Avec Ascanio, créé en 1890, (et depuis Benvenuto Cellini de Berlioz), Henry VIII (créé en 1883) marque le génie de Saint-Saëns et la passion des Français pour la Renaissance. Le XIXè romantique aime le XVIè, alternative poétique et dramatique aux sujets mythologiques. Chacun y puise cette alliance pathétique et tragique entre passion et noblesse, devoir et désir, politique et sentiment.
Ainsi le roi Tudor offre tout cela à la vision opératique de Camille Saint-Saëns : sa vie dépassant même le cadre romanesque. Six mariages, deux annulations, deux décapitations et la fondation de sa propre Église, contre l’autorité de Rome… à la recherche d’une épouse convenable, Henri VIII Tudor, n’a rien sacrifié à sa vie amoureuse, fusionnée même à l’exercice du pouvoir.
L’opéra de Saint-Saëns souligne le triangle amoureux – le roi et ses deux femmes , sur fond de conflit religieux (Catherine la Catholique / Anne la Réformée) : Londres, 1533, au palais circulent des rumeurs sur l’intention du roi d’épouser Anne Boleyn mais il est marié à la catholique Catherine d’Aragon, union qu’il ne peut annuler sans l’accord du Pape.
Anne Boleyn devient marquise de Pembroke, et rejoint les dames d’honneur de la Reine Catherine…
A l’acte II, l’action se précipite. A Richmond où Anne et Hanry convolent, paraît Catherine qui reproche à sa rivale, son ambition. Passionné, Henry promet à Anne de répudier Catherine et de l’épouser : le destin de la Reine est scellé…
Le III souligne le conflit ouvert entre le légat du pape et Henry VIII ; mais ce dernier obtient le soutien du parlement et du peuple ; le divorce est officialisé et la nouvelle église, proclamée.
Le IV évoque les inquiétudes de la nouvelle reine Anne ; elle redoute que le roi Tudor ne découvre son ancienne liaison avec Gomez, ambassadeur d’Espagne. Catherine à laquelle le Roi rend visite, hésite à remettre la lettre qui compromettrait Anne… mais elle renonce et jette le document précieux au feu : c’est suffisant pour Henry dévoile sa nature colérique ; il menace de la hâche, tous ceux qui l’auraient trahi….
Henri VIII, grand opéra historique, offre une partition riche en contrastes : ardeur et pudeur, jalousie et renoncement, intimité et solennité. À Bruxelles, Olivier Py réalise sa nouvelle mise en scène. Décors impressionnants (machinerie spécifique), intensité dramatique, musique captivante, la production propose un voyage musical et scénique, du 16ème siècle à nos jours, et pose la question : jusqu’où un homme de pouvoir peut-il aller pour servir ses propres ambitions ? Parjure, trahison, crime, manipulation… depuis Monteverdi et le personnage de Néron (l’Incoronazione di Poppea), on pensait que passion et pouvoir rendaient fou ; Henry Tudor indique une autre voie : rien ne peut arrêter la violence d’un pouvoir devenu fou, surtout quand ce dernier aime et se passionne contre toute raison… en l’occurrence, amour et pouvoir composent un cocktail explosif !
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VOIR le LIVE STREAMING / – SAINT-SAËNS : Henri VIII – Bruxelles, De Munt / La Monnaie / le 16 mai 2023, 19h CET : https://operavision.eu/fr/performance/henry-viii
EN REPLAY jusqu’au 16 nov 2023, 12h
PLUS D’INFOS sur le site de l’Opéra La Monnaie / De MUNT BRUXELLES / Henry VIII
https://www.lamonnaiedemunt.be/fr/program/2316-henry-viii
RESSOURCES et présentation sur le site de La Monnaie de Bruxelles :
https://www.lamonnaiedemunt.be/fr/mmm-online/2785-henry-viii
PRODUCTION présentée à La Monnaie de Bruxelles : du 11 au 27 mai 2023
Réservation : https://www.lamonnaiedemunt.be/fr/program/2316-henry-viii
Musique : Camille Saint-Saëns
Texte : Léonce Détroyat et Armand Silvestre
d’après les œuvres de William Shakespeare
& Pedro Calderón de la Barca
Création à l’Académie nationale de musique, Paris : le 5 mars 1883
Distribution / cast :
Henry VIII : Lionel Lhote
Don Gomez de Féria : Ed Lyon
Cardinal Campeggio : Vincent Le Texier
Comte de Surrey : Enguerrand de Hys
Duc de Norfolk : Werner van Mechelen
Cranmer: Jérôme Varnier
Catherine d’Aragon : Marie-Adeline Henry
Anne de Boleyn : Nora Gubisch
Lady Clarence : Claire Antoine
Garter / Un officier : Alexander Marev
Un huissier de la cour : Leander Carlier
Quatre dames d’honneur
Alessia Thais Beradi
Annelies Kerstens
Lieve Jacobs
Manon Poskin
Quatre seigneurs
Alain-Pierre Wingelinckx
Luis Aguilar
Byoungjin Lee
René Laryea
Orchestre symphonique de La Monnaie
Direction musicale : Alain Altinoglu
Mise en scène : Olivier Py
Décors et costumes : Pierre-André Weitz
Lumières : Bertrand Killy
Chorégraphie : Ivo Bauchiero
Chef des Chœurs : Stefano Visconti
EXTRAIT VIDEO : Karine Deshayes chante la prière de Catherine d’Aragon / Henry VIII de Camille Saint-Saëns / Ô cruel souvenir (acte IV),
quand la souveraine répudiée par Henry attend de la recevoir pour une dernière confrontation…
RESSOURCES DE MUNT / Bruxelles – galerie de photos des répétitions, Olivier Py et les solistes au travail :
https://www.lamonnaiedemunt.be/fr/program/2316-henry-viii
CRITIQUE
LIRE ici la critique de la production à Bruxelles / La Monnaie par notre rédacteur Emmanuel Andrieu, spectateur de la représentation du 11 mai dernier :
Olivier Py, « monsieur Grand Opéra »
après ses Huguenots flamboyants in loco
réussit un somptueux et sombre Henry VIII
où domine Lionel Lhote dans le rôle-titre …