Tours,Opéra. Magnard, Tchaikovski : OSRCT, Ossonce, les 15,16 novembre 2014. Depuis plusieurs années déjà, les concerts symphoniques à l’Opéra de Tours sont devenus des événements incontournables tant par l’originalité des programmes présentés souvent très ambitieux, et toujours remarquablement équilibrés, que l’engagement des musiciens en présence, canalisés par la direction vive et affûtée de Jean-Yves Ossonce. Pour son premier concert de la saison symphonique 2014-2015, l’OSRCT, Orchestre symphonique Région Centre Tours propose un programme rugissant, lyrique et pathétique : les facettes expressives des œuvres ainsi enchaînées offrent un panel impressionnant de climats à réussir : Leonore III est plus qu’une ouverture ; outre sa parure et sa construction très élaborées qui sont l’aboutissement de plusieurs réécritures de la part de Beethoven : composée en 1806, il s’agit après moult essais, d’un résumé redoutablement efficace du drame qui en prolonge les déclarations multiples : hymne à l’amour souverain, contestation de la tyrannie, sur le ton et dans une étoffe orchestrale des plus raffinés.
Prolongement des récents concerts donnés par l’Orchestre au cours des trois dernières années (LIRE entre autres notre présentation de la Symphonie n°4 jouée en janvier et février 2012), la Symphonie ultime de Tchaikovski, Pathétique, accomplit tout un cycle orchestral d’une rare et exceptionnelle introspection : comme les opus de Mahler, les œuvres de Tchaikovski ont un fort contenu autobiographique. Comme une prémonition de sa mort prochaine, le compositeur russe y peint une série de paysage crépusculaire, marqués par l’anéantissement des forces vitales, Piotr Illyitch, marqué par un terrible secret (celui de son homosexualité) ayant toujours été enclin à la dépression et à la solitude. La richesse et le raffinement de l’orchestration, l’architecture globale de l’opus 74 laissent l’impression d’une traversée sans retour, une plongée âpre et enivrée de l’autre côté du miroir. Entre la première sous la direction de l’auteur (Saint-Pétersbourg le 16 octobre 1893), accueillie froidement (la baguette de Tchaïkovski n’a jamais été très convaincante) et sa reprise sous la direction toute autre de Napravnik, qui apporte le succès, Tchaïkovski s’éteint probablement sous la pression d’un scandale lié à sa vie intime. Suicide ou empoisonnement, nul ne le saura peut-être jamais mais cette 6 ème dite ” Pathétique ” est davantage, un Requiem symphonique composée dans les affres et les vertiges paniques d’une déroute personnelle. S’y déverse tel un flot éruptif d’une solennité toute martiale et pleine de panache la résistance aussi d’un homme atteint, viscéralement inscrit dans le désespoir. L’opus 74 est dédié à son neveu Vladimir Davydov, sa bouée de sauvetage dans l’une des périodes les plus tourmentées et difficile de sa vie.
Beethoven : Leonore, ouverture III opus 72c
Magnard : Hymne à la justice opus 14
Tchaikovski : Symphonie n°6 « Pathétique »
Tours, Grand Théâtre Opéra
Samedi 15 novembre – 20h
Dimanche 16 novembre – 17h
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Découvrir la saison symphonique 2014 – 2015 sur le site de l’Opéra de Tours
Conférence sur le programme du concert des 15 et 16 novembre 2014
Samedi 15 novembre – 19h00
Dimanche 16 novembre – 16h00
Grand Théâtre – Salle Jean Vilar
Entrée gratuite