Dossier Beethoven 2020… Suite et fin de notre grand dossier BEETHOVEN 2020
250 ans de la naissance de Ludwig Van Beethoven
Ludwig Van… La crise des années 1813 – 1815
Du Congrès de Vienne à Fidelio
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L’homme est détruit : sourd et malaimé, ou sentimentalement trop exigeant. Amoureusement insatisfait. Mais la carrure de l’artiste, sa démesure géniale et visionnaire lui redonnent goût à la vie. Pendant le Congrès de Vienne (sept 1814 – juin 1815), la victoire des alliés contre Napoléon le consacre musicien de l’avenir et même compositeur officiel : le politique utilise le prestige beethovénien pour assoir sa propre capacité à gérer la crise européene après la chute de l’Empire napoléonien. Beethoven écrit alors la bataille de Vittoria / ou de Wellington, une faiblesse circonstancielle qu’il reniera ensuite. De plus en plus populaire, Ludwig peut présenter enfin en mai 1814, sa nouvelle version, définitive cette fois, de son opéra Fidelio avec une ouverture affinée dite Fidelio, et non plus Leonore comme auparavant. Ludwig y célèbre la force et la liberté, la fidélité et l’amour, incarnés par l’héroïne, Leonore qui sous le travestissement de Fidelio s’est introduite dans la prison où était séquestré son mari, Florestan… Porté et inspiré par l’idéal révolutionnaire français, Beethoven y concentre et renforce l’action de l’amour fidèle, indéfectible, de la fraternité libre et conquérante contre toute forme de despotisme ou pouvoir arbitraire. Pourtant, l’ordre moral qu’impose Metternich alors inscrit un retour politique rétrograde ; Beethoven n’aura de cesse de s’opposer à cette nouvelle tyrannie qui veut museler les hommes.
En 1815, il trouve réconfort et écoute auprès de la comtesse Marie Erdödy à laquelle il dédie les deux Sonates pour violoncelle et piano opus 102. En décembre meurt son frère Karl qui le désigne tuteur de son neveu également nommé Karl (âgé de 8 ans) : Ludwig se prend d’affection pour l’enfant dont il dispute la garde exclusive avec sa mère, Johanna, femme de petite vertu, déjà condamnée pour adultère, mais qui s’obstine à vouloir garder son fils. Il s’en suit des années de conflits, difficiles à vivre pour les 3 êtres concernés. Nommé finalement tuteur exclusif du petit Karl, Beethoven pourtant très attaché, n’aura que déboires et déceptions envers un garçon dissimulateur et déloyal, qui pourtant a bien compris l’ampleur du génie de son oncle compositeur. Une nouvelle épine dans la quotidien de l’aigle foudroyé sur la terre.
1816 – 1817 : années de crise
L’Immmortelle bien-aimée…
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L’année 1816 est celle de l’Immortelle bien aimée, femme idéale autant que réelle, à laquelle il dédie une série de lettres et de partitions dont les 6 lieder « A la Bien-Aimée lointaine » / An die ferne geliebte (début 1816), Sonate pour piano opus 106 dite « Hammerklavier », achevé en 1818…). Toute partition qui honore et célèbre la divine « T », dont l’identité demeure apparemment à jamais perdue mais que Beethoven adore plus que tout… hélas, l’aimée avec laquelle l’entente est idéale, n’est pas libre : Ludwig éperdu souffre en solitaire. Ce pourrait être Antonia Brentano (dite « Tony ») qui mariée, a aimé Ludwig mais ne put jamais divorcer pour lui… Beethoven a rencontré Antonio alors qu’il fréquente sa belle sœur Bettina, muse, épouse de Arnim Brentano, qui se révélera être une auteure renommée. C’est Bettina qui tente vainement un rapprochement entre Goethe et Beethoven
Autant d’insatisfaction et de frustration s’intensifient en 1816, dans une nouvelle crise existentielle avec tentations suicidaires. Le lion se rebiffe enfin, car son art et la musique lui permettent de tenir toujours. Mais s’il doute de son existence, s’il est pourtant un vrai père pour son neveu lui assurant les moyens de son éducation, Beethoven demeure un auteur célébré et estimé : quand meurt son protecteur le prince Lobkowitz (15 déc 1816), ses héritiers s’engagent à verser la rente dévolue au génie du siècle.
Beethoven garde des relations privilégiées avec ses élèves, dont des femmes brillantes, pianistes chevronnées qui comprennent l’esprit de ses œuvres : Marie Pachler qui sera aussi l’amie de Schubert, ou la baronne von Ertmann.
L’année 1817 est difficile et au printemps 1818, Beethoven se remet comme après un choc traumatique. C’est le moment où il commande au facteur Streicher un nouveau piano, plus puissant, mieux adapté à sa surdité que ne l’était son Erard de 1804. Broadwood lui adresse de son côté son grand piano 6 octaves. La société Philharmonique de Londres propose une tournée de concerts et deux nouvelles symphonies. Mais Beethoven est encore trop faible pour voyager.
En 1818, Kloeber le portraiture et fixe les traits d’un sanguin, rêveur, totalement habité par l’idéal artistique, dont la conscience aiguë relève d’Ossian et du diable. Un pur esprit supérieur capable alors d’improviser au piano avec la fougue et l’imagination d’un alchimiste. Un démiurge sans pareil, comme électriser par une nécessité intérieure, poétique et impérieuse. Dans son monde et coupé du quotidien (il n’entend plus désormais les vibrations du piano !), Beethoven adopte les fameux carnets de conversation qui nous apprennent beaucoup sur sa vie et ses relations avec les autres.
Plus que jamais inspiré, Beethoven reprend le manuscrit de sa Missa Solemnis et ne cesse d’en affiner la parure et le sens musical jusqu’en 1822. L’œuvre par ses dimensions, redéfinit depuis JS Bach et sa Messe en si, ou Haydn et sa Création, l’équilibre orchestre, choeur et solistes ; elle prépare la 9è symphonie à venir, mais cette fois, avec la profondeur et les aspirations d’un acte de foi. Plus libre que jamais, l’art beethovénien semble anticiper et deviner les frémissements de l’avenir. Fin 1822, Ludwig intègre dans son plan orchestral l’Ode à la joie de Schiller (connue dès 1792 à Bonn), selon un nouveau plan symphonique qui sera achevé au printemps 1824. L’ode est un hymne franc-maçon, car comme Haydn et Mozart, Beethoven adhère aux idées maçonniques : le terme Freude, voulant dire Liberté (Freiheit).
1819 – 1827 : Beethoven Prométhée
Libérer les vivants jusqu’à la mort
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La Sonate opus 106 « Hammerklavier », – véritable symphonie pour piano seul, créée début 1819, marque cette renaissance. Plus lent désormais, Ludwig réfléchit avant chaque nouvelle pièce. Il n’écrit plus pour ses contemporains mais pour l’humanité à venir.
Le clavier devient le miroir d’une méditation personnelle ; et le piano, le terreau d’une conscience affinée, étendue, visionnaire.
Ainsi sont conçues comme des testaments les 3 dernières Sonates, opus 109, 110 et 111 (1820 / 1822). Comme les Variations Diabelli (1819 / 1823) où un air banal engendre des perspectives inédites. Même conception prophétique pour les 6 Bagatelles opus 126 (1824) au souffle impérieux là encore. Après des épisodes malheureux et assez humiliants pour Beethoven, le jugement définitif est enfin rendu le 8 avril 1820 : Ludwig est reconnu tuteur de Karl. Johanna est déboutée.
En 1821, il est très malade, comme en 1825. Seules les 11 Bagatelles opus 119 attestent de son inspiration intacte.
Le 24 mai 1824, Beethoven propose un grand concert à Vienne comprenant des extraits de la Missa Solemnis et aussi la 9è et son Ode à la joie / à la liberté : la première est un triomphe ; quasi effacé lors de la reprise le lendemain, devant une salle à peine remplie.
Les derniers sursauts d’énergie permettent la réalisation de nouveaux chefs d’œuvres que sont les quatuors travaillés à partir de l’été 1824 et jusqu’en 1826 : les 12è opus 127, 13è opus130 (avec sa fugue finale, qui devient autonome, la Grande Fugue), surtout le 14è opud 131 en ut dièse mineur qui pose la question existentielle (Muss es sein ? Le faut-il ?) et qui répond sans réserve ni hésitation, au nom de la nécessité artistique et fraternelle : « il le faut ! / Es muss sein ! ».
Beethoven amorce le chantier de plusieurs nouvelles partitions : un oratorio sur les Eléments ; une 10è symphonie… surtout un opéra d’après Faust de Goethe. Après deux mois d’une retraite à la campagne, Beethoven rentre à Vienne en décembre 1826 : il prend froid et meurt à 56 ans, d’une cirrhose tuberculeuse : son dernier plaisir fut de reconnaître à Vienne un autre génie contemporain du sien, celui de… Schubert.
Aucun autre compositeur n’a à ce point exprimé l’impérieuse nécessité de l’Art qui fait de l’artiste compositeur, un démiurge et un prophète, annonçant l’avenir radieux, dont la musique fait entrevoir et entendre l’harmonie fraternelle à venir. Beethoven est ce Prométhée grâce à qui inventer et bâtir le futur sont possibles. Ludwig avait raison : les nouvelles générations (et l’Europe des XXè et XXIè) lui ont donné crédit et rendu hommage. Pas un compositeur de la « grande musique » qui n’est à ce point un tel succès populaire, immédiat, consensuel ; d’autant que sa vie est plus qu’aucun autre compositeur, parfaitement documentée. Même si des doutes persistent toujours sur l’identité de l’immortelle bien aimée. Mais c’est mieux ainsi, Ludwig ayant comme Berlioz, sacralisé l’amour et l’être idéal qui devait l’incarner.
Sur le plan artistique, Beethoven libère la musique d’elle même, comme son œuvre fait écouter à l’homme libre, l’amour, l’harmonie fraternelle, la liberté qu’il doit défendre, pour lui-même et pour tous les vivants.
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DOSSIER BEETHOVEN 2020, un portrait, clés de compréhension, discographie…
DOSSIER
DOSSIER BEETHOVEN 2020 : 250 ans de la naissance de Beethoven. L’anniversaire du plus grand compositeur romantique (avec Berlioz puis Wagner évidemment) sera célébré tout au long de la saison 2020. Mettant en avant le génie de la forme symphonique, le chercheur et l’expérimentateur dans le cadre du Quatuor à cordes, sans omettre la puissance de son invention, dans le genre concertant : Concerto pour piano, pour violon, lieder et sonates pour piano, seul ou en dialogue avec violon, violoncelle… Le génie de Ludwig van Beethoven né en 1770, mort en 1827) accompagne et éblouit l’essor du premier romantisme, quand à Vienne se disperse l’héritage de Haydn (qui deviendra son maître fin 1792) et de Mozart :
http://www.classiquenews.com/dossier-beethoven-2020-les-250-ans-de-la-naissance-1770-2020/
FEUILLETONS 1 et 2
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1
JEUNESSE à BONN : 1770 – 1792
Les 12 premières années de la vie de Ludwig
2
Premiers accomplissement viennois (1793 – 1802)
Les méditations de Ludwig
FEUILLETON 3
BEETHOVEN 2020, volet 3 : Ludwig épique (1802 – 1812) – HEILINGENSTATD, 1802 : une nouvelle naissance. Financé par l’aristocratie viennoise, Beethoven croit un moment qu’il peut prétendre rejoindre la classe supérieure ; nenni, musicien, il reste un être inférieur car il n’est pas noble. Bientôt en 1806, le prince Lichnowski qui le dotait d’une rente confortable lui enjoint de jouer pour ses invités selon son plaisir : Beethoven se rebiffe ; il n’est pas un serviteur : fièrement, après qu’il ait été congédié par son protecteur, le compositeur écrit : « des nobles il y aura toujours ; mais il n’y aura jamais qu’un seul Beethoven ». Le voilà comme Mozart quittant Salzbourg, en artiste créateur misérable mais libre.
http://www.classiquenews.com/beethoven-2020-volet-3-ludwig-epique-1802-1812/
Sélection cd, dvd, livres
BEETHOVEN 2020
http://www.classiquenews.com/dossier-beethoven-2020-les-250-ans-de-la-naissance-1770-2020/