samedi 10 mai 2025
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OPÉRA, TOP 3 de mars 2025 par OPERA DIARY et CLASSIQUENEWS : Tosca à Rome, La Forza del Destino à Lyon, Falstaff à Gênes… Les 3 productions lyriques événement

Depuis février 2025, OPERA DIARY et CLASSIQUENEWS analysent l’actualité lyrique à l’affiche et distingue les productions à ne manquer sous aucun prétexte. Et nous vous disons surtout pour quelles raisons y assister.
Voici le TOP 3 opéra de mars 2025. En mars 2025, votre tour d’Europe, vous mènera à Rome, puis Lyon, enfin Gênes

 

 

 

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ROME – Tosca : Pour célébrer les 125 ans de la création de l’opéra Tosca de Puccini à ROME (le 14 janvier 1900), le Teatro Dell’Opera di Roma ressort les décors de la première production donnée au Théâtre Costanzi, avec un casting 5 étoiles : avec la diva Anna Netrebko, Yusif Eyvasof et Amartuvshin Enkbath, sous la baguette de Daniel Oren, du 1er au 6 mars 2025. PLUS D’INFOS : https://www.operaroma.it/en/shows/tosca2march/

Présentation sur Diary Opera : https://opera-diary.com/2025/03/03/tosca-teatro-dellopera-di-roma/

 

 

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LYON – La Forza Del Destino : Comment ne pas se réjouir de la nouvelle direction artistique de l’Opéra de Lyon qui affiche enfin une saison à la hauteur de nos attentes, cette année après Andréa Chénier en forme de concert et Anna Pirozzi au top de sa forme, après Madama Butterly, c’est l’un des plus grands opéras de Verdi qui sera donné du 14 mars au 2 avril prochain (8 représentations)… La Forza del destino (après 43 années d’absence). L’opéra est proposé par l’une des étoiles montantes de la mise en scène, Ersan Mondtag, aux côtés des artistes lyriques Elena Guseva, Riccardo Massi, Igor Golovatenko et Michele Pertusi. A noter aussi la présence du futur grand baryton Ariunbaatar Ganbaatar qui fait ainsi ses débuts dans le rôle de Don Carlo di Vargas. PLUS D’INFOS : https://www.opera-lyon.com/fr/programmation/saison-2024-2025/opera/la-force-du-destin
 

 

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GÊNES – Falstaff à Genova : Créé à La Scala le 9 février 1893, le denier opéra de Giuseppe Verdi, d’après Shakespeare (et ses Joyeuses commères de Windsor) est donné au Teatro Carlo Felice de Genova, avec pour tête d’affiche le meilleur Falstaff actuel Ambrogio Maestri, épaulé par Ernesto Petti (Ford) et Erika Grimaldi (Alice Ford), sans omettre Sara Mingardo (Mrs Quickly), sous la direction de maestro Jordi Bernàcer. À voir car la mise en scène (signée Damiano Michieletto) s’annonce particulièrement explosive ! Les 7, 9, 11 et 13 mars 2025. PLUS D’INFOS : https://operacarlofelicegenova.it/en/show/falstaff

 

CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 28 février 2025. DEBUSSY : Pelléas et Mélisande. H. Montague Rendall, S. Devieilhe, G. Bintner, J. Teitgen, S. Koch… Wajdi Mouawad / Antonello Manacorda

Les événements à ne pas manquer se suivent à l’Opéra National de Paris en ce début d’année : après un audacieux et controversé Or du Rhin, place à une nouvelle production très attendue de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, la troisième in loco après Jorge Lavelli en 1977, puis Bob Wilson vingt ans plus tard. Le metteur en scène libano-québécois Wajdi Mouawad plonge le spectateur dans les méandres des ressorts ambigus des différents protagonistes du drame, osant des visions fantomatiques d’une beauté saisissante, grâce à l’apport envoûtant de la vidéo.

 

Chaque nouveau spectacle consacré à Pelléas et Mélisande dans l’Hexagone est un incontournable qu’aucun mélomane chevronné ne peut manquer, tant est immédiatement palpable l’affinité des musiciens français avec les effluves impressionnistes : on mesure encore aujourd’hui combien l’orchestration de Debussy reste d’une inépuisable inventivité harmonique, en tournant le dos aux modèles plus architecturés du passé, Carmen en tête. On ne pouvait évidemment rêver meilleur interprète que l’Orchestre de l’Opéra National de Paris pour tisser des phrasés d’un raffinement inouï, aux couleurs tour à tour diaphanes et morbides, d’une souplesse admirable pour accompagner le plateau vocal réuni. On ne peut qu’applaudir, aussi, le chef italien Antonello Manacorda, déjà entendu ici-même dans La Flûte enchantée, puis Don Giovanni, qui allège les textures pour faire ressortir chaque détail, sans jamais céder au moindre maniérisme.

C’est là un atout décisif pour encadrer l’écrin visuel splendide réglé par Wajdi Mouawad, dont la scénographie sombre et épurée oriente immédiatement la concentration sur les ambiguïtés souvent déroutantes du récit de Maurice Maeterlinck. Le dramaturge belge est décidément à la fête en ce moment, puisque deux de ses pièces de jeunesse sont données à la Comédie-Française (jusqu’au 2 mars prochain), permettant d’apprécier ses élans mélancoliques et vénéneux, mâtinés de références allégoriques. L’idée d’ajouter un court prologue muet au début de Pelléas, laissant entrevoir un sanglier blessé fuyant son bourreau, permet d’apprécier les premiers accords brumeux du drame dans un silence quasi-religieux, proche des conditions idéales d’une écoute au disque. L’atmosphère irréelle et fantastique est parfaitement rendue par la pénombre permanente qui envahit la scène, faisant ainsi ressortir plusieurs éléments, notamment les animaux sanguinolents amoncelés en bord de plateau, qui rappellent le contexte de famine furtivement évoqué par le livret. L’apport des vidéos de Stéphanie Jasmin permet à Mouawad de figurer chaque péripétie comme un tableau mouvant (rappelant en cela le travail de Bill Viola pour la célèbre production de Tristan und Isolde donnée à Paris), en montrant une nature sauvage et immaculée, aux couleurs volontairement troubles, entre verdâtre et marronnasse – proche des représentations rugueuses de Courbet ou des derniers tableaux de Monet. De quoi donner un saisissant contraste au drame bourgeois finalement ordinaire de Maeterlinck, enrubanné de raffinement symboliste.

Déjà familier du rôle-titre (voir notamment sa prestation à Aix-en-Provence, l’an passé), le baryton britannique Huw Montague Rendall relève le pari d’une diction parfaite de notre langue, à l’instar de son homologue canadien Gordon Bintner (Golaud). Cela n’est pas le moindre des atouts, tant cet ouvrage à mi-chemin entre opéra et théâtre nécessite une parfaite maîtrise du français, autant que des qualités dramatiques éloquentes. A cet égard, Huw Montague Rendall incarne un Pelléas d’une fragilité touchante, d’une beauté de timbre égale sur toute la tessiture, sans jamais paraître forcer son talent. On pourrait parfois espérer lui voir briser la glace d’une perfection vocale presque irréelle, qui correspond toutefois à son rôle énigmatique, dont l’inaction fataliste peut être interprétée comme une incapacité à affronter les carcans sociétaux de son temps.

A ses côtés, Gordon Bintner fait oublier une émission nasale, par moments, par une conviction mordante, où chaque mot est sculpté au service du sens. Si le grave gagnerait à davantage de projection pour faire vivre toute la noirceur de son personnage, on aime l’émotion trouble qui se dégage des dernières scènes, lorsque les derniers sursauts de sa jalousie font face à la repentance du meurtre de son demi-frère. C’est peu dire que Sabine Devieilhe donne à sa Mélisande des trésors de subtilité, faisant valoir sa technique parfaite et son timbre de velours, tout en offrant des qualités d’interprète hors pair. Assurément une des grandes figures de ce rôle, qu’on ne se lassera pas de réentendre. Parmi les seconds rôles, on note le superlatif Jean Teitgen (Arkel), qui n’a rien perdu de son éloquence majestueuse, passant la rampe sans difficulté.

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 28 février 2025. DEBUSSY : Pelléas et Mélisande. Huw Montague Rendall (Pelléas), Sabine Devieilhe*, Vannina Santoni (Mélisande), Gordon Bintner (Golaud), Jean Teitgen (Arkel), Amin Ahangaran (Un médecin), Sophie Koch (Geneviève), Anne-Blanche Trillaud Ruggeri (Le petit Yniold). Orchestre de l’Opéra national de Paris, Wajdi Mouawad (mise en scène) / Antonello Manacorda (direction musicale). A l’affiche de l’Opéra Bastille jusqu’au 27 mars 2025.  Crédit photo © Benoîte Fanton

 

CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 27 février 2025. DEBUSSY / BLOCH / MAHLER. Sol Gabetta (violoncelle), ONCT, Tarmo Peltokoski (direction)

Tarmo Peltokoski et son Orchestre national du Capitole de Toulouse ont présenté ce jeudi 27 février au public de la Halle aux Grains de Toulouse le programme qu’ils vont bientôt jouer en tournée à Paris et en Allemagne. 

 

Le Prélude à l’après-midi d’un Faune de Claude Debussy est une courte pièce magique que l’Orchestre National du Capitole pourrait jouer les yeux fermés. Tant de belles baguettes l’ont dirigé dans cette salle, Michel Plasson et Tugan Sokhiev tout particulièrement. Ce soir, Tarmo Peltokoski impose sa marque. Il donne beaucoup de liberté à l’orchestre tout en lui demandant des nuances très piano. Cette version est aérienne, subtilement rêveuse. Le chef finlandais évite toute force et toute idée de bacchanale. La beauté orchestrale, la tendresse des nuances, la souplesse de la texture donnent un côté vaporeux qui fait penser à certaines toiles impressionnistes. 

Sol Gabetta entre ensuite en scène pour la deuxième œuvre au programme, la Rhapsodie Schelomo d’Ernest Bloch qui permet à la violoncelliste originaire d’Argentine un jeu d’une subtile émotion. Tout particulièrement dans les moments de grande mélancolie évoquant les pensées profondes du Roi Salomon. Les sonorités chaleureuses du violoncelle entretiennent avec l’orchestre un dialogue d’une parfaite osmose. Tarmo Peltokosski soigne les ambiances, fait éclater les couleurs, il est toujours très attentif à la soliste .Le final grandiose sonne comme une apothéose rappelant le Grand Roi que fut Salomon avant de reprendre les pensées très sombres du monarque portées par le violoncelle très émouvant de Sol Gabetta. Devant leur succès, l’orchestre et la soliste offrent un bis douloureusement mélancolique : une prière d’Ernest Bloch dans sa version pour violoncelle et orchestre. Sol Gabetta trouve un vibrato large et une profondeur de ton admirable. La fine musicalité de la soliste, du chef et des musiciens de l’orchestre permet une fusion parfaite. Assurément un beau lien existe déjà que la tournée va encore renforcer. 

En deuxième partie de soirée, l’orchestre s’étoffe pour interpréter la Symphonie n°1 “dite Titan” de Gustav Mahler. Tarmo Peltokoski et son Orchestre du Capitole ont déjà joué cette œuvre au Concertgebouw d’Amsterdam avec grand succès, et ils semblaient ravis de la présenter à leur public toulousain. Là également, les choix de Peltokoski sont assumés et sa manière est très personnelle. Loin de chercher à révéler l’hétérogénéité de la partition, il cherche partout la beauté, l’élégance et le bonheur qu’elle contient. Sa direction très engagée entretient un dialogue constamment renouvelé avec les musiciens. Que ce soient les cuivres, les bois, les cordes ou les percussions chaque musicien donne le meilleur possible et le résultat est renversant. Les mouvements les plus réussis sont le premier et le dernier. La beauté du réveil de la nature est somptueuse, et l’énergie du finale est d’une puissance vertigineuse. L‘humour du deuxième mouvement aurait pu être davantage joué. C’est avec une énergie toujours renouvelée que Tarmo Peltokoski donne une grande puissance à ce mouvement. Pour le troisième mouvement, l’absence de grotesque laisse de côté une part de l’art mahlérien certes encore balbutiante dans sa première symphonie, mais bien présente. La grandeur du finale fait exulter le public, une Halle-aux-grains pleine à craquer qui applaudit à tout rompre, toujours signe d’un grand moment. 

Ce concert-événement annonce une belle aventure entre ce chef si charismatique et l’excellent Orchestre du Capitole de Toulouse !

 

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CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 27 février 2025. DEBUSSY / BLOCH / MAHLER. Sol Gabetta (violoncelle), ONCT, Tarmo Peltokoski (direction). Photo © droits réservés

CRITIQUE, opéra. OPÉRA GRAND AVIGNON, le 28 février 2025. PUCCINI : La Bohème. Diego Godoy, Gabrielle Philiponet… Frédéric Roels (mise en scène)

Soulignons tout d’abord la direction détaillée, vive, très précise du chef en fosse (Federico Santi) dont le sens du relief accuse chaque temps fort de l’action [chez Momus, dernier tableau de la mort de Mimi sous la mansarde, … ], tout en soignant la suggestion des moments plus atmosphériques : début de la Barrière d’enfer, ou le court intermède du dernier tableau, le plus tragique, celui de la mort de Mimi.

 

L’Orchestre national Avignon Provence déploie un spectre superlatif de nuances et de phrasés qui proposent de la partition puccinienne, une lecture passionnante à suivre grâce à son raffinement pointilliste. Le sens du détail qui n’affecte en rien le souffle dramatique global, permet de saisir, festivals de couleurs et d’accents tenus, toutes les options [cinématographiques] de l’orchestration de Puccini… Entre autres, la partie de clarinette qui ponctue chaque séquence amoureuses entre le poète et sa muse Mimi, à commencer par l’impulsion première de leur rencontre à la bougie (Acte I) ; c’est aussi la vibration particulière, continue, profonde de la clarinette basse qui dans le dernier tableau fatal, fait retentir la tension tragique, jusqu’au souffle désormais compté de la grisette condamnée. Vivacité nerveuse et expressivité riche en nuances défendues d’un bout à l’autre produisent une parure orchestrale constamment engagée, expressive.

 

Saluons ensuite la mise en scène claire, esthétique dans sa sobriété qui jouant sur l’économie des décors et la circulation fluide du plateau met l’accent sur la psychologie de chaque individu ;  d’autant que, très fidèle au roman source de Murger, les héros de Puccini sont jeunes, ardents, prompts au jeu, à la dérision facile pour mieux tromper la misère qui affecte leur jeunesse.  Tout cela est parfaitement compris et exprimé dans le spectacle réglé par le maître des lieux, Frédéric Roels, directeur de l’Opéra Grand Avignon.  Cette clarification scénique qui se concentre sur l’essentiel permet une parfaite lisibilité des situations, des étagements comme par exemple, dans la tenue des chœurs de l’acte II [chez Momus] en particulier, détaillant les groupes simultanés : clients du café, foule des passants, chœur des enfants amusés par le marchand de jouets, Parpignol, et bien sûr le groupe de Rodolfo et Mimi (à jardin), opposé à celui de Musetta et son protecteur (Alcindoro, à cour)… LIRE aussi notre entretien avec Frédéric Roels à propos de sa mise en scène de La Bohème de Puccini (février 2025)

 

 

Sobriété, intensité, esthétisme

En fond de scène une composition élégante et aérienne à partir de fenêtres tandis qu’au devant le jeu clair et naturel des chanteurs explicite les enjeux de l’action. Le travail du metteur-en-scène s’avère profitable à l’incarnation scénique car chaque chanteur plutôt que de s’approprier son rôle, s’ingénie dans son chant et sa gestuelle spécifiques à transmettre ce qu’il comprend et entend exprimer de son personnage.
Telle conception tout en nuances (présentée dans le livret programme distribué avant la représentation) enrichit la personnalité des chanteurs en action, comme la profondeur de leur jeu : c’est particulièrement bénéfique et convaincant dans la fameuse scène d’exposition au I, où tout en se dévoilant l’un à l’autre, Rodolfo puis Mimi offre aux spectateurs chacun, un air-portrait, emblématique désormais ; pour Rodolfo : « Qui son ? Sono un poeta, … » ; pour Mimi : « Si, mi chiamano Mimi… ».

Aucun des chanteurs ne déçoit. L’homogénéité de la distribution qui renforce la vraisemblance globale par sa juvénilité opportune, est manifeste. Ainsi dans le rôle de Mimi, GABRIELLE PHILIPONET gère son rôle dans la continuité, déployant une couleur intense et tragique toujours juste ; distinguons aussi le Marcello de GEOFFROY SELVAS, tout aussi fin et précis, bouleversant confident de Rodolfo qui auprès de lui, trouve une épaule compréhensive. Même enthousiasme pour la Musetta de CHARLOTTE BONNET : du mordant, un aplomb vocal clair et percutant capable de provoquer Marcello, avec ce soupçon de legato enivré qui lui permet de réussir son air de séduction fameux chez Momus [valse : « Quando me’n vo »].

 

 

Diego Godoy, flamboyant et très juste Rodolfo

Gabrielle Philiponet (Mimi) et Diego Godoy (Rodolfo) © Studio Delestrade – Avignon

 

Véritable révélation de la soirée, le ténor chilien DIEGO GODOY réussit chacune des scènes capitales de l’opéra : le duo amoureux avec Mimi / Lucia au I ; ses aveux déchirants face à la maladie de Mimi à Marcello [instant d’une rare profondeur émotionnelle à l’opéra, alors devant l’auberge de la Barrière d’enfer] ; et aussi le sublime duo viril sur l’illusion amoureuse et la fragilité de leur condition, entre le même Marcello et Rodolfo : feu vocal, franchise ardente, aigus puissants, ronds, naturels, lumineux… Accordé à un orchestre complice, le ténorrissimo fait sensation, offrant le grand vertige lyrique Puccinien (dans une salle idéalement taillée pour une telle expérience) ; en outre, le chant du ténor accordé avec le timbre du baryton, souligne que la partition pour tragique qu’elle soit, brosse surtout le portrait d’une jeunesse sacrifiée sur l’autel de la misère parisienne, … cette Bohème ivre de désir et d’une imagination débordante, hélas rattrapée par la morsure de la pauvreté crasse et de la maladie.
Dans le choix des [nombreuses] scènes collectives, soulignant aussi la fraternité et l’esprit du jeu qui unissent la communauté des artistes, Puccini brosse d’abord un portait social, focusant sur un milieu humain et artistique qui coûte que coûte contre l’adversité ruinant leur existence, décident solidairement de s’en sortir. Le sujet central est bien le combat contre la fatalité… Une forme de résilience qui a toute la tendresse du compositeur en particulier dans sa riche parure orchestrale.  L’idylle amoureuse de Rodolfo et Mimi n’étant que l’un des éléments qui en accusent la brûlante et inéluctable tragédie. Une production en tout point réussie, orchestralement vivante et passionnante, incarnée avec intensité et justesse. Les deux dates suivantes (dim 2 puis mardi 4 mars 2025) sont incontournables. A voir absolument.

 

Geoffroy Salvas (Marcello) et Charlotte Bonnet (Musetta) © Studio Delestrade – Avignon

 

 

Chez Momus © Studio Delestrade – Avignon

 

 

 

Diego Godoy et Gabrielle Philiponet © Studio Delestrade – Avignon

 

 

 

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. OPÉRA GRAND AVIGNON, le 28 février 2025. PUCCINI : La Bohème. Frédéric Roels (mise en scène)

Mimì : Gabrielle Philiponet
Rodolfo : Diego Godoy
Musetta : Charlotte Bonnet
Marcello : Geoffroy Salvas
Schaunard : Mikhael Piccone
Colline : Dmitrii Grigorev
Alcindoro / Benoît : Yuri Kissin

Chœur de l’Opéra Grand Avignon
Maîtrise de l’Opéra Grand Avignon
Orchestre national Avignon-Provence

Frédéric Roels, mise en scène
Federico Santi, direction

Toutes les photos du spectacle © Studio Delestrade-Avignon / Opéra Grand Avignon 2025

Photo – premier et dernier visuel / programme © classiquenews25

 

 

 

 

agenda

Réservez vos places pour les 2 dates suivantes / La Bohème de Puccini par Frédéric Roels à l’Opéra Grand Avignon : dim 2 et mardi 4 mars 2025 – Plus d’infos sur le site de l’Opéra Grand Avignon : https://www.operagrandavignon.fr/la-boheme-puccini#

 

LIVE STREAMING, DANSE. Sam 1er mars 2025, 17h20 [Finlande, Helsinki] : La Bayadère, blushing, Fragments of time…

Les jeunes danseurs du Ballet national de Finlande défendent un programme ambitieux et mixte, associant danse classique et contemporaine. En direct d’Helsinki, la soirée s’articule autour de Blushing du chorégraphe allemand Marco Goecke, créé à l’origine pour le Ballet de Stuttgart, accompagné d’un extrait de La Bayadère, avec des créations chorégraphiques du chorégraphe français Julian Nicosia.

 

 

La Bayadère est un pilier du ballet classique. Situé en Inde, le ballet raconte l’amour contrarié entre le guerrier Solor et la danseuse Nikiya. Javier Torres, directeur artistique du Ballet national de Finlande, en déduit une scène pour la Youth Company en s’inspirant de la chorégraphie originale de Marius Petipa. Il s’agit d’un grand pas d’action dans lequel Solor est fiancé à la princesse Gamzatti, qui lui est destinée.

Fragments of Time du chorégraphe français Julian Nicosia questionne souvenirs et moments qui ne le sont pas encore devenus. « Dans cette création, nous passons d’un style néoclassique à une esthétique plus contemporaine, de la musique classique à des sonorités plus sombres et futuristes. Je pense que cela représente vraiment le voyage et les phases que j’ai eu la chance de traverser comme danseur et comme individu. »

« Dans Blushing, explique Marco Goecke, mon point de départ était l’étude de ce qui se passe à l’intérieur d’une personne lorsqu’elle rougit. Dans mon travail, je pars de phénomènes individuels comme un mot, un mouvement. » La musique oscille entre le punk rock, la musique de rue, le silence. Dans ce silence, on entend les danseurs respirer, se déplacer, trépigner, glisser. Contrairement à ses œuvres ultérieures, il n’y a pas de décor, tout est concentré sur la présence artistique des danseurs. Sur leur gestes et la musique des corps en mouvement comme en situation.

 

 

 

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BALLET NATIONAL DE FINLANDE
En direct samedi 1er mars 2025 à 17h20 CET
EN REPLAY JUSQU’AU 1er sept 2025 à 12h CET
VOIR le live streaming sur OperaVision : https://operavision.eu/fr/performance/blushing?utm_source=OperaVision&utm_campaign=68c4d74174-march2025-fr&utm_medium=email&utm_term=0_be53dc455e-68c4d74174-100559298

 

 

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG. AMÉRIQUE, les 21 et 22 mars 2025. COPLAND, GERSHWIN, BERNSTEIN… Sébastien KOEBEL (clarinette), Aziz SHOKHAKIMOV (direction)

Dès des premiers coups d’archets, le poignant Adagio de l’Américain Barber (1936) subjugue littéralement ; pertinente entrée en matière pour ce concert 100% USA. Véritable « requiem sans parole » et étiquetée « musique la plus triste de tous les temps », l’Adagio sait cependant construire son cheminement en un crescendo ininterrompu qui s’élève dans l’aigu, soit porté par l’espérance…

 

 

Changement de caractère avec le si peu joué Concerto de Copland (en France), composé en 1948 (après sa Symphonie n°3), et destiné au clarinettiste Benny Goodman qui propose des modifications, que le compositeur accepte volontiers ; créée en 1950 à New York (sous la direction de Fritz Reiner, lors d’une retransmission en direct à la radio), la partition oscille entre swing et classique, énergie chorégraphique et équilibre lumineux. Sa verve inspire ensuite Jerome Robbins pour son ballet Pied Piper (1951). En deux mouvements (Slowly and expressively où la clarinette se révèle ondulante et séductrice sur fond de harpe, puis Rather fast, plus vif et syncopé), l’œuvre est bien le premier concerto pour clarinette américain.

Chef et musiciens s’engagent ensuite dans la promenade non moins évocatrice (et très descriptive) d’un Américain dans le Paris des années 20, tel que le dépeint par Gershwin (1928), entre circulation et activité urbaine, avant les rythmes sauvages, félins, syncopés de West Side Story de Leonard Bernstein (créé à Broadway en sept 1957), hymne irrésistible à la vitalité parfois violente new-yorkaise que renchérissent les accents caribéens colorés des percussions endiablées et provocantes… bref, le XXe siècle américain dans toute sa diversité, grâce à la volubilité expressive du maestro Aziz SHOKHAKIMOV et des instrumentistes strasbourgeois(avec la complicité du clarinettiste invité pour le Concerto de Copland : Sébastien KOEBEL

 

 

 

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STRASBOURG, Palais de la Musique et des Congrès
Ven 21 mars 2025, 20h
Sam 22 mars 2025, 18h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg : https://philharmonique.strasbourg.eu/detail-evenement/-/entity/id/484311271/amerique

 

 

 

distribution

Orchestre philharmonique de Strasbourg
Aziz SHOKHAKIMOV, direction
Sébastien KOEBEL, clarinette

 

programme
Samuel Barber
Adagio pour cordes
Aaron Copland
Concerto pour clarinette
George Gershwin
Un Américain à Paris
Ouverture cubaine
Leonard Bernstein
Danses symphoniques de West Side Story

 

 

Conférences d’avant-concert
Vendredi 21 mars 19h et samedi 22 mars 17h – Salle Marie Jaëll, entrée Érasme
Accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles  –  Revendiquer une identité musicale américaine : de Barber à Bernstein, par Damaris Klopfenstein
Rencontre d’après-concert
Retrouvez les artistes pour un moment d’échange à l’issue du concert

 

Photo : Aziz Shokhakimov (DR)

CRITIQUE, opéra. LAUSANNE, le 23 février (et jusqu’au 2 mars) 2025. MOZART : Mitridate. P. Fanale, L. OLiva, A. Zöhrer, A. Sanz… Emmanuelle Bastet / Christoph Spering

La production de Mitridate, re di Ponto de W. A. Mozart présentée à l’Opéra de Lausanne est une célébration du pouvoir des voix, de la musique et des émotions. Sans recourir à des concepts modernisateurs ou à des décalages anachroniques, cette mise en scène d’Emmanuelle Bastet et la direction musicale d’Andreas Spering offrent un spectacle d’une élégance rare, porté par une distribution vocale exemplaire et une interprétation orchestrale subtile. Pendant près de trois heures, le public est captivé par les tourments amoureux et les conflits familiaux d’un quintette de personnages désemparés : un roi et ses deux fils, tous trois épris de la même femme. Les thèmes universels du désir, de la jalousie et de la trahison sont explorés avec une intensité qui rivalise avec la musique frémissante de Mozart, trop rarement jouée.

 

Le spectacle baigne dans une atmosphère bleutée, évoquant à la fois la Méditerranée antique et un espace mental abstrait. Le scénographe Tim Northam a choisi la phtalocyanine, un pigment profond et mystérieux, qui oscille entre l’outremer et un noir bleuté en fonction des éclairages. Ce bleu, à la fois intemporel et suggestif, sert de toile de fond à un décor mobile composé d’escaliers qui glissent lentement sur scène, créant des espaces tantôt intimes, tantôt oppressants. Ces escaliers deviennent des lieux de confidence, de solitude ou de méditation douloureuse, tandis que des rideaux de fils bleus ajoutent une dimension labyrinthique, reflétant le trouble intérieur des personnages. Les costumes, inspirés par un Orient théâtral alla Véronèse, mêlent étoffes soyeuses et détails baroques. Mitridate arbore un manteau à col de loutre, tandis que les princes adoptent un négligé chic de jeunes cavaliers romantiques. La mise en scène évite toute référence historique précise, préférant plonger le spectateur dans un univers onirique où seuls comptent les sentiments et les conflits humains.

Composé par Mozart à l’âge de quatorze ans, Mitridate est une œuvre qui transcende les conventions de l’opera seria. Bien que structuré autour des airs da capo traditionnels, il révèle déjà l’audace mélodique et l’expressivité qui caractériseront les chefs-d’œuvre de la maturité du compositeur. Andreas Spering, à la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, dirige avec une maîtrise remarquable, sculptant chaque phrase musicale avec précision et sensibilité. Les cordes veloutées, les vents savoureux et les ponctuations dynamiques créent une balance parfaite entre la fosse et le plateau, sans jamais couvrir les voix.

 

 

La distribution est portée par des interprètes d’exception, à commencer par la soprano franco-catalane Lauranne Oliva, en Aspasia, qui se distingue par son timbre chaud, son legato impeccable et sa capacité à incarner la noblesse tragique de son rôle. Son duo avec Sifare, interprété par la soprano gréco-autrichienne Athanasia Zöhrer, est un moment de grâce absolue, où les voix s’entrelacent avec une sensualité qui préfigure les héroïnes mozartiennes à venir. Zöhrer, également impressionnante dans son air « Pallide ombre », déploie une virtuosité et une intensité émotionnelle qui captivent l’auditoire. Le ténor italien Paolo Fanale, dans le rôle-titre, relève avec bravoure les défis techniques d’une partition exigeante, alternant entre tendresse et fureur. Son interprétation, à la fois vocale et théâtrale, donne à Mitridate une dimension humaine et complexe. Le contralto croate Sonja Runje, en Farnace, apporte une profondeur troublante à son personnage, notamment dans son air de repentir « Già dagli occhi il velo è tolto », où la beauté de ses graves et la noblesse de son phrasé touchent au sublime. Aitana Sanz, en Ismène, incarne la pureté et la sincérité avec une fraîcheur vocale et des suraigus éblouissants. Le contre-ténor italien Nicolò Balducci et le ténor suisse Rémy Burnens, respectivement en Arbate et Marzio, complètent cette distribution avec brio, démontrant une maîtrise impeccable du chant orné.

Cette production, qui sera reprise en avril prochain à Montpellier (sous la direction de Philippe Jaroussky et avec une distribution essentiellement différente), est une réussite totale. Elle rappelle que l’opera seria, loin d’être une forme figée, peut être d’une modernité et d’une intensité bouleversantes. Le public, visiblement surpris et ravi, a réservé une ovation chaleureuse à cette interprétation qui allie élégance visuelle, profondeur musicale et engagement théâtral. Mitridate à Lausanne est une preuve éclatante que les passions humaines, portées par la musique de Mozart, restent intemporelles et universelles.

 

 

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CRITIQUE, opéra. LAUSANNE, le 23 février (et jusqu’au 2 mars) 2025. MOZART : Mitridate. P. Fanale, L. OLiva, A. Zöhrer, A. Sanz… Emmanuelle Bastet / Christoph Spering. Toutes les photos © Carole Parodi

 

 

 

VIDÉO : Teaser de « Mitridate » de Mozart selon Emmanuelle Bastet à l’Opéra de Lausanne

 

OPÉRA DE MASSY. Ven 21 mars 2025. BARRAINE, WALTON, STRAVINSKY : Antoine Tamestit (alto), Orchestre National de France, Marie Jacquot (direction)

Programme ambitieux, original, captivant sous la direction de la cheffe prometteuse Marie Jacquot, lauréate des Victoires de la Musique 2024. En programmant 3 compositeurs du XXè aux écritures très distinctes : Elsa Barraine, Walton, Stravinsky, l’Opéra de Massy affiche l’un de ses concerts les plus captivants de sa saison en cours… Avant le scandaleux mais révolutionnaire Sacre du Printemps de 1913, « Petrouchka », non moins célèbre partition d’Igor Stravinsky, fait entrer la musique dans la modernité.

 

 

La partition prolonge l’expressivité du premier ballet pour les Ballets Russes à Paris, L’Oiseau de feu (1910). Le succès est immédiat, le pantin, inspiré de Pulcinella / Polichinelle est incarné sur scène par le légendaire Nijinski. Dans l’esprit des foires populaires (motifs empruntés au folklore russe), la marionnette animée par un vieux mage aussi inquiétant qu’énigmatique, prend vie : Petrouchla est le héros d’une intrigue qui croise aussi le Maure (et son sabre), et la poupée ballerine dont Petrouchkha est épris (en vain) … Petrouchka est certes en bois mais son cœur vibre, aussi ardent qu’un être vivant… pendant la fête du mardi gras, le héros passionné mais impuissant est assassiné par le Maure. La nuit tombée, alors que la foule est partie, décontenancée par le spectacle pathétique que lui a servi le vieux mage, le fantôme de la marionnette paraît, confirmant que le pantin avait une âme humaine…

Stravinsky l’affirme : en composant « Petrouchka », ballet majeur créé le 13 juin 1911 au Châtelet (chorégraphie de Michel Fokine, sous la direction de Pierre Monteux), le compositeur avoue s’être dépassé dans le registre expressif et barbare ; il a la vision d’un pantin subitement déchaîné, dont les cascades diaboliques exaspèrent « la patience de l’orchestre, lequel lui répond tour à tour par des fanfares menaçantes ». Dans la même veine, Richard Strauss composa « Till l’espiègle » (1895), héros séditieux que l’orchestre morigène peu à peu, jusqu’à la clouer au pilori, ni plus ni moins… Till, Petrouchla, même combat : l’issue pour le héros libertaire est la même : le procès et la mort.

 

L’alto du Concerto de Walton n’a-t-il pas, lui aussi, les traits d’un vilain galopin, les saillies irrévérencieuses d’un trublion qui ne s’émeut que pour mieux rebondir, provoquer, cabotiner ? Technique précise et virtuose, profonde musicalité et sonorité impériale, l’altiste Antoine Tamestit, l’un des altistes les plus en vue de la scène internationale, relève tous les défis (nombreux) de la partition concertante créée à Londres en 1929 par Paul Hindemith sous la direction du compositeur.
Alternant entre riches affects d’essence vocale et dynamique ludique, le Concerto affirme sa puissante originalité à partir de la tradition tonale romantique tardive, mais aussi d’éléments rythmiques dans le style de Gershwin. Très originale, la conclusion interroge et ouvre de nouveaux horizons dans un cheminement tendu, « con dolore » plutôt ambivalent : oscillant constamment entre majeur et mineur.

Prix de Rome comme Lili Boulanger, la parisienne Elsa Barraine (1910 – 1999) tient aussi l’affiche du programme : verve dramatique, caractérisation et orchestration raffinée, il ne manque rien à son évocation des Tziganes (partition de 1959)…

La cheffe française fait ici ses débuts à la tête de l’Orchestre National de France.

 

 

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OPÉRA DE MASSY
Igor STRAVINSKY : Petrouchka
Vendredi 21 mars 2025 – 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’OPÉRA DE MASSY :
https://www.opera-massy.com/fr/petrouchka.html?cmp_id=77&news_id=1105&vID=62
Durée : 1h40 dont 1 entracte

 

PROGRAMME

Elsa Barraine
Les Tziganes

William Walton
Concerto pour alto

Igor Stravinski
Petrouchka (1947)

 

 

VIDÉO Concerto pour alto de William Walton

Viola: Neasa Ní Bhriain, Orchestra of the University of Music FRANZ LISZT Weimar – Nicolás Pasquet, direction

 

 

 

PETROUCHKA

La partition comprend 4 tableaux. Les Ier et IVe se passent dans la rue, les IIe et IIIe dans le monde irréel des pantins, à l’intérieur du théâtre de foire.
Tableau I. A Saint-Pétersbourg en 1830 pendant une fête populaire, la foule est attirée par le stand d’un magicien qui jouant de la flûte, donne vie à trois pantins : Petrouchka, la Ballerine et le Maure, qui entament une danse russe.
Tableau II. Après le spectacle, les trois poupées sont remisées dans un petit théâtre. Dans sa cellule, Petrouchka, doté de sentiments humains, s’épanche tristement ; il aime sans retour la Ballerine.
Tableau III. Dans la chambre du Maure, la Ballerine danse pour le séduire. Petrouchka, jaloux, tente d’attaquer le Maure qui le met dehors.
Tableau IV. Le soir, la fête populaire bat son plein. Soudain, Petrouchka surgit, poursuivi par le Maure qui le tue. Le magicien tempère la foule, tout cela n’était qu’une histoire de pantins. Alors que la foule se disperse, le fantôme de Petrouchka apparaît. La marionnette douée de sentiments avait donc une âme…

GRAND THÉÂTRE DE GENEVE. MOUSSORGSKI : La Khovantchina, du 25 mars au 3 avril 2025. Calixto Bieito (mise en scène), Alejo Pérez  (direction)

Au Grand Théâtre de Genève, La Khovantchina de Modeste Moussorgski, un opéra au moins aussi saisissant que Boris Godounov et pourtant moins connu, clôt le cycle d’opéras russes mis en scène par le catalan Calixto Bieito. Après Guerre et Paix de Prokofiev (21/22) puis Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch (22/23), son imaginaire foisonnant et tourmenté s’empare de La Khovantchina. Laissé inachevé par Moussorgski, La Khovantchina (créée en 1886), qui aborde comme Boris Godounov, le vertige du pouvoir russe à travers une affaire de complot politique mené par le clan Khovansky, est terminé par Rimski-Korsakov. Genève présente la partition dans l’orchestration de Dmitri Chostakovitch, – en cela plus proche du langage âpre, expressionniste de Moussorgski, – mais avec le final d’Igor Stravinsky soit le tableau du suicide collectif ultime, porté dans les strates de la transcendance spirituelle.

 

 

La Khovantchina est restée très actuelle : trois tendances politico-sociales s’affrontent : le parti tourné vers l’Europe, inspiré par Pierre le Grand ; incarné par le prince Golyzin, éclairé et cultivé ; le conservatisme des boyards, qui entendent assurer leur pouvoir, représenté par Ivan Khovanski et ses redoutables régiments de streltsy ; et enfin les vieux-croyants, secte religieuse très populaire sectaire et conservatrice, prônant une Russie refermée sur elle-même et protégée de la décadence européenne, une force sociale tout à fait influente, menée par le prêtre Dossifej.

« Khovantchina » ou « affaire Khovansky » désigne d’ailleurs ici le complot fomenté par le boyard Khovanski et réprimé dans le sang par l’homme qui déterminera l’avenir de la Russie : Pierre le Grand. Outre sa lecture crue, violente, juste du pouvoir et des conflits politiques, l’opéra de Moussorgski fascine par ses couleurs mélodiques, sa construction dramatique, la force des tableaux collectifs qui n’écartent pas la très forte caractérisation des portraits de chaque protagoniste.

 

 

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Grand Théâtre Genève
Khovantchina de Modeste Moussorgski,
Mise en scène : Calixto Bieito / direction : Alejo Pérez
5 représentations – Nouvelle production
25, 28 mars, 1er et 3 avril 2025 – 19h
30 mars 2025 – 15h

RÉSERVEZ vos places directement sur le site du Grand Théâtre de Genève : https://www.gtg.ch/saison-24-25/khovantchina/

 

 

 

distribution
Au centre de la scène Marfa (Raehann Bryce-Davis, écoutée à Covent Garden en Amneris dans Aïda de Verdi) mais aussi deux grands interprètes slaves : Dmitri Ulyanov, dans le rôle du prince Ivan Khovanski (précédents Général Kouzoumov dans Guerre et Paix, et Boris dans Lady Macbeth de Mtsensk) – et le baryton Vladislav Sulimsky dans le rôle du boyard Chaklovity, (impressionnant Macbeth au Festival de Salzbourg en 2023). Sans omettre dans le rôle de Dossifei, le basse Taras Shtonda, qui endossait le rôle en 2024 à la Staatsoper de Berlin…

 

 

Khovantchina / Хованщина
Opéra de Modeste Moussorgski

Livret du compositeur
Version orchestrée de Dimitri Chostakovitch, finale de Igor Stravinsky

Créé le 21 février 1886 (version Nikolaï Rimski-Korsakov) à Saint-Pétersbourg
Dernière fois au Grand Théâtre de Genève en 1981-1982

Chanté en russe avec surtitres en français et anglais
Durée : approx. 4h15 avec deux entractes inclus*

 

Le Prince Ivan Khovanski : Dmitry Ulyanov
Le Prince Andreï Khovanski : Arnold Rutkowski
Le Prince Vassili Galitsine : Dmitry Golovnin
Dossifeï : Taras Shtonda
Marfa : Raehann Bryce-Davis
Le boyard Chaklovity : Vladislav Sulimsky

Emma : Ekaterina Bakanova
Scribe : Michael J. Scott
Susanna : Liene Kinča
Envoyé de Golitsyne / Streshnev, un jeune héraut : Rémi Garin
Kouzka : Emanuel Tomljenović
1 er Strelets : Vladimir Kazakov
2 e Strelets : Mark Kurmanbayev
Varsonofiev : Igor Gnidii …

Chœur du Grand Théâtre de Genève
Maîtrise du Conservatoire populaire de Genève
Orchestre de la Suisse Romande

Direction musicale : Alejo Pérez
Mise en scène : Calixto Bieito

 

ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE. DEBUSSY : La Mer. ZEMLINSKY : La petite sirène… 23, 25, 27, 28, 29 mars 2025. Sacha Goetzel (direction)

Suite de la saison 2024 – 2025 que Sascha Goetzel, directeur musical a souhaité placé sous le sceau de la musique viennoise ; Zemlinsky, maître de Schoenberg, est en effet à la fin du siècle (XIXè), la figure la plus emblématique au carrefour du romantisme et de la modernité ; de l’élégance et du raffinement hérité de la première école de Vienne (Beethoven, Haydn, Mozart) et de l’avant-garde de la 2è école de Vienne…

 

 

Le chef choisit naturellement La Petite sirène (et ses émotions à fleur de peau qu’exprime idéalement le raffinement de l’orchestration), ce qui permet de rattacher son auteur, Zemlinsky, au souffle océanique et climatique de Debussy, qui dans son triptyque flamboyant, « Le Mer », offre un prolongement cohérent et suggère la vitalité immatérielle de l’eau toujours en mouvement, noce joyeuse, enivrante de la mer et du vent…

 

De VIENNE à PARIS
Houle et vagues orchestrales de Zemlinsky et Debussy

ORCHESTRE ATMOSPHÉRIQUE… Les reflets du soleil à l’aube sur l’onde mouvante, le balancement des vagues et le souffle du vent, le frémissement des éléments mêlés …nul autre n’en a mieux capté et transmis la poésie de l’océan que Debussy. Pourtant mal accueillie lors de sa création en 1902, La Mer ne tarda pas ensuite (dans sa version remaniée de 1908) à s’affirmer comme un emblème du symphonisme français à son apogée comme Boléro de Ravel. Aux célèbres miroitements Debussyste, répond La petite sirène de Zemlinsky, sa bouillonnante vie intérieure qui plonge dans l’univers aquatique du conte d’Andersen. Sous la poésie de façade, se meuvent et s’agitent des mélodies entêtantes et plus sombres, échos du désespoir amoureux du compositeur viennois, défait de voir la belle et brillante Alma Schindler qu’il adorait, épouser Gustav Mahler en 1902. Sascha Goetzel dirige deux partitions majeures de la première moitié du 20e siècle.

 

Photo : portrait de Sascha Goetzel © Sébastien Gaudard
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VIENNE – PARIS : Zemlinsky / Debussy
ONPL ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE
5 dates événements
ANGERS, Centre de congrès
23 mars 2025, 17h
NANTES, La Cité
25 mars 2025, 20h30
ANGERS, Centre de congrès
27 mars 2025, 20h30
LA ROCHE SUR YON, Le Grand R
28 mars 2025, 20h30
LAVAL, Théâtre
29 mars 2025, 20h30
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’ONPL Orchestre National des Pays de la Loire : https://onpl.fr/concert/la-mer-de-debussy-dirigee-par-sascha-goetzel/

 

 

 

 

programme

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Mer calme et heureux voyage
Choeur de l’ONPL – Valérie Fayet, cheffe de choeur

Claude Debussy (1862-1918) : La Mer

Alexander von Zemlinsky (1871-1942)
La petite sirène

ONPL ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE
Sascha Goetzel, direction

 

 

 

TÉLÉCHARGEZ le programme en pdf
https://onpl.fr/wp-content/uploads/2025/01/LA-MER-1.pdf

Nouveauté : Avant-scène
Angers et Nantes uniquement
Présentation du concert par le chef
de 20h à 20h10 (concerts de 20h30)
de 16h30 à 16h40 (concert de 17h)

 

 

VIDÉO Sascha Goetzel présente le programme Zemlinsky / Debussy

 

 

 

approfondir

Hasard heureux de l’agenda musical, l’Orchestre Colonne, créateur de la partition, propose le 9 mars 2025 (Marc Korovitch, direction), La Mer de Debussy, dans la version remaniée de… 1908, qui assura enfin à l’œuvre, son triomphe au concert : https://www.classiquenews.com/orchestre-colonne-debussy-la-mer-version-de-1908-florentine-mulsant-dim-9-mars-2025-la-seine-musicale-marc-korovitch-direction/

 

ORCHESTRE COLONNE. DEBUSSY : La Mer (version de 1908), Florentine Mulsant… Dim 9 mars 2025 à La Seine Musicale. Marc Korovitch (direction)

 

CRITIQUE CD événement. TCHAÏKOVSKI : Suites 1 (1879) et 2 (1884) – Orchestre CONSUELO, Victor Julien-Laferrière, direction (1 cd Mirare, 2023, 2024)

UN TCHAÏKOVSKI MÉCONNU, enfin révélé… Réunis en mai 2023 (Suite 1) puis février 2024 (Suite 2), les instrumentistes de l’Orchestre CONSUELO abordent ce Tchaïkovski méconnu, avec une profondeur qui sait détailler voire nuancer comme peu avant eux ; il suffit d’écouter les premières mesures de la Suite n°1, qui débute par la ligne mystérieuse et profonde des vents, exposant le basson d’une très intelligente manière, entre inquiétude et questionnement viscéral. Même pointillisme ardent et enivré dans le solo de clarinette (qui ouvre le Divertimento suivant), ou le jeu dialogué clarinette / hautbois qui jalonne l’Intermezzo (III) …

 

D’ailleurs toute la lecture observe les mêmes qualités remarquables : articulation, respiration, nuances radicales, suprême profondeur ; le lyrisme éperdu chez Tchaïkovski n’étant jamais éloigné d’une gravité saisissante, avec ce souci de transparence propre aux phalanges françaises mais que le violoncelliste et chef Victor Julien-Laferrière sait porter à un niveau d’expressivité ardente, d’une rare éloquence (fuga du premier mouvement). Il y a tous les climats et les enjeux d’un plan de symphonie dans les 2 suites (y compris, la passion du compositeur pour l’esprit des marches (ici « miniature »). La diversité s’affirme d’autant plus dans le choix des mouvements, leur nombre (6 pou la I ; 5 pour la II), leur caractère : ainsi un épisode baroque en guise de fin (aimable et gracieuse Gavotte pour la Suite I, et « danse baroque » – en réalité, pot pourri énergique, propre au folklore ukrainien, pour la Suite II).

En outre la Suite II (créée en 1884, de 5 ans postérieure à la I) fait judicieusement entendre ces nouveautés de timbres, et alliages dont Tchaikovski a le secret (« combinaisons nouvelles » : les 4 accordéons dans le Scherzo burlesque, de fait comme ancré dans la tradition du folklore populaire et rustique) et dont il tire suffisamment de fierté qu’il s’en ouvre à sa mécène la Comtesse Nadejda Von Meck. Dans l’esprit d’une ondulation serpentine traversée d’idées dramatique ou d’éclairs spirituels à la Liszt, le « Jeu de sons » (I) est porté par une impérieuse énergie qui stimule chaque pupitre. La sensibilité de Tchaikovski se dévoilant pleinement dans la Valse ; dans les contrastes enchaînés du Scherzo déjà cité ; surtout dans « Rêves d’enfant », partageant une innocence préservée, un sentiment intact d’émerveillement avec Ravel : introduit par les bois (basson et clarinettes fusionnés, nimbés des divins cors et de la harpe magicienne), le mouvement très inspiré et le plus personnel, déploie un raffinement intime emblématique du songe tchaikovskien, préfigurant ici, particulièrement la matière chorégraphique et onirique de ses plus grands ballets (de la décennie suivante, celle des années 1890). Le dernier épisode « danse baroque », condensé populaire et folklorique dans le style « Dargomyjski » (ukrainien) le plus ardent, affirme la vitalité articulée de CONSUELO sous la direction aussi détaillée que dramatique du chef violoncelliste.

 

Une belle réussite qui dévoile la furia créative de Tchaïkovski qui dans ses 2 Suites méconnues, libère son génie orchestral, préparant aux grandes symphonies plus connues, aux grands ballets particulièrement flamboyants. Voilà qui affirme le tempérament singulier de la phalange créée par Victor Julien-Laferrière et dont le premier album, premier volume de son intégrale des Symphonies de Beethoven en cours (Symphonies 1, 2, 4 – nov 2024), a également particulièrement convaincu la rédaction de CLASSIQUENEWS (CLIC de CLASSIQUENEWS également). Un nouveau son est né et s’affirme ici ; il faut désormais compter avec CONSUELO et son chef inspiré.

 

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CRITIQUE CD événement. TCHAÏKOVSKI : Suites 1 (1879) et Suite 2 (1884) – Orchestre CONSUELO, Victor Julien-Laferrière, direction (1 cd Mirare).

 

 

VIDÉO teaser / Les Suites 1 et 2 de Tchaïkvoski par Consuelo


 

 

 

 

 

autre critique

LIRE aussi notre critique des SYMPHONIES de BEETHOVEN par CONSUELO : volume I / CLIC de CLASSIQUENEWS : Symphonies n° 1, 2, 4 – Orchestre Consuelo, direction Victor Julien-Laferrière (1 cd b-records) : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-beethoven-integrale-des-symphonies-vol-1-symphonies-n-1-2-4-orchestre-consuelo-direction-victor-julien-laferriere-1-cd-b-records/

 

CRITIQUE CD événement. BEETHOVEN : Intégrale des Symphonies, vol.1 – Symphonies n° 1, 2, 4 – Orchestre Consuelo, direction Victor Julien-Laferrière (1 cd b-records)

OPÉRA DE NICE. MARTINU : Juliette ou la clé des songes, les 11, 13, 15 mars 2025. Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil (Le Lab), Ilona Revolskaya, Aaron Blake…

Une partition onirique historiquement niçoise… A Nice, entre les collines de Cimiez et le Port Lympia, Bohuslav Martinů achève l’une de ses œuvres les plus énigmatiques : Juliette ou la Clé des Songes (Prague, 1938). D’après le poème surréaliste de Georges Neveux, l’opéra explore avec poésie le labyrinthe amoureux, les caprices de la mémoire, dans un univers où rêve et réalité se mêlent en un cheminement qui est surtout une quête personnelle.

 

Vus (et applaudis) dans leur mise en scène de Rusalka à l’Opéra Grand Avignon, le duo de metteurs en scène Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil reviennent sur les lieux mêmes de la création de l’opéra Juliette, offrant à la ville de Nice même, une place centrale dans ce nouveau spectacle.  Après avoir marqué le public niçois en installant une véritable piscine sur la scène de l’Opéra pour Rusalka de Dvorak, les metteurs en scène choisissent ici d’explorer le cerveau de Michel, le héros de Martinů, à travers une troublante Expérience de Mort Imminente (E.M.I). Assisté par le personnel médical du CHU Pasteur de Nice, Michel, inconscient, revisite mentalement les moments forts de son existence. En particulier cet amour dont le héros a la nostalgie.

L’incursion dans ses pensées permet de le suivre à travers Nice (la gare, le Musée Matisse, la plage de l’hôtel Amour, …) à la poursuite d’une femme prénommée Juliette. Qui est-elle vraiment ? Est-ce une femme réelle ou inventée ? une créature fatale ou l’éternel féminin absolu ? Michel va-t-il la retrouver ? Va-t-il survivre à cette E.M.I ? Quelle vérité sera dévoilée ?
La quête de Michel se fait expérience sereine, cheminement nourri d’espérance et de confiance, … c’est aussi un sublime chant d’amour à l’Universel. Un parcours à la fois loufoque, humoristique, où l’absurde engendre le comique ; c’est surtout une plongée profonde et onirique… qui transforme et enivre ; après lequel, chaque individu n’est plus exactement celui qu’il était. Martinu écrit une musique sensorielle puissante propre au dévoilement de la psyché. Visuellement, les metteurs en scène restituent la matière incongrue, surprenante du surréalisme à travers des références aux images conçues par Magritte, Dali…

 

 
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OPÉRA DE NICE CÔTE D’AZUR
MARTINU : Juliette ou la clé des songes
11 mars 2025  à  20h
13 mars 2025  à  20h
15 mars 2025  à  15h

 

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de L’OPÉRA DE NICE CÔTE D’AZUR : https://www.opera-nice.org/fr/evenement/1195/juliette-ou-la-cle-des-songes
Durée : 2h30 avec entracte
Spectacle en français, surtitré en français et anglais

 

 

 

Nouvelle production / 

Opéra en trois actes de Bohuslav Martinů
sur un livret du compositeur d’après la pièce de Georges Neveux.
Création du Théâtre National de Prague le 16 mars 1938.

Direction musicale : Antony Hermus
Mise en scène, scénographie et costumes : Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil (Le Lab)
Collaboration à la scénographie et Lumières : Christophe Pitoiset
Réalisation vidéo : Pascal Boudet
Montage vidéo : Timothée Buisson
Graphisme : Julien Roques
Dramaturgie : Luc Bourrousse

Juliette : Ilona Revolskaya
Michel : Aaron Blake
Le Commissaire I Le Facteur I Le Garde Forestier I L’Employé : Samy Camps
La Marchande d’oiseaux : Clara Barbier Serrano
La
Marchande de Poissons / La Petite Vieille : Marina Ogii
L’Homme au Casque I Le Vieux I Le Mendiant Aveugle : Louis Morvan
L’Homme à la Fenêtre I Marchand de Souvenirs I Bagnard : Paul Gay
Vieil arabe I Vieux Matelot I Père Jeunesse I Le Gardien de Nuit : Oleg Volkov
Le petit arabe I Le jeune matelot  : Elsa Roux Chamoux
Le mécanicien  : Chamard Florent
Le chasseur  : Dandeville Audrey
Monsieur 3 :  Descomps Marie
Le chiromancien  : Greco Cristina
Monsieur 1  : Maraskin-Berrou V.
La vieille dame  : Martin Sandrine
Monsieur 2  : Wellenzohn Susanna

Orchestre Philharmonique de Nice
Chœur de l’Opéra de Nice

 

 

Face à face
Laissez le chef d’orchestre Antony Hermus, les metteurs en scène Jean-Philippe Clarac & Olivier Deloeuil vous présenter Juliette ou la clé des songes. Une expérience culturelle à ne pas manquer pour tous les curieux et les amateurs d’opéra …
Lundi 10 mars 2025 à 18h
 – A l’Artistique, 27 bd Dubouchage, Nice – 
Entrée libre

 

Viens avec tes parents
Pendant le temps où vous assistez au spectacle, l’équipe de l’Opéra de Nice accueille et s’occupe de vos enfants (5-10 ans) pour un atelier artistique encadré par des professionnels.
Tarif 5 € / 
Samedi 15 mars à 15h  –  
Informations et réservations à la billetterie, dans la limite des places disponibles

 

cinéma
Projections du film « Juliette ou la clef des songes » de Marcel Carné
En complément des 3 représentations à l’Opéra Nice Côte d’Azur, la Cinémathèque de Nice projette le film Juliette ou la clé des songes de Marcel Carné, avec Gérard Philippe.
Deux projections : le mercredi 12 mars à 16h30 et le vendredi 14 mars à 16h30 – Plus d’informations auprès de la Cinémathèque de Nice

 

 

PRÉSENTATION VIDÉO   :  Juliette par Olivier Delœuil (mise en scène, scénographie, costumes)

ORCHESTRE NATIONAL DE LYON. ALBAN BERG : Concerto à la mémoire d’un ange. Les 14 et 15 mars 2025. Frank Peter Zimmermann (violon), David Afkham (direction)

BERG, BEETHOVEN, BRAHMS à LYON… Sonorité lumineuse, jeu précis et lyrique, entre tension et détente, le violoniste Frank Peter Zimmermann est l’interprète idéal du Concerto «à la mémoire d’un ange» d’Alban Berg. L’œuvre se glisse dans ce programme entre le sombre Coriolan de Beethoven, et la printanière Symphonie n°2 de Brahms, …

 

 

Soit un programme en forme de triptyque spectaculaire et prometteur sous la baguette de David Afkham, chef principal et directeur artistique depuis plus de dix ans de l’Orchestre national d’Espagne. L’ange de ce Concerto poétique, éperdu, c’est Manon Gropius, fille du fondateur du Bauhaus, l’architecte Walter Gropius et d’Alma Schindler (veuve du chef et compositeur Gustav Mahler). Manon meurt en 1935, à l’âge de 18 ans. Touché par sa disparition, Berg lui dédie son Concerto pour violon encore submergé par le chagrin, et aussi la beauté de celle qu’il aimait comme sa fille.

Avant de poursuivre avec la 2è Symphonie de Brahms, l’Orchestre National de Lyon souffle la tension tragique, dans l’ouverture de concert « Coriolan » d’un Beethoven à la fois héroïque et noble.

Les instrumentistes lyonnais abordent ensuite « la plus souriante des symphonies de Brahms » qui surnommait son opus, telle sa «suite de valses». Une partition hautement oxygénée, souriante et radieuse même, capable de balayer toute ombre et toute douleur… mais qui n’en est pas moins, passion brahmsienne oblige, d’une profondeur préservée.

Symphonie n°2 de BRAHMS… Noblesse, majesté, sérénité. L’écriture symphonique remonte dans la carrière de Brahms au milieu des années 1850, quand le jeune compositeur (17 ans), esquisse déjà ce que sera sa Première Symphonie, (achevée en 1876, après l’écriture de ses Variations sur un thème de Haydn). La deuxième Symphonie est conçue en 1877, le compositeur est alors âgé de 44 ans…

 

 

 

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ORCHESTRE NATIONAL DE LYON
Ven. 14 mar 2025 à 20h
Sam. 15 mar 2025 à 18h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Auditorium Orchestre National de Lyon :
https://www.auditorium-lyon.com/fr/saison-2024-25/symphonique/memoire-ange

1h30 + entracte (20 min). Grande Salle

 

 

 

Programme

Ludwig van Beethoven
Ouverture Coriolan, 9 min

Alban Berg
Concerto pour violon «à la mémoire d’un ange», 28 min

Johannes Brahms
Symphonie n° 2, en ré majeur, op. 73, 45 min

 

avant-concert
Concert avant-scène le vendredi à 19h : les jeunes talents du CNSMD de Lyon proposent un prélude musical une heure avant le concert. Grande salle, entrée et placement libres sur présentation du billet de concert (durée : 30 minutes).

 

 

 

approfondir

SYMPHONIE n°2 de JOHANNES BRAHMS… d’une ferveur néo mozartienne

La partition est contemporaine de son Concerto pour violon. Avant de commencer l’écriture de ses deux dernières Symphonies, Brahms, fixé à Vienne depuis 1862, dirige la Société des Amis de la musique de Vienne jusqu’en 1875. Il rencontre Dvorak en 1878 et l’encourage à poursuivre sa carrière de compositeur, enfin écrit son chef-d’oeuvre, le Deuxième Concerto pour piano et orchestre en 1881. Les Troisième puis Quatrième Symphonies suivent le sillon tracé par son Concerto pour piano: ses derniers opus
symphoniques l’occupent de 1883 à 1885. Brahms opère une synthèse entre les grands romantiques qui l’ont immédiatement précédé, de Beethoven, Schubert et Schumann, mais il revisite aussi les anciens dont Haydn. Hans Richter dirige la création à Vienne, le 30 décembre 1877. Amorcée dès la fin de la Première Symphonie, la partition de la Symphonie n°2 est dans sa majorité écrite pendant l’été 1877 que Brahms passe en Carinthie (à Portschach sur le Wörtersee). L’engouement pour l’oeuvre est immédiat et supérieur à sa Symphonie précédente. La séduction du premier mouvement d’un entendement plus facile, a favorisé son succès.

PLAN. Allegro non troppo: Les cors imposent la coloration d’ensemble: noblesse, majesté, sérénité. Même si le caractère de valse du second thème souligne l’allant et l’énergie lyrique, l’écriture de Brahms n’en demeure pas moins liée à un sentiment sombre et grave en rapport avec sa filiation nordique (Brahms est né sur la façade septentrionale de l’Allemagne: à Hambourg, port ouvert sur la Baltique). Adagio ma non troppo: voilà, le mouvement lent le plus réussi de l’univers brahmsien. L’orchestration préserve le dialogue entre les pupitres: cordes et bois. Allegretto grazioso, quasi andantino: ici, s’impose simplement l’esprit de la danse (de nature populaire comme un ländler) dont le souci de la variation, énoncée de façon dynamique, rappelle Beethoven. Allegro con spirito: l’ample développement du finale atteste ce désir et ce sentiment d’équilibre qui ont inauguré le premier mouvement de la Symphonie. Proche pour certains analystes, de la Symphonie Jupiter, l’oeuvre exhalerait un souffle éminemment classique, voire « un sang mozartien ».

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OPÉRA DE RENNES. HAENDEL : La Résurrection (1708). Les 14 et 15 mars 2025, Le Banquet Céleste, Céline Scheen,Paul-Antoine Bénos-Djian… ­

Volet culminant du temps de Pâques, la Résurrection du Christ marque le temps de l’éblouissement et de la libération, de l’espoir et de la révélation. L’oratorio qu’en produit le jeune Haendel (La Resurrezione créé au Palais Bonelli à Rome, le dimanche de Pâques 1708), alors réalisant son grand tour italien, est un drame sacré, qui saisit par sa puissance musicale, poétique, dramatique.

 

 

Le Saxon passionné de musique italienne, synthétise tous les styles opératiques de la Péninsule et forge sa propre théâtralité musicale, ici faite passion, émotion, sensibilité… et spectaculaire. L’œuvre récapitule les aspirations de la ferveur chrétienne au temps pascal : des souffrances du Christ à sa mort, jusqu’à sa résurrection finale.

En résidence à l’Opéra de Rennes, les musiciens du Banquet Céleste aborde la partition avec un engagement désormais emblématique, tout en défendant aussi « une grande liberté d’interprétation ». Fidèle aux drames religieux si appréciés en Autriche – les fameux Sepolcri-, le drame christique met d’abord en scène, celles qui seront les témoins du miracle final : Maddalena et Cleofe. Chaque personnage est fortement individualisé et possède sa propre écriture musicale …
Tout œuvre à plonger l’auditeur dans ce moment précis des trois jours séparant la mort du Christ, de sa Résurrection. La musique exprime toutes les nuances des émotions humaines face au Mystère de la Rédemption. Après les Passions de Bach, le Banquet Céleste poursuit ainsi son exploration des grands oratorios barques.

 

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Opéra de Rennes
La Résurrection
Oratorio de Georg Friedrich Haendel
Vendredi 14 mars 2025, 20h
Samedi 15 mars 2025, 18h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’OPÉRA DE RENNES : https://www.opera-rennes.fr/fr/evenement/la-resurrection

 

Durée 2h10 environ | Dès 12 ans | Tarifs de 5 à 32 €
Concert chanté en italien, surtitré en français

avec

Nardus Williams, Angelo
Céline Scheen, Maddalena
Paul-Antoine Bénos-Djian, Cleofe
Thomas Hobbs, San Giovanni
Thomas Dolié, Lucifero
Musiciens du Banquet Céleste

La Résurrection ouvre un cycle de 3 ans consacré à Haendel dont la prochaine étape sera pour la saison 2025-2026, Le Triomphe du Temps et de la Désillusion, autre oratorio majeur de la ferveur baroque tissée par le génie haendélien.

Ce nouveau programme créé à l’Opéra de Rennes sera présenté dans les prochains mois en tournée à Tourcoing puis dans plusieurs festivals d’été (Musique sacrée de Saint-Malo, Festivals de Beaune et de La Chaise Dieu).

 

 

En écho à La Résurrection

 

HAENDEL EN VOYAGE
2 concerts de musique de chambre avec les musiciens du Banquet Céleste

Marie Rouquié & Simon Pierre, violons
Julien Barre, violoncelle
Kevin Manent-Navratil, clavecin

Jeu de PaumeRennes
Jeudi 6 mars 2025, 12h30 puis 18h30

Opéra de Rennes
Place de la Mairie
35000 RENNES

 

 

Photo Le Banquet Céleste – DR

 

CRITIQUE CD événement. CIELS D’OR. Trio HYADÉE : Marielou Jacquard (soprano), Anastasie Lefebvre de Rieux (flûte) et Constance Luzzati (harpe) – 1 cd Voces8 records, 2024.

Les Cieux invoqués dans ce programme jubilatoire suscitent toutes les ivresses poétiques ; ils promettent entre rêve et réalité, une expérience musicale totale qui s’invite et nous porte ; à travers l’engagement du Trio Haydée, le cycle mène ici vers des rives constamment enchantées ; les 3 musiciennes ont la faculté de séduire et d’enchanter ; elles invoquent constamment l’énergie féerique des 17 partitions choisies, toutes signées de compositrices romantiques, modernes et contemporaines dont chaque œuvre jalonne ainsi un parcours particulièrement cohérent.

 

 

L’album témoigne d’une entente évidente ; les 3 interprètes Marielou Jacquard (soprano), Anastasie Lefebvre de Rieux (flûte) et Constance Luzzati (harpe) s’accordant dans une complicité millimétrée, à l’écoute des 1001 nuances de chaque texte ; car outre sa valeur musicale, il s’agit aussi d’un corpus littéraire qui saisit tout autant par les thèmes abordés : ivresse émotionnelle, évasion, ineffable langueur, perte, féerie évanescente…

Parmi une collection d’inédits ou de pièces méconnues, distinguons plusieurs perles ; d’abord le relief poétique aigu et les climats d’étrangeté onirique voire enivrés des 3 mélodies de Grace Williams (1906-1977) « Songs of sleep » : ligne ondulante et serpentine de la flûte ; résonances célestes, aériennes de la harpe magicienne s’accordent au charme de la voix, à la fois déclamatoire et mystérieuse, comme une pythie délivrant une série d’énigmes enchantées. Belle inquiétude passionnée de Rosy Wertheim (« Trois chansons » en français) ; tandis que la sensualité plus harmonieuse voire nostalgique d’Elisenda Fabregas (née en 1955) évoque texte oblige, la séduction suspendue d’un nocturne amoureux.
La Litanie (10), éperdue, libre voire délirante d’Édith Canat de Chizy (née en 1950) à la fois enivrée et tendue, dont le chant très incarné, et même halluciné, est constamment porté, encouragé par la flûte, s’impose également. Ligne tortueuse, syncopée, comme embrasée, … : la flûte semble provoquer la chanteuse dont les intervalles vertigineux, une vocalité extrêmiste et intranquille expriment les élans d’une âme lyrique et inquiète. Par sa durée (plus de 10 mn), la partition s’apparente à une cantate qui ose ouvrir, découvrir, explorer, à mesure que la partition avance ; exprimer l’inconnu sur les cimes de l’ivresse et de la liberté totale, d’autant plus exaltées, fluidifiées que dans cette pièce majeure, la voix est en dialogue avec la seule flûte.

L’auditeur succombe tout autant à la tendresse de Marguerite Roesgen (12 : « Pantoum ») ; à l’évocation du « Rossignolet » de Pauline Viardot (13), où la flûte fluide épouse le chant éperdu de la cantatrice ; c’est aussi, Clémence de Granval, tempérament romantique (1828 – 1907) qui s’affirme ici comme compositrice accomplie ; sa « Villanelle » semble y fusionner le style romantique lyrique à son époque, équation personnelle qui allie la langueur enchantée d’une Leïla (des Pêcheurs de perles de Bizet) et la sensibilité éperdue d’une Antonia (des Contes d’Hoffmann d’Offenbach)… Soudain surgit toutes les héroïnes de l’opéa français du XIXè, ce chant qui pleure avec une élégance rare ; mais la perte de la tourterelle qu’évoque la flûte ondulante et aérienne, peut être finalement une échappée salvatrice pour le volatile enfin libéré… claire référence à la condition des femmes d’alors, corsetées, enfermées dans des situations honteusement, systématiquement étriquées.
Avec les 3 Songs de Grace Williams, la révélation pour nous demeure le climat suspendu, enchantée de « Reflets »(15) de Lili Boulanger (1893-1918) sur le somptueux texte de Maeterlinck, aussi énigmatique et sensuel, libre et vaporeux que le livret de sa pièce symboliste Pelléas et Mélisande. Les harmonies profondes, inquiètes expriment tout un continent de sensations justes et nuancées. Et les 3 voix, chant, harpe et flûte, se marient avec natuel dans l’arrangement de Marianne Schofield.

La pièce purement instrumentale (pour harpe) d’Édith Lejet (1941-2024) : « De lumière et de cieux embrasés » (16) crépite et s’embrase littéralement, convoquant tous les reflets mordorés que peut produire la divine nature. Enfin l’ultime pièce du cycle « Aube » de Joséphine Stevenson (née en 1990) s’affirme telle la plongée dans une incantation nocturne aux accents chamaniques ; l’œuvre contemporaine souligne dans ce sens la direction poétique de tout le programme qui emporte l’adhésion par son chant onirique, d’une irrésistible puissance suggestive ; la voix constamment intelligible, souple et nuancée cisèle chaque image du texte que les deux instruments exaltent davantage : pertinent choix pour une conclusion. Le titre « Aube » produit une dernière inspiration, comme une promesse, l’envol d’un ineffable espoir… Magistral.

 

 

 

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CRITIQUE CD événement. CIELS D’OR. Trio HYADÉE : Marielou Jacquard (soprano), Anastasie Lefebvre de Rieux (flûte) et Constance Luzzati (harpe) – Grace Williams, Rosy Wertheim, Elisenda Fabregas, Edith Canat de Chizy, Pauline Viardot, Clémence de Granval, Lili Boulanger, Edith Lejet, Josephine Stephenson… – 1 cd Voces8 records – enregistré à Paris en 2024. CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2025

 

 

LIRE aussi notre annonce présentation du cd Ciels d’or par le Trio Haydée : https://www.classiquenews.com/cd-evenement-annonce-trio-haydee-ciels-dor-1-cd-voces8-records/

CRITIQUE, opéra. GENÈVE, Grand-Théâtre, le 22 (et jusqu’au au 26) février 2025. PURCELL : Dido & Aeneas. Compagnie PEEPING TOM / Le Concert d’Astrée / Emmanuelle Haïm (direction)

Victime de la fermeture des théâtres durant la pandémie de Covid-19, Didon et Énée de Henry Purcell, présenté en streaming en mai 2021, a finalement retrouvé le public du Grand-Théâtre de Genève. Cette production, dirigée par Emmanuelle Haïm et mise en scène par Franck Chartier (de la célèbre compagnie belge Peeping Tom), est l’une des rares à avoir survécu aux contraintes sanitaires. Si le spectacle avait été salué lors de sa diffusion en ligne, sa réception en salle révèle une expérience sensiblement différente, voire déroutante.

 

Franck Chartier propose une relecture audacieuse de l’œuvre de Purcell, où l’opéra devient un « décor » pour une pièce de théâtre centrée sur les personnages de la troupe Peeping Tom. Les protagonistes de l’opéra, comme Didon et Énée, apparaissent en arrière-plan, presque ébauchés, tandis que les danseurs-comédiens de Peeping Tom occupent le devant de la scène. Leur performance, mêlant danse, théâtre et éléments circassiens, est remarquable, bien que parfois déconcertante. Des scènes insolites, comme une jeune femme versant du thé dans une tasse trop petite ou un violoncelliste recouvert de mousse, captivent autant qu’elles perturbent.

La musique de Purcell, interprétée par Le Concert d’Astrée sous la direction d’Emmanuelle Haïm, est magnifiquement exécutée. Cependant, elle est entrecoupée par des compositions additionnelles d’Atsushi Sakaï, qui créent une ambiance post-classique et dissonante. Ces interludes, bien que poétiques, nuisent à l’unité de l’œuvre originale. L’air final de Didon, « When I am laid in earth », perd ainsi une partie de son émotion, noyé dans une scène apocalyptique de corps dénudés et de lumières éblouissantes.

Les chanteurs, pourtant excellents, semblent relégués au second plan. Marie-Claude Chappuis (Didon) déploie un chant soyeux et noble, mais sa présence scénique est amoindrie par une mise en scène qui privilégie les danseurs. Jarrett Ott (Énée) et Francesca Aspromonte (Belinda) brillent vocalement, mais leurs rôles manquent de direction d’acteurs, les rendant presque anonymes. Le Chœur du Grand Théâtre de Genève, quant à lui, impressionne par sa précision et sa musicalité, bien qu’il soit utilisé davantage comme un élément visuel que musical.

La production de Chartier est ambitieuse, mêlant théâtre, danse et opéra dans un spectacle visuellement époustouflant. Cependant, cette déconstruction de l’œuvre de Purcell laisse certains spectateurs perplexes. Les ajouts scéniques et musicaux, bien que poétiques, éloignent l’auditeur de l’intrigue originale et de la psyché des personnages. Les amateurs d’opéra traditionnel pourront se sentir décontenancés par cette vision transgressive, où l’œuvre de Purcell sert de prétexte à une exploration onirique et mélancolique, mais l’expérience vaut vraiment la peine d’être vécue !

 

 

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CRITIQUE, opéra. GENÈVE, Grand-Théâtre, le 22 (et jusqu’au 26 février) 2025. PURCELL : Dido & Aeneas. Compagnie PEEPING TOM / Le Concert d’Astrée / Emmanuelle Haïm (direction). Crédit photo © Carole Parodi

 

 

CRITIQUE, concert, TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 20 février 2025. MOZART / STRAUSS. Siobhan Stagg (soprano), ONCT, Constantin Trinks (direction)

Tarmo Peltokoski, le jeune chef surdoué nommé à Toulouse, a dû renoncer à diriger ce nouveau programme à la Halle aux Grains de Toulouse, car souffrant. Par chance, le chef allemand Constantin Trinks était libre. Il a donc sauvé ce concert en maintenant un programme – W. A. Mozart et Richard Strauss – qui est au cœur de son répertoire. Chaque partie du concert mettait en perspective une œuvre de l’un puis de l’autre :  Le Chevalier à la rose étant par rapport aux Noces de Figaro ce que La Femme sans ombre est à La flûte enchantée, selon les dires de Richard Strauss lui-même. 

 

 

Le changement d’ordre du programme s’est révélé une excellente idée. L’ouverture de la Flûte enchantée dans un tempo allant a semblé d’une suprême élégance. L’Orchestre National du Capitole de Toulouse a été merveilleux de couleurs et de nuances. On sent que Constantin Trinks est à l’aise dans cette partition. L’entrée de la soprano australienne Siobhan Stagg s’est ensuite faite avec grâce. La manière dont elle a abordé à froid le superbe et si difficile air de Pamina est celle d’une grande mozartienne : la ligne est superbe, les nuances infimes, les vocalises aisées. L’engagement dramatique donne toute la dimension mélancolique à cet air sublime. Puis, avec un aplomb sidérant, la soprano a abordé le récitatif et le grand air de Fiordiligi dans Cosi fan tutte. Jouant le second degré de l’autorité voulue dans l’aria “Come scoglio”, elle a su déjouer les pièges des sauts d’intervalles redoutables et des vocalises et trilles. La beauté du timbre, les nuances savamment dosées ont été un enchantement, tandis que le chef a été un partenaire attentif et théâtral, tant dans un récitatif ciselé qu’un air grandiose. 

Puis, avec célérité, l’orchestre s’est presque doublé pour interpréter la fantaisie symphonique de La Femme sans Ombre de Richard Strauss. Avec aisance et un sens des contrastes passionnant, Constantin Trinks a permis à l’orchestre de briller de mille feux. Avec son art orchestral souverain, Richard Strauss a déposé dans ce morceau les thèmes les plus marquants de sa vaste partition. La magie du célesta, des harpes, les couleurs exceptionnelles des cuivres et la chaleur des bois ont fait merveille. Finesse et puissance ont été portées au sommet par une direction engagée et un orchestre en pleine forme. 

Pour la deuxième partie, consacrée aux Noces de Figaro et au Chevalier à la rose, la même perfection a été au rendez-vous. Après une ouverture des Noces pleine d’esprit, la soprano a interprété avec délicatesse et émotion les deux airs de la Comtesse. Devant les applaudissements nourris pour Siobhan Stagg, un bis a été obtenu avec l’air coquin de Despina “Una donna quindic’anni”. Assurément elle a tout d’une parfaite mozartienne. Puis la même transformation de l’orchestre a lieu avant de se lancer dans la Suite du Chevalier à la Rose de Richard Strauss. La perfection de la direction de Constantin Trinks, la manière d’insufler à l’orchestre toute la liberté pour s’exprimer a apporté beaucoup de brillant à l’interprétation de cette œuvre si sensationnelle. En terminant le concert sur cet ouvrage, le changement d’ordre du programme a gagné toute sa légitimité. Mieux que sauvé, ce concert a été d’une perfection accomplie. Il sera retransmis sur Radio Classique le 16 mars prochain.

 

 

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CRITIQUE, concert, TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 20 février 2025. MOZART / STRAUSS. Siobhan Stagg (soprano), ONCT, Constantin Trinks (direction). Crédit photo © Romain Alcaraz

CRITIQUE, opérette. MARSEILLE, Théâtre de l’Odéon, le 23 février 2025. OFFENBACH : la Belle Hélène. L. Janot, M. Justine, J-C. Calon, M. Barrard… Bernard Pisani / Didier Benetti

Bonne nouvelle : l’opérette n’est pas morte ! Même si, en France, au cours des deux dernières décennies, des théâtres qui lui étaient consacrés ont fermé leurs portes, il en est un dernier qui résiste : l’Odéon à Marseille ! Vous partez du port où flottent les souvenirs de Pagnol, vous remontez la célèbre Canebière chantée par Vincent Scotto et, en haut, vous tombez sur une impressionnante file de gens dont la conversation est ensoleillée par l’accent marseillais. Que font là ces gens qui pourraient être pris pour un public d’un match de l’O.M. ? Il s’apprêtent à assister à une  représentation de La Belle Hélène de Jacques Offenbach. Ils ont réservé leurs places des semaines à l’avance, se réjouissent déjà, savent qu’ils vont être heureux. Au pays de la Bonne mère, l’Odéon est le lieu de la bonne humeur. 

 

Cette Belle Hélène montée par Bernard Pisani est bien sûr à cent lieues des spectacles intello où l’on se prend la tête pour imaginer les intentions du metteur en scène. Ici, tout se situe au premier degré. Le but des acteurs, du metteur en scène, du directeur (en l’occurrence l’excellent Maurice Xiberras) est quelque chose de tout simple qui échappe à tant de pros du spectacle contemporain : le désir élémentaire de rendre le public heureux. 

Il faut entendre les rires et les applaudissements dans la salle. Le public est de toutes les générations. On y voit beaucoup plus de jeunes qu’on ne pourrait imaginer. Certains – les plus âgés – fredonnent « Dis moi Vénus, quel plaisir trouves-tu... » D’autres rient aux bons mots du dialogue. Telle est la gaieté lyrique. Les artistes, sur scène, appartiennent au monde si particulier de l’opérette où l’on est à la fois chanteur et comédien.  

Ce jour-là Laurence Janot se trouvait en tête d’affiche. Elle incarne la Belle Hélène aussi bien vocalement que physiquement, assumant la beauté et l’intimité de son personnage dans une belle scène de bain. Dans la troupe qui l’entoure, il est difficile de faire des distinctions : ce spectacle est le succès d’un groupe. On y trouve Matthieu Justine, Marc Barrard, Philippe Ermelier, Carole Clin, Alfred Bironien, Frédéric Cornille. Il en est pourtant un qui mérite une mention spéciale : Jean-Claude Calon : à… 83 ans, il ne fait pas rimer Ménélas avec hélas – Ménélas, vous savez… l’« époux de la reine-pou de la reine » ! L’orchestre, dirigé par Didier Benetti, était composé de musiciens de l’Opéra de Marseille.

Ce jour-là, se trouvait anonymement dans la salle une spectatrice pas comme les autres, la descendante du compositeur, Tatiana Offenbach. Tous les spectacles Offenbach, en France, n’ont pas l’honneur de sa présence. A la fin, ceux qui étaient au courant de sa venue épièrent son verdict. Ravie ! Cette Belle Hélène l’avait séduite. Cela vaut tous les compliments…

 

 

 

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CRITIQUE, opérette. MARSEILLE, Théâtre de l’Odéon, le 23 février 2025. OFFENBACH : la Belle Hélène. L. Janot, M. Justine, J.C. Calon, M. Barrard… Bernard Pisani / Didier Benetti. Crédit photo © Christian Dresse

 

CRITIQUE, opéra. NORDHAUSEN, le 22 février 2025. MOZART : Idomeneo. Yuval Oren, Julia Ermakova, Kyounghan Seo… Loh-Orchester Sondershausen, Julian Gaudiano, direction / Benjamin Prins, mise en scène

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NORDHAUSEN (foyer opératique très actif en Thuringe) ne cesse de marquer des points sur la scène lyrique européenne. Directeur artistique des lieux, BENJAMIN PRINS aborde la trame familiale, l’action conflictuelle d’Idomeneo, 3ème opéra seria de Mozart (après Mitridate et Lucio Silla) en sélectionnant une collection d’airs et de scènes qui rehaussent constamment la tension dramatique. Telle vision sélective renforce, exacerbe même les oppositions, les contrastes, s’accordant particulièrement à la lave orchestrale mozartienne.

 

 

Au moment du sacrifice : de gauche à droite, Yuval Oren (Ilia), Annika Westlund (Idamante),Kyounghan Seo (Idomeneo) © Julia Lormis

 

 

C’est au final, une adaptation efficace, une vision dramatique très juste car Mozart fidèle à lui-même a su capter et exprimer comme peu, la pulsion infime qui anime chaque personnage, dévoilant intentions et vertiges intimes des individus, leur faille cachée, leur blessure intérieure, leur haine inassouvie ; le découpage semble peu privilégier le rôle-titre qui fut pourtant conçu par Mozart pour le grand ténor Anton Raff. On retrouve ici l’esprit de troupe propre aux opéras allemands ; aucun des 5 chanteurs ne déméritent.

Deux caractères se distinguent cependant nettement dans le choix des airs et l’art de la conviction vocale : ILIA est l’amour incarné, proche de Zaide ou de Pamina : elle est prête à donner sa vie… ce qui finira par épargner Idamante ; la soprano YUVA OREN convainc de bout en bout avec la tendresse et l’intensité d’une amoureuse sincère, déterminée, ardente ; quant à ELEKTRA, – opposé direct de la précédente dans l’échelle des personnalités, elle fusionne le délire passionnel d’une Vitellia [sans son repentir final] et le déchaînement électrique d’une Reine de la nuit… Rares dans l’œuvre mozartienne, les portraits d’amoureuse haineuse forcée à la rage et au désespoir impuissant. Ce soir le portrait de l’imprécatrice des furies rappelle bien d’autres magiciennes impétueuses au pouvoir illusoire… Ce que réalise la soprano JULIA ERMAKOVA relève du génie pur : un art consommé du chant incandescent, jamais forcé, précis, inféodé à la seule nécessité scénique.

 

Julia Ermakova, incandescente Elektra © Julia Lormis

 

 

D’autant que l’Orchestre assure alors une parure constellée d’éclats et d’accents dardés qui exprime très précisément tout ce qu’apporte à la cour crétoise la fille d’Agamemnon : l’esprit de la guerre familiale, de l’amour colérique et finalement la haine destructrice. Le chef [JULIAN GAUDIANO] comprend parfaitement les enjeux de chaque apparition de la princesse Atride, fouillant avec détails, tout ce que Mozart a déposé dans sa partition pour caractériser le personnage mythologique si passionnant, entre frustration et délire obsessionnel. Un tel personnage nourrit idéalement la conception du metteur en scène qui peut s’appuyer ainsi sur ce rôle fascinant ; Elektra étaye sa vision d’un huis clos familial, submergé par les tensions, les conflits, les névroses, d’autant plus forts qu’à l’issue du drame, elle reste à l’écart de toute résolution.

La surprise [très bonne] vient aussi de la fosse, un orchestre à la fois souple et furieux [il faut de la folie hallucinée pour accompagner le dernier air d’Elektra [III] et ses serpents terrifiants / aria « D’Oreste, d’Aiace » ] croisée avec une motricité  ciselée et bondissante des cordes propre à l’hypersensibilité « empfindsamkeit », source stylistique où se nourrit (et avec quelle finesse) la subtilité mozartienne.

Le chef réussit le souffle orchestral d’un opéra réellement symphonique, où la fosse déploie sans discontinuer une suractivité signifiante, où les chœurs rayonnent et jubilent ; où la tonicité des cordes portent tout l’édifice dont les couleurs se drapent de nuances tendres et amoureuses grâce aux bois et aux vents (bassons, clarinettes, hautbois, flûtes…] sans omettre les fabuleux cuivres, mystérieux et profonds quand s’exprime l’oracle inattendu, salvateur, par la voix du narrateur conférencier [belle idée que l’on attendait justement].
Une telle tenue d’orchestre assure la digne tradition orchestrale éclatante à l’époque du jeune Mozart qui de fait conçut son seria en disposant à Munich de l’excellente phalange de… MANNHEIM, à seulement quelques kms de Nordhausen.

 

Dans ce jeu scénique où brûlent et s’exposent les sentiments, Benjamin Prins souligne avant l’oracle libérateur, la force de l’Histoire crétoise, sa tension tragique, l’oppression inflexible qu’imposent aux hommes les dieux voraces et inflexibles. Côte scénique, le dispositif adopte tous les apports techniques et visuels actuels : vidéo (suggérant le milieu marin et l’océan de Neptune), piliers creux amovibles qui permettent entrées et sorties de scène…  La scène elle-même pourtant peu profonde et dans un dispositif transitoire encore [car le théâtre est en travaux jusqu’en… 2026 probablement] permet les différents niveaux d’actions : le narrateur sur sa plate-forme qui tourne, avance ou recule, et à l’avant scène, le jeu des chanteurs et du chœur.

L’adaptation suit l’action centrale et avec le recul, souligne les deux êtres qui souffrent, éprouvés, éreintés, Idomeneo, en père tiraillé, et Électre, l’étrangère écartée… Si le Roi de Crête sauve sa lignée, rien n’est épargné à la princesse mycénienne qu’anime et torture une indicible autant qu’impuissante fureur. C’est bien elle la clé du drame, où réside et se concentre tout le potentiel dramatique de l’ouvrage.

 

 

 

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Idomeneo de Mozart par Benjamin Prins – Prochaines représentation au Théâtre de Nordhausen les 9 et 29 mars 2025 ; production reprise en Thuringe, au Theater Rudolstadt à partir du 18 octobre 2025  – PLUS D’INFOS sur le site du Theater Nordhausen/Loh-Orchester Sondershausen GmbH : https://theater-nordhausen.de/musiktheater/idomeneo

Toutes les photos © Julia Lormis

 

les saluts © classiquenews

 

les saluts avec l’orchestre Loh-Orchester Sondershausen  © classiquenews

 

CRITIQUE, opéra. TOULOUSE, Théâtre du Capitole, le 21 février (et jusqu’au 2 mars) 2025. HAENDEL : Giulio Cesare. R. Naggar-Tremblay, C. Pavone, N. Wanderer… Damiano Michieletto / Christophe Rousset

Vendredi soir, le Théâtre du Capitole a accueilli la première de Giulio Cesare en Egypte de Georg Friedrich Haendel, sous la direction de Christophe Rousset à la tête de ses Talens Lyriques. Dès son entrée dans la fosse, ce dernier a été chaleureusement acclamé par un manifeste public conquis d’avance. Les saluts finaux ont été marqués par un enthousiasme débordant, notamment envers les interprètes Key’mon Murrah (Sesto) et Claudia Pavone (Cléopâtre), mais aussi envers la production confiée au trublion italien Damiano Michieletto, déjà présentée à Paris (TCE) et Montpellier (Opéra Comédie), maisons coproductrices du spectacle. 

 

Depuis que l’œuvre de Haendel est régulièrement jouée, il semble presque obligatoire d’y intégrer une dose d’humour et de gags. Des metteurs en scène comme Nicholas Hytner, Peter Sellars ou Laurent Pelly ont tous opté pour cette approche, avec des résultats variés. Damiano Michieletto, lui, a pris un chemin différent. Sa vision de Giulio Cesare est sombre et introspective, explorant les thèmes de la mort et de la destinée. Le spectacle s’ouvre sur un César hanté par la perspective de son assassinat, symbolisé par un réseau de fils rouges évoquant des traînées de sang ou ceux de son funeste destin. Cette atmosphère oppressante rappelle parfois les œuvres dramatiques de Poussin, où violence et fatalité sont omniprésentes. Michieletto insiste sur la dimension allégorique de l’opéra, avec des apparitions régulières de trois Parques (trois femmes nues se déplaçant à pas lents, le dos voûté), figures mythologiques du destin, et l’ombre de Pompée qui plane sur l’action. L’histoire est transposée au milieu du XXe siècle, avec quelques références à l’Égypte antique. Le metteur en scène a choisit de mettre en avant la gravité du récit, laissant peu de place à l’humour ou à la légèreté.

Musicalement, la soirée a été un grand succès. Christophe Rousset, à la tête de son ensemble remarquable, dirigé avec une précision et une sensibilité remarquables, encourageant les chanteurs à embellir leurs airs avec des ornementations audacieuses. La mezzo canadienne Rose Naggar-Tremblay, dans le rôle-titre, a été ovationnée pour sa performance vocale et scénique, incarnant un César à la fois puissant et vulnérable. La soprano italienne Claudia Pavone, en Cléopâtre, a impressionné par sa virtuosité, naviguant avec aisance entre les suraigus et les notes graves, tout en donnant une profondeur inattendue à son personnage.

Grand triomphateur de la soirée à l’applaudimètre, le contre-ténor étasunien Key’mon Murrah dans le rôle de Sesto, a su traduire avec expressivité la douleur et la colère du fils de Pompée, avec des aigus retentissants et des graves sonores, tandis que la mezzo géorgienne Irina Sherazadishvili (pour Elizabeth DeShong initialement annoncée) a offert une interprétation poignante de Cornelia, débarrassée des clichés comiques souvent associés à ce rôle. Le contre-ténor allemand Nils Wanderer en Ptolémée, et la basse catalane Joan Martin-Royo, en Achilla, ont également marqué les esprits par leur présence scénique et leur engagement vocal. Citons également William Shelton en Nireno et Adrien Fournaison en Curio, qui ont également rendu justice à leur partie respective. 

Une belle soirée haendélienne au Théâtre du Capitole !

 

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CRITIQUE, opéra. TOULOUSE, Théâtre du Capitole, le 21 février (et jusqu’au 2 mars) 2025. HAENDEL : Giulio Cesare. R. Naggar-Tremblay, C. Pavone, N. Wanderer… Damiano Michieletto / Christophe Rousset. Crédit photo © Mirco Magliocca

 

 

INVALIDES. Jeu 13 mars 2025. BARTOK, MILHAUD, STRAVINSKY… Orchestre symphonique de la Garde républicaine / Aurélien Pascal, violoncelle / Sébastien Billard, direction

Grâce à leur excellente saison musicale, à la fois exigeante et surprenante, les INVALIDES savent accorder HISTOIRE et MUSIQUE. En témoigne ce nouveau programme prometteur : après des précédentes réalisations surprenantes (lire en bas d’article les critiques de deux concerts précédents), le nouveau jalon de la série « Exil et Résistance », intitulé « en exil aux USA », soit le cas de 3 compositeurs exilés, outre-Atlantique, Bartok, Milhaud, Stravinsky qui font partie des quelques 1500 musiciens ayant fui entre 1933 et 1944, l’Europe pour l’Amérique…

 

 

Au total et à partir de 1933, environ 1 500 musiciens fuient l’Europe et émigrent aux États-Unis, tels Bartók, Milhaud et aussi Stravinski dont le « Dumbarton Oaks Concerto » (1938), commande de riches mécènes américains (les époux Bliss pour les 30 ans de leur mariage lors d’une fête dans leur propriété de Dumbarton Oaks), y est créé sous la direction de Nadia Boulanger.Il s’agit d’un authentique Concerto Grosso que Stravinsky conçoit d’après les Brandebourgeois de JS Bach. Le génie stravinskien s’y dévoile sans limites dans une indiscutable légèreté virtuose.

La « Suite française » de Milhaud (1944), moins connue que sa Suite provençale de 1936-, répond à la requête d’un éditeur américain souhaitant rendre hommage aux armées alliées, ayant libéré les régions françaises : le folklore régional hexagonal y est donc célébré, en particulier des airs normands, bretons, franciliens, alsaciens et provençal… Son 2e concerto pour violoncelle, d’une grande subtilité de style, lui est postérieur d’un an (1945), tout comme la méditative « Paduana » d’Honegger. Le caractère, successivement joyeux, tendre puis endiablé du Concerto est défendu avec conviction et finesse par le violoncelliste Aurélien Pascal, accompagné par l’Orchestre de la Garde républicaine.

 

 

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En EXIL aux USA
Cathédrale Saint-Louis des INVALIDES
jeudi 13 mars 2025, 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site des INVALIDES, saison musicale 2024 – 2025 :
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/en-exil-aux-usa.html

 

 

 

Programme :

BARTÓK, Divertimento pour cordes
STRAVINSKI, Dumbarton Oaks Concerto, pour orchestre
HONEGGER, Paduana H.181, pour violoncelle seul
MILHAUD,
Concerto n°2, opus 255, pour violoncelle et orchestre, Suite française, pour orchestre

 

Distribution

Orchestre symphonique de la Garde républicaine
Sébastien Billard, direction
Soliste : Aurélien Pascal, violoncelle

 

 

 

accès au concert

Accès unique pour les concerts de 20h par le 129 rue de Grenelle (Face au pont Alexandre III). Il est nécessaire d’acheter ses billets à la billetterie sur place de 10h à 17h30 ou en ligne : https://billetterie.musee-armee.fr/fr-FR/accueil

 

nos autres critiques
concerts aux INVALIDES

CRITIQUE, concert. PARIS, INVALIDES, jeudi 23 janvier 2025. « Ici Londres » : Beethoven, Bizet, Chausson, Ravel… Orchestre symphonique de la Garde républicaine, Svetlin Roussev, violon / Bastien Stil, direction

CRITIQUE, concert. PARIS, INVALIDES, jeudi 23 janvier 2025. « Ici Londres » : Beethoven, Bizet, Chausson, Ravel… Orchestre symphonique de la Garde républicaine, Svetlin Roussev, violon / Bastien Stil, direction

 

 

 

CRITIQUE, concert. PARIS. INVALIDES, Cathédrale Saint-Louis, le 6 février 2025. Elsa BARRAINE : Symphonie n°2. Henri TOMASI : Requiem pour la paix. Choeur universitaire de l’OCUP (Guillaume Connesson, chef de choeur), Orchestre de la Garde Républicaine, Sébastien Billard (direction)

https://www.classiquenews.com/paris-invalides-le-26-fevrier-2025-elsa-barraine-symphonie-n2-henri-tomasi-requiem-pour-la-paix-orch-de-la-garde-republicaine-billard-direction/

 

CRITIQUE, concert. PARIS. INVALIDES, Cathédrale Saint-Louis, le 6 février 2025. Elsa BARRAINE : Symphonie n°2. Henri TOMASI : Requiem pour la paix. Choeur universitaire de l’OCUP (Guillaume Connesson, chef de choeur), Orchestre de la Garde Républicaine, Sébastien Billard (direction)

 

LIVE STREAMING, opéra. WAGNER : Götterdämmerung / Le Crépuscule des Dieux, dim 23 fev 15h (La Monnaie, Bruxelles)

Au pied du rocher où sont réunis Siegfried et Brünnhilde, trois Nornes ou Parques tissent le destin du monde et en particulier celui des dieux. Passé, présent et futur s’entremêlent ; les fils se croisent et l’un d’eux se rompt : la fin des dieux menés par Wotan (le voyageur) est proche…

 

En réalité avec les dieux, ce sont les légendes et les mythes fondateurs qui s’écroulent ; le héros Siegfried est manipulé, assassiné ; le Walhalla sombre dans les flammes ; Brünnhilde elle aussi manipulée et sacrifiée, sauve l’équilibre mais se sacrifie en rendant l’anneau aux filles du Rhin. De nouveaux contrats surgissent, et l’ordre des Gibishungen s’impose entre haine, vengeance, meurtres et tyrannie … « potions et casques magiques entraînent de tragiques confusions, et le choc des générations est source de dévastation. La chute de tout ce qui est cher aux hommes comme aux dieux est inéluctable ». Dans la production bruxelloise, parmi les chanteurs, le HAGEN d’Ain Anger se distingue par « sa présence scénique et une voix sombre qui captivent… » (cf la critique d’Emmanuel Andrieu, lire ci après).

Il aura fallu 26 ans à Richard Wagner pour achever le dernier volet de son Ring (ou Tétralogie) : Le Crépuscule des dieux refermant le grand livre opératique qui comprend L’Or du Rhin (Prélude) puis les deux précédents opéras : La Walkyrie et Siegfried. Fascinant entrelacs de motifs puisés dans l’ensemble de la Tétralogie, la partition apporte une conclusion bouleversante à un cycle qui enchante la Monnaie depuis maintenant deux saisons.
OperaVision diffuse en direct de Bruxelles cette nouvelle production, dans laquelle le directeur musical Alain Altinoglu et le metteur en scène Pierre Audi se confrontent à l’ultime question posée par l’Anneau du Nibelung : que reste-t-il de l’homme lorsqu’il ne peut compter que sur lui-même ? ou plutôt, l’homme livré à lui-même peut-il se soustraire à l’empire du désir, du pouvoir, de la possession ? Aucun autre compositeur que Wagner n’a su à ce point révolutionner le théâtre musical ni dénoncer les travers les plus barbares qui sommeillent en chacun de nous.

 

 

 

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VOIR Le Crépuscule des dieux / Götterdämmerung, en direct de l’Opéra La Monnaie, Bruxelles :
https://operavision.eu/fr/performance/gotterdammerung-0
EN DIRECT le 23 février 2025, 15h
EN REPLAY, jusqu’au 23 août 2025, 12h.
Chanté en allemand (livret de Richard Wagner)
Sous titres en anglais, français,…

 

 

 

distribution

Siegfried : Bryan Register
Gunther : Andrew Foster-Williams
Alberich : Scott Hendricks
Hagen : Ain Anger
Brünnhilde : Ingela Brimberg
Gutrune : Anett Fritsch
Waltraute : Nora Gubisch

Première Norne : Marvic Monreal
Deuxième Norne : Iris van Wijnen
Troisième Norne : Katie Lowe
Woglinde : Tamara Banješević
Wellgunde : Jelena Kordić
Flosshilde : Christel Loetzsch

Orchestre symphonique et choeurs de La Monnaie

Direction musicale : Alain Altinoglu
Mise en scène : Pierre Audi

 

 

critique

LIRE aussi notre CRITIQUE, opéra. BRUXELLES, Théâtre Royal de la Monnaie (du 4 février au 2 mars 2025). WAGNER : Le Crépuscule des Dieux. I. Brimberg, B. Register, A. Ainger… Pierre Audi / Alain Altinoglu
https://www.classiquenews.com/critique-opera-bruxelles-theatre-royal-de-la-monnaie-du-19-fevrier-au-2-mars-2025-wagner-le-crepuscule-des-dieux-i-brimberg-b-register-a-ainger-pierre-audi-alain-altinoglu/

Par notre rédacteur en chef Emmanuel Andrieu :

« La Tétralogie de Richard Wagner présentée par La Monnaie de Bruxelles a suscité de vives réactions, notamment en raison des choix audacieux et du départ précipité du metteur en scène Romeo Castellucci après La Walkyrie. Les raisons de son retrait restent floues, alimentant les discussions pour les années à venir. Pierre Audi a été appelé en urgence pour reprendre les rênes, décidant de s’éloigner du travail de son prédécesseur. Après un Siegfried réussi malgré les contraintes de temps, l’attente était grande pour ce Crépuscule des dieux. »

 

 

 

dossier

LIRE aussi notre article « Musique de l’inéluctable » / éclat des interludes symphoniques
Par notre rédacteur Carter Chris-Humphray

Jamais la musique de Wagner n’est aussi vénéneuse que dans le Crépuscule des Dieux. Les 3 actes, précédés du prologue (où les Nornes disparaissent après n’avoir pas pu éviter que se rompe le fil des destinées… préfiguration de la chute des Dieux annoncée), expriment les puissantes forces psychiques qui affrontent le destin du couple magnifique : Siegfried et Brünnhilde, au clan recomposé des Gibishungen…

L’orchestre suit en particulier tout ce qu’éprouve Brünnhilde, tout au long de l’ouvrage, tour à tour, ivre d’amour, puis écartée, trahie, humiliée par celui qu’elle aime : Siegfried trop crédule est la proie des machinations et du filtre d’oubli … une faiblesse trop humaine qui la mènera à la mort. Le héros se laissera convaincre de répudier Brünnhilde pour épouser Gutrune …

… prenez par exemple l’intermède orchestral du I, assurant la transition entre la scène 2 et la scène 3 : alors que le spectateur découvre le gouffre démoniaque qui habite le noir Hagen digne fils d’Albérich – le rancunier vengeur et amer, Wagner nous transporte vers son opposé, lumineux, clairvoyant, loyal et capable de toute abnégation au nom de l’amour : Brünnhilde.

Lire l’article complet : https://www.classiquenews.com/wagner-le-crepuscule-des-dieux/

 

 

 

 

 

 

 

CRITIQUE, opéra. MONACO, Salle Garnier, le 19 février 2025. WAGNER : l’Or du Rhin. C. Purves, W. Ablinger-Sperrhacke, P. Kalman, D. Uzun… David Livermore / Gianluca Capuano

Parmi toutes les mises en scènes extravagantes de la Tétralogie qu’on a vues ces dernières années, voici celle de l’Or du Rhin de Davide Livermore qui est à l’affiche de l’Opéra de Monte-Carlo. On y voit rien moins qu’un crash d’avion – oui, un bon vieux Douglas bi-moteur des années trente qui s’engloutit dans le Rhin. La catastrophe survient alors qu’à l’orchestre se superposent les notes de l’arpège de mi bémol qui portent le sublime prélude de l’œuvre. Mise en scène moderne et musique sur instruments anciens vont se conjuguer pour nous donner un spectacle hors du commun, qui, doté d’une admirable distribution, s’avère totalement séduisant.   

 

Au tout début – avant le prélude musical – on voit, sur l’écran, un enfant pliant en forme d’avion la feuille sur laquelle il avait commencé à écrire. Lancée dans l’espace, cette feuille devient l’avion qui, pris dans un orage, chute et s’abîme dans le fleuve. La carlingue déchirée restera tout au long du spectacle, non seulement au fond du Rhin mais aussi, curieusement, au milieu du Walhalla et de la forge d’Alberich. Cela ressemble aux épisodes d’un immense jeu vidéo. On retrouvera l’enfant sur l’écran à plusieurs reprises mais aussi sur scène, aux côtés de Wotan. Quelles sont les symboliques de cet avion et de cet enfant ? On aura sans doute l’explication lors des épisodes suivants de la Tétralogie qu’a certainement l’intention de donner l’Opéra de Monte-Carlo au cours des saisons à venir. Les moyens techniques déployés sont considérables. Les projections vidéo en 3D sont impressionnantes. Les effets lumineux sont saisissants, notamment au moment de la découverte de l’or. Dans ce grand jeu, les dieux apparaissent en habits de soirée, entourés de serveurs en tenue. Les géants, eux, ont des allures de boucs. Quant à l’évocation du dragon, elle s’accompagne sur l’écran d’ images de villes bombardées et de défilés de troupes nazies.

Côté vocal, la distribution est superbe. Elle est dominée par l’Alberich robuste, vengeur, de Peter Kalman. Le Wotan de Christopher Purves a belle allure, s’imposant par sa noblesse plus que par sa puissance. Wolfgang Ablinger-Sperrhacke éclate dans son rôle de Loge. Il chante à un moment « Un rêve se joue-t-il de moi ? » C’est un peu ce qu’on se demande. Les deux basses robustes de David Soar et Wilhelm Schwinghammer donnent de la consistance aux géants Fasolt et Fafner. Les dieux des orages et du printemps, Donner et Froh, incarnés par Kartal Karagedik et Omer Kobiljak, ne sont pas en reste, de même que Mime chanté par Michael Laurenz. Côté féminin, Varduhi Abrahamyan, qui devait incarner Fricka, a été remplacée « à la suite d’un « incident » par Deniz Uzun, laquelle tient bien son rôle. La célèbre mezzo biélorusse Ekaterina Semenchuk, engagée pour les quelques minutes de son intervention d’Erda, déesse de la terre, y fait forte impression. « Weia! Waga! Wagalaweia! Wallala, weiala weia ! » chantent les Filles du Rhin en jouant sur l’allitération des W : Mélissa Petit, Kayleigh Decker et Alexandra Kadurina sont ces Filles aux ravissantes tenues d’ondines dont le chant a belle allure.

L’orchestre est celui des Musiciens du Prince-Monaco. Cet ensemble qu’on a connu jusqu’alors pour ses interprétations baroques fait très belle impression ici sur des instruments de l’époque de Wagner. Leur chef Gianluca Capuano réalise là un travail admirable. Un indéniable souffle wagnérien passe sur ce spectacle. Autant en emporte Wotan !

 

 

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CRITIQUE, opéra. MONACO, Salle Garnier, le 19 février 2025. WAGNER : l’Or du Rhin. C. Purves, W. Ablinger-Sperrhacke, P. Kalman, D. Uzun… David Livermore / Gianluca Capuano. Toutes les photos © Marco Borrelli

 

 

 

TRANS EUROPE EXPRESS / Agnès PYKA. Les compositrices à l’honneur : concerts, masterclasses, ateliers, rencontres… jusqu’au 30 avril 2026

Critique, engagée, la violoniste Agnès PYKA lance depuis nov 2024, un projet musical européen à long cours (jusqu’en avril 2026) : « Trans Europe Express », soit un cheminement musical de 2 années que jalonnent une quinzaine de concerts événements, des masterclasses (axés sur la composition et l’interprétation) et des ateliers (à destination des jeunes compositrices), des commandes passées aux créatrices d’aujourd’hui…

 

 

La musicienne s’appuie en particulier sur les ressources de son propre ensemble de musique de chambre Des Équilibres (avec aussi la complicité de l’ensemble Zahir, du pianiste Balint Barath …). L’objectif est le rayonnement et l’essor des compositrices en Europe, tout en questionnant l’état de la parité dans les différents milieux de la création à l’échelle du continent européen. Carte blanche est ainsi offerte aux jeunes compositrices d’aujourd’hui désireuses de se faire jouer, de se faire connaître, d’enrichir encore leur expérience, de transmettre et échanger … A l’exemple de la France qui semble être à la pointe dans le domaine, – soucieuse de défendre la place des compositrices dans les programmes des concerts,…-, le projet TRANS EUROPE EXPRESS cultive les rencontres et le partage (ateliers de transmission), favorise les créations (8 commandes sont passées), soutient la création (8 compositrices de quatre pays différents : Espagne, France, Hongrie, Malte, sont jouées en particulier).
Un important volet pédagogique à l’adresse des étudiants des Universités et des conservatoires des pays ainsi traversés, est développé, porté par les 8 compositrices associées au projet, comprenant des masterclasses de composition (techniques, analyse, orchestration et arrangement, narration…) et des masterclasses instrumentales grâce à la participation des interprètes des ensembles Des Équilibres (violon, alto, violoncelle, clarinette) et Zahir (flûte, violoncelle). Portrait : Agnès PYKA (DR)

 

 

entretien

LIRE notre entretien avec Agnès PYKA à propos du projet TRANS EUROPE EXPRESS : https://www.classiquenews.com/?p=74563

 

 

PLUS D’INFOS sur le site de l’ensemble Des Equilibres : http://www.desequilibres.fr/

 

 

 

 

Les CONCERTS & ATELIERS
TRANS EUROPE EXPRESS

l’ensemble des 14 événements musicaux met à l’honneur les femmes dans la composition musicale contemporaine
(février 2025 – mars 2026)

 

 

 

DU 3 AU 9 FÉVRIER 2025 :
MALTE, LA VALETTE
Programme :
Florentine Mulsant, Sonate violon seul n°5
Erno Dohnanyi, Serenade pour trio à cordes op.10 Jean Cras, Trio pour violon alto et violoncelle
Concert : 4 février à 20h au Concert Hall (Malta Society Of Art)

 

DU 9 MARS 2025 :
FRANCE, CHAMPS-SUR-MARNE
Programme :
Florentine Mulsant, Sonate violon seul n°5
Erno Dohnanyi, Serenade pour trio à cordes op.10
Jean Cras, Trio pour violon alto et violoncelle
Wolgang Amadeus Mozart, Prélude et Fugue en ré mineur, K. 404a, n°1
Concert : 9 mars 2025 à 17h au Salon de musique du Château de Champs-sur- Marne

 

DU 12 AU 15 MAI 2025 :
HONGRIE, BUDAPEST
Programme :
Trio avec piano de Timea Dragony – 20′,
Trio Concertant n°2 op. 1 en si bémol majeur de César Franck Trio n°2 op.76 en si mineur de Joaquin Turina
Concert : 14 mai à l’Institut Français de Budapest

 

DU 20 AU 23 MAI 2025 :
ESPAGNE, MADRID
Programme :
Quintette à cordes de Marian Marquez
 ; Trio pour violon, alto et violoncelle no.1 op.37 de Conrado Del Campo ; Assobio a Jato, W493, pour flûte et violoncelle de Heitor Villa-Lobos ; Duo pour violon et alto en sol majeur, KV 423 de Wolfgang Amadeus Mozart
Concert : 22 mai à l’Institut Français de Madrid

 

 

DU 4 AU 7 JUIN 2025 :
ESPAGNE, GÉRONE
Programme :
Marian Marquez, Quintette à cordes
 ; Conrado Del Campo, Trio pour violon, alto et violoncelle n°1 op.37
 – Heitor Villa-Lobos, Assobio a Jato, W493, pour flûte et violoncelle ; Wolfgang Amadeus Mozart, Duo pour violon et alto en sol majeur, KV 423
Concert : 7 juin à l’église de l’Escala

 

DU 20 AU 21 JUIN 2025 :
FRANCE, MARSEILLE
(Programmateur additionnel)
Programme :
Florentine Mulsant, Sonate n°5 violon seul  ; Andrea Szigetvari, Trio à cordes  ; Véronique Vella, Trio à cordes
Concert : 21 juin au Musée Cantini

 

10 JUILLET 2025 : MALTE, GOZO
Programme :
Véronique Vella, Trio à corde
Erno Dohnanyi, Serenade pour trio à cordes op.10 Jean Cras, Trio pour violon alto et violoncelle
Concert : 10 juillet au Victoria Arts International Festival

 

DU 18 AU 21 SEPTEMBRE 2025 :
FRANCE, FONT ROMEU

Programme I :
Henriette Renié, Andante religioso ; 
Henriette Renié, Trio violon violoncelle harpe ; Claire Mélanie Sinnhuber, Renouée des oiseaux ; Claire Mélanie Sinnhuber, Héliotrope
Concert : Date et lieu à définir. I

Programme II :
Anna Malek, Quintette piano ; 
Mel Bonis, Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur, Op. 64 ; César Franck, Trio Concertant n°2 op. 1 en si bémol majeur
Concert : Date et lieu à définir.

 

27 SEPTEMBRE 2025 :
FRANCE, CHAMPS-SUR-MARNE
Programme :
Edith Canat de Chizy, Trio avec piano ; 
César Franck, Trio Concertant n°2 op. 1 en si bémol majeur ; Joaquin Turina , Trio no 2 opus 76 en si mineur
Concert : 27 septembre au Salon de musique du Château de Champs-sur- Marne

 

DU 30 SEPTEMBRE AU 4 OCTOBRE 2025 :
MALTE
Programme :
Mariella Cassar Cordina , Trio avec piano
 ; César Franck , Trio Concertant n°2 op. 1 en si bémol majeur ; Joaquin Turina, Trio n° 2 op.76 en si mineur
Concert : 3 octobre – Lieu à définir

ATELIER Jeunes compositrices
Compositrices présentes : Édith Canat de Chizy, Véronique Vella, Anna Malek, Mariella Cassar Cordina
Interprètes présents : Agnès Pyka (violon) ; Éric Villeminey (violoncelle) ; Balint Barath (piano)

 

 

DU 26 AU 31 OCTOBRE 2025 :
ESPAGNE, SÉVILLE
Programme :
Anna Malek, Quintette piano ; Timea Dragony, Trio piano ; Mariella Cassar Cordina, Trio piano
Concert : 31 octobre – Lieu à définir

ATELIERS Jeunes compositrices
Compositrices présentes : Timea Dragony, Anna Malek, Mariella Cassar Cordina, Marian Marquez
Interprètes présents : Agnès Pyka (violon) ; Alphonso Rubio (flûte) ; Balint Barath (piano) ; Pierre Génisson (clarinette) ; Éric Villeminey (violoncelle)

 

DU 2 AU 6 DÉCEMBRE 2025 :
HONGRIE
Programme :
Andrea Szigetvari, Trio à cordes ; Erno Dohnanyi, Serenade pour trio à cordes op10 ; Jean Cras, Trio pour violon, alto et violoncelle
Concert : Date et lieu à définir

ATELIERS Jeunes compositrices
Compositrices présentes : Marian Marquez, Anna Malek, Andrea Szigetvari, Véronique Vella
Interprètes présents : Agnès Pyka (violon) ; Alphonso Rubio (flûte) ; Jean Sautereau (alto) ; Pierre Génisson (clarinette) ; Javier Lopez Escalona (violoncelle)

 

DU 24 AU 31 JANVIER 2026 :
ESPAGNE, SÉVILLE
Programme I :
Véronique Vella, Trio à cordes  ; Andrea Szigetvari, Trio à cordes ; Marian Marquez, Quintette à cordes
Concert : 31 janvier – lieu à définir.

Programme II :
Véronique Vella, Extrait Trio à cordes Andrea Szigetvari, Extrait Trio à cordes Marian Marquez, Extrait Quintette à cordes
Concert : Date et lieu à définir.

 

1ER TRIMESTRE 2026 : FRANCE, POURRIÈRES Programme :
Andrea Szigetvari, Trio à cordes
 ; Erno Dohnanyi, Serenade pour trio à cordes op 10 ; Jean Cras, Trio pour violon alto et violoncelle
Concert : Date et lieu à définir

 

à suivre…

 

8 COMMANDES à 8 compositrices professionnelles

FRANCE
Florentine Mulsant : Sonate pour violon seul n°5
Édith Canat de Chizy : Trio avec piano

HONGRIE
Timea Dragony : Trio avec piano
Andrea Szigetvari : Trio à cordes

MALTE
Mariella Cassar Cordina : Trio avec piano
Veronique Vella : Trio à cordes

ESPAGNE
Anna Malek : Quintette avec piano
Marian Marquez : Quintette sans piano

 

 

 

 

LES INTERPRÈTES

VIOLON
Agnès Pyka

VIOLONCELLE
Éric Villeminey, 
Javier Lopez Escalona, Jordan Costard

ALTO
Jean Sautereau

PIANO
Balint Barath

FLÛTE
Alphonso Rubio, 
Second flûtiste (nom bientôt communiqué)

CLARINETTE
Pierre Génisson

HARPE
Marcel Cara

 

 

L’ENSEMBLE DES ÉQUILIBRES

Violons : Agnès Pyka, Jacques Gandard, Marie Orenga / 
Altos : Cécile Grassi, Emmanuel Haratyk, Sébastien Lévy
Violoncelles : Guillaume Martigné, Damien Ventula, Jeremy Genet, Thibaut Reznicek / 
Contrebasse : Rémi Demangeon / Hautbois : Marc Badin
Clarinette : Alain Geng
Harpe : Nora Lamoureux / 
Guitare : Béatrice Morisco / 
Pianos : Laurent Wagschal, Sandra Chamoux

 

 

 

 

discographie
Parmi une discographie particulièrement riche, saluons entre autres, l’intégrale de la musique de chambre pour cordes de César Franck (2022), le coffret de 4 CD dédié à César Franck, (Intégrale de la musique de chambre / Complete Chamber Music) publié en juin 2023.

ENTRETIEN avec Agnès PYKA, fondatrice Des Équilibres, à propos du projet TRANS EUROPE EXPRESS (2024 – 2026)

Équilibriste inspirée, violoniste engagée, Agnès Pyka jongle avec les formations chambristes toujours dans le sens de l’expressivité, de l’échange, du partage, au service en particulier des œuvres du XXème siècle, surtout des compositrices contemporaines. Lancé en 2024, le projet « TRANS EUROPE EXPRESS » traverse l’Europe, favorise le rayonnement des compositrices contemporaines à travers une quinzaine de concerts, 8 commandes, mais aussi masterclasses à l’adresse des étudiants en Université et Conservatoire, sans omettre les ateliers pour les jeunes compositrices désireuses d’enrichir leur expérience … Ambitieux et complet, le projet TRANS EUROPE EXPRESS est une odyssée artistique et humaine qui porte aussi les valeurs du propre ensemble créé par Agnès Pyka, Des Équilibres. Explications
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CLASSIQUENEWS : Pourquoi avoir intitulé votre ensemble Des Déséquilibres ? En référence à quoi ? De quelle façon le projet Trans EUROPE EXPRESS véhicule-t-il les valeurs de votre travail avec l’ensemble et renforce-t-il l’identité de la phalange ?

Agnès PYKA : L’ensemble Des Equilibres représente les différents équilibres rencontrés en musique de chambre à deux, trois, ou six… J’ai choisi volontairement cette formation à géométrie variable il y a vingt ans afin de pouvoir répondre rapidement à toute demande de création ou d’envie née des rencontres. Dès le départ, l’ensemble devait être un lieu d’échanges entre musiciens d’horizons différents(solistes d’orchestre, chambristes, solistes, professeurs) car rentrant du Canada en 2001, j’avais été frappé par la polyvalence (et l’excellence) des musiciens nord américains, polyvalence que je retrouvais peut être moins dans notre système Français. Rencontre également avec d’autres, esthétiques musicales (comme par exemple notre projet avec Cristina Branco faisant dialoguer création contemporaine et Fado, ou celui avec Ray Lema réunissant quatuor à cordes et piano afro jazz) ou pluridisciplinaire avec d’autres formes d’art comme le projet Une Nuit Transfigurée. Notre projet Trans Europe express répond donc complètement à la ligne directrice originelle de notre ensemble puisque nous collaborerons avec des interprètes Espagnols et Hongrois dans différentes formations : trios à cordes, trios avec piano, quintettes à cordes, quintettes « Pierrot », faisant ainsi converser nos différentes cultures.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Depuis le lancement du projet en 2006, avez vous noté des évolutions notables dans l’accueil de votre projet ? Y a t il des pays qui sont à la pointe en matière de création et de parité ?

Agnès PYKA : Nous avons rencontré au départ certaines résistances des tutelles et même du milieu musical qui avait du mal à envisager qu’il pouvait y avoir un ensemble « professionnel » au delà des trios ou quatuors à cordes constitués. Je pense que le chemin a sans doute été plus difficile pour notre ensemble que pour les ensembles classiques car on me disait souvent que nous ne rentrions dans aucune case, ce qui pouvait compliquer la diffusion et même le subventionnement. De plus, au vu des répertoires choisis, principalement XXème siècle et contemporain, nous ne choisissions en aucun cas la facilité.
Cependant , que ce soit par goût personnel ou engagement artistique, nous n’avons jamais cédé et sommes restés dans notre fil conducteur : les répertoires oubliés, notamment de compositrices du XXème, et la création contemporaine, persuadés qu’il y a un vrai travail à faire sur les publics pour que la création prenne sa vraie place dans l’industrie musicale.
Au vu du succès rencontré par l’ensemble au bout de ces vingt ans, que ce soit sur les enregistrements, les résidences de longue durée, les tournées à l’international et le nombre de concerts stable et important, peut être avons-nous eu raison de continuer?
Concernant la parité, nous sommes au tout début du projet européen, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Cependant, d’ores et déjà nous avons identifié, lors des échanges avec  les compositrices, différentes raisons qui semblent être à l’origine du déséquilibre femme / homme : culturelles, politiques, certaines femmes ne se projettent pas dans cette profession, ne savent pas comment y arriver (par quel chemin? quels contacts?) ; ont l’impression de ne pas pouvoir libérer assez de temps libre pour y arriver (charges familiales) ; ont peur de cette profession  qui ne semble pas être suffisamment stable et rémunératrice. Même si en France nous sommes encore loin de la parité, nos compositrices font figure d’exemple par le simple fait de pouvoir vivre de leur création, d’être rémunérées sur des commandes.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : En France dans quel sens va la place des femmes musiciennes, comme instrumentistes et comme compositrices ? Quel est votre sentiment ?

Agnès PYKA : Je dois avouer que, personnellement, résidant en France, je n’ai pas l’impression que les difficultés que j’ai rencontrées aient été liées au fait que je sois une femme. Quelques problèmes avec des interprètes hommes peut être, qui estimaient devoir « diriger » l’ensemble quelle qu’en soit leur position à l’intérieur, considérant peu la direction artistique d’une femme, mais cela reste du niveau de l’anecdote.
Les difficultés rencontrées pour l’ensemble sont celles rencontrées par un ensemble indépendant cependant, il est indéniable que j’ai ressenti il y a vingt ans et pendant de nombreuses années ce à quoi font référence certaines compositrices, à savoir qu’il était beaucoup plus facile de rencontrer un soliste ou un chambriste homme qui pouvait se « permettre » sa carrière et sa liberté de choix professionnel grâce au soutien indéfectible de son épouse s’occupant de l’intendance et de l’éducation des enfants. L’opposé était très rare et il a certainement justifié de choix dans ma vie.
Il est vrai cependant que j’ai bénéficié d’un système culturel et politique en France qui a permis la construction entre autres de notre ensemble mais également de qui je suis. Je sais que beaucoup n’ont pas eu cette chance, c’est le pourquoi du projet Trans Europe express. Les choses évoluent bien sûr mais il reste encore beaucoup à faire et nous allons essayer d’y contribuer à notre manière.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Pouvez-vous citer 2 ou 3 projets avec les compositrices d’aujourd’hui qui vous paraissent particulièrement emblématiques de la situation actuelle ?

Agnès PYKA : Je citerai Edith Canat de Chizy qui vient de créer son concerto pour trois percussions, timbales et orchestre au coté de la deuxième symphonie de Brahms avec l’Orchestre national de France à la Maison de la Radio. Cette grande dame a certainement ouvert la route a beaucoup de ses consœurs. Première femme compositeur a être admise à l’Institut de France, elle tient le haut de la création depuis trente ans. Les concerts aux programmations mixtes m’ont toujours semblé la meilleure voie pour entraîner le grand public vers la création.
Florentine Mulsant qui vient de remporter les Victoires de la musique 2024 avec sa pièce le chant du soleil pour piano quatre mains, qui a traversé tant de choses pour se hisser où elle en est aujourd’hui, est un exemple de courage et une trajectoire de vie qui forcent le respect.
Le fait qu’une institution aussi grand public que les Victoires de la musique célèbrent la création contemporaine féminine ne peut être qu’un indicateur d’une certaine forme de progression.
Enfin Graciane Finzi, mon amie de longue date ; ce personnage haut en couleur qui tire son inépuisable énergie de la création sans cesse renouvelée. Nous avons partagé de nombreuses aventures de création. Je cite volontairement ces trois femmes qui ont su développer une carrière de compositrices hors pair et montré l’exemple à suivre à toute une génération derrière elles, je pourrai bien sur en citer bien d’autres…

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Comment développer et renforcer encore votre action ? Quels sont les temps forts à venir d’ici fin 2025 / 1er semestre 2026 ?

Agnès PYKA : Nous mettrons en place pour la fin du projet en avril 2026 un site internet qui rassemblera compositrices, interprètes, lieux de diffusion, bourses d’études, etc.. qui permettra, nous l’espérons, de développer la visibilité et la reconnaissance des artistes féminines, d’augmenter leur soutien institutionnel et économique, de sensibiliser les jeunes compositrices aux possibilités de leur développement de carrière, de favoriser le réseautage et la solidarité. Les actions de médiation prévues dans le projet (les conférences, les répétitions publiques, les bords de scène…) permettront un contact privilégié avec le public espérant développer leur goût de la découverte pour ces répertoires.

 

 

Propos recueillis en février 2025

 

 

 

PLUS D’INFOS sur le site de l’ensemble Des Equilibres :
http://www.desequilibres.fr/

 

 

 

DÉCOUVRIR TOUTES LES DATES DES CONCERTS à venir TRANS EUROPE EXPRESS et LIRE aussi notre présentation du projet TRANS EUROPE EXPRESS : https://www.classiquenews.com/trans-europe-express-agnes-pyka-les-compositrices-a-lhonneur-concerts-masterclasses-ateliers-rencontres-jusquau-30-avril-2026

 

TRANS EUROPE EXPRESS / Agnès PYKA. Les compositrices à l’honneur : concerts, masterclasses, ateliers, rencontres… jusqu’au 30 avril 2026

 

 

CD événement, annonce. CUBLAI : le chef-d’œuvre de SALIERI ressuscité par Les Talens Lyriques et Christophe Rousset (première mondiale, publication annoncée le 25 avril 2025)

Les Talens Lyriques et Christophe Rousset redécouvrent Cublai gran kan de’ Tartari d’Antonio Salieri, compositeur officiel de la Cour des Habsbourg, dans sa version originale italienne en première mondiale à paraître le 25 avril 2025, chez le label Aparté.

 

 

Trésor oublié du XVIIIe siècle, Cublai, gran kan de’ Tartari d’Antonio Salieri est un dramma eroicomico sur un livret de Giambattista Casti. Composé en 1787 et immédiatement censuré pour des raisons politiques, Cublai, gran kan de’ Tartari est une œuvre singulière qui allie satire mordante de la commedia dell’arte et réflexion profonde sur l’exercice du pouvoir. Loin d’être un simple divertissement exotique, l’opéra de Salieri dresse un portrait acerbe des cours royales européennes et, en particulier, ici celle du Tsar de Russie.

Son annulation par Joseph II, souverain Habsbourg, empereur du Saint-Empire romain germanique, en raison de la guerre austro-turque, condamna l’œuvre à l’oubli pendant plus de deux siècles. Cublai d’Antonio Salieri a été donné dans une nouvelle production (la première en italien)  par Les Talens Lyriques et Christophe Rousset au Theater an der Wien en avril 2024.

 

 

Sous la direction de Christophe Rousset, Cublai, gran kan de’ Tartari reprend vie dans son italien original, révélant une partition aux accents comiques et critiques, qui préfigure l’esprit pétillant des opérettes d’Offenbach. La parution marque une nouvelle étape dans le travail de redécouverte du répertoire lyrique du XVIIIe siècle mené par Les Talens Lyriques, en particulier après les enregistrements d’autres œuvres de Salieri chez Aparté : Les Horaces (2017), Tarare (2019) et Armida (2021). 

L’opéra a été donné en avril 2024 par Christophe Rousset et Les Talens Lyriques pour la première fois dans sa langue originale à Vienne au Theater an der Wien, offrant à Salieri une revanche posthume.

PLUS D’INFOS sur le site des TALENS LYRIQUES : https://www.lestalenslyriques.com/

 

 

ORCHESTRE COLONNE. DEBUSSY : La Mer (version de 1908), Florentine Mulsant… Dim 9 mars 2025 à La Seine Musicale. Marc Korovitch (direction)

DEBUSSY, compositeur et… chef d’orchestre. Ce dimanche 19 janvier 1908 n’a pas été un jour comme les autres… le directeur musical de l’Orchestre qui porte son nom, Edouard Colonne, y cédait la baguette à Claude Debussy pour qu’il dirige lui-même son œuvre encore récente : La Mer, chef d’œuvre et sommet orchestral, créé 3 ans plus tôt. La création de 1905 n’avait pas laissé un souvenir impérissable… l’écriture très (trop) novatrice et « picturale » avait dérouté le public ; et le chef s’était montré dépassé par l’enjeu. La reprise de 1908 devait effacer ce malentendu comme ce mauvais souvenir.

 

 

Succès mémorable : le concert de 1908 suscita un triomphe et La Mer put – enfin – s’imposer comme une référence majeure. La performance de 1908 est d’autant plus décisive pour Debussy que le compositeur apporta quelques modifications à son manuscrit de 1905… Pour le concert de mars 2025, le chef Marc Korovitch dirige la version que Debussy affina en 1908 pour l’Orchestre Colonne. En complément, les partitions, véritables trésors conservées par l’Orchestre Colonne, seront dévoilées pendant l’entracte. Au programme également, la compositrice contemporaine Florentine Mulsant, au style « particulièrement fin, coloré et expressif », dont l’imaginaire prolonge debussyste…

Enfin, rituel désormais identifié pour chaque concert de l’Orchestre Colonne, l’incontournable « Invitation au voyage » … qui dévoilera une partition méconnue dont l’auteur sera dévoilé après écoute… Surprise garantie.

 

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BOULOGNE-BILLANCOURT, La Seine Musicale
Île Seguin, 92100 Boulogne-Billancourt
Dimanche 9 mars 2025, 16h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’ORCHESTRE COLONNE : https://www.orchestrecolonne.fr/agenda/saison-2024-25/symphonique/la-mer-par-debussy/
Durée : 1h50 (avec entracte)

 

programme

DEBUSSY
La Mer (version inédite du manuscrit « Colonne » de Debussy)

RACHMANINOV (orch. WOOD)
Prélude op.3 n°2

MULSANT
Concerto pour Piccolo et orchestre

L’Invitation au voyage
Oeuvre mystère à découvrir lors de ce concert

Distribution
Marc KOROVITCH, direction
Juliette JOURNAUX, piano
Anaïs BENOIT, piccolo

OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE. CAVALLERIA RUSTICANA / I PAGLIACCI (les 9, 11 et 13 mars 2025). Nicola Berloffa, mise en scène / Christopher Franklin, direction

L’Opéra de Saint-Étienne affiche 2 ouvrages lyriques parmi les plus spectaculaires et passionnés du répertoire, dont l’action tragique et comme emportée par une urgence, submerge les protagonistes… Après une somptueuse production de Thaïs en ouverture de saison, voici sur le même mode radical, les amours exacerbés de Turiddu et Santuzza, puis de Nedda et Canio. Ici le réalisme de l’écriture, le génie de l’inspiration (en particulier chez Mascagni qui signe dans Cavalleria Rusticana, une premier chef d’œuvre absolu), la force de la construction dramatique produisent 2 ouvrages majeurs du vérisme italien.

 

Les amoureux de cinéma se souviennent que Le Parrain III, de Coppola, est construit sur la trame de Cavalleria rusticana, l’opéra saisissant de Mascagni. Le fils du parrain chante le premier rôle à l’Opéra de Palerme, tandis que sa fille meurt sur les marches, telle une héroïne lyrique. Cependant pas de parrains de la mafia dans l’opéra de Mascagni : deux anciens amants se déchirent le jour de Pâques en Sicile, un adultère éclate au grand jour et la vengeance se trame. Souvent associé à Cavalleria rusticana, l’opéra en deux actes I Pagliacci est joué à la suite. Contemporain de celui de Mascagni, le drame de Ruggero Leoncavallo relate comment un comédien, un 15 août en Calabre, tue sa femme et l’amant de celle-ci, en pleine représentation. Les deux oeuvres incarnent dans leur coupe fulgurante, le courant vériste, mouvement qui traversa l’opéra à la fin du XIXème et au début du XXème siècles. Nourri de naturalisme, il prolonge les ressorts de l’opéra romantique, à travers une action populaire.

 

Fidèle à cet esprit, le metteur en scène Nicola Berloffa déplace les deux actions dans le nord de l’Italie : brouillard et gel de la Padanie de l’après-guerre, si cher au néoréalisme social ; … un monde où le drame de l’Histoire et de la lutte des classes rehausse davantage la pression intenable entre les protagonistes emprisonnés dans un sempiternel hiver passionnel. Chaque représentation sera pour les spectateurs stéphanois, l’occasion de retrouver deux artistes déjà remarqués : la soprano perpignanaise Alexandra Marcellier, qui avait impressionné le public dans Madama Butterfly en 2021 (tant par sa voix que par son jeu) ; et le metteur en scène italien Nicola Berloffa dont le public de Saint-Étienne avait applaudi l’Hamlet à l’hiver 2022.

 

 

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CAVALLERIA RUSTICANA / I PAGLIACCI
Mascagni / Leoncavallo
GRAND THÉÂTRE MASSENET
Dimanche 9 mars 2025 : 15h
Mardi 11 mars 2025 : 20h
Jeudi 13 mars 2025 : 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra de Saint-Étienne : https://opera.saint-etienne.fr/otse/saison-24-25-1/spectacles//type-lyrique/cavalleria-rusticana-i-pagliacci/s-799/
tarif A • De 10 € à 63 €
Durée 2h40 environ,
entracte compris
langue : chanté en italien, – surtitré en français

 

 

Propos d’avant-spectacle
Par Cédric Garde, professeur agrégé de musique, une heure avant chaque représentation.
Gratuit sur présentation du billet du jour.

 

L’Opéra en famille
Contactez les relations avec les publics afin d’être accompagné dans le choix de votre sortie lyrique avec vos enfants !
04 77 74 83 31 – [email protected]

 

 

Cavalleria rusticana,
livret de Guido Menasci et Giovanni Targioni-Tozzetti
D’après une histoire de Giovanni Verga
Création le 17 mai 1890 au Teatro Costanzi de Rome

I Pagliacci,
livret de Ruggero Leoncavallo
Création le 21 mai 1892 au Teatro dal Verme de Milan

 

 

Direction musicale : Christopher Franklin
Mise en scène, costumes : Nicola Berloffa
Décors, scénographie : Andrea Belli
Lumières : Valerio Tiberi
Chorégraphie : Luigia Frattaroli

Cavalleria rusticana
Santuzza : Julie Robard-Gendre
Mamma Lucia : Doris Lamprecht
Lola : Marion Vergez-Pascal
Turiddu : Tadeusz Szlenkier
Alfio : Valdis Jansons

I Pagliacci
Nedda : Alexandra Marcellier
Canio : Tadeusz Szlenkier
Tonio : Valdis Jansons
Silvio : Matteo Loi
Beppe : Abel Zamora

Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire

Choeur Lyrique Saint-Étienne Loire
Laurent Touche, direction

Choeur de la Maîtrise de la Loire
Jean-Baptiste Bertrand, direction

Décors et costumes réalisés par
les ateliers de l’Opéra de Saint-Étienne

 

 

 

 

 

Précédente production lyrique à l’opéra de Saint-Étienne : Thaïs de Massenet (nov 2024) : https://www.classiquenews.com/critique-opera-saint-etienne-opera-le-17-nov-2024-massenet-thais-jerome-boutillier-ruth-iniesta-leo-vermot-desroches-carlo-dabramo-victorien-vanoosten-pierre-emmanuel-ro/

CRITIQUE, opéra. SAINT-ETIENNE, Opéra, le 17 nov 2024. MASSENET : Thaïs. Jérôme Boutillier, Ruth Iniesta, Léo Vermot-Desroches, Carlo D’Abramo… Victorien Vanoosten / Pierre-Emmanuel Rousseau

 

OPÉRA DE MASSY. Stephen SONDHEIM : COMPANY. Sam 8 mars et dim 9 mars 2025. Création française

Production événement à l’Opéra de Massy qui en assure ainsi la création en France… COMPANY de Stephen Sondheim est un spectacle sur les amitiés, les relations, l’amour, la solitude, raconté à travers une collection jubilatoire de chansons brillantes, de scènes pleines d’esprit qui suscitent aussi plusieurs numéros de danse parmi les plus époustouflantes de l’univers de la Comédie musicale.

 

Inédit en France bien que créé en avril 1970 (Alvin Théâtre de Broadway), le chef-d’œuvre de Stephen Sondheim a été abondamment récompensé outre-Atlantique. Très actuel, Company a été réinterprété par des générations d’artistes qui ont su le faire résonner avec leur époque. Fresque sociale, somptueux et flamboyant spectacle dans le pur style broadway, « Company » questionne les thématiques de l’amour, de l’amitié, du couple, de la solitude dans une succession de tableaux, alliant humour et esprit. Le spectateur suit Bobby (Robert) dans sa vie de célibataire New-Yorkais, porté par la question cruciale : « comment aimer et fonder une famille dans un monde toujours plus agité ? ». Le souci de la caractérisation psychologique, l’art du portrait affirment le génie du compositeur.

Au cours de la soirée d’anniversaire de Bobby, du haut de ses 35 ans, chaque bougie soufflée, lui permet de faire un vœu, d’exprimer un souhait personnel qui éclaire progressivement sa propre personnalité… d’autant que les 5 couples qui composent les invités de la fête, offrent chacun une vision du couple et du foyer conjugal : les explosifs Harry et Sarah ; modernes, idéaux Peter et Susan (qui pourtant vont divorcer…) ; … Sondheim ajoute la figure de 3 jeunes femmes avec lesquelles Bobby a eu un rv amoureux : April (l’hôtesse de l’air), Kathy, et Marta (bohème fantasque, new yorkaise dans l’âme…).

Pour ses 35 ans, Robert célibataire, à l’occasion de son anniversaire, confronté aux remarques de ses amis, interroge sérieusement sa vie et la direction qu’il souhaite emprunter à l’avenir. Seul ou en famille ? Face aux autres, quelle vérité va-t-elle surgir ?

 

 

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Stephen SONDHEIM : COMPANY
Opéra de MASSY
Samedi 8 mars 2025 – 20h
Dimanche 9 mars 2025 – 16h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra de MASSY :
https://www.opera-massy.com/fr/company.html?cmp_id=77&news_id=1096&vID=3

[Comédie musicale – Dès 10 ans] – Création en France à Massy

Musique et Lyrics de Stephen Sondheim / Livret de George Furth / Traduction française du livret : Stephane Laporte ;
Production originale et dirigée à Broadway par Harold Prince
Orchestrations de Jonathan Tunick

 

Aller plus loin
↦ oeil en coulisses
Sam. 1 et 8 mars à 11h (Tarif : 5€ / personne)

 

 

VIDÉO COMPANY en 3 mn max / présentation

 

 

reprise

PRODUCTION reprise au Théâtre Impérial de Compiègne, Samedi 15 et dimanche 16 mars 2025 : https://www.theatresdecompiegne.com/page-company

 

Direction musicale : Larry BLANK
Mise en scène  : James BONAS
Chorégraphie : Ewan JONES

avec
Gaétan BORG, Bobby

les 5 couples
Jasmine ROY, Joanne
Scott EMERSON, Larry
Jeanne JEROSME, Amy
Sinan BERTRAND, Paul
Marion PREITE, Sarah
Arnaud MASCLET, Harry
Camille MESNARD, Susan
Eva GENTILI, Jenny
Joseph DE CANGE, Peter
Loïc SUBERVILLE, David

les 3 « fiancées »
Camille NICOLAS, April
Neima NAOURI, Marta
Myriana HATCHI, Kathy

 

En tournée, dates annoncées de mars 2025 à avril 2027 :
Opéra de Massy : 8 & 9 mars 2025
Théâtre Impérial de Compiègne – Opéra de Compiègne : 15 & 16 mars 2025
Opéra national de Bordeaux : 24, 25, 26 et 27 septembre 2025
Opéra de Rennes : 8, 10, 12 & 13 novembre 2025
Opéra Nice Côte d’Azur : 28, 29, 30 novembre 2025
Opéra Grand Avignon : 28, 30 & 31 décembre 2025

Opéra national de Lorraine : Juin 2026
Clermont Auvergne Opéra : Automne 2026 (date sous réserve)
Opéra de Limoges : 8, 10 et 11 novembre 2026
Opéra Orchestre – Normandie Rouen : 17, 18, 19 décembre 2026

Et au Théâtre du Châtelet : du 31 mars au 11 avril 2027

Musique et paroles de Stephen Sondheim
Livret de George Furth
Traduction française du livret Stéphane Laporte
Originellement produit et mis en scène sur Broadway par Harold Prince
Orchestrations de Jonathan Tunick

INSULA ORCHESTRA : Émilie MAYER (Concerto pour piano) et SCHUBERT (Symphonie n°9 « La Grande »). Les 12 et 13 mars 2025 (Seine Musicale), puis 27, 29, 30 juin 2025 (Paris, Tarbes). David Fray, piano / Laurence Equilbey, direction

Un concert anniversaire, 5 représentations … pour une splendide redécouverte : l’ensemble sur instruments historiques fondé par Laurence Equilbey, Insula orchestra, rend hommage à une compositrice géniale, contemporaine de Schubert et de Schumann, l’Allemande (et très romantique) Emilie Mayer. La compositrice est déjà bien connue des instrumentistes d’Insula Orchestra…

 

 

Après la Symphonie n° 1 révélée avec impétuosité et finesse l’an passé (LIRE notre critique ), Laurence Equilbey poursuit un travail exemplaire pour dévoiler le talent oublié d’Emilie Mayer ; la cheffe dirige son Concerto pour piano avec la complicité du pianiste de David Fray. Il y a un an déjà, les musiciens jouaient un programme associant déjà les deux compositeurs, soulignant leur « parenté » : Émilie Mayer (Symphonie n°1) / Franz Schubert (Symphonie n°4).
Grand interprète du romantisme allemand, le pianiste charismatique trouve dans l’œuvre d’Émilie Mayer, de nouveaux territoires à explorer, entre équilibre et clarté classique, force et fureur, noblesse et raffinement d’un romantisme personnel dont la maîtrise du style affirme un tempérament indiscutable. Le programme de ce concert événement (et anniversaire) est enregistré pour Warner classics.

Avec ce 2ème volet du cycle « Schubert / Mayer : les phénomènes romantiques », Insula orchestra et Laurence Equilbey poursuivent leur exploration de l’œuvre d’Emilie Mayer (1812-1883), compositrice allemande injustement oubliée, dont la musique partage avec celle de Franz Schubert une proximité stylistique et poétique à (re)découvrir. A travers les deux œuvres de ce programme se révèlent les choix, les difficultés et les solutions qu’apportent deux créateurs face à l’insurmontable nécessité de se confronter à deux génies précédents : Wolfgang Amadeus Mozart et Ludwig van Beethoven. Les musiciens mettent tout leur cœur dans l’exhumation du génie d’Émilie Mayer, comme ils l’avaient fait au service d’une autre compositrice aussi inspirante, Louise Farrenc (symphonie n°3, entre autres) à laquelle ils ont dédié un précédent enregistrement (Symphonies n°1 et 3 – juil 2021).

Connue et reconnue comme une symphoniste de talent (elle laisse un vaste corpus de 8 symphonies et 15 ouvertures !), Emilie Mayer était également une pianiste accomplie, dont l’expressivité est reconnue par les critiques de son temps. Son unique Concerto pour piano, probablement écrit dans les années 1850, s’inscrit dans le sillon de Mozart et de Beethoven. L’œuvre n’en est pas moins personnelle ; elle convainc par son inventivité mélodique, par l’élégance de son instrumentation. Pour l’interpréter, Laurence Equilbey et Insula orchestra retrouvent David Fray, complice de longue date qui les a accompagnés dans de nombreux projets.

Œuvre de maturité, et sa dernière symphonie, SCHUBERT a signé sa Neuvième symphonie comme la fin d’une crise existentielle et créatrice : enfin détaché de l’ombre de Beethoven, son grand modèle à Vienne, Schubert, orfèvre du lied et de l’intimisme le plus secret, trouve avec elle, « le chemin vers la grande Symphonie ». Surnommée « La Grande », l’œuvre conjure l’essai avorté de la Symphonie n°8 « Inachevée » ; éclatante de vigueur et d’éclat, d’une intensité expressive rarement égalée, elle s’est imposée depuis sa création, comme l’une des œuvres les plus célèbres de son auteur et les plus impressionnantes par son ampleur et sa démesure à la fois féerique et fantastique. Equation magicienne née de son esprit créateur qu’inspire toujours une affection féconde pour l’ineffable vie intérieure.

 

 

 

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INSULA ORCHESTRA / Concert MAYER / SCHUBERT
BOULOGNE-BILLANCOURT, La Seine Musicale
Les 12 et 13 mars 2025, 20h
Réservez vos places directement sur le site d’INSULA ORCHESTRA :
https://www.insulaorchestra.fr/agenda/?date=2025-03#date-0312
Concert anniversaire : 10 ans d’Insula orchestra
Ce concert est interprété sur instruments anciens.
1h45 avec entracte

 

 

 

programme
Emilie Mayer (1812 – 1883) : Concerto pour piano
Franz Schubert (1797 – 1828) : Symphonie n°9 « La Grande »

David Fray, piano
Insula orchestra
Laurence Equilbey, direction

INFOS : sur le site d’INSULA ORCHESTRA : https://www.insulaorchestra.fr/

 

 

La SYMPHONIE n°9 « La Grande » de SCHUBERT / D 944
Un rêve monumental prébrucknérien – C’est Mendelssohn qui crée à Leipzig, le 21 mars 1839 (11 ans après le décès de son auteur), la Symphonie en ut majeur D 944. L’oeuvre est aussi importante dans l’histoire symphonique que les partitions de Beethoven. Sa composition remonte précisément aux années 1825-1826 à Gastein… elle aurait même pu être présentée dès 1826 lors d’un concert à la Gesellschaft der Musikfreunde… mais des témoignages préciseraient que les musiciens dépassés par sa grandeur visionnaire, abandonnèrent son exécution complète. L’ampleur est sa marque distinctive: pas moins de 1h si l’on respecte les reprises (toutes indispensables).
L’oeuvre s’ouvre par un large portique (Andante) dont le thème grandiose et rêveur, noble et solaire est énoncé par les cors. La part du rêve et même d’enchantement berce tout le cycle en quatre mouvements: Andante, allegretto ma non troppo. Andante con moto. Scherzo allegro vivace. Allegro vivace. Les horizons esquissés par Schubert prolongent l’enseignement de l’ultime Beethoven et semblent même annoncer les massifs Brucknériens dans la conception nouvelle du colossal, et dans le même temps, d’une évocation très nuancée des éléments naturels.

 

Autres dates – tournée Émilie MAYER – Franz SCHUBERT
ven 27 juin 2025 – 19h / Cité de la musique et de la Danse de Soissons
dim 29 juin 2025 / Tarbes
lun 30 juin 2025 / Parvis de Tarbes
Dans le cadre du Festival L’Offrande Musicale

 

Prochain concert événement d’INSULA ORCHESTRA : Le Paradis et la Péri de Paul Dukas, opéra mis en scène, 14 – 30 mai 2025 : https://www.insulaorchestra.fr/evenement/le-paradis-et-la-peri/

 

 

LIRE aussi notre CRITIQUE du concert INSULA ORCHESTRA / Laurence Equilbey, le 27 fév 2024, Émilie MAYER, SCHUBERT : https://www.classiquenews.com/critique-concert-boulogne-seine-musicale-le-27-fevrier-2024-emilie-mayer-symphonie-n1-insularites-orchestra-laurence-equilbey-direction/

CRITIQUE, concert. BOULOGNE-BILLANCOURT, La Seine Musicale, le 27 février 2024. EMILIE MAYER : Symphonie n°1 / SCHUBERT : Symphonie n°4 « Tragique ». Insula Orchestra / Laurence Equilbey (direction).

 

ENTRETIEN avec Frédéric ROELS, directeur de l’Opéra Grand Avignon, à propos de sa mise en scène de La Bohème      

L’Opéra Grand Avignon affiche à partir du 28 février 2025, La Bohème de Puccini. La prochaine production s’annonce passionnante : rapport au temps et rythme spécifiques, distribution de jeunes chanteurs qui renforce la vitalité comme la profondeur dramatique, regard personnel sur chaque personnage et conception épurée de l’espace scénique… Frédéric Roels dévoile ce qui l’inspire dans l’ouvrage de Puccini et ce qu’il aime développer dans son travail de metteur en scène…

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Portrait de Frédéric ROELS © Barbara Buchmann

 

 

CLASSIQUENEWS : Comment s’inscrit cette production de La Bohème dans votre saison 2024 – 2025 que vous avez intitulée « FEMMES » ? De quel portrait féminin s’agit-t-il ?

FRÉDÉRIC ROELS : La production remonte en réalité à 2019 ; elle était alors présentée à l’Opéra Confluence, puis reprise à Ljubljana la saison dernière. Cette reprise de 2025 profite de quelques ajustements et d’une nouvelle distribution ; avec l’expérience, je pense qu’elle gagne en justesse, en vivacité, en profondeur aussi. Mimi offre le portrait d’une femme qui a choisi de prendre son destin en main ; en échappant volontairement à sa condition de grisette, elle accepte tous les risques de sa propre recherche ; l’action montre combien il est alors difficile de s’émanciper, d’accéder à une véritable autonomie. Mimi rencontre certes l’amour mais elle manque de moyens et finit par payer le prix de cette misère … qui l’emporte.

 

CLASSIQUENEWS : Y-a-t-il des éléments particuliers que la partition de Puccini privilégie ?

FRÉDÉRIC ROELS : La partition frappe par son rythme. Tout va très vite du début à la fin ; pas d’ouverture, aucun arrêt dramatique ; d’ailleurs les tempi sont tous indiqués très rapides ; dans la pratique, il faut bien ralentir l’empressement que Puccini a indiscutablement souhaité. Le compositeur avait en tête une partition qui montre combien la vie, l’existence est courte. C’est comme s’il nous invitait à profiter de chaque instant.
L’opéra est ainsi un hymne à la vie, sa fragilité, sa chaleur. Il y aurait d’ailleurs toute une analyse à développer autour du thème du feu et du froid. C’est à la flamme vacillante d’une bougie que les deux amoureux, Mimi et Rodolphe, se rencontrent pour la première fois ; puis la chaleur (le poêle, foyer précaire sous la mansarde des garçons à l’acte I) se dissipe à mesure que le froid se répand en cours d’action (scène à la Barrière d’enfer, acte III), jusqu’à la mort finale de l’héroïne..; la flamme de cette bougie qui marque leur premier regard échangé est une métaphore de l’amour ; Mimi s’appelle en réalité Lucia ; ce qui signifie en italien lumière…
La Bohème est propre au Puccini de la maturité. Chez Puccini, à la différence d’autres compositeurs, le livret et la partition musicale entretiennent une relation fusionnelle : le moindre détail de jeu est traduit par une intention musicale ; ce qui relève du cinéma avant l’heure et peut rendre d’ailleurs plus difficile le travail du metteur en scène. Concrètement, la partition musicale suit très minutieusement les détails de l’action. Elle en exprime chaque ressort.
Visuellement j’ai fait le choix de revenir à l’essence du roman d’Henry Murger (Scènes de la vie de Bohème), dans ce Paris des années 1840, mais sans ajouts ni décors superflus. Les costumes font référence au XIXè mais sur une scène dépouillée, réduite à l’essentiel, dans un esprit brechtien. Tout cela pour favoriser la clarté du jeu, et exprimer la grande lucidité de chaque personnage dans chacune des situations du drame.

 

CLASSIQUENEWS : Comparée à vos autres mises en scène (dont une récente Carmen), qu’apporte la production, que révèle-t-elle de votre travail sur la scène lyrique ?

FRÉDÉRIC ROELS : Sans qu’il y ait eu calcul de ma part, il est vrai que certains thèmes et sujets reviennent de production en production. Précisément, ce qui m’inspire et m’intéresse, ce sont les failles et la vulnérabilité des personnages ; ce qui exprime et dévoile leur fragilité. Comme vous l’avez mentionné, cela avait traversé ma mise en scène de Carmen ; ici, il y a certes la fragilité des deux protagonistes, Mimi et Rodolfo ; mais voyez aussi Musetta, apparemment indépendante (et caractère plus enjoué) ; elle expose cependant des moments de profond désespoir. Ce trouble et cette ambivalence des personnages qui constituent leur épaisseur, est au cœur de mon travail.

 

CLASSIQUENEWS : Contexte hexagonal oblige, au regard des tensions budgétaires qui compliquent le fonctionnement et l’activité des acteurs culturels, en particulier du spectacle vivant, que communiquer aux politiques pour défendre la place de l’opéra dans la société? Quelles seraient les preuves qu’il est nécessaire dans l’espace sociétal?

FRÉDÉRIC ROELS : L’opéra comme le spectacle vivant en général revêtent une importance fondamentale : ils permettent que dans le même lieu le plus grand nombre d’entre nous partagent les émotions que produit le spectacle ; c’est une rencontre commune, unique, singulière ; une expérience humaine autour de l’émotion et qui n’a aucun équivalent. Cette symbolique est absolument à préserver.
Surtout dans notre société de plus en plus compartimentée, ce que Pascal Bruckner a évoqué dans son livre « Le sacre des pantoufles », où l’individu a tendance à vivre tout, chez lui, dans son canapé… où les rapports sociaux sont menacés ; car ils sont réduits à des rapports marchands, froids, de travail. Contre la distance et la méfiance, la haine et les extrêmismes, l’expérience sociale du spectacle vivant et en particulier de l’opéra sont des remparts car ils permettent de vivre et partager des sentiments forts.

 

Propos recueillis en février 2025

 

 

 

agenda

La Bohème de PUCCINI (mis en scène de Frédéric Roels) à l’Opéra Grand Avignon ; du 28 février au 4 mars 2025 /  LIRE notre présentation – annonce : https://www.classiquenews.com/opera-grand-avignon-les-28-fev-2-et-4-mars-2025-puccini-la-boheme-gabrielle-philipponet-diego-godoy-frederic-roels-mise-en-scene/

CRITIQUE, concert. PARIS, Auditorium de la Maison de la Radio, le 18 février 2025. HAENDEL / LECLAIR / CORELLI… William Christie (clavecin), Théotime Langlois de Swarte (violon)

On sait à quel point William Christie aime côtoyer la jeune génération d’artistes, avec laquelle, du haut de ses 80 ans, il semble naturellement être au diapason. De cette accointance avec la jeunesse, le Maître tire le meilleur pour mettre en lumière tout un répertoire oublié. L’album Générations enregistré avec Théotime Langlois de Swarte en est une brillante illustration. Une expérience qu’il a d’ailleurs réitérée avec le jeune violoniste, hier soir mercredi 18 février, à La Maison de la Radio. Il a ainsi démontré une nouvelle fois qu’entre générations le plaisir de faire de la musique ensemble, dans une sensibilité et un regard convergents, n’est pas une parenthèse éphémère gravée sur un disque.

 

Au cœur du programme d’hier soir, on retrouve Senaillé et Leclair que William Christie et Théotime Langlois de Swarte ont déjà défendus avec brio dans l’album précité. A ces deux compositeurs dont il est des plus heureux ici de poursuivre l’écoute, s’invitent Haendel et Corelli, avec pour le premier, la Sonate HWV 371 en Ré majeur, réminiscence d’un séjour transalpin et pour le second les variations sur La Folia, un des sommets de l’art violonistique baroque. Un programme qui séduit par une expressivité sans effusion inutile, parfait équilibre entre fougue et finesse. Un programme qui magnifie tant l’énergie que les mouvements virtuoses.

Toutefois, proposer des sonates mettant en lumière Sénaillé et Leclair, deux compositeurs de la première moitié du XVIIIe siècle, pourrait encore paraître aujourd’hui un défi à relever. Mais pas pour les deux complices qui maîtrisent avec talent cette palette d’écriture et d’émotions alternant tout à la fois gravité et exubérance, panache et cantabile. Et dans ce registre, l’archet de Théotime Langlois de Swarte émerveille par une éloquence portée par le jeu stimulant d’un William Christie heureux d’être là, en complète synergie avec son jeune partenaire. Et l’on sent à quel point le maître est galvanisé par ce partage. L’opus 4 no. 5 en mi mineur de Senaillé est un temps fort pour le violon de de Swarte, magnifiquement accompagné par la précision du clavier de William Christie. La Sonate en sol mineur op. 1 n°6 en sol mineur, étiquetée Allemande, a incontestablement une sensibilité toute française : « Une musique dont il faut s’emparer » comme le dit Théotime. Et nos deux interprètes en font ici la parfaite démonstration au fil d’un dialogue musical à la poésie entêtante.

En véritable Maître de cérémonie de la soirée, le jeune violoniste semble aussi à l’aise pour présenter le programme qu’il commente avec humour, que pour se lancer dans l’improvisation d’un magnifique prélude pour violon, riche d’arpèges, dont il nous fait l’offrande comme un trait d’union entre le lyrisme poétique de Senaillé et les vigoureux accents de Leclair. Mais si les compositions de ce dernier montrent davantage d’exubérance à l’italienne, telle que cette Sonate op.2 n°2 en fa majeur, elles mettent toutefois également en lumière, à l’instar Senaillé, une mélancolie et une poésie à la française.

La complicité de William Christie et Théotime Langlois de Swarte atteint un sommet lors de La Follia d’Arcangelo Corelli qui clôt le programme. Les couleurs expressives surgissent en arc en ciel de l’archet fougueux du violoniste, et les basses galopent sur le clavier de William Christie. Et c’est ensuite un véritable duo d’humoristes que forment les deux compères, au cours des bis prolongeant le programme, dont l’irrésistible Coucou de Senaillé. Ils donnent ici libre court, dans une émulation collective, à leur prodigieuse capacité de se réinventer sans cesse dans la fantaisie partagée d’un instant. L’affinité élective des deux artistes est, d’enregistrement en concert, un plaisir dont on ne se lasse pas.

 

 

 

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CRITIQUE, concert. PARIS, Auditorium de la Maison de la Radio, le 18 février 2025. HAENDEL / LECLAIR / CORELLI… William Christie (clavecin), Théotime Langlois de Swarte (violon). Crédit photo © Brigitte Maroillat

CRITIQUE, opéra. MARSEILLE, opéra municipal, le 16 février 2025. DVORAK : Rusalka. C. Pasaroiu, S. Guèze, M. Schelomianski, M. Lebègue… Clarac & Deloeil > Le Lab / Lawrence Foster

Un peu plus d’un an après avoir été étrennée à l’Opéra Grand Avignon fin 2023, puis présentée (en coproduction) dans les Opéras de Nice et de Toulon, la production de Rusalka d’Antonin Dvorak – dont l’univers aquatique est transposée dans une piscine d’entraînement de natation synchronisée par les iconoclastes Clarac & Deloeil > Le Lab – atteint une nouvelle fois les bords de la Méditerranée, à l‘Opéra de Marseille cette fois (pour trois représentations). Notre confrère Philippe-Alexandre Pham ayant largement et judicieusement commenté le spectacle lors de sa création avignonnaise, nous n’aurons pas grand-chose à rajouter, sinon féliciter encore les deux compères pour leurs “relectures” toujours sensibles et intelligentes des ouvrages qui leur sont confiés, à l’instar du génial Serse (haendélien) transposé dans un skateport l’an passé à l’Opéra de Rouen

 

La distribution est entièrement renouvelée à Marseille, et l’on applaudira en premier lieu l’intense Rusalka de la soprano roumaine Cristina Pasaroiu. La beauté de sa voix et l’expressivité de son chant font du personnage bien davantage qu’une héroïne de conte de fées. La souplesse de son émission fait particulièrement merveille dans le haut médium et l’aigu, où elle envoûte littéralement les spectateurs. La richesse et la chaleur de son médium la rendent encore plus performante dans le bouleversant air initial du III que dans le célébrissime « Chant à la lune » du I. Plus puissant et percutant que jamais, le ténor ardéchois Sébastien Guèze (Le Prince) se marie idéalement avec les accents de sa partenaire, dont il épouse également la qualité des nuances. Triomphe mérité aussi pour le magistral Vodnik de la basse russe Mischa Scheliominaski, à la fois puissant, incisif, expressif et émouvant. De son côté, le trio des Nymphes (Mathilde Lemaire, Marie Kalinine, et Hagar Sharvit) se révèle d’une homogénéité parfaite, alors que la Jezibaba de Marion Lebègue ravit par ses aigus pleins d’aplomb, doublés de graves sonores. L’intense mezzo de Camille Schnoor, pour courte que soit sa partie, déploie la beauté vénéneuse de la Princesse étrangère, avec un médium moiré et riche, que couronnent quelques notes exposées au superbe éclat. Enfin, aux côtés du solide Garde forestier de Philippe-Nicolas Martin, la jeune Caroline Dutilleul séduit par la pure beauté vocale de son Marmiton.

En fosse, l’ancien directeur musical de la phalange maison, le chef américain Lawrence Foster, tire le meilleur d’un Orchestre Philharmonique de Marseille techniquement parfait. La performance est ovationnée au rideau final, au même titre que l’ensemble d’une distribution courageuse et méritante. Une ferveur qui salue à juste titre cet opéra miraculeux, qui tient à la fois du conte de fées et du conte philosophique.

 

 

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CRITIQUE, opéra. MARSEILLE, opéra municipal, le 16 février 2025. DVORAK : Rusalka. C. Pasaroiu, S. Guèze, M. Schelomianski, M. Lebègue… Clarac & Deloeil > Le Lab / Lawrence Foster.  Toutes les photos © Christian Dresse

 

 

 

 

LIRE aussi

La CRITIQUE de RUSALKA de DVORAK, à l’Opéra Grand Avignon en octobre 2023, par Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil : https://www.classiquenews.com/critique-opera-opera-grand-avignon-le-13-octobre-2023-dvorak-rusalka-ani-yorentz-sargsyan-jean-philippe-clarac-et-olivier-deloeuil-benjamin-pionnier/

CRITIQUE, opéra. OPÉRA GRAND AVIGNON, le 13 octobre 2023. DVORAK : Rusalka. Ani Yorentz Sargsyan, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil, Benjamin Pionnier.

CRITIQUE CD événement. ROBERT DE VISÉE (1652-1730) : 4 Suites pour théorbe. Oeuvres de Boësset, Lambert, Hotman, Dubuisson, Drouart de Bousset. Thibaut Roussel (théorbe) – 1 cd CVS Château de Versailles Spectacles, 2023

Poète aux couleurs ténues, aux atmosphères rentrées, secrètes, intérieures (dans l’esprit des conversations intimes du peintre Watteau, en couverture du présent cd), l’immense Robert de Visée, guitariste célébré par le Roi Soleil, occupe une place privilégiée à la Cour de France. Le théorbiste Thibaut Roussel souligne ici son génie, dans son contexte ; ses contemporains Hotman, Boësset, Du Buisson, Drouard de Bousset sont autant de compositeurs dont la comparaison avec De Visée, sont également les marqueurs de cette spécificité française, celle des rois Bourbons, Louis XIII et son fils, passionnés par les cordes pincées, intimistes, emblèmes essentielles du raffinement et du goût royal.

 

Louis XIII aimait le luth, rien que le luth (LIRE nos critiques des CD réalisés par un maître absolu de l’instrument royal par excellence, Miguel Ysrael). Les qualités de l’interprète s’affirment sans effets, portées par une claire compréhension de chaque écriture, ce dès la Chaconne de Nicolas Hotman (ca 1610-1663), qui contribua sensiblement l’essor de l’école française de théorbe : sobriété du style, clarté ciselée du flux discursif, maîtrise et richesse des nuances… surtout grande intelligence des respirations et des lignes mélodiques. Ici, le théorbiste sait exprimer l’art de Robert de Visée avec toute la grâce et le naturel requis. L’interprète a choisi le Manuscrit Vaudry de Sauzenay ; y sélectionne quelques unes des meilleures pages pour théorbe de De Visée : 4 Suites où brillent Gigue et Sarabande (Suite en ré majeur),.. entre autres ; La Mascarade, La Muzette… chaque pièce vibre par sa sincérité assumée, le souci constant d’une sonorité ciselée, la justesse des respirations, ce flux à la fois tendre et orfévré qui permet à Thibaut Roussel de ressusciter De Visée dans sa noblesse sensible.

 

Le théorbiste glisse avec pertinence, entre les Suites de De Visée, plusieurs airs chantés pièces méconnues – véritables (re)découvertes signées Nicolas Hotman, Boësset, Lambert, Hotman, Dubuisson, Drouart de Gousset… Les airs profitent de la finesse du dessus de Perrine Devillers ; S’y déploient aussi des mariages sonores, des associations de timbres superlatives grâce à l’appoint élégantissime des deux violistes, Mathilde Vialle et Myriam Rignol. Le texte de la notice accompagnant ce remarquable album, pose les jalons d’une nouvelle recherche scientifique sur la vie de Robert ; contribution qui s’avère même majeure en ce qu’elle annonce de probables révélations dans un essai plus développé qui est à venir… à suivre.

 

 

 

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CRITIQUE CD événement. ROBERT DE VISÉE (1652-1730) : 4 Suites pour théorbe. Oeuvres de Boësset, Lambert, Hotman, Dubuisson, Drouart de Bousset. Thibaut Roussel (théorbe), Perrine Devillers (dessus), Mathilde Vialle et Myriam Rignol (violes). CVS Château de Versailles Spectacles. Enregistré en 2023. Durée : 1h. CLIC de CLASSIQUENEWS

 

 

 

VIDÉO Robert De Visée : Suites à la mémoire d’un poète

 

PLUS D’INFOS sur le site du Château de Versailles Spectacles / La Boutique : https://tickets.chateauversailles-spectacles.fr/fr/product/1871/cvs127_cd_suites_a_la_memoire_d_un_poete

 

CRITIQUE CD événement. Jean-Yves Thibaudet, piano. ARAM KHACHATURIAN : Concerto pour piano – Los Angeles Philharmonic – Gustavo Dudamel, direction (1 cd DECCA, 2023, 2024)

Jean-Yves Thibaudet, Gustavo Dudamel et le Los Angeles Philharmonic réalisent une lecture particulièrement engagée du très rare et redoutable Concerto pour piano de Khatchaturian. Défricheur inspiré, le pianiste français le présente entourée de pièces transcrites pour piano seul, dont le sublime Adagio de Spartacus, mais aussi la Danse du sabre et la Berceuse de Gayaneh, la Suite Mascarade, ainsi que plusieurs extraits des Tableaux de l’Enfance…

 

 

 

L’Adagio (Spartacus) est une somptueuse entrée en matière, qui manifeste les affinités du pianiste avec Khatchaturian… il réalise le crescendo croissant dans l’exposition et le déploiement du somptueux air, avec délicatesse, nuance et aussi énergie qui confère à cet instant suspendu sa force éperdue, sa puissance enivrée. La Danse du sabre est une course funnambulique, au caractère stravinskien, dont la motrocité rythmique accentue le caractère de mécanique enfiévrée, d’impérieuse locomotive, lancée à toute allure ;

Le Concerto pour piano (créé de façon désastreuse à Moscou en 1937) est le morceau de bravoure, un massif qui semble indomptable et que jouait avant de l’enregistrer en 2023, Jean-Yves Thibaudet depuis les années 1990 – C’est le pianiste William Kapell qui le fait connaître partout aux USA à la fin des 1940’s : le premier mouvement (allegro ma non troppo e maestoso) expose et développe une intranquillité pulsionnelle, une vivacité comme en panique que le pianiste fait crépiter dans une agitation première, maîtrisé, un jaillissement continu qui ne trouve ni pause ni apaisement. Comme une série de séquences échevelées d’un cauchemar qui défile à très vive allure… et finit comme exténué, comme assommé par les tutti de l’orchestre quasi monstrueux. Gustavo Dudamel et les instrumentistes californiens exultent et en complicité avec le pianiste, expriment le délire et les assauts dansants d’une partition qui sait jubiler. Le chef vénézuélien y cultive même un déhanché communicatif et irrésistible (d’autant plus préservé qu’il s’agit des meilleures prises de deux enregistrements sur le vif au Walt Disney Hall).

L’Andante presque aussi long que le premier mouvement, déploie ce en quoi le génie de Khatchaturian nous captive toujours, sa volupté tendre, son goût particulier pour l’ivresse mélodique (en cela proche d’un Rachmaninov). Le clavier maître d’un nouveau swing mène ici la danse, avec une lascivité élastique que l’orchestre commente et accompagne avec une souplesse complice ; de surcroît avec l’instrument idéal requis, la scie musicale, au timbre éthérée, sans vibrato, que préférait assurément Khachaturian au flexatone, d’une sonorité standard et terne en comparaison ; tout conduit jusqu’à la transe finale, délirante, comme éperdue, suspendue dans une ivresse débonnaire, libérée, … Jean-Yves Thibaudet en délivre une lecture particulièrement vive, engagée, mais aussi nuancée, douée d’une volubilité capable de phrasés ciselés entre deux accents éruptifs.

Le Finale (Allegro brillante) est mené tambour battant sur le mode exclamatif, faussement débonnaire et d’une fluidité bavarde dont la surenchère rythmique et l’allure précipitée semblent exprimer toute la clairvoyance parodique de la démonstration ; fièvre et transe, danse et course effrénée, orchestre et piano semblent se disputer le leadership, entre Rachma et Tchaikovsky. Voilà comment Khachaturian d’origine arménienne, né en Géorgie, s’inscrit dans les pas des plus grands génies russes, romantiques et post romantiques… Mais dans une séquence conclusive, le piano halluciné marque espace et temps dans une nouvelle course hypervéloce, célébration frénétique de l’instant qui mêle fureur et ivresse, grimace et libération ; le tout avec cette légèreté jubilatoire, un esprit fougueux mais mesuré, marqué par une impérieuse urgence et une sensibilité intérieure plus intime. Pianiste et chef parcourent cette course échevelée avec des respirations justes et un sens continu de la la continuité organique (qui l’écartent fort à propos de toute enflure hollywoodienne). La lecture 2024 s’inscrit très dignement à la suite de celles de Loris Hollander (1964), Alica de Larrocha (1972), également sous la coupe Decca, autres jalons de l’histoire du label britannique.

Les 6 pièces (des 9 au total) de « l’Album pour les enfants » : affirment un tout autre climat ; des contines de tradition populaire, une berceuse où s’inscrit avec finesse et énergie, l’esprit d’innocence propre à l’enfance ; le pianiste en souligne avec franchise la verve, l’acuité contrastée, … parfois la divagation nostalgique (legend) ; surtout l’entrain dramatique, le feu et le tempérament.

Le pianiste a lui-même transcrit la Suite Mascarade (Masquerade) : d’abord, une valse effrénée, enivrée, à la rythmique prête à se rompre par son emportement, toujours sur le fil ;  puis le mystère tournoyant du Nocturne murmuré… auquel répond le balancement de la Romance avant que l’espiègle pianiste ne conclue par le Galop, plein de nuances facétieuses et impertinentes.

 

 

 

 

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CRITIQUE CD. ARAM KHACHATURIAN : Concerto pour piano – transcriptions pour piano : Spartacus (adagio), Gayaneh, Tableaux de l’enfance, Masquerade… Los Angeles Philharmonic – Gustavo Dudamel, direction – 1 cd DECCA classics / Reference: 2894870877 – enregistrement réalisé en nov 2023 (Concerto pour piano), en mai 2024 (pièces pour piano solo) – CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2025.

 

 

 

 

 

track listing / programme

ARAM KHACHATURIAN

Adagio of Spartacus and Phrygia
(Transcr. E. Khachaturian for Solo Piano)

Gayaneh, Op. 50 Sabre Dance
(Transcr. Levant for Solo Piano)

Piano Concerto in D-Flat Major, Op. 38

Gayaneh, Op. 50 Lullaby
(Transcr. Levant for Solo Piano)

Pictures of Childhood (Ed. Rowley)
Masquerade Suite, Op. 48a
transcription de Jean-Yves Thibaudet

 

Jean-Yves Thibaudet, piano
Los Angeles Philharmonic,
Gustavo Dudamel, direction

 

Cité musicale METZ. CARMINA BURANA, 28 fév – 2 mars 2025. Orchestre National de Metz Grand Est, David Reiland

Sensualité et musique… telle est l’équation générique du cycle présenté par l’Arsenal de Metz, intitulé « Péchés capitaux ». Chansons d’amours, airs paillards, récit de moins libertins… les textes médiévaux de Carmina Burana inspirent au compositeur Carl Orff un cycle symphonique et lyrique pour chœur, grand orchestre et 3 solistes…

 

Carmina Burana : le titre signifie « chants de Beuren », du nom de l’abbaye bavaroise où furent retrouvés les poèmes médiévaux qui ont inspiré Carl Orff. Après le célébrissime prologue de la partition, l’oeuvre exalte le plaisir – qu’il s’agisse d’amour, d’érotisme, d’argent ou de vin – dans une caricature des travers humains. Cette plongée pittoresque aux confins de la folie fait contraste avec l’univers mystique des Eaux célestes, peinture orchestrale aux couleurs envoûtantes signée de la compositrice Camille Pépin qui s’y inspire d’une ancienne légende chinoise narrant la création de la voie lactée… à partir de la matière des nuages.

La fresque païenne incantatoire Carmina Burana, à la fois truculente et mystique, imaginée par Carl Orff en 1935 (créée en 1937) est un défi de taille pour tout orchestre. Dans cette œuvre flamboyante partition, le souffle orchestral rejoint l’épopée lyrique car les instrumentistes sont rejoints par un plateau de 3 solistes chevronnés (soprano, baryton et alto masculin) et le chœur spectaculaire à travers lequel prend corps la transe des chansons populaires…

Dionysiaques, les cantates profanes Carmina Burana de Carl Orff déploie une écriture éruptive, rythmique, la surenchère expressive instrumentale regarde du côté de… Stravinksy. Pour jouer l’ampleur et l’action du cycle de cantates, le vaste chœur qui intègre des enfants, contribuent à la colossale fresque, à la fois réflexion spirituelle et grande fête païenne ; y perce le célébrissime « O Fortuna » qui glorifie la chance dans une pulsation frénétique et entêtante du choeur. Immensément populaires, éloge du jeu, du vin et de la chair, les cantates de Orff, chantent l’amour, l’ivresse joyeuse, la vie éphémère dans un tourbillon irrésistible.

 

 

 

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Arsenal, Grande Salle
du 28 février au 2 mars 2025
CARMINA BURANA
Orchestre National de Metz Grand Est
David Reiland, direction

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Arsenal de Metz:
https://www.citemusicale-metz.fr/fr/programmation/saison-24-25/arsenal/carmina-burana-1
Concert symphonique / tarif : de 8 à 46 euros
Durée : 1h20

 

 

programme

Camille Pépin : 
Les Eaux célestes
Carl Orff
 : Carmina Burana

 

distribution

Orchestre National de Metz Grand Est
David Reiland, direction
Florie Valiquette, soprano
 / Xavier Sabata, ténor
 / Armando Noguera, baryton
Chœur de l’Orchestre de Paris
 / Richard Wilberforce chef de chœur
 / Chœur d’enfants du Conservatoire à Rayonnement Régional de l’Eurométropole de Metz / 
Chœur de l’INECC Mission Voix Lorraine

informations pratiques
Ouverture des portes et du bar à 19h
Début du concert à 20h
Placement numéroté, assis
Vestiaire disponible
Restauration sur place

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Il reste inimaginable que le compositeur CARL ORFF, cet érudit amateur de poésie médiévale ait pu faire acte d’allégeance au régime hitlérien lui offrant plusieurs fleurons de sa propagande musicale. Les choses étant dites, voici donc une partition qui saisit toujours par son architecture dramatique, surtout sa flamboyante orchestration, et l’alternance des séquences chorales, solistes… soulignons l’ordre des textes collectés. Là se révèle le goût et l‘intelligence de Orff. Une dramaturgie se dessine que dévoile avec une nouvelle sensibilité le chef et ses troupes : l’exaltation du printemps, l’ivresse des sens qu’il fait naître, les paillardises et débordements alcoolisés des compagnons de taverne, l’orgueil dérisoire du guerrier dont le destin croise au final celui du cygne rôti et servi, l’enchantement surtout des cours d’amour, référence plus raffinée aux rites de l’amour courtois… tout cela suscite en contrastes vertigineux, une succession de séquences finement caractérisées qui profitent ici essentiellement des instruments et percussions historiquement proches de l’époque de Orff, soit ceux de l’Allemagne des années 1930.

 

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ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE. Les 16 et 17 mars 2025. Un survivant de Varsovie : Schoënberg, Chostakovitch (Symphonie « Babi Yar »). Joshua Weilerstein, direction 

Le chef Joshua Weilerstein, nouveau directeur musical depuis sept dernier (somptueuse Symphonie n°5 de Mahler), dirige les instrumentistes de l’Orchestre national de Lille dans l’un des programmes phares de la saison 2024 – 2025 en cours, première saison musicale qu’il a concoctée. Le programme « Survivant de Varsovie » est un vibrant plaidoyer contre l’antisémitisme, les 16 (Lille) et 17 mars prochain (Paris).

 

Évoquant les victimes d’hier, ce programme alerte et rappelle, comme l’écrivait Bertolt Brecht, que « le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ».
Composée au sortir de la guerre, la cantate Un survivant de Varsovie célèbre le souvenir des victimes de la Shoah. Composant texte et musique, Schönberg convoque le destin tragique d’un de ses coreligionnaires qui n’a pas eu, comme lui, la chance de fuir la barbarie nazie. La partie du récitant, en anglais, ne doit jamais être chantée, quand bien même ce serait une partie vocale soliste, tandis que le chœur incarne tour à tour les nazis, en allemand, et les juifs, en hébreu. Sous-titrée « Babi Yar », en référence au massacre de plus de 33 000 juifs par les nazis et leurs collaborateurs locaux dans ce ravin près de Kiev, la Symphonie n° 13 de Chostakovitch dénonce l’antisémitisme.

 

 

 

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Survivant de Varsovie  /  Orchestre National de Lille
Joshua Weilerstein, direction
Dimanche 16 mars 2025, à 16h
Auditorium du Nouveau Siècle – LILLE
Lundi 17 mars 2025 à 20h
Philharmonie – PARIS

RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Orchestre National de Lille : https://onlille.com/choisir-un-concert/categories/un-survivant-de-varsovie

 

Photo : © Ugo Ponte / ON LILLE

 

Programme et distribution
 
Arnold Schönberg
Un Survivant de Varsovie op. 46
pour récitant, choeur d’hommes et orchestre

Dmitri Chostakovitch
Symphonie n° 13 « Babi Yar »

Lambert Wilson, récitant
Dmitry Belosselskiy, basse
Orchestre National de Lille & Joshua Weilerstein, direction
Philharmonia Chorus Gavin Carr, chef de chœur

Coproduction Orchestre national de Lille, Philharmonie de Paris

 

 

 

 

approfondir

Symphonie n°13 « BABI YAR »
Cantate en plusieurs mouvements ou symphonie pour soliste ? Comme l’opus qui suit (Symphonie n°14), Chostakovitch organise sa Symphonie n°13 en associant instruments et voix. L’œuvre n’a de disparate ou d’éclectique, en apparence, que ses options formelles. L’unité en est assurée par le prétexte littéraire : la symphonie suit le cycle de cinq poèmes d’Evguenei Evtouchenko : « Babi Yar », « l’Humour », « Au magasin », « les terreurs » et « la Carrière ». Le poète né en 1933, s’est fait connaître dès 1957, en dénonçant au nom de l’idéal révolutionnaire la corruption du système stalinien. Son poème affûté, « Babi Yar », dénonce en 1961, l’antisémitisme du pouvoir. Evtouchenko sera comme Chostakovitch déçu par les nouveaux décisionnaires politiques qui ont succédé au Stalinisme. Le retour à un pouvoir centralisé, à ses dérives conformistes au nom du réalisme socialiste, ne fera qu’aiguiser l’opposition du poète, cependant de moins en moins militant, comme il l’avait été au début des années 60 (quand Chostakovitch s’engage pour sa prose et ses revendications), en organisant des meetings poétiques qui réunissaient plusieurs milliers de personnes. 
Au départ, le compositeur ne souhaitait « illustrer » que le premier poème, découvert en 1961. Une première partition sur ce seul poème fut achevée en avril 1962. Puis, Chostakovitch décida de compléter l’œuvre en lui associant les poèmes complémentaires. La partition sur les 4 autres poèmes fut terminée en trois mois. Et l’auteur put entendre la création de sa Symphonie n°13, intitulée « Babi Yar », le 18 décembre 1962, sous la direction de Kirill Kondrachine (avec le soliste Vitaly Gromadski).

Fiche symphonie : Symphonie n°13, « Babi Yar»
Orchestre : percussions abondantes, comprenant castagnettes, xylophone, célesta, cloches… Contrebasses à 5 cordes.
Commentaires des cinq mouvements : l’adagio initial (1) peint l’horreur. La vision d’un charnier « Babi yar », le ravin des femmes, contenant de nombreux cadavres de juifs soviétiques martyrisés par les nazis. Atmosphère oppressante sur un rythme de marche, sons de cloches. Les courtes vagues chorales contrastent avec les phrases du soliste plus développées. L’allegretto (« l’humour ») (2) est porté par le sarcasme léger et mordant du compositeur : l’humour qui y est célébré, est le plus irrévérencieux, c’est l’apologie de l’insolence contre toute forme d’oppression et d’autorité. L’adagio d’ « Au magasin » (3) est durablement construit sur un registre doux et songeur. Le quotidien des femmes russes y est évoqué : faire de longues queues devant les magasins. Le largo (« les terreurs ») (4) s’inscrit contre la période de la déstalinisation. Le compositeur, inspiré par la poète y exprime la terreur des temps où « parler à sa propre femme » était une « terreur »… Dans l’allegretto final (« la carrière »)(5), Chostakovitch évoque les hommes de bonne volonté qui par leurs idées, ont pris des risques. Lui-même inquiété et menacé par le régime soviétique, semble inspiré tour à tour par une apparente insouciance puis une profondeur méditative : il se confesse à lui-même, non sans un cynisme terrifiant : « je fais une carrière en ne la faisant pas ».

ANGERS NANTES OPÉRA. Jean-Marie MACHADO : La Falaise des lendemains (2024), du 26 février au 24 avril 2025. Jazz Diskan opéra, Jean-Charles Richard (direction) / Jean Lacornerie (mise en scène)

Un musicien et compositeur contemporain face au souffle de l’histoire et des légendes bretonnes qu’inspire aussi la savant métissage des formes et des genres… L’ouvrage présenté en création mondiale à l’Opéra de RENNES, fait escale à ANGERS NANTES OPÉRA, à partir du 26 février au 24 avril 2025. L’ouvrage nouveau créée l’événement depuis la rentrée lyrique 2024. Pianiste et compositeur au parcours atypique, au carrefour de la scène jazz comme classique, Jean-Marie Machado aime la voix. Sans chapelle, grand orfèvre des métissages, il compose pour le chant traditionnel, la chanson, la musique de chambre et la danse. Avec La Falaise des lendemains qui réunit sur scène pas moins de 26 artistes, musiciens et chanteurs lyriques, il signe son premier opéra.

 

 

Présentation
La Falaise des lendemains mêle passion et violences amoureuses sur les côtes bretonnes, de Roscoff à Guernesey. Sous la forme d’un conte réaliste, l’action est une épopée qui traverse le terrible conflit de la Grande Guerre. Entre deux mondes, mêlant poésie et réel, le librettiste Jean-Jacques Fdida mêle aspects fantastiques et légendaires.
Sur le plateau, à part égale avec les chanteurs, l’orchestre Danzas et sa polyphonie de timbres composent le paysage de l’opéra et occupent le décor dans la mise en scène de Jean Lacornerie. Un événement lyrique qui fait de l’opéra, un flamboyant manifeste qui mélange brillamment les langues : le français, le breton, l’anglais. Une Babylone nouvelle qui ose dessiner de nouvelles formes, de nouveaux horizons… entre les temps historiques et légendaires. A l’amorce du projet, Jean-Marie Machado a proposé à Alain Surrans, directeur d’Angers Nantes Opéra, l’idée de produire un nouvel opéra de sa composition. Nouvelle production créée à l’Opéra de Rennes, présentée en coproduction avec Angers Nantes Opéra.

 

 

 

 

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Jean-Marie MACHADO : La falaise des lendemains
Opéra en trois époques de Jean-Marie Machado. Composition et arrangements : Jean-Marie Machado / Livret : Jean-Jacques Fdida / Création mondiale à l’Opéra de Rennes le 7 nov 2024  –  5 représentations événements

NANTES – THÉÂTRE GRASLIN
Mercredi 26 février 2025 – 20h
Jeudi 27 février 2025 – 20h
Vendredi 28 février 2025 – 20h
Samedi 1er mars 2025 – 18h (séance en audiodescription)
Audiodescription : Jérémy Tourneur (Pickup prod). En partenariat avec Pannonica / réservation auprès du Pannonica : 02 51 72 10 10 ou [email protected]

ANGERS – GRAND-THÉÂTRE
Jeudi 24 avril 2025 – 20h

 

JAZZ DISKAN OPÉRA
Opéra en français, anglais et breton, surtitré en français – 
Durée : 1h45, sans entracte – dès 12 ans

 

 

Infos & réservations

RÉSERVEZ vos places directement sur le site d’ANGERS NANTES OPÉRA :
https://www.angers-nantes-opera.com/la-falaise-des-lendemains

 

 

© Angers Nantes Opéra 2025

SYNOPSIS : La Falaise des lendemains (Tornaod an antronoz) est le lieu où les amoureux, Lisbeth une jeune soignante et Chris un marionnettiste anglais doivent se retrouver. Le terrible, jaloux et bien nommé Dragon, chef des dockers de la côte, manipule leurs destins avec violence et cruauté. Une véritable tragédie où les héros ne perdent jamais espoir.

« La Falaise des lendemains développe des situations dont l’intensité ne peut s’exprimer que par la musique et le chant. Jean-Marie Machado s’empare de ces situations extrêmes sans en exacerber la violence mais en dépliant l’émotion dans une temporalité nouvelle faite d’atmosphères et de paysages »  précise Jean Lacornerie, metteur en scène

 

 

 

 

entretien

ENTRETIEN avec Jean-Marie Machado à propos de son nouvel opéra La Falaise des lendemains, création mondiale à l’affiche de l’Opéra de Rennes, du 7 au 10 novembre 2024…

 

 

 

 

Distribution
D’après le livret de Jean-Jacques Fdida

Composition et orchestration : Jean-Marie Machado
Direction musicale : Jean-Charles Richard
Mise en scène : Jean Lacornerie
Chorégraphie : Raphaël Cottin
Scénographie : Lisa Navarro
Costumes : Marion Benagès
Lumières et direction technique : Kevin Briard
Assistant à la mise en scène : Renaud Boutin

Alys : Karine Sérafin
Don : Gilles Bugeaud
Dragon : Florian Bisbrouck

Maureen : Nolwenn Korbell
Malo : Florent Baffi
Lisbeth : Yete Queiroz
Yuna / La nurse : Cécile Achille
Chris : Vincent Heden
Lisbeth : Yete Queiroz

Ensemble Danzas
Sextuor à cordes : Cécile Grenier, Séverine Morfin, Gwenola Morin alto – Clara Zaoui, Guillaume Martigné violoncelle, Sébastien Boisseau contrebasse

Quintet à vents : Élodie Pasquier clarinettes, Stéphane Guillaume flûtes et saxophone ténor, Renan Richard saxophones et flûte traditionnelle, Tom Caudelle saxhorn, François Thuillier tuba

Section rythmique et claviers : Jean-Marie Machado : piano, Aubérie Dimpre : vibraphone glockenspiel, Marion Frétigny : marimba glockenspiel, Ze Luis Nascimento : percussions, Didier Ithursarry : accordéon, Joachim Machado : guitares

Ingénieur du son : Gérard de Haro – Studios La Buissonne
Régisseur son : Matteo Fontaine
Régie plateau : Serge Ugolini
Habilleuse : Lydie Tarragon

Production Anna Colombo, Joséphine Tapon, Céline Rodriguez– Cantabile

Costumes réalisés par les ateliers d’Angers Nantes Opéra
Décors réalisés par les ateliers de l’Opéra de Rennes

Opéra contemporain repris à
NANTES, du 26 février au 1er mars 2025
ANGERS, le 24 avril 2025

 

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approfondir

 

LIRE aussi notre présentation de La Falaise des lendemains, création à l’Opéra de Rennes (novembre 2024) / Du 7 au 10 nov 2024. Jean-Marie MACHADO : La Falaise des lendemains / Diskan Jazz Opéra, création mondiale : https://www.classiquenews.com/opera-de-rennes-du-7-au-11-nov-2024-creation-mondiale-jean-marie-machado-la-falaise-des-lendemains-diskan-jazz-opera/

 

OPÉRA DE RENNES. Du 7 au 10 nov 2024. Jean-Marie MACHADO : La Falaise des lendemains / Diskan Jazz Opéra, création mondiale

 

 

 

vidéo

 

 

 

 

 

critique

 

LIRE aussi notre critique de la création à l’Opéra de RENNES /  » HYMNE A L’AMOUR ET AUX LÉGENDES BRETONNES…. …  » CRITIQUE, opéra. RENNES, Opéra, le 9 nov 2024. JEAN-MARIE MACHADO : La Falaise des lendemains (création mondiale). Yete Queiroz, Vincent Heden, Florian Bisbrouck… Orchestre Danzas, Jean-Charles Richard, direction. Jean Lacornerie, mise en scène : https://www.classiquenews.com/critique-opera-rennes-opera-le-9-nov-2024-jean-marie-machado-la-falaise-des-lendemains-yete-queiroz-vincent-heden-florian-bisbrouck-orchestre-danzas-jean-charles-richard-direction/

 

CRITIQUE, opéra. RENNES, Opéra, le 9 nov 2024. JEAN-MARIE MACHADO : La Falaise des lendemains (création mondiale). Yete Queiroz, Vincent Heden, Florian Bisbrouck… Orchestre Danzas, Jean-Charles Richard, direction. Jean Lacornerie, mise en scène

 

 

CRITIQUE, CD. Seong-Jin CHO, piano. RAVEL : the complete solo piano works / intégrale des œuvres pour piano (2 DG Deutsche Grammophon)

Tempérament vif, nuancé, Seong-Jin CHO signe pour DG Deutsche Grammophon un double album Ravel, idéalement opportun pour le 150è anniversaire Maurice Ravel 2025. Premier jalon qui s’annonce telle une somme des plus convaincantes, un premier double cd réunissant toutes les partitions pour piano seul du divin magicien Ravel…

 

 

CD 1 – Le pianiste coréen Seong-Jin CHO (né à Séoul en mai 1994), très à son aise, dévoile tout ce qu’a de Stravinskien la première « Sérénade grotesque ». Délirante et enivrée. Puis il éclaire la vitalité percutante de Menuet antique, excellant à matérialiser cette équation expressive qui n’appartient qu’au magicien Ravel : sous le feu, la candeur et le pur esprit de la grâce baroque. Large et d’une douceur jamais sacrifiée, Pavane pour une infante défunte est l’un des joyaux de ce double album : naturel et sobre, évident et juste.

 

Les deux cycles qui referment le premier cd, d’abord la Sonatine et ses 3 mouvements puis Miroirs-, confirment les réelles affinités du pianiste coréen avec la poétique ravélienne : la Sonatine est abordée comme un jaillissement aux teintes atmosphériques ; « Miroirs », parmi les polyptiques les plus redoutables de la littérature ravélienne (5 séquences) s’imposent tout autant par leur évanescence fulgurantes, leur crépitement libre et d’une intensité suggestive superlative car le pianiste maîtrise virtuosité et économie, nuances miroitantes et franchise structurante. Ce qui est le moins est le plus : son style et ses choix interprétatifs expriment au plus juste ce défi posé comme une équation énigmatique à tout pianiste. Seong-Jin Cho en poète maître de ses capacités et de son art, ensorcèle par un savoir poétique qui révèle dans chaque épisode, toute la magie intérieure, l’urgence et le feu incandescent que dissimule l’extrême pudeur ravélienne. « Oiseaux tristes » enchante comme un réflexion sur l’infini trouble sonore de ses harmonies rares, suspendues… tandis qu’« une barque sur l’océan » enchante par ses ondulations souples et scintillantes, idéalement énoncées entre immatérialité vaporeuse et flux aérien. Quel somptueux contraste avec le caractère hispanisant et ici d’un raffinement non moins scintillant, d’un tempérament plus dramatique et conquérant, d’Alborada del gracioso… La magie ravélienne opère, s’y déploie avec une finesse et des nuances au charme d’une ineffable tendresse.

 

CD 2 – Autre cycle majeur de la poétique ravélienne, GASPARD DE LA NUIT confirme les mêmes impression. Seong-Jin CHO aborde Ravel avec toute la verve et la mesure, idéales : C’est d’abord une plongée et une immersion dans la matière liquide, aux ondulations océanes d’une action qui paraît jaillir comme la réitération d’une apparition ou d’un rêve d’une ineffable fragilité scintillante (Ondine). La matière musicale engendre la poésie la plus pure. Le pianiste éclaire la vibration surtout impressionniste de la partition, écartant le drame, comme la parfaite clarté du flux pianistique, pour une dimension picturale, comme diluée et d’une souplesse expressive assumée. Sachant aussi dans la construction de l’onde mélodique exprimer le caractère d’insouciance hallucinée de l’ondine qui se dérobe toujours, frétillante, inaccessible, qui disparait dans le secret.
Le Gibet avance (opportunément avec lenteur, comme il est indiqué sur le manuscrit) ici comme l’élan d’une complainte tout aussi esquissée, sortant de l’ombre, presque immatérielle, et peu à peu, cadre d’une révélation secrète, indicible, aux crépitements ténus, presque murmurés. Le pianiste cisèle cette étoffe délicate, avec une finesse impressionnante, cultivant toutes les nuances de l’intime. Seong-Jin Cho inscrit ce poème dans l’ombre, l’imprécis, le diffus.
Scarbo fusionne le style aquarellé déjà constaté et une digitalité électrique, évanescente qui nourrit le caractère moins diabolique qu’énigmatique voire enivrant du 3è poème d’après Aloysius Bertrand. L’interprète suit avec beaucoup de nuances la trajectoire jalonnée d’éclairs et d’acoups prophétiques, qui mène de l’ombre à la transe ; délivrant peu à peu tout ce qui advient et se révèle effrayant, miroitant, hypnotique… et à la fin, dans la 8è minute, halluciné, évanescent.

 

Sérénité tout aussi secrète, intime du Menuet sur le nom de Haydn, au néo classicisme attendri ; aussi contrastées qu’élégantes, au tempérament vif, les 8 valses nobles et sentimentales captivent tout autant; la ciselure atteint une clarté plus incisive dans le Tombeau de Couperin, cycle filigrané, néo antique, comme des gravures d’une exquise délicatesse d’intonation ; prélude, fugue, forlane, rigaudon, menuet et Toccata finale affirment plus que l’hommage de Ravel aux formes baroques ; en réalité sa passion pour le raffinement suggestif que permet la forme ancienne au firmament de son inspiration poétique : le menuet «  à la mémoire de Jean Dreyfus » exprime la vibration naturelle d’une délicatesse printanière, quand l’ultime épisode (Toccata « à la mémoire du capitaine de Marliave »), crépite avec un panache idéalement assumé. Beau tempérament, intérieur, éloquent, superbement nuancé.

 

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CRITIQUE, CD. Seong-Jin CHO, piano. RAVEL : the complete solo piano works / intégrale des œuvres pour piano (2 DG Deutsche Grammophon) – enregistré à Berlin en sept 2024.

PLUS D’INFOS sur le site de DG Deutsche Grammophon : https://www.deutschegrammophon.com/en/catalogue/products/ravel-the-complete-solo-piano-works-seong-jin-cho-13661

 

CRITIQUE, opéra. PARIS, Eglise de Saint-Louis-en-l’île, le 24 janvier 2025. HAENDEL : Rinaldo (version de 1731 / Extraits). Ensemble Il Groviglio, A. Khasserova (soprano), L. Lopez Gonzalez (conre-ténor), Marco Angioloni (ténor et direction)

Un des morceaux les plus connus de toute la musique baroque est « Lascia ch’io pianga« . Ce tube a été inspiré par une sarabande issue d’un opéra de Keiser que Georg Friedrich Haendel a repris dans sa jeunesse, à Hambourg en 1705, dans son premier opéra, Almira. Cette mélodie entêtante est le point de bascule à la fois de l’Oratorio Il Trionfo del Tempo e del Disinganno et de Rinaldo, tout premier opéra du Caro Sassone à Londres, en 1711. Haendel aimait remanier ses opéras, surtout entre deux créations, ou pour remplir les caisses de sa compagnie. En 1731, Haendel voyait son étoile diminuer avec une opposition de plus en plus féroce face à son monopole peu ou prou justifié. Rinaldo, grand succès en 1711, est remanié et repris en 1717, est monté une troisième fois par Haendel sous une nouvelle mouture reprenant quelques airs des opéras Lotario et Admeto. Ayant désormais une soprano comme Anna Maria Strada del Pò, ou des mezzos et contraltos telles que Francesca Bertolli ou Antonia Merighi, en plus du ténor Annibale Pio Fabbri, Häaendel pouvait donner à Rinaldo des couleurs nouvelles et une force théâtrale rutilante.

 

Marco Angioloni et son ensemble Il Groviglio nous surprennent positivement avec chaque projet qu’ils portent, comme dernièrement la résurrection de Sosarme du même Haendel au Château de Versailles. C’est encore à l’initiative de ce jeune ténor (et désormais chef d’orchestre…) que des merveilles tels Poro, Re delle Indie (toujours de Haendel) ou la Santa Editta de Stradella sont revenues parmi nous avec toutes leurs nuances. Marco Angioloni s’engage dans la défense et la restitution du répertoire avec un courage digne du grand Rinaldo et ses compagnons, en affrontant tous les obstacles et entouré d’une équipe parfaitement bien choisie.

Pour le retour de ce Rinaldo dans sa version de 1731, Marco Angioloni a d’abord enregistré l’intégralité de l’œuvre dans un disque paru… Il y a trois jours, vendredi 14 février ! Mais en avant-première, c’est au coeur même de la Capitale que Marco Angioloni avait réuni une équipe réduite de ses musiciennes et musiciens pour célébrer la sortie de l’album, et faire résonner sous la coupole de l’Église Saint-Louis-en-l’île des extraits de ce Rinaldo 1731 (en première française !). A la fois à la baguette et en incarnant le rôle de Goffredo, Marco Angioloni transmet avec enthousiasme toutes les nuances de cette partition. Avec un timbre généreux et une très belle énergie, il campe le rôle de Goffredo dans sa réécriture pour Annibale Pio Fabbri.

Il a par ailleurs convié l’extraordinaire soprano kazakh Anara Khasserova – que l’on souhaiterait voir plus souvent dans les distributions en France. Anara Khasserova chante à la fois des extraits d’Almirena et d’Armida avec un sens égal de la musique et du théâtre. Le timbre est d’une magnificence extraordinaire tant de grave que dans la précision des aigus. En Rinaldo et Argante c’est le superbe contre-ténor Logan Lopez Gonzalez qui nous ravit avec la belle ligne vocale subtilement ponctuée de magnifiques nuances. Logan Lopez Gonzalez manie l’agilité avec virtuosité mais toujours avec le sens d’un goût très sûr et une émission claire : il est l’une des plus belles voix de contre-ténor de sa génération. A suivre absolument !

Rinaldo 1731 est une mouture aux trésors insoupçonnés, finalement rendue à la postérité grâce à l’énergie enthousiasmante de Marco Angioloni et de son ensemble Il Groviglio. Sous les dorures et les marbres de Saint-Louis-en-l’île, l’esprit rebelle du Tasse épouse les lambris et moulures baroques, alors qu’à l’entrée de l’église un formidable Jacques Stella garde depuis des siècles l’enceinte de ce haut lieu de musique, avec une explosion de couleurs dans un brillant silence.

 

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Eglise de Saint-Louis-en-l’île, le 24 janvier 2025. HAENDEL : Rinaldo (version de 1731 / Extraits). Ensemble Il Groviglio, A. Khasserova (soprano), L. Lopez Gonzalez (contre-ténor), Marco Angioloni (ténor et direction). Crédit photo © Droits réservés