FRANCE MUSIQUE, sam 27 mars 2021, 20h. POULENC / ESCAICH. La soprano familiĂšre des grands dĂ©fis vocaux chante La Voix humaine du premier, Point dâorgue du second (crĂ©ation, prĂ©sentĂ©e en mars au TCE, sans public). Captation les 3 et 5 mars 2021 pour diffusion sur la toile ultĂ©rieure (avril 2021?).
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 FRANCE MUSIQUE, Samedi 27 mars 2021, 20h
Programme double :
La Voix Humaine de Poulenc / Point dâOrgue de Thierry Escaich (crĂ©ation mondiale).
Mise en scĂšne : O.Py,
avec P. Petibon (Elle), J.S Bou (Lui), C.Dubois (LâAutre) – Orchestre National de Bordeaux / J. Rhorer, direction.
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LA VOIX HUMAINE de Jean Cocteau – Francis Poulenc
Tragédie lyrique en un acte (1958)
Paroles : Jean COCTEAU
Musique : Francis POULENC
CREATION MONDIALE
POINT DâORGUE de Thierry Escaich – Olivier Py
Opéra en un acte
Livret : Olivier PY
Musique : Thierry ESCAICH
En 1958, deux ans aprĂšs son opĂ©ra tragique et historique Dialogues des CarmĂ©lites, Francis Poulenc Ă©crit La Voix humaine, partition en un acte composĂ©e pour une seule voix de soprano, tragĂ©dienne moderne Ă©garĂ©e, abandonnĂ©e, impuissante face au dĂ©sarroi de la rupture amoureuse. Le TCE Ă Paris commande au compositeur (et organiste, dâoĂč le titre de son Ćuvre), une nouvelle partition lyrique qui serait comme le double de lâouvrage de Poulenc. Escaich imagine ainsi la suite du monologue sous forme dâun dialogue renouĂ© entre Elle et Lui. « Lui » qui nâapparaĂźt jamais dans lâoeuvre de Poulenc / Cocteau. La parole, le dialogue sont le sujet principal des deux Ćuvres ainsi prĂ©sentĂ©es en miroir.
Ainsi le « trio » Patricia Petibon, Olivier Py et JĂ©rĂ©mie Rhorer se recompose, aprĂšs leur prĂ©cĂ©dente coopĂ©ration pour Dialogues des CarmĂ©lites de Francis Poulenc, créé au Théùtre des Champs-ElysĂ©es en 2013. On se souvient aussi que JĂ©rĂ©mie Rhorer, formĂ© par Thierry Escaich dans ses annĂ©es dâapprentissage, dirigea la crĂ©ation de son opĂ©ra Claude (livret de Robert Badinter, adaptĂ© de Claude Gueux de Victor Hugo) Ă lâOpĂ©ra de Lyon, une production mise en scĂšne par Olivier Py et oĂč Jean-SĂ©bastien Bou interprĂ©tait le rĂŽle-titre. Les retrouvailles scellent donc la nouvelle production du TCE autour du diptyque POULENC / ESCAICH 2021.
En 1920, le « moine et voyou » Poulenc rejoint le Groupe des Six, dont le porte-parole est Jean Cocteau : les Ćuvres de cette pĂ©riode sont lĂ©gĂšres, virtuoses. Mais aprĂšs 1936 avec la mort de son ami le compositeur Pierre Octave Ferroud, lâinspiration de Poulenc se fait plus grave et sombre (Stabat Mater) tout en poursuivant cette impertinence proche de Satie (Les Mamelles de TirĂ©sias). En 1958, Poulenc sâempare du monologue Ă©ponyme de Jean Cocteau (1930) et en dĂ©duit un opĂ©ra en un acte créé en 1959 salle Favart, par la soprano Denise Duval, son amie et sa complice.
AprĂšs Les Enfants terribles (1929) et avant son film La Belle et la BĂȘte (1945), Cocteau imagine en un huis clos Ă©touffant la dĂ©sespĂ©rance dâune femme amoureuse qui tente de renouer le fil avec son amant, au tĂ©lĂ©phone, dans sa chambre dâhĂŽtel.
POINT D’ORGUE… Une apothĂ©ose pour ELLE
Lâorganiste et compositeur, Thierry Escaich retrouve son ancien Ă©lĂšve JĂ©rĂ©mie Rhorer (classe de composition) pour la crĂ©ation de Point dâorgue dont le sujet offre une suite Ă La Voix humaine de Poulenc / Cocteau. Escaich a longtemps jouĂ© le Concerto pour orgue et orchestre de Poulenc, au flux Ă©nergique, aux audaces harmoniques singuliĂšres. Pour son nouvel ouvrage conçu en « miroir », Escaich dĂ©veloppe en rĂ©sonance et par goĂ»t personnel, un univers harmonique, post-tonal, polytonal, qui vient plutĂŽt de Debussy, Ravel, Poulenc, Dutilleux, Honegger. La continuitĂ© de lâun Ă lâautre ouvrage, vient du mĂȘme instrumentarium, dans lâesprit dâun orchestre Mozart.
A la descente aux enfers que dessine le mĂ©lodrame de Cocteau, Escaich, inspirĂ© par le livret de Py pour Point dâorgue, offre une sublime rĂ©surrection Ă Elle, dans une conclusion qui frappe par sa sĂ©rĂ©nitĂ©. La force inĂ©dite de lâhĂ©roĂŻne si malmenĂ©e par Poulenc et Cocteau, submerge la scĂšne dâune force virile saisissante qui finit par emporter comem dans un thriller psychologique, les deux rĂŽles masculins : Lui et lâAutre, respectivement pour baryton et tĂ©nor. Le compositeur trouve Ă chaque mots du livret, une nuance musicale propre Ă ciseler et Ă©clairer les composantes dâun Ă©chiquier du sentiment et de la passion humaine.
LâĂ©criture vocale de Point dâorgue est plus opĂ©ratique que lâouvrage prĂ©cĂ©dent, Claude. Escaich utilisant la forme dâarias, qui rĂ©sonnent parfois comme des pastiches, « des sortes dâĂ©clipses dans un esprit opĂ©ra bouffe bien que la tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale du texte soit plutĂŽt sombre. » Thierry Escaich connaĂźt Ă prĂ©sent idĂ©alement les performances artistiques de Jean-SĂ©bastien Bou et Patricia Petibon. Concernant le tĂ©nor Cyrille Dubois, son timbre correspond parfaitement Ă lâidĂ©e du personnage telle quâelle sâest affirmĂ©e peu Ă peu au cours de la rĂ©daction du livret dâOlivier Py.
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