vendredi 6 décembre 2024

CRITIQUE, opéra. PARIS. Opéra Comique, 20 septembre 2024. AUBER : Le Domino noir. A. C. Gillet, C. Dubois, V. Brunel, L. Vermot-Desroches… Valérie Lesort & Christian Hecq / Louis Langrée.

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André Peyrègne
André Peyrègne
André PEYREGNE est Président d’honneur de la Fédération Française d’Enseignement Artistique, Chroniqueur en Histoire et Musique de Nice-Matin, Collaborateur de Radio France et France Télévision et Ecrivain (son dernier livre paru : « Petites histoires de la grande musique » / Editions Desclée de Brouwer)

Contre les idées noires, voici à l’Opéra Comique, un spectacle plein de bonne humeur, léger, entraînant, bien chanté, tout en gaieté et… en couleurs :  le Domino noir.

 

Le Domino noir : un spectacle tout en couleurs !

 

 

Auber est certainement, sans qu’on en ait conscience, le compositeur le plus connu à Paris : il a une station de R.E.R. à son nom ! Il vivait au XIXème siècle. Il avait de l’esprit jusque dans son prénom : il s’appelait Daniel-François-Esprit Auber. Il en a fait usage dans son Domino noir. L’oeuvre, plaisante comme un vaudeville, présente tous les poncifs du genre. On peut, de nos jours, trouver cela dépassé mais les metteurs en scène Valérie Lesort et Christian Hecq ont rivalisé d’imagination pour la revivifier et la rendre délirante. En voilà deux qui ne broient pas du noir ! 

Au début, on voit cinq danseurs déguisés en jeu de dominos. C’est malin ! C’est pour nous égarer.  Car le domino de cette histoire n’a rien à voir avec le jeu. C’est le masque que l’on porte lors des bals. Les soirs de spectacle, les ouvreuses de l’Opéra Comique en mettent pour nous mettre dans l’ambiance. L’histoire est celle d’une aristocrate, Angèle, qui se voile le visage pour aller une dernière fois au bal avant d’entrer au couvent.

Dans leur délire, les metteurs en scène habillent les hommes en plumes de paon, transforment en ailes d’oiseau les cornettes des bonnes sœurs, font entendre des bouffées de musique rock lorsque la porte s’ouvre sur la salle de bal, font descendre des statues de leur piédestal, font chanter la tête d’un cochon rôti qui, dans son plat, est destiné au festin du soir (tout est bon dans le cochon !).

La distribution vocale est excellente. Anne Catherine Gillet (Angèle) domine le spectacle de sa voix et sa prestance. Le ténor Cyrille Dubois (son soupirant) nous enchante de sa voix légère et bien timbrée – mais davantage comme chanteur que comédien, hystérisant trop certaines répliques. La mezzo Victoire Brunel (l’amie d’Angèle) est ravissante de voix et d’allure. On applaudit l’excellent jeune ténor Léo Vermot-Desroches (Juliano) ainsi que la basse imposante de Jean-Fernand Setti (le concierge du couvent). Quant à Marie Lenormand (l’Aubergiste), sa présence est irrésistible. Deux comédiens font partie du spectacle : Laurent Montel qui force son accent anglais pour caricaturer un Lord, et Sylvia Bergé, célèbre Sociétaire de la Comédie Française, qui prête au personnage d’une nonne sa voix bien posée. 

Louis Langrée, qui est dans sa maison à l’Opéra Comique puisqu’il la dirige depuis 2021, fait sonner à plaisir l’Orchestre de chambre de Paris – ainsi que le Choeur « Les Eléments ».

Ca y est, le spectacle est fini. On reprend le métro. Dans la tête continue à tourner l’air « La belle Ines fait florès ». C’est alors que le haut parleur du wagon annonce : « Auber ». Décidément, on n’en sort pas !…

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CRITIQUE, opéra. PARIS. Opéra Comique, 20 septembre 2024. AUBER : Le Domino noir. A. C. Gillet, C. Dubois, V. Brunel, L. Vermot-Desroches… Valérie Lesort & Christian Hecq / Louis Langrée.

 

VIDEO : Trailer du « Domino noir » d’Auber à l’Opéra Comique

 

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