vendredi 29 mars 2024

Anna Netrebko chante Anna Bolena sur Mezzo (2011)

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BOLENA Netrebko 2landscapemezzo_logoMezzo : Donizetti : Anna Netrebko chante Anna Bolena, 1830, 4 > 21 octobre 2014. Après avoir chanté Elvira des Puritains de Bellini en 2007, dans les même conditions, -direct retransmis dans les salles des cinémas du monde entier, revoici la divine Netrebko en 2011, dans un rôle taillé pour elle, pour son timbre angélique et blessée d’héroïne tragique sacrifiée : Anna Bolena. Un personnage finement portraituré qui balance entre trouble amoureux (pour Percy son ancien amant…), inquiétude angoissé, langueur douloureuse et finalement folie… au point de tomber morte… dans la Tour de Londres, avant que l’on vienne la chercher pour être exécutée avec ses soit disants amants : Percy, et le musicien Mark Smeaton… Premier des volets du feuilleton lyrique dédié par Donizetti à la chronique des Tudor, Anna Bolena offre à la cantatrice dans le rôle titre, un personnage à la blessure tragique, racinienne, et aussi dans l’étoffe des deux tessitures précisées par le compositeur, une très belle confrontation de femmes, entre Anna (soprano) et sa rivale, la nouvelle favorite en titre qu’Henri VIII veut épouser, Giovanna (Jeanne Seymour, mezzo) : mais ici, subtilité de la conception donizettienne, l’affrontement n’a pas lieu car Giovanna est éblouie et touchée par le sort de la Reine Anna dont elle ne veut pas que la condamnation lui soit imputée. Deux portraits de femmes aimantes donc, qui des deux côtés confirment le génie psychologique, plutôt fin et nuancé d’un Donizetti que l’on ne connaît toujours pas à sa juste valeur dramatique.

AnnaBolena1112.32Les chemins et la mécanique de l’amour sont traîtres et retors. Pour épouser Giovanna, Henri VIII doit prendre au piège la Reine Anna, souveraine en titre, en révélant ses amours adultérines : de fait, il favorise le rapprochement de Percy (un ancien soupirant d’Anna avant qu’elle ne soit couronnée) et le jeune musicien manipulable Mark Smeaton… les 3 seront surpris en épanchement et effusion partagée, dont Smeaton qui ayant volé le portrait de la Reine par passion secrète, se retrouve dénoncé par son propre acte… Si Anna résiste, – Donizetti lui réserve de superbes scènes dont la plus touchante dans la prison qui précède l’annonce de son exécution, Giovanna tente toujours d’infléchir la cruauté barbare du Roi, lequel frappe par sa brutalité virile de lion inflexible. Dans la réalité, Anne Boleyn sera décapitée dans la Tour de Londres pour adultère en 1536, première décapitation publique de l’histoire britannique.

img_vignette_ficheprogramme_OPE_13044Notre avis. Evidemment, la production diffusée par Mezzo en octobre 2014 ne bénéficie pas du casting royal de l’Opéra de Vienne avec l’incomparable et très attractive Elīna Garanča dans le rôle de Giovanna la nouvelle favorite (dvd Deutsche Grammophon, un titre mémorable de ce fait où La Garanča est affrontée à la même Anna Netrebko) : deux tempéraments féminins s’imposent ici, tissés dans le plus noble bel canto, tout au moins sur le plan de l’expressivité car souvent avouons que comme pour son Elvira, Anna Netrebko manque parfois d’une précision claire dans l’architecture des vocalises. Sa coloratoura manque de détail et de stabilité, mais l’expressivité et la couleur du timbre convient idéalement au portrait de la Reine suspectée, bafouée, piégée, et finalement détruite par la perversité de son époux Enrico, l’infâme Henry VIII. Peu à peu, Anna sombre dans le désordre mental : c’est une martyr amoureuse sacrifiée, un rôle parfait que le romantisme aime dévoiler, exalter, sublimer d’acte en acte jusqu’à la folie finale. De toute évidence, la présence vocale et la plastique cinématographique de la diva font des atouts toujours aussi irrésistibles : offrant d’Anna Bolena, un portrait très attachant. A ses côtés tous les rôles sont défendus avec style et panache dans les costumes somptueux de McVicar : Henry VIII est brutal et despotique ; Giovanna, presque aussi déchirée qu’Anna et Riccardo Percy l’aimé d’Anna est particulièrement ardent, enflammé (on comprend qu’Anna se laisse peu à peu succomber au charme de leur amour passé…). Donizetti a vécu une résurrection tardive : ce n’est qu’en 1957 sur la scène de le Scala de Milan que la distribution réunissant Maria Callas et Giulietta Simionato dans les rôles de Anna et de Giovanna (mise en scène de Visconti) contribua à révéler les beautés de l’ouvrage tragique.

 

 

 

Donizetti : Anna Bolena, 1830 sur Mezzo.

Anna Netrebko (Anna Bolena)
Ekaterina Gubanova (Giovanna Seymour)
Ildar Abdrazakov (Enrico VIII)
Stephen Costello (Riccardo Percy)
Tamara Mumford (Mark Smeaton)
Keith Miller (Lord Rochefort)
Eduardo Valdes (Sir Hervey)

The Metropolitan Opera House Orchestra, Marco Armiliato (direction)

David McVicar (mise en scène)
Robert Jones (décors)
Jenny Tiramani (costumes)
Paule Constable (lumières)
Andrew George (chorégraphie)

Enregistré au Metropolitan Opera House, New York, en 2011
Réalisé par Gary Halvorson

 

 

mezzo_logo

 

 

 

Grille des diffusions sur Mezzo Live HD :

 
04 / 10 – 09h00
05 / 10 – 20h30
06 / 10 – 17h00
07 / 10 – 00h00
07 / 10 – 13h45
18 / 10 – 09h00
19 / 10 – 20h30
20 / 10 – 17h00
21 / 10 – 00h00
21 / 10 – 13h0

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