra de Mozart, chef d’œuvre en langue allemande, à la fois hautement spirituel, humaniste et féerique, est mis en scène par Mathieu Bauer, qui tient beaucoup « à rester dans l’esprit du conte et donc d’une certaine naïveté ». De fait, l’univers réalisé sur scène, est celui des forains dont un manège enchanté guide les pas des protagonistes (les 2 couples Tamino / Pamina, et Papageno / Papagena), vers l’éblouissement final…

Après tout, ce que vivent Pamina et Tamino, Papageno et Papagena, dépasse un peu ces jeunes gens encore bien tendres. ne seraient-ils pas les proie d’une illusion collective dont La Reine de la Nuit, entité spectaculaire, orchestre la mécanique ? En guide bienveillant, et aussi au début du spectacle, en percutant Monsieur Loyal, le mage Sarastro va donc les prendre par la main ; il leur fait traverser des épreuves qui prendront la forme d’une balade en train fantôme, évoquant les élements : terre, feu, air, eau.
La brillante distribution de cette production toute fraîche est dirigée par Nicolas Ellis, le nouveau directeur musical de l’Orchestre National de Bretagne.

 

 

 

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NANTES – THÉÂTRE GRASLIN
5 représentations
Samedi 24 mai – 18h
Lundi 26 mai – 20h
Mercredi 28 mai – 20h
Vendredi 30 mai – 20h
Dimanche 1er juin – 16h

 

ANGERS – GRAND THÉÂTRE
2 représentations
Lundi 16 juin – 20h
Mercredi 18 juin – 20h

 

RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site d’ANGERS NANTES OPÉRA : https://www.angers-nantes-opera.com/la-flute-enchantee
Opéra en allemand, surtitré en français
Durée : 3 h 30, avec entracte

 

 

 

 

NOTRE AVIS… LIRE notre critique de cette nouvelle production, réjouissante « féerie foraine » qui a capté et cultive l’esprit à la pfois philosophique et enfantin du Divin Wolfgang (représentation à l’Opéra de Rennes, le 9 mai 2025): https://www.classiquenews.com/critique-opera-rennes-le-9-mai-2025-mozart-la-flute-enchantee-elsa-benoit-nathanael-tavernier-damien-pass-lila-dufy-nicolas-ellis-direction-mathieu-bauer-mise-en-scene/

 

Après un premier acte d’exposition [où aussi le prince reçoit la Flûte magique qui permettra aux hommes de retrouver leur humanité, sujet central de l’opéra], la seconde partie est bien celle des mutations profondes où chacun (ré)apprend l’humanité et les valeurs maçonniques [égalité, vérité, fraternité], passant symboliquement les épreuves du feu, de l’eau, de l’air et de la terre, dans un continuum à la fois féerique et symbolique ; des ténèbres [marquées par l’esprit de vengeance] à la pleine lumière finale [où la vérité est révélée et les forces du mal (c’est à dire La reine de la nuit, Monostatos et les 3 dames) sont démasquées. Tout cela se voit et se comprend sans lourdeur, et dans une joie contagieuse grâce au travail de Mathieu Bauer, et dans le décors réalisés dans les ateliers de l’Opéra de Rennes.

 

 

 

 

OPÉRA SUR ÉCRAN
Mercredi 18 juin 2025 (20h) : la production de La Flûte Enchantée sera projetée sur grands écrans en extérieur, et en direct pendant la dernière représentation scénique depuis la scène du Grand-Théâtre d’Angers, dans le cadre du dispositif « Opéra sur écrans » : projection sur tout le territoire en plein air et en accès gratuit – Place Graslin à Nantes et Place du Ralliement à Angers, mais aussi dans plusieurs lieux des Pays de la Loire / plus d’infos : https://www.angers-nantes-opera.com/opera-sur-ecrans-la-flute-enchantee
Retransmission sur la plateforme france.tv, le site internet de France 3 Pays de la Loire et les télévisions locales : Télénantes et Angers Télé, LM Tv Sarthe, TV Vendée, TVR, Tébéo-TébéSud et Val de Loire TV

 

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ORCHESTRE DU CAPITOLE DE TOULOUSE. Samedi 24 mai 2025 : DEBUSSY (La Mer), SAARIAHO (Ciel d’hiver), EP SALONEN (Helix)… Tarmo Peltokoski, direction / Happy hour du Chef !

Attention concert événement à Toulouse ! Le très inspiré directeur musical de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, Tarmo Peltokoski propose un menu spécial, délectable, intitulé « Happy Hour du Chef » : il dirige ses chers musiciens toulousains dans un programme particulièrement réfléchi : à la puissance impressionniste et si subtilement suggestive (atmosphérique) du Debussy de La Mer, chef d’œuvre de musique française (avec Daphnis et Chloé de Ravel), le jeune prodige de la baguette associe deux écritures de ses compatriotes : les couleurs brumeuses, envoûtantes de « Ciel d’Hiver » de Kaija Saariaho et l’énergie irrépressible d’ »Hélix » de chef Esa-Pekka Salonen…

 

Présentation du concert sur le site de : Voici un programme très personnel, qui ressemble à un grand pont musical jeté entre la France et son pays d’origine, la Finlande… Le chef Tarmo Peltokoski montre son attirance pour la nature autant que pour une certaine spiritualité. Le Tombeau resplendissant, ode à la jeunesse perdue d’un Messiaen à peu près du même âge que le chef d’orchestre, nous plonge déjà dans des tons debussystes que nous retrouverons avec La Mer. Inspirés ici par la forme de l’hélice, ou par le ciel et ses constellations, les Finlandais Saariaho (née à Helsinki et décédée à Paris) et Salonen appartiennent au collectif Korvat Auki, dont le nom signifie l’invitation que vous lance Tarmo Peltokoski : ouvrez les oreilles !

 

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TOULOUSE, La Halle aux grains
Samedi 24 mai 2025, 18h

RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse : https://onct.toulouse.fr/agenda/happy-hour-du-chef-2/

 

 

 

ORCHESTRE NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE
Tarmo Peltokoski, direction

 

 

Olivier Messiaen
Le Tombeau resplendissant

Kaija Saariaho
Ciel d’hiver

Esa-Pekka Salonen
Helix

Claude Debussy
La Mer

 

 

Photos : Tarmo Peltokoski © Romain Alcaraz

 

 

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ENTRETIEN avec le violoniste BRUNO MONTEIRO, à propos de son nouvel album « The Franco-Belgian Album » (Vieuxtemps, Franck, Fauré, Saint-Saëns)…

Avec le pianiste João Paulo Santos, le violoniste BRUNO MONTEIRO aime partager sa passion pour les compositeurs au carrefour des 19è et 20è ; le premier XXè, les inspire tout autant (leur dernier album s’intitulait « 20th century and forward » comprenant les œuvres de Debussy, Ravel, Elgar.)… Dans le sillon de leurs précédents enregistrements, les deux interprètes élargissent encore leur exploration des répertoires entre France et Belgique ; dans ce nouveau programme, à travers des joyaux injustement écartés (superbe « Grande Sonate » de Vieuxtemps), des pièces redoutablement virtuoses (Saint-Saëns, Ysaÿe…), se dessinent les milles nuances d’une complicité inspirée, qui combine judicieusement perles connues et méconnues.
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CLASSIQUENEWS : Comment ce nouvel album s’inscrit-t-il en comparaison à vos précédents, notamment ceux consacrés à la musique française (au romantisme francophone) ?

BRUNO MONTEIRO : Il s’agit d’un CD différent, puisqu’il est entièrement dédié à la musique francophone. La France et la Belgique sont deux pays très riches en grands compositeurs et en grandes œuvres. Il y a donc beaucoup à choisir. La Grande Sonate de Vieuxtemps est sans aucun doute un joyau oublié et méconnu du grand public qui devrait être proposé plus souvent. Le pianiste João Paulo Santos et moi-même avons joué l’œuvre en concert à plusieurs reprises, et le public a toujours été très heureux de l’entendre. La partition est peut-être un peu longue (NDLR: presque 45 mn), mais dans l’ensemble cela a du sens en termes de structure. Il en va de même pour les pièces plus courtes de l’album, que ce soit pour Franck, Fauré ou Saint-Saëns. Bien sûr, la Berceuse de Fauré et le Caprice en Forme de Valse sont souvent joués et sont tout autant appréciés. Nous avons essayé de trouver un équilibre dans le choix du matériel ; d’inclure des œuvres pratiquement inconnues à côté de celles très populaires, ce qui est très courant dans nos enregistrements.

 

 

CLASSIQUENEWS : Comment avez-vous construit le programme et choisi les pièces ? Selon quels critères?

BRUNO MONTEIRO : Comme je l’ai mentionné précédemment, nous avons cherché un équilibre entre connu et inconnu. Je pense que les mélomanes aiment toujours entendre des œuvres qu’ils connaissent, mais aussi découvrir de belles surprises ; c’est à dire des pièces qui sont sur la table depuis des années et qui leur sont inconnues. Nous avons enregistré tellement de musique française et belge qu’il commence à être difficile de planifier d’autres projets. Mais bien sûr, je suis toujours à la recherche de partitions qui ont été oubliées dans le temps et si ce sont de grandes pièces, l’enregistrement se fera.

 

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Quelle pièce préférez-vous? Pourquoi?

BRUNO MONTEIRO : Toutes ! Chacune a une histoire différente à raconter. Nous avons essayé d’inclure une œuvre ambitieuse comme la Grande Sonate, suivie de pièces beaucoup plus courtes, pour le plaisir des amateurs de musique ; sans omettre, un morceau de grande virtuosité pour le violon : le Caprice en forme de Valse de Saint-Saëns, une transcription du grand Ysaÿe.

 

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Dans quels types de partitions votre complicité avec le pianiste fonctionne-t-elle le mieux?

BRUNO MONTEIRO : Bien sûr, la sonate de VIEUXTEMPS… la partition demande une communion parfaite entre les deux instruments. Mais même dans les pièces courtes et virtuoses, la complicité est très importante. C’est curieux, certains violonistes jouent des pièces courtes et/ou virtuoses avec un pianiste qui est essentiellement « accompagnateur » et n’a rien de très fort à dire dans sa partie, puisque le violon est l’instrument principal. Ce n’est pas comme ça avec nous et cela ne l’a jamais été. Même lorsque nous jouons ou enregistrons des œuvres où le piano joue un rôle « secondaire », en raison de la nature même du morceau, nous jouons toujours comme un duo intégré. Il est important de ne pas oublier que le piano dans ces types d’œuvres a un rôle fondamental qui est parfois oublié, car il fournit la base et les touches finales pour que le violon puisse jouer son rôle avec élégance et liberté. C’est ce que João Paulo Santos fait si bien.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Dans quels types de partitions votre complicité avec le pianiste fonctionne-t-elle le mieux?

BRUNO MONTEIRO : Bien sûr, dans la sonate de VIEUXTEMPS… Pour laquelle il doit y avoir une communion parfaite entre les deux instruments. Mais même dans les pièces courtes et virtuoses, la complicité est aussi très importante. C’est curieux, certains violonistes jouent des pièces courtes et/ou virtuoses avec un pianiste qui est essentiellement « accompagnateur » et n’a rien de très fort à dire dans sa partie, puisque le violon est l’instrument principal. Ce n’est pas comme ça avec nous et cela ne l’a jamais été. Même lorsque nous jouons ou enregistrons des œuvres où le piano joue un rôle « secondaire », en raison de la nature même du morceau, nous jouons toujours comme un duo intégré. Il est important de ne pas oublier que le piano dans ces types d’œuvres a un rôle fondamental qui est parfois oublié, car il fournit la base et les touches finales pour que le violon puisse jouer son rôle avec élégance et liberté. Quelque chose que João Paulo Santos fait si bien.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Le style et l’écriture de la musique française requièrent quelles qualités techniques, quels caractères pour les interprètes ?

BRUNO MONTEIRO : Beauté du son, virtuosité (avec charme) ; et au-dessus de la technique, raffinement.

 

 

CLASSIQUENEWS : Au cours du programme, différents types de virtuosité sont produites, de Saint-Saëns à Ysaÿe… entre autres. Quel genre de virtuosité est-ce? Quelle est la spécificité?

BRUNO MONTEIRO : Oui, c’est un morceau très virtuose, mais à mon avis, il ne devrait pas être joué d’une manière qui sert simplement à « verser » les notes. Il faut du charme et de l’élégance. J’ai entendu un ou deux violonistes se vanter et y surenchérir en démonstration ; ce n’est pas la bonne chose à faire selon moi. Plus qu’un show technique, le plus important est le contenu musical. C’est comme n’importe quelle pièce : l’interprétation passe toujours avant la seule démonstration technique.

 

Propos recueillis en mai 2025

 

 

 

 

critique cd

LIRE aussi notre CRITIQUE du CD «  The Franco-Belgian Album »(1 cd Et’cetera) : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-the-franco-belgian-album-vieuxtemps-franck-faure-saint-saens-bruno-monteiro-violon-joao-paulo-santos-piano-1-cd-etcetera/

Le violoniste portugais Bruno Monteiro signe un nouvel album qui est un véritable chant amoureux pour la musique française et belge du dernier romantisme, d’Henri Vieuxtemps et César Franck pour les plus anciens, jusqu’au plus durable Camille Saint-Saëns (1835 – 1921), sans omettre Gabriel Fauré et le plus tardif (né en 1858), l’incroyable autant que talentueux, Eugène Ysaÿe

 

 

 

précédent entretien

Précédent ENTRETIEN avec Bruno Monteiro (août 2024) : ENTRETIEN avec le violoniste Bruno MONTEIRO, à propos de son nouveau CD intitulé « 20th Century and Forward »… Sonates d’Elgar, Debussy, Tzigane de Ravel… : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-le-violoniste-bruno-monteiro-a-propos-de-son-nouveau-cd-intitule-20th-century-and-forward/
Au programme, Elgar, Debussy, Ravel… Depuis 20 ans, le musicien partage avec son complice de toujours, le pianiste João Paulo Santos, des affinités électives avec les compositeurs européens du premier XXè siècle, Elgar, Ravel, Debussy… des champs intimes, ténus tracent aussi de nouvelles correspondances avec des auteurs contemporains comme Luiz Barbosa ou Ivan Moody. Il en découle un programme sensible qui place en son cœur, la complicité active, allusive entre le violon enchanteur et le piano enveloppant… Explications

 

 

 

ENTRETIEN avec le violoniste Bruno MONTEIRO, à propos de son nouveau CD intitulé « 20th Century and Forward »… Sonates d’Elgar, Debussy, Tzigane de Ravel…

 

 

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CRITIQUE CD. CHOPIN par Benjamin Grosvenor. Sonates n°2 et n°3, Nocturnes opus 55 n°15 et 16… (1 cd DECCA classics, 2024)

Dans ce nouvel album pour Decca classics, le pianiste britannique Benjamin Grovenor s’intéresse en particulier aux œuvres de Chopin qui ont profité du soutien amoureux, affectueux de George Sand dont la relation avec le Polonais dura 9 années, de 1838 à 1847. Période heureuse où le compositeur accouche non sans douleur de deux Sonates (entre autres), à une période où il semblait que le genre était devenu inutile tant Beethoven paraissait avoir tout dit. Ainsi sont composées les Sonates n°2 (1839) et n°3 (1844). Deux opus peu jouées en concert et qui font tout le sel et le charme de ce nouveau programme réjouissant…

 

 

 

Schumann s’est exprimé à propos de la Sonate n°2 : enfant « turbulent », œuvre impétueuse. De fait, Benjamin Grosvenor en exprime avec raison, les tensions souterraines, l’énergie structurelle qui naissent de la volonté coûte que coûte qu’a Chopin de retrouver dans le feu du jeu improvisé, l’évidence de la forme Sonate.
Sous ses doigts très agiles, s’affirme immédiatement la carrure virile, beethovénienne du premier mouvement (« Grave – Doppio movimento »), ses emportements, ses vertiges, ses aspirations intimes, soulignant en un jeu lisztéen, le feu intérieur, bouillonnant d’un Chopin, au final, très peu doucereux.
Même versatilité fluide dans les séquences tout aussi contrastées du Scherzo (2è mouvement) : crépitement et aspirations verticales puis rêverie d’une valse enivrée… dévoile l’ardente volubilité du pianiste britannique.
Dans une ample respiration intérieure, la Marche funèbre (« lento ») est finement énoncée comme pour mieux préparer au jaillissement du 2è thème, lui aussi de pur enivrement et pensé, tel un abandon onirique. Le dernier mouvement est un jaillissement primitif qui d’ailleurs rappel les 24 Préludes. Course, chute, énergie pure… dévoilement sans fard d’un flux qui semble effectivement improvisé.

 

 

CHOPIN impétueux et rêveur
Benjamin Grosvenor
au cœur du bouillonnement chopinien…

Dans la Sonate n°3, le pianiste questionnent la portée expressive de l’écriture en ciselant davantage encore, de superbes contrastes ; sa compréhension gagne un relief indiscutable en particulier dans le premier mouvement qui a cette énergie et cette élocution beethovénienne, carrée, d’une passion incandescente. Le Scherzo qui suit fusionne idéalement abandon et jaillissement, rêverie et improvisation. Le 3è mouvement (Largo) coule dans une fluidité pacifiée, subtilement nostalgique ; quel contraste avec l’allegro tempétueux, sa houle intranquille du dernier mouvement (Finale: Presto non tanto), passionnée et conquérante, finalement victorieuse où rayonne aérienne, volubile, l’aisance comme enivrée de la main droite.
Benjamin Grosvenor joue les contrastes entre la Berceuse opus 57, pacifiée, sereine, et la Ballade opus 23 (qui lui succède), ardente, harmoniquement éruptive (jusqu’à sa fin). Et les deux Nocturnes opus 55, chefs d’œuvre du genre (inventé par John Field précédemment) sont réalisés avec une finesse suggestive à la fois langoureuse (15) puis évanescente (16).

 

Ce récital personnel, parfaitement abouti, a pris en compte (et mesuré) l’esthétique même de Chopin : son hypersensibilité à la fois furieuse et pulsionnelle, ses vertigineux accents, exprimés, libres comme s’ils étaient improvisés, sa propension à la rêverie pure, comme à l’impérieuse volonté, à l’abandon voire à l’anéantissement, jusqu’à la vaporisation sonore. CLIC de CLASSIQUENEWS été 2025

 

 

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CRITIQUE CD. CHOPIN par Benjamin Grosvenor. Sonates n°2 et n°3, Nocturnes opus 55 n°15 et 16… (1 cd DECCA classics – Enregistré en septembre 2024, Garsington Opera) – parution le 23 mai 2025 – CLIC de CLASSIQUENEWS été 2025
PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur DECCA : https://store.deccaclassics.com/collections/benjamin-grosvenor-1/products/chopin-sonatas-2-3-ballade-no-1-berceuse-nocturnes-cd

 

 

 

 

 

tracklisting
1 Chopin: Piano Sonata No. 2 in B-Flat Minor, Op. 35 « Funeral March »: I. Grave – Doppio movimento
2 II. Scherzo – Più lento
3 III. Marche funèbre. Lento
4 IV. Finale. Presto
5 Chopin: Berceuse in D-Flat Major, Op. 57
6 Chopin: Ballade No. 1 in G Minor, Op. 23
7 Chopin: Nocturne No. 15 in F Minor, Op. 55 No. 1
8 Chopin: Nocturne No. 16 in E-Flat Major, Op. 55 No. 2
9 Chopin: Piano Sonata No. 3 in B Minor, Op. 58: I. Allegro maestoso
10 II. Scherzo. Molto vivace
11 III. Largo
12 IV. Finale. Presto non tanto

 

 

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PARIS, Musée Jacquemart-André. 5ème édition du CLASSICAL BRIDGE International Music Festival : les 23, 24, 25 juin 2025. Klara MIN. Augustin Dumay, Miguel da Silva,Edgar Moreau,, Jean-Frédéric Neuburger, Vladimir Spivakov, Hélène Mercier…

Le Musée Jacquemart-André à Paris, accueille au début de chaque été, un nouveau rendez-vous artistique, où la musique classique est un puissant levier pour favoriser les dialogues interculturels : le Festival international CLASSICAL BRIDGE.

 

 

 

La musique de chambre au plus niveau

Après avoir conquis New York, Bordeaux et Séoul, le Classical Bridge International Music Festival fondé par la pianiste sud coréenne KLARA MIN, s’installe à Paris pour sa 5ème édition, du 23 au 25 juin 2025. Porté par le New York Concert Artists & Associates (NYCA), le festival investit le cadre prestigieux du Musée Jacquemart-André. Il réunira au cours de trois soirées exceptionnelles des musiciens de renommée internationale. Paris, capitale emblématique des échanges internationaux, marque une nouvelle étape pour le rayonnement du Classical Bridge International Music Festival. Klara Min conforte ainsi un projet déterminant par son humanisme et son engagement fraternel au delà des frontières et des nationalités. Photo : Klara MIN ©Marco Borggreve.

 

Le Classical Bridge est bien plus qu’une série de concerts. C’est une rencontre rare, où des artistes de renommée internationale et des personnalités venues d’horizons variés se retrouvent autour de la musique de chambre, source puissante d’inspiration, d’émotion et de liens entre l’Asie, les États-Unis, la France — et au-delà » déclare Klara MIN, fondatrice et directrice artistique du festival. Il s’agit dans chaque ville étape, d’aborder chefs-d’œuvre classiques et créations contemporaines, afin que la musique classique vive et qu’elle communique et partage sa magie, auprès d’un large public, dans des lieux emblématiques chargés d’histoire.

 

 

Un festival à part,
qui célèbre la magie de la musique,
comme langage universel

 

Le Classical Bridge s’affranchit des formats traditionnels et propose une expérience musicale singulière, à la fois intime, exigeante, engagée, curieuse, résolument contemporaine. À travers une programmation soigneusement élaborée, le festival entend créer des passerelles entre l’art, les cultures, les générations ; et particulièrement favoriser le dialogue entre artistes et invités, venus du monde entier.

 

 

 

 

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Festival International de Musique
“ Classical Bridge “
du lundi 23 au mercredi 25 juin 2025
Musée Jacquemart-André, Paris
PIANO & MUSIQUE DE CHAMBRE

RÉSERVEZ VOS PLACES, TOUTES LES INFOS sur le site du Festival international MUSICAL BRIDGE : https://mailchi.mp/9f30a653c5fe/festival-international-classical-bridge-chteau-pape-clment-bordeaux-du-22-aot-au-24-aot-21559061

Sous la direction artistique de Klara Min, l’édition 2025 met à l’honneur la diversité des parcours et des expressions musicales. Elle invite notamment les violonistes Augustin Dumay et Alissa Margulis, l’altiste Miguel da Silva, le violoncelliste Edgar Moreau, les pianistes Jean-Frédéric Neuburger, Reed Tetzloff, Klara Min, ainsi que le duo exceptionnel formé par la pianiste Hélène Mercier et Vladimir Spivakov (violoniste, pianiste et chef). Ensemble, ces artistes parmi les plus inspirants de la scène internationale offrent 3 concerts inédits, autour d’un répertoire allant de Mendelssohn à Pärt, en passant par Ravel, Fauré, Bach, Brahms, et Franck.

 

 

 

3 CONCERTS ÉVÉNEMENTS
Programme

 

 

 

Lundi 23 juin 2025 à 19h
PIANO
Musée Jacquemart-André, Paris : Récital du pianiste Reed Tetzloff
Ravel, Chopin, Philip Lasser, Gershwin
Maurice Ravel : Menuet Antique, M.7
Maurice Ravel : Pavane pour une infante défunte, M.19
Frédéric Chopin : Fantaisie en fa mineur, Op. 49
Philip Lasser : Sonate pour piano, « Les Hiboux Blancs »
George Gershwin : George Gershwin’s Songbook : Sélections de pièces pour piano solo

 

 

Mardi 24 juin à 19h
MUSIQUE DE CHAMBRE
Concert de musique de chambre autour des œuvres de Mendelssohn, Ravel et Fauré
Klara Min (piano), Alissa Margulis (violon), Edgar Moreau (violoncelle),
Jean-Frédéric Neuburger (piano), Augustin Dumay (violon) et Maté Szücs (alto).
Felix Mendelssohn : Trio avec piano n° 1 en ré mineur
Maurice Ravel : Ma Mère l’Oye
Gabriel Fauré : Quatuor avec piano n° 1

 

 

 

Mercredi 25 juin à 19h
VIOLON / PIANO
Sonates pour violon et piano : J.S. Bach, Johannes Brahms, Arvo Pärt et César Franck, Hélène Mercier (piano) et Vladimir Spivakov (violon)
Johann Sebastian Bach : Sonate pour violon et piano
Johannes Brahms : Sonate n° 3 pour violon et piano
Arvo Pärt : Spiegel im Spiegel
César Franck : Sonate pour violon et piano

 

 

 

TOUTES LES INFOS, le détail des programmes, des artistes invités en 2025, sur le site du Classical Bridge International Music Festival : www.classicalbridge.org/paris

Musée Jacquemart-André
https://www.musee-jacquemart-andre.com/fr
158 Bd Haussmann, 75008 Paris

 

 

 

Billetterie :
www.classicalbridge.org/paris

 

 

 

 

entretien

LIRE notre ENTRETIEN avec KLARA MIN à propos de la 5è édition du Festival CLASSICAL BRIDGE au Musée Jacquemart-André : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-la-pianiste-klara-min-a-propos-de-la-57-edition-du-festival-classical-bridge-paris-musee-jacquemat-andre-les-23-24-et-25-juin-2025/

La pianiste Klara MIN a le génie des passerelles et des ponts créatifs. En invitant ses partenaires et amis de longue date, la pianiste cultive les affinités électives, suscite le partage et la communion auxquels sont conviés les spectateurs parisiens. Dans l’écrin somptueux et intimiste du Musée Jacquemart-André, le festival qu’elle a créé : « CLASSICAL BRIDGE », propose 3 concerts exceptionnels, les 23, 24 et 25 juin prochains. Au programme, vertiges pianistiques et chambrisme ciselé, en parfaite harmonie avec les salons patrimoniaux de l’un des plus séduisants musées de la Capitale. Explications et présentation de la déjà 5ème édition…

 

ENTRETIEN avec la pianiste KLARA MIN, à propos de la 5ème édition du Festival CLASSICAL BRIDGE (Paris, musée Jacquemart-André, les 23, 24 et 25 juin 2025)

 

 

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ORCHESTRE LAMOUREUX, La Seine Musicale, Sam 7 juin 2025. Tableaux d’une exposition (Ravel / Moussorsgki) / Bruch (Double Concerto pour clarinette et alto) … Adrien Perruchon (direction)

Les Tableaux d’une Exposition de Moussorgski (1874) sont un chef d’œuvre exceptionnel, – véritable défi pour tous les orchestres, … d’autant plus dans l’orchestration réalisée par Maurice Ravel, le roi des alliages instrumentaux ! Le génie de Moussorgsky déployé dans cette promenade musicale (et picturale car le compositeur y évoque sa pérégrination de dessins en maquettes lors d’une exposition des œuvres de son ami le peintre et architecte Victor Hartmann) y est sublimé par l’alchimie orchestrale ravélienne.

 

Le musicien fait oeuvre de mémoire, d’autobiographie, non dénuée d’une certaine auto-dérision. D’autant que chaque scène musicale ne suit pas strictement les tableaux de la dite exposition mais est plutôt l’expression d’un fantasme personnel, l’image d’une recréation totalement subjective. S’y succèdent scènes salves (Kiev,….) et françaises (Tuileries parisiennes, Limoges,…) avec une acuité expressive, tour à tour onirique ou comique.

En première partie, l’Orchestre Lamoureux invite 2 solistes inspirés dans le double portrait alto et clarinette imaginé par Max Bruch dans son double Concerto créé en 1912 et destiné à son fils, Max Felix qui était clarinettiste ; le défendent dans une complicité fameuse, les instrumentistes invités Raphaël Sévère (clarinette) et Adrien La Marca (alto) ; les deux musiciens jouent également, en ouverture, « Phoenix », nouvelle partition du même Raphaël Sévère, en création.

 

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Samedi 7 juin 2025, 20h30
La Seine Musicale (Auditorium Patrick Devedjian)
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de LA SEINE MUSICALE / Boulogne-Billancourt : https://orchestrelamoureux.com/concerts/les-tableaux-dune-exposition/
ORCHESTRE LAMOUREUX
Adrien Perruchon, direction
Adrien La Marca, alto
Raphaël Sévère, clarinette

 

Retrouvez aussi  l’Orchestre Lamoureux en famille lors d’un Bébé : Concert le samedi 7 juin à 11h et le dimanche 8 juin à 10h15 et 11h30.

Programme

Mel Bonis : Valse
Ouverture du concert avec les élèves d’Orchestre à l’École

Raphaël Sévère : Phoenix,
pour clarinette, alto et orchestre (création française)

Max Bruch : Double concerto
pour clarinette, alto et orchestre

Modest Moussorgsky : Les Tableaux d’une exposition
(Orchestration de Maurice Ravel)

 

 

Informations pratiques
01 74 34 53 53
www.laseinemusicale.com
https://www.laseinemusicale.com/?gad_source=1&gclid=CjwKCAjwps-zBhAiEiwALwsVYZmDI2Nt_xkXshgPXk5t3WEKSO1-on4FzYNetP302i7QnZOJMcFQJRoCpcwQAvD_BwE

 

La Seine Musicale
Ile Seguin – 92100 Boulogne-Billancourt

 

 

 

entre promenade et tableaux expressifs,
les Tableaux d’une exposition de Moussorgski

Après la première promenade introduite par la trompette, surgit le portrait grimaçant et même démoniaque du Gnomus (initialement un Casse-Noisette). Une deuxième promenade plus douce (cor), mène aux portes du « Vecchio Castello » dont le motif nostalgique est chanté au basson puis au saxophone (dans l’orchestration de Ravel, 1922). Une troisième promenade, plus éclatante, mène aux Tuileries parisiennes où jouent de jeunes enfants. Moussorsgki écrit l’une des partitions les plus oniriques sur le thème de l’enfance et de la légèreté, de l’insouciance. Aucune transition pour le morceau suivant qui évoque le chariot polonais tiré par des boeufs ou Bydlo dont basson, tubas et cordes évoquent le pas lent et grave. Une quatrième version de la promenade, mais cette fois, dans le registre aigu des bois puis des cordes introduit le Ballet des poussins dans leurs coques, sommet musical humoristique. Sur une mélodie juive, Moussorgski aborde ensuite le double portrait de Samuel Goldenberg, riche et vaniteux, et de Schmuyle, pauvre et plaintif… le plus argenté prend congé brutalement du second. Ensuite, s’ouvre le marché de Limoges, fresque foisonnante où se presse une foule sonore et bigarrée. Après avoir sombré dans les gouffres des Catacombes, l’orchestre entonne le nouveau chant de la promenade, Cum mortuis in lingua mortua, mais traversée par les spasmes des trépassés. Le délire de Moussorgski atteint un nouveau sommet avec la Cabane sur des pattes de poule, qui abrite l’antre de la sorcière Baba-Yaga… Enfin, le finale explose entre grandeur et festival éruptif dans la Grande Porte de Kiev, où le souvenir de la promenade ressuscite. Illustration : portrait de Moussorgski DR

 

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CRITIQUE, concert. GENEVE, Cathédrale Saint-Pierre, le 18 mai 2025. PERGOLESI : Stabat Mater. Il Pomo d’oro, Jakub Jozef Orlinski (contre-ténor), Barbara Hannigan (soprano et direction)

Le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi, associé aux œuvres visionnaires de Giacinto Scelsi, s’impose comme l’un des événements phares de la saison 24/25 du Grand Théâtre de Genève. Sous la direction audacieuse de Barbara Hannigan et la mise en scène symbolique de Romeo Castellucci, ce spectacle hybride, présenté dans l’écrin mystique de la Cathédrale Saint-Pierre, transcende les frontières entre baroque et contemporain pour offrir une méditation bouleversante sur la douleur et la transcendance.

 

Au cœur de ce projet, le Stabat Mater (1736) de Pergolesi, chef-d’œuvre baroque dédié aux souffrances de la Vierge Marie, est enrichi par les Quattro Pezzi (su una nota sola) (1959) et les Trois Prières latines (1970) de Giacinto Scelsi. Ce dernier, pionnier de la musique spectrale, explore la vibration pure du son, créant un contraste saisissant avec les lignes mélodiques élégiaques de Pergolesi. La dramaturgie musicale, conçue par Christian Longchamp, tisse un fil entre la lamentation sacrée du XVIIIe siècle et l’abstraction minimaliste du XXe, révélant une universalité de la douleur.

Romeo Castellucci, connu pour son approche iconoclaste, transforme la cathédrale en un espace de rituel contemporain. Ses images, entre peinture vivante et installation sculpturale, actualisent la souffrance de Marie, la dépeignant comme une figure universelle. Les jeux de lumière (signés Benedikt Zehm) et les costumes épurés de Clara Strasser amplifient l’intensité dramatique, tandis que la scénographie exploite la verticalité gothique du lieu pour immerger le public dans une expérience quasi-liturgique.

Barbara Hannigan, à la fois cheffe et soprano, incarne une Marie déchirante, alliant puissance dramatique et fragilité. Son timbre cristallin dialogue avec le contre-ténor Jakub Józef Orliński, dont la voix angélique et la présence scénique magnétique apportent une dimension presque surnaturelle. L’Ensemble Il Pomo d’Oro (baroque) et l’ensemble Contrechamps (contemporain) fusionnent leurs palettes sonores sous sa direction, restituant avec une précision virtuose les nuances des deux compositeurs.

Les pièces de Scelsi, notamment les Quattro Pezzi, où une note unique se déploie en infinies variations, résonnent comme une plongée dans l’inconscient sonore. Les harmoniques, travaillées par les instruments, évoquent une forme de transe mystique, rappelant les influences bouddhistes du compositeur. Ces interludes, interprétés avec une intensité hypnotique, servent de pont entre la ferveur baroque et une spiritualité moderniste.

Coproduit avec l’Opéra de Rome et Opera Ballet Vlaanderen, ce spectacle est bien plus qu’un concert : c’est une catharsis collective, où la musique devient un vecteur d’émotion pure. Castellucci et Hannigan signent ici une œuvre totale, où chaque détail – du geste vocal à la vibration lumineuse – concourt à élever l’âme.

 

 

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CRITIQUE, concert. GENÈVE, Cathédrale Saint-Pierre, le 18 mai 2025. PERGOLESI : Stabat Mater. Il Pomo d’oro, Jakub Jozef Orlinski (contre-ténor), Barbara Hannigan (soprano et direction). Crédit photographique © Monika Ritterhaus