dimanche 13 octobre 2024

Armida de Joseph Haydn en tournée

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Opéra en tournée. Haydn : Armida. 16 janvier > 10 mars 2015. D’après La Jérusalem délivrée, Armida de Haydn reste une perle lyrique méconnue, jalon contemporain du théâtre mozartien et déjà préromantique. Armide, princesse des Sarrazins, est aimée du chevalier chrétien Renaud. Celui-ci lui promet son soutien dans la guerre imminente qui devrait les opposer. Mais Ubaldo et Clotarco, guerriers des Croisades, amis de Renaud, le rappellent à sa foi et à ses serments. De plus, lui seul détient le pouvoir de briser le myrte magique d’Armide. Tiraillés entre devoir et sentiments, Renaud, tout comme Armide, sont déchirés par la douleur amoureuse.

haydn-joseph-582-420-grand-portrait-classiquenewsAprès Lully et Gluck, deux auteurs qui ont mis en musique le livret de Quinault à Paris, Joseph Haydn pour la Cour autrichienne d’Ezsterhaza, traite la lyre héroïque, sentimentale et tragique du mythe d’Armide, mythe de l’impuissance amoureuse : Armide comme Renaud incarnent le poison d’un sentiment qui les mène inéluctablement à leur perte.  Chez Gluck déjà, l’ambivalence des sentiments d’Armide formait le noyau de l’action : en une scène véritable d’exorcisme, mené par la haine, Armida voulait échapper à l’amour et l’arrachant de son cœur… mais c’était mourir et la femme amoureuse ne pouvait totalement répudier son aimé.. Ici, rappelé à son engagement guerrier, Renaud a percé l’intimité de la magicienne avec d’autant plus de puissance qu’il sait comment briser le  myrte magique de la princesse. Les comédies dans le genre buffa de Haydn sont bien connues et d’autant plus explorées que l’auteur reconnaissait son infériorité dans le genre grave et tragique comparé à son cadet Mozart. De fait, les comédies de Haydn sont mieux estimées depuis l’intégrale signée par Antal Dorati (Il Mundo della luna…).  Déjà le Cercle de l’harmonie et son chef Jérémie Rhorer avaient abordé l’Infeldelta Delusa de 1773 en janvier 2009. Les opéras de Joseph Haydn ont été le sujet d’un dossier spécial sur classiquenews.

Avec Armide, il s’agit de redécouvrir le tempérament unique et singulier d’un compositeur de cour qui sut réconcilier élégance et profondeur, gravité et justesse poétique.  Comme un écho aux troubles émotionnels du couple protagoniste, Haydn et son librettiste traitent aussi le fil amoureux qui unit d’autres ennemis : Zelmira, tombée amoureuse de Clotarco, s’emploie à contrer les noirs desseins du roi sarrazin Idreno… La guerre entre Sarrazins et Chrétiens paraît bien faible contre les sentiments qu’amour tisse entre les êtres de deux clans affrontés.

 

 

 

trouble des genres, guerre amoureuse…

Armida : l’opéra du doute

 

Armide-Renaud-Hayez-home-582-420-haydn-armidaLes victimes de l’amour… Datée de 1784, et en cela déjà préromantique, Armide peint des êtres profonds, en souffrance (comme Mozart à la même époque avec Idomeneo… il ira plus loin encore avec le crépuscule ardent de la Clémence de Titus en 1791) dont le trouble efface les types vocaux du baroque triomphant pour lequel la seule virtuosité vocale exprime l’intensité des affects. Ici règnent le doute, le soupçon, la perte des équilibres, une nouvelle sensibilité introspective et sa caractérisation spécifique. L’esprit des Lumières colore la partition d’une intelligence sentimentale inédite, que partage aussi Mozart dans tous ses opéras.  Elle dévoile la fragilité des cœurs quand ils sont sous l’emprise de l’amour. L’échiquier des intrigues s’y transforme en labyrinthe où la folie et la dépression menacent. Une telle précision servie par une musique subtile et raffinée (tout Haydn) se prête naturellement à un jeu collectif qui doit d’abord s’appuyer sur un travail d’équipe. La souffrance et la solitude d’Armida abandonnée, les longues et incessantes hésitations de Rinaldo (en vérité le vrai héros de l’opéra quand par exemple c’est plutôt Armide qui est la protagoniste du Renaud de Sacchini, partition quasi contemporaine de 1783 !) sont les facettes d’un drame économe, particulièrement touchant et moderne. La mise en scène de Marianne Clément fait réfléchir sur l’expression confrontée des genres en une guerre elle aussi équivoque, armée et tendue : c’est un monde nouveau et plus nuancé qui se précise entre « la » femme séductrice et « le » héros vertueux. L’intelligence de Haydn du fait de sa seule musique fait imploser les cadres convenus : sa vision plus nuancée nous touche. C’est une conception proche finalement de l’opéra vénitien (Monteverdi, Cesti, Cavalli…) où la frontière des genres bouge en permanence : Handel n’a t il pas fait chanter son Rinaldo par une femme ?

 

 

 

Joseph Haydn : Armida
Drame héroïque en 3 actes. Livret inspiré de La Jérusalem délivrée de Torquato Tasso
(Eszterhaza, 1784)

Chantal Santon, soprano : Armida, princesse magicienne
Juan Antonio Sanabria, ténor : Rinaldo, chevalier croisé
Dorothée Lorthiois, soprano : Zelmira, fille du sultan d’Egypte
Laurent Deleuil, baryton : Idreno, roi sarrazin
Enguerrand De Hys, ténor : Ubaldo, chevalier croisé
Francisco Fernández-Rueda, ténor : Clotarco, chevalier croisé

Le Cercle de l’Harmonie
Julien Chauvin, direction

Opéra chanté en italien, surtitré en français
Marianne Clément, mise en scène

Calendrier de la tournée
La production d’Armida a été créée à saint-Quentin en octobre 2014.

Création le 10 octobre, Scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines
Opéra de Reims, vendredi 16 janvier 2015 à 20h30
Opéra de Massy, vendredi 23 janvier 2015 à 20h
Théâtre d’Orléans, Scène nationale, mercredi 11 février 2015 à 20h30
Scène nationale de Besançon, jeudi 19 février 2015 à 20h
Centre lyrique Clermont-Auvergne, mercredi 25 février 2015 à 20h
Centre lyrique Clermont-Auvergne, vendredi 27 février 2015 à 20h
L’apostrophe – Théâtre des Louvrais scène nationale de Cergy-Pontoise et du val d’Oise, jeudi 5 mars à 19h30
L’apostrophe – Théâtre des Louvrais scène nationale de Cergy-Pontoise et du val d’Oise, samedi 7 mars 2015 à 20h30
Le Moulin du Roc, Scène nationale de Niort, mardi 10 mars 2015 à 20h30

+ d’informations sur le site de l’Arcal

 

 

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