COMPTE-RENDU, critique, opĂ©ra. MARSEILLE, OpĂ©ra, le 6 octobre 2019. MOZART : La FlĂ»te enchantĂ©e / Die Zaubertflöte. RattrapĂ©e de justesse entre deux voyages, une enchanteresse FlĂ»te Ă marquer dâune pierre blanche, ou bleu nuit dans lâharmonieuse et simple gamme symbolique des couleurs du spectacle, avec de sobres rehauts dâor ou dâargent, principe solaire zaraostrien masculin pour le premier, fĂ©minin lunaire et froid pour le second, sans hiĂ©rarchie abusive de genre abusĂ©, lâun se fondant avec bonheur dans lâautre Ă la suite des Ă©preuves rĂ©ussies des deux hĂ©ros, dĂ©passant ainsi la misogynie et les sexes front Ă front, mais non affrontĂ©s, pour une fusion gĂ©nĂ©reuse des genres. Une rĂ©ussite.
ENFANTINE FLĂTE ENCHANTERESSE
 
LâĆuvre
1791 : Mozart vĂ©gĂšte, malade et sans travail. Ses grands opĂ©ras, chefs-dâĆuvre absolus, Le Nozze di Figaro, CosĂ fan tutte, Don Giovanni, nâont guĂšre marchĂ© dans lâingrate Vienne. Son frĂšre franc-maçon, Emanuel Schikaneder, directeur dâun théùtre de quartier, pour des acteurs chanteurs plus que de grands chanteurs, comme lui-mĂȘme, lui prĂ©sente au printemps le livret dâun opĂ©ra quâil vient dâĂ©crire. Il est dans lâair du temps prĂ©-romantique, sorte de fĂ©erie inspirĂ©e de contes orientaux Ă la mode de Christoph Marin Wieland, trĂšs cĂ©lĂšbre auteur des LumiĂšres allemandes, lâAufklĂ€rung, surnommĂ© « Le Voltaire allemand » pour son esprit, et de Johann August Liebeskind : Lulu ou la FlĂ»te enchantĂ©e, Les Garçons judicieux. Rappelons la vogue Ă©gyptienne du temps : la campagne d’Ăgypte de Bonaparte de 1798 Ă 1801 nâest pas loin. Par ailleurs, Mozart avait dĂ©jĂ Ă©crit la musique de scĂšne de Thamos, roi dâĂgypte, mĂ©lodrame ou mĂ©lologue, drame mĂȘlĂ© de musique, de Tobias Philipp von Gebler Ă la symbolique maçonnique puisquâon situait lâorigine de la maçonnerie en Ăgypte. Beaucoup dâĂ©lĂ©ments de cette Ćuvre se retrouveront dans la FlĂ»te. Par ailleurs, il y a un intĂ©rĂȘt dâun temps, se dĂ©sintĂ©ressant de la religion chrĂ©tienne pour rĂȘver de croyances et philosophies dâautrefois, orientales aussi, comme le culte de la lumiĂšre du zoroastrisme, dont tĂ©moigne dĂ©jĂ leZoroastre(1749) de Rameau, qui met en scĂšne lâ« Instituteur des Mages », dont la variante du nom est Zarathoustra, dont la fabuleuse mythologie et philosophie passionnera un siĂšcle plus tard Schopenhauer et Nietzschequi lui consacre Ainsi parlait Zarathoustra« Un livre pour tous et pour personne », long poĂšme philosophique lyriquepubliĂ© entre 1883 et 1885.
Mozart rechigne : il nâadore pas dâemblĂ©e cette fĂ©erie. Il remanie avec Schikaneder et la troupe cette Ćuvre parfois collective, sa musique insiste sur la thĂ©matique maçonnique, câest connu : le thĂšme trinitaire, ses trois accords de lâouverture, les trois Dames, les Trois garçons, les trois temples, les trois Ă©preuves des deux hĂ©ros sont empruntĂ©es au rituel d’initiation de la franc-maçonnerie. Le parcours initiatique de Tamino et Pamina dans le Temple de Sarastro est inspirĂ© des cĂ©rĂ©monies d’initiation maçonnique au sein d’une loge.
Cependant, Ă cette sorte de mystique maçonnique du parcours de lâombre vers la lumiĂšre de lâesprit et de lâamour, Mozart mĂȘle aussi de la musique religieuse : avant la fin de l’initiation du Prince, dans la troisiĂšme scĂšne (acte II) au moment oĂč Tamino est conduit au pied de deux trĂšs hautes montagnes par les deux hommes dâarme, il fait entendre le choral luthĂ©rien Ach Gott, vom Himmel sieh darein(âĂ Dieu, du ciel regarde vers nousâ). Il est chantĂ© par les deux dâhommes en valeurs longues de cantus firmusdâorigine grĂ©gorienne sur les mots Der welcher wandert diese Strasse voll Beschwerden, wird rein durch Feuer, Wasser, Luft und Erden, (âCelui qui chemine sur cette route pleine de souffrances sera purifiĂ© par le feu, l’eau, l’air et la terre âŠâ).
LâidĂ©ologie maçonnique rejoint ici lâunivers religieux traditionnel. Ainsi, si les quatre Ă©lĂ©ments sont utilisĂ©s dans le rituel maçonnique, ils le sont aussi depuis des temps immĂ©moriaux dans nombre de religions, le quatre de Ă©lĂ©ments, des horizons avec le trois trinitaire, font mĂȘme le sept (dĂ©jĂ les sept plaies de lâĂgypte, les sept flĂ©aux) et, dans la religion chrĂ©tienne, des sept plaies du Christ, de ses Sept Paroles en croix, des Sept BĂ©atitudes de Marie, des sept pĂ©chĂ©s capitaux, etc. Quant Ă cette quĂȘte du Bien, de la LumiĂšre, le moins quâon puisse dire, câest quâelle est partagĂ©e de longue date par philosophies et religions. Ici, il est question de la lutte du Mal (les forces obscures de la Reine de la Nuit, la lune) contre celle du Bien et de la LumiĂšre, qui triomphera dans un temple aprĂšs des Ă©preuves. Comme toujours, le gĂ©nie musical de Mozart transcende les compartiments apparemment Ă©tanches des croyances diverses.
Le versant fĂ©erique, assorti de maximes morales de tous les jours est dĂ©licieusement naĂŻf. Bref, au seuil de la mort, câest lâenfant Mozart qui remonte, sâexprime, dans lâenchantement dâune musique sublime et populaire : elle sâadresse au plus haut et au plus simple de lâhomme. RentrĂ© de Prague aprĂšs lâĂ©chec de sa ClĂ©mence de Titus, Mozart achĂšve Die Zauberflöte et en peut diriger la premiĂšre malgrĂ© sa maladie le 30 septembre 1791. Câest un triomphe. Entre temps, on lui a commandĂ© un Requiem.Il nâa pas le temps, lâachever : il meurt le 5 dĂ©cembre. Cette messe des morts est sa derniĂšre Ćuvre. Un an plus tard, fait extraordinaire pour lâĂ©poque, « la FlĂ»te enchantĂ©e » connaĂźt sa centiĂšme reprĂ©sentation.

Réalisation et interprétation
Cette Ćuvre ultime de Mozart est si riche et complexe en sa simplicitĂ© enfantine quâon peut la prendre par des biais diffĂ©rents, toujours justifiĂ©s si la cohĂ©rence nâest pas biaisĂ©e par lâarbitraire Ă la dĂ©jĂ si vieille mode chez les metteurs en scĂšne. Certains, paralysĂ©s par la sacralitĂ© du chef-dâĆuvre maçonnique, le solemnisent au point dâen pĂ©trifier lâappareil comique lĂ©ger, Ă la Papageno oiseleur ailĂ©, dâautres, zĂ©lĂ©s, au contraire, par une fantaisie exaltant le fantastique du fantasque livret de Schikaneder, gomment la portĂ©e initiatique des Ă©preuves imposĂ©es aux jeunes hĂ©ros, en vĂ©ritĂ© aussi peu parlantes aujourdâhui que sont insupportables les tirades misogynes, les discours bavards, le prĂȘchi-prĂȘcha du Sprecher, lourdement moralisateur des gardiens du temple, hormis, sublimĂ©s par la musique, les deux airs de Sarastro, grandioses de noble dignitĂ© humaine, sans pĂ©dante phrasĂ©ologie, au message dâamour universel transcendant toute idĂ©ologie et toute religion.
Enfantine sans infantilisme donc cette mise en scĂšne de Numa Sadoul, enchantant par le chant intĂ©rieur et des enchantements intimes sans grandioses effets extĂ©rieurs thaumaturgiques, de simples tours de magie de Papageno aux enfants et non dâun grandiloquent Mage Sarastro qui, pour les grands, ferait de la maçonnerie Ă©sotĂ©rique une caricature de religion occulte. Pas dâapparition onirique spectaculaire de la Reine de la Nuit, pas dâĂ©preuves tout feu tout flammes et eau pour les hĂ©ros, mais une humble simplicitĂ© de moyens qui dut ĂȘtre celle de la FlĂ»teoriginelle dans un théùtre populaire de banlieue, avec les moyens du bord : esprit dâenfance du théùtre de trĂ©teaux dont la modestie des effets, des dĂ©guisements enfantins de la boĂźte Ă malices dâun coffre, des rubans ou fleurs du magicien de cirque Papageno, sans en mettre plein la vue, invitent les yeux de lâimagination Ă en combler les vides et enrichir le sens.
Un nuageux gazouillis dâoiseaux nous accueille entrant dans la salle : dĂ©jĂ lâaura de Papageno lâoiseleur. Dans la pĂ©nombre, Ă jardin, un informe rocher ; Ă cour, la pierre humanisĂ©e par la travail de lâhomme, par sa culture, un pyramidon ou pointe dâobĂ©lisque symbolise, par synecdoque, partie pour le tout, lâĂgypte mythique de la maçonnerie, image de la civilisation qui, transformant le chaos tellurique du dĂ©cor du premier acte, fera, dans le deuxiĂšme acte, de lâamoncellement brut de rocs, de la brute pierre Ă lâĂ©pure de la pyramide, le Temple gĂ©omĂ©trique du deux, non sans potentialitĂ©s brutales de la puissance tyrannique, rapportĂ© Ă lâaune des terribles Prisonsde PiranĂšse, avec ses perspectives angoissantes de passages, dâescaliers, dâĂ©chelles en perspectives de vertige, de potences : le SiĂšcle des LumiĂšres et ses ombres gothiques sadiennes. DĂ©cors parlants, sans Ă©loquence appuyĂ©e, de Pascal Lecocq qui signe aussi les costumes symboliques et humoristiques pour les Trois Garçons.
Au centre de lâavant-scĂšne, trĂŽnait un coffre. Les trois vrais garçons, vienne fouiller, farfouiller le foutoir, sâaffublant de costumes quâils en extraient, dâabord Ă vue, Tintin, Dupont et Dupond. Plus tard, arrivĂ©s des coulisses, ils seront le Capitaine Haddock, Spirou, Peter Pan, Lucky Luke, Corto Maltese, Spiderman, Batman, le Marsupilami, un schtroumpf, un hirsute Son Goku de manga, ou encore, Pinocchio, Harry Potter.HĂ©ros de bandes dessinĂ©es qui, si elles ne sont pas forcĂ©ment enfantines, Ă voir les enfants les incarner, câest nous qui retrouvons un nostalgique esprit dâenfance. Des Ă©pĂ©es lumineuses des initiĂ©s du Temple rappelant Star Warssont aussi significatives dans cette guerre, sinon entre les Ă©toiles dont sont constellĂ©s les costumes, entre la lumiĂšre et le cĂŽtĂ© obscur de la force, entre la lune et le soleil, qui est le jeu mĂȘme de lâĆuvre, lâenjeu de toute une Ă©poque des LumiĂšres travaillĂ©e par lâombre. On se dit que Mozart, le grand enfant quâil fut toujours, aurait aimĂ© cela.
Tamino, Ă©lĂ©gant Prince indien, costume argent, Ă©charpe de rayon dâor prĂ©figure dĂ©jĂ Pamina, belle princesse indienne au sari dorĂ© traversĂ© de lâĂ©charpe dâune Voie lactĂ©e dâargent, leurs vĂȘtements disant leur complĂ©mentaritĂ© comme Papageno, veston de smoking sur bermuda blanc constellĂ©, de lâoiseau bleu de twitter et Papagena la veste oiselĂ©e sur ses paniers de robe non achevĂ©e comme leur humanitĂ© frustre non encore advenue Ă lâĂ©laboration spirituelle. Son chapeau nid dâoiseau sâorne plaisamment dâĆufs de futurs petits Papageno/a.
La Reine de la Nuit orne sa tĂȘte dâune vaste capeline de lune et dâĂ©toiles scintillantes, ses Dames, Ă©galement en tailleur pantalons blanc ornĂ© dâun sautoir bleu Ă©toilĂ©, dâun tablier noir avec croissant de lune Ă Ă©toiles, portent des tricornes blancs aussi.
Les initiés femmes ont, sur le tailleur pantalon blanc, un tablier maçonnique noir et les hommes, ont la couleur inverse, le noir du costume et le tablier blanc, avec parfois sautoir, ou écharpe à étoile, tous tricornes XVIIIe de couleur opposée mais Sarastro, porte un élégant habit de Grand Maßtre, attributs dorés, avec le couvre-chef rituel.
Lâeffet de ce chromatisme antithĂ©tique ombre/lumiĂšre, manichĂ©en, mis en valeur par les lumiĂšres dramatiquement expressives de Philippe Mombellet, est dâun simple mais efficace esthĂ©tisme dâun nĂ©o-classicisme dâĂ©poque. Mais il repose sur une symbolique explicitĂ©e dans une Note de rĂ©alisationpar ses concepteurs : principe fĂ©minin et masculin, noir et blanc, qui composeront, se recomposeront Ă la fin des Ă©preuves.
Les chĆurs sâĂ©tirent comme un sobreclavier aux touches blanches et noires mais, plus que le mĂąle ton sur ton, tonique dominant, tonnant et tonitruant, sensible, on lâest Ă la note blanche ou noire, fĂ©minine, qui couvre lâhomme et vice versa, sans vice aucun, blanche sur noir, fĂ©minin sur masculin et inverse, dans une passation non de pouvoirs mais un bel et bon Ă©change du vĂȘtement complĂ©mentaire qui fait du singulier monochrome un blanc et noir bicolore dans lâharmonieux passage de lâUn(e) Ă lâAutre. Câest la thĂ©orie, Ă qui la connaĂźt, de Platon, homme et femme nĂ©s dâun mĂȘme Ćuf, hermaphrodite au dĂ©part ; lâun moitiĂ© dâorange de lâautre disent les Espagnols.
LâOrchestre de l’OpĂ©ra de Marseille, sous la direction de Lawrence Foster, est Ă la fĂȘte de cette indĂ©finissable partition oĂč la musique populaire, les airs de Papageno et Papagena, le duettino entre Pamina et lâOiseleur, voisinent avec des passages sublimes de simple complexitĂ© mais dâune inusable beautĂ©, se prĂȘtant Ă bien des approches, quâil faut recevoir sans a priori ni attente personnelle dâinterprĂ©tation. Les trois accords maçonniques premiers, frappent comme les trois coups dâentrĂ©e en scĂšne, graves, solennels, peut-ĂȘtre une Ă©vidence fatale de la vie Ă une fin, mais que le lutin qui rit toujours chez Foster dĂ©mentira vite par une prestesse juvĂ©nile et lĂ©gĂšre de bon aloi.
Les chĆurs (Emmanuel Trenque) son dâune cohĂ©sion sans faille, Ă©manation de grandeur humaine. Les Trois Garçons, trop masquĂ©s pour quâon les identifie, bien prĂ©parĂ©s par Samuel Coquard, apportent une note de fraĂźcheur naturelle, enfantine, Ă lâĆuvre et quelque raideur ou incertitude adolescente de la voix ne rend que plus authentique et touchant leur rĂŽle pratiquement toujours confiĂ©s artificiellement Ă des filles. Seule libertĂ© de mise en scĂšne, qui nâĂ©mane pas directement de lâĆuvre, sans ĂȘtre de ces placages abusifs imposĂ©s par tant de rĂ©alisations, la petite troupe dâenfants en loques, adorables petits gueux en guenilles, dignes dâun tableau de Ribera. TĂ©moins actifs de la scĂšne, sans avoir le pouvoir de guide des Trois Garçons, ils entourent de leur ronde affective les hĂ©ros malheureux, incluant mĂȘme en eux la petite fille marginale exclue. Câest toujours dans la musique, Ă©bauche de danse lĂ©gĂšre, et câest une note dâenfance malheureuse qui peut ĂȘtre sauvĂ©e par lâart, la musique : la compassion de ces petits ĂȘtres consolateurs envers des grands qui souffrent est un renversement des plus Ă©mouvants de la hiĂ©rarchie de la vie.
Personnage souvent sacrifiĂ©, le Monostatos de LoĂŻc FĂ©lix est aussi drĂŽle que bien chantant. La voix un peu autoritaire de FrĂ©dĂ©ric Caton colle bien Ă celle lâOrateur, tandis que Guilhem Worms et Christophe Berry se partagent, en bons compĂšres, la paire de Premier et Second PrĂȘtre et Premier et Second dâHomme dâarmes dans un grandiose flot musical.
Le svelte baryton Philippe EstĂšphe campe un lĂ©ger Papageno humain, belle voix directe sans lourdeur, remarquable de naturel dans un rĂŽle qui ne lâest pas. Il a une digne Papagena dans lâaccorte Caroline Mengau timbre fruitĂ©, dont il arrache, sans faire dâomelette en les cassant, les Ćufs qui se nichent dans le nid de son joli bibi Ă bĂ©bĂ©s, promesse de futures prolifiques couvĂ©es.
Les Trois Dames, allurées, allumées et coquines à vouloir trousser Tamino, sont bien troussées par Anaïs Constans, Majdouline Zerari et Lucie Roche.

En Sarastro, Wenwei Zhang dĂ©ploie la richesse dâun timbre grave mais lumineux, large, puissant, aisĂ©, se tirant bien des notes les plus graves sans forcer sa voix de baryton basse, exprimant toute la noblesse humaine du personnage. TrĂšs dynamique dans son jeu hystĂ©risĂ© de Reine de la Nuit, Serena Uyar donne une grandeur tragique Ă son premier air au registre mĂ©dium mais justement, ce mĂ©dium enrichi, Ă©largi dans le terrible second, « Der Hölle Rache⊠», bien quâelle rĂ©ussisse expressivement ses imprĂ©cations acĂ©rĂ©es et piquĂ©s, la gĂȘne dans des contre fa qui sont plus frĂŽlĂ©s que franchement donnĂ©s. Mais la partition originale Ă©tait plus basse que notre diapason tendu Ă lâaigu. Cependant, bonne comĂ©dienne, câest admirablement quâelle tresse avec tendresse ses guirlandes de notes caressantes en demi-teintes Ă sa fille affligĂ©e. Cette derniĂšre, Anne-Catherine Gillet, offre une Pamina originale lâair moins victime que vivante, vigoureuse, chaleureuse avec Papageno dans leur petit duo naĂŻf « Mann und Weib ». Sa voix est large, ronde, charnue, vibrante dâĂ©motion, son tempĂ©rament semble combattif, on dirait que câest le dĂ©pit amoureux qui la rĂ©volte plus que la rupture avec Tamino quâelle nâa pas lâair dâaccepter et son air de dĂ©sespoir, « Ach, ich fĂŒhlâs », au tempo assez rapide, est une manifestation moins de mort que de vie.
Grand, belle allure, front bombĂ© et air encore naĂŻf de tendre enfance, Cyrille Dubois, qui chante son premier Tamino, semble y ĂȘtre depuis toujours avec un confondant naturel, voix Ă©gale, claire, ligne Ă©lĂ©gante de chant, phrasĂ©, fluiditĂ©, aisance de lâĂ©mission dans la force ou la douceur. Un enchantement.
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DIE ZAUBERFLĂTE
(LA FLĂTE ENCHANTĂE)
Singspiel en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Livret dâEmanuel Schikaneder
Création : Vienne (1791)
Coproduction Opéra de Marseille et de Nice
Opéra de Marseille, 6 octobre 2019,
Numa Sadoul, Mise en scĂšne
Pascal Lecocq, Décors, Costumes
Philippe Mombellet, lumiĂšres.
Distribution
Cyrille Dubois, Tamino
Anne-Catherine Gillet, Pamina
Serenad Burcu Uyar, Reine de la Nuit
Philippe EstĂšphe, Papageno
Wenwei Zhang, Sarastro
AnaĂŻs Constans, PremiĂšre Dame
Majdouline Zerari, Seconde Dame
Lucie Roche, TroisiĂšme Dame
Caroline Meng, Papagena
LoĂŻc Felix, Monostatos
Guilhem Worms, Premier Gardien, Second Homme dâArmes
Christophe Berry, Second Gardien, Premier Homme dâArmes
MaĂźtrise des Bouches-du-RhĂŽne(Samuel Coquard) :
Enfants : Axel Berlemont, Ugo Cugggia, Ian Jullo-Grinblatt, Youenn Le MIgnant, Luca Volfin.
ChĆur de l’OpĂ©ra de Marseille (Emmanuel trenque)
Orchestre de l’OpĂ©ra de Marseille, Direction Lawrence Foster.
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Photos © Christian Dresse / opéra de Marseille 2019
Pamina et les Trois Garçons ;
Papageno et Pamina ;
Reine de la Nuit et alliés ;