Comme étranger invité par Marie-Antoinette en France, le Napolitain Antonio Sacchini (1730-1786) arrive à Paris en 1783, depuis Londres; il succède ainsi à Gluck et son compatriote Piccinni et prolonge évidemment les avancées stylistiques de ses prédécesseurs. Pour le temple international du lyrique qu’est Paris, Sacchini offre une nouvelle musique moderne aux anciens livrets hérités de l’âge baroque. Renaud ne fait pas exception: contrairement à son titre, l’ouvrage cosmopolite et brillant, fait place nette au personnage clé de l’amoureuse enchanteresse Armide. La magicienne cède ici sa baguette pour dévoiler un visage tendre et implorant qui saura in fine convaincre et séduire son ennemi juré Renaud dont elle est tombée amoureuse malgré la guerre qui fait rage et qui oppose leurs deux clans respectifs… Style gluckiste, orchestre flamboyant voire frénétique (prélude du II), alliance des divertissements et du pathétique, des accents tragiques comme héroïque (le père d’Armide, Hidraot tient aussi un rôle important tout en tension virile), surtout arabesques stylées d’un bel canto italianisant… Renaud de Sacchini incarne un sommet lyrique français, en une formule européenne, au temps des Lumières. Reportage exclusif CLASSIQUENEWS.COM