Si depuis sa fondation le Jeune Orchestre de l’Abbaye travaille avec des chefs de renommée nationale et/ou internationale, il collabore régulièrement avec Philippe Herreweghe, le chef fondateur de la phalange saintoise. Pour son premier concert de l’édition 2014 du festival de Saintes, le JOA Jeune Orchestre de l’Abbaye donne deux symphonies assez proches l’une de l’autre : la symphonie N°102 en si bémol majeur de Joseph Haydn (1732-1809) qu’il composa en 1796 lors de son second séjour à Londres et la symphonie N°4 en si bémol majeur de Ludwig Van Beethoven (1770-1827) qui date de 1807 alors que le compositeur allemand était devenu totalement sourd au début des années 1800.
Le Jeune Orchestre de l’Abbaye triomphe à l’abbaye aux Dames
Le Jeune Orchestre de l’Abbaye entame son premier concert estival avec la symphonie N°102 en si bémol majeur de Joseph Haydn. Dans l’imposant corpus symphonique de Haydn, la 102 est la dixième des douze symphonies londoniennes. Philippe Herreweghe très inspiré en ce samedi soir dirige les jeunes musiciens avec un plaisir évident, comme dopé par le dynamisme, l’enthousiasme et le professionnalisme des jeunes instrumentistes qui constituent la phalange pour le festival 2014. Passées les premières mesures de la symphonie N°102, l’oeuvre explose en un feu d’artifices de couleurs, de thèmes, de rythmes vifs et rapides. Herreweghe déroule chaque mouvement avec une précision diabolique faisant ressortir les thèmes musicaux avec un éclat rare et permettant à chaque pupitre de se mettre en valeur sans jamais prendre le pas sur les autres.
Après une courte pause, le Jeune Orchestre Atlantique entame la symphonie N°4 en si bémol majeur de Ludwig Van Beethoven. Lorsqu’il compose cette symphonie, dans le même ton que celle de Haydn, Beethoven est déjà frappé par le mal qui le rend sourd inéluctable. Si Beethoven utilise les techniques de composition à sa disposition et reprend le schéma mis au point par son illustre ainé, il innove dans chacune de ses oeuvres en ajoutant des techniques de composition nouvelles qui ont parfois choqué le public de l’époque. Sa quatrième symphonie foisonne de thèmes vifs et joyeux alors que les premières mesures, tout comme dans la 102 de Haydn, sont de sombre couleur transcrivant le mal-être de Beethoven qui est, en 1807, lentement s’enfonce dans la surdité. Là encore l’orchestre et son chef se délectent à jouer le chef d’oeuvre du compositeur allemand qu’ils interprètent avec entrain.
La complicité qui lie le Jeune Orchestre Atlantique et Philippe Herreweghe, son chef fondateur est un moteur qui leur permet de maintenir un niveau élevé. En fin de concert, l’hommage du chef belge à ses musiciens est d’autant plus apprécié des musiciens et du public que la session estivale est d’un niveau exceptionnel; pour remercier le public l’orchestre rejoue un court passage de la symphonie de Haydn. Une très belle soirée qui ouvre un festival dont le cru promet par ailleurs d’être très élevé.
Saintes. Abbaye aux dames, le 12 juillet 2014. Joseph Haydn (1732-1809) : symphonie N°102 en si bémol majeur; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : symphonie N°4 en si bémol majeur; Jeune Orchestre de l’Abbaye, Philippe Herreweghe, direction.