Le violoniste portugais Bruno Monteiro signe un nouvel album qui est un véritable chant amoureux pour la musique française et belge du dernier romantisme, d’Henri Vieuxtemps et César Franck pour les plus anciens, jusqu’au plus durable Camille Saint-Saëns (1835 – 1921), sans omettre Gabriel Fauré et le plus tardif (né en 1858), l’incroyable autant que talentueux, Eugène Ysaÿe…
Avec le recul, le programme expose 1001 nuances de la virtuosité romantique et post romantique, entre éclat, séduction, profondeur voire intimité. Le programme ose et réussit une sélection de partitions méconnues qui relèvent toutes de ce romantisme élégantissime franco-belge, à commencer par Henri VIEUXTEMPS : sa grande sonate pour piano et violon (1843) affirme de la part du compositeur jeune (âgé alors de 22 ans) un tempérament beethovénien dans l’ampleur du cadre auquel le violon apporte l’élégance de son chant enjoué (premier mouvement) ; contrastant avec le Scherzo qui suit, vif et espiègle, s’impose le chant lyrique, rêveur, ample, entre sérénité et béatitude du Largo (presque aussi développé que l’Allegro initial et de loin le plus original des 4 mouvements). Le Finale trouve un équilibre savoureux entre virtuosité et caprice. De la même année, date l’Andantino quietoso de FRANCK, pièce d’un équilibre souverain, développée comme une prière étirée dont les deux interprètes trouvent le souffle juste, et le violon le fil d’un chant élégiaque, inspiré, ininterrompu ; même pudeur millimétrée et vertiges de l’intime dans la seconde pièce composée par le Séraphin, « Mélancolie » dans lequel le chant du violon serpente, incandescent, suspendu dans une solitude qui rayonne par sa profondeur et son intensité.
Plus tardive, la Berceuse de FAURÉ (1878) enchante, rassérène dans sa fluidité enchantée. Les deux interprètes s’entendent à merveille dans l’enchaînement des séquences formant l’Élégie de SAINT-SAËNS pièce créée avant Paris (Gaveau, 1916) en Californie à San Francisco en 1915, pour l’Exposition Panama-Pacifique. Piano et violon semblent se fondre dans un flux improvisé, avec un grand naturel.
Comme une apothéose où règne l’esprit capricieux de la Variation impériale, Bruno Monteiro choisit en ultime offrande le Caprice d’après l’Étude en forme de Valse opus 52 du belge Eugène Ysaÿe (188 – 1931), originellement pour violon et orchestre. La version pour violon et piano réalisée par Saint-Saëns reste fidèle à l’extrême virtuosité d’Eugène Ysaÿe, le plus grand virtuose pour le violon, modèle absolu (après Paganini), et qui légua l’héritage reçu de Vieuxtemps, à Kreisler, Szigeti, Enescu… Bruno Monteiro en exprime toute le romantisme éperdu, la lyre vertigineuse et incandescente dans un jeu complice avec le piano … aussi funambule et enivré que le violon.
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CRITIQUE CD événement. The Franco-Belgian Album : Vieuxtemps, Franck, Fauré, Saint-Saëns.
BRUNO MONTEIRO, violon / JOAO PAULO SANTOS, piano (1 cd Et’cetera)
PLUS D’INFOS sur le site du violoniste BRUNO MONTEIRO :
https://www.bruno-monteiro.com/
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CRITIQUE CD. 20th CENTURY AND FORWARD : Elgar, Debussy, Ravel, Barbosa, Moody… Bruno Monteiro (violon), João Paolo Santos (piano) – 1 cd Et’cetera / juin 2024)
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