mercredi 2 juillet 2025
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BUCAREST. 27ème FESTIVAL INTERNATIONAL GEORGE ENESCU, du 27 août au 21 septembre 2025. Un hommage exceptionnel pour les 70 ans de la disparition du génie roumain

Le 4 mai 2025 marque le 70ème anniversaire de la disparition de George Enescu, figure majeure de la musique roumaine, décédé à l’âge de 73 ans à Paris. Le 27e Festival International George Enescu (fondé en 1958), se déroulera du 24 août au 21 septembre 2025 sous la direction artistique de Cristian Măcelaru. La prochaine édition du Festival s’annonce exceptionnelle à travers un programme riche et complet dont la diversité souligne, entre Paris et Bucarest, une créativité hors normes.

 

 

 

Pas moins de 45 représentations d’œuvres de George Enescu sont annoncées. Ses chefs-d’œuvre résonneront sur les grandes scènes de Bucarest, notamment son opéra monumental Œdipe, présenté dans une nouvelle production de l’Opéra national de Bucarest, avec des solistes de renommée mondiale. En outre la présence de compositeurs et d’interprètes français au sein de la programmation 2025 souligne la relation profonde entretenue entre Enescu et la France, ce depuis ses premières années de formation au Conservatoire de Paris, à 13 ans, aux côtés de Maurice Ravel…

 

 

27e Festival International George Enescu 2025 :
Un Hommage vibrant au 70e Anniversaire de George Enescu

 

 

Quelques moments forts de ce 27ème Festival International George Enescu … Plusieurs œuvres orchestrales marquantes, incluant Poema Română par l’Orchestre philharmonique George Enescu dirigé par Cristian Măcelaru, la Fantaisie pour piano et orchestre par l’Orchestre Philharmonia avec Santtu-Matias Rouvali, la Pastorale-Fantaisie par l’Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia avec Martha Argerich, la Symphonie n°1 par le Royal Philharmonic Orchestra avec Alexandre Kantorow, et la Rhapsodie roumaine n° 1 par le Royal Concertgebouw Orchestra avec Jean-Yves Thibaudet sous la baguette de Klaus Mäkelä, ainsi que la Rhapsodie roumaine n°2 par l’Orchestre National de France dirigé par Cristian Măcelaru et le pianiste Rudolf Buchbinder…
Au programme également des œuvres inachevées telles que la Symphonie n°4 (Orchestre philharmonique tchèque / Petr Popelka), Isis (Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo / Kazuki Yamada) et le Caprice Roumain (Orchestre symphonique national danois / Nicholas Collon / Alexandru Tomescu).
D’autres pièces importantes du répertoire d’Enescu seront interprétées, comme Pastorale, Menuet triste et Nocturne (David Grimal / Orchestre de chambre de la radio roumaine), l’Ouverture de concert (Staatskapelle Dresden / Daniele Gatti / Kirill Gerstein), et le Dixtuor à vents (Academy of St Martin in the Fields / Jan Lisiecki).

Enfin, le festival entend mettre en lumière l’intégrale des sonates pour violon et piano par Hans Christian et Karolina Aavik, ainsi que les performances des lauréats du Concours Enescu : Hyeonjeong Lee (avec l’Orchestre de chambre de Lausanne / Renaud Capuçon) et Yo Kitamura (avec l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler / Manfred Honeck). Photo : George Enescu et le jeune Yehudi Menuhin (DR)

 

 

Un grand hommage à la musique du monde francophone

George Enescu – ou Georges Enesco – a entretenu des liens singuliers et constants avec la France et son riche patrimoine musical. Ce lien s’est noué très tôt : à seulement 13 ans, il fut admis au Conservatoire de Paris, où il étudia aux côtés de Maurice Ravel, sous la direction de Gabriel Fauré. Ses débuts en tant que compositeur eurent également lieu en France, avec la création de Poema Română lors des Concerts Colonne à Paris. Tout au long de sa carrière, Enescu partagea son temps entre Bucarest et Paris, effectuant des tournées à travers l’Europe et collaborant avec de grands musiciens de son temps. Enescu passa ses dernières années en exil à Paris, où il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

Cette 27e édition du Festival International George Enescu rendra hommage aux influences françaises, à travers plusieurs performances d’orchestres, de solistes et d’ensembles de musique de chambre de renommée mondiale. Le programme mettra en lumière des œuvres emblématiques de Ravel, Fauré, Debussy, Boulez, Poulenc, Bizet, Berlioz et Rameau, célébrant ainsi l’héritage musical profond qui a inspiré et enrichi l’art d’Enescu.

 

 

À propos du Festival International George Enescu

Le Festival International George Enescu se tient à Bucarest, en Roumanie, depuis 1958, célébrant la mémoire, la musique et la personnalité de George Enescu, le grand compositeur, pianiste, violoniste et chef d’orchestre roumain. Se tenant tous les deux ans, le festival attire des orchestres de premier plan et des milliers de musiciens pour des performances mettant en valeur la grande musique du répertoire classique, y compris les propres œuvres d’Enescu, offrant une série de concerts étendue couvrant l’opéra, les concerts familiaux, la musique moderne et contemporaine, avec de nombreuses premières mondiales et roumaines. Aujourd’hui, le festival est l’un des principaux événements internationaux de musique classique au monde.

Avant le directeur artistique actuel Cristian Măcelaru, le festival a été dirigé par une illustre série de directeurs artistiques dont Zubin Mehta, Lord Yehudi Menuhin, Lawrence Foster, Cristian Mandeal, Ioan Holender et Vladimir Jurowski. Les artistes associés au festival tout au long de son histoire comprennent David Oistrakh, Radu Lupu, Elisabeth Leonskaja, Mstislav Rostropovitch, Mariss Jansons, Vladimir Ashkenazy et Semyon Bychkov, .…entre autres.

Le Festival International George Enescu se tient en alternance avec le Concours International George Enescu, représentant ensemble une initiative clé du ministère roumain de la Culture et de sa filiale ARTEXIM, organisatrice des deux événements. Comme les années précédentes, cette édition du Festival a reçu le Haut Patronage du Président de la Roumanie.

 

 

PLUS D’INFOS sur le site du Festival International GEORGE ENESCU 2025 : https://www.festivalenescu.ro/en/

Découvrir le programme complet ici : https://mcusercontent.com/788deee77f17aadc2e87446bf/files/f37f6366-e96d-aeed-7a82-e5b4709ab782/PROGRAMME_ENESCU_1_.pdf

 

 

 

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CRITIQUE, récital lyrique. ANDORRE, Parc Central, le 3 mai 2025. Anna NETREBKO (soprano), Serena Malfi (mezzo), Pavel Nebolsin (piano)

C’est sous une serre lumineuse, baignée des derniers rayons du crépuscule andorran, qu’Anna Netrebko a ouvert la 3ème édition du Classicand Festival(dirigé par Joan Anton Rechi) entourée du pianiste Pavel Nebolsin et de la mezzo-soprano Serena Malfi. Un programme éclectique, mêlant  mélodies russes, airs d’opéra et pièces pianistiques, a transporté le public entre forêts mystérieuses, palais imaginaires et nuits étoilées, en parfaite harmonie avec le cadre naturel du Parc central d’Andorre-la-Vieille.

 

Première partie : « Dans la forêt » et « Le long de la rivière »

La soirée s’est ouverte avec une plongée dans l’univers poétique des compositeurs russes. Tchaïkovski a dominé cette première séquence, avec « Dis-moi, qu’y a-t-il sous l’ombre des branches ? » (Op. 57 n°1), où Netrebko a cherché ses marques, la voix encore timide, avant de s’épanouir pleinement dans « C’était à l’aube du printemps » (Op. 38 n°2). Rachmaninov (« Tout est si beau », Op. 21 n°7) et Rimski-Korsakov (« Plus beau que le chant de l’alouette », Op. 43 n°1) ont permis à la soprano de déployer des couleurs plus chaudes, tandis que « Le soleil s’est couché » (Tchaïkovski, Op. 73 n°4) a clos cette première section dans une douce mélancolie. L’irruption de « Stridono lassu » (Pagliacci, Leoncavallo) a apporté une tension dramatique bienvenue, avant que Pavel Nebolsin ne captive l’auditoire avec « Étincelles » de Moritz Moszkowski, une démonstration de virtuosité étincelante. La première parie s’est terminée par ce qui restera le moment le plus envoûtant de la soirée – avec l’arrivée de la mezzo italienne Serena Malfi pour une exécution du célèbre « Duo des Fleurs » de Leo Delibes (Lakmé). Les deux voix, l’une veloutée et sombre (Malfi), l’autre lumineuse et puissante (Netrebko), se sont entrelacées avec une grâce infinie, évoquant un jardin en pleine floraison…

 

Deuxième partie : « Dans le palais » et « Par la fenêtre »

Après l’entracte, l’atmosphère s’est faite plus théâtrale, avec d’abord un extrait d’Adriana Lecouvreur de Cilea, et le célèbre air Io son l’umile ancella, où la voix de Netrebko s’est déployé dans la soie et l’or pour nous gratifier de sons filés et de tenues miraculeuses dans l’aigu. Puis, Serena  Malfi, dans « Oh, grand Tsar » (La Jeune fille des neiges de Rimski-Korsakov), a démontré une présence vocale majestueuse, tandis que sa consoeur russo-autrichienne a brillé dans « Es gibt ein Reich » (Ariane à Naxos de Strauss), sa voix gagnant en profondeur et en nuances. Ensuite, Pavel Nebolsin a de nouveau captivé avec la Fantaisie-Impromptu de Chopin, interprétée avec une sensibilité romantique qui a suspendu le temps. Puis, la soprano a enchaîné avec la Sérénade de Strauss (Op. 17 n°2) et celle de Tchaïkovski (Op. 63 n°6), avant de conclure en apothéose avec la Barcarolle d’Offenbach (Les Contes d’Hoffmann), où les deux chanteuses ont retrouvé leur alchimie envoûtante. Le dernier morceau, « Le Songe d’une nuit d’été » de Rimski-Korsakov (Op. 56 n°2), a emporté le public dans une rêverie nocturne, la voix de Netrebko flottant comme un murmure sous la verrière étoilée…

Malgré quelques défis acoustiques et un début un peu hésitant, la magie a opéré : pas moins de deux standing ovations ont salué la performance de la Star lyrique, entrecoupées d’un bis émouvant, le célèbre « Non ti scordar di me » d’Ernesto De Curtis !

 

 

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CRITIQUE, récital lyrique. ANDORRE, Parc Central, le 3 mai 2025. Anna NETREBKO (soprano), Serena Malfi (mezzo), Pavel Nebolsin (piano). Crédit photographique © Andorra Turisme – Festival ClàssicAnd

 

 

COMPIEGNE, Théâtre Impérial. Orchestre Les Forces Majeures, ven 16 et sam 17 mai 2025. Parcours, concertos athlétiques, ateliers à Compiègne. Concert Tchaikovsky, Beethoven,… (Raphaël Merlin, direction)

ORCHESTRE & VÉLO… Tournée symphonique à vélo, de Paris à Roubaix – Un Paris-Roubaix musical ? C’est le pari fou de l’Orchestre Les Forces Majeures, qui se déplace uniquement à vélo et propose tout un ensemble de pratiques musicales et sportives. Compiègne à vélo et en musique, en ville comme au Théâtre Impérial : un challenge et une expérience inédite, à partager sans modération. Paris-Roubaix pourrait bien devenir une classique cycliste et musicale !

 

Pavé de concerts symphoniques sur un parcours de plus de 450 km entre villes et villages, l’exploit est accompli par l’orchestre cyclo-itinérant, Les Forces Majeures, qui porte lui-même ses instruments de musique et crée des liens au sein des territoires qu’il traverse, entre les habitants, les musiciens et les sportifs, entre amateurs et professionnels. Prouesse musicale, humaine et logistique, cette tournée propose un modèle de production artistique alternatif.

PARIS – ROUBAIX : étape majeure à COMPIEGNE… Créé sous l’impulsion de Raphaël Merlin (chef d’orchestre, violoncelliste et compositeur), l’orchestre Les Forces Majeures est à la fois un collectif et une formation symphonique à dimension variable. Il quittera Paris le 10 mai pour rallier Roubaix en moins de trente jours. Sa venue à Compiègne, les 16 et 17 mai, prend des formes multiples : déambulation musicale et cycliste en ville, concerts sportifs dans l’espace public, ateliers de chant, concertos athlétiques et symphonies héroïques au Théâtre.

 

 

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Concert symphonique
Compiègne, Théâtre Impérial
Samedi 17 mai 2025, 20h30
RÉSERVEZ vos places directement sur le site du Théâtre Impérial de Compiègne : https://www.theatresdecompiegne.com//orchestre-les-forces-majeures-528

 

 

programme
Piotr Illitch Tchaïkovski
Concerto pour violon op.35
Pierre Fouchenneret, violon
Ludwig van Beethoven
Symphonie n°3 op.60 « Héroïque »
Ainsi que des orchestrations inédites, vélocipédiques et vocales d’Amy Beach, Josef Strauss, Joséphine Baker, Serge Gainsbourg, Nadia Boulanger, Yves Montand…
Orchestre Les Forces Majeures
Direction musicale : Raphaël Merlin

 

 

 

Au programme du concert donné au Théâtre Impérial, des œuvres exaltant l’héroïsme de la virtuosité et une forme de solitude éclatante (Symphonie héroïque de Beethoven, Concerto pour violon de Tchaïkovski avec le violoniste Pierre Fouchenneret), mais aussi un choix d’orchestrations inédites, vélocipédiques et vocales…

 

 

 

VIDÉO Orchestre Les Forces Majeures

 

 

EN AMONT DU GRAND CONCERT de sam 17 mai 2025 à 20h30

Le Théâtre Impérial – Opéra de Compiègne et l’Orchestre Les Forces Majeures proposent plusieurs évènements musicaux dans la ville : balade musicale à vélo, atelier chant-choral, master-class instrumentale, after-concert surprise…

Vendredi 16 mai 2025
• Atelier chant de 19h à 20h à l’ Église Saint-Andrew

Samedi 17 mai 2025
Dès 9h – Rejoignez la balade musicale à vélo en 3 étapes à Compiègne

 

Plus d’informations sur le site du Théâtre Impérial de Compiègne : https://www.theatresdecompiegne.com//orchestre-les-forces-majeures-528

 

 

 

 

 

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OPÉRA DE LIMOGES. POULENC : Les mamelles de Tiresias, les 13 et 15 mai 2025. Sheva Téhoval, Jean-Christophe Lanièce… Samuel Jean (direction), Théophile Alexandre (mise en scène)

Pour Les Mamelles de Tirésias, Guillaume Apollinaire invente de toute pièce, le terme de « surréaliste » ! Le texte est la source du livret que Francis Poulenc choisit pour son premier opéra. Le compositeur y trouve le loufoque et le délire, l’étrangeté et l’inédit qu’il souhaitait absolument mettre en musique.

 

 

Thérèse, refusant le rôle de procréatrice que lui assignent les hommes, se métamorphose en homme et devient Tirésias. Elle se transforme, ses mamelles s’envolent… Dès lors, c’est son mari qui portera les enfants. À travers ce loufoque inclassable, donc « surréaliste », l’œuvre aborde des sujets d’actualité dans une société d’après-guerre en pleine mutation, comme le refus de la procréation obligée ou la revendication des femmes qui aspirent à s’émanciper, prendre le pouvoir, faire carrière. La question sociale de la place des pères dans le couple résonne dans cet opéra conçu en 1947, il y a près de 80 ans avec un propos satirique dont la justesse fait toujours mouche en 2025 ! A travers la figure spectaculaire de Thérèse / Tirésias, perce la satire du féminisme, mais Poulenc sur les traces d’Apollinaire avait bien mesuré toute la vérité criante du personnage, sa justesse et son droit légitime à l’émancipation comme à la liberté.

Dans cette nouvelle production à l’affiche de l’Opéra de Limoges, le chanteur Théophile Alexandre réalise la mise en scène, lui qui est un défenseur farouche de la cause des femmes, comme le public de l’Opéra de Limoges a pu le constater avec son spectacle No(s) Dames en 2022.

 

 

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POULENC : Les Mamelles de Tirésias
Nouvelle production
Opéra de LIMOGES, Grand Théâtre – Grande salle
Mar 13 mai 2025, 20h
Jeu 15 mai 2025, 20h
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Opéra de Limoges : https://operalimoges.fr/les-mamelles-de-tiresias
Durée : 1h30
Opéra bouffe en un prologue et deux actes de Francis Poulenc, adapté de la pièce homonyme de Guillaume Apollinaire – Créé le 3 juin 1947 à l’Opéra-Comique
Nouvelle production 2025 – Commande de l’Opéra d’Avignon, coproduction Opéra de Limoges

 

 

Opéra précédé du film documentaire Good Girl (2022)
Mathilde Hirsch et Camille d’Arcimoles

 

 

distribution

Samuel Jean, direction musicale
Théophile Alexandre, mise en scène

Arlinda Roux Majollari, cheffe de chœur
Elisabeth Brusselle, cheffe de chant
Daphné Mauger, assistanat à la mise en scène
Camille Dugas, scénographie
Nathalie Pallandre, costumes
Judith Leray, lumières

Sheva Téhoval, Thérèse, Tirésias, cartomancienne
Jean-Christophe Lanièce, le mari
Marc Scoffoni, le gendarme / le Directeur de théâtre
Philippe Estèphe, M. Presto
Blaise Rantoanina, M. Lacouf, le Fils
Ingrid Perruche, la Marchande de journaux
Matthieu Justine, le Journaliste
Floriane Duroure, la Dame élégante
Christophe Di Domenico, le Monsieur Barbu

Lucille Mansas, Dimitri Mager, danseurs.ses

Orchestre Symphonique de l’Opéra de Limoges Nouvelle-Aquitaine
Chœur de l’Opéra de Limoges

 

 

 

Impromptu surréaliste
Bulle musicale et scénique autour des Mamelles de Tirésias de G. Apollinaire
Ouverture : Musique originelle pour piano solo de la compositrice Germaine Albert-Birot lors de la création des Mamelles de Tirésias de G. Apollinaire le 24 juin 1917.
Elisabeth Brusselle, piano | Lucille Mansas, Dimitri Mager, danseur.se
# Avant les représentations, à partir de 19h.

 

Tables rondes : Regards historique, artistique et sociétal autour de l’œuvre de G. Apollinaire et de F. Poulenc avec :
• Hervé Lacombe : musicologue, spécialiste de la musique française et du compositeur F. Poulenc
• Michèle Riot-Sarcey : historienne, professeure émérite d’histoire contemporaine et du genre, spécialiste du féminisme, du surréalisme, de la politique et des révolutions du XXe
# Mar. 13/05 à l’issue de la représentation.

 

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ORCHESTRE LAMOUREUX. PARIS, Salle Gaveau, sam 17 mai 2025. La muse et le poète. Marie JAËLL, SAINT-SAËNS, BEETHOVEN… Stéphanie Huang (violoncelle), Adrien Perruchon (direction)

« Mme Marie Jaëll ne veut plus que l’on parle de son talent de pianiste. Elle en est rassasiée et ne vise qu’à la haute composition. Ses premiers essais ont été tumultueux, excessifs, quelque chose comme l’irruption d’un torrent dévastateur » …

 

 

… ainsi s’expriment Camille Saint-Saens, maître et ami de la compositrice et pianiste que Charles Lamoureux accueillit dès 1882 pour un concert monumental durant lequel l’ORCHESTRE LAMOUREUX crée son concerto pour violoncelle. C’est donc un retour aux sources et à son histoire prestigieuse, pour l’orchestre qui fait dialoguer son « arbre généalogique » avec le créateur même du romantisme musical, l’incontournable Ludwig Van Beethoven (3è Symphonie Eroica).

 

 

PARIS, 1882…
MARIE JAËLL ET L’ORCHESTRE LAMOUREUX

Pour ce programme, l’Orchestre Lamoureux invite la violoncelliste belge, virtuose et déjà distinguée, Stéphanie Huang, lauréate du Concours Reine Elisabeth de Belgique (2022) et qui depuis juin 2024, occupe le poste prestigieux de premier violoncelle solo à l’Orchestre de Paris. Elle joue sur un violoncelle Jean-Baptiste Vuillaume, prêté par le Fonds de Dotation Adelus.

Retrouvez l’Orchestre Lamoureux en famille lors d’un Bébé Concert consacré à Ludwig Van Beethoven à 11h.

 

 

 

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« La muse et la poète »
Bizet, Jaëll, Saint-Saëns, Beethoven
Samedi 17 mai 2025 I 20h30
PARIS , Salle Gaveau
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Orchestre Lamoureux :
https://orchestrelamoureux.com/concerts/la-muse-et-le-poete/

 

 

 

distribution

ORCHESTRE LAMOUREUX
Adrien Perruchon, direction,
Stéphanie Huang, violoncelle
Hugues Borsarello, violon

 

Programme

George Bizet,
Marche extraite de Scènes bohémiennes
Ouverture du concert avec les élèves d’Orchestre à l’École

Marie Jaëll,
Concerto pour violoncelle et orchestre en ré mineur

Camille Saint Saëns,
La Muse et le Poète

Ludwig Van Beethoven,
Symphonie n°3 Héroïque / Eroïca

 

 

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CRITIQUE CD événement. The Franco-Belgian Album : Vieuxtemps, Franck, Fauré, Saint-Saëns. BRUNO MONTEIRO, violon / JOAO PAULO SANTOS, piano (1 cd Et’cetera)

Le violoniste portugais Bruno Monteiro signe un nouvel album qui est un véritable chant amoureux pour la musique française et belge du dernier romantisme, d’Henri Vieuxtemps et César Franck pour les plus anciens, jusqu’au plus durable Camille Saint-Saëns (1835 – 1921), sans omettre Gabriel Fauré et le plus tardif (né en 1858), l’incroyable autant que talentueux, Eugène Ysaÿe

 

 

 

Avec le recul, le programme expose 1001 nuances de la virtuosité romantique et post romantique, entre éclat, séduction, profondeur voire intimité. Le programme ose et réussit une sélection de partitions méconnues qui relèvent toutes de ce romantisme élégantissime franco-belge, à commencer par Henri VIEUXTEMPS : sa grande sonate pour piano et violon (1843) affirme de la part du compositeur jeune (âgé alors de 22 ans) un tempérament beethovénien dans l’ampleur du cadre auquel le violon apporte l’élégance de son chant enjoué (premier mouvement) ; contrastant avec le Scherzo qui suit, vif et espiègle, s’impose le chant lyrique, rêveur, ample, entre sérénité et béatitude du Largo (presque aussi développé que l’Allegro initial et de loin le plus original des 4 mouvements). Le Finale trouve un équilibre savoureux entre virtuosité et caprice. De la même année, date l’Andantino quietoso de FRANCK, pièce d’un équilibre souverain, développée comme une prière étirée dont les deux interprètes trouvent le souffle juste, et le violon le fil d’un chant élégiaque, inspiré, ininterrompu ; même pudeur millimétrée et vertiges de l’intime dans la seconde pièce composée par le Séraphin, « Mélancolie » dans lequel le chant du violon serpente, incandescent, suspendu dans une solitude qui rayonne par sa profondeur et son intensité.

Plus tardive, la Berceuse de FAURÉ (1878) enchante, rassérène dans sa fluidité enchantée. Les deux interprètes s’entendent à merveille dans l’enchaînement des séquences formant l’Élégie de SAINT-SAËNS pièce créée avant Paris (Gaveau, 1916) en Californie à San Francisco en 1915, pour l’Exposition Panama-Pacifique. Piano et violon semblent se fondre dans un flux improvisé, avec un grand naturel.

Comme une apothéose où règne l’esprit capricieux de la Variation impériale, Bruno Monteiro choisit en ultime offrande le Caprice d’après l’Étude en forme de Valse opus 52 du belge Eugène Ysaÿe (188 – 1931), originellement pour violon et orchestre. La version pour violon et piano réalisée par Saint-Saëns reste fidèle à l’extrême virtuosité d’Eugène Ysaÿe, le plus grand virtuose pour le violon, modèle absolu (après Paganini), et qui légua l’héritage reçu de Vieuxtemps, à Kreisler, Szigeti, Enescu… Bruno Monteiro en exprime toute le romantisme éperdu, la lyre vertigineuse et incandescente dans un jeu complice avec le piano … aussi funambule et enivré que le violon.

 

 

 

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CRITIQUE CD événement. The Franco-Belgian Album : Vieuxtemps, Franck, Fauré, Saint-Saëns. BRUNO MONTEIRO, violon / JOAO PAULO SANTOS, piano (1 cd Et’cetera)
PLUS D’INFOS sur le site du violoniste BRUNO MONTEIRO :
https://www.bruno-monteiro.com/

CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025

 

 

 

 

 

 

Précédent cd de BRUNO MONTEIRO critiqué sur classiquenews

CRITIQUE CD. 20th CENTURY AND FORWARD : Elgar, Debussy, Ravel, Barbosa, Moody… Bruno Monteiro (violon), João Paolo Santos (piano) – 1 cd Et’cetera / juin 2024)
https://www.classiquenews.com/critique-cd-20th-cetury-and-forward-elgar-debussy-ravel-barbosa-moody-bruno-monteiro-violon-joao-paolo-santos-piano-1-cd-etcetera/

 

CRITIQUE CD. 20th CENTURY AND FORWARD : Elgar, Debussy, Ravel, Barbosa, Moody… Bruno Monteiro (violon), João Paolo Santos (piano) – 1 cd Et’cetera.

 

CRITIQUE CD. RACHMANINOFF : Concerto n°3 / Yunchan LIM, piano (Van Cliburn Competition 2022) – Fort Worth Symphony, Marin Alsop (1 cd Decca classics)

Virtuosité libre qui paraît improvisée, tempérament et clarté, élégance et aussi jeu voire facétie poétique… ce 17 juin 2022 au Texas lors de la Finale du 16è Concours Cliburn, le jeune pianiste coréen Yunchan Lim (né en 2004) éblouit par sa grâce chantante, un jeu libre qui a comme gommé toutes les tensions propres à une finale de concours. Après avoir convaincu le jury dans les 12 Études d’exécution transcendante de Liszt, le pianiste annonçait qu’il défendrait sa partie pour la Finale dans le vertigineux n°3 de Rachmaninoff. Un Éverest en réalité ,mais aux proportions de sa personnalité artistique.

 

 

Le pianiste sait comme peu conjuguer autorité de l’assise, et conscience structurelle avec un raffinement du détail inouï, où brille l’esprit dyonisiaque et apollinien du jeu et de la subtilité. Yunchan Lim emprunte alors les pas de Rachmaninoff lui-même en1939, préférant la variation du premier mouvement, la plus courte mais la plus redoutable – l’effusion tendre dont est capable l’interprète de 18 ans dans le 2è mouvement (Intermezzo : adagio) sidère tout autant auditoire et jurés ; quant au dernier épisode, « Finale : alla breve », l’autorité du jeu (avec des accelerandos fulgurants parfaitement maîtrisés) délivre (et confirme) la maturité poétique du pianiste né en Corée du Sud. L’orchestre texan sous la direction de la cheffe Marin Alsop accompagne le jeune candidat alors avec une atténuation complice, le suivant dans chaque pas idéalement inspiré, dans une jubilation contagieuse qui tire profit de chaque instant. DECCA classics est inspiré de publier en ce printemps 2025, cette performance qui voit s’affirmer un tempérament pianistique exceptionnel, de surcroît dans une prise directe lors de la Finale d’un Concours aussi prestigieux (et donc impressionnant) que la compétition Cliburn). En remportant le premier prix du Concours texan, le jeune Lim décrochait la timbale en or devenant ainsi le lauréat le plus jeune dans l’histoire de la compétition américaine. Magique.

 

 

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CRITIQUE CD. RACHMANINOFF : Concerto n°3 / Yunchan LIM, piano (Van Cliburn competition 2022) – Fort Worth Symphony, Marin Alsop (1 cd Decca classics) – CLIC de CLASSIQUENEWS – enregistrement live de la Finale du 17 juin 2022, 16è Concours Cliburn / Texas.

 

 

 

 

vidéos

 

VIDÉO Live Yunchan LIM joue le Concerto pour piano n°3 de Rachmaninov (mouvement III – Finale)

 

 

Intégrale du Concerto pour piano n°3 par Yunchan LIM
Durée : 42’28mn


Mov.I – 0:00
Mov.II (Intermezzo) – 17:30
Mov.III (Finale) – 28:28
« Final Round Concerto II
June 17, 2022 – Bass Performance Hall (TEXAS, Fort Worth)
YUNCHAN LIM, 2022 Cliburn Gold Medalist
South Korea I Age 18
Fort Worth Symphony Orchestra
Marin Alsop, conductor » (The Cliburn Competition june 2022)

 

Plus d’infos sur le site de l’éditeur DECCA Classics / Yunchan LIM / Rachmaninoff Cliburn 2022 : https://store.deccaclassics.com/products/rachmaninoff-piano-concerto-no-3-cd?srsltid=AfmBOoqxZPtbTb9KWc0kISZ2ypA_yHNwuqctPFMvAUAdjdP4IEopiDOt

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 2 mai 2025. PUCCINI : Il Trittico. A. Grigorian, R. Burdenko, M. Kiria, J. Guerrero, K. Mattila… Christoph Loy / Carlo Rizzi

Il Trittico de Giacomo Puccini, actuellement présenté à l’Opéra Bastille – dans une production (issue du Festival de Salzbourg) réunissant Asmik Grigorian dans les trois rôles féminins principaux, Christoph Loy à la mise en scène et Carlo Rizzi à la direction musicale -, est un événement lyrique d’une rare puissance, où la cohérence artistique et émotionnelle atteint des sommets. Ce triptyque puccinien – Il Tabarro, Suor Angelicaet Gianni Schicchi (ici inversé en faisant commencer le spectacle par Gianni Schicchi et finir avec Suor Angelica, pour mieux respecter le crescendo émotionnel des trois partitions pucciniennes…), bien que composé de trois opéras aux tonalités contrastées, trouve ici une interprétation unifiée, profondément humaine, portée par une distribution exceptionnelle, à commencer par Asmik Grigorian, qui livre une incarnation bouleversante dans ses trois rôles.

 

La soprano lituanienne, déjà acclamée dans la cité autrichienne pour ses interprétations de Salomé et Tosca, relève ici un défi d’ampleur : incarner les trois héroïnes principales, chacune radicalement différente. Dans Gianni Schicchi, elle incarne Lauretta, déployant une voix plus légère, presque espiègle, tout en gardant une présence scénique irrésistible. Son « O mio babbino caro », sans mièvrerie, est un moment de grâce absolue. Dans Il Tabarro, elle est Giorgetta, épouse tourmentée, prisonnière d’un mariage sans amour. Son timbre à la fois chaud et tranchant, son jeu physique intense, traduisent une sensualité désespérée et une vulnérabilité poignante. Enfin, Suor Angelica est incontestablement son plus grand moment : son « Senza mamma » est déchirant, d’une pureté vocale et d’une expressivité qui rappellent les grandes tragédiennes lyriques. Elle incarne la douleur sacrée de la religieuse avec une sobriété bouleversante, et cette performance confirme Grigorian comme l’une des plus grandes chanteuses-actrices de sa génération, capable de traverser tous les registres – du vérisme sombre à la comédie piquante – avec une maîtrise stupéfiante.

Si Asmik Grigorian domine légitimement les critiques par son tour de force vocal et dramatique, les autres membres de la distribution méritent tout autant les éloges pour leur contribution à cette production magistrale d’Il Trittico. Puccini exige des chanteurs à la fois puissants et subtils, capables d’incarner des personnages complexes en quelques phrases musicales, et cette édition à l’Opéra Bastille comble toutes les attentes. Dans Gianni Schicchi, Misha Kiria est tout simplement irrésistible dans le rôle-titre. Son sens du timing comique, sa voix puissante et son charisme scénique font de lui le pivot de cette farce noire. Son « Ah! Birbante! » est un régal d’expressivité. Alexey Neklyudov apporte une fraîcheur juvénile et une voix rayonnante à son rôle, notamment dans son air « Firenze è come un albero fiorito », chanté avec une ardeur contagieuse. Tous les interprètes de la Famille Donati (dont Scott Wilde en Simone et Enkelejda Shkosa en Zita) forment un ensemble hilarant et parfaitement coordonné, alternant grotesque et cynisme avec brio. Dans Il Tabarro, Roman Burdenko impose une présence vocale et scénique formidable. Son monologue « Nulla! Silenzio! » est un moment d’une intensité poignante, où sa voix riche et son jeu empreint de rage contenue font de Michele bien plus qu’un mari trompé : un homme brisé par la vie. De son côté, Joshua Guerrero (Luigi) livre une interprétation ardente et désespérée du jeune amant. Son « Hai ben ragione » fuse avec une clarté et une puissance qui contrastent tragiquement avec son destin funeste, tandis qu’Enkelejda Shkosa apporte une touche à la fois grotesque et touchante à son rôle, avec un timbre chaud et une caractérisation savoureuse. Dans Suor Angelica, la légendaire soprano finlandaise Karita Mattila incarne une Zia Principessa à l’autorité glaçante. Sa voix assombrie par les ans, et son phrasé implacable font de leur duo avec Grigorian (« Nel silenzio ») l’un des sommets dramatiques de la soirée. Toutes les sœurs du couvent brillent par leur engagement, créant une atmosphère à la fois sacrée et oppressante, avec une mention spéciale pour la Genovieffa souple et gracieuse de Margarita Polonskaya.

 

 

Christoph Loy, connu pour son approche introspective, opte pour une esthétique dépouillée mais hautement symbolique. Plutôt que de coller au réalisme traditionnel, il propose un cadre unifié : un même décor modulable (une structure de bois évoquant tour à tour la péniche de Il Tabarro, le cloître de Suor Angelica et la chambre mortuaire de Gianni Schicchi) souligne les thèmes communs — la mort, la culpabilité, la rédemption. Gianni Schicchi, plus dynamique, joue sur l’absurdité grinçante de la famille vorace, tout en gardant une noirceur sous-jacente. Il Tabarro devient une tragédie claustrophobique, où les corps s’entrechoquent dans l’ombre, tandis que la lumière (signée Olaf Winter) joue un rôle narratif crucial. Quant à Suor Angelica, sa mise en scène s’avère d’une sobriété monacale, presque cinématographique, centrée sur le visage de Grigorian, dont les micro-expressions racontent toute la douleur. Loy évite le pittoresque pour creuser l’âme des personnages, et cela fonctionne magnifiquement.

Enfin, sous la baguette de Carlo Rizzi, et à la tête d’un Orchestre de l’Opéra national de Paris des grands soirs, la musique de Puccini respire, explose et chuchote avec une précision diabolique. L’orchestre déploie une palette infinie : les piquants éclats comiques de Gianni Schicchi, où chaque instrument semble participer à la farce, les sombres grondements d’Il Tabarro, où les cuivres menaçants évoquent le destin implacable, ou encore les cordes envoûtantes et les harpes célestes de Suor Angelica, d’une spiritualité envoûtante. Rizzi capte parfaitement les nuances de chaque volet, tout en maintenant une cohérence musicale globale.

À ne manquer sous aucun prétexte – un des sommets de la saison lyrique parisienne !…

 

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 2 mai 2025. PUCCINI : Il Trittico. A. Grigorian, R. Burdenko, M. Kiria, J. Guerrero, K. Mattila… Christoph Loy / Carlo Rizzi. Crédit photographique © Guergana Damianova

 

 

 

 

VIDEO: Teaser d’ « Il Trittico » par Christoph Loy à l’Opéra Bastille

 

 

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CRITIQUE, récital lyrique. PARIS, 3ème Festival Opéra Lyric & CO, (Sainte Chapelle), le 1er mai 2025. Fabienne Conrad (soprano), Classik Ensemble, David Braccini (violon et direction)

Porté par Euromusic, le Festival Miroirs – Opera Lyric and Co achève sa troisième édition en sublimant, une fois encore, la richesse et la diversité de la musique classique. Ce 1ᵉʳ mai, sous les voûtes irradiantes de la Sainte-Chapelle, c’est dans cet esprit de transmission et d’audace que la soprano Fabienne Conrad a offert un concert final envoûtant : « Des siècles en un souffle ». Un programme reflétant l’ambition de Miroirs : créer des ponts entre les époques, les styles et les générations, à l’image des partenariats prestigieux qui l’animent – qu’il s’agisse de l’Académie de l’Opéra national de Paris ou du Concours Voix des Outre-mer, vitrine de talents venus de tous les horizons.

 

Avec une aisance souveraine, la soprano a traversé quatre siècles de musique, des lamenti enflammés de Monteverdi aux murmures sensuels de L’Hymne à l’Amour de Piaf. Son timbre à la fois puissant et fragile, magnifié par l’acoustique sacrée des lieux, a révélé l’unité secrète entre un air baroque et une mélodie de Puccini : la même quête d’absolu, la même humanité vibrante. Le programme s’est ouvert par un triptyque baroque d’une intensité dramatique rare, avec l’aria “Pur ti miro” (de Monteverdi), et la complicité du violon solo de David Braccini (qui lui répondait en lieu et place du contre-ténor), tandis que le non moins sublime air “Tristes apprêts” (de Rameau) fut délivré avec une sobriété poignante, chaque ornement devenant larme musicale… à l’instar du bouleversant « Lascia ch’io pianga » de Haendel qui suivit ! Par la suite, le public retint son souffle devant deux sommets du répertoire : « Casta Diva » (de Bellini) servi par un legato d’ambre liquide, les aigus semblant flotter naturellement vers les vitraux, et le non moins célèbre « Vissi d’arte » (de Puccini), où chaque syllabe fut chargée d’un tragique pudique, loin de tout effet vériste facile. Les conq instrumentistes du Classik Ensemble qui l’accompagnaient (dirigés du violon par David Braccini) ont su se faire écrin pour la voix, notamment dans les pianissimi suspendus qui ont ému l’audience. En clôture de concert, la surprise fut de découvrir une interprétation subtile d’un des classiques de la chanson française, L’Hymne à l’Amour d’Édith Piaf, transfiguré par des arrangements épurés et une vocalité toute « belcantiste ». Ce choix audacieux a illustré la thèse du festival : la musique, qu’elle soit savante ou populaire, parle un même langage… celui de l’âme !

Ce concert final a résumé l’esprit d’Opera Lyric and Co : un refus des frontières, une invitation à écouter Monteverdi et Piaf avec la même oreille curieuse. Fabienne Conrad, en archère sensible, a tissé ces liens invisibles avec une autorité artistique rare, confirmant son statut de passeuse entre les mondes. Le rendez-vous est déjà pris pour la 4ᵉ édition – à moins de se précipiter sur les prochaines dates de la soprano dont la voix, décidément, ne cesse d’envoûter…

 

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CRITIQUE, récital lyrique. PARIS, 3ème Festival Opéra Lyric & CO, (Sainte Chapelle), le 1er mai 2025. Classik Ensemble, Fabienne Conrad (soprano). Crédit photographique (c) Emmanuel Andrieu

 

 

VIDEO : Fabienne Conrad interprète « Casta Diva » de Bellini au Théâtre Antique d’Orange

 

CRITIQUE, opéra (en version de concert). PARIS, théâtre des Champs-Elysées, le 30 avril 2025. WEBER : Der Freischütz. C. Castronovo, G. Schulz, N. Hillebrand, K. Ketelsen… Orchestre de chambre de Postdam, Antonello Manacorda (direction)

Après un Werther poignant le mois dernier, le Théâtre des Champs-Élysées poursuit sa saison lyrique avec une version de concert de Der Freischütz, le chef-d’œuvre de Carl Maria von Weber. Sous la direction inspirée d’Antonello Manacorda, la Kammerakademie Potsdam et le RIAS Kammerchor de Berlin nous offrent une interprétation à la fois rigoureuse et passionnée, où la magie romantique de l’œuvre resplendit sans artifice.

 

Dès les premières mesures de l’ouverture, le chef franco-italien Antonello Manacorda – directeur artistique de la formation orchestrale brandebourgeoise depuis près de quinze ans – impose une lecture d’une finesse remarquable, alliant la clarté classique à l’expressivité fougueuse du romantisme allemand. Les contrastes sont savoureux, les couleurs orchestrales éclatantes, et les silences, savamment ménagés, amplifient l’intensité dramatique. Les cors sonnent avec panache, les bois – notamment la clarinette, si chère à Weber – déploient des solos envoûtants, et les cordes, d’une précision absolue, tissent une trame sonore à la fois puissante et délicate. Quant au RIAS Kammerchor, comme à son habitude, il impressionne par sa discipline et sa palette expressive, des chœurs fantomatiques de la Gorge-aux-Loups aux éclats joyeux des scènes villageoises.

La distribution vocale, impeccable, porte haut les exigences de cette partition exigeante. Le ténor américain Charles Castronovo, en Max, séduit par son timbre chaleureux et sa ligne de chant élégante, particulièrement dans « Durch die Wälder, durch die Auen », où sa voix s’épanouit avec une grâce juvénile. Face à lui, Kyle Ketelsen incarne un Kaspar terrifiant, dont les graves obscurs et la présence scénique magnétisent, surtout dans son air « Schweig! Schweig! » – une prestation diaboliquement convaincante. Dans les rôles de Kuno et de l’Ermite, la voix sépulcrale de la basse coréenne Jongmin Park ne passe pas inaperçu, tandis que Milan Siljanov (Kilian), et Levente Pall (Ottokar) assurent avec brio leur partie respective. Côté féminin, Golda Schultz (Agathe) captive par la sensualité veloutée de son soprano et son art des nuances, notamment dans « Leise, leise, fromme Weise », où chaque note semble suspendue dans l’émotion. Nikola Hillebrand, en Ännchen espiègle, apporte une touche de légèreté avec son timbre cristallin et son phrasé pétillant, particulièrement réjouissant dans « Einst träumte meiner sel’gen Base ». Leur duo est un moment de pur bonheur, où leurs voix s’entrelacent avec une complicité touchante.

Certes, l’absence des dialogues parlés – traditionnels dans un Singspiel, et ici remplacés par une narratrice (l’actrice allemande Johanna Wokalek) qui bute par trop souvent sur notre langue (en plus de délivrer un texte par trop boursouflé et ampoulé…) – peut dérouter et même agacer, mais la force de cette interprétation réside justement dans sa capacité à faire vivre l’opéra par la seule puissance de la musique. Entre frissons dramatiques, éclats lyriques et moments de tendresse, ce Freischütz en version de concert ne s’en impose pas moins comme une réussite éclatante, prouvant une fois encore le génie intemporel de Weber !

 

 

 

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CRITIQUE, opéra (en version de concert). PARIS, théâtre des Champs-Elysées, le 30 avril 2025. WEBER : Der Freischütz. C. Castronovo, G. Schulz, N. Hillebrand, K. Ketelsen… Orchestre de chambre de Postdam, Antonello Manacorda (direction). Crédit photo (c) Emmanuel Andrieu

 

 

CRITIQUE, opéra (en version de concert). VERSAILLES, Opéra Royal, le 29 avril 2025. HAENDEL : Alcina. L. Oropesa, G. Arquez, G. Blondeel, T. Iervolino… Les Épopées, Stéphane Fuget (direction)

La magie de Alcina de Georg Friedrich Haendel a opéré dès les premières mesures dans l’écrin prestigieux de l’Opéra Royal de Versailles, portée par une distribution étincelante et l’énergie électrisante de Stéphane Fuget à la tête de son ensemble Les Épopées. Ce concert, bien plus qu’une simple exécution, fut une véritable incarnation de l’œuvre de Haendel, où chaque note, chaque silence, respirait le théâtre et l’émotion pure.

 

Un enchantement baroque sous les ors de Versailles

 


Stéphane Fuget a insufflé une vitalité rare à la partition du Caro Sassone. Sous sa baguette, les musiciens ont déployé un paysage sonore d’une richesse inouïe : les cordes chantaient avec une articulation cristalline, les bois apportaient des couleurs pastel ou mordantes selon les sortilèges de l’intrigue, et la basse continue, souple et inventive, servait de fil d’Ariane à cette traversée des passions. La gestuelle de Stéphane Fuget est unique, profondément incarnée. Tout entier engagé dans son art, il jaillit, frappe le sol, électrique, comme traversé par une force invisible. Chaque apparition est marquée avec une netteté saisissante : un soupir, un éclair dans le regard, un mouvement large — son corps entier devient vecteur d’impulsion. Tour à tour assis ou debout, il évolue tel un équilibriste, oscillant entre gravité et légèreté. Une écoute collective palpite entre les musiciens, vibrant bien au-delà des consignes données


La soprano cubo-américaine Lisette Oropesa, en magicienne suprême, a livré une performance à couper le souffle. Son « Ah! mio cor » fut un moment de grâce absolue : voix de soie et d’acier, pianissimi flottants comme des voiles, coloratura étincelante, et une expressivité qui faisait trembler l’âme. Son incarnation d’Alcina oscillait entre la fureur tragique et une vulnérabilité déchirante, notamment dans « Ombre pallide », où son dialogue halluciné avec les violons a suscité des frissons dans l’auditoire. Son dernier air ”Mi restano le lagrime”, à faire pleurer les pierres, restera le moment le plus bouleversant de la soirée, et lui vaudra une dernière ovation. La mezzo-soprano française Gaëlle Arquez, annoncée “souffrante” sans qu’il n’y paraisse rien, a captivé par sa palette vocale d’une richesse prodigieuse. Son « Sta nell’Ircana » a explosé comme un feu d’artifice de virtuosité (les doubles croches ciselées à la perfection !), tandis que « Verdi prati » prenait des teintes mélancoliques d’une poésie à fleur de peau. Son timbre velouté, allié à une présence scénique intense, a magnifié l’arc transformationnel du héros Ruggiero, égaré puis libéré.

 

 

De son côté, la jeune soprano belge Gwendoline Blondeel (qui a incarné le rôle-titre dans La Fille du régiment de Donizetti dans ces mêmes lieux le mois dernier), avec sa voix légère au timbre doré, a illuminé son personnage de Morgana avec un « Tornami a vagheggiar » pétillant de coquetterie, agrémenté de sur-aigus éblouissants. Face à elle, l’Italienne Teresa Iervolino, en Bradamante guerrière, a opposé une voix de mezzo sombre et puissante, particulièrement saisissante dans « È gelosia », où sa colère roulait comme un tonnerre. Leurs duos (tel le « E pur son quella ») étaient des joyaux d’interaction, pleins de malice et de tension. Philippe Talbot (Oronte) a ciselé chaque phrase avec une diction impeccable et un phrasé raffiné (« Un momento di contento » fut un modèle de style), tandis que le jeune et talentueux Guilhem Worms, basse au grave noble, apportait une gravité salutaire au rôle de Melisso. Enfin, dans le rôle d’Oberto, le sopraniste vénézuélien Samuel Marino (monté sur des talons aiguilles vertigineux, incrustés de zircon !) a stupéfié par l’audace et la pureté de son timbre. Son « Barbara! Io ben lo so », chanté avec une fraîcheur juvénile et une agilité vertigineuse, a rappelé la virtuosité légendaire des castrats haendéliens. Une performance historique qui a valu au public de retenir son souffle avant de déchaîner de spectaculaires applaudissements.


Le « Dal orror di notte cieca » final, avec ses échos entre solistes et orchestre, a clôturé la soirée dans une euphorie collective. Les ovations ont duré un long moment – preuve que cette Alcina, sans décors ni costumes, avait transcendé le format concert pour devenir une expérience totalement immersive. Fuget et Les Épopées confirment leur statut de référence absolue dans le baroque, et Oropesa signe une Alcina inoubliable. Versailles peut s’enorgueillir d’avoir accueilli un tel miracle !

 

 

 

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CRITIQUE, opéra (en version de concert). VERSAILLES, Opéra Royal, le 29 avril 2025. HAENDEL : Alcina. L. Oropesa, G. Arquez, G. Blondeel, T. Iervolino… Les Épopées, Stéphane Fuget (direction). Crédit photographique (c) Emmanuel Andrieu

 

 

VIDEO : Lisette Oropesa chante un air extrait de Alcina (Londres, 2022)

 

CRITIQUE COFFRET CD événement. RAVEL COMPLETE EDITION (14 CD DECCA classics). Martha Argerich, Ivo Pogorelich, Jean-Yves Thibaudet, Pierre-Laurent Aimard, Michel Plasson, Charles Dutoit, Yann Beuron, Mireille Delunsch, Gabriel Bacquier, Michel Sénéchal, Lorin Maazel……

Parmi les arguments de poids de cette intégrale incontournable pour l’année 2025 (les 150 ans de Maurice Ravel), plusieurs artistes labellisés DG / DECCA dont la subtilité et les affinités évidentes avec Ravel font mouche : évidemment Martha Argerich (Concerto en sol sous la direction de Claudio Abbado en 1987, les Valses nobles et sentimentales pour piano seul en 1988) ; comme le Gaspard de la nuit d’Ivo Pogorelich (2010) ne manque pas d’attraits ni de flammmes ; autres pianistes majeurs sollicités ici : Pierre-Laurent Aimard (Miroirs), Jean-Yves Thibaudet (tout le CD 1 : de Sérénade grostesque et Menuet antique … à la Sonatine et au Tombeau de Couperin).

 

 

 

Côté musique de chambre, on ne se lasse pas du Trio par le Beaux Arts Trio dont le clavier exquis de Menahem Pressler (1983)…  Le grand symphonisme de Ravel s’invite aussi avec classe et intensité ; il est défendu avec cette tenue claire et lumineuse par le chef Charles Dutoit et « son » Orchestre Symphonique de Montréal (Daphnis et Chloé de 1980 ou La valse, CD 9 ; Boléro, Alborada del gracioso, Ma mère l’Oye au menu du CD 11, enregistrés à Montréal dans une esthétique propre aux années 1982-1983).

 

Distinguons aussi le dramatisme incisif de l’Enfant et les sortilèges par une distribution idéale (Françoise Ogéas,l’enfant / Jeanine Collard, Maman et une tasse chinoise), Michel Sénéchal, Jane Berbié… sous la baguette du très élégant et précis Lorin Maazel (avec les choeurs, la Maîtrise et l’Orchestre national de la RTF / CD 12 – enregistré en novembre 1960) : la cohérence de la réalisation ciselée dans sa forme, proche du texte aussi rend la lecture indiscutable. Même enthousiasme pour L’Heure Espagnole par le même chef et le même orchestre et une distribution qui alors en février 1965, a marqué l’âge d’or du chant français dans l’opéra français : Jane Berbié (Concepcion), Gabriel Bacquier (Ramiro), José van Dam (Inigo), Michel Sénéchal (Gonzalve) : CD 13.

Complément remarquable, le CD 14 s’impose en particulier car il dévoile de façon magistrale la passion dramatique du jeune Ravel, doué d’un immense sens théâtral couplé à une orchestration des plus raffinées (fusionnant Wagner, Frank, Dukas, Massenet…). Sa contribution au Prix de Rome est d’un immense apport, hélas inversement apprécié par le jury de l’Institution Académique française, bien peu ouverte aux tempérament trop originaux. Preuve en est faite encore ici, : le cas Ravel souligne l’indigence artistique de l’Institution parisienne et le plus grand scandale de son histoire… L’écoute des 3 cantates abordées s’avère très féconde. L’évocation éthérée et magicienne d’Alyssa de 1903 (Véronique Gens) suscite le plein amour foudroyé de l’excellent ténor Yann Beuron (Braïzil) ; puis c’est la sensualité océane d’Alcyone (1902, très impliquée Mireille Delunsch) aux mélismes mélodiques ensorcelés qui convoque aussi une très belle partie pour ténor (Paul Groves en Cévyx) ; d’une couleur plus tragique encore, Myrrha (cantate présentée en 1901 sur le livret de Fernand Beissier), évoque la figure de Sardanapale (superbe rôle pour ténor, ici le même Paul Groves)…

Les 3 cantates romaines ainsi restituées n‘ont pas pris une ride tant l’intelligence dans la caractérisation et la justesse des solistes requis, associés à l’excellence de l’Orchestre du Capitole de Toulouse font mouche en 2000, sous la direction détaillée et intense d’un ardent francophile et ravélien convaincu, Michel Plasson. Le coffret est un must absolu. D’autant plus avecson cahier livret de 184 pages présentant / commentant les enregistrements et les œuvres regroupés dans cette intégrale. CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025

 

 

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CRITIQUE, CD coffret événement. Ravel: The Complete Edition (14 cd Decca classics). Plus d’infos sur le site de l’éditeur DECCA classics : https://store.deccaclassics.com/products/ravel-the-complete-edition?srsltid=AfmBOoqamN7ETL2iJoxwp-hYlf8jmzs-V2WCnrs440JO3IGvfkqqDhU5

 

 

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SEINE MUSICALE, INSULA ORCHESTRA, les 14, 16, 17 mai 2025. Robert SCHUMANN : Le Paradis et la Péri. Johanni van Oostrum… Accentus, Laurence Equilbey

Paris / Boulogne-Billancourt accueillent une version régénérée de l’oratorio irrésistible de Robert Schumann, inspiré des légendes persanes : “Le Paradis et la Péri”. Il s’agit bel et bien d’un opéra orchestral où le chant flamboyant des instruments rivalisent avec la plasticité souveraine des voix solistes (et des choeurs). Les représentations à La Seine Musicale osent sa mise en scène, une rareté absolue. La metteur en scène Daniela Kerck enrichit son déploiement scénique des créations visuelles oniriques d’Astrid Steiner. Il en résulte un spectacle total mêlant théâtre et musique « pour une plongée sensorielle unique ».

 

 

UN RÊVE ORIENTAL
… Inspiré par un poème de l’écrivain romantique Thomas Moore, “Le Paradis et la Péri” réalise un voyage fascinant au cœur de la mythologie persane. La Péri, créature céleste d’une beauté divine, est bannie du paradis : le drame est celui de sa quête de rédemption. Pour regagner les cieux, elle doit offrir un don suprême aux portes du paradis. Ses aventures l’amènent à travers l’Inde, l’Égypte et la Syrie, à la recherche d’un trésor digne des sphères célestes. Ses aventures touchent à l’universel, en évoquant le sacrifice, l’amour et la compassion, la rédemption finale. Le périple se fait rituel de transformation au cours duquel la péri, toute céleste soit-elle, éprouve des sentiments authentiquement humain.

Composée en 1843, la partition de Robert Schumann cultive mélodies romantiques, riches harmonies, une instrumentation somptueuse qui révélera les qualités d’Insula Orchestra. Les spectateurs retrouvent l’expressivité ciselée d’Insula orchestra, sous la direction de Laurence Equilbey, dévoilant le raffinement sonore conçu par Robert Schumann. Le chœur accentus souligne de son côté, les nombreuses parties chorales de l’opéra, des hymnes célestes aux chants envoûtants des anges et des génies. La production regroupe enfin plusieurs solistes salués dans les plus grandes maisons d’opéra, de l’Opéra de Paris à l’Opéra de Vienne, avec comme héroïne centrale, La Péri de la soprano Johanni van Oostrum. Production événement.

 

 

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La Seine Musicale
Auditorium Patrick Devedjian
Robert Schumann : Le Paradis et la Péri
Oratorio mis en scène
mer 14 mai 2025, 20h
Ven 16 mai 2025, 20h
Sam 17 mai 2025, 18h
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de la SEINE MUSICALE / INSULA ORCHESTRA :
https://www.insulaorchestra.fr/evenement/le-paradis-et-la-peri/

 

 

 

Livret, Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Thomas Moore : «Lalla Rookh»
Comme tous les concerts d’insulaires Orchestra, le spectacle est interprété sur instruments anciens.

 

 

Distribution

Johanni van Oostrum : la Péri
Sebastian Kohlhepp : ténor
Agata Schmidt : alto
Samuel Hasselhorn : baryton
Clara Guillon : la jeune fille
Victoire Bunel : l’ange
Julien Clément : Gazna
Lancelot Lamotte : le jeune homme

accentus
Insula orchestra

Laurence Equilbey : direction
Daniela Kerck : mise en scène
Rosana Ribeiro : chorégraphie et danse

 

 

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SOUSTONS. OPÉRA DES LANDES, du 12 au 26 juillet 2025 : 24è Festival Opéra des Landes : « Passions et Lumières du Sud ». La Belle de Cadix, Les Noces de Figaro, Broadway dans les Landes, Quatuor Métamorphoses,

Une dizaine de programmes et événements vous attendent pendant 15 jours, cet été dans le cadre du Festival Opéra de Landes, soit un cycle festif qui associe excellence artistique et diversité lyrique, en 19 représentations à SOUSTONS (et à travers le réseau MACS et Landes / rendez-vous gratuits sur le territoire… ainsi à Tosse, Capbreton, Magesq, Labenne, Saint-Vincent de Tyrosse). Parmi un large choix de propositions musicales et hautement artistiques, Yassine Benameur, directeur artistique toujours très inspiré invite à un splendide parcours entre Landes et Espagne : « De Madrid à Séville en passant par Cadix, avec un détour par New York, la scène s’anime pour faire résonner l’émotion et l’énergie de l’art lyrique. »

 

 

OPÉRA ET FLAMAND ROSE… Les temps forts s’affichent cet année dans le plumage d’un superbe flamant rose (« symbole d’équilibre, de grâce et de tendresse ») aux ailes déployées : deux productions lyriques à l’Espace culturel Roger Hanin de Soustons ; d’abord en 3 soirées d’opérette (spectacle inaugural de cette 24ème édition 2025) : LA BELLE DE CADIX (mise en scène de Yassine Benameur – samedi 12 juillet 2025 : 14h, générale ouverte sur réservations – puis représentations les dimanche 13 (16h), 15 (20h30), 17 (20h30) juillet 2025) ; puis 3 soirées d’opéra avec LES NOCES DE FIGARO de Mozart (mar 22, jeu 24 et ven 25 juillet à 20h30)… soit deux ouvrages envoûtants où « amour et ruse s’entrelacent dans un tourbillon irrésistible ».

Parmi les concerts événements, saluons celui de musique de chambre par le Quatuor Métamorphoses (lauréat de ProQuartet, de la Philharmonie de Paris et des Fondations de Royaumont et Villefavard – samedi 12 juillet, 20h30) ;
Incontournable également la présence des 12 chanteurs (venus d’Amérique) de l’Académie du Festival, acteurs d’une soirée intitulée « Broadway dans les Landes », programme spécial entre classique et jazz affichant les grands noms de Broadway (Bernstein, Gershwin, Rodgers & Hammerstein, Sondheim) : sam 26 juillet 2025 – Enfin, soirée de clôture dans le thème de cette 24è édition, « Voyage en terre d’Espagne », ven 1er août(Domaine Array Dou Sou de Saint Pandelon (reprise du concert du 19 juillet)…

Au total, la 24ème édition du Festival Opéra des Landes propose 3 soirées d’opérette, 3 soirs d’opéra, mais aussi 3 concerts, 3 récitals, 5 impromptus, … et 2 cafés-rencontres pour le plus grand plaisir des festivaliers.

 

 

Festival Opéra des Landes 2025
nos 7 coups de cœur

 

 

 

 

LA BELLE DE CADIX
Les 12 (générale) puis représentations les 13, 15 et 17 juillet 2025
SOUSTONS, Espace culturel Roger Hanin
Avec Carlos Medina : Jérémy Duffau / Maria Luisa : Morgane Bertrand / Manion : Alfred Bironien… 3 Danseurs et Chœur et Orchestre Opéra des Landes – Direction musicale : Gaspard Brécourt / Mise en scène : Yassine Benameur
Production Opéra des Landes
Créée en 1945, La Belle de Cadix est une opérette française emblématique de Francis Lopez. Conçue dès 1938, sa production fut retardée par la Seconde Guerre mondiale. Montée dans l’urgence, elle connut un succès immédiat grâce à son mélange d’exotisme et de romantisme. L’intrigue se déroule sur un tournage de film entre la Côte d’Azur et Cadix, où les amours tumultueuses d’une gitane et d’un guitariste se mêlent aux péripéties du cinéma. Les mélodies entraînantes et les ensembles vocaux ont assuré sa popularité durable. Adaptée au cinéma en 1953, elle a connu de nombreuses reprises à Paris. L’Opéra des Landes propose une version orchestrale qui conserve l’esprit original de l’œuvre. La Belle de Cadix reste le plus grand succès de Francis Lopez, un classique de l’opérette française d’après-guerre.
QUATUOR MÉTAMORPHOSES
Samedi 12 juillet 2025
SOUSTONS, Église
Programme : Quatuor de Mozart (n° 15, en ré mineur, KV 421) et de Ravel
Avec Mathilde POTIER, violon | Pierre LISICA-BEAURENAUT, violon | Jean-Baptiste SOUCHON, alto | Madeleine DOUÇOT, violoncelle

 

 

Soirée lyrique EVVIVA L’OPERA
Mer 16 juillet 2025
Château de Pandelon (Ancien château des Évêques), Saint Pandelon
Avec les solistes de l’Académie de l’Opéra des Landes 2025 – Piano : Maurine Grais – Collaboration artistique : Mark Van Arsdal, ténor – Air d’opéras de Bizet, Gounod, Verdi, Rossini

 

Soirée lyrique : A LA FOLIE
Ven 18 juillet 2025
SOUSTONS, Espace culturel Roger Hanin, 20h30
Avec Odile HEIMBURGER : Soprano colorature
Frédéric DAVERIO : Accordéoniste et compositeur Céline DUHAMEL : Comédienne narratrice
Au programme : la Folie s’inscrit dans la lignée des « opéras de poche ». Inclassable, le spectacle se situe au carrefour du théâtre, de l’opéra et de la conférence «gesticulée» – airs extraits des opéras : Hamlet de THOMAS, Les Contes d’Hoffmann d’OFFENBACH, Lucia di Lammermoor de DONIZETTI, La Traviata de VERDI, Candide de BERNSTEIN, Je t’aime d’ABOULKER, Csárdás-Fürstin de KÀLMAN… Création : Mireille LARROCHE, fondatrice de la Péniche Opéra
VOYAGE EN TERRE D’ESPAGNE
Samedi 19 juillet 2025
SOUSTONS, Parc de la Pandelle
Mezzo-Soprano : Ahlima Mhamdi
Piano : Gaspard Brécourt
Guitare : Maxime Senizergues
Programme : mélodies de De Falla, Piazzolla, airs baroques…

 

 

MOZART : LES NOCES DE FIGARO
SOUSTONS, Espace culturel Roger Hanin, 20h30
Les 22, 24 et 25 juillet 2025
Avec : Suzanne : Judith Fa
La Comtesse : Charlotte Despaux / Figaro : Jean-Gabriel Saint-Martin / Le Comte : Anas Séguin / Chérubin : Estelle Mazzillo / Antonio : Yassine Benameur … Chœur et Orchestre Opéra des Landes – Mise en scène : Éric Perez / collaborateur mise en scène : Yassine Benameur – Direction musicale : Gaspard Brécourt
Cette nouvelle interprétation des « Noces de Figaro » met en avant de jeunes chanteurs professionnels, sous la direction d’Éric Perez. L’opéra explore les thèmes de la liberté, du désir et des rapports de pouvoir à travers une « folle journée ». La mise en scène évoque la transition entre un espace ouvert et l’intimité d’une chambre, symbolisant l’évolution des relations humaines. Chérubin incarne la transgression et la liberté, contrastant avec les restrictions sociales. L’œuvre révèle les aspects sombres de la nature humaine, tels que le mensonge (la Calomnie) et l’abus de pouvoir (incarné par la figure du Comte abusif et despotique). Malgré cette exploration des ombres, la musique de Mozart et le texte de Beaumarchais transmettent une joie et une énergie jubilatoires. L’ouverture de l’opéra donne le ton à un tourbillon émotionnel, reflétant la complexité des relations humaines agissant l’espace d’une seule journée ! La mise en scène souligne la pertinence contemporaine de l’œuvre, malgré son contexte historique. Elle célèbre la puissance « subversive » de la musique et du théâtre, capables de révéler les vérités cachées.

Soirée spéciale BROADWAY DANS LES LANDES
SOUSTONS, Espace culturel Roger Hanin, 20h30
Sam 26 juillet 2025
Airs extraits des comédies musicales de Broadway… Laura Nicogossian : piano / Mark Van Arsdal : mise en scène – l’ADN musical de New York s’invite dans les Landes

Ne manquez pas non plus les 2 Cafés rencontres :
Mercredi 16 juillet : Bar de l’Espace culturel Roger Hanin à 11h
Échange et rencontre avec les artistes de “La belle de Cadix”;

Mardi 23 juillet : Bar de l’Espace culturel Roger Hanin à 11h
Échange et rencontre avec les artistes de “Les Noces de Figaro” ;

 

24ème FESTIVAL OPÉRA DES LANDES
Du 12 au 26 août 2025
https://www.opera-des-landes.com/

Toutes les infos, la billetterie en ligne, le détail des programmes et des productions, les artistes invités sur le site du 24ème Festival Opéra des Landes, du 12 au 26 juillet 2025 :
opera-des-landes.com
operadeslandes.festik.net
Infos et réservations : 06 03 28 57 70

 

 

 

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CRITIQUE, opéras. ROME, Teatro dell’Opera, le 29 avril 2025. PUCCINI : Suor Angelica / DALLAPICCOLA : Il Prigionero. Calixto Bieito / Michele Mariotti

Un diptyque audacieux mais pertinent vient clore un passionnant projet en hommage au centenaire de Giacomo Puccini. Pour sa première collaboration avec l’Opéra de Rome, Calixte Bieito convainc à moitié, heureusement soutenu par un Michele Mariotti sans faille et une distribution exaltante.

 

Après Il Tabarro/Barbe-bleue et Gianni Schicchi/L’heure espagnole, Suor Angelica, associé à une autre œuvre célèbre du XXe siècle, Il prigioniero, opéra en un prologue et un acte de Luigi Dallapiccola (auteur également du livret), vient clore ce « triptyque recomposé », commencé en 2023 en collaboration avec le Festival Puccini de Torre del Lago. Couplage sans doute inattendu mais non moins judicieux, qui met en parallèle les thèmes communs comme l’enfermement, l’écrasement de l’individu, la relation mère/fils, le poids de l’église, ou encore l’espérance illusoire, et qui donne l’occasion de célébrer les cinquante ans de la disparition du compositeur d’Ulisse. Un sujet original pour le premier, saturé d’inspirations littéraires pour le second (Villiers de l’Isle-Adam, Charles de Coster, Victor Hugo). 

Mal aimé parmi les trois opus du Trittico, mais le préféré de Puccini, Suor Angelica connut sa création européenne dans ce même Teatro Costanzi en 1919, après l’échec de la création new-yorkaise un an auparavant. Les précédentes réalisations de Calixte Bieito nous avaient passablement déçu, voire agacé (comme son désastreux Eliogabalo de Cavalli à Zurich par exemple). Ici le metteur en scène catalan s’est assagi, même s’il peine à convaincre, surtout chez Puccini, dont lui échappe totalement (et volontairement) la dimension spirituelle à laquelle il privilégie le soubassement politique et dont la direction d’acteurs paraît parfois brouillonne. Sur scène, les décors d’Anna Kirsch représentent le couvent avec sobriété : une cage aux larges bandes noires, avec en son centre un riant jardin de fleurs sauvages qui évoque l’atmosphère carcérale, d’emblée dépeinte par la sœur zélatrice (excellente Irene Savignano) distribuant reproches et punitions aux novices qui se contentent de petits plaisirs, comme caresser un petit agneau, ainsi que le raconte sœur Genovieffa impeccablement incarnée par Laura Cherici. Rôles secondaires mais essentiels pour dépeindre ce sentiment d’oppression qui conduit certaines à des agissements compulsifs, voire hystériques alors que la plupart sont sereines et résignées, dans un univers où l’expression de soi est impensable (et dont rend compte la sobriété des costumes couleur chair de Ingo Krügler).

Opéra exclusivement féminin, Bieito fait pourtant intervenir un homme sur une civière que l’on voit ensuite le visage en sang ; on apprend qu’il s’agit de Mattia Olivieri, protagoniste du Prigioniero. Pourquoi ? Mystère. Ajout également inutile et gratuit, lorsqu’une sœur ressent les douleurs de la maternité et perd son sang, au moment où l’on apprend la maternité de Sœur Angélique, ou quand la mère supérieure agresse sexuellement l’héroïne. Plus intéressante est l’idée de la rencontre entre la tante princesse et sa nièce, non au parloir mais en plein air au su et au vu de toutes. Bieito en fait une bourgeoise fragile, humaine et intéressée. La prestation de Marie-Nicole Lemieux, qui domine sans conteste toute la distribution, est bouleversante : son chant révèle la densité dramatique de chaque mot, magnifiquement déclamé et ciselé. Du très grand art. Dans le rôle-titre, Corinne Winter déploie un éventail d’émotions tout à fait convaincant, même si l’on eût préféré plus de retenue et moins d’uniformité dans le célèbre « Senza mamma ». Dans la fosse, Michele Mariotticonduit les forces de l’Orchestre de l’Opéra de Rome avec plus de légèreté qu’à l’accoutumée, rendant le drame plus bouleversant encore par une attention constante aux affects des personnages.

Avec Il prigioniero, composé par Dallapiccola entre 1944 et 1948, l’on passe du couvent aux geôles de l’Inquisition espagnole de la seconde moitié du XVIe siècle. Mais comme pour Suor Angelica, dont l’action est censée se dérouler à la fin du XVIIe siècle, rien ne laisse transparaître un quelconque ancrage temporel ; le drame qui s’y déroule ayant une valeur universelle et paradigmatique des dictatures qui ont dévasté l’Europe. Sur scène, le champ de fleur se soulève pour laisser place à un plafond lumineux qui contraste avec la noirceur oppressante du lieu et avec la blancheur immaculée du costume de la mère – curieusement grimée en chanteuse pop –, superbement interprétée par Ángeles Blancas qui irradie littéralement le prologue dans une page d’une puissance expressive impressionnante, notamment lorsqu’elle voit en songe l’image de Philippe II d’Espagne se transformer en image funèbre. Mattia Olivieri est impeccable dans le rôle-titre, réalisant un véritable tour de force dans l’incarnation du personnage, de ses douleurs, de sa nudité physique et morale, et dans l’expression de ses désirs déçus ; performance également remarquable que celle de John Daszak dans le double rôle, selon les indications du compositeur, du geôlier et du grand inquisiteur. Si les deux prêtres qui s’embrassent est une fois de plus à mettre au compte des lubies du metteur en scène, plus mémorable est la scène finale, lorsque le plafond se rabaisse au moment où le prisonnier descend seul vers les profondeurs de l’abîme.

Moins à l’aise que dans Puccini, Michele Mariotti dirige avec brio et une grande force de conviction cette partition redoutable qui introduisit le dodécaphonisme en Italie et que les romains n’avaient pas entendue depuis 1964.

 

 

 

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CRITIQUE, opéras. ROMA, Teatro dell’Opera, le 29 avril 2025. PUCCINI : Suor Angelica / DALLAPICCOLA : Il Prigionero. Calixto Bieito / Michele Mariotti Suor Angelica : Corinne Winters (Suor Angelica), Marie-Nicole Lemieux (La zia principessa), Annunziata Vestri (La Badessa), Irene Savignano (La suora zelatrice), Carlotta Vecchi (La maestra delle novizie), Laura Cherici (Suor Genovieffa), Jessica Ricci (Suor Osmina/La novizia), Ilaria Sicignano (Suor Dolcina), Maria Elena Pepi (La suora infermiera), Marianna Mappa (Prima cercatrice), Claudia Ferneti (Seconda cercatrice), Sofia Barbashova (Prima conversa), Caterina D’Angelo (Seconda conversa). Il prigioniero :  Ángeles Blancas (La madre), Mattia Olivieri (Il prigioniero), John Daszak (Il carceriere/ Il grande inquisitore), Nicola Straniero (Primo sacerdote), Arturo Espinosa (Secondo sacerdote), Calixto Bieito (mise en scène), Anna Kirsch (décors), Ingo Krügler (costumes), Michael Bauer (lumières), Ciro Visco (maître du chœur), Orchestre et Chœur du Théâtre de l’opéra de Rome, Michele Mariotti (Direction). Crédit photographique © Fabrizio Sansoni

 

SABLÉ-SUR-SARTHE, Festival de Sablé 2025, du 20 au 23 août 2025. JEAN-SÉBASTIEN BACH : Fêtes Galantes, La Sportelle, Carlo Vistoli, Céline Scheen, Mamadou Dramé, Le Caravensérail, Romain Leleu Sextet…

« Créer du lien humain grâce à la culture »… pour sa 47ème édition, du 20 au 23 août 2025, le Festival de Sablé propose un cycle musical et artistique, divers et prometteur autour de Bach… La directrice artistique du Festival, Laure Baert, poursuit l’exigence et les valeurs qui l’inspirent.

 

Le Festival de Sablé préserve ainsi chaque été cette connexion essentielle, sans cesse réaffirmée qui fonde les promesses du partage et les délices des festivaliers présents :  » rêver, découvrir, vibrer, s’inspirer, offrir un regard sur le monde, défendre ce en quoi nous croyons, telle est la vocation du spectacle vivant « . En 2025, le Festival de Sablé célèbre Jean-Sébastien Bach, « le père fondateur ». « Un répertoire vaste et des artistes passionnants » s’annoncent à Sablé, pour vivre les émotions de la musique. Soit cet été pas moins de 12 offres artistiques qui entre autres, investissant les lieux désormais emblématiques du Festival et de la Sarthe, interrogent sans l’épuiser la magie de Bach l’incomparable.

Sur cette thématique Bach ne manquez pas entre autres temps forts : le spectacle de danse « Que ma joie demeure » par la Compagnie Fêtes Galantes (musiques de JS BACH dont les Concertos Brandebourgeois / chorégaphie de Béatrice Massin), mer 20 août 2025 (20h30 / Scène Joël Le Theule, Sablé-sur-Sarthe), « Mater ecclesia » / Ensemble La Sportelle, jeu 21 août 2025 (Basilique ND du Chêne, 16h30 / œuvres de JS Bach, Lobo, Victoria, Guerrero…) ; récital Bach / Vivaldi par le contre-ténor Carlo Vistoli et Les Accents (« Vivaldi sacro furore ») jeudi 21 août 2025 (20h30 / Scène Joël Le Theule, Sablé-sur-Sarthe); Barque et musique du monde « KORABAROK », ven 22 août 2025 (avec Céline Scheen, Mamadou Dramé et Karim Baggili (18h15, Place Dom Guéranger, Sablé sur Sarthe) ; Bach dans tous ses états (clavecin et quatuor à cordes / Le Caravensérail) ven 22 août 2025 (20h30 / Scène Joël Le Theule, Sablé-sur-Sarthe / Bertrand Cuiller, direction, clavecin et les clavecinistes Violaine Cochard, Olivier Fortin, Jean-Luc Ho) ; Bach contemplation par le Romain Leleu sextet, samedi 23 août 2025 (14h30, Scène Joël Le Theule, Sablé-sur-Sarthe / œuvres de JS Bach et CPE Bach), sans omettre les 2 derniers programmes tout aussi prometteurs annoncés pour la dernière journée du Festival (23 août) : à 18h15, la guitariste Gaëlle Solal (« la partition de Sablé », Place Dom Guéranger, Sablé-sur-Sarthe), enfin à 20h30 (Église ND, Sablé-sur-Sarthe) De Bach à Pergolèse : Laure Baert, Anthea Pichanick et l’ensemble Il Caravaggio (Cantate BWV de Bach et Stabat Mater de Pergolèse)…

Lien vers la billetterie en ligne :
https://billetterie.lentracte-sable.fr/

 

 

 

 

5 programmes / concerts
coups de coeur
Festival de Sablé 2025

 

 

 

Mercredi 20 août 2025
Que ma joie demeure / Cie Fêtes Galantes
Scène Joël Le Theule / Sablé sur Sarthe
https://lentracte-sable.fr/que-ma-joie-demeure/

 

Jeudi 21 août 2025
Mater ecclesia / Ensemble la Sportelle
Basilique Notre-Dame du Chêne / La Chapelle du Chêne
https://lentracte-sable.fr/mater-ecclesia/

Jeudi 21 août 2025
Récital Bach / Vivaldi / Carlo Vistoli et Les Accents
Scène Joël Le Theule / Sablé-sur-Sarthe
https://lentracte-sable.fr/vivaldi-sacro-furore/

Vendredi 22 août 2025
Bach dans tous ses états / Le Caravenserail / Bertrand Cuiller
Scène Joël Le Theule / Sablé-sur-Sarthe
https://lentracte-sable.fr/bach-dans-tous-ses-etats/

 

 

 

Samedi 23 août 2025
Cantate de Bach et Stabat Mater de Pergolèse
Église Notre-Dame / Sablé-sur-Sarthe
Laure Baert > soprano
Anthea Pichanick > contralto
ENSEMBLE IL CARAVAGGIO
Camille Delaforge, direction
https://lentracte-sable.fr/de-bach-a-pergolese/

 

 

 

Découvrir tous les programmes, tous les artistes invités, …
sur le site du Festival de Sablé sur Sarthe 2025 :
https://billetterie.lentracte-sable.fr/

 

 

 

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ENTRETIEN avec Jean-François PHELIZON, à propos de sa biographie de Mozart, en 2 volumes (E&N (co-édition Europ & Art et Éditions Nuvis – parution : printemps 2025)

Jean-François PHELIZON signe une biographie qui est avant celle d’un mélomane passionné. Parfois expéditive sur certains épisodes voire certaines parties de l’œuvre, le récit s’intéresse néanmoins à des sujets essentiels dans le parcours mozartien et qui s’avèrent finalement éloquent pour comprendre le sens final d’une trajectoire exceptionnelle.

CONTEXTUALISATION… Ainsi se précisent la vie de Mozart dans son contexte, la réception des opéras à Vienne et en Europe, ses dons exceptionnels, … les éléments du destin qui ont façonné sa carrière et induit son existence sont ici évoqués : sa santé fragile mais résistante aux maladies, son père pédagogue hors pair, révélateur du génie de son fils surdoué, puis tyran écarté, Mozart le libertaire, Mozart amoureux de Constanze, Mozart le flamboyant mondain, … rien n’échappe à l’oeil avisé et admiratif de l’auteur. Le passage de l’enfant surdoué, à l’adolescent de plus en plus rebelle ; le jeune adulte qui rompt avec un père trop invasif et choisit d’être libre… L’homme détone dans un siècle conservateur, très hiérarchisé malgré l’esprit des lumières… Même son entrée en franc-maçonnerie s’avérera décevante. Détruit, épuisé, ruiné, le génie musical produit dans les 3 dernières années de sa vie, ses œuvres les plus profondes alors que le destin ne l’épargne guère… En accordant Mozart à son époque, ses contemporains, les usages d’alors, le texte ainsi rédigé rétablit les justes faits dans un contexte restitué qui rend Mozart plus vivant et plus humain. Porteur d’un regard personnel, assumé sur le génie Mozart, Jean-François Phelizon s’explique et distingue ce qui le passionne spécifiquement dans la vie et dans l’œuvre du divin Wolfgang… ENTRETIEN EXCLUSIF
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CLASSIQUENEWS : Pourquoi dédier aujourd’hui un nouvel ouvrage à l’œuvre de MOZART ?

Jean-François Phelizon (DR)

Jean-François PHELIZON : Ce livre ne consiste pas en une analyse musicologique des œuvres de Mozart. C’est une biographie de Mozart aussi complète que possible ; l’histoire de sa vie, donc, resituée dans son contexte historique. Bien sûr, on ne peut pas raconter la vie de Mozart sans parler de ses œuvres, notamment de ses opéras, mais ici, on s’attache surtout à leur impact. Les Noces de Figaro par exemple, sur lesquelles je vais revenir, ont eues un impact très négatif à Vienne, puisque la musique tend à y ridiculiser un noble, le comte Almaviva, et à mettre sur le devant de la scène son domestique. Cette « inversion des rôles » n’a pas été du tout du goût de la noblesse viennoise.

En parlant de la vie de Mozart, justement, on ne peut s’empêcher de souligner combien elle a été improbable. Sa vie n’aurait jamais dû être ce qu’elle a été. Mozart est né avec des dons exceptionnels : une oreille absolue, une vision spatiale de la musique, une mémoire musicale infaillible, une aptitude à tout assimiler, des qualités d’improvisation uniques en leur genre. Mais les chances que ces dons puissent jamais être mis en valeur étaient minimes. Sans les circonstances qui en ont fait ce qu’il est devenu, il serait sans doute resté un compositeur parmi d’autres, comme tant de ses pairs au XVIIIe siècle.

Ces circonstances sont multiples. D’abord, il est un peu trivial de le souligner, Mozart a eu beaucoup de chance de ne pas mourir en bas âge, contrairement à cinq de ses frères et sœurs. Il a pourtant contracté la scarlatine, la variole, la fièvre typhoïde, toutes maladies généralement mortelles à l’époque, il en a pourtant miraculeusement réchappé.

Ensuite, il a bénéficié d’un adjuvant exceptionnel en la personne de son père, mentor intelligent, pédagogue attentif. Leopold Mozart était un professeur hors pair, parfaitement sensibilisé à la composition pour être compositeur lui-même. Les aptitudes de celui qui est vite devenu son unique élève tenaient peut-être du génie pur, de l’art musical réinventé, de l’expression musicale incarnée mais tout cela n’était qu’en devenir. Les exigences du père lui ont apporté ce qui manque la plupart du temps à des enfants hyperdoués pour qu’ils deviennent de grands artistes, ce qu’il faut précisément pour élever un génie en herbe à son plus haut niveau de puissance ; cette osmose entre le père et le fils, qui a duré plus de vingt ans, a déterminé la destinée de Mozart.

D’autres circonstances ont contribué à faire de Mozart ce qu’il est devenu. D’abord, les voyages organisés par Leopold ont forgé sa personnalité. Il était inouï qu’une famille se lance à l’époque des diligences dans de telles aventures ; il en est résulté des expériences incomparables ; elles ont marqué le jeune Wolfgang. Ensuite la « camisole de fer » imposée à ses deux enfants par Leopold Mozart lui a permis de les éduquer avec une détermination jamais relâchée. C’est grâce à cette ascèse, imposée par le père et jamais mise en cause par ses enfants, que Mozart en est arrivé à étudier sans relâche, à vouloir se surpasser musicalement en toute occasion, à assimiler aussi bien le contrepoint allemand que la musique vocale italienne et, plus tard, la musique de ballet française. Sans son père, Mozart n’aurait jamais été Mozart.

Enfin, le climat familial a été un autre puissant adjuvant. Mozart a eu la chance d’avoir une mère aimante et dévouée. Grâce à sa bonne humeur constante, à sa modération, à sa patience, à sa prudence, elle a su établir un cocon familial protecteur qui aura pu transformer une éducation ascétique et des voyages épuisants en aventures plaisantes et mémorables. Mozart est redevable à son père de sa destinée mais, s’il a passé une enfance et une adolescence heureuse, il le doit à sa mère.

Au sortir de l’adolescence, Mozart éprouva une soif de liberté inextinguible. Il n’eut de cesse de vouloir libérer son énergie créatrice, notamment au travers de l’opéra — la forme musicale où il pensait pouvoir le mieux s’exprimer. De retour à Salzbourg, après un séjour parisien qui se révéla désastreux du fait de son immaturité, cette soif de liberté l’amena à couper les ponts avec le prince-archevêque Colloredo, son seigneur et maître et, par ricochet, à s’éloigner de son père qui a souhaité régenter sa vie d’adulte — et qui était devenu de plus en plus intrusif.

Mozart prit en effet l’improbable décision de choisir la liberté à une époque où la plupart des musiciens étaient dépendants de grands personnages. Or ce choix de devenir un homme libre dans une société où la liberté n’existait pas, transforma finalement sa destinée en une tragédie.

Mozart lui-même qui fut l’unique artisan de sa vie d’adulte, de ses succès indéniables comme de ses échecs, avec à ses côtés une confidente qu’il avait choisie, son épouse Constance Weber. Avec elle, il aspirait à une vie casanière mais baignée à tout instant par la musique. Il aimait aussi à partager des moments d’espièglerie qui leur permettaient de mieux supporter les épreuves et les malheurs auxquels ils allaient se trouver confrontés. Après Leopold, Constance a été le pivot de la vie affective de Mozart. À l’un puis à l’autre successivement, il a voué une reconnaissance sans limite.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Vous soulignez les particularités de la société viennoise à l’époque de Mozart ; société parfaitement hiérarchisée et donc inégalitaire. Comment le compositeur s’est-il positionné, lui le libertaire épris d’indépendance ?

Jean-François Phelizon : En côtoyant les grands de ce monde depuis son plus jeune âge, à Munich, Mannheim, Paris, Londres, et puis à Salzbourg et à Vienne, Mozart a compris très jeune l’inégalité institutionnalisée propre à la société du XVIIIe siècle sans jamais vraiment l’acceptée. En quittant Salzbourg, il avait cru s’affranchir des contraintes de la vie de Cour.
Mais malgré son génie, Mozart n’avait pas les qualités nécessaires pour assurer la vie de liberté qu’il lui avait préférée. Avec sa grande sagacité, Grimm l’a parfaitement décelé, « qui lui aurait préféré deux fois moins de talent et deux fois plus d’entregent ». On pourrait le dire différemment : Mozart a très souvent remporté de grands succès, mais il n’a jamais eu le talent pour mettre en valeur ses dons exceptionnels.

Plusieurs fois dans sa vie, il n’a pas su saisir sa chance. Il ne l’a pas saisie en Italie malgré ses triomphes inouïs d’adolescent. Il ne l’a pas saisie à Paris avec Grimm. Il ne l’a pas saisie à Prague qui aurait tout fait pour qu’il s’y installe. Il ne l’a pas saisie davantage à Berlin avec le roi Frédéric-Guillaume II.

Et puis à Vienne, capitale allemande de la musique, Mozart se mit à contester au lieu de rester au rang qui lui était assigné par sa naissance. Son initiation à la franc-maçonnerie lui fit comprendre les principes — mais aussi les limites — de la philosophie des Lumières : les francs-maçons étaient certes intellectuellement  » égalitaires » mais la fraternité qu’ils professaient n’était que de façade. Mozart déplora que la société soit aussi ridiculement inéquitable et injuste.

Ce fut probablement une faute. Son message, exprimé dans les Noces de Figaro, ne l’était sans doute qu’en filigrane, mais la haute société viennoise le comprit parfaitement. Elle en fut choquée — et le lui rendit bien.

Après avoir été lâché par la noblesse de cour, décidément moins « éclairée » qu’elle ne voulait bien l’admettre, Mozart a connu les vicissitudes et les mécomptes de la vie publique : on lui ferma les portes, ses ressources se tarirent et il entra dans une spirale d’endettement dont il n’arriva pas à sortir. Il est remarquable qu’à sa pauvreté matérielle croissante ait correspondu une richesse créatrice sans précédent.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Vous éclairez le contexte de chaque période importante, en particulier l’intense activité qui accompagne sa fin… Comment se sont déroulées ces 3 années ultimes justement ?

Jean-François Phelizon : Dans les trois dernières années de sa vie, abandonné de presque tous sauf de sa femme, sa chère  » Stanzi » , et de quelques amis, le génie de Mozart se révéla dans toute son ampleur et toute sa complexité.

Mozart est mort pauvre, ou plutôt ruiné. La société humaine l’avait déçu mais ses convictions lui faisaient entrevoir une société plus fraternelle que celle qu’il avait cru parfois trouver ici-bas. Soutenu par Constance, il est parti avec beaucoup de désillusions mais rempli d’espérance. Il pensait sans doute que son passage sur terre n’était qu’un prélude à une vie plus heureuse à laquelle il croyait, et qu’il attendait.

C’est cette vie tragique qui a fait de Mozart un génie intemporel. S’il s’était fondu dans la société du XVIIIe siècle, il serait probablement devenu un Hasse, un Wagenseil, peut-être un Haydn.

 

Propos recueillis en avril 2025

 

 

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LIRE AUSSI notre critique de la biographie de Jean-François Phelizon : Wolfgang Amadeus Mozart ; en 2 volumes -, t. I (1756-1781) et t. II (1781-1791), 1387 pages, E&N (co-édition Europ & Art et Éditions Nuvis), collection « La Musicale », 2024 et 2025 :
https://www.classiquenews.com/critique-livre-jean-francois-phelizon-wolfgang-amadeus-mozart-2-volumes-e-n-edition/

Plus de 1300 pages (en deux volumes), dédiées à la vie et l’œuvre de Mozart le fils composent une entreprise majeure dont il faut saluer l’ambition autant que l’érudition sérieuse. Certes incomplète mais maîtrisée….

 

 

Jean-François PHELIZON, Wolfgang Amadeus Mozart, t. I (1756-1781) et t. II (1781-1791), 1387 pages, E&N (co-édition Europ & Art et Éditions Nuvis), collection « La Musicale », 2024 et 2025.

 

TOULOUSE, Opéra National du Capitole. WAGNER : Le Vaisseau fantôme : du 16 au 27 mai 2025. Aleksei Isaev, Marie-Adeline Henry… Nouvelle production. Frank Beermann (direction) / Michel Fau (mise en scène).

A Paris, Richard Wagner (1813-1883), trentenaire, tente de faire représenter sa partition du Vaisseau fantôme … en vain. Pourtant le sujet mêlant amour et surnaturel, malédiction et salut, ne manque pas d’intérêt. Dans les faits, le directeur de l’Opéra de Paris paiera 500 francs de l’époque, le livret que Wagner avait conçu (1841) et la musique sera d’un autre compositeur, illustre inconnu Pierre-Louis Dietsch… L’opéra de Wagner sera finalement créé à Dresde en 1843.

 

Pour sa part, Wagner déjà maître de son écriture théâtrale, développe sa propre conception de l’art et de la création, entre solitude et sacerdoce, tout comme il exprime avant Tristan und Isolde (1865), sa vision spirituelle et radicale de la passion amoureuse… Le Hollandais maudit, condamné à errer éternellement sur les mers, peut accoster tous les sept ans pour obtenir son salut ; celui-ci dépend de la fidélité absolue d’une femme qui saura l’aimer pour ce qu’il est. Âme exaltée, passionnée, aussi intense que le Maudit, Senta, promise à un autre, sera-t-elle sa rédemption ?

Chef-d’œuvre d’un jeune Wagner en train de devenir lui-même, cet opéra fantastique, d’une imparable efficacité dramatique, déchaîne une musique passionnelle qui a la puissance des forces naturelles et surnaturelles. Servie par la direction de Frank Beermann et les prises de rôle des deux solistes attendus dans les rôles centraux de Senta et du Hollandais maudit, Marie-Adeline Henry et Aleksei Isaev, la nouvelle production présenté par la Capitole, prolonge, après Wozzeck et Elektra, l’exploration poétique et tragique du répertoire allemand par « l’un des plus grands hommes de théâtre actuels », Michel Fau.

 

 

 

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WAGNER : Der fliegende Holländer
Le Vaisseau Fantôme – nouvelle production
6 représentations événements
vendredi 16 mai 2025 / 20:00 – 22:45
dimanche 18 mai 2025 / 15:00 – 17:45
mardi 20 mai 2025 / 20:00 – 22:45
jeudi 22 mai 2025 / 20:00 – 22:45
dimanche 25 mai 2025 / 15:00 – 17:45
mardi 27 mai 2025 / 20:00 – 22:45
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site du Théâtre National du Capitole de Toulouse : https://opera.toulouse.fr/le-vaisseau-fantome-90378/
Opéra romantique en trois actes
Livret du compositeur – Créé le 2 janvier 1843 au Königliches Hoftheater de Dresde, révisé en 1860

 

distribution

Le Hollandais : Aleksei Isaev
Senta : Marie-Adeline Henry
Erik : Airam Hernández
Daland : Jean Teitgen
Mary : Eugénie Joneau
Le Pilote de Daland : Valentin Thill

Orchestre national du Capitole
Chœur de l’Opéra national du Capitole de Toulouse

Direction musicale : Frank Beermann
Mise en scène : Michel Fau

 

 

 

autour du Vaisseau Fantôme

Avant chaque représentation : Préludes
Introduction à l’œuvre 45 minutes avant le début de chaque représentation par Dorian Astor ou Jules Bigey, en alternance. Entrée libre – Foyer Mady Mesplé

Jeudi 15 mai à 18h
Conférence : « Le Vaisseau fantôme, l’opéra des forces élémentaires » par Dorian Astor. Entrée libre – Foyer Mady Mesplé

Jeudi 15 mai à 19h
Rencontre avec le metteur en scène Michel Fau.
Entrée libre – Foyer Mady Mesplé

 

Photo / illustration du Vaisseau Fantôme au Capitole de Toulouse Joseph VERNET : Navires dans la tempête © DR

 

 

 

TOULOUSE, Orchestre National du Capitole. Jeu 15 mai 2025. SIBELIUS, KORNGOLD… Bohdan Luts, violon / Marie Jacquot, direction

L’Orchestre national du Capitole de Toulouse affiche un grand concert symphonique sous la direction de Marie Jacquot, avec le violoniste Bohdan Luts dans le Concerto pour violon de Sibelius.

 

 

Récemment nommée directrice musicale de l’orchestre symphonique de la WDR de Cologne, la Française Marie Jacquot propose un programme à l’image de ses goûts éclectiques : la cheffe invite à une fascinante redécouverte de la Sinfonietta de Korngold. Surtout resté célèbre pour ses partitions destinées au cinéma hollywoodien, le compositeur a fasciné Mahler et Puccini alors qu’enfant, il concevait ses premières compositions… Un autre jeune artiste en pleine ascension complète l’affiche du concert : le violoniste Ukrainien Bohdan Luts. Ce virtuose maîtrise déjà le sommet du répertoire que représente le Concerto pour violon de Sibelius, avec lequel il a remporté le prestigieux prix Long-Thibaud.

Dans sa version révisée de 1905, la partition saisit par sa force lyrique, son hyper virtuosité, mesurée, jamais gratuite… une plongée romantique particulièrement engageante que le soliste doit traiter avec une tension remarquable dans les premiers et seconds mouvements; avec clarté structurelle aussi dans le dernier: un jeu tout en nuances et une élégance suggestive tirent le Concerto sibélien vers ses sommets allusifs et intérieurs. Assurément un sommet de la musique du début du XXème siècle et la preuve éloquente du génie de Sibelius dont 2025 marque le 160ème anniversaire de la naissance.

 

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Grand concert symphonique
Jeudi 15 mai 2025 – 20h
TOULOUSE, La Halle aux grains
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse : https://onct.toulouse.fr/agenda/marie-jacquot-bohdan-luts/

 

 

Programme

Jean Sibelius :
Concerto pour violon

Erich Wolfgang Korngold :
Sinfonietta

ORCHESTRE NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE

Marie Jacquot, direction
Bohdan Luts, violon

 

Photo : Marie Jacquot © Christian Jungwirth

 

 

Le Concerto pour violon de Sibelius en ré majeur est assurément son oeuvre phare. Etant devenu l’un des sommets de l’écriture violonistique, retenu par les plus grands concertistes, il s’est imposé naturellement auprès du public. L’opus 47 en ré majeur fut composé en 1903 et, après révision, créé sous la direction de Richard Strauss en 1905 à Berlin. L’oeuvre est contemporaine de l’installation du compositeur dans la villa “Aïnola”, à Jarvenpaa, en pleine forêt, à 30km d’Helsinki. Un lieu étonnamment préservé de nos jours, qui dévoile l’antre secret d’un auteur qui aima cultiver des résonances privilégiées avec le motif naturel.

Longtemps minimisé en raison d’une apparente et “creuse” rigueur, le Concerto s’imposa néanmoins en raison des difficultés techniques qu’il exige du soliste. Mais en plus de sa virtuosité exigeante, le Concerto de Sibelius demande tout autant, concentration, intériorité, économie, justesse de la ligne musicale, sensibilité évocatrice. Autant de qualités qui se sont révélées grâce à la lecture des plus grands violonistes dont il est devenu le cheval de bataille.

D’une incontestable inspiration lyrique néo-romantique, la partition développe une forme libre, rhapsodique, même si elle respecte la traditionnelle tripartition classique en trois mouvements: allegro moderato, adagio di molto, finale. Même si l’inspiration naturelle, panthéiste, du compositeur s’exprime avec clarté, en particulier d’après le motif naturel des forêts de sa Finlande natale, les souvenirs enrichissent aussi une imagination personnelle, puissante, intime. A ce titre, le deuxième mouvement pourrait convoquer les impressions méditerranéennes vécues pendant son séjour en Italie.

 

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CRITIQUE, concert. LES INVALIDES, Grand Salon, le 28 avril 2025. COUPERIN / MONTECLAIR. Lysandre Châlon (baryton-basse), Les Talens lyriques, Christophe Rousset (clavecin et direction)

Le 28 avril, le Grand Salon des Invalides a accueilli un concert intitulé « Louis XIV au crépuscule », mettant en lumière la transformation du langage musical à la fin du XVIIe siècle. Sous la houlette magistrale de Christophe Rousset – à la fois chef et pédagogue (en expliquant le choix des ouvrages retenus et leur contexte… ) -,  le programme du soir, dédié à François Couperin et Michel Pignolet de Montéclair, a révélé comment le style français, après la disparition de Lully, s’est enrichi d’influences italiennes, marquant ainsi un tournant esthétique fascinant.

 

La soirée s’est ouverte avec La Steinkerque, Sonate en trio de Couperin, composée vers 1692. Dès les premières mesures, les violons de Gilone Gaubert et Benjamin Chénier, soutenus par la viole de gambe d’Atsushi Sakaï, ont tissé un dialogue envoûtant, où la vivacité des ornements rivalisait avec la profondeur des lignes mélodiques. Christophe Rousset, au clavecin, a apporté une basse continue à la fois souple et rigoureuse, soulignant avec élégance les contrastes entre les mouvements. Puis, place à la cantate profane avec Ariane consolée par Bacchus (1708), où le baryton-basse Lysandre Châlon a déployé une voix à la fois puissante et nuancée. Son interprétation, riche en expressivité, a magistralement restitué les tourments d’Ariane puis son apaisement sous les charmes de Bacchus. Les musiciens, en parfaite symbiose, ont accompagné ce récit avec une sensibilité remarquable, notamment dans les récitatifs déclamatoires et les airs ornés. Les airs choisis de Couperin ont ensuite permis d’explorer différentes facettes de l’art vocal baroque : « Qu’on ne me dise plus » (1697), air sérieux d’une mélancolie exquise, où la voix de Châlon s’est parée d’une noblesse touchante. « Doux liens de mon cœur » (1701), autre air sérieux, délicatement phrasé, avec un continuo particulièrement soigné. « Souvent dans le plus doux sort », air à boire plus enlevé, interprété avec une joyeuse légèreté. 

Le concert s’est poursuivi avec La Visionnaire, autre Sonate en trio de Couperin (1690), pièce aux accents presque mystiques. Les deux violons, unis dans un contrepoint virtuose, ont joué avec une précision et une énergie communicatives, tandis que la viole et le clavecin ont enrichi l’ensemble d’une sonorité chaleureuse. Et la dernière partie du concert a mis à l’honneur Michel Pignolet de Montéclair avec L’enlèvement d’Orithie, cantate tirée de son Deuxième Livre (1713). Cette œuvre, moins souvent jouée que celles de Couperin, a été une révélation : le texte, inspiré de la mythologie grecque, a été servi par une direction dynamique de Christophe Rousset et une interprétation théâtrale de Lysandre Châlon, captivant l’auditoire. Les musiciens ont brillé dans les passages descriptifs, évoquant tour à tour la violence de Borée et la douce résistance d’Orithie.

Ce concert a été une célébration éblouissante du baroque français, alliant rigueur stylistique et émotion pure. Entre la délicatesse de Couperin et la fougue de Montéclair, les interprètes ont su captiver leur public, faisant du Grand Salon des Invalides un lieu de grâce et de perfection musicale. Une soirée inoubliable, qui rappelle combien cette musique, trois siècles plus tard, continue de nous toucher profondément. Bravo à tous les artistes pour ce moment de pur enchantement !

 

 

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CRITIQUE, concert. LES INVALIDES, Grand Salon, le 28 avril 2025. COUPERIN / MONTÉCLAIR. Lysandre Châlon (baryton-basse), Les Talens lyriques, Christophe Rousset (clavecin et direction). Crédit photographique (c) Emmanuel Andrieu

 

CRITIQUE, opéra. MILAN, Teatro alla Scala, le 27 avril 2025. FILIDEI : Il Nome della rosa. K. Linday, L. Meachem, D. Barcellona, C. Vistoli… Damiano Michieletto (mise en scène) / Ingo Metzmacher (direction)

Voilà une création qui fera date. Pour son troisième opus lyrique, Francesco Filidei a frappé fort, grâce à un sens du théâtre hors-pair, une lecture hallucinée de Damiano Michieletto, et une distribution superlative. Après Jean-Jacques Anaud au cinéma, Filidei transpose magistralement sur la scène lyrique le célèbre roman « Le nom de la rose » (« Il Nome della rosa ») d’Umberto Eco.

 

Écrit par le compositeur et alii, le livret est à l’image du roman : foisonnant, plurilingue (latin – sans doute un peu trop – italien, français, espagnol, allemand, hébreux, grec et latin macaronique), qui mêle habilement la stase d’une disputatio philosophique dont Eco se délectait (l’hérésie dolcinienne, la pauvreté du Christ entre les bleus franciscains et les rouges dominicains, la réflexion sémiologique qui se déploie entre jeux linguistiques et miroirs réfléchissants), et les péripéties d’une intrigue policière (la recherche d’un livre interdit, probablement jamais écrit, le second livre sur le rire de la Poétique d’Aristote, et dont les pages ont été empoisonnées, la succession des cadavres dans des vitrines qui rappellent les planches anatomiques), magnifiée par le génie théâtral de Damiano Michieletto. Transparaît également le goût de l’écrivain pour la numérologie (l’action se déroule ainsi en sept jours, trois pour le premier acte, quatre pour le second, sept comme les sept trompettes de l’Apocalypse, et vingt-quatre scènes), pour l’énumération, souvenir de Borges (livres et pierres se succèdent dans des listes interminables sur une même cellule mélodique alla Philip Glass au point d’en devenir hypnotiques). 

Le foisonnement du livret semble être paradoxalement un obstacle au compositeur qui peine parfois à maintenir la tension narrative durant les près de trois heures que dure le spectacle. La musique cultive le mélange des registres, colle au plus près de la prosodie des mots quitte à les déstructurer dans leur articulation même, et rend hommage à la tradition italienne en préservant les formes closes, comme l’air de Abbone (« Adelmo da Otranto », homorythmique et martelé, ou celui de Adso, au moment de l’apparition de la Vierge, « Sub tuum praesidium »), mais en faisant aussi écho à la tradition grégorienne et aux compositions madrigalesques. Sur scène, une paroi trapézoïdale figurant l’architecture de l’abbaye en haut de laquelle chante le chœur des moines en train de prier (mais on devine qu’ils lisent en réalité le roman), tandis que des voiles blancs figurent la célèbre bibliothèque octogonale, image labyrinthique suspendue à des néons qui changent tour à tour de couleur, au gré des scènes (du vert au rouge sang : magnifiques lumières de Fabio Barettin). 

En son centre une immense croix qui prendra feu à la fin, tandis que les voiles tomberont un à un à terre. Si le livret reste fidèle au roman, il est inévitablement autre, par la réduction rendue théâtralement nécessaire de la source ; ainsi, l’histoire tourne surtout autour de la figure d’Adso (excellemment interprété en travesti par Kate Lindsay), dont la stupeur est rendue visuellement (ut pictura poïesis) par la prodigieuse animation du bas-relief de la basilique de Moissac d’où sortent des dizaines de corps dénudés dansant avec lascivité et symbolisant la résurrection de la chair, tandis que le chœur chante l’Apocalypse de Jean, stupeur aussi devant l’intelligence de son maître qu’il peine à suivre, stupeur devant l’amour anonyme qui s’offre à lui et qui aboutit à l’apothéose de la sublime scène finale à laquelle fait écho le souvenir d’Adso vieillissant dont la voix est rendue par un chœur in absentia. Le roman revit par la musique, mais aussi par le pouvoir de l’image : le compositeur et son metteur en scène traduisent sur scène l’une des figures récurrentes du roman, l’ekphrasis et son infini pouvoir de séduction ; l’apparition de la Vierge de Van Eyck dans les bras de laquelle vient se placer Adso en lieu et place de l’enfant Jésus, la matérialisation d’une miniature et d’un bestiaire fantastique, ou encore les scorpions qui serpentent sur un mur blanc infligeant au bibliothécaire Malachie le poison mortel, autant de scènes qui resteront longtemps gravées dans les mémoires, et dont on louera les merveilleux décors de Paolo Fantin et les splendides costumes de Carla Teti.

 

 

La distribution ne mérite que des éloges. Outre Adso, le Guglielmo du baryton Lucas Meachem remplit parfaitement son rôle, même s’il semble légèrement en retrait (un choix du compositeur) et que son italien pourrait être perfectible. Gianluca Buratto campe un impressionnant Jorge da Burgos, gardien des secrets de la bibliothèque et réfractaire au rire, qui allie à une voix caverneuse une présence électrisante, auquel répond, dans un autre registre, une méconnaissable mais tout aussi efficace Daniella Barcellona en Bernardo Gui, implacable inquisiteur. Saluons également les performances du Salvatore de Roberto Frontali, une des plus heureuses créations romanesques de Eco, ou la stupéfiante virtuosité, à travers un ambitus vocal rarement atteint, de Carlo Vistoli, campant un tourmenté et prodigieux Berengario. Excellent Owen Willetts dans le rôle du perfide Malachie ; les autres rôles secondaires, tous tenus par des artistes du chœur de la Scala ne déméritent guère et on louera justement la performance des chœurs très souvent sollicités et fort bien dirigés par Bruno Casoni.

Dans la fosse, la direction roborative de Ingo Metzmacher est d’une précision d’enlumineur et sait mettre en valeur l’extraordinaire opulence orchestrale de la partition qui contraste avec l’accompagnement des interventions vocales, plus sobres, mais tout aussi théâtralement efficace. Étaient présents la famille du romancier et la fine fleur de la musique italienne contemporaine (Salvatore Sciarrino, Fabio Vacchi, Silvia Colasanti, Luca Francesconi). À la fin de cette soirée historique, douze minutes d’applaudissements ont ovationné cet opéra proprement visionnaire. Il faudra attendre cependant 2028 pour que le public parisien puisse découvrir l’œuvre qui sera chantée en français et présentée à l’opéra Bastille…

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. MILAN, Teatro alla Scala, le 27 avril 2025. FILIDEI : Il Nome della rosa. Kate Linsey (Adso de Melk), Lucas Meachem (Guglielmo da Baskerville), Katrina Galka (La Ragazza del Villaggio/Statua della Vergine), Gianluca Buratto (Jorge da Burgos), Daniella Barcellona (Bernardo Gui), Fabrizio Beggi (Abbone da Fossanova), Roberto Frontali (Salvatore), Giorgio Berrugi (Remigio da Varagine), Owen Willets (Malachia), Paolo Antognetti (Severino da Sant’Emmerano), Carlo Vistoli (Berengario da Arundel / Adelmo da Otranto), Leonardo Cortellazzi (Venanzio / Alborca), Adrien Mathonay (Un cuciniere / girolamo vescovo di Caffa), Cecilia Bernini (Ubertino da Casale), Flavio d’Ambra (Michele da Cesena), Ramtin Ghazavi (Cardinal Bertrando), Alessandro Senes (Jean d’Anneaux), Voce di Adso da vecchio (Coro di ballerini), Damiano Michieletto  (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Carla Teti (costumes), Fabio Barettin (lumières), Mattia Palma (dramaturgie), Erika Rombaldoni (Chorégraphie), Orchestre et Chœur du Théâtre de la Scala, Ingo Metzmacher (Direction). Crédit photographique © Brescia e Amisano / Teatro alla Scala

 

 

VIDEO : Trailer de « Il Nome della rosa » de Francesco Filidei au Teatro alla Scala

 

CRITIQUE, concert. PARIS, Philharmonie, le 25 avril 2025. TCHAIKOVSKI : Concerto pour piano n° 1. CHOSTAKOVITCH : Symphonie n° 10. Beatrice Rana (piano), Mikko Franck (direction)

Après dix ans passés à la tête du Philharmonique de Radio France, Mikko Franck (né en 1979) passe la main à la fin de la saison (voir notre portrait) : d’ici fin juin, il faut donc profiter des derniers concerts pour célébrer le grand répertoire symphonique avec ce chef toujours attentif à faire ressortir le moindre détail d’orchestration, en un sens des équilibres jamais pris en défaut.

 

En cela, il forme un partenaire idéal avec la pianiste italienne Beatrice Rana (née en 1993), sur la même longueur d’onde pour interpréter le Premier Concerto pour piano (1875, révisé en 1889) de Tchaïkovski. Aucune emphase inutile ne vient marquer l’introduction du thème initial majestueux, à juste titre parmi les plus célèbres de son auteur : le piano d’une grande lisibilité de Beatrice Rana se permet des variations d’intensité entre les passages en tutti avec l’orchestre et les parties plus apaisées, faisant valoir un toucher d’une parfaite maîtrise. La pianiste italienne sait où elle va, autour d’une myriade de nuances, admirablement soutenues par un Mikko Franck méticuleux face aux variations de tempi. La fougue romantique est laissée de côté, afin de privilégier des phrasés d’une sensibilité sans mièvrerie, d’une grâce et d’une légèreté diaphane dans l’Andantino (le plus réussi des trois mouvements). La pianiste s’efface alors pour laisser le premier rôle aux superbes vents du Philharmonique, notamment l’entrée de la flûte aérienne au début. Le piano félin de l’Italienne effleure à peine les touches en des phrasés rapidissimo, d’une étonnante vivacité. La transition avec l’Allegro conclusif surprend plus encore avec des cordes volontairement appuyées en contraste, tandis que le lyrisme tchaïkovskien parcourt tout l’orchestre en une virtuosité jamais prise en défaut. En bis, Beatrice Rana reste sur les mêmes cimes, en empruntant des tempi toujours aussi vifs pour révéler une Étude pour les huit doigts de Debussy, puis en détaillant davantage les méandres envoûtants de la Romance sans paroles n° 4 op. 85 de Mendelssohn.

Après l’entracte, l’atmosphère s’assombrit irrémédiablement dès les premières mesures de la Dixième symphonie (1953) de Chostakovitch, entonnées par les cordes seules. L’ambiance dépouillée trouve un point d’orgue impressionnant dans le premier tutti, avant que le champ de ruines ne retrouve sa place initiale. L’alternance de passages immobiles et mornes avec des fracas guerriers d’une haute intensité fait le lien entre les Septième et Huitième symphonies, composées pendant la Deuxième Guerre mondiale. Désormais débarrassé de Staline, Chostakovitch peut retrouver son style volontiers mélancolique, loin des ouvrages de commande plus convenus, qui lui ont valu de retrouver les faveurs du régime totalitaire, notamment l’oratorio Le Chant des forêts (1949). La direction admirable de précision de Mikko Franck joue quant à elle la carte d’une expressivité sans ostentation, mettant en avant les couleurs individuelles, notamment dans la fin superbe du mouvement, d’une douceur énigmatique aux piccolos.

L’allant rythmique virtuose du bref Allegro donne ensuite envie de bondir de son siège pour embrasser l’énergie libératrice des tensions précédentes. Pour autant, Mikko Franck parvient à faire ressortir quelques détails sans nuire à l’élan narratif, avant une conclusion volontairement abrupte. Le délicieux Allegretto qui suit voit le chef finlandais à son meilleur, d’une finesse admirable dans l’élégance parfois orientalisante des variations d’atmosphère. Les interventions lunaires du premier cor solo donnent à ce mouvement, sans doute le plus original de la Symphonie, une modernité bienvenue dans ses répétitions intrigantes. Le Finale en deux parties imprime un climat d’attente et d’étrangeté dans sa longue introduction en forme d’Andante, au début redoutable au hautbois. Un thème plein d’entrain vient ensuite irriguer l’Allegro conclusif, un rien déstructuré dans la battue volontairement allégée de Mikko Franck, qui cherche à éviter toute effusion lyrique.

 

 

 

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CRITIQUE, concert. PARIS, Philharmonie, le 25 avril 2025. TCHAIKOVSKI : Concerto pour piano n° 1. CHOSTAKOVITCH : Symphonie n° 10. Beatrice Rana (piano), Philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction musicale). A l’affiche de la Philharmonie de Paris, le 25 avril 2025. Crédit photo © Christophe Abramowitz / Radio France

 

ORCHESTRE COLONNE. PARIS, Salle Gaveau, Dim 11 mai 2025. La force de l’amour : Wagner, Saint-Saëns, Manoukian… Camille Schnoor, Marc Korovitch (direction)

Toutes les nuances du sentiment sont ici exprimées grâce au chant puissant, évocateur des instruments de l’orchestre, auquel se mêle chez Wagner et Saint-Saëns, la voix humaine, celle de la soprano invitée par l’Orchestre Colonne, Camille SCHNOOR.

 

 

La force de l’amour, en musique, cultive des sentiments exacerbés que seule l’éternité de la mort peut interrompre. Ainsi, Shakespeare précipitant dans le tombeau les amours juvéniles de Roméo et Juliette, inspire à Tchaïkovsky l’une de ses pages les plus descriptives, poussant au paroxysme les scènes de bataille comme les aveux les plus tendres. Tchaïkovsky était particulièrement fier de cette œuvre.
De même certaines légendes celtiques mettent à l’épreuve la pure Isolde, jeune princesse promise au Roi Marke et qui – par l’enchantement d’un philtre magique – tombe éperdument amoureuse du chevalier qui l’accompagnait ainsi : Tristan. Celui-ci, blessé à mort par le Chevalier Melot, expire finalement dans les bras de sa bien-aimée qui, envahie par une illumination extatique, laisse son âme abandonner son corps… Wagner en déduit en 1865, son opéra le plus envoûtant (Tristan und Isolde) sur le thème d’un amour embrasé, inextinguible dont la résolution de fait, ne saurait être terrestre : La mort d’Isolde, souvent précédée au concert par le prélude de l’opéra, atteint une dimension quasi mystique, vrai défi pour l’orchestre.

C’est Saint-Saëns qui réalise l’entrée de la mort par la grande porte ! Mais rien de tragique dans cet ingénieux poème symphonique qu’est La Danse Macabre (1874). Les squelettes s’agitent en dansant (et par là même, le xylophone fait sa première apparition dans un orchestre symphonique exprimant le cliquetis des os creux animés) : la Mort aime la fête ! L’Orchestre Colonne ajoute deux airs pour soprano et orchestre (du même Saint-Saëns), qui plongent au cœur de l’âme romantique française.

Complément attendu, la création d’un autre poème symphonique sur un texte du compositeur Alexandre Manoukian lui-même viendra parachever ce concert, illustrant une fois de plus la force de l’amour. Sans oublier la désormais incontournable « œuvre mystère » qui saura à nouveau surprendre les spectateurs appelés à en deviner l’auteur/e.

 

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ORCHESTRE COLONNE
PARIS, Salle Gaveau
Dim 11 mai 2025, 16h
Marc KOROVITCH, direction
Camille SCHNOOR, soprano
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’ORCHESTRE COLONNE : https://www.orchestrecolonne.fr/agenda/saison-2024-25/symphonique/la-force-de-lamour/
Durée : 1h50 (avec entracte)
Salle Gaveau
45, rue La Boétie, 75008 Paris
45€ / 35€ / 25€ / 15€ / 10€ (réduit)
Billetterie : https://www.orchestrecolonne.fr/tarifs-et-abonnements/
Par téléphone au 01 42 33 72 89 ;
Directement au guichet, le jour du concert.

 

 

programme

TCHAÏKOVSKY
Roméo et Juliette

WAGNER
Tristan et Iseult – Prélude et Liebestod

SAINT-SAËNS
La Danse macabre
La cloche, air pour soprano
Souvenances, air pour soprano

Alexandre MANOUKIAN
Aristeides and Lyra (création mondiale)

L’Invitation au voyage
Oeuvre mystère à découvrir lors de ce concert

Avant-concert · 15h15
Gratuit – Entrée sur présentation du billet du concert
Présentation Julie Terranti

 

CHAPELLE ROYALE DE VERSAILLES. M-A CHARPENTIER : David & Jonathas, les 16, 17, 18 mai 2025. Reinoud Van Mechelen, Caroline Arnaud, David Witczak… Gaétan Jarry (direction)

Château de Versailles Spectacles reprend l’une de ses meilleures productions, davantage magnifiée dans l’écrin royal de la Chapelle du Château de Versailles (1710), dernier chantier du règne de Louis XIV, devenu fervent croyant au soir de sa carrière. Bien que n’ayant jamais occupé de charge officielle à la Cour, Marc-Antoine Charpentier fut très estimé du Roi-Soleil. Formé à Rome par l’illustre Carissimi, Charpentier exporte en France toutes les séductions raffinées de l’oratorio italien, mais adapté à la mesure française.

 

 

En témoigne la partition de David & Jonathas qui est le chef-d’œuvre de Charpentier, « et l’un des miracles de l’opéra baroque ! »… L’intérêt de l’œuvre est de souligner combien l’ascension du jeune David, triomphateur du géant philistin Goliath, conquiert le pouvoir en détrônant Saul mais aussi au prix de l’insupportable. Tout se paie.

En 1688, le collège Louis Le Grand, dans la tradition de pratique théâtrale, musicale et chorégraphique des Jésuites, représente ainsi sa tragédie lyrique David et Jonathas, aux actes intercalés entre ceux de la pièce de théâtre, Saül. L’œuvre musicale relate sur un sujet bien connu de l’Ancien Testament, l’amitié profonde – l’amour biblique – de David et de Jonathas, fils du Roi Saül. Ce dernier est persuadé de la trahison du jeune David passé dans le camp Philistin après son bannissement. L’affrontement inévitable de leurs armées conduit le père et le fils à la mort : Saül est vaincu, acculé au suicide, et Jonathas succombe à ses blessures sur le front ; il expire dans les bras de son ami David victorieux…

L’extraordinaire inspiration de la musique de Charpentier, la force dramatique du livret, l’émotion intense plus pathétique et tragique qu’héroïque, qui se dégage de l’œuvre, lui firent connaître, déjà à l’époque, un grand succès dont témoignent plusieurs reprises dans d’autres collèges jésuites.

 

 

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MA CHARPENTIER : David & Jonathas
Chapelle Royale de Versailles à 20h
Vendredi 16 mai 2025
Samedi 17 mai 2025
Dimanche 18 mai 2025
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site du Château de Versailles Spectacles / Opéra royal : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/charpentier-david-et-jonathas/
2h30, inclus un entracte
Tragédie biblique en cinq actes avec prologue sur un livret du Père Bretonneau, créée en 1688 à Paris. Spectacle en français surtitré en français.

Le spectacle présenté à Versailles se veut un rêve baroque : représenter le drame sacré David et Jonathas dans la Chapelle Royale de Versailles, avec un décor somptueux d’Antoine et Roland Fontaine, des costumes de Christian Lacroix, la mise en scène baroque et éclatante de Marshall Pynkoski, la participation du Ballet de l’Opéra royal de Versailles dans la chorégraphie de Jeannette Lajeunesse Zingg, dans la vision musicale très réfléchie du chef Gaétan Jarry conduisant des solistes d’exception. Laissez-vous ainsi saisir et succomber face au spectacle des amours fusionnelles et funestes de David et Jonathas, jeunes héros bibliques…

 

 

 

distribution
Reinoud Van Mechelen : David
Caroline Arnaud : Jonathas
David Witczak : Saül
François-Olivier Jean: Pythonisse
Antonin Rondepierre : Joabel
Geoffroy Buffière : L’ombre de Samuel
Cyril Costanzo : Achis
Ballet de l’Opéra Royal
Marguerite Louise Chœur et Orchestre
Gaétan Jarry : Direction
Marshall Pynkoski : Mise en scène
Jeannette Lajeunesse Zingg : Chorégraphie
Antoine et Roland Fontaine : Décors
Christian Lacroix : Costumes, assisté de Jean-Philippe Pons
Hervé Gary : Lumières

 

LES PLUS

« 15 minutes avec »
Vendredi 16 mai à 19h30, partagez un moment d’échange exclusif avec un ou plusieurs artistes du spectacle (sous réserve) – Sur présentation de votre billet pour le soir-même et dans la limite des places disponibles.

 

 

 

 

VIDÉO

Charpentier : David and Jonathas


David et Saül, par Ernst Josephson (1851-1906) – DR / Le jeune David, n’est pas seulement beau, fort et intelligent : il joue aussi de la harpe comme personne. De quoi faire peur au vieux roi Saul, qui voit en David celui qui le détrônera…

 

 

 

Le jeune David, vainqueur du géant Golitah, chef d’oeuvre de la période romaine du peintre révolutionnaire CARAVAGE – DR

 

 

OPÉRA DE MASSY. DVORAK : Rusalka, les 16 et 18 mai 2025. Serenad Uyar, Misha Schelomianski, Arthur Espiritu… Kaspar Zehnder (direction) / Paul-Émile Fourny (mise en scène)

L’Opéra de Massy affiche la somptueuse production de Rusalka précédemment présentée à Metz. Inspiré de La petite Sirène d’Andersen, l’opéra tchèque le plus célèbre du répertoire est le chef d’œuvre lyrique d’Antonín Dvořák ; à travers le chant éperdu hautement poétique de son héroïne, dans le raffinement de son orchestration, Rusalka est un hymne sensible à l’amour impossible, immortalisé par le fameux Chant à la Lune.

 

La nymphe Rusalka demande à la sorcière Jezibaba de lui donner forme humaine pour pouvoir conquérir le cœur du prince qui vient se baigner dans le lac. Mais elle perdra alors l’usage de la parole et sera damnée si son amour n’est pas partagé. Le Prince, séduit, l’emmène au château mais il finit par se lasser de son mutisme et s’éprend d’une princesse étrangère. Celle qui a tout sacrifié par amour, sera-t-elle sauvée ou trahie?
La distribution réunie pour cette Rusalka, jouée pour la première fois à Massy, promet une réalisation lyrique d’une puissante intensité.

 

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Antonín Dvořák : Rusalka
Vendredi 16 mai 2025, 20h
Dimanche 18 mai 2025, 16h
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Opéra de Massy : https://www.opera-massy.com/fr/rusalka.html?cmp_id=77&news_id=1074&vID=80
Durée : 3h30 entracte compris
TARIFS :
Cat.1 : 90€ | massicois 68€
Cat. 2 : 85€ | massicois 64€
Cat. 3 : 64€ | massicois 48€
Étudiants : 20€ (Cat. 2 et 3)
-18 ans : -50%

 

 

Distribution

Direction musicale : Kaspar Zehnder
Mise en scène : Paul-Émile Fourny

Décors : Emmanuelle Favre
Costumes : Giovanna Fiorentini
Lumières : Patrick Méeüs
Chorégraphie : Alba Castillo et Bryan Arias
Cheffe de chant : Bertille Monsellier

Rusalka : Serenad Uyar
Vodnik : Misha Schelomianski
Le Prince : Arthur Espiritu
Jezibaba : Marion Lebègue
La Princesse Étrangère : Julie Robard-Gendre
Premier Elfe : Caroline Jestaedt
Deuxième Elfe : Simona Caressa
Troisième Elfe : Svetlana Lifar
Le Garçon de cuisine : Anna Reinhold
Le Garde-Chasse / Le Chasseur : Tomasz Kuniega

Chœur et Ballet de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz,
Orchestre de l’Opéra de Massy

 

 

Aller plus loin

↦ oeil en coulisses
Sam. 17 mai 2025 à 11h
(Tarif : 5€ / personne)

↦ conférence
Ven. 16 mai 2025 à 18h30

 

Coproduction Opéra de Massy, Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz, Opéra de Reims
Photo : © Luc Bertau – Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz

 

 

 

approfondir

LIRE aussi nos articles, annonces et critiques dédiés à RUSALKA de Dvorak, dont la production de Rusalka présenté à Metz en juin 2023 : https://www.classiquenews.com/?s=rusalka

RUSALKA par Paul-Émile Fourny : https://www.classiquenews.com/critique-opera-metz-opera-theatre-le-4-juin-2023-dvorak-rusalka-y-kleyn-m-bozkhov-i-sim-e-pascu-k-zehnder-p-e-fourny/

C’est avec une entrée au répertoire que Paul-Emile Fourny et l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz closent leur saison, grâce à la superbe partition qu’est la « Rusalka » d’Antonin Dvorak. Et le maître des lieux, comme le plus souvent avec lui, n’a pas cherché ici la transposition, mais a adopté une lecture au premier degré, en laissant néanmoins suffisamment de place à l’imaginaire, sur une donnée en soi suffisamment suggestive. La scénographie imaginée par Emmanuelle Favre offre aux regards, après de belles images vidéos plongeant les spectateurs dans quelques profondeurs lacustres, une reproduction du Casino Art-Déco de Constanta (en Roumanie) en miniature sur la droite (le palais du Prince) tandis que sur la gauche, un ponton en bois recouvert d’un filet de pêche, campe l’univers de l’Ondine

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OPÉRA DE RENNES. MOZART : La Flûte Enchantée, les 7, 9, 11, 13, 15 mai 2025. Florie Valiquette, Elsa Benoit,…NICOLAS Ellis (direction) / MATHIEU Bauer [mise en scène]

L’ultime opéra de Mozart n’avait pas été présenté à Rennes depuis 1999 ! 25 ans plus tard, la scène rennaise qui réalise la fabrication des décors et des costumes de ce spectacle événement, réunit (entre autres) pour cette nouvelle production attendue, un duo de choc : le chef d’orchestre Nicolas Ellis [qui dirige ainsi l’Orchestre national de Bretagne dont il est directeur musical], et le metteur en scène, Mathieu Bauer.

 

 

La distribution comprend aussi le Chœur de chambre Mélisme(s) – ensemble en résidence à l’Opéra de Rennes, et une distribution de solistes parmi les plus convaincants, prêts à s’emparer du conte merveilleux, traversé par l’esprit fraternel et humaniste des Lumières (avant d’être un conte maçonnique comme il est dit trop souvent). Ainsi Florie Valiquette qui chante sa première Reine de la Nuit, ou Elsa Benoît, sa première Pamina…

Dans son opéra testament, [créée en 1791, La Flûte Enchantée est le dernier ouvrage de Mozart], le compositeur joue des contrastes et des oppositions entre la nuit et la lumière, met en musique le parcours initiatique de deux couples vers la sagesse et la spiritualité [la fille de la Reine de la Nuit : Pamina / le prince Tamino, et leurs doubles comiques : Papagena / Papageno].
Pour autant, La Flûte enchantée appartient à la culture populaire, Mozart offrant le premier opéra de langue allemande. Ses airs, parmi les plus célèbres du répertoire, conduisent les auditeurs dans un parcours semé de péripéties et de symboles qui interrogent au final la destinée de chacun et la finalité de son rapport aux autres.

 

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Opéra de Rennes
MOZART : La Flûte enchantée, nouvelle production
5 représentations événements
Mercredi 7 mai 2025 à 20h
Vendredi 9 mai 2025 à 20h
Dimanche 11 mai 2025 à 16h
Mardi 13 mai 2025 à 20h
Jeudi 15 mai 2025 à 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra de Rennes :
https://www.opera-rennes.fr/fr/evenement/la-flute-enchantee
Opéra chanté et parlé en allemand / surtitré en français
Durée 3h15 environ, entracte compris – Dès 10 ans.
Le spectacle est d’autant plus attendu qu’il est dirigé, à l’Opéra de Rennes, mais aussi en tournée à Nantes et Angers, ainsi sous la direction du nouveau directeur musical de l’Orchestre National de Bretagne, Nicolas Ellis.
Pour partager ce rendez-vous avec les Bretons, la nouvelle production sera projetée en direct dans le cadre d’une nouvelle édition d’Opéra sur écran(s).
Tarifs : de 5 à 63 €

 

Distribution
Nicolas Ellis : Direction musicale
Mathieu Bauer : Mise en scène
Chantal de la Coste – Messelière : Scénographie et costumes
William Lambert : Lumières
Florent Fouquet : Vidéo
Gregory Voillemet : Assistant mise en scène
Anne Soissons : Assistante préparation
Décors et costumes fabriqués par les ateliers de l’Opéra de Rennes
solistes / personnages
Maximilian Mayer : Tamino
Elsa Benoit : Pamina
Damien Pass : Papageno
Amandine Ammirati : Papagena
Nathanaël Tavernier : Sarastro
Benoît Rameau : Monostatos
Florie Valiquette : La Reine de la nuit / pour les 3 premières représentations,
c’est Lila Dufy qui chantera le rôle de la Reine de la Nuit.
Élodie Hache : Première Dame
Pauline Sikirdji : Deuxième Dame
Laura Jarrell : Troisième Dame
Thomas Coisnon : Premier prêtre / Deuxième homme d’arme / L’Orateur
Paco Garcia : Deuxième prêtre / Premier homme d’arme
Orchestre National de Bretagne,
Chœur de chambre Mélisme(s) [direction : Gildas Pungier]
Maîtrise de Bretagne
[direction : Maud Hamon-Loisance]

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CRITIQUE opéra, OPÉRA GRAND AVIGNON, le 27 avril 2025. ZAÏDE [Mozart, Robin Melchior]. Mark van Arsdale, Aurélie Jarjaye, Andres Cascante, Kaëlig Boché… Orchestre National Avignon Provence, Nicolas Simon (direction) / Louise Vignaud (mise en scène)

Saluons en ce dimanche après midi, à l’affiche de l’Opéra Grand Avignon, un spectacle réjouissant dont le double mérite est de réussir à construire un drame cohérent, tout en restituant tous les éléments d’ un opéra méconnu du jeune Mozart, laissé à l’état de fragments : ZAÏDE [1780].

 

 

Même fragmentaire, Zaïde est suffisamment élaboré pour convaincre voire éblouir l’auditeur. En réalité la trame mozartienne y prépare le singspiel oriental à venir : L’Enlèvement au sérail… créé deux ans après Zaïde, à Vienne, à l’été 1782. Une belle est incarcérée sur une île [Zaïde], livrée au pouvoir exclusif d’un tyran domestique [Soliman]… Survient un naufragé [Gomatz] qui aidé d’un insulaire serviteur de Soliman (Allazim), tombe amoureux de Zaïde et lui offre de retrouver sa liberté.

 

 

L’AMOUR ET LA LIBERTÉ CONTRE LA TYRANNIE

Le ténor Mark van Arsdale (Soliman) et la soprano Aurélie Jarjaye (Zaïde) © Cédric-Studio Delestrade / Opéra Grand Avignon 2025

 

Comme dans L’Enlèvement au sérail, Mozart souligne la force de l’amour, la fraternité, et tout autant questionne la notion de liberté et d’esclavage mais aussi le principe du pouvoir autocratique et omnipotent. Sous couvert d’une orchestration déjà particulièrement raffinée [tout commence avec l’air de Zaïde qui remet au beau naufragé, son portrait protecteur tout en le berçant dans son sommeil, air d’une tendresse infinie avec hautbois obligé], le compositeur développe les sujets qui l’inspirent ; ainsi s’exposent l’amour [miracle de la rencontre entre Gomatz et Zaide], l’amitié [entre Gomatz et Allazim] et surtout la figure du pouvoir et de l’autorité : contrairement à l’Enlèvementla figure du Sultan est un rôle parlé, dans Zaïde, Mozart réserve au moins deux sublimes airs pour ténor au personnage du tyran colérique : le premier triomphant et vainqueur [quand il retrouve les 3 fugitifs et les ramène sur l’île] ; le second déjà plus ambivalent, laissant paraître des failles et une sensibilité aiguë : « Je suis bon et méchant ; je sais récompenser les mérites avec sagesse« …. dit alors Soliman, conscient que même s’il concentre de fait le pouvoir, il lui manque cependant autre chose [l’exercice d’une sagesse exemplaire?] … Solide et sûr, fin et juste c’est à dire expressif sans outrance, le chant du ténor Mark van Arsdale, généreux en phrasés dessinés, campe un sultan autoritaire, irascible, sanguin et vindicatif qui dans son second air, vacille et exprime un basculement possible.

 

L’autre personnage admirable est Zaïde, superbe portrait de femme droite, loyale, forte. Son profil et sa trajectoire à travers les airs que Wolfgang lui destine, illustrent parfaitement la thématique générique de la saison conçue par Frédéric Roels, directeur de l’Opéra Grand Avignon, intitulée «  Femmes ! » Mozart révèle avec une grande subtilité chacun des visages d’une superbe héroïne : l’amoureuse éprise et tendre comme on a dit, surtout la femme prisonnière qui n’aspire qu’à une juste émancipation [son très bel air citant l’incarcération de Philomène] ; enfin la rebelle qui affronte sans sourciller la tyrannie de Soliman en le traitant de « Tigre »… et qui l’exhorte même ainsi à tuer les innocents et boire leur sang… puisque Soliman a décidé de tuer Gomatz. Aurélie Jarjaye convainc au fur et à mesure de la soirée ; la soprano ne manque ni de puissance ni de finesse elle aussi, délivrant l’air de Philomène avec une intensité nuancée, colorant comme il faut tout ce que contient alors cet air de teintes funèbres ; ce qui le rend bouleversant ; s’y dévoile une personnalité proche de la Pamina à venir (La Flûte enchantée), une sincérité aussi qui rend le personnage très juste, ambassadrice de questions ô combien actuelles et légitimes : « et qui pourrait me punir si je trouve ce que cherche »… En elle s’incarne l’aspiration d’une femme à la liberté et à l’indépendance. La justesse du profil et la sublime musique de Mozart font de cet air, l’une des séquences les plus bouleversantes du spectacle.

Le quatuor vocal présente une belle cohérence grâce aussi aux deux autres solistes bien caractérisés : le Gomatz percutant, précis du ténor Kaëlig Boché, comme l’Allazim d’Andres Cascante, solide basse chantante dont la franchise expressive fait mouche elle aussi [cf. son air où il interroge le sultan sur son arrogance et sa capacité à ne plus voir ses frère du haut de sa dignité supérieure].

Le spectacle a le mérite d’enchâsser comme des perles musicales chaque air légué ainsi par Mozart. Dans la fosse s’activent les brillants instrumentistes de l’Orchestre National Avignon Provence, d’autant plus impliqués sous la baguette de l’excellent Nicolas Simon, grand connaisseur de l’approche historiquement informée ; il assure une direction vive et ciselée qui détaille et vivifie l’orchestration de Mozart comme une tapisserie chatoyante ; l’auditeur ne perd rien du chant des solistes ni de chaque trouvaille instrumentale d’un Mozart dont la justesse psychologique impressionne toujours autant.

 

 

 

UNE FIN RECOMPOSÉE

L’ouvrage originel étant inachevé, Mozart n’a pas statuer sur la fin de son opéra Zaïde… Ici Soliman s’entêtera-t-il à assassiner Zaïde et Gomatz?… La question reste ouverte, ce qui d’ailleurs renforce en l’état la vraisemblance et la pertinence de l’action préalable…
Mozart résoudra l’intrigue dans l’Enlèvement au sérail et aussi dans La Clémence de Titus en appliquant à la lettre les valeurs du siècle des Lumières : amour, pardon, fraternité. Le potentat tyrannique et colérique y parvenant ainsi en fin d’action, à renoncer et à pardonner, c’est à dire à aimer.
Le dernier air autographe laissé par Mozart, est le sublime quatuor final réunissant les 4 protagonistes en fixant pour chacun le sort qui leur est alors associé, exceptionnelle séquence qui tourne à vide tout en exprimant au plus près le sentiment exact de chaque individu : Zaide et Gomatz, prêts à mourir ; Allazim exhortant Soliman à la clémence ; enfin Soliman, habité par une haine criminelle et barbare… comme pétrifié par son propre délire autocratique. Là encore la maestrià de Mozart éblouit par sa profondeur.

La metteur en scène Louise Vignaud ajoute un personnage, moins récitant comme il est écrit, qu’actrice [Charlotte Fernand], interagissant sur le plateau avec les caractères [à la fin]. Fée protectrice, marraine compatissante, elle permet d’introduire l’action au début, évoquant comme une déité descendue des cintres, la violence des tempêtes…; soulignant la fragilité attachante de ses 3 « enfants » protégés, naufragés dans la vie, en quête de leur destin, protagonistes de l’action à venir [Zaide, Gomatz, Allazim…].

Pour enrober les fragments mozartiens et aussi restituer une continuité dans l’action, donc délivrer une fin, le compositeur Robin Melchior a été sollicité pour écrire une ouverture, un intermède pour introduire la seconde partie ; surtout offrir la conclusion aussi brillante et solaire, allégée et lumineuse comme le finale d’une comédie musicale. La mise en cohérence fonctionne et avec cette fin vraisemblable, les personnages conçus par Mozart renforcent indiscutablement leur profondeur autant musicale que psychologique. Réussite totale.

Le dernier tableau – finale composé par Robin Melchior © Cédric – studio Delestrade / Opéra Grand Avignon
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CRITIQUE opéra, OPÉRA GRAND AVIGNON, le 27 avril 2025. ZAIDE [Mozart, Robin Melchior] Mark van Arsdale, Aurélie Jarjaye, Andres Cascante, Kaëlig Boché… Orchestre National Avignon Provence, Nicolas Simon (direction) / Louise Vignaud (mise en scène). Photos : © Cédric Studio Delestrade / Opéra Grand Avignon 2025

 

 

 

Les artistes aux saluts © classiquenews 2025

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CRITIQUE, gala lyrique. TOURS, Grand-Théâtre, le 27 avril 2025. VERDI : Ouvertures, Arias et Duos. Solistes de l’Académie du Teatro alla Scala de Milan, Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire-Tours, Clelia Cafiero (direction)

L’Opéra de Tours a vibré aux accents verdiens sous la baguette inspirée de la jeune et brillante cheffe italienne Clelia Cafiero, qui dirigeait avec panache l’Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours. Portés par les voix prometteuses des jeunes talents de l’Académie de La Scala de Milan, le public tourangeau a vécu une soirée où le génie de Verdi a resplendi dans toute sa magnificence.

 

Peut-on prétendre connaître véritablement Verdi sans avoir goûté à l’interprétation de ceux que le temple milanais a formés ? Ce soir-là, le public du Grand-Théâtre de Tours a eu le privilège d’une révélation : une plongée dans les méandres moins fréquentés de l’œuvre du maître, avec des extraits de Luisa MillerIl Corsaro ou encore Attila. Une audace artistique qui a permis à ces chanteurs en devenir de s’approprier ces partitions avec une fraîcheur désarmante. Mais rassurez-vous, les incontournables étaient aussi de la fête : La Forza del DestinoNabuccoUn Ballo in maschera… avant que ne retentisse, dans un bis enivrant accompagné par les vivats de l’audience, le célèbre « Libiamo ne’ lieti calici » extrait de La Traviata, entonné par l’ensemble des voix avec une allégresse communicative.

Clelia Cafiero, Cheffe principale invitée de la maison tourangelle et souveraine dans ce répertoire lyrique italien, a conduit l’orchestre avec une rigueur élégante, sans jamais céder à l’emphase. Pourtant, sous sa direction, l’ouverture d’Attila a pris des allures de tempête passionnée. Les cordes, d’une souplesse envoûtante, ont dialogué avec les vents, dont les solos se sont distingués par leur expressivité. La harpe, quant à elle, a tissé des arabesques sonores d’une délicatesse exquise.

Côté voix, le baryton sud-coréen Wonjun Jo a ouvert le bal avec le fameux air « Eri tu » (Un Ballo in maschera) avec une aisance remarquable, déployant une voix au velours cuivré, portée par un legato d’une fluidité exemplaire. D’une sobriété théâtrale touchante, il a campé un chant d’une noblesse toute verdienne. La soprano basque María Martín Campos a séduit par un timbre diaphane et nuancé et des aigus d’une tenue irréprochable, qui ont illuminé l’aria de Nannetta (Falstaff) avec une poésie envoûtante. Dans un registre plus dramatique, Laura Lolita Perešivana a révélé une intensité bouleversante. Son médium, d’une richesse soyeuse, s’est épanoui en une gestuelle empreinte d’une émotion profonde. Son interprétation de l’air « Pace, pace mio Dio » (La Forza del destino), couronné par un aigu à la puissance déchirante, a soulevé l’ovation de la salle. Le ténor chinois Haiyang Guo a impressionné par sa maîtrise du spinto, déployant des aigus éclatants tout en sachant moduler son émission avec une finesse rare, d’abord dans « Quando le sere al placido » (Luisa Miller) puis « La Vita é inferno » (La Forzadel destino). Si sa technique force l’admiration, on aurait cependant souhaité plus de nuances expressives. Enfin, la basse chinoise Huanhong Li est la grande triomphatrice de la soirée à l’applaudimètre, aussi imposante par sa stature que par sa voix, et a fait trembler les murs dans les nuances forte tout en déployant des piani d’une rondeur exemplaire. Son interprétation de « Mentre gonfiarsi l’anima » (Attila), tour à tour hallucinée et vengeuse, puis son « O, tu Palermo » extrait des Vêpres siciliennes a emporté une adhésion aussi unanime qu’enthousiaste !

Comme à l’accoutumée, le concert a débuté par un rappel poignant du syndicat des artistes sur la précarité de l’orchestre, présenté comme le plus modestement doté de France. Pourtant, les musiciens, loin de se laisser abattre, ont choisi de transcender ces difficultés, offrant une performance rayonnante. Et la salle, comble, leur a rendu hommage par des applaudissements nourris. Ainsi, cette soirée ne fut pas seulement un concert, mais une célébration – de Verdi, du chant lyrique, et de la persévérance artistique contre vents et marées !

 

 

 

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CRITIQUE, gala lyrique. TOURS, Grand-Théâtre, le 27 avril 2025. VERDI : Ouvertures, Arias et Duos. Solistes de l’Académie du Teatro alla Scala de Milan, Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire-Tours, Clelia Cafiero (direction). Crédit photographique (c) Emmanuel Andrieu

 

 

CRITIQUE, concert. LYON, Auditorium Maurice Ravel, le 26 avril 2025. MENDELSSOHN / BRUCKNER. Orchestre national de Lyon, Julia Fischer (violon), Nikolai Szeps-Znaider (direction)

Après un programme Brahms / Chostakovitch en début du mois, l’Auditorium de Lyon a vibré cette fois entièrement sous les auspices du romantisme allemand, porté par l’excellence de l’Orchestre national de Lyon et la direction toujours aussi inspirée de leur directeur musical, le chef danois Nikolaj Szeps-Znaider. Associée à la virtuosité étincelante de la violoniste allemande Julia Fischer, cette soirée musicale a offert une interprétation mémorable de deux monuments du répertoire : le Concerto pour violon de Felix Mendelssohn et la Symphonie n°7 d’Anton Bruckner.

Dès les premières mesures du Concerto pour violon en mi mineur, op. 64 de Mendelssohn, Julia Fischer a captivé l’auditoire par son jeu à la fois puissant et délicat. Son violon (un Guadagnini de 1742) a chanté avec une clarté cristalline, épousant parfaitement la fluidité mélodique de l’œuvre. L’Allegro molto appassionato s’est déployé avec une énergie juvénile, où sa technique impeccable – doubles cordes, arpèges précis – servait une expressivité sans affectation. L’Andante a révélé une autre facette de son art : un cantabile d’une profondeur émouvante, soutenu par des interventions subtiles des bois de l’orchestre. Puis, le Finale (Allegretto non troppo – Allegro molto vivace) a emporté l’adhésion par son brio rythmique, Fischer dialoguant avec une verve joyeuse aux pupitres des cordes. A la tête de la phalange rhône-alpine, Szeps-Znaider, violoniste émérite lui-même, a dirigé avec une complicité rare, équilibrant l’orchestre en un écrin transparent pour la soliste. Les timbres chaleureux des violoncelles et la précision des pizzicati ont souligné la cohésion d’ensemble. Particulièrement acclamée, la violoniste a offert deux bis, annoncés en français : la Gavotte de la 3ème Partita de Bach, puis le diabolique 13ème Caprice de Paganaini.

Après l’entracte, la Symphonie n°7 en mi majeur de Bruckner a confirmé la maîtrise architecturale de Nikolai Szeps-Znaider. Dès l’Allegro moderato, il a sculpté les vastes arcs mélodiques avec une patience visionnaire, laissant les cuivres (notamment les quatre tubas wagnériens) rayonner sans jamais écraser les textures. L’Adagio, souvent associé à un hommage à Wagner (dont Bruckner apprit la mort pendant sa composition), fut un moment de gravité transcendante. Les longues phrases des cordes, portées par un vibrato subtil, culminaient dans un crescendo de cors et de tubas d’une intensité presque cosmique. L’émotion était palpable dans la salle, jusqu’au silence suspendu après les derniers accords. Le Scherzo, énergique et dansant, a contrasté par sa vitalité terrienne, avant que le Finale ne ramène une lumière triomphale. Szeps-Znaider a su éviter la lourdeur parfois associée à Bruckner, privilégiant des tempos fluides et une transparence des pupitres (mention spéciale aux harpes et aux bois).

Au final, standing ovation pour l’orchestre lyonnais et son chef, salués par un public lyonnais conquis. Une soirée où la musique, tour à tour intime et monumentale, a une fois de plus prouvé son pouvoir de transcendance.

 

 

 

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CRITIQUE, concert. LYON, Auditorium Maurice Ravel, le 26 avril. MENDELSSOHN / BRUCKNER. Orchestre national de Lyon, Julia Fischer (violon), Nikolai Szeps-Znaider (direction). Crédit photographique (c) Emmanuel Andrieu

 

CRITIQUE, danse. MONACO, Grimaldi Forum, le 23 avril 2025. BALANCHINE / RAMANTSKY / GOECKE. Les Ballets de Monte-Carlo, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Jesko Sirven (direction)

Sous la direction de Jean-Christophe Maillot, les Ballets de Monte-Carlo continuent de confirmer leur excellence en naviguant avec aisance entre classique et contemporain. Ce nouveau programme audacieux rend hommage à trois univers chorégraphiques radicalement différents : la rigueur géométrique de George Balanchine, l’émotion déchirante d’Alexei Ratmansky et l’expressionnisme tourmenté de Marco Goecke.

 

Balanchine revisité : Les Quatre Tempéraments

La soirée s’ouvre avec Les Quatre Tempéraments, ballet mythique de George Balanchine (1946), remonté par Patricia Neary, légendaire gardienne de son héritage. Sur une austère partition de Paul Hindemith, les danseurs explorent avec une précision métronomique les nuances du caractère humain – mélancolie, fougue, flegme et colère. Le style, bien que classique dans sa structure, se teinte de modernité par des déhanchements subtils et des bustes cambrés, rompant avec les canons académiques. Les collants sobres, en rupture avec les costumes originaux, mettent en valeur la pureté du mouvement, révélant la virtuosité de la troupe monégasque.

Ratmansky et l’hommage à l’Ukraine

Alexei Ratmansky, artiste ukrainien profondément marqué par la guerre, livre avec Wartime Elegy une œuvre poignante. Alternant néoclassicisme et folklore, le ballet célèbre la résistance culturelle face à la barbarie. Des projections d’œuvres d’artistes ukrainiens habillent la scène, tandis que les danseurs, couronnés de fleurs, mêlent grâce et énergie. La musique de Valentin Silvestrov, passée de l’avant-garde à une douceur mélodique, porte cette évocation vibrante, magnifiquement servie par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Jesko Sirven.

Goecke : la nuit électrisée

En contraste, La Nuit transfigurée de Marco Goecke plonge dans un univers sombre et frénétique. Sur la musique tourmentée d’Arnold Schoenberg, les corps se tordent, s’agitent dans une chorégraphie nerveuse, presque robotique. Si la lune, apparue en fond de scène, suggère une lueur d’espoir, la pièce reste marquée par une répétitivité angoissante. Malgré l’engagement physique impressionnant des danseurs, l’œuvre peine à égaler la profondeur de la partition, laissant le spectateur dans une semi-obscurité tant visuelle que narrative.

Ce triptyque démontre l’éclectisme et la maîtrise technique des Ballets de Monte-Carlo, capables d’incarner aussi bien la froideur mathématique de Balanchine que l’émotion brute de Ratmansky ou les convulsions de Goecke. Un programme ambitieux, porté par des musiciens exceptionnels, confirmant Monaco comme un laboratoire vivant de la danse contemporaine, qui a offert à son public un spectacle où la rigueur, la poésie et la folie chorégraphiques se sont répondues avec brio !

 

 

 

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CRITIQUE, danse. MONACO, Grimaldi Forum, le 23 avril 2025. BALACHINE / RAMANTSKY / GOECKE. Les Ballets de Monte-Carlo, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Jesko Sirven (direction). Crédit photographique © Alice Blangero

 

CRITIQUE CD événement. SYMPHONIES OUBLIÉES : Robert SCHUMANN (« Zwickauer »), BRUCKNER (« Nullte », « zéro » WAB 100). Le Concert des Nations, Jordi Savall (1 cd ALIA VOX)

En révélant la Symphonie « Zwickauer » de 1833, Jordi Savall souligne la grande furià dont fut capable Schumann, immédiatement, dans le métier symphonique alors qu’il n’avait que 22 ans… La direction du chef catalan imprime une force souterraine, fait jaillir cette vitalité impérieuse qui enfle et rugit, emporte et triomphe. Ce dès la motricité solaire et triomphale du premier des deux mouvements parvenus, noté « Allegro molto »… et à quelques mesures avant la fin, superbement fouettée dans un tutti des plus nets et des plus élégants.

 

Jordi Savall veille à la transparence et à l’équilibre de la texture sonore, en particulier le chant irrépressible des cordes ondulantes, surtout les cuivres et aussi les timbales particulièrement sollicitées dans l’affirmation de cette autodétermination passionnelle qui caractérise la grande forge orchestrale ciselée par Robert Schumann. Cette exaspération du matériau orchestral, l’affirmation d’une activité maîtrisée, rationnelle, volontaire sont d’ailleurs d’autant plus troublantes de la part d’un compositeur dont la fin rapide est marquée par la destruction psychique et la folie. Le second mouvement « Andantino quasi allegretto, Intermezzo quasi scherzo : allegro assai » relève de cette puissance créatrice schumanienne qui fusionne toutes les énergies et les registres dans un flux canalisé avec fureur et flexibilité. La radicalité de l’écriture est servie par une sensibilité admirable, d’une subtilité et d’un souci de clarté indiscutables.

Même soin de la caractérisation instrumentale (bois, cuivres, cordes), dès le premier mouvement du Bruckner (Symphonie « zéro », en ré mineur – WAB 100) dont le chef réussit la texture mystérieuse des cordes après le souffle grandiose des cuivres… rien ne manque non plus aux épidodes d’une quiétude intime et pastorale… jusqu’à l’exultation collective et impérieuse de la fin du premier mouvement « Allegro », passionnant portique aux dimensions spectaculaires et ici le plus long comme le plus développé.
L’Andante berce par sa douceur sereine ; une séquence plus contemplative dont Jordi Savall sait creuser l’ampleur et le chant souterrain, secret.
L’apport le plus important de cette lecture très finement ciselée, est la clarté et la finesse du cadre polyphonique et du contrepoint ; Savall apporte une fluidité et une transparence très rares chez ses confrères et qui rétablit une donnée absente en général chez Bruckner, la subtilité, propice pour sa part à la quête et à l’expression de l’intime ; une ferveur nouvelle, une délicatesse qui s’invitent dans l’Andante (entre autres) et fondent essentiellement la pertinence de l’approche.
Le Scherzo regorge de vitalité dansante (à la façon d’un menuet), de fureur active, voire aussi de panache parodique : un équilibre riche et superlatif là encore.
Enfin le Finale affirme dans la sonorité très aboutie des cordes une hauteur de vue qui colore toute sa trajectoire d’une profondeur noble irrésistible. La clarté articulée défendue permet au chef d’exprimer dans vertiges et aussi netteté, les dimensions architecturales de cette nouvelle arche conclusive.
La partition composée en 1869, créée en 1924 est plus qu’un premier essai inabouti ; c’est a contrario, un écrin à ré estimer qui contient déjà l’hypersensibilité et la puissance du Bruckner à venir.

L’enregistrement réalisé ici à Namur en sept 2024 éblouit par sa verve et sa poésie, l’étourdissante intelligence qui inspire la direction à la fois poétique et puissante d’un orchestre aussi détaillé qu’électrisé. Ce premier Bruckner de Jordi Savall en appelle d’autres : à quand sa prochaine intégrale des symphonies ? Après tout, d’autres chefs habitués des approches historiquement informées se sont frottés au répertoire romantique. Mais Savall, déjà remarqué pour ses Schubert et ses Beethoven, surclasse tout ce que nous avons écouté jusque là chez Bruckner. A suivre de près.

 

 

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CRITIQUE CD événement. Robert SCHUMANN / Anton BRUCKNER : Symphonies inachevées – Le Concert des Nations / Jordi Savall, direction – enregistré à Namur, sept 2024 – CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025
Plus d’infos sur le site de l’éditeur ALIA VOX / SCHUMANN – BRUCKNER : « Symphonies oubliées »… Jordi Savall, Le Concert des Nations : https://www.alia-vox.com/en/producte/schumann-brucknersymphonies-oubliees/

 

 

 

 

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CRITIQUE, danse. PARIS, théâtre du Gymnase, le 25 avril 2025. Ballet D’Jèrri / Ballet national de Jersey / Carolyn Rose Ramsay : « Whiteout » de Marco Goecke / « Deliberate mistake » d’ Asier Edeso Eguia

Pour son escale à Paris (au Théâtre du Gymnase), le très récent Ballet D’Jèrri / Ballet national de Jersey, fondé en 2022, ose un programme particulièrement difficile mais très emblématique de l’esprit de la troupe qui sous l’impulsion artistique de sa fondatrice Carolyn Rose Ramsay, cultive les défis et l’expérimentation.

 

C’est évidemment l’enjeu de la première pièce « Whiteout » pour 8 danseurs de l’inclassable et  virtuose Marco Goecke : la très haute technicité requise qui oblige chaque soliste à réviser les codes et les règles classiques et naturelles du corps en mouvement, produit une exultation gestuelle permanente qui s’appuie surtout sur un travail spécifique des jambes et des bras, sur l’expressivité de tous les membres, – saccadés, répétés, précipités-, le tout de façon désynchronisé entre le haut et le bas ; du fait des innombrables défis d’un langage gestique qui entrave continuellement le corps, en particulier en écartant toute extension libre, fluide, l’écriture de Goecke dans cette pièce créée en 2008 pour les Ballets de Monte Carlo (dont a fait partie la directrice artistique et fondatrice du Ballet d’Jèrri, Carolyn Rose Ramsay – lire notre ENTRETIEN spécifique ici) offre un standard très élevé qui par la maîtrise indéniable des danseurs ce soir, les intègre à un très haut niveau technique ; de fait, dans la cour des grands.

Whiteout confirme ce que nous avions découvert avec Dogs sleep presenté à l’Opéra de Paris en 2019.
La gestuelle saccadée, à la fois animale et mécanique de Goecke produit tout un univers nocturne et fantomatique, surnaturel et cauchemardesque qui certes semble rejeter toute sensualité et abandon apaisé du corps, mais en réalité appelle à ce qui lui est justement refusé : un hédonisme dans des figures et des poses accomplies, souples et esthétiques. À torts critiqué pour un art soit disant rêche et désensualisé, la danse quasi chamanique de Goecke outre sa gageure technique pour chaque interprète, est l’une des plus fascinantes qui soit.

Après ce tour de force physique et technique, la soirée marque une pause régénératrice pour que les danseurs appelés à danser la suite se préparent. « Deliberate mistake » est une commande du Ballet D’jèrri à son chorégraphe en résidence Asier Edeso Eguia ; il profite aussi de la musique croissante et hypnotique d’Ilia Osokin.

 

Le sujet bien identifié, s’inscrit dans l’histoire et les cultures mêmes de Jersey, patrie de la Compagnie ; il fait référence à la pratique courante au XVIIIe siècle, consistant à introduire volontairement une irrégularité dans un motif tricoté, permettant ainsi d’identifier les corps déformés des pêcheurs noyés, rejetés par la mer. Le ballet joue astucieusement sur les symboliques mêlées : fils du destin, fils épais de laine rouge qui par un truchement très habile construit en temps réel et par la chorégraphie des gestes collectifs, un tissage propre, ensuite intégré dans le ballet lui-même. Le chorégraphe réalise une écriture narrative très séduisante et explicite, soulignant dans de nombreuses séquences lyriques, ce en quoi le sujet est métaphorique de la destinée humaine ; et dans le souffle d’un ballet qui s’avère de plus en plus onirique, en quoi le collectif et les interactions entre danseurs explicitent aussi notre rapport à la mort, à la perte, au deuil ; et à travers les fils ainsi tissés, reliés, ce qui nous unit à l’autre. Ce soir l’agent du destin qui est aussi la fileuse toute de rouge vêtue, a fière allure, d’une élégance prenante, cependant que les autres danseurs accomplissent comme un rituel à la fois funéraire et cathartique : la veuve du marin, éplorée, virevoltante ; le groupe proprement dit qui compose la communauté atteinte, à la fois fière, digne, endeuillée.

Les deux volets composent ainsi un diptyque très complet, révélant le fort tempérament d’une troupe marquée par sa cohésion et sa technicité que l’on aimera suivre désormais.

 

 

 

 

 

VIDÉO : Deliberate Mistake – Ballet D’Jèrri

 

 

 

 

 

entretien

 

ENTRETIEN avec Carolyn Rose Ramsay, directrice artistique du Ballet D’Jèrri, Ballet national de Jersey, à propos de la création française du ballet « Deliberate Mistake », les 25 et 26 avril 2025

 

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CRITIQUE, opéra filmé. France Télévision, le 22 avril 2025. PUCCINI : “La Bohème 2050”. S. Guèze, V. Santoni, Y. Dubruque, C. Trottmann… Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles, Victor Jacob (direction)

Porté par le ténor écologiste Sébastien Guèze, #BIOpéra est une initiative visant à repenser l’opéra dans une optique de sobriété énergétique. Son premier projet, La Bohème 2050, adapte l’œuvre de Giacomo Puccini en un film-opéra de 1h10, diffusé par France Télévisions le 22 avril (Journée mondiale de la Terre). Transposée dans un futur marqué par le réchauffement climatique, l’histoire revisite la vie de bohème : les protagonistes survivent dans les sous-sols du Château de Versailles, loin des privilégiés qui profitent des jardins. Mimì, désormais une intelligence artificielle conçue pour lutter contre les dérèglements climatiques, incarne une tragédie moderne en se sacrifiant par déconnexion volontaire. 

 

Dans sa première mise en scène, le ténor Sébastien Guèze transcende la simple adaptation de « La Bohème » de Puccini pour en faire le creuset d’un imaginaire résolument contemporain. Son ambition dépasse l’hommage ou l’actualisation : elle réinvente l’œuvre comme miroir de notre époque et de ses défis les plus pressants. Sous sa direction, Paris n’est plus la ville glaciale où les bohémiens grelottent dans leurs mansardes, mais une métropole suffocante, écrasée par une canicule implacable. Ce renversement climatique, d’une évidence saisissante, métamorphose la lecture de l’œuvre : les protagonistes affrontent désormais la chaleur oppressante, la précarité énergétique et les conséquences d’un monde déréglé. La misère moderne y trouve une expression aussi poétique que lucide.

L’introduction d’une intelligence artificielle bienveillante, veillant sur une humanité carbonée en péril, enrichit le récit d’une dimension philosophique inattendue. Cette présence numérique tisse un dialogue subtil entre avancée technologique et vulnérabilité humaine, où l’utopie et la conscience des limites s’entrelacent avec délicatesse. Fidèle aux principes développés dans son essai BIOpéra, Guèze inscrit l’écologie au cœur même du processus créatif. Le projet ne se contente pas d’évoquer la crise climatique : il l’affronte concrètement par un spectacle exemplaire, réduisant son empreinte carbone de 80% et devançant de 25 ans les objectifs de l’Accord de Paris. Cette démarche prouve avec éclat que l’exigence artistique peut s’allier à la responsabilité environnementale sans compromis. (Lien vers le Rapport d’expérimentation : Décarboner l’Opéra et 10 recommandations aux tutelles).

Le cadre majestueux du Château de Versailles et de l’Opéra Royal offre un écrin où l’histoire dialogue avec l’avenir, où la splendeur du patrimoine se fait le témoin d’une vision futuriste. Grâce au partenariat entre La Belle Télé et France Télévisions, cette création pionnière touchera un large public, se voulant ouvrir la voie d’une découverte de l’art lyrique en salle. Les prouesses techniques – captation des voix en direct, décors réels, méthodes novatrices – servent une vision plus vaste : celle d’une culture porteuse de la transition écologique, sans jamais sacrifier l’émotion, la beauté ni la puissance évocatrice qui font l’essence de l’opéra. « La Bohème 2050 » dépasse ainsi le statut de simple spectacle pour devenir manifeste et invitation : celle de ré-imaginer nos récits fondateurs pour faire naître, au cœur de nos inquiétudes contemporaines, de nouveaux espaces de rêve, de partage et d’espérance.

 

 

Si Sébastien Guèze porte la direction artistique, il s’entoure d’une équipe de complices talentueux – Anthony Pinelli à la réalisation, Vincent Wieler à la photographie, Christine Hassid à la chorégraphie et de jeunes auteurs pour les textes – formant un ensemble créatif dont le magnétisme transparaît dans chaque image. Mais le ténor ne se contente pas de diriger : il retrouve sa place d’interprète aux côtés de solistes d’exception croisés au fil de sa carrière, et sur qui il a visiblement flashé tant l’alchimie est présente entre tous. 

L’interprétation vocale de cette production est portée par des artistes dont la maîtrise technique et l’engagement émotionnel transcendent la partition. Sébastien Guèze, dans le rôle de Rodolfo, déploie un ténor à la fois puissant et nuancé, dont la voix chaleureuse et vibrante emplit l’espace avec une présence captivante. Son phrasé, bien que parfois marqué par une intensité dramatique légèrement rigide, traduit une profonde compréhension du personnage, notamment dans les moments de tendresse où sa voix se fait plus souple, presque murmurée. Les duos avec Mimì sont empreints d’une émotion palpable, où chaque note semble chargée de passion et de mélancolie.

La soprano corse Vannina Santoni, en Mimì, incarne avec grâce la fragilité et la pureté du personnage. Son timbre cristallin, velouté et d’une rondeur envoûtante, se déploie avec une aisance remarquable, particulièrement dans les aigus, d’une clarté et d’une justesse impeccables. Son « Donde lieta uscì » est un moment de pure magie, où chaque mot, chaque respiration, semble sculpté dans l’émotion. Son jeu scénique, subtil et poignant, renforce la dimension tragique de cette Mimì futuriste, dont la destinée résonne avec une modernité bouleversante. Catherine Trottmann, en Musetta, apporte une énergie électrisante à la production. Sa voix, à la fois agile, puissante et riche en couleurs, illumine la scène, notamment dans « Quando m’en vo’ », où elle allie virtuosité vocale et présence théâtrale magnétique. Son interprétation révèle une profondeur insoupçonnée du personnage, oscillant entre coquetterie et vulnérabilité, offrant un contrepoint fascinant à la douceur de Mimì. Yoann Dubruque, en Marcello, impose une voix de baryton d’une rondeur et d’une projection remarquables, parfaitement adaptée aux emportements passionnés du personnage. Son timbre clair et pénétrant, allié à une expressivité constante, en fait un pivot dramatique incontournable. Les échanges avec Rodolfo, tantôt conflictuels, tantôt complices, bénéficient d’une chimie vocale évidente, renforçant l’impact des scènes d’ensemble. Satisfecit total également pour le Colline de l’excellente basse de Jean-Vincent Blot, et le Schaunard du très prometteur baryton guadeloupéen Joé Bertili

Sous la direction inspirée de Victor Jacob, l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles livre une performance d’une richesse et d’une finesse exemplaires. Puccini exige une orchestration à la fois luxuriante et délicate, et les musiciens répondent avec une maîtrise absolue des nuances, des éclats les plus flamboyants aux pianissimi les plus intimes. Les cordes, d’une souplesse et d’une chaleur enveloppante, tissent une toile sonore qui soutient les voix sans jamais les couvrir, tandis que les bois apportent des couleurs tour à tour nostalgiques et espiègles, particulièrement dans les passages évoquant la légèreté perdue des « bohémiens ». Les cuivres, puissants mais jamais écrasants, soulignent les moments de tension dramatique avec une précision impeccable. L’un des grands moments orchestraux réside dans l’accompagnement de la mort de Mimì, où l’orchestre déploie une palette émotionnelle déchirante, passant des murmures les plus ténus à des crescendi d’une intensité poignante.

Vivement un autre projet porté par le multi-talentueux « ténor-écologiste » Sébastien Guèze !

 

 

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CRITIQUE, opéra filmé. France Télévision, le 22 avril 2025. PUCCINI : “La Bohème 2050”. S. Guèze, V. Santoni, Y. Dubruque, C. Trottmann… Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles, Victor Jacob (direction). A voir ou revoir grâce à la diffusion en ligne sur la plateforme France.tv (jusqu’au 21 octobre 2025). Crédit photographique © La belle télé

 

VIDEO : Teaser de « La Bohème 2050 » par Sébastien Guèze

 

ENTRETIEN avec Carolyn Rose Ramsay, directrice artistique du Ballet D’Jèrri, Ballet national de Jersey, à propos de la création française du ballet « Deliberate Mistake », les 25 et 26 avril 2025

ENTRETIEN avec Carolyn Rose Ramsay, directrice artistique du Ballet D’Jèrri, Ballet national de Jersey. Originaire de Vancouver, ayant de briller au sein de nombreuses compagnies de danse dont le Ballet Nacional de Cuba, le Miami City Ballet, Les Ballets de Monte Carlo, ou le Norwegian National Ballet…, Caroyn Rose Ramsay présente les singularités de la Compagnie qu’elle a fondée en 2022 et dont elle assure depuis lors, la direction artistique : le ballet national de Jersey, le « D’Jèrri Ballet ». C’est aujourd’hui l’un des ballets récemment constitués parmi les plus audacieux, personnels, originaux… Pour deux soirs exceptionnels, les 25 et 26 avril 2025, la compagnie présente en première française, deux ballets particulièrement emblématiques de son travail esthétique : le très technique « Whiteout » de Maco Goecke, et surtout « Deliberate mistake » de Asier Edeso Eguia et Yulia Makeyeva… composition spécialement écrit pour la Compagnie en référence à l’histoire des marins de Jersey. Présentation, explications, enjeux
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Photo – portrait de Carolyn Rose Ramsay DR

 

 

CLASSIQUENEWS : Qu’est-ce qui rend unique l’esprit et le travail de votre Compagnie de danse « D’Jèrri » ?

Carolyn Rose Ramsay : Nous sommes une compagnie née d’un endroit qui n’est généralement pas associé à la danse, et nous avons donc dû improviser, construire et inventer à partir de zéro. Cela nous donne la liberté : la liberté de remettre en question les normes, de prendre des risques, d’élaborer une nouvelle façon de travailler. Nous sommes profondément enracinés à Jersey, avec sa langue unique, sa culture, son paysage ; sa fierté insulaire, mais nous sommes aussi ouverts sur l’extérieur. Nous voulons faire notre place dans le monde. Nous essayons de garder notre travail curieux, brut, émotionnellement intelligent et sans crainte des erreurs ou des questions difficiles. Ce mélange d’âme locale et d’ambition mondiale est ce qui distingue le Ballet d’Jèrri.

 

 

CLASSIQUENEWS : Vous présentez deux pièces à Paris : pourquoi celles-ci en particulier ? Quels sont les enjeux pour les danseurs de la compagnie ?

Carolyn Rose Ramsay : Nous avons choisi ces deux œuvres parce qu’elles reflètent qui nous sommes en ce moment. « Whiteout » de Marco Goecke est un classique moderne qui parle de nos progrès et de nos aspirations. C’est une pièce bien connue qui a été exécutée par certaines des plus grandes compagnies du monde, et devoir la maîtriser nous permet d’intégrer une nouvelle norme. Nous savions que si nous entrions dans le monde de Goecke, cela signifierait que nous serions comparés à certains des meilleurs danseurs du monde — et je suis fier de dire que nos danseurs ont relevé ce défi.

« Deliberate Mistake » a été créé spécialement pour nous par notre chorégraphe résident Asier Edeso. Il a une voix fraîche et distinctive ; elle raconte une histoire enracinée dans notre maison. Alors que les détails sont ouverts à l’interprétation, au fond c’est une histoire très simple, très emblématique de Jersey : une femme se souvient d’un pêcheur perdu en mer, dont le corps a été identifié par un pull qu’elle avait tricoté, marqué par une erreur délibérée. C’est incroyablement spécifique, mais le voyage émotionnel semble universel : l’amour, la perte, la mémoire, le temps et comment l’expérience peut être à la fois un fardeau à porter et une bénédiction à transmettre.

 

 

CLASSIQUENEWS : « Erreur délibérée » fait partie de l’histoire des marins à Jersey… Comment le ballet traduit-il cette ancrage et comment évoque-t-il la figure et l’histoire des marins ? En quoi ce ballet spécifique est-il emblématique de votre compagnie ?

Carolyn Rose Ramsay : En effet « Deliberate Mistake » tire son nom de la tradition des tricoteuses qui incluaient intentionnellement une petite faille dans un pull de pêcheur. Il rendait chaque vêtement unique, de sorte que si un marin était perdu en mer et jeté à terre, son cadavre pouvait être identifié par le motif sur leur chandail — une tradition macabre mais pratique.
Le ballet traduit l’histoire du tricot de notre île en mouvement et comme sa métaphore. Il parle de la fragilité de la vie, de la persistance de la mémoire, du lien entre les communautés. Il est emblématique de notre troupe parce qu’il s’agit d’une lettre d’amour à notre foyer à tous — et parce qu’il trouve la beauté dans ce qui est inachevé, imparfait … parce que c’est une petite partie de quelque chose de plus grand que lui.

 

 

CLASSIQUENEWS : Quelle est votre vision de la danse contemporaine en général ? Qu’est-ce que cela dit dans notre monde chaotique ? C’est un miroir, une réponse ?

Carolyn Rose Ramsay : Pour être honnête, je pense que nous allons au-delà d’un point où nous pouvons même dire « danse contemporaine ». Quand la moitié des pièces « contemporaines » que nous voyons aujourd’hui ont vingt ou trente ans, il est peut-être temps d’admettre que le mouvement évolue comme la mode, comme le langage. Il ne s’agit pas de l’ancien ou du nouveau, mais bien d’outils techniques que nous choisissons pour nous exprimer et de la façon dont nous les utilisons avec compétence et honnêteté. Nous devons reconnaître d’où nous venons, mais ensuite nous devons regarder vers où nous voulons aller.
Ce que j’aime à propos de la danse, c’est qu’elle nous invite à nous asseoir avec ce que nous ne pouvons pas expliquer par des mots. Elle ne prétend pas avoir des réponses. Elle crée de l’espace pour les émotions, l’intuition, la sensation. Dans une culture obsédée par la clarté et le contrôle, la danse ose cultiver des choses non dites, ce qui en soi peut sembler assez radical. Nous sommes tellement mal à l’aise de ne pas savoir.

Chaque fois que nous bougeons, nous racontons une histoire : la façon dont nous marchons, la manière dont nous entrons dans une pièce, la façon dont nous nous asseyons ou faisons un geste lorsque nous parlons. Le mouvement est le langage le plus honnête que nous ayons. Il dit qui nous sommes, non pas par des faits, mais par des sentiments. Généralement je ne pense pas que la danse tente de répondre au chaos, elle nous rappelle simplement que nous sommes humains et nous aide à survivre un jour de plus.

 

Propos recueillis en avril 2025

 

 

 

 

VISITEZ le site de la Compagnie de danse D’Jèrri, Ballet national de Jersey
https://www.ballet.je/

LIRE aussi notre présentation des 2 soirées parisiennes où le D’Jèrri National Ballet réalise deux spectacles « Whiteout » de Maco Goecke, et « Deliberate mistake » de Asier Edeso Eguia et Yulia Makeyeva / musique de Ilia Osokin, au Théâtre du Gymnase les 25 et 26 avril 2025 – création frrançaise :
https://www.classiquenews.com/paris-theatre-du-gymnase-ballet-djerri-de-jersey-ven-25-sam-26-avril-2025-whiteout-de-marco-goecke-deliberate-mistake-dasier-e/

 

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OPÉRA NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE – saison 2025 – 2026. Temps forts, nouvelles productions : Thaïs, Theodora, Armide, Les Boréades, Salomé, Don Giovanni, La Passagère de Weinberg…

Le Capitole séduit de plus en plus de spectateurs : chaque nouvelle saison permet de le constater. A l’appui de chiffres des plus encourageants, comme une formidable machine de rêves, un laboratoire d’expérimentations spectaculaires et oniriques, l’Opéra national du Capitole de Toulouse annonce en 2025 et 2026, une nouvelle saison féerique… Fort de son succès, le Capitole annonce clairement la couleur ; il permet « pour chacun d’entre nous de s’échapper du quotidien pour respirer l’air des cimes. Saison après saison, l’Opéra national du Capitole essaie de rendre l’air plus respirable, et même enivrant ! ». Ce n’est pas la programmation à présent accessible (ouverture de la billetterie à l’unité et par abonnements) qui le démentira. Diversité, accessibilité, exigence… tout converge à nouveau pour une programmation particulièrement séduisante.

 

 

Avec pas moins de 10 ouvrages lyriques, le Capitole de Toulouse confirme bien, malgré le contexte géopolitique et les tensions budgétaires de plus en plus contraignantes, une santé exemplaire, affichant une activité sans égale dans l’Hexagone, entre opéra en version de concert, reprises et nouvelles productions. Notons la place enfin « normale » accordée aux ouvrages BAROQUES, période du répertoire souvent boudée par les Théâtres qui lui préfèrent les piliers romantiques et véristes. Toulouse fait là encore figure de modèle, affichant pour la saison prochaine pas moins de 3 productions d’opéras baroques : Theodora, Armide, Les Boréades… Un feu d’artifice prometteur qui inscrit toujours la magie lyrique au centre de la création toulousaine.

D’ailleurs, le nouveau visuel de la saison à venir, l’illustre bien : figure de l’enchantement et de la force poétique de la musique accordée au théâtre, Orphée, le chantre de Thrace, le poète chanteur qui déclame et enchante avec sa lyre magicienne, semble rêver et créer … au contact d’un oiseau inspirant (voir illustration ci contre).

Côté NOUVELLES PRODUCTIONS, saluons l’inventivité et le renouvellement de l’offre lyrique et musicale avec parmi les 4 nouveaux spectacles, les très attendus Don Giovanni par Tarmo Peltokoski (dans la mise en scène d’Agnès Jaoui), la création française de La Passagère de Weinberg, une nouvelle Salomé de Strauss sous la direction de Franck Beermann (et dans la mise en scène – première – du baryton Matthias Goerne)…

La DANSE poursuit son exploration des écritures les plus sensibles avec entre autres points forts de cette saison : l’Hommage à Ravel (Thierry Malandain / Johan Inger), le cycle de 3 créations intitulé « 3 Cygnes » (Nicolas Blanc, Jann Gallois, Iratxe Ansa et Igor Bacovich), le nouveau ballet de Carolyne Carlson (avec la musique de Pierre Le Bourgeois pour les musiciens de l’Orchestre du Capitole – ultime spectacle de danse présenté à partir du 12 juin 2026), et bien sûr, rêveries de fin d’année oblige, l’inusable Casse-Noisette pour décembre 2025 (chorégraphie de Michel Rahn)…

 

 

 

 

Nos coups de coeur / saison 2025 – 2026
Opéra / récitals / Danse
Théâtre National du Capitole de Toulouse

 

 

 

2 oct 2025
HAENDEL : Theodora – Dunford / Desandre, Gens, le 2 oct 2025 :
https://opera.toulouse.fr/theodora-1431556/ – en version de concert

26 sept – 5 oct 2025
MASSENET : Thaïs – Niquet, Poda / Willis-Sørensen, Christoyannis, Borras (du 26 sept au 5 oct 2026) : https://opera.toulouse.fr/thais-7802939/nouvelle production
Avec Rachel Willis-Sørensen et Tassis Christoyannis, dans la mise en scène du magicien Stefano Poda et sous la baguette d’Hervé Niquet

18 – 26 oct 2025
DANSE : Hommage à Ravel (du 18 au 26 octobre 2025) : https://opera.toulouse.fr/hommage-a-ravel/
Maurice Ravel (1875-1937) / Arvo Pärt (1935-) Johan Inger / Thierry Malandain / Cet hommage à Maurice Ravel, né il y a 150 ans, associe deux œuvres exceptionnelles du compositeur : Daphnis et Chloé et le Boléro.

20 – 30 nov 2025
MOZART : Don Giovanni – Peltokoski, Jaoui / Courjal, Deshayes (Du 20 au 30 nov 2025) : https://opera.toulouse.fr/don-giovanni-1598321/Nouvelle production
Le Don Juan de Mozart est un chef-d’œuvre absolu de l’histoire de l’opéra. Pour nous entraîner dans la vertigineuse course à l’abîme du célèbre séducteur, deux débuts de prestige au Théâtre du Capitole : Agnès Jaoui à la mise en scène et Tarmo Peltokoski à la direction ! Une double distribution étincelante pour porter cette nouvelle coproduction exceptionnelle, qui réunit pas moins de cinq maisons d’opéra françaises.

2 déc 2025
Récitals Annick Massis (le 2 déc 2025) : https://opera.toulouse.fr/annick-massis/

 

 

19 – 31 déc 2025
DANSE. Casse-Noisette (du 19 au 31 déc 2025) : https://opera.toulouse.fr/casse-noisette-6194660/
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) / Michel Rahn / Le mythique ballet de Noël, Casse-Noisette, est de retour sur la scène du Capitole dans une chorégraphie de Michel Rahn. Tout commence le soir de Noël dans le salon de la famille Stahlbaum. Grâce au cadeau de son oncle Drosselmeier, un casse-noisette, Clara entreprend un voyage dans des mondes oniriques. Elle rencontre des personnages fantastiques, magiques et inconnus, qui dansent tous dans le monde merveilleux du ballet classique

 

 

 

2026

23 – 29 janvier 2026
WEINBERG : La Passagère – Angelico, Reitmeier / Morel, Hernandez (du 23 au 29 janvier 2026) : https://opera.toulouse.fr/la-passagere-7818117/ – création française, nouvelle production
La rencontre fortuite, lors d’une croisière, d’une survivante d’Auschwitz et d’une ancienne gardienne du camp, va ouvrir un monde de réminiscences où luttent l’oubli et la mémoire. À partir d’un récit autobiographique de la romancière polonaise Zofia Posmysz et à l’instigation de Chostakovitch, le compositeur Mieczysław Weinberg signe un opéra majeur du XXe siècle, empreint d’un lyrisme puissant, entre ironie cruelle et tragique radical. La Passagère est donnée pour la première fois en France. La production d’Innsbruck que nous accueillons a été sacrée « meilleure production d’opéra » par le Prix autrichien du Théâtre musical 2023.

 

20 fév – 1er mars 2026
DONIZETTI : Lucia di Lammermoor – Pérez Sierra, Joël / Pratt, Pati, Lhote (du 20 fév au 1er mars 2026) : https://opera.toulouse.fr/lucia-di-lammermoor-7295517/
Dans l’Écosse du XVIIe siècle, où s’opposent des clans irréconciliables, une jeune femme est victime de sa propre famille : un mariage forcé la conduira au meurtre et à la folie. C’est toute la fièvre du Bel Canto romantique qui embrase ce sombre chef-d’œuvre de Donizetti, sublimé par la production emblématique de Nicolas Joel, Ezio Frigerio et Franca Squarciapino. Une double distribution où alternent un plateau de stars et les plus brillants interprètes de la jeune génération.

 

13 – 19 mars 2026
DANSE. Les 3 cygnes (du 13 au 19 mars 2026) : https://opera.toulouse.fr/trois-cygnes/
Nicolas Blanc, Jann Gallois, Iratxe Ansa et Igor Bacovich / 3 créations
Le point de départ de ces trois créations est le grand ballet du répertoire classique, Le Lac des cygnes. Des chorégraphes de langues et d’horizons différents explorent cette œuvre immortelle, basée à l’origine sur des légendes médiévales allemandes et scandinaves. Nicolas Blanc pour Cantus Cygnus, Iratxe Ansa et Igor Bacovich pour Black Bird et Jann Gallois pour Incantation développeront chacun un aspect ou un thème différent : la transcendance, le cygne et sa relation avec l’être humain, le cygne dans le ballet aujourd’hui, etc. La scénographe et costumière Silke Fischer et l’éclairagiste Johannes Schadl donneront à ces pièces l’harmonie et l’individualité essentielles à trois créations basées sur le ballet légendaire de Tchaïkovski. Trois visions et interprétations de l’éternel et fascinant Lac des cygnes.

 

22 mars 2026
LULLY : ArmideDumestre / D’Oustrac (le 22 mars 2026)
https://opera.toulouse.fr/armide/ – opéra en version de concert
Au temps des croisades, le chevalier chrétien Renaud est retenu captif par la princesse de Damas, la magicienne Armide. C’est par un sortilège qu’il est tombé amoureux d’elle. Le charme rompu, la princesse ne sèmera que destruction autour d’elle. Armide est le dernier opéra de Lully, et le parangon de la tragédie lyrique. Entourée par la fine fleur du chant français et le prestigieux Poème harmonique, la grande Stéphanie d’Oustrac incarne la passion et la fureur de la magicienne avec un art supérieur du style baroque.

 

14 – 26 avril 2026
VERDI : Otello – Montanaro, Joël / Fabiano, Gonzalez (du 14 au 26 avril 2026) : https://opera.toulouse.fr/otello/
Giuseppe Verdi (1813-1901) : Le maure Otello, général vénitien, rentre victorieux auprès de son épouse Desdemona. Mais son capitaine, le funeste Iago, est prêt à tout pour nuire à son maître. Instillant dans le cœur de l’époux le poison de la jalousie, il le poussera à une folie meurtrière. Avant-dernier chef-d’œuvre d’un Verdi septuagénaire qui sut encore emprunter des chemins nouveaux, porté par le génie sauvage de Shakespeare et la plume inspirée de Boito, Otello est une tempête musicale qui emporte tout sur son passage. Dans la mythique production de Nicolas Joel, le ténor star Michael Fabiano dans le rôle-titre et la magnifique Adriana Gonzalez en Desdemona feront des débuts attendus.

 

27 mai 2026
RAMEAU : Les Boréades – Reinoud Van Mechelen / Van Mechelen, Blondeel (mer 27 mai 2026) : https://opera.toulouse.fr/les-boreades-4131547/ – opéra en version de concert
Rameau a dominé la tragédie lyrique du XVIIIe siècle. En signant, à 80 ans, son ultime chef-d’œuvre, jamais créé de son vivant, le génial compositeur nous plonge dans un monde onirique où surgissent ses plus poétiques audaces. Les Boréades évoquent, comme une parabole, l’histoire d’une reine qui, refusant de choisir un époux parmi les deux fils de Borée – déchaînant la colère de ce terrible dieu des vents –, leur préfère un prince inconnu qui se révélera le fils d’un dieu plus puissant encore… Pour sa première exécution toulousaine, ce chef-d’œuvre est confié au ténor belge Reinoud Van Mechelen, grande haute-contre à la française : pour cette version de concert, il interprète le prince inconnu et dirige son ensemble a nocte temporis.

 

 

22 – 31 mai 2026
RICHARD STRAUSS : Salomé – Beermann, Goerne / Henry, Boutillier
(Du 22 au 31 mai 2026) : https://opera.toulouse.fr/salome-5041647/
Nouvelle production
Belle-fille d’Hérode, la sulfureuse Salomé se prend de passion pour un fascinant prisonnier : le prophète Jochanaan (Jean le Baptiste). Un trouble désir la conduira à réclamer sa tête. Inspiré d’Oscar Wilde, ce chef-d’œuvre de subversion tisse génialement Éros et Thanatos, orientalisme et modernité. Le baryton Matthias Goerne signe sa première mise en scène. Autour des débuts, dans le rôle-titre, de Marie-Adeline Henry (inoubliable Jenůfa), une distribution de prestige placée sous la direction de Frank Beermann, éminent straussien. Après Ariane à Naxos, Elektra et La Femme sans ombre, l’Opéra national du Capitole, soutenu par un Orchestre inégalable dans cette musique, continue d’œuvrer en France à la trop rare présence de Strauss au répertoire.

 

4 juin 2026
Récital Franco Fagioli, contre-ténor. Hommage au castrat VELLUTI (jeu 4 juin 2026) : https://opera.toulouse.fr/hommage-au-castrat-velluti-franco-fagioli/
Airs d’opéra de Rossini, Meyerbeer, Mercadante, Morlacchi et Nicolini

 

12 – 17 juin 2026
DANSE. Un saut dans le bleu : du 12 au 17 juin 2026 – Carolyne Carlson, création : https://opera.toulouse.fr/un-saut-dans-le-bleu-carolyn-carlson/
Carolyn Carlson – création – En 1974, Rolf Liebermann invite Carolyn Carlson à l’Opéra de Paris et la nomme Étoile-Chorégraphe. Depuis plus de cinquante ans, cette artiste unique a révolutionné le monde de la danse et surtout l’a enrichi de manière fascinante. Bien que la danseuse et chorégraphe américaine ait déjà confié certaines de ses œuvres au Ballet du Capitole, elle va maintenant créer pour la première fois une pièce majeure pour celui-ci. À sa demande, Pierre Le Bourgeois composera une partition pour les musiciens de l’Orchestre du Capitole. La création exceptionnelle de Carolyn Carlson crée une symbiose entre la danse et la musique, transposant visuellement la partition avec son langage chorégraphique unique, hautement graphique et abstraitement lyrique, mais surtout empreint de spiritualité et d’une poésie infinie.

 

26 juin – 5 juillet 2026
BIZET : Carmen – Hussain, Grinda / Lemieux / Charvet, Hernandez / Hyon (du 26 juin au 5 juillet 2026) : https://opera.toulouse.fr/carmen-4409511/
Georges Bizet (1838-1875) : Carmen est l’opéra le plus populaire au monde, et l’un des plus bouleversants – tragédie incandescente d’une femme qui affronte son destin pour affirmer jusqu’au bout sa liberté. En 2022, Marie-Nicole Lemieux faisait des débuts historiques dans le rôle-titre, malgré le contexte difficile de la crise sanitaire. Pour conjurer cette époque et vous offrir à nouveau, dans les meilleures conditions, la belle production de Jean-Louis Grinda, une reprise rapide s’imposait : elle sera éclatante, avec une double distribution de rêve, sous la baguette de Leo Hussain, idéal dans le répertoire français.

 

 

 

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VISITEZ le site du l’Opéra national du CAPITOLE de TOULOUSE, voir en détail productions, récitals, ballets, concerts à l’affiche de la saison 2025 – 2026 :
https://opera.toulouse.fr/agenda/

ABONNEMENTS LIBRES
Opéra / Ballet / Récitals / Concerts
Abonnement 3+ (-10%) : 3, 4 ou 5 spectacles
Découvrir l’offre et réservez ici : https://billetterie.theatreorchestre.toulouse-metropole.fr/list/seasonTickets

ABONNEMENTS BALLETS
4 ballets de la saison : -20 %
Découvrir l’offre et réservez ici : https://billetterie.theatreorchestre.toulouse-metropole.fr/list/seasonTickets

 

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STREAMING OPÉRA. BARTOK : Le château de Barbe Bleue, vendredi 9 mai 2025, 19h [Opéra Zuid]. Thomas Oliemans, Deirdre Angenent, … Kenza Koutchoukali (mise en scène) / Duncan Ward (direction)

Judith arrive dans la demeure de Barbe-Bleue, dont elle est la quatrième épouse. Malgré la réticence et les supplications de son mari, elle insiste pour faire entrer la lumière dans chaque pièce du château. Une par une, Judith, prête à révéler l’ineffable et le secret, ouvre les portes et découvre derrière chacune, les sombres secrets de celui qu’elle aime…

 

 

 

En composant Le Château de Barbe-Bleue, Bartók rompt avec la tradition et concentre le drame en un acte unique d’une heure à peine. Dans cette partition puissante et troublante, chaque porte ouverte par Judith révèle de nouveaux mondes sonores, tantôt harmonies luxuriantes, tantôt dissonances inquiétantes. À l’Opera Zuid, Kenza Koutchoukali et Yannick Verweij mettent en scène le malaise qui plane sur l’oeuvre et transforment le château en un appartement moderne, nous confrontant au désir d’intimité du couple et à l’infranchissable distance émotionnelle qui les sépare. Le baryton Thomas Oliemans fait ses débuts dans le rôle du duc et campe un Barbe-Bleue, oscillant entre intensité et vulnérabilité. À ses côtés, la mezzo-soprano Deirdre Angenent, qui a déjà chanté le rôle de Judith, dépeint une femme sûr d’elle qui, jusqu’au bout, croit fermement au pouvoir de son amour.
Sur scène aux côtés des solistes, l’orchestre Philzuid dirigé par Duncan Ward est ce troisième personnage qui fait la lumière sur ce que les mots ne peuvent exprimer.
Plus que jamais, l’œuvre cultivé et explore l’intimité profonde – quelles parts obscures gardons-nous fermées à nos amis, à nos amours… à nous-même ?

 

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VOIR Le château de Barbe Bleue de Béla Bartok à l’Opéra Zuid : https://operavision.eu/fr/performance/le-chateau-de-barbe-bleue
Joost Milde / Opera Zuid
BARTÓK : Le Château de Barbe-Bleue
Diffusé le 9 mai 2025 à 19h CET
Disponible jusqu’au 9 nov 2025 à 12h CET
Enregistré le 30.10.2024
Chanté en hongrois
Sous-titres en hongrois, anglais, néerlandais

 

 

 

DISTRIBUTION
Duke Bluebeard : Thomas Oliemans
Judith : Deirdre Angenent
Philzuid Symphony Orchestra
Musique de Béla Bartók
Texte de Béla Balázs
Direction musicale : Duncan Ward
Mise en scène : Kenza Koutchoukali
Sets, Costumes and Lights : Yannick Verweij
Dramaturgie : Wout van Tongeren

 

 

L’HISTOIRE

DU SANG PARTOUT….

Judith est fascinée par son nouvel amant, Barbe-Bleue, malgré les rumeurs terrifiantes à son sujet. Lorsqu’elle pénètre pour la première fois dans son froid et sombre château, elle découvre sept portes closes. Barbe-Bleue met en garde Judith : il est préférable que certaines choses restent cachées. Mais Judith est résolue à connaître véritablement son amant et à faire toute la lumière sur l’obscurité. Judith ouvre les portes, une à une…

Derrière la première porte se trouvent une chambre des horreurs et des instruments de torture tachés de sang. Derrière la deuxième porte se trouve une armurerie, également maculée de sang. La troisième porte dissimule un trésor, de l’or, de magnifiques bijoux… ensanglantés. Malgré ces découvertes terrifiantes, Judith insiste pour continuer, convaincue qu’en découvrant l’âme de Barbe-Bleue et en sachant tout de lui, elle pourrait le sauver.

La quatrième porte donne sur un jardin magnifique, un lieu de beauté radieuse au cœur de l’obscurité. Mais même ce jardin n’est pas sans tache ; les roses blanches ne tardent pas à devenir rouges sang.
Derrière la cinquième porte, Judith découvre un paysage majestueux, mais parsemé de nuages qui projettent une ombre rouge sang sur un abîme insondable. Judith ouvre la sixième porte et dévoile un lac de larmes. L’eau calme et blanche fait office de miroir à la tristesse et à la douleur de Barbe-Bleue, enfouies dans le passé.

Barbe-Bleue la supplie d’arrêter et de laisser la dernière porte fermée, mais la détermination de Judith l’emporte et elle ouvre la septième porte. Judith découvre alors les trois anciennes épouses de Barbe-Bleue. Elles sont vivantes mais prisonnières d’une obscurité éternelle. Judith prend conscience de la réalité.

Barbe-Bleue reste en arrière, prisonnier de ses propres secrets et d’une solitude insondable.

CATHEDRALE DE GENÈVE. 10 au 18 mai 2025. Stabat Mater de Pergolesi et Scelsi. Barbara Hannigan, Jakub Jozef Orlinski / Romeo Castellucci

Le Grand-Théâtre de Genève invite pour la première fois le metteur en scène italien Romeo Castellucci, dans une nouvelle production d’essence sacrée qui associe Pergolese et Scelsi. C’est une rencontre très prometteuse et probablement féconde avec la soprano et cheffe d’orchestre canadienne Barbara Hannigan. Ceci pour un spectacle hors les murs [dans le vaste écrin de la Cathédrale Saint Pierre] et hors genre autour de la figure de Marie et du Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi. Canon du répertoire religieux depuis sa création en 1736, deux mois avant la mort du compositeur, emporté à l’âge de 26 ans par la tuberculose, l’œuvre est écrite pour l’effectif traditionnel de deux voix solistes (soprano et alto) et un ensemble instrumental réduit. Elle est encore aujourd’hui au répertoire habituel du Vendredi Saint, et a inspiré de nombreux compositeurs qui l’ont adaptée, révisée ou empruntée, de Bach à Hindemith. L’appellation de Stabat Mater correspond à l’incipit d’une séquence composée au XIIIe siècle et attribuée sans doute faussement au franciscain italien Jacopone da Todi.

Le texte de la séquence évoque la souffrance de Marie lors de la Crucifixion de son fils Jésus-Christ et est utilisé déjà chez Palestrina, de Lassus, Caldara ou Scarlatti. Exclue de la liturgie dans la norme du Missel romain fixée par le Concile de Trente (1570), elle y a été réintégrée en 1727. Pour ce projet, le Grand Théâtre propose une dramaturgie musicale augmentée par des œuvres de l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle, Giacinto Scelsi. Dans ses iconiques Quattro pezzi su una sola nota, il s’applique à rendre perceptible les vibrations et la profondeur du son. En effet, à la suite de plusieurs années d’hospitalisation, le compositeur (et poète) recentre sa technique d’écriture sur la texture et non plus sur l’art combinatoire. Cette composition-manifeste vaut ainsi à Scelsi une réputation de précurseur de la musique minimaliste. Ses trois prières latines au caractère antiphonique proches du  chant grégorien, complètent opportunément ce Stabat Mater.

Célébré pour ses interprétations symboliques aux images somptueusement esthétiques, et son langage presque liturgique, l’homme de théâtre Romeo Castellucci a déjà revisité les plus grands classiques de la littérature et du répertoire musical, de Dante à Mahler. Considérant le rituel théâtral plus comme un art plastique que comme un art du texte, il peuple ses créations de visions faites de tableaux vivants. Sa démarche évolue entre la tradition picturale héritée de notre passé et la recherche du sens dans un monde ruiné par les catastrophes humaines et naturelles.

L’espace de la cathédrale Saint-Pierre de Genève donne corps à ce projet autour de la mère du Christ et de la compassion qui est au centre de l’œuvre de Pergolèse. Les ensembles baroque et contemporain Il Pomo d’Oro et Contrechamps sont placés sous la direction de  Barbara Hannigan qui, de surcroît, chantera aux côtés du contre-ténor polonais Jakub Józef Orliński.

 

 

 

 

GENEVE, Cathédrale Saint-Pierre
7 représentations

Sam 10 mai, 20h30
Lun 12 mai, 20h30
Mar 13 mai, 20h30
Mer 14 mai, 20h30
Jeu 15 mai 20h30
Ven 16 mai 20h30
Dim 18 mai 20h30

RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’Opéra de Genève :
https://www.gtg.ch/saison-24-25/stabat-mater/

Stabat Mater
Oratorio de Giovanni Battista Pergolesi
Créé en 1736 à Pouzzoles, version originale

Musiques de Giacinto Scelsi
Three Latin Prayers pour chœur a cappella (1970)
Quattro Pezzi (su una nota sola) pour orchestre (1959)

Création du Grand Théâtre de Genève

Nouvelle production

GRAND THEATRE DE GENEVE. MIRAGE, ballet création mondiale : 6 – 11 mai 2025. Damien Jalet & Kohei Nawa

Avec Mirage, Damien Jalet propose sa toute première création pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève dont il est artiste associé depuis 2022. Mirage constitue également le quatrième chapitre de sa collaboration avec l’artiste visuel japonais Kohei Nawa. Après VESSEL (2016), Mist (2022) et Planet [wanderer] (2021, en 2023 au GTG), le duo explore et questionne la nature en perpétuelle métamorphose du vivant, en fusionnant leurs disciplines respectives et en confrontant le corps humain à différents matériaux.

 

 

Leur imaginaire visuel s’inspire du phénomène des mirages et de la fata morgana, ces illusions d’optique liées à des conditions météorologiques spécifiques, provoquées par une déformation de la lumière lorsqu’elle passe à travers des couches d’air de températures différentes, Damien Jalet et Kohei Nawa dépeignent une humanité à la recherche d’elle-même, errant dans un désert métaphorique.

À travers une série de transformations inspirées de différentes mythologies, de la climatologie, de la botanique, de l’entomologie ainsi que du Hayagawari, une technique du théâtre japonais kabuki dans laquelle les interprètes se transforment soudainement au cours d’une représentation, la pièce épluche les interprètes couche après couche, explorant une variété infinie d’états physiques et émotionnels.

Évoquant tantôt les spectres d’une civilisation au bord d’un puits sec, tantôt traversé par la sensualité et les couleurs éclatantes d’une nature tropicale, Mirage se fait rêve éveillé, fluctuant et mouvant, à l’instar des phénomènes atmosphériques.

Damien Jalet et Kohei Nawa proposent une quête hallucinatoire, sensuelle, méditative et viscérale de l’essence humaine, au-delà du voile des apparences. Ils captent l’essence même de l’humanité dans le rapport des hommes à la souveraine nature

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GRAND THEATRE DE GENEVE : Mirage
Création mondiale pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève
Damien Jalet & Kohei Nawa
Création 4 représentations
mar. 6 mai 2025, 20h
mer. 7 mai 2025 – 20h
ven. 9 mai 2025 – 20h
dim. 11 mai 2025 – 15h
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site du Grand Théâtre de Genève :
https://www.gtg.ch/saison-24-25/mirage/

 

Tarifs : dès CHF 17.-

« La nature agit, l’homme fait » : Emmanuel Kant

Mirage
Création mondiale pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève

DISTRIBUTION
Concept et chorégraphie : Damien Jalet
Concept et scénographie : Kohei Nawa
Musique : Thomas Bangalter
Lumières : Yukiko Yoshimoto
Costumes : Kunihiko Morinaga (Anrealage)
Assistante costumes : Anna Sato
Conseiller à la chorégraphie : Aimilios Arapoglou
Assistante à la chorégraphie : Kehua Li
Assistant à la scénographie : Nikolai Korypaev
Productrice à la création pour Damien Jalet : Jamila Hessaïne

Ballet du Grand Théâtre de Genève

Mirage est une création basée sur le projet Mirage [transitory], présenté à Fukuoka (Japon) en septembre 2024.

TEASER VIDÉO Mirage

CRITIQUE livre. Jean-François Phelizon : Wolfgang Amadeus Mozart [2 volumes, E & N édition]

Plus de 1300 pages (en deux volumes), dédiées à la vie et l’œuvre de Mozart le fils composent une entreprise majeure dont il faut saluer l’ambition autant que l’érudition sérieuse. Certes incomplète mais maîtrisée.

 

 

3 ans après la publication d’un essai critique sur le dernier opéra de Mozart, La flûte enchantée, l’auteur, Jean-François Phelizon, récidive en restituant l’œuvre et la vie de Wolfgang dans son contexte. Le texte démêle ce qui a été tissé parfois dans la fiction par sa veuve Constanze.

Chaque ouvrage important dont surtout [essentiellement] les opéras,… est le sujet d’une présentation [avec citations généreuses de la correspondance…] et d’une mise en contexte [genèse, enjeux personnels, réception…]. L’auteur qui ne revendique aucune exhaustivité, passe à la trappe nombre de partitions objectivement décisives voire majeures dont parmi les Symphonies, les 3 ultimes : trop vite expédiées. De nombreux aspects de la vie de Mozart sont à l’inverse bien documentés comme ses dettes, son train de vie dispendieux [en témoignent les difficultés propres aux années 1788-1789],…

La somme reste néanmoins passionnante si l’on s’en tient à savourer ce qu’elle est : la vision d’un mélomane passionné qui opère des choix dans une masse de documents d’événements en réalité infinis…

Pour les habitués de textes et biographies musicologiques, le compte n’y sera pas. Mais l’approche, piloté par un goût clairement assumé, donc subjectif, fait valoir son intérêt en particulier dans le choix thématiques des annexes qui bien maîtrisées, éclairent sur les thèmes complémentaires, importants dans la vie de Mozart : la situation de l’Autriche impériale au XVIIIème, la place et la situation de la franc-maçonnerie du vivant de Mozart, lequel en fut un membre plutôt… déçu. Et aussi fondatrice pour la personnalité du génie musicien, ses 17 premières années marquées par l’esprit du voyage et de l’exploration des divers pays européens … Une certaine idée de liberté mise en pratique dès l’enfance et à l’adolescence, qui a résolument structuré celui qui de valet de l’archevêque de Salzbourg, fut le premier à le quitter, assumant clairement son indépendance.
Farouche défenseur de sa propre liberté, figure d’une singularité qui ne sut jamais se positionner [par manque d’entregent], Mozart se dévoile ici avec d’autant plus de relief et de caractère, tel un homme moderne, indépendant et mûr, dont la profondeur et même la gravité le rendent définitivement indépassable.

 

 

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CRITIQUE, livre. Jean-François Phelizon : Wolfgang Amadeus Mozart, 649 p. (tome I) et 726 p. (tome II), 29 € chaque. E & N éditions – Plus d’infos su le site de Galimard : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782363671967-wolfgang-amadeus-mozart-tome-1-1756-1781-jean-francois-phelizon/

 

 

 

 

 

 

 

 

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CRITIQUE, concert. ANGERS, le 23 avril 2025. Programme « En Bohême » : Smetana, Suk, Tchaikovski… ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE, Tomáš Netopil, direction / Jan Mráček,violon

Pour 3 dates, L’ONPL Orchestre des Pays de la Loire propose une superbe affiche en invitant deux artistes tchèques parmi les plus convaincants : le violoniste Jan Mráček et le chef d’orchestre Tomáš Netopil. Depuis plusieurs saisons déjà, l’Orchestre ligérien réussit de somptueux programmes à la fois denses et percutants. Celui-ci intitulé « En Bohême » s’inscrit dans une histoire faite d’accomplissements indiscutables, proposant aux nantais et aux angevins, l’expérience indépassable des grands vertiges symphoniques.
Tout d’abord, feu et éclat s’invitent et s’affichent sans réserve dans l’ouverture de La fiancée vendue de Smetana, avec une précision motorique des cordes absolument impeccable. Voilà qui fait un lever de rideau percutant et jubilatoire, qui n’oublie pas, dans cette trépidation rythmique, la couleur spécifique des bois propre aux compositeurs tchèques.

 

 

La partition qui suit, signée Josef Suk est son Concerto pour violon [créé en 1904] qui semble taillé d’une seule pièce (les 3 mouvements sont enchainés) avec des dialogues concertant entre le violon et le cor, la clarinette, le hautbois. Suk maîtrise quantité de séquences hautement dramatiques aux effets pastoraux ; l’œuvre traverse de nombreux passages purement instrumentaux dont le sens de la couleur et le scintillement orchestral relèvent des paysages de son maître Dvorak [dont il rejoint la classe de composition à Prague en 1891]… Ainsi l’arche aux violoncelles qui prépare le mouvement central [Andante] d’un wagnérisme assumé ; cependant que la cadence finale où perce le chant aérien des flûtes, convoque l’énergie facétieuse et lumineuse d’un Mendelssohn.
Le violon du soliste invité, le Tchèque Jan Mráček, produit d’un bout à l’autre de cette partition dense et contrastée, une sonorité fine et même élégantissime. La subtilité de l’archet comme de la main gauche réalise une invitation constante à l’épopée et à la féerie, proposant de la partition une lecture passionnée et sensible comme s’il s’agissait d’un poème symphonique où le violon serait le héros privilégié.

 

 

De l’éclat solaire de Smetana
au dernier Tchaikovski, lugubre et funèbre

L‘ultime Symphonie de Tchaikovsky (n°6 dite « Pathétique », créée en oct 1893 sous la direction du compositeur) est la pièce maîtresse du programme, véritable morceau de bravoure, inscrite en seconde partie. La direction toute en souplesse et en profondeur du chef d’orchestre Tomáš Netopil réalise un prodige de direction à la fois juste, économe, intérieure, à l’inexorable approfondissement introspectif.

Tout le travail sur la sonorité et l’expressionnisme rentré de la direction de Tomas Netopil se révèle ici. Après le lugubre des bassons initiaux puis de la clarinette (premier mouvement), le chef tchèque fait surgir de l’ombre, une qualité de son des cordes idéalement hallucinante, qui immerge l’auditeur sans fard et directement dans la psyché la plus intime du compositeur. Tomáš Netopil sculpte avec une précision rageuse les contrastes extrêmes et le choc violent qui suit, porté par des cuivres souverains (cors et trombones aussi lugubres et caverneux que l’enfer…). Un tel travail qui rompt définitivement avec l’éclat brillantissime du Smetana d’ouverture, s’inscrit dans la tradition propre aux orchestres de l’Europe centrale ; Tomáš Netopil, nouveau directeur du Symphonique de Prague se montre digne héritier d’une tradition exceptionnelle et qui musicalement s’entend dans la flexibilité intense des cordes et ce fruité pastoral des bois… Ce bagage esthétique fait merveille dans son approche de Tchaikovski, dans la profondeur et l’introspection de plus en plus prenants, au fur et à mesure que les mouvements se succèdent. La valse (allegro con grazia) et ses 5 temps dans sa légèreté fluide, n’écarte pas des rappels à la couleur tragique (et très pessimiste) du début (séquence centrale). Le chef maîtrise totalement l’ambivalence qui règne dans chaque épisode, entre révélation du fatum et élan vital éperdu et désespéré : ainsi l’Allegro qui suit et serait un scherzo conquérant, n’a qu’un brio de façade : dans chaque reprise de cette éruption orchestrale parfaitement organisée, où chaque pupitre en se répondant semble défiler comme une parade militaire, le chef cherche et trouve une exaspération sonore admirablement graduée. A la fois solennel et jubilatoire, le regard du chef réalise une marche d’une énergie rythmique irrésistible dont la force dyonisiaque, destructrice, est très justement prête à imploser. Pris par la violence progressive du mouvement, le public ne peut s’empêcher d’applaudir confronté à une telle libération sonore.
Enfin c’est le dernier mouvement, sépulcral et parfaitement désenchanté, l’Adagio (lamentoso), bouleversant final qui nous conduit aux portes de la résignation et de l’anéantissement consenti, assumé, total. Le chef cisèle chaque séquence comme un paysage de plus en plus dépouillé, plongeant inéluctablement dans le grave le plus ténébreux (contrebasses), jusqu’aux infimes vibrations, délivrant une qualité de silence, enveloppant comme un linceul. Réussite totale pour les musiciens de l’Orchestre National des Pays de la Loire ce soir. Nouvelle séance de ce programme enthousiasmant, ce soir jeudi 24 avril 2025 à 20h, au Centre de congrès d’Angers.

 

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CRITIQUE, concert. ANGERS, le 23 avril 2025. Programme « En Bohême » : Smetana, Suk, Tchaikovski… ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE, Tomáš Netopil, direction / Jan Mráček,violon

 

 

 

PLUS D’INFOS sur le site de l’Orchestre National des Pays de la Loire : programme « en Bohême » : https://onpl.fr/concert/en-boheme-un-voyage-inoubliable-en-compagnie-du-chef-tomas-netopil/
LIRE aussi notre présentation du programme « En Bohême » : les 22, 23 et 24 avril 2025 : https://www.classiquenews.com/onpl-orchestrenational-des-pays-de-la-loire-en-boheme-les-22-23-24-avril-2025-nantes-puis-angers-tomas-netopil-direction-jan-mracekviolon/

 

 

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