ARTE, direct. Sam 7 dĂ©c 2019 : TOSCA. Netrebko, 20h50. Pas vraiment en direct, mais en trĂšs lĂ©ger diffĂ©rĂ© sur Arte et Arte Concert, la production Ă©vĂ©nement qui ouvre la nouvelle saison de la Scala de Milan 2019 – 2020. Tosca créé en 1900, lâopĂ©ra de Puccini est un chef dâĆuvre lyrique dans le genre vĂ©riste, pourtant ancrĂ© dans la rĂ©alitĂ© de la Rome monarchiste qui voit dâun mauvais Ćil lâavancĂ©e des idĂ©aux libertaires et rĂ©publicaines de Bonaparte. Au devant de la scĂšne, la peintre Cavaradossi bonapartiste convaincu aime et est aimĂ© passionnĂ©ment par la jalouse cantatrice Floria Tosca , la trĂšs pieuse et la trĂšs amoureuse⊠Entre eux se dresse lâinfĂąme prĂ©fet de Rome, le baron Scarpia dans les rĂȘts duquel les deux amants magnifiques seront broyĂ©s. Dâun cĂŽtĂ© la haine jalouse qui manipule et torture ; de lâautre, la force amoureuse qui cependant sâĂ©croule face au souffle de lâhistoire et du cynisme (quâincarne lâinfect Scarpia : mĂȘme mort, son fantĂŽme poursuit encore Tosca qui se suicide par rage et par impuissance aussi). La rĂ©alitĂ© des lieux a inspirĂ© nombre de rĂ©alisateurs et metteurs en scĂšne : trois lieux trĂšs identifiĂ©s. Dâabord San Andrea della Valle ; puis le bureau de Scarpia au Palazzo Farnase ; enfin, le chĂąteau Saint-Ange, prison de la ville dont la terrasse sera le tremplin dâoĂč se jette Tosca.
Pour la soprano austrio-russe, Anna Netrebko , diva hyperfĂ©minine, aux rĂ©cents emplois verdiens (Leonora, Lady MacbethâŠ), aprĂšs sa Iolanta de braise et de voluptĂ© tendre (Tchaikovsky) voici une nouvelle prise de rĂŽle qui marque la bascule de sa voix, de soprano lyrique ) grad soprano dramatique⊠vers Turandot ? Comme elle lâa tentĂ© dans un cd dĂ©sormais lĂ©gendaire. A suivre de prĂšs. De toute Ă©vidence, le caractĂšre ardent, jaloux, inquiet au I ; le tempĂ©rament entier, vengeur et finalement criminel au II ; puis son dernier souffle au III, sans omettre la fameuse « priĂšre » oĂč elle implore Marie de venir Ă son aide⊠sont autant de jalons dâun rĂŽle Ă©crasant qui devrait rĂ©vĂ©ler de nouvelles couleurs et des nuances veloutĂ©es Ă inscrire au crĂ©dit de lâune des voix les plus enivrantes actuellement.
Présentation par Arte :
« Si Ă sa crĂ©ation à Rome, en 1900, Tosca a reçu un accueil mitigĂ©, lâĆuvre est aujourdâhui considĂ©rĂ©e comme lâun des opĂ©ras les plus cĂ©lĂšbres du monde. En Tosca, Anna Netrebko retrouve lâĂ©crin de la Scala, oĂč elle a dĂ©jĂ brillĂ© en 2017 dans Andrea ChĂ©nier. AprĂšs AĂŻda de Verdi Ă Salzbourg, la diva partage de nouveau la scĂšne avec le tĂ©nor Francesco Meli et avec le baryton Luca Salsi, son partenaire dans Le trouvĂšre du mĂȘme Verdi, aux ArĂšnes de VĂ©rone (2019). »
PUCCINI : Tosca en direct de La Scala de Milan – ARTE, sam 7 dĂ©cembre 2019, 20h50
Opéra en trois actes de Giacomo Puccini (Allemagne, 2019, 2h)
Livret : Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, dâaprĂšs la piĂšce de Victorien Sardou
Mise en scĂšne : Davide Livermore
Direction musicale : Riccardo Chailly
Avec : Anna Netrebko (Floria Tosca), Francesco Meli (Mario Cavaradossi), Luca Salsi (le baron Scarpia), Vladimir Sazdovski (Angelotti), lâOrchestre et le ChĆur du Théùtre de la Scala
RĂ©alisation : Patrizia Carmine â Coproduction : ARTE/ZDF, RAI, Teatro alla Scala
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Et aussi : JournĂ©e spĂ©ciale Italie sur ARTE le 7 dĂ©cembre de 9h45 Ă 23h50âš : la chaĂźne “culturelle”, mais de moins en moins musique classique…-,  part Ă la dĂ©couverte des merveilles de lâItalie, des spĂ©cialitĂ©s gourmandes de son terroir aux trĂ©sors culturels florentins.
PLUS D’INFOS sur le site de LA SCALA de MILAN
http://www.teatroallascala.org/en/season/2019-2020/opera/tosca-under30-preview.html
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FRANCE 5, sam 20 juillet 2019, VERDI : LE TROUVERE, 22h20 . Un couple dâamants Ă©prouvĂ©s, martyrisĂ©s ; un comte (di Luna), jaloux, haineux, sans scrupules⊠Verdi nâĂ©pargne rien ni personne pour que brĂ»le le drame. Le choix du livret Cammarano dâaprĂšs le roman de GuttiĂ©rrez (El Trovador, 1836) sâavĂšre trĂšs efficace ⊠au diapason de la musique : prenante, passionnĂ©e, oĂč dominent les grands airs solistes et le chĆur quasiment permanent. LâopĂ©ra est créé Ă Rome (Teatro Apollo, janvier 1953), puis reprĂ©sentĂ© Ă Paris (Théùtre Italien, dĂ©cembre 1854). Dans ce fantastique Ă©pique, pas de place pour la langueur car les hĂ©ros ont Ă peine le temps dâexprimer leur passion avant de mourirâŠ
Le point culminant de ce lyrique spectaculaire et saisissant Ă©tant portĂ© par le personnage de la sorciĂšre, Azucena – rĂŽle inouĂŻ pour contralto dramatique (elle annonce Amneris dans Aida) : voix des tĂ©nĂšbres qui fait surgir le grand frisson lugubre de la mort et de la vengeance implacable⊠sans le savoir ici, les deux rivaux affrontĂ©s jusquâĂ la mort, sont ⊠deux frĂšres auxquels on a cachĂ© leur rĂ©elle filiation.
Les ArĂšnes de VĂ©rone sont lâĂ©quivalent des ChorĂ©gies dâOrange en France : un lieu dĂ©volu au genre lyrique qui couronne les stars lyriques.
Aucun doute que la soprano austro russe Anna Netrebko triomphe encore dans le rĂŽle angĂ©lique ardent quâelle a chantĂ© Ă Salzbourg, Berlin entre autres. Sa Leonora brĂ»le dâamour, se consume littĂ©ralement sur les planches.
A lâaffiche de lâĂ©dition VĂ©rone 2019, et pour 5 dates, dans la mise en scĂšne de Franco Zeffirelli.
On reste moins convaincu par le Manrico (le TrouvÚre) du ténor Yusiv Eyvazov au chant beaucoup moins intense et fin de « La Netrebko » (son épouse à la ville).
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PLUS dâinfos sur la production vĂ©ronaise sur le site du Festival dâopĂ©ra de VĂ©rone
https://www.arena.it/arena/en/shows/trovatore-2019.html
Distribution
Autres chanteurs : Luca Salsi (Luna), Dolora Zajick (Asucena) ⊠Arena di Verona Orchestra, Chorus, Corps de Ballet and Technical team / Pier Giorgio Morandi, direction. Mise en scÚne : Franco Zeffirelli.
Durée : circa 2h40 / entracte aprÚs les acte I et II
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APPROFONDIR
LIRE aussi nos articles et dossiers ANNA NETREBKO chante Leonora dans Le TrouvĂšre / Il Trovatore de Verdi :Â http://www.classiquenews.com/tag/leonora/
ARTE. Vendredi 15 aoĂ»t 2014, 20h50.  Verdi : Le TrouvĂšre. Anna Netrebko.  Salzbourg, aoĂ»t 2014 : voici assurĂ©ment lâun des Ă©vĂ©nements lyriques du festival autrichien créé en 1922 par le trio lĂ©gendaire Strauss / Hoffmannsthal / Reinhardt. Câest quâaux cĂŽtĂ©s des Mozart, Beethoven, Strauss, les grands Verdi nây sont pas si frĂ©quents. Créé Ă Rome en 1853, dâaprĂšs El Trovador de GutiĂ©rrez, 1836), Le TrouvĂšre de Verdi  saisit par sa fiĂšvre dramatique, une cohĂ©rence et une caractĂ©risation musicale indiscutable malgrĂ© la complexité romanesque de lâintrigue. Lâaction se dĂ©roule en Espagne, dans la Saragosse du XVĂšme, oĂč le conte de Luna est Ă©conduit par la dame dâhonneur de la princesse de Navarre, Leonora dont il est Ă©perdument amoureux : la jeune femme lui prĂ©fĂšre le troubadour Manrico. Dans le camps gitan, Azucena, la mĂšre de Manrico, est obsĂ©dĂ©e par lâimage de sa mĂšre jetĂ©e dans les flammes dâun bĂ»cher, et de son jeune frĂšre, Ă©galement consommĂ© par le feu. Manrico dĂ©cide de fuir avec Leonora. Mais il revient dĂ©fier Luna car sa mĂšre est condamnĂ©e Ă pĂ©rir sur le bĂ»cher elle aussi. EmprisonnĂ© par Luna avec sa mĂšre, Manrico maudit Leonora qui semble sâĂȘtre finalement donnĂ©e au Conte : elle a feint et sâest versĂ©e le poison pour faire libĂ©rer son aimĂ©. En vain, Luna comprenant quâil nâaura jamais celle quâil aime (Ă prĂ©sent morte), ordonne lâexĂ©cution par les flammes de Manrico. Au comble de lâhorreur, Azucena lui avoue quâil vient de tuer son propre frĂšre : leur mĂšre avait Ă©changer les enfants sur le bĂ»cher. De sorte que lâopĂ©ra sâachĂšve sur la vengeance dâAzucena (elle a enfin vengĂ© la mort de sa mĂšre par Luna) et le sacrifice des deux amants (Leonora et Manrico). La mezzo apparemment dĂ©munie a manipulĂ©e le baryton jaloux, vengeur⊠aveuglĂ© par sa haine jalouse pour son cadet qui s’avĂšre ĂȘtre son propre frĂšre… EN LIRE PLUS
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FRANCE MUSIQUE, dim 2 juin 2019, 20h. VERDI : La FORCE DU DESTIN . Le Royal Opera House, pour sa nouvelle production 2019 de La Forza del destino de Verdi (avril 2019) rĂ©unit un cast proche de la perfection. Car il faut de la puissance, de la finesse et une attention mĂ©ticuleuse au profil de chaque protagoniste. Dans cet opĂ©ra oĂč brĂ»le lâamour le plus contrariĂ© et donc dâessence tragique, la mise en scĂšne de Christof Loy se montre Ă la hauteur de ce drame noir oĂč comme toujours sur la scĂšne lyrique romantique, la grandeur morale des individus Ă©prouvĂ©s, se dĂ©voile en fin dâaction⊠au moment de leur mort.
Le chant vermine souffle son meilleur sur la scĂšne londonienne, grĂące aux personnalitĂ©s aussi charismatiques que Jonas Kaufmann, Anna Netrebko et Ludovic TĂ©zier : soit 3 immenses solistes, aujourdâhui recherchĂ©s par toutes les scĂšnes internationales (Trio prometteur que Bastille avait accueilli pour Don Carlo du mĂȘme Verdi). Leurs talents complĂ©mentaires Ă©clairent en rĂ©alitĂ© une action qui est loin dâĂȘtre aussi dĂ©sastreuse et confuse que dâaucun le disent ; par manque de connaissance, et par snobisme (parisien⊠comme toujours). On dit dâailleurs la mĂȘme chose de nombreux opĂ©ras verdiens, dont Il Trovatore, Le TrouvĂšre. Rien dâopaque ni de complexe ici, dâautant que la mise en scĂšne de Loy, respecte, elle, la cohĂ©rence originelle du livret (a contrario dâun Tcherniakov qui aujourdâhui nâhĂ©site plus Ă réécrire chaque livret des opĂ©ras quâil dĂ©nature ainsi allĂšgrement).
Jonas Kaufmann rĂ©ussit Ă phraser comme jamais, offrant un chant ciselĂ©, intelligible et profondâŠ. comme au théùtre. Il Ă©claire chez Alvaro, la lente et progressive modification psychologique, de lâardeur effrĂ©nĂ©e voire irrĂ©flĂ©chie Ă la noblesse dĂ©tachĂ©e, la plus sage⊠belle performance dans la subtilitĂ©. La Leonora (Ă ne pas confondre avec sa « sĆur » tragique du mĂȘme prĂ©nom dans Il Trovatore) dâAnna Netrebko confirme lâexcellente verdienne, vibratile, irradiante, habitĂ©e par une urgence intĂ©rieure, un souci de la loyautĂ© jusquâĂ la mort et lâabnĂ©gation la plus totale (Ă la fois, amante coupable et mortifiĂ©e mystique en quĂȘte de salut).
En Carlo di Vargas, Ludovic TĂ©zier convainc tout autant par la beautĂ© du chant et sa soliditĂ© expressive. AffĂ»tĂ© mĂȘme dans son duo avec Alvaro / Kaufmann : « Voi che sĂŹ larghe cure » qui fusionnent les deux voix idĂ©alement caractĂ©risĂ©es.
Face au trio tragique et hĂ©roĂŻque, deux personnages comiques, plus lĂ©gers se distinguent aussi grĂące Ă lâintelligence de leurs interprĂštes respectifs : Padre Guardiano et Melitone (qui rappelle la truculence bonhomme du sacristain au premier acte de Tosca de Puccini) : ainsi Ă Londres, Ferrucio Furlanetto et Alessandro Corbelli ajoutent chacun Ă la finesse théùtrale de la production.
A notre (humble) avis, la prestation tout aussi enlevĂ©e de Veronica Simeoni en Preciosilla manque elle de finesse, donc tombe plus bas, dans la gouaille caricaturale. Dommage pour la soprano qui aurait dĂ» ĂȘtre inspirĂ©e par lâexcellence de ses partenaires prĂ©citĂ©s.
Faiblesse dâautant plus malheureuse quâici aucun comprimerai (seconds rĂŽles) nâest laissĂ© dans la confusion ou lâimprĂ©cision (comme souvent) ; ne citons que le Calatrava de Robert Lloyd , ou lâAlcade de Michael Mofidian âŠ
Nous ne dirons rien des dĂ©cors (inutile prĂ©cision sâagissant dâune diffusion radiophonique)
VoilĂ une approche vocalement exceptionnelle qui souligne chez Verdi sa force Ă©motionnelle : la vengeance dont il est question, la malĂ©diction consentie et assumĂ©e des deux amants malheureux, leur course effrĂ©nĂ©e au salut (qui les mĂšne au delĂ dâune expĂ©rience terrestre),⊠tout est exprimĂ© avec une grande finesse. Superbe lecture.
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VOIR le TEASER du spectacle LA FORZA DEL DESTINO de VERDI Ă COVENT GARDEN Royal Opera House (avril 2019)
VIDEO
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CD, compte rendu critique. « VERISMO » : Boito, Ponchielli, Catalani, Cilea, Leoncavallo, Mascagni, Puccini, airs dâopĂ©ras par Anna Netrebko, soprano (1 cd Deutsche Grammophon). De La Wally Ă Gioconda, dâAdrienne Lecouvreur Ă Marguerite, sans omettre les pucciniennes Butterfly, LiĂč et Turandot, aux cĂŽtĂ©s de Manon Lescaut, Anna Netrebko confirme son immense talent dâactrice. En plus de lâintensitĂ© dâune voix de plus en plus large et charnelle (medium et graves sont faciles, amples et colorĂ©s), la soprano Ă©merveille et enchante littĂ©ralement en alliant risque et subtilitĂ©. Câest Ă nouveau une rĂ©ussite totale, et aprĂšs son dernier album Iolanthe / Iolanta de Tchaikovsky et celui intitulĂ© VERDI, la confirmation dâun tempĂ©rament irrĂ©sistible au service de lâĂ©largissement de son rĂ©pertoire⊠Au trĂšs large public, Anna Netrebko adresse son chant rayonnant et sĂ»r ; aux connaisseurs qui la suivent depuis ses dĂ©buts, la Divina sait encore les surprendre, sans rien sacrifier Ă lâintelligence ni Ă la subtilitĂ©. Ses nouveaux moyens vocaux mĂȘme la rendent davantage troublante. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2016.
De Boito (nĂ© en 1842), le librettiste du dernier Verdi (Otello et Falstaff), Anna Netrebko chante Marguerite de Mefistofele (créé Ă La Scala en 1868), dont les Ă©clats crĂ©pusculaires prĂ©figurent les vĂ©ristes prĂšs de 15 annĂ©es avant lâessor de lâesthĂ©tique : au III, lugubre et tendre, elle reçoit la visite du diable et de Faust dans la prison oĂč elle a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©e aprĂšs avoir assassinĂ© son enfant. « Lâaltra notte in fondo al mare » exprime le dĂ©sespoir dâune mĂšre criminelle, amante maudite, Ăąme dĂ©chue, espĂ©rant une hypothĂ©tique rĂ©mission. MĂȘme Ă©criture visionnaire pour Ponchielli (nĂ© en 1834) qui compose La Gioconda / La Joyeuse sur un livret du mĂȘme Boito : Ă©galement créé Ă La Scala mais 8 ans plus tard, en 1876, lâouvrage affirme une puissance dramatique premiĂšre en particulier dans lâair de Gioconda au dĂ©but du IV : embrasĂ©e et subtile, Netrebko revĂȘt lâĂąme dĂ©sespĂ©rĂ©e (encore) de lâhĂ©roĂŻne qui dans sa grande scĂšne tragique (« Suicidio ! ») se voue Ă la mort non sans avoir sauvĂ© celui quâelle aime, Enzo Grimaldi⊠lâespion de lâInquisition Barnaba aura les faveurs de Gioconda sâil aide Enzo Ă sâenfuir de prison. En se donnant, Gioconda se voue au suicide.
JUSTESSE STYLISTIQUE . Une telle dĂ©mesure Ă©motionnelle, dâessence sacrificielle, se
retrouve aussi chez Flora dans La Tosca de Puccini (nĂ© en 1858), quand la cantatrice Ă©change la vie de son aimĂ©e Mario contre sa pudeur : elle va se donner Ă lâinfĂąme prĂ©fet Scarpia. Anna Netrebko Ă©blouit par sa couleur doloriste et digne, dans sa priĂšre Ă la Vierge quâelle implore en fervente et fidĂšle adoratrice⊠(« Vissi dâarte » au II).
Mais Puccini semble susciter toutes les faveurs dâune Netrebko, inspirĂ©e et maĂźtresse de ses moyens. Sa Manon Lescaut, dĂ©fendu aux cĂŽtĂ©s de son Ă©poux Ă la ville, – le tĂ©nor azerbaĂŻdjanais Yusif Eyvazov-, se rĂ©vĂšle Ă©vidente, naturelle, ardente, incandescente, ⊠dâune candeur bouleversante au moment de mourir. Le velours de la voix fait merveille. Le chant sĂ©duit et bouleverse.
MĂȘme finesse dâintonation pour sa Butterfly : « Un bel dĂŹ vedremo », autre expression dâune candeur intacte celle de la jeune geisha qui demeure inflexible, plus amoureuse que jamais du lieutenant amĂ©ricain Pinkerton, affirmant au II Ă sa servante Suzuki, que son « époux » reviendra bientĂŽtâŠ
TURANDOT IRRADIANTE⊠Plus attendus car autrement pĂ©rilleux, les deux rĂŽles de Turandot (lâouvrage laissĂ© inachevĂ© de Puccini) : deux risques pourtant pleinement assumĂ©s lĂ encore qui rĂ©vĂšlent (et confirment) lâintensitĂ© dramatique et la justesse expressive dont est capable la diva austro-russe. Pourtant rien de plus distincts que les deux profils fĂ©minins : dâun cĂŽtĂ©, la pure, angĂ©lique et bientĂŽt suicidaire LiĂč ; de lâautre, lâimpĂ©riale et arrogante princesse chinoise (elle paraĂźt ainsi en tiare dâor en couverture du cd) : Turandot dont la diva, forte de ses nouveaux graves, dâun mĂ©dium large et tendu Ă la fois, sait dĂ©voiler sous lâĂ©crasante pompe liĂ©e Ă sa naissance, le secret intime qui fonde sa fragilité⊠(premier air de Turandot: « In questa reggia »). Le souci du verbe, la tension de la ligne vocale, lâĂ©clat du timbre, la couleur, surtout la finesse de lâimplication imposent ce choix comme lâun des plus bouleversants, alors quâil Ă©tait dâautant plus risquĂ©. « La Netrebko » sait ciseler lâhypersensibilitĂ© de la princesse, sa pudeur de vierge autoritaire sous le dĂ©corum (quâelle sait plus Ă dĂ©ployer dans le choix du visuel de couverture du programme ainsi que nous lâavons soulignĂ© prĂ©cĂ©demment). Est-ce Ă dire que demain, Anna Netrebko chantera le rĂŽle dans son entier sur les planches ? La question reste posĂ©e : rares les cantatrices capables de porter un rĂŽle aussi Ă©crasant pendant tout lâopĂ©ra.
SOIE CRISTALLINE POUR PURS VĂRISTES . Aux cĂŽtĂ©s des prĂ©curseurs visionnaires, – ici Boito et Ponchielli, place aux vĂ©ristes purs et durs, crĂ©ateurs renommĂ©s, parfois hautains et exclusifs, au sein de la Jeune Ecole (la Giovane Scuola), ainsi quâen avant-gardistes dĂ©clarĂ©s, il se nommaient ; paraissent ici Giordano (1867-1948), Leoncavallo (1857-1919), Cilea (1866-1950). Soit une dĂ©cennie miraculeuse au carrefour des deux siĂšcles (1892-1902) qui enchaĂźne les chefs dâoeuvres lyriques, vrais dĂ©fis pour les divas prĂȘtes Ă relever les obstacles imposĂ©s par des personnages tragiques (souvent sacrificiels), « impossibles ».
Pour chacun dâeux, Anna Netrebko offre la soie ardente de son timbre hyperfĂ©minin, sachant sculpter la matiĂšre vocale sur lâĂ©crin orchestral que canalise idĂ©alement Antonio Pappano. Lâaccord prĂ©vaut ici entre chant et instruments : tout concourt Ă cette « ivresse » (souvent extatique) des sentiments qui trĂšs contrastĂ©s, exige une tenue rĂ©flĂ©chie de lâinterprĂšte : Ă©conomie, intelligibilitĂ©, intelligence de la gestion dramatique autant quâĂ©motionnelle. La finesse de lâinterprĂšte Ă©blouit pour chacune des sĂ©quences oĂč perce lâenivrement radical de lâhĂ©roĂŻne. Sa Nedda (Pagliacci de Leoncavallo, créé en 1892), exprime en une sorte de berceuse nocturne, toute lâardente espĂ©rance pourtant si fĂ©brile
de la jeune femme malheureuse avec son Ă©poux Canio, mais dĂ©munie, passionnĂ©e face Ă lâamour de son amant le beau Silvio. Plus mĂ»re et marquĂ©e voire dĂ©passĂ©e par les Ă©vĂ©nements rĂ©volutionnaires, Madeleine de Coigny (AndrĂ© ChĂ©nier de Giordano, créé en 1896) impose lâautoritĂ© dâune Ăąme amoureuse qui tout en dĂ©nonçant la barbarie environnante (incendie du chĂąteau familial oĂč meurt sa mĂšre, fuite, errance, dĂ©chĂ©ance, misĂšreâŠ), sâouvre Ă lâamour du poĂšte ChĂ©nier, son unique salut.
Mais en plus de lâintensitĂ© dramatique – fureur et dĂ©passement, Anna Netrebko sait aussi filer des sons intĂ©rieurs qui ciselĂ©s – câest Ă dire dâune finesse bellinienne, donc trĂšs soucieux de lâarticulation du texte, illuminent tout autant le relief des autres figures de la passion : La Wally (de Catalani, 1854-1893) et sa cantilĂšne Ă©thĂ©rĂ©e, comme lâadmirable scĂšne quasi théùtrale dâAdrienne Lecouvreur (de Cilea,), regardent plutĂŽt du cĂŽtĂ© dâune candeur sentimentale, grĂące et tendresse oĂč lĂ encore lâinstinct, le style, lâintonation confirment lâimmense actrice, lâinterprĂšte douĂ©e pour la sensibilitĂ© Ă©conome, lâintensitĂ© faite mesure et nuances, soit la rĂ©surgence dâun certain bel canto qui par sons sens des phrasĂ©s et dâune incarnation essentiellement subtile approche lâidĂ©al bellinien. La diversitĂ© des portraits fĂ©minins ici abordĂ©s, incarnĂ©s, ciselĂ©s sâoffre Ă la maĂźtrise dâune immense interprĂšte. Chapeau bas. « La Netrebko » nâa jamais Ă©tĂ© aussi sĂ»re, fine, rayonnante. Divina.
CD, compte rendu critique. « VERISMO » : Boito, Ponchielli, Catalani, Cilea, Leoncavallo, Mascagni, Puccini, airs dâopĂ©ras par Anna Netrebko , soprano. Orchestre de lâAccademia Santa Cecilia. Antonio Pappano, direction. Enregistrement rĂ©alisĂ© Ă Rome, Auditorium Parco della Musica, Santa Cecilia Hall, 7 & 10/2015; 6/2016 â 1 cd Deutsche Grammophon 00289 479 5015. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2016. Parution annoncĂ©e : le 2 septembre 2016.
Impériale diva
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CD. Anna Netrebko : Verdi  (2013)  ⊠     Anna Netrebko signe un rĂ©cital Verdi pour Deutsche Grammophon  dâune haute tenue expressive. Soufflant le feu sur la glace, la soprano saisit par ses risques, son implication qui dans une telle sĂ©lection, sâil nâĂ©tait sa musicalitĂ©, aurait Ă©tĂ© correct sans plus ⊠voire tristement pĂ©rilleuse. Le nouveau rĂ©cital de la diva russo autrichienne marquera les esprits. Son engagement, sa musicalitĂ© gomment quelques imperfections tant la tragĂ©dienne hallucinĂ©e exprime une urgence expressive qui met dans lâombre la mise en pĂ©ril parfois de la technicienne : sa Lady Macbeth comme son Elisabeth (Don Carlo) et sa Leonora manifestent un tempĂ©rament vocal aujourdâhui hors du commun. Passer du studio comme ici Ă la scĂšne, câest tout ce que nous lui souhaitons, en particulier considĂ©rant lâimpact Ă©motionnel de sa Leonora âŠÂ En LIRE +
CD.  SimultanĂ©ment Ă ses reprĂ©sentations new yorkaises (janvier et fĂ©vrier 2015), Deutsche Grammophon publie lâopĂ©ra oĂč rayonne le timbre embrasĂ©, charnel et angĂ©lique dâAnna Netrebko,  assurĂ©ment avantagĂ©e par une langue quâelle parle depuis lâenfance. Nuances, richesse dynamique, finesse de lâarticulation, intonation juste et intĂ©rieure, celle dâune jeune Ăąme ardente et implorante, pourtant pleine de dĂ©termination et passionnĂ©e, la diva austro-russe marque Ă©videment lâinterprĂ©tation du rĂŽle de Iolanta  : elle exprime chaque facette psychologique dâun personnage dâune constante sensibilitĂ©. De quoi favoriser la nouvelle estimation dâun opĂ©ra, le dernier de TchaĂŻkovski, trop rarement jouĂ©. En jouant sur lâimbrication trĂšs raffinĂ©e de la voix de la soliste et des instruments surtout bois et vents (clarinette, hautbois, basson) et vents (cors), TchaĂŻkovski excelle dans lâexpression profondes des aspirations secrĂštes dâune Ăąme sensible, fragile, dĂ©terminĂ©e : un profil dâhĂ©roĂŻne idĂ©al, qui rĂ©pond totalement au caractĂšre radical du compositeur. Toute la musique de TchaĂŻkovski (52 ans) exprime la volontĂ© de se dĂ©faire dâun secret, de rompre une malĂ©diction⊠La voix corsĂ©e, intensĂ©ment colorĂ©e de la soprano, la richesse de ses harmoniques offrent lâĂ©paisseur au rĂŽle-titre, ses aspirations dĂ©sirantes : un personnage conçu pour elle. VoilĂ qui renoue avec la rĂ©ussite pleine et entiĂšre de ses rĂ©centes prises de rĂŽles verdiennes (Leonora du trouvĂšre, Lady Macbeth) et fait oublier son erreur straussienne (Quatre derniers lieder de Richard Strauss). LIRE notre dossier complet ” IOLANTA par Anna Netrebko “
CD. Anna Netrebko : Souvenirs (2008) ⊠   Anna Netrebko nâest pas la plus belle diva actuelle, câest aussi une interprĂšte Ă lâexquise et suave musicalitĂ©. Ce quatriĂšme opus solo est un magnifique album. Lâun de ses plus bouleversants. Ne vous fiez pas au style sucrĂ© du visuel de couverture  et des illustrations contenues dans le coffret (lequel comprend aussi un dvd bonus et des cartes postales!), un style maniĂ©riste Ă la Bouguereau, digne du style pompier pure origine⊠C âest que sur le plan musical, la diva, jeune maman en 2008, nous a concoctĂ© un voyage serti de plusieurs joyaux qui font dâelle, une ambassadrice de charme⊠et de chocs dont la tendresse lyrique et le choix rĂ©flĂ©chi des mĂ©lodies ici regroupĂ©es affirment une maturitĂ© rayonnante, un style et un caractĂšre, indiscutables. EN LIRE +
Prochains rĂŽles dâAnna Netrebko  :
Lady Macbeth dans Macbeth de Verdi : 18,21, 27 dĂ©cembre 2016 Ă lâOpĂ©ra de Munich
Leonora dans Il Trovatore de Verdi : 5-18 fĂ©vrier 2017 Ă lâOpĂ©ra de Vienne
Violetta Valéry dans La Traviata de Verdi : 9-14 mars 2017, Scala de Milan
Tatiana dans EugÚne Onéguine de Tchaikovski : 30 mars-22 avril 2017, Metropolitan Opera New York
puis Ă lâOpĂ©ra Bastille Ă Paris, du 16 au 31 mai 2017 , rĂŽle assurĂ© en alternance avec Sonya Yoncheva (juin 2016)
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CD Ă©vĂ©nement, annonce : VERISMO par ANNA NETREBKO (1 cd Deutsche Grammophon). DIVA VERISTE ET RAYONNANTE . Câest lâĂ©vĂ©nement lyrique que toute la planĂšte lyrique attend : lâalbum Verismo par la soprano Ă la double nationalitĂ© (autrichienne et russe), Anna Netrebko . VoilĂ pourquoi elle assure nombre dâengagements rĂ©guliers Ă Salzbourg, Ă Moscou et Saint-Petersbourg. RĂ©vĂ©lĂ©e alors dĂ©butante par le chef Valery Gergiev, la diva quadra ne cesse depuis 5 ans dâoser de nouveaux rĂŽles, suivant lâĂ©volution de sa voix⊠de plus en plus charnelle et large, dramatique et lyrique, ciselant aujourdâhui, ce timbre unique, Ă©clatant et suave,- hyperfĂ©minin-, qui lui ont permis rĂ©cemment de passer de Verdi (Traviata), et Mozart (Donna Anna) aux rĂŽles verdiens plus amples et puissants (Leonora du TrouvĂšre, ou Lady Macbeth en sa dĂ©mesure tragique et hallucinĂ©e), sans omettre Iolanthe de Tchaikovsky et rĂ©cemment Manon Lescaut de Puccini.
Dans VERISMO, la diva Ă©tend encore son rĂ©pertoire vers les prĂ©curseurs Boito (Marguerite de Mefistofele) et Ponchielli (La Gioconda) : portraits de femmes maudites, dĂ©sespĂ©rĂ©es qui nâont que la mort comme issue et salut… mais avant d’expirer, quelle ivresse des sens, quelle langueur du sentiment n’ont-elles pas atteint. La cantatrice poursuit en Ă©clairant la veine tragique mais digne et si Ă©mouvante des hĂ©roĂŻnes des vĂ©ristes, jeunes auteurs de La Jeune Ecole : Cilea, Giordano, Leoncavallo, sans omettre Catalani et sa prodigieuse priĂšre berceuse enchantĂ©e de La Wally⊠Plus audacieuse que jamais, Anna Netrebko ose chanter les deux rĂŽles du dernier Puccini : Turandot. A la fois, la tendre et angĂ©lique LiĂč, et aussi, lâimpressionnante princesse impĂ©riale, dĂ©clamative mais dâune fragilitĂ© intime, ici rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e. Lâinstinct musical, lâintelligence dramatique, le raffinement des couleurs comme lâintonation confirment Anna Netrebko dans chacun de ses choix courageux, impertinents, imprĂ©visibles. Lâalbum VERISMO sort ce 2 septembre 2016 . Compte rendu critique complet sur CLASSIQUENEWS.COM dĂšs le 1er septembre 2016. Lâalbum VERISMO a Ă©tĂ© Ă©lu CLIC de CLASSIQUENEWS 2016 .
LIRE aussi nos dĂ©pĂȘches annonces prĂ©cĂ©dentes, dĂ©diĂ©s Ă l’album VERISMO par Anna Netrebko
Moscou, BolshoĂŻ. Anna Netrebko chante Manon Lescaut, 16-22 octobre 2016 . Devenue spĂ©cialiste du rĂŽle tragique Puccinien, la superdiva austro-russe Anna Netrebko incarne Manon, personnage dissolu, amoureux et finalement condamnĂ© sur la scĂšne du BolchoĂŻ de Moscou, pour 5 dates dâoctobre 2016, les 18, 19, 20, 22 octobre. Sous la direction du chef Jader Bignamini, la soprano au timbre incandescent chante aux cĂŽtĂ©s du tĂ©nor Yusif Eyvazof (DesGrieux), son Ă©poux Ă la ville. AprĂšs Le Villi (1884), puis Edgar (1889), le jeune Puccini suscite un premier immense triomphe avec Manon Lescaut au Teatro Regio de Turin en 1893 : il a 35 ans. DâaprĂšs le roman moral de lâAbbĂ© PrĂ©vost (1731), et aprĂšs lâopĂ©ra de Massenet (1884), Puccini sâempare de la figure fragile et dissolue de la jeune Manon, qui dâOrlĂ©ans oĂč elle devait rejoindre le couvent, sâĂ©mancipe Ă Paris comme cocotte des perruques grises mais fortunĂ©es. DesGrieux tente de la sauver, mais elle est arrĂȘtĂ©e puis exilĂ©e du Havre vers lâAmĂ©rique du nord pour y mourir dâĂ©puisement⊠Câest une partition qui offre deux rĂŽles superbes Ă la soprano et au tĂ©nor : dĂ©fis que relĂšvent aujourdâhui, Anna Netrebko et son Ă©poux.
La diva publie en septembre son nouvel album VERISMO, anthologie dâairs dâopĂ©ras de Cilea, Leoncavallo, Puccini (dont plusieurs extraits avec son Ă©poux de Manon Lescaut justement) et aussi, audace dont elle a le secret, TURANDOT dont elle chante airs de LiĂč et de la princesse chinoise : le rĂ©sultat est stupĂ©fiant ; il a dĂ©jĂ suscitĂ© lâenthousiasme de la rĂ©daction cd de classiquenews.
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CD Ă©vĂ©nement, annonce : Anna Netrebko ose Turandot dans son nouvel album VERISMO (1 cd Deutsche Grammophon). Que vaut la Turandot osĂ©e par Anna Netrebko dans son album Verismo ? On se souvient que dans son prĂ©cĂ©dent rĂ©cital monographique intitulĂ© simplement « VERDI », la diva osait y chanter Lady Macbeth (quâelle jouera ensuite sur scĂšne Ă New York au Metropolitan en une saisissante incarnation car les personnages hallucinĂ©s lui vont Ă ravir) : vĂ©ritable dĂ©claration dâintention, Ă cĂŽtĂ© de sa Leonor du TrouvĂšre, lĂ encore une prise de rĂŽle qui de Berlin, Salzbourg Ă Paris, allait affirmer (contre tous), sa fibre verdienne. DĂ©passĂ©e ? Sans moyens ? Que nenni : le soprano onctueux, sensuel dâune intensitĂ© frappante a convaincu.âšSâagirait-il du mĂȘme principe ici, dans son album Ă paraĂźtre dĂ©but septembre 2016 : « Verismo », lâaudacieuse et surprenante diva sâexpose en princesse orientale, clin dâĆil manifeste et direct Ă sa Turandot osĂ©e (plage 11 du rĂ©cital) : « In questa reggia »âŠ
DĂ©chirante Turandot dâAnna Netrebko
En avant-premiĂšre, classiquenews vous livre les rĂ©sultats de notre Ă©coute du cd VĂ©risme : aux cĂŽtĂ©s du superbe scintillement tragique de sa LiĂč, courte et fulgurante immersion dans cette fĂ©minitĂ© fragile et loyale, Anna Netrebko aborde le personnage en titre : Turandot dont la soprano « ose » incarner avec de vrais moyens cependant, le grand air de la princesse chinoise cette fois, expression de sa dignitĂ© impĂ©riale de grande vierge intouchable qui sous le masque dâune cruautĂ© dĂ©clarĂ©e, assumĂ©e, cultive en vĂ©ritĂ© une fragilitĂ© outragĂ©e qui entend venger la mort de son aĂŻeule Lo-u-ling : son grand air de lâacte II, – celui qui prĂ©cĂšde lâĂ©preuve des 3 Ă©nigmes : « In questa reggia » saisit par sa justesse expressive, la vĂ©ritĂ© qui se dĂ©gage dâun chant embrasĂ©, qui est celui dâune Ăąme prisonniĂšre de sa propre position. Anna Netrebko exprime la sensibilitĂ© dâune Ăąme dĂ©chirĂ©e que le sort de son aĂŻeule touche infiniment et qui lâenchaĂźne aussi en une virginitĂ© donc une solitude, qui la dĂ©passent. DĂ©claration et priĂšre : la princesse est une femme qui assĂšne et qui souffre : chair tiraillĂ©e que le timbre incandescent aux aigus assumĂ©s de la cantatrice sublime. La couleur de sa voix convient idĂ©alement au profil fĂ©minin imaginĂ© par Puccini. La dĂ©couverte est prodigieuse et lâon aimerait tant lâentendre tout au long de la partition comme ButterflyâŠ.
Suite de la critique complĂšte de lâalbum VERISMO dâAnna Netrebko, Ă venir le jour de sa parution, le 2 septembre 2016. CLIC de CLASSIQUENEWS de la rentrĂ©e 2016.
CD Ă©vĂ©nement, premiĂšres impressions : ” VERISMO “, le nouvel album dâAnna Netrebko (1 cd Deutsche Grammophon) – DIVINE NETREBKO . AnnoncĂ© le 2 septembre 2016, le nouvel album de la soprano Anna Netrebko (« Verismo ») souligne la maturitĂ© exceptionnellement riche et maĂźtrisĂ©e de la diva quadragĂ©naire dont le timbre opulent, suave et clair Ă la fois devrait totalement rĂ©ussir dans ce nouveau programme dâairs dâopĂ©ras italiens qui met Ă lâhonneur les qualitĂ©s de la tragĂ©dienne vĂ©riste. On ne sâĂ©tonnera pas en consĂ©quence dây Ă©couter les hĂ©roĂŻnes sacrifiĂ©es, blessĂ©es mais toujours dignes de Cilea (Adrianna Lecouvreur), Giordano (Maddalena dâAndrea ChĂ©nier: « Mamma morta »), Catalani (La Wally), et surtout de Puccini. Si Anna Netrebko aborde ici Manon (Manon Lescaut) quâelle a dĂ©jĂ chantĂ© avec une finesse voluptueuse sidĂ©rante, le rĂ©cital de la rentrĂ©e 2016, lui offre les deux rĂŽles de Turandot (carrĂ©ment) : la fragile et tendre LiĂč (« Signore, ascolta ») et celui de la princesse Ă©ponyme dont lâenvoĂ»tant « In questa reggia », dĂ©claration dâune vierge vengeresse certes, mais au fond prisonniĂšre et dĂ©sespĂ©rĂ©e-, affirme lâintuition trĂšs juste de la cantatrice. En Netrebko se combine le mĂ©tal incandescent dâune Freni et la sensualitĂ© envoĂ»tante dâune Gheorghiu⊠câest dire les sommets atteints dans ce rĂ©cital dirigĂ© avec finesse par Antonio Pappano, dont la baguette se met au diapason de la vĂ©ritĂ© et de la subtilitĂ© de lâĂ©loquente et palpitante diva.
De sorte que ce nouvel album renouvelle la totale rĂ©ussite de son prĂ©cĂ©dent, intitulĂ© Verdi, couronnĂ© lui aussi par un CLIC de CLASSIQUENEWS. Aucun doute, jamais Anna Netrebko nâa aussi bien chantĂ© que dans ce nouveau titre Ă©vĂ©nement oĂč se dĂ©ploie sans fard ni astuces dâaucune sorte, lâintelligence dramatique, la subtilitĂ© du style, un instinct naturel et dâune sincĂ©ritĂ© souvent dĂ©chirante. Anna Netrebko est bien la plus grande diva actuelle. Seule rĂ©serve : dommage que son partenaire (et Ă©poux), le tĂ©nor Yusif Eyvazov, malgrĂ© sa bonne volontĂ© Ă©vidente, ne partage pas la mĂȘme finesse ni la sobriĂ©tĂ© naturelle de la cantatrice. Au contact dâun diamant, les perles manquent dâĂ©clat. Les duos de Manon en pĂątissent⊠Quoiqu’il en soit, l’impĂ©ratrice en tiare byzantine qui s’expose en couverture (voir illustration ci dessous), ne manque ni d’autoritĂ©, ni de style, ni de suprĂȘme subtilitĂ© : la diva sait Ă nouveau nous surprendre par sa sensibilitĂ© et son imaginaire sans limites ; comme un ange noir ailĂ©, sa posture aujourd’hui nous convainc totalement par sa lumineuse intelligence artistique : et si Anna Netrebko avait choisi sciemment ou pas, sa mise quasi divine comme si elle Ă©tait tout simplement l’allĂ©gorie actuelle de l’opĂ©ra ? Avec autant d’arguments et de qualitĂ©s, on suivrait jusqu’au bout de l’histoire, cette prophĂ©tesse enchantĂ©e… du studio au concert et sur le planches lyriques (chantera-t-elle un jour Turandot, princesse chinoise aussi cruelle que fragile ?)… la question demeure. Magistral.
Critique complĂšte du cd « Verismo », dâAnna Netrebko, Ă venir sur CLASSIQUENEWS.COM le jour de la parution de lâalbum, le 2 septembre 2016. Coup de coeur de la rĂ©daction de classiquenews, CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2016
Discographie précédente
CD. Anna Netrebko : Verdi  (2013)  ⊠     Anna Netrebko signe un rĂ©cital Verdi pour Deutsche Grammophon  dâune haute tenue expressive. Soufflant le feu sur la glace, la soprano saisit par ses risques, son implication qui dans une telle sĂ©lection, sâil nâĂ©tait sa musicalitĂ©, aurait Ă©tĂ© correct sans plus ⊠voire tristement pĂ©rilleuse. Le nouveau rĂ©cital de la diva russo autrichienne marquera les esprits. Son engagement, sa musicalitĂ© gomment quelques imperfections tant la tragĂ©dienne hallucinĂ©e exprime une urgence expressive qui met dans lâombre la mise en pĂ©ril parfois de la technicienne : sa Lady Macbeth comme son Elisabeth (Don Carlo) et sa Leonora manifestent un tempĂ©rament vocal aujourdâhui hors du commun. Passer du studio comme ici Ă la scĂšne, câest tout ce que nous lui souhaitons, en particulier considĂ©rant lâimpact Ă©motionnel de sa Leonora ⊠En LIRE +
CD. Anna Netrebko : Souvenirs (2008) ⊠   Anna Netrebko nâest pas la plus belle diva actuelle, câest aussi une interprĂšte Ă lâexquise et suave musicalitĂ©. Ce quatriĂšme opus solo est un magnifique album. Lâun de ses plus bouleversants. Ne vous fiez pas au style sucrĂ© du visuel de couverture  et des illustrations contenues dans le coffret (lequel comprend aussi un dvd bonus et des cartes postales!), un style maniĂ©riste Ă la Bouguereau, digne du style pompier pure origine⊠C âest que sur le plan musical, la diva, jeune maman en 2008, nous a concoctĂ© un voyage serti de plusieurs joyaux qui font dâelle, une ambassadrice de charme⊠et de chocs dont la tendresse lyrique et le choix rĂ©flĂ©chi des mĂ©lodies ici regroupĂ©es affirment une maturitĂ© rayonnante, un style et un caractĂšre, indiscutables. EN LIRE +
OPERA. ActualitĂ©s de la soprano Anna Netrebko : de Mozart, Verdi Ă Puccini…  Anna Netrebko , Ă©gĂ©rie de Salzbourg . Lors dâun talk publique organisĂ© avec la star du lyrique (dont DG sortira le prochain album “Verismo”, trĂšs attendu, en septembre prochain), la direction du Festival de Salzbourg (par la voix de sa prĂ©sidente actuel: Helga Rabl-Stadler) a soulignĂ© lâattachement qui unit la soprano austrorusse et lâinstitution musicale estivale : « Anna a contribuĂ© Ă lâhistoire du Festival et je souhaite quâelle continue Ă la faire  », a dĂ©clarĂ© en substance madame R-Stadler.
Anna Netrebko a rĂ©alisĂ© ses dĂ©buts Ă Salzbourg en chantant Donna Anna – un rĂŽle qui lui Ă©tait dĂ©signĂ©-, Ă lâĂ©tĂ© 2002, sous la direction du chef Nikolaus Harnoncourt, dĂ©cĂ©dĂ© rĂ©cemment (mars 2016). Leur coopĂ©ration sâest poursuivit ensuite avec Susanna dans Les Noces de Figaro mises en scĂšne de Claus Guth : une production Ă nouveau mozartienne (dĂ©pressive et dĂ©senchantĂ©e mais si juste et profonde) dont elle garde un souvenir intact et quâelle vĂ©nĂšre au dessus de tout, y compris avant la fameuse Traviata avec Villazon, rĂ©alisĂ©e en 2005.
DES ROLES DE PLUS EN PLUS DRAMATIQUES … Devenue mĂšre en 2009, Anna Netrebko a fait Ă©voluer ses choix musicaux vers des rĂŽles plus dramatiques, moins brillants et clairs (que Susanna par exemple). Ainsi ses prises de rĂŽles chez Verdi : Leonora du TrouvĂšre, surtout Lady Macbeth rĂ©cemment⊠autant dâincarnations fortes et puissantes qui aux cĂŽtĂ©s de sa Iolanta (Tchaikovski) ont Ă©tĂ© dâĂ©blouissantes rĂ©ussites. LâopĂ©ra Manon Lescaut de Puccin lui a permis de chanter aux cĂŽtĂ©s de son Ă©poux (depuis 2014), le baryton Yusif Eyvazov (Renato Des Grieux), â Anna Netrebko reprendra le rĂŽle de Manon au Metropolitan Opera de New York du 14 novembre au 3 dĂ©cembre 2016 (voir ici l’agenda d’Anna Netrebko )
Aujourdâhui, Anna Netrebko avoue ne chanter que des rĂŽles quâelle aime viscĂ©ralement. VoilĂ pourquoi elle ne chantera jamais Norma par exemple⊠mais aussi voilĂ pourquoi elle se permet dâaborder deux airs (irrĂ©sistibles) de Turandot de Puccini, au studio⊠à dĂ©couvrir dans son prochain album : « Verismo » (parution dĂ©but septembre 2016) : le visuel du nouveau cd lâindique clairement : Anna Netrebko ne fait pas quâĂȘtre lâune des plus belles sopranos au monde, lâinterprĂšte affirme aussi une audace artistique intacte qui la conduit Ă aborder aujourdâhui des personnages. inimaginables Ă ses dĂ©buts salzbourgeois⊠La mozartienne belcantiste, rĂ©cemment verdienne de choc, serait-elle en dĂ©finitive vĂ©riste et puccinienne ? RĂ©ponse chez DG dĂ©but septembre 2016. Annonce, prĂ©sentation, compte rendu critique complet Ă venir sur classiquenews.com
Illustration : en tiare d’impĂ©ratrice (rĂ©fĂ©rence Ă la princesse orientale Turandot?), Anna Netrebko paraĂźt Ă©nigmatique, sĂ©duisante, irrĂ©sistible en couverture de son prochain album “Verismo”…
Prochains rĂŽles d’Anna Netrebko :
Lady Macbeth dans Macbeth de Verdi : 18,21, 27 dĂ©cembre 2016 Ă l’OpĂ©ra de Munich
Leonora dans Il Trovatore de Verdi : 5-18 fĂ©vrier 2017 Ă l’OpĂ©ra de Vienne
Violetta Valéry dans La Traviata de Verdi : 9-14 mars 2017, Scala de Milan
Tatiana dans EugÚne Onéguine de Tchaikovski : 30 mars-22 avril 2017, Metropolitan Opera New York
puis Ă l’OpĂ©ra Bastille Ă Paris, du 16 au 31 mai 2017
CD, annonce. Verismo : le prochain album dâAnna Netrebko (1 cd Deutsche Grammophon) . Tiare orientaliste et byzantine Ă la Turandot, la diva austro-russe, dĂ©couverte par Gergiev Ă Saint-Petersbourg, annonce son nouvel album dĂ©diĂ© aux compositeurs fin de siĂšcle et dĂ©but XXĂš, dans lâombre de Puccini : VERISMO . AnnoncĂ© le 2 septembre 2016, le programme Ă©ditĂ© par Deutsche Grammophon confirme les derniĂšres Ă©volutions de sa voix : moins bel cantiste (elle vient de renoncer Ă chanter Norma Ă Covent Garden en septeĂčbre 2016), plus expressive et dramatique (lirico spinto?). Sa voix brillante gagnerait-elle en largeur et medium, en expressivitĂ© large et ronde ? A ses cĂŽtĂ©s, le chef Antonio Pappano et son mari, le tĂ©nor Yusif Eyvazov pour un cycle de sĂ©quences théùtrales et lyriques, extraites des opĂ©ras de Leoncavallo, Ponchielli, Boito, Giordano, Catalani⊠soit une sĂ©lection dâhĂ©roĂŻnes passionnĂ©es, amoureuses tiraillĂ©es, Ăąmes sacrificielles, pour lesquelles la diva la plus mĂ©diatisĂ©e de la planĂšte, offre son timbre charnel Ă©blouissant, aux couleurs irrĂ©sistibles⊠Anna Netrebko Ă©largit son rĂ©pertoire : aprĂšs avoir chantĂ© les hĂ©roĂŻnes verdiennes : Lady Macbeth, Leonora (dans Le TrouvĂšre, OpĂ©ra Bastille janvier et fĂ©vrier 2016)
âŠ, voici les femmes dĂ©terminĂ©es, nouvelles lionnes rugissantes mais sĂ©ductrices propre au vĂ©risme italien, lui-mĂȘme mĂȘme inspirĂ© du naturalisme français de Zola. INFOS Ă suivre sur classiquenews
RETROVISION
Les derniers cd dâAnna Netrebko prĂ©sentĂ©s, critiquĂ©s sur CLASSIQUENEWS :
La Iolanta dâAnna Netrebko (scĂšne, cd, cinĂ©ma)
Netrebko, Anna., Tchaikovski, Piotr Illiytch., DEUTSCHE GRAMMOPHON
légendaires, musique romantique, opéra
New York, MET. Tchaikovski : Anna Netrebko chante Iolanta. Quâon le veuille ou non, le marketing des stars dâaujourdâhui est remarquablement planifiĂ© : au moment oĂč DG publie en cd sa Iolanta captĂ©e sur le vif en 2014, Anna Netrebko reprend le rĂŽle sur les planches new yorkaises en janvier et fĂ©vrier (avec une retransmisision dans les salles de cinĂ©ma annoncĂ©e le 14 fĂ©vrier 2015)⊠Remarquable incarnation pour la diva qui ne cesse de remporter ses nouveaux paris sur la scĂšne lyrique⊠ Pour la saison 1891-1892, les Théùtres ImpĂ©riaux commandent 2 nouvelles Ćuvres Ă TchaĂŻkovski : un opĂ©ra, quiâŠ
CD. Verdi : Giovanna DâArco (Netrebko, Domingo. Salzbourg 2013)
Netrebko, Anna., Verdi, Giuseppe, Deutsche Grammophon
musique romantique, opéra
CD, critique. Verdi : Giovanna DâArco (Netrebko, Domingo. Salzbourg 2013). Giovanna dâArco est redevable Ă la premiĂšre maniĂšre de Verdi, un compositeur alors en plein succĂšs celui de Nabucco, Ă la maniĂšre guerriĂšre, vive, fiĂ©vreuse qui cependant ici Ă©tonne par la ciselure dĂ©licate rĂ©servĂ©e Ă lâhĂ©roĂŻne : Giovanna. Sur les traces de Schiller, une source chĂ©rie Ă laquelle il puisera encore la trame de Luisa Miller entre autresâŠ, Verdi sâintĂ©resse au profil de la jeune vierge, paysanne de DomrĂ©my devenue chevalier, infĂ©odĂ©e au service puis ici, Ă lâamour du roi Charles VII (Carlo). Lâhistoire est totalement réécrite Ă la faveurâŠ
CD. Anna Netrebko: Souvenirs (2008)
Netrebko, Anna, Hahn, Deutsche Grammophon
légendaires, musique classique, musique contemporaine, opéra
CD. Anna Netrebko : Souvenirs (2008) ⊠ Anna Netrebko nâest pas la plus belle diva actuelle, câest aussi une interprĂšte Ă lâexquise et suave musicalitĂ©. Ce quatriĂšme opus solo est un magnifique album. Lâun de ses plus bouleversants. Ne vous fiez pas au style sucrĂ© du visuel de couverture et des illustrations contenues dans le coffret (lequel comprend aussi un dvd bonus et des cartes postales!), un style maniĂ©riste Ă la Bouguereau, digne du style pompier pure origine⊠Câest que sur le plan musical, la diva, jeune maman en 2008, nous a concoctĂ© un voyage serti de plusieurs joyaux quiâŠ
CD. Anna Netrebko : Verdi
Netrebko, Anna, Verdi, Giuseppe, Deutsche Grammophon
musique romantique, opéra
CD. Anna Netrebko : Verdi  âŠÂ    Anna Netrebko signe un rĂ©cital Verdi pour Deutsche Grammophon dâune haute tenue expressive. Soufflant le feu sur la glace, la soprano saisit par ses risques, son implication qui dans une telle sĂ©lection, sâil nâĂ©tait sa musicalitĂ©, aurait Ă©tĂ© correct sans plus ⊠voire tristement pĂ©rilleuse. Le nouveau rĂ©cital de la diva russo autrichienne marquera les esprits. Son engagement, sa musicalitĂ© gomment quelques imperfections tant la tragĂ©dienne hallucinĂ©e exprime une urgence expressive qui met dans lâombre la mise en pĂ©ril parfois de la technicienne : sa Lady Macbeth comme son Elisabeth (Don Carlo) et saâŠ
France Musique, le 26 mars 2016, 19h30. Iolanta de Tchaikovski . Production Ă l’affiche du Palais Garnier Ă Paris, jusqu’au 1er avril et en couplage avec dans la mĂȘme soirĂ©e : Casse-Noisette. Le dernier opĂ©ra de Tchaikovski occupe l’affiche de l’OpĂ©ra de Paris, entrĂ©e au rĂ©pertoire qui permet aux parisiens de mesurer le gĂ©nie et la modernitĂ© du dernier Tchaikovski. Le Théùtre parisien restitue l’ouvrage tel qu’il fut créé au Mariisnky, couplĂ© avec le ballet Casse-Noisette.
Pour la saison 1891-1892 , les Théùtres ImpĂ©riaux commandent 2 nouvelles Ćuvres Ă TchaĂŻkovski : un opĂ©ra, qui est son 10Ăšme et dernier ouvrage lyrique, Iolanta et le lĂ©gendaire ballet, Casse-Noisette. Les deux partitions portant la marque du dernier TchaĂŻkovski : un sentiment irrĂ©pressiblement tragique sâaccompagne dâune orchestration particuliĂšrement raffinĂ©e. Iolanta mĂȘle histoire et fĂ©erie : le compositeur aborde comme un conte de fĂ©e lâhistoire mĂ©diĂ©vale française (Ă la Cour du Roi RenĂ© de Provence) oĂč Iolanta est une princesse aveugle qui apprend lâamour. L’HĂ©roĂŻne rĂ©alise sa propre Ă©mancipation en osant se dĂ©tacher symboliquement du pĂšre (qui la tient enfermĂ©e et entretient sa cĂ©citĂ©). Lâaction suit la lente renaissance dâune Ăąme qui dĂ©couvre enfin la vraie vie ; câest Ă dire comment elle rĂ©ussit son passage de lâenfance Ă la maturitĂ© dâune adulte. De fille sĂ©questrĂ©e, infantilisĂ©e, elle devient femme dĂ©sirable et conquise⊠A la suite de Tatiana dâEugĂšne OnĂ©guine, Iolanta doit dâabord prendre conscience de sa cĂ©citĂ© avant de trouver son identitĂ©, diriger son destin, devenir elle-mĂȘme. Des tĂ©nĂšbres de l’aveuglement Ă la lumiĂšre … de la connaissance et de l’amour.
Tuer le pĂšre, suivre la lumiĂšre. La qualitĂ© et la richesse des mĂ©lodies qui se succĂšdent intensifient le drame, conçu en un seul acte sur le livret du frĂšre de Piotr Illiych, Modeste. Lâouverture et la mise en avant des instruments Ă vents (chant plaintif et vĂ©nĂ©neux, presque Ă©nigmatique du hautbois et du cor anglais, accompagnĂ© par les bassons et les corsâŠ), cette aspiration Ă©chevelĂ©e aux couleurs et rĂ©sonances de lâĂ©trange rĂ©alisant une immersion dans un monde fĂ©erique et fantastique mais intensĂ©ment psychologique (lâouverture a Ă©tĂ© trĂšs critiquĂ©e par Rimsky), la figure du docteur maure Ebn Hakia (baryton), rare incursion dâun orientalisme concĂ©dĂ© (beaucoup plus flamboyant chez les autres compositeurs russes comme Rimsky), la concentration de la musique sur la vie intĂ©rieure des protagonistes, lâabsence des chĆurs, tout lâitinĂ©raire de la jeune fille aux rĂ©sonances psychanalytiques, des tĂ©nĂšbres Ă lâĂ©blouissement positif final-, fondent lâoriginalitĂ© du dernier opĂ©ra de TchaĂŻkovski : comme lâexpĂ©rience dâun passage, de lâenfance aveugle Ă lâĂąge adulte (pleinement conscient), Iolanta est un huis-clos oĂč sâexprime le mouvement de la psychĂ© dâune jeune femme Ă lâesprit ardent, tenue (par son pĂšre le roi RenĂ©) Ă lâĂ©cart du monde.
AprĂšs la mort de TchaĂŻkovski (1893), Mahler assure la crĂ©ation allemande de Iolanta (Hambourg). Lâoeuvre plus applaudie que Casse-Noisette Ă sa crĂ©ation russe (Saint-PĂ©tersbourg en 1892), traverse lâoublie jusquâen 1940 quand la cantatrice russe Galina VichnievskaĂŻa, affirme et la figure captivante du personnage dâIolanta, et la magie symphonique dâun opĂ©ra Ă redĂ©couvrir. Car tout TchaĂŻkovski et le meilleur de son inspiration se concentrent dans Iolanta, vĂ©ritable miniature psychologique. Et fait rare chez le compositeur de la Symphonie « tragique », le drame se finit bien. RĂ©cemment c’est l’ardente et suave Anna Netrebko qui incarnait une Iolanta touchĂ©e par la grĂące de la rĂ©demption (Metropolitan de New York en janvier 2015, puis cd Ă©ditĂ© par Deutsche Grammophon dans la foulĂ©e)
LâINTRIGUE de Iolanta . LâOpĂ©ra Iolanta est en un acte et 9 tableaux. Alors que le Roi RenĂ© tient Ă lâĂ©cart du monde, sa propre fille Iolanta, aveugle, absente Ă sa propre infirmitĂ©, le mĂ©decin maure Ebn Hakia (baryton) annonce que la jeune princesse doit prendre conscience de son handicap pour sâen dĂ©tacher et peut-ĂȘtre en guĂ©rirâŠle Roi trop possessif demeure indĂ©cis mais le comte VaudĂ©mont (tĂ©nor), tombĂ© amoureux de Iolanta, lui apprend la lumiĂšre et lâamour : Iolanta, consciente dĂ©sormais de ce quâelle est, peut dĂ©couvrir le monde et vivre sa vie. La jeune femme tenue cloĂźtrĂ©e, fait lâexpĂ©rience de la maturitĂ© : en se dĂ©tachant du joug paternel, elle sâĂ©mancipe enfin.
VISITER la page de Iolanta sur le site de l’OpĂ©ra national de Paris
LIRE aussi la critique complĂšte du spectacle Iolanta au Palais Garnier Ă paris, avec Sonia Yoncheva dans la mise en scĂšne de Dmitri Tcherniakov
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Tagged Anna Netrebko , Iolanta , Sonia Yoncheva , Tchaikovski
Il est de rares occasions oĂč l’univers lyrique scintille d’Ă©motions… La premiĂšre de la nouvelle production d’Il Trovatore de Verdi Ă l’OpĂ©ra Bastille est une de ces occasions. Il s’agĂźt d’une coproduction avec l’OpĂ©ra National Ă Amsterdam, dont la mise en scĂšne est signĂ©e Alex OllĂ© , du fameux cĂ©lĂšbre collectif catalan La Fura dels Baus. Les vĂ©ritables pĂ©pites d’or rĂ©sident dans la distribution des chanteurs, avec nulle autre que la soprano Anna Netrebko, Prima Donna Assoluta, avec un Marcelo Alvarez, une Ekaterina Semenchuk et surtout un Ludovic TĂ©zier dans la meilleure de leurs formes ! L’Orchestre maison est dirigĂ© par le chef milanais Daniele Callegari.
Verdi de qualité
Enrico Caruso a dit une fois (selon l’anecdote) que tout ce qu’il fallait pour une performance rĂ©ussie d’Il Trovatore de Verdi n’Ă©tait pas moins que les quatre meilleurs chanteurs du monde. Avec l’excellente distribution d’ouverture (sachant qu’il y en une deuxiĂšme), la nouvelle administration de la maison parisienne montre sa volontĂ© d’ouverture, de progrĂšs, d’excellence. Si nous ne comprenons toujours pas l’absence (ou presque) de grandes vedettes lyriques lors du dernier mandat, nous nous rĂ©jouissons d’ĂȘtre tĂ©moins d’une premiĂšre Ă l’OpĂ©ra Bastille avec un si haut niveau vocal. Il Trovatore de Verdi est au centre de ce qu’on nomme la trilogie de la premiĂšre maturitĂ© de Verdi, avec Rigoletto et La Traviata. De facture musicale peut-ĂȘtre moins moderne que Rigoletto, une Ćuvre moins formelle, Il Trovatore reste depuis sa premiĂšre, l’un des plus cĂ©lĂšbres opĂ©ra, jouĂ© partout dans le monde, uniquement surpassĂ© par… La Traviata.
L’histoire moyenĂągeuse inspirĂ©e d’une piĂšce de théùtre espagnole du XIXe siĂšcle d’Antonio Garcia GutiĂ©rrez, est le prĂ©texte idĂ©al pour le dĂ©ploiement de la force et l’inventivitĂ© mĂ©lodique propres Ă Verdi. Dans l’Espagne du XVe siĂšcle ravagĂ©e par des guerres civiles, deux ennemis politiques se battent Ă©galement pour le cĆur de Leonora, dame de la cour. L’un est un faux trouvĂšre Ă©levĂ© par une gitane, l’autre est un Duc fidĂšle au Roi d’Espagne. Ils sont frĂšres sans le savoir. On traverse une marĂ©e de sentiments et d’Ă©motions musicales, et théùtralement trĂšs invraisemblables, avant d’arriver Ă la conclusion tragique si aimĂ©e des romantiques.
La Leonora d’Anna Netrebko Ă©tonne dĂšs son premier air « Tacea la notte placida… Di tale amor » pyrotechnique Ă souhait et fortement ovationnĂ©. Depuis ces premiers instants, elle ne fait que couper le souffle de l’auditoire avec l’heureux dĂ©ploiement de ses talents virtuoses. Non seulement elle rĂ©ussit Ă remplir l’immensitĂ© de la salle, mais elle le fait avec une facilitĂ© vocale confondante, complĂštement habitĂ©e par la force musicale (plus que théùtrale) du personnage. Nous avons droit avec elle Ă une technique impeccable, un enchaĂźnement de sublimes mĂ©lodies, un timbre tout aussi somptueux baignant la salle en permanence… Dans ce sens, elle rayonne autant (et parfois mĂȘme Ă©clipse ses partenaires) dans les nombreux duos. Si son bien-aimĂ© Manrico est solidement jouĂ© par le tĂ©nor Marcelo Alvarez , d’une grande humanitĂ©, avec une diction claire du texte et du sentiment dans l’interprĂ©tation, nous sommes davantage impressionnĂ©s par la performance de Ludovic TĂ©zier en Conte di Luna . Son air « Il balen del suo sorriso » au IIe acte, oĂč il exprime son amour passionnĂ© pour Leonora est un moment d’une beautĂ© terrible. Le Luna de TĂ©zier brille de prestance, de caractĂšre, de sincĂ©ritĂ©. Une prise de rĂŽle inoubliable pour le baryton Français. Son duo avec la Netrebko au IVe acte est aussi de grand impact et toujours trĂšs fortement ovationnĂ© par le public. L’Azucena d’Ekaterina Semenchuk, faisant ses dĂ©buts Ă l’OpĂ©ra de Paris, offre une prestation Ă©galement de qualitĂ©, avec un timbre qui correspond au rĂŽle Ă la fois sombre et dĂ©licieux (ma non tanto!), et une prĂ©sence scĂ©nique aussi pertinente.
Les choeurs de l’OpĂ©ra de Paris dirigĂ©s par JosĂ© Luis Basso est l’autre protagoniste de l’oeuvre. Que ce soit le choeur des nonnes, des militaires ou des gitans, leur dynamisme est spectaculaire et leur impact non-nĂ©gligeable, notamment lors de l’archicĂ©lĂšbre choeur des gitans au deuxiĂšme acte « Vedi ! Le fosche notturne spoglie » , bijou d’intelligence musicale, coloris et efficacitĂ©, particuliĂšrement remarquable. Ce choeur qui enchaĂźne sur une chansonnette d’Azucena est aussi une opportunitĂ© pour le chef Daniele Callegari de montrer les capacitĂ©s de la grosse machine qu’est l’Orchestre de l’OpĂ©ra. Sous sa direction les moments explosifs le sont tout autant sans devenir bruyants, et les rares moments Ă©lĂ©giaques le sont tout autant et sans prĂ©tention. Si l’Ă©quilibre est parfois dĂ©licat, voire compromis, l’ensemble imprĂšgne la salle sans dĂ©faut et pour le plus grand bonheur des auditeurs.
L’audience paraĂźt moins rĂ©ceptive de la proposition scĂ©nique d’Alex OllĂ©, quelque peu huĂ©e Ă la fin de la reprĂ©sentation. L’un des « problĂšmes » dans certains opĂ©ras est toujours le livret, en tout cas pour les metteurs en scĂšne. Dans Il Trovatore, la structure en 4 actes est telle qu’un dĂ©roulement formel et logique opĂšre quoi qu’il en soit, mais ce uniquement grĂące Ă la force dramatique inhĂ©rente Ă la plume de Verdi. Le collectif catalan propose une mise en scĂšne mi-abstraite, mi-surrĂ©aliste, mĂȘme dans les dĂ©cors et costumes, elle est mi-stylisĂ©e, mi-historique. Si les impressionnants dĂ©cors font penser Ă un labyrinthe anonyme, avec des blocs trĂšs utilitaires -parfois murs, parfois tombes, etc.-, les dĂ©placements de ces blocs demeurent trĂšs habiles ; il nous semble qu’au-dessous de tout ceci (et ce n’est pas beaucoup), il y a quelques chanteurs-acteurs de qualitĂ© parfois livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes. Quelques tableaux se distinguent pourtant, comme l’entrĂ©e des gitans au deuxiĂšme acte notamment, et la proposition, quoi qu’ajoutant peu Ă lâĆuvre, ne lui enlĂšve rien, et l’on peut dire qu’on est plutĂŽt invitĂ© Ă se concentrer sur la musique. D’autant que musicalement cette production est une Ă©clatante rĂ©ussite ! A voire encore les 3, 8, 11, 15, 20, 24, 27 et 29 fĂ©vrier ainsi que les 3, 6, 10 et 15 mars 2016, avec deux distributions diffĂ©rentes (NDLR : pour y Ă©couter le chant incandescent d’Anna Netrebko, vĂ©rifier bien la date choisie encore disponible)
Compte rendu, opĂ©ra. Paris. OpĂ©ra National de Paris, OpĂ©ra Bastille. le 31 janvier 2016. G. Verdi : Il Trovatore. Anna Netrebko, Marcelo Alvarez, Ludovic Tezier… Choeur et Orchestre de l’OpĂ©ra National de Paris. JosĂ© Luis Basso, chef des choeurs. Daniele Callegari, direction musicale. Allex OllĂ© (La Fura dels Baus), mise en scĂšne. Illustrations : Anna Netrebko, Ludovic TĂ©zier (DR)
Paris, Bastille. Anna Netrebko chante Leonora, du 31 janvier au 15 fĂ©vrier 2016 . C’est l’incarnation que tous les amateurs parisiens attendent avec impatience… (Re)dĂ©couvrir la grande soprano Anna Netrebko au timbre de braise et Ă la sensualitĂ© angĂ©lique dans un rĂŽle dĂ©sormais fĂ©tiche et Ă Paris, pour 5 dates. Ardente torche sacrificielle, amoureuse Ă©perdue confinant Ă l’abstraction, d’une ivresse vertigineuse capable de l’anĂ©antir (de fait elle en mourra comme le TrouvĂšre), la Leonora du TrouvĂšre de Verdi est Ă©crite pour une soprano agile et puissante, mais pas dramatique. Callas a marquĂ© le rĂŽle par son intensitĂ© angĂ©lique. La partition n’a pas les invraisemblances ici et lĂ soulignĂ©es et son fantastique spectaculaire, associant terreur et transe amoureuse inspire Ă verdi l’une de ses plus Ă©blouissantes actions. Anna Netrebko annoncĂ©e dans le rĂŽle qui a fait dĂ©jĂ ses triomphes prĂ©cĂ©dents Ă Berlin et Ă Salzbourg, retrouve la candeur embrasĂ©e du personnage sur les planches parisiennes du 31 janvier au 15 fĂ©vrier 2016 : inutile de dire que l’OpĂ©ra Bastille fonctionnera alors Ă guichets fermĂ©s. Souhaitons que pour les nombreux spectateurs n’ayant pas pu applaudir leur soprano adulĂ©e, une chaĂźne de radio retransmette l’une des soirĂ©es (en fait Radio Classique, lire ci aprĂšs). La diva austro russe est si rare en France. D’autant que sa Leonora parisienne 2016 pourrait encore approfondir ses Leonora prĂ©cĂ©dentes dĂ©jĂ stupĂ©fiantes et bouleversantes captĂ©es Ă Berlin en 2013, puis Salzbourg en 2014. Un itinĂ©raire jalonnĂ©e d’accomplissements (sa Leonora est peut-ĂȘtre avec Iolanta de Tchaikovski, l’une de ses incarnations les plus rĂ©ussies).
La production tient l’affiche jusqu’au 15 mars avec des chanteurs diffĂ©rents (bien vĂ©rifier la distribution pour les dates de votre venue). Aux cĂŽtĂ©s d’Anna Netrebko, pas moins que Marcello Alvarez (Manrico le TrouvĂšre, lui aussi ardent, hallucinĂ©), Ludovic TĂ©zier (Luna inflexible). VoilĂ une production verdienne Ă Paris qui promet des Ă©tincelles.
Paris, Opéra Bastille
Verdi : Le TrouvĂšre
Du 31 janvier au 15 mars 2016
Daniele Callegari, direction
Nouvelle production
Alex Ollé, La Fura dels Baus, mise en scÚne
Avec Anna Netrebko, Marcello Alvarez, Ludovic tĂ©zier (attention aux dates: les 3 solistes n’assurent pas toutes les reprĂ©sentations)
Diffusion en direct et sur Radio classique le 11 février 2016.
LIRE aussi Anna Netrebko chante Leonora en direct du Metropolitan opera de New York, le 3 octobre 2015
LIRE aussi Anna Netrebko chante Leonora à Salzbourg, août 2014
LIRE aussi Anna Netrebko chante Leonora en direct de Salzbourg et su Arte, le 15 août 2014
LIRE notre critique complĂšte du DVD TrouvĂšre de Verdi avec Anna Netrebko et Placido Domingo (dvd Deutsche Grammophon) Berlin 2013
LIRE notre critique complÚte du cd Iolanta par Anna Netrebko (Metropolitan opera New York, février 2015)
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Avec l’abandon de sa collaboration avec le Royal Opera House de Londres, les cinĂ©mas CGR de la rĂ©gion-Poitou Charentes en gĂ©nĂ©ral et de Poitiers en particulier n’ont plus de partenariat squ’avec les grandes scĂšnes lyriques italiennes. C’est ainsi que nous avons pu voir hier en direct, l’ouverture de la saison lyrique de la plus prestigieuse d’entre elles : la Scala de Milan. Pour cette saison 2015 / 2016, La Scala prĂ©sente un opĂ©ra trĂšs mĂ©connu de Giuseppe Verdi (1813-1901) : Giovanna d’Arco. Pour cette Ćuvre, Verdi et son librettiste, Temistocle Solera, se sont inspirĂ©s du livre de Friedrich von Schiller «La pucelle d’OrlĂ©ans». Absente de la scĂšne milanaise depuis cent cinquante ans, Giovanna d’Arco y revient estampillĂ©e du label «nouvelle production». Dans le rĂŽle-titre, la diva verdienne Anna Netrebko en trĂšs grande forme. Quant Ă la mise en scĂšne, elle a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă un duo français : Mosche Leiser et Patrice Caurier.
Anna Netrebko chante Giovanna dâArco
La Scala ressuscite Giovanna d’Arco des cartons aprĂšs ⊠150 ans d’absence Ă Milan
La mise en scĂšne, justement, est quelque peu Ă©trange . Se basant sur la faiblesse, rĂ©elle cependant, du livret les deux metteurs en scĂšne ont placĂ© l’action au XIXe siĂšcle dans ce qui ressemble Ă©trangement Ă un hĂŽpital psychiatrique version bourgeoise. Dans cette optique nous ne quittons jamais vraiment la chambre de la jeune fille qui se prend pour Jeanne d’Arc. De temps en temps, le mur de fond bouge pour permettre au choeur ou aux solistes d’aller et venir sauf dans le premier acte oĂč il est totalement ouvert juste aprĂšs la victoire de Jeanne et de Charles. Ce qui sauve lâensemble, ce sont les lumiĂšres superbes de Christophe Foret et les chorĂ©graphies de Leah Hausman : la danse des dĂ©mons lors du duo Carlo/Giovanna est une rĂ©ussite malgrĂ© la cruditĂ© de la scĂšne. Les derniers Ă©pisodes de l’opĂ©ra sont hors sujet. Quelle drĂŽle d’idĂ©e de laisser Giovanna sur la scĂšne pendant que son pĂšre commente l’ultime bataille dans laquelle elle trouve la mort en sauvant le roi de France. Quant Ă la mort de Giovanna, elle est un peu bizarre, voire totalement hors sujet. Comme on ne sait plus vraiment si on est sur le champs de bataille du XVe siĂšcle ou dans un hĂŽpital psychiatrique du XIXe siĂšcle, les metteurs en scĂšne font mourir Giovanna, en une scĂšne de la folie de la jeune fille qui se prenait pour la pucelle. Quant aux costumes Ă part ceux de Giacomo, qui reste rĂ©solument au XIXe siĂšcle et de Carlo qui est un peu trop dorĂ© dĂ©tonnant ainsi sur la scĂšne de la Scala, ils vont plutĂŽt bien aux personnages. Dans un tel mĂ©lange d’Ă©poques et de styles, seul le choeur est bien servi avec des costumes XVe superbes.
Vocalement en revanche, nous n’avons que des satisfactions. Anna Netrebko qui campe Giovanna est Ă©clatante de santĂ©. La voix est somptueuse et la soprano russe utilise son instrument avec une maĂźtrise quasi parfaite donnant Ă la jeune hĂ©roĂŻne une puissance bienvenue. Si Netrebko a fait de grand progrĂšs comme actrice, elle rĂ©vĂšle cependant de sĂ©rieux soucis concernant la diction pas toujours trĂšs nette. Face Ă elle, Francesco Meli incarne un Carlo VII flamboyant. Si nous regrettons qu’il soit affublĂ© d’un costume et d’un maquillage excessivement dorĂ©s, – trop de dorure tue la dorure-, la voix est chaleureuse, ronde, puissante ; la tessiture correspond parfaitement au rĂŽle. SurvoltĂ© le jeune tĂ©nor donne Ă Carlo un charisme trĂšs fort qui manquait cruellement au vĂ©ritable Charles VII dans les premiĂšres annĂ©es de son rĂšgne. Le cas de Devid Cecconi (Giacomo) est un peu particulier. AppelĂ© par la Scala pour la prĂ©-gĂ©nĂ©rale, la gĂ©nĂ©rale et l’ante-prima (rĂ©servĂ©e au jeune public) pour remplacer Carlos Alvarez souffrant qui se contentait de jouer, il a Ă©tĂ© rappelĂ© en catastrophe pour remplacer son collĂšgue atteint par une bronchite carabinĂ©e et interdit de scĂšne juste avant la premiĂšre par le mĂ©decin qui l’a auscultĂ©. Dans ces circonstances, si particuliĂšres nous passerons rapidement sur une performance scĂ©nique trĂšs en-deça de celle de ses deux collĂšgues survoltĂ©s par un public tout acquis Ă leur cause. Il faut quand mĂȘme bien reconnaĂźtre que ce pauvre Giacomo n’est servi ni par la mise en scĂšne ni par son costume XIXe. Vocalement en revanche, Cecconi n’a rien Ă envier Ă Alvarez, qu’il remplace trĂšs avantageusement, ni Ă ses partenaires. Et d’ailleurs le public a si bien compris la situation qu’il a acclamĂ© le jeune baryton autant que les deux autres chanteurs. Saluons rapidement le Talbot trĂšs honorable de Dmitry Beloselskiy et la trop brĂšve apparition de Michele Mauro (Delil). Dernier personnage de cette Giovanna d’Arco : le choeur de la Scala. Il a Ă©tĂ© parfaitement prĂ©parĂ© par son chef que ce soit pour ses interventions hors scĂšne, les plus difficiles, ou sur scĂšne.
Dans la fosse c’est Riccardo Chailly qui prend en main l’orchestre de la Scala. Excellent musicien et fin connaisseur des opĂ©ras de Verdi, le chef, dont nous avions d’ailleurs saluĂ© le superbe concert d’ouverture du festival Verdi de Parme en 2013, prend ses musiciens en main avec une belle autoritĂ©. La direction de Chailly, qui inaugure ainsi ses prises de fonction comme nouveau directeur musicale de La Scala, est dynamique, juste, sans dĂ©faillance. TrĂšs attentif Ă ce qui se passe sur la scĂšne, il veille Ă ne jamais couvrir ses chanteurs et les accompagne avec un soin tout particulier, ciselant chaque note, chaque phrase tel un magicien soignant ses tours.
Ainsi, nonobstant une mise en scĂšne qui se trouve un peu entre la poire et le dessert, la nouvelle Giovanna d’Arco est musicalement superbe avec un trio complĂštement survoltĂ©. Le pari est d’autant plus grand que cet opĂ©ra de Verdi ne renait de ses cendres que depuis peu d’annĂ©es. Notons aussi qu’il s’agit d’un retour important et trĂšs attendu Ă©tant donnĂ© que Giovanna d’Arco n’avait pas Ă©tĂ© donnĂ©e Ă la Scala de Milan depuis ⊠1865. Dans de telles conditions, nous aurions apprĂ©ciĂ© de voir une mise en scĂšne plus sobre. Il y a nĂ©anmoins un vrai travail de rĂ©flexion, et nous aurions prĂ©fĂ©rĂ© qu’elle soit effectivement situĂ©e Ă l’Ă©poque Ă laquelle se dĂ©roule l’histoire et non dans un obscur hĂŽpital psychiatrique du XIXe siĂšcle avec des allers-retours au XVe siĂšcle qui ajoute de la confusion.
Compte rendu, lâopĂ©ra au cinĂ©ma. Poitiers, CGR Castille en direct de Milan. Giuseppe Verdi (1813-1901): Giovanna d’Arco, opĂ©ra en un prologue et trois actes sur un livret de Temistocle Solera d’aprĂšs le livre de Friedrich von Schiller «La pucelle d’OrlĂ©ans». Anna Netrebko, Anna; Francesco Meli, Carlo VII; Devid Cecconi, Giacomo; Dmitry Beloselskiy, Talbo;, Michele Mauro, Delil. Orchestra e coro alla Scala. Riccardo Chailly, direction. Mosche Leiser et Patrice Caurier, mise en scĂšne; Agostino Cavalca, costume; Christophe Forey, lumiĂšres; Christian Fenouillat, dĂ©cors; Leah Hausman, chorĂ©graphies; Etienne Guiol, vidĂ©os.
TĂ©lĂ©, Arte. Lundi 7 dĂ©cembre 2015 : Giovanna d’Arco de Verdi . EvĂ©nement lyrique de dĂ©cembre et nouvelle prise de rĂŽle (scĂ©nique) pour la star Anna Netrebko : sa Giovanna d’Arco tient l’affiche ce jour Ă la Scala de Milan, lundi 7 dĂ©cembre 2015 (18h). Nouvelle production rĂ©alisĂ©e par le duo de metteur en scĂšne Moshe Leiser et Patrice Caurier. Le 7 dĂ©cembre marque aussi l’entrĂ©e en fonction du nouveau directeur musical de la Scala, Riccardo Chailly. Créé Ă la Scala en 1845, l’opĂ©ra Giovanna d’Arco de Verdi vit un grand retour dans la salle qui l’a vu naĂźtre. LIRE aussi notre prĂ©sentation complĂšte de Giovanna d’Arco. A l’affiche de La Scala de Milan les 7, 10, 13, 15, 18, 21, 23 dĂ©cembre 2015 puis 2 janvier 2016
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VOIR sur le site de La Scala, la page dĂ©diĂ©e Ă Giovanna d’Arco de Verdi avec Anna Netrebko, sous la direction de Riccardo Chailly
Le 7 dĂ©cembre 2015, Ricardo Chailly va vivre sa premiĂšre âInaugurazione” en ouvrant la nouvelle saison de la Scala de Milan en tant que nouveau directeur musical. Anna Netrebko revient ainsi sur la scĂšne scaligĂšne depuis ses dĂ©buts ici mĂȘme en 2011. Par ailleurs, Chailly a choisi une Ćuvre qui nâavait plus Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e Ă la Scala depuis 150 ans : la premiĂšre de la Giovanna d’Arco de Verdi y avait eu lieu le 15 fĂ©vrier 1845, avant que cet opĂ©ra ne disparaisse quelques annĂ©es plus tard de son rĂ©pertoire ainsi que de celui dâautres maisons d’opĂ©ra. Lâhistoire de la Pucelle dâOrlĂ©ans qui sauva la France durant la Guerre de Cent ans fait en effet partie des Ćuvres les plus rarement jouĂ©es de Verdi. Un retour attendu pour une partition quasiment oubliĂ©e sur les planches oĂč elle fut créée du vivant de Verdi.
Dans le rĂŽle titre, Anna Netrebko donnera toute la mesure de son talent de Primadonna assoluta ; d’autant plus que la cantatrice austrorusse Ă©gĂ©rie du label Deutsche Gramophone a rĂ©cemment enchaĂźnĂ© les prises de rĂŽles verdiennes : sa Giovanna de dĂ©cembre 2015 fait suite ainsi Ă sa LĂ©onora du TrouvĂšre, angĂ©lique Ă©perdue ardente et si juste, comme Ă son Ă©tonnante Lady Macbeth d’une justesse Ă©gale. …
La diva est aussi depuis des annĂ©es une habituĂ©e du Festival de Salzbourg : elle y donnait en 2013, mais dans une version de concert sa Giovanna… dĂ©jĂ particuliĂšrement accomplie et intense.
C’est donc en rĂ©alitĂ© une reprise ou plus exactement un prolongement qui vaut grĂące au dĂ©roulement dramatique ici avec mise en scĂšne,… accomplissement .
Sensuel, encore claire et diamantine dans les aigus, la diva la plus glamour de l’heure – avec Elena GaranÄa devrait offrir une nouvelle incarnation trĂšs convaincante dans un opĂ©ra qui aborde l’histoire de la Pucelle de France avec une libertĂ© romanesque propre Ă l’opĂ©ra. Contre la vĂ©ritĂ© historique Giovanna tombe amoureuse du roi Charles (le tĂ©nor Francesco Meli). … leur relation est d’ailleurs au centre de l’action de l’opĂ©ra de Verdi.
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ARTE, Lundi 7 dĂ©cembre 2015 : Anna Netrebko chante Giovanna dâArco de Verdi Ă la Scala de Milan (22h30) . Le 7 dĂ©cembre 2015, Ricardo Chailly va vivre sa premiĂšre âInaugurazione” en dirigeant la premiĂšre production de la saison lyrique 2015-2016 de la Scala de Milan en tant que nouveau directeur musical. Mais le nouveau chef de la Scala peut aussi compter sur la plus captivante verdienne (et la plus audacieuse par ses choix de rĂ©pertoire) de l’heure. Belle, incandescente, hyperfĂ©minine et dĂ©chirante, Anna Netrebko , en verdienne plus que convaincantes,  cumule les prises de rĂŽles verdiens : aprĂšs Leonora, Lady Macbeth, voici sa Giovanna d’Arco Ă la Scala (aprĂšs Salzbourg)…
Anna Netrebko revient Ă la Scala depuis ses dĂ©buts en 2011. Grand verdien, Riccardo Chailly a choisi Giovanni dâArco, une Ćuvre qui nâavait plus Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e Ă la Scala depuis 150 ans, depuis sa crĂ©ation le 15 fĂ©vrier 1845. Lâhistoire de la Pucelle dâOrlĂ©ans qui sauva la France durant la Guerre de Cent ans fait partie des Ćuvres les plus rarement jouĂ©es de Verdi. Elle offre pourtant un rĂŽle exceptionnellement engagĂ© et exigeant Ă la soprano dĂ©signĂ©e pour en relever les dĂ©fis. Lâayant dĂ©jĂ chantĂ© au Festival de Salzbourg 2013 (LIRE notre compte rendu du cd Giovanna d’Arco de VERDI par Anna Netrebko ), Anna Netrebko sera Giovanna, Jeanne dâArc, dĂ©voilant ce timbre charnel et Ă©clatant qui a dĂ©jĂ rĂ©ussi dans ses prĂ©cĂ©dentes incarnations des hĂ©roĂŻnes verdiennes – sa passion actuelle : Leonora du TrouvĂšre, et rĂ©cemment Lady Macbeth (ses deux prises de rĂŽles indiscutablement rĂ©ussi Ă Salzbourg et au Metreopolitan Opera de New York). La production scalĂšne dirigĂ©e par Riccardo Chailly compte aux cĂŽtĂ©s de la soprano austrorusse, de solides chanteurs tels Francesco Meli (le roi de France Carlo / Charles) lequel tombe amoureux de Jeanne dâArc.
Dans la mise en scĂšne du duo de metteurs en scĂšne, Moshe Leiser et Patrice Caurier, lâopĂ©ra de Verdi devrait prouver ses attraits mĂ©connus : nouvelle proposition de lâopĂ©ra historique dâaprĂšs le format du grand opĂ©ra français avec grands airs et choeurs. DĂ©jĂ se profile avant Rigoletto et Le TrouvĂšre, cette ardeur expressive, ce rĂ©alisme nouveau proche du théùtre hugolien qui renforce malgrĂ© le prĂ©texte historique et dramatique, le relief individuel de chaque protagoniste.
La diffusion de Giovanna dâArco de Verdi avec Anna Netrebko est rĂ©alisĂ©e sur Arte Ă partir de 22h30.
ARTE, lundi 7 dĂ©cembre 2015, 22h30 : Anna Netrebko chante Giovanna dâArco de Verdi Ă la Scala de Milan (22h30).
CD. Riccardo Chailly. DECCA vient d’Ă©diter l’intĂ©grale Brahms par Riccardo Chailly pilote du Gewandhaus de Leipzig en novembre 2015. LIRE notre compte rendu critique de l’intĂ©grale Brahms par Riccardo Chailly … Directeur musical du Gewandhaus de Leipzig depuis 2005, Riccardo Chailly  signe donc une intĂ©grale qui malgrĂ© certains passages Ă vide, comporte des instants de grĂące, comme suspendus, portĂ©s par cet idĂ©al personnel de la lisibilitĂ© et de la clartĂ© qui nâempĂȘche ce que nous aimons tant chez Brahms, lâivresse et lâextase tendre, jaillissement Ă©perdu dâune innocence prĂ©servĂ©e, intacte malgrĂ© les blessures tues, les traumatismes (Ă©couter ce mĂȘme Andante et la place accordĂ©e au chant du violoncelle : un instant de grĂące).
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Milan, Scala. Verdi : Giovanna d’Arco. Anna Netrebko, 7-23 dĂ©cembre 2015 . Pour lancer sa nouvelle saison lyrique 2015-2016, La Scala produit un opĂ©ra créé sur ses planches en 1845, Giovanna d’Arco, ardente fresque historique Ă laquelle Verdi offre un Ă©clairage psychologique particulier en soulignant le lien entre le pĂšre de Giovanna (au dĂ©but opposĂ© Ă sa fille qu’il dĂ©nonce comme sorciĂšre) puis proche et loyal Ă ses cĂŽtĂ© jusqu’Ă sa mort. On sait quelle importance revĂȘt ensuite, opĂ©ra par opĂ©ra, le rapport pĂšre / fille dans les opĂ©ras verdiens. Giovanna d’Arco est le dernier des ouvrages de jeunesse de verdi, ses fameuses annĂ©es de galĂšre oĂč il Ă©crivait plus de un ouvrage par an, s’affirmant par un sens de l’occupation et du nombre mais surtout par une sensibilitĂ© dramatique alors inouĂŻe faisant imploser les conventions de l’opĂ©ra italien.
Sur un sujet qui se passe en France en 1429 quand Charles VII abdique sous la pression des anglais, mĂȘme introspectif, Verdi Ă©blouit par son sens et de l’architecture (enchaĂźnement d’Ă©pisodes contrastĂ©s) et dans ses scĂšnes collectives (finale vers la CathĂ©drale du I, et aussi dĂ©nonciation par le pĂšre devant la foule prĂȘte au lynchage Ă la fin du II). Le profil de Giovanna qui s’Ă©lĂšve vers son sacrifice final est particuliĂšrement bien traitĂ© : dans ce rĂŽle qui annonce les grandes hĂ©roĂŻnes angĂ©liques et fortes (Leonora, Traviata, Gilda…), Tebaldi ou Anderson se sont particliĂšrement illustrĂ©es. Aujourd’hui une diva charnelle, intense et voluptueuse relĂšve le dĂ©fi, avec d’autant plus de maĂźtrise annoncĂ©e qu’elle a fait de Verdi, son compositeur presque exclusif : dĂ©voilant sa fĂ©minitĂ© expressive dans le rĂŽle de Leonora (Le TrouvĂšre / Il Trovatore), surtout plus rĂ©cemment Lady Macbeth (Macbeth : prise de rĂŽle que beaucoup jugeait suicidaire). En dĂ©cembre 2015, voici donc sa Giovanna : Ă la puretĂ© de la ligne, Netrebko saura-t-elle ajouter l’Ă©lĂ©gance vocale, entre expressivitĂ© et finesse ? RĂ©ponse Ă partir du 7 dĂ©cembre 2015 Ă Milan. Deutsche Grammophon a Ă©ditĂ© l’enregistrement de l’opĂ©ra  Giovanna d’Arco avec la diva austrorusse Anna Netrebko (avec Placido Domingo dans le rĂŽle du pĂšre Giacomo, et Francesco Meli en Carlo , 2013).
Prochains rĂŽles pour Anna Netrebko :
PARIS, Opéra bastille : du 28 janvier au 15 février 2016. VERDI : Il Trovatore (Leonora)
DRESDE, Semperoper : Du 19 au 29 mai 2016. WAGNER : Lohengrin (Elsa)
VIENNE, Staatsoper : Du 20 au 30 juin 2016. PUCCINI : Manon Lescaut (Manon)
BERLIN, Schiller Théùtre : Les 8,11 et 14 juillet 2016. VERDI : Il Trovatore (Leonora)
Les 7,10,13,15,18,21, 23 décembre 2015
Giovanna d’Arco de Verdi Ă la Scala de Mil an
inauguration de la nouvelle saison lyrique scaligĂšne 2015 – 2016
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Nouvelle production
Anna Netrebko, Giovanna D’Arco
Francesco Meli, Carlo VII
Carlos Alvarez, Giacomo
Riccardo Chailly, direction
M Leiser et P Caurier, mise en scĂšne
Durée : 2h20mn avec entractes
TĂ©lĂ©. DiffusĂ© sur l’antenne d’ARTE en diffĂ©rĂ© le 7 dĂ©cembre 2015, 22h20
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DVD, compte rendu critique. Verdi : Macbeth. Anna Netrebko (DG, 2014 ). Anna Netrebko incarne une Lady Macbeth trĂšs convaincante. Dans son album Deutsche Grammophon Ă©ditĂ© en 2013 (Verdi album), Anna Netrebko chantait les tiraillements amoureux (Leonora) et les ambitions meurtriĂšres (Lady Mabeth) des hĂ©roĂŻnes qu’elle allait ensuite incarner sur scĂšne. Programme prĂ©monitoire en rĂ©alitĂ©, le cd Ă©vĂ©nement faisait donc office de feuille de route pour la cantatrice actrice. De fait elle a chantĂ© dans la foulĂ©e de cet album important Leonora du TrouvĂšre (Ă Berlin et Salzbourg), puis Lady Macbeth … Voici la fameuse production shakespearienne captĂ©e en 2014 au Metropolitan Opera de New York. Les grands Ă©vĂ©nements lyriques de la planĂšte savent faire un tapage mĂ©diatique d’autant plus lĂ©gitime quand il s’agit de prises de rĂŽle attendues et rĂ©ussies. Dans le cas de la soprano incandescente Anna Netrebko, contre l’avis de certains qui annonçaient une dĂ©bĂącle car elle n’avait pas la voix suffisante, le pari est relevĂ© ; les attentes, couronnĂ©es de dĂ©lices.
SignĂ©e par le britannique Adrian Noble , grand connaisseur du théùtre Ă©lisabethain, la mise en scĂšne permet surtout de dĂ©couvrir Anna Netrebko en icĂŽne blonde dĂ©corĂ©e par l’ambition fut-elle sanguinaire rappellant⊠en plus calculatrice et plus prĂ©datrice, Marylin Monroe. Verdi souhaitait une cantatrice expressive capable avec le baryton chantant son Ă©poux, de rĂ©ussir et l’amplitude vocale et le sentiment de la ligne sans oublier l’esprit londonien qui inscrit le drame dans un fantastique mĂ©diĂ©val, psychologique et hallucinĂ©, des plus noirs. Le vrai sujet de Macbeth reste la descente aux enfers d’un couple d’ambitieux, prĂȘts Ă tout y compris au crime en sĂ©rie pour assoir son pouvoir. On retrouve aux cĂŽtĂ©s de la soprano vedette, le tĂ©nor maltais Joseph Calleja (Macduff), la basse RenĂ© Pape (Banco), et le baryton Zeljko Lucie, qui fait un Macbeth transformĂ© peu Ă peu en criminel fou, sous l’emprise du pouvoir. L’ambition irrationnelle rend fou et criminel.
DĂšs les premiĂšres reprĂ©sentations (mi ocotobre 2014) et malgrĂ© les mises engarde de ses proches, Anna Netrebko s’empare du rĂŽle dont elle exprime toutes les facettes avec cette intelligence Ă©motionnelle qui a fait la rĂ©ussite de ses rĂŽles antĂ©rieurs : Leonora chez Verdi (princesse amoureuse enivrĂ©e Ă©perdue et finalement sacrifiĂ©e) ou tout autant aboutie avec le diamant complĂ©mentaire de sa langue natale (Iolantha de Tchaikovski : ardente Ă©nergie tournĂ©e vers le miracle d’une rĂ©surrection individuelle ; inspirĂ© par le Moyen Ăąge français, le dernier ouvrage du Russe, trouve en Anna Netrebko une icĂŽne troublante qui rend palpitant les modalitĂ©s de l’Ă©mancipation d’une jeune fille hors du joug paternel): aucun doute outre la beautĂ© d’une voix corsĂ©e et suprĂȘmement sensuelle, la chanteuse sait aussi construire un personnage sur la durĂ©e, rĂ©vĂ©lant dans leur finesse singuliĂšre, chaque portrait de femme, dĂ©voilant une intelligence psychologique qui se rĂ©vĂšle passionnante au disque comme sur scĂšne. Avec des moyens vocaux moins impressionnants que certaines autres cantatrice familiĂšres du personnage verdien, Netrebko Ă©claire la noirceur de Lady Macbeth avec une Ă©paisseur rare, finement caractĂ©risĂ©e. Sa plasticitĂ© naturelle tend Ă basculer la rĂ©alisation new yorkaise vers le cinĂ©ma ; mais un format que la rĂ©alisation en dvd ne renforce pas hĂ©las. Pourtant sous l’oeil des camĂ©ras, la formidable photogĂ©nie de l’actrice chanteuse perce l’Ă©cran.
En fosse, Fabio Luisi dĂ©fend avec clartĂ© l’avancĂ©e du drame : un drame qui s’affirme Ă grands coups de tableaux visuellement mĂ©morables mais qui sacrifient parfois la prĂ©cision et le dĂ©tail des profils et des mouvements (McVicar en cela est plus perfectionniste).
Tout autant convaincants sont ses partenaires hommes, surtour RenĂ© Pape en Banquo et Joseph Calleja en Macduff. Le Macbeth de Zeljko Lucic aux moyens certes Ă©vidents, mais il n’a pas le charme de sa consĆur ni son intelligence ni sa fragilitĂ© Ă©motionnelles dans la caractĂ©risation progressive du caractĂšre ; comme Netrebko, on aurait souhaitĂ© plus d’ambivalence, plus de trouble plutĂŽt que ce chant uniteinte et monocorde, dĂ©pourvu de toutes les nuances requises. Verdi en shakespearien inspirĂ© a pourtant Ă©crit deux portraits de criminels particuliĂšrement profonds et captivants, les rendant mĂȘme d’une certaine façon sympathiques et touchants par leurs tiraillements incessants, leur sincĂ©ritĂ© noire, leur faiblesse barbare. La production compte dans la carriĂšre de la diva planĂ©taire : la voix fĂ©minine de l’heure comme est incontournable aujourd’hui, le tĂ©nor irrĂ©sistible Jonas Kaufmann (hĂ©las passĂ© de Decca chez Sony).
Prochains grands rĂŽles pour Anna Netrebko : Manon Lescaut de Puccini (Munich, novembre 2015) puis surtout Elsa, dans Lohengrin de Wagner Ă Bayreuth (juillet 2016 : mais alors qui sera son chevalier : Klaus Florian Voigt ou justement Jonas Kaufmann, les deux champions actuels de ce rĂŽle idĂ©al ?…
DVD, compte rendu critique. Verdi : Macbeth. Anna Netrebko · Zeljko Lucic. René Pape · Joseph Calleja. The Metropolitan Opera Orchestra, Chorus and Ballet. Fabio Luisi, direction. Adrian Noble, mise en scÚne.
VOIR. Bande annonce video Lady Macbeth par Anna Netrebko
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CinĂ©ma. Verdi. Le TrouvĂšre, Anna Netrebko, le 3 octobre 2015, 18h55. Dans les salles de cinĂ©ma, en direct du Metropolitan Opera de New York , l’hyperfĂ©minine et ardente Anna Netrebko reprend aprĂšs Berlin (2011) et Salzbourg, le rĂŽle de Leonora, Ăąme passionnĂ©e et dĂ©terminĂ©e jusqu’au sacrifice, inaugurant la nouvelle saison lyrique du théùtre New yorkais. Elle y avait crĂ©er Lady Macbeth du mĂȘme Verdi : plus verdienne que jamais, la superdiva chante les vertiges de l’amour (son fameux air suspendu irradiant exigeant un vrai soprano lyrico spinto, agile et dramatique, subtil et puissant : “Di tale amor che dirsi “, d’un rythme haletant, Ă©perdu…), comme inspirĂ©e et portĂ©e par le charme du TrouvĂšre, jusqu’Ă l’extase sacrificielle. D’autant que dans ce drame noir et resserrĂ©, une BohĂ©mienne (rĂŽle Ă©crasant mais spectaculaire pour mezzo, cf son air “Stride la vampa”) se perd mais triomphe en conjectures hallucinatoires et brĂ»lantes, deux frĂšres s’entretuent sans savoir qu’ils sont du mĂȘme sang. Le trouvĂšre serait-il l’opĂ©ra sentimental et fantastique, le plus rĂ©ussi avec Macbeth ?
Direct incontournable dans toutes les salles de cinĂ©ma partenaires de l’opĂ©ra les opĂ©ras du Metropolitan en live et au grand Ă©cran.
SirĂšne lyrique . A 44 ans, Anna Netrebko (nĂ© en 1971) est la tĂȘte dâaffiche de cette production produite Ă Salzbourg en aoĂ»t 2014 ; la diva russe a donnĂ© quelques indices (dĂ©jĂ trĂšs convaincants) de sa prise de rĂŽle de Leonora, dans un disque Verdi, saluĂ© par la RĂ©daction cd de classiquenews (cd Verdi par Anna Netrebko, 1 cd Deutsche Grammophon ). Voici les termes de la critique de notre rĂ©dacteur au moment de la sortie du cd Verdi par Anna Netrebko en octobre 2013 :
âŠdans Il Trovatore : sa Leonora palpite et se dĂ©chire littĂ©ralement en une incarnation oĂč son angĂ©lisme blessĂ©, tragique, fait merveille : la diva trouve ici un rĂŽle dont le caractĂšre convient idĂ©alement Ă ses moyens actuels (sâil nâĂ©tait ici et lĂ ses notes vibrĂ©es, pas trĂšs prĂ©cises)⊠mais la ligne, lâĂ©lĂ©gance, la subtilitĂ© de lâĂ©mission et les aigus superbement colorĂ©s dans â Dâamore sullâali rosee â âŠÂ (dialoguĂ©s lĂ encore avec la flĂ»te) sont trĂšs convaincants. Elle retrouve lâivresse vocale quâelle a su hier affirmer pour Violetta dans La Traviata. Que lâon aime la soprano quand elle sâĂ©carte totalement de tout Ă©panchement vĂ©riste : son legato sans effet manifeste une musicienne nĂ©e. Sa Leonora, hallucinĂ©e, dâune transe fantastique, dans le sillon de Lady Macbeth, torche embrasĂ©e, force lâadmiration : toute la personnalitĂ© de Netrebko rejaillit ici en fin de programme, dans le volet le plus saisissant de ce rĂ©cital verdien, hautement recommandable. Concernant Villazon, ⊠le tĂ©nor fait du Villazon ⊠avec des nuances et des moyens trĂšs en retrait sur ce quâil fut, en comparaison moins aboutis que sa divine partenaire. Anna Netrebko pourrait trouver sur la scĂšne un rĂŽle Ă sa (dĂ©)mesure : quand pourrons nous lâĂ©couter et la voir dans une Leonora rĂ©vĂ©latrice et peut-ĂȘtre subjugante ? Bravissima diva.
Verdi. Le TrouvÚre, Anna Netrebko, le 3 octobre 2015, 18h55. Durée : 3h. Avec Anna Netrebko, Dolora Zajick, Yonghoon Lee, Dmitri Hvorostovsky. David McVicar, mise en scÚne. Marco Armiliato, direction musicale.
LIRE aussi Anna Netrebko chante Leonora du TrouvÚre de Verdi, France Musique le 31 août 2014
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CinĂ©ma. OpĂ©ra. La BohĂšme de Puccini avec Anna Netrebko. En direct de Londres, le 10 juin 2015, 20h15. A la faveur de la nuit, parce quâune bougie dans la mansarde sâĂ©teint, deux jeunes cĆurs amoureux sâenlacent : ainsi Mimi couturiĂšre misĂ©reuse et Rodolfo le poĂšte Ă©tudiant sâaiment dans le Paris 1830. Outre la vie parisienne (BarriĂšre dâEnfer, CafĂ© Momus), lâopĂ©ra de Puccini exprime avec un raffinement orchestral ciselĂ© et une ivresse mĂ©lodique irrĂ©sistible la fragilitĂ© et la sincĂ©ritĂ© des sentiments. Lâamour des deux jeunes amants rĂ©sistera-t-il aux alĂ©as du temps ? La production plutĂŽt classique mais lisible du Royal Opera House ressuscite le Paris bohĂšme du XIXĂš, du Quartier Latin aux portes de Paris. Anna Netrebko et Joseph Calleja interprĂštent Mimi et Rodolfo, les coeurs maudits, lui rattrapĂ©s par la jalousie et lâennui, elle frappĂ©e par la maladie. Par contraste, Puccini souligne le profil des amants opposĂ©s : extravertis et affrontĂ©s mais toujours passionnĂ©ment amoureux, Musetta (qui paraĂźt au II dans la scĂšne du CafĂ© Momus) et Marcello. La jeunesse, la fatalitĂ© et la misĂšre hantent lâopĂ©ra de Puccini qui Ă©vite subtilement lâartifice et la maniĂ©risme grĂące Ă la justesse et la profondeur de son Ă©criture. MĂȘme au coeur de la douleur, la musique souveraine selon Puccini, se doit dâĂȘtre caressante, dâune ineffable gravitĂ© poĂ©tique.
En direct au Cinéma le mercredi 10 juin à 20h15
LA BOHEME (1896) de Giacomo Puccini âšAvec Anna Netrebko, Lucas Maechem, Joseph Calleja – direction : Dan Ettinger. OpĂ©ra en Italien sous-titrĂ© en français – 2h50 avec deux entractes. A lâaffiche du Royal Opera House de Londres jusquâau 16 juillet 2015. Aucun doute, l’argument principal de cette reprise londonienne reste la Mimi de la soprano austro russe Anna Netrebko qui en juillet est donc puccinienne, avant de reprendre en aoĂ»t suivant (8-17 aoĂ»t 2015) Ă Salzbourg le rĂŽle qui lui a valu une nouvelle gloire planĂ©taire, Leonora du TrouvĂšre de Verdi. Depuis sa Donna Anna en 2002 Ă Sazlbourg qui l’avait rĂ©vĂ©lĂ©e, Anna Netrebko cumule les paris risquĂ©s mais assumĂ©s : rĂ©cemment, aprĂšs sa Leonora, Lady Macbeth et Iolanta de Tchaikovski.
A lâorigine, La BohĂšme Ă©voque les amours tragiques et tendres de la couturiĂšre Mimi et du poĂšte Rodolphe dans le Paris des annĂ©es 1830. Au CafĂ© Momus, Ă la barriĂšre dâenfer sous la neige, lâaction de La BohĂšme est une page spectaculaire, sentimentale et atmosphĂ©rique du Paris romantique rĂȘvĂ©, celui dĂ©crit par le roman de Burger (ScĂšnes de la vie de BohĂšme). Mimi et Rodolfo comme Musetta et Marcello, leurs comparses, vivent lâexpĂ©rience amoureuse, sa fragilitĂ© (ils se sĂ©parent mais ne peuvent cesser de sâaimer), son Ă©ternitĂ© (leurs duos dâamour sont les plus beaux de tout le rĂ©pertoire romantique italien)âŠ
Synopsis
ACTE I : Le soir de NoĂ«l, Ă Paris, au Quartier Latin. Sous leur mansarde gelĂ©e, quatre amis Rodolfo le poĂšte, Marcello le peintre, Schaunard le musicien et Colline le philosophe tentent de se rĂ©chauffer. Ils expĂ©dient leur bailleur venu rĂ©colter son loyer et sortent rĂ©veillonner sauf Rodolfo tout Ă ses Ă©critures. Frappe Ă sa porte la pauvre voisine, Mimi qui nâa plus dâallumettes pour sa bougie.Mais elle a perdu sa clĂ© et lorsque leurs deux bougies sâĂ©teignent, dans le noir leurs mains se croisent et fous dâamour, ils sâembrassent.
ACTE II : Au CafĂ© Momus, Mimi et Rodolfo retrouvent Marcello. Musetta paraĂźt : câest lâancienne copine de Marcello, Ă prĂ©sent flanquĂ© dâun nouveau protecteur, le riche et vieux Alcindoro. Chacun Ă des tables sĂ©parĂ©es dĂźne. Musetta entend rendre jaloux Marcello quâelle veut reconquĂ©rir : le stratagĂšme fonctionne et tous soupent Ă la barbe du vieillard qui doit payer la note.
ACTE III : Petit matin, prĂšs de la BarriĂšre dâEnfer, aux portes de Paris enneigĂ©. Mimi raconte Ă Marcello que Rodolfo lâa quittĂ©e. Mais en rĂ©alitĂ© ce dernier misĂ©reux, en peut payer les soins de la maladie de Mimi : il prĂ©fĂšre se mettre Ă lâĂ©cart et prendre Ă riche protecteur⊠Mais les deux amants se retrouvent, reportent leur sĂ©paration au printemps alors que Marcello et Musetta se disputent.
ACTE IV : Retour Ă la mansarde du premier acte. A lâarrivĂ©e du printemps, Marcello et Rodolfo songent Ă leurs amours perdues. Colline et Schaunard apportent un dĂ©jeuner frugal que les quatre amis masquent en festin. Musetta leur annonce que Mimi a quittĂ© son riche protecteur. Elle est trĂšs gravement malade. Rodolfo sâapproche de la condamnĂ©e : les amants Ă©voquent les mois de bonheur passĂ©s : Mimi meurt dans les bras de Rodolfo qui dit son nom deux fois. Rideau.
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Paris, TCE. RĂ©cital Anna Netrebko, dimanche 10 mai 2015, 20h. Strauss : les quatre derniers lieder . Certes, Daniele Gatti dirige l’ouverture de BĂ©atrice et BĂ©nĂ©dicte de Berlioz et la Suite pour orchestre de RomĂ©o et Juliette de Prokofiev, mais gageons les spectateurs venus dans la salle parisienne, auront Ă cĆur d’Ă©couter le timbre Ă la fois cristallin, blessĂ© et si sensuel de la pulpeuse diva austro russe Anna Netrebko, ailleurs, icĂŽne de Salzbourg (avec la non moins glamour Elina Garança). A Paris, Anna Netrebko ose tout et poursuit un choix qui l’a rĂ©cemment exposĂ©e, rĂ©vĂ©lant certes des faiblesses indiscutables, mais passion vocale parfois dĂ©raisonnable, soulignant aussi un sincĂ©ritĂ© Ă©blouissante ; Ă dĂ©faut de possĂ©der les moyens pour chanter les quatre derniers lieder de Strauss, Anna Netrebko apporte un miel tragique, un Ă©clairage intĂ©rieur que celles qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ© n’avaient pas.
Leonora du TrouvĂšre, furieuse et battante Lady Macbeth du mĂȘme Verdi au Met en octobre 2014, Anna Netrebko poursuit son amour du risque avec une Norma de Bellini annoncĂ©e pour lâouverture de la saison 2017-2018 du Metropolitan Opera⊠Pas vraiment belcantiste comme ont pu lâĂȘtre Callas, puis Sutherland ou CaballĂ©, Anna Netrebko nâen partage pas moins le goĂ»t des dĂ©fis de ses ainĂ©es. Elle a su affirmer ainsi une Ă©blouissante Elvira dans I Puritani, il y a dĂ©jĂ sept ans (dĂ©jĂ au Met en 2007). Son Bellini comme souvent chez elle, touche par son timbre corsĂ©, ses aigus diamantins et mĂ©tallisĂ©s, surtout en dĂ©pit dâune coloratoure parfois fastidieuse cĂŽtĂ© agilitĂ© et une justesse pas sĂ»re, une sincĂ©ritĂ© de ton qui saisit par son angĂ©lisme hyper fĂ©minin, plutĂŽt trĂšs incarnĂ© (une couleur charnelle qui fait la valeur de sa Manon puccinienne)âŠ
Paris, TCE. Récital Anna Netrebko
Dimanche 10 mai 2015, 20h.
Strauss : les Quatre derniers lieder
Voici en dĂ©tail, notre compte rendu critique de l’enregistrement des Quatre derniers lieder (1948) par Anna Netrebko paru chez Deutsche Grammophon en novembre 2014 :
Erreur de parcours ou risque sauvé par sa sincérité ?
Les moins indulgents ayant en mĂ©moire Te Kanawa avec Solti, Jessye Norman avec Haitink, Tomowa-Sintow avec le dernier Karajan (orchestralement ciselĂ©), sans omettre la Schwarzkopf diront de cette embardĂ©e discutable. .. mais que fait Anna Netrebko dans cette galĂšre ? Car vocalement celle qui depuis fin 2013 et tout au long de 2014 jusque lĂ avait rĂ©ussi toutes ses prises de rĂŽles surtout verdiennes (Leonora du Trouvere Ă Berlin et Salzbourg, puis Lady Macbeth au MĂ©tropolitain opĂ©ra de New York), prend des risques non prĂ©parĂ©s dont elle paie ici coĂ»tant le manque de rĂ©flexion. .. De toute Ă©vidence, Strauss ne convient pas Ă sa voix: aigus tendus, legato en dĂ©faut, phrasĂ© improbable…. c’est constamment sur un fil mal assurĂ© que la diva exprime les climats poĂ©tiques de chaque lied avec logiquement des incongruitĂ©s bien peu acceptables, surtout dans le premier lied.
1 – Le premier des lieder pour voix et orchestre de Strauss, FrĂŒhling (seul “allegretto” quand les trois suivants sont des andante), met en difficultĂ© la ligne des aigus pas toujours trĂšs stable, auxquels s’ajoute une justesse alĂ©atoire. Mais sa fragilitĂ© et ce timbre incandescent, corsĂ©, mĂ©talisant et en mĂȘme temps si charnel, rend son incarnation rĂ©ellement Ă©mouvante, attachante mĂȘme d’une sincĂ©ritĂ© qui ne peut ĂȘtre mise en doute. Les puristes dĂ©nonceront une erreur de la part de la diva : n’est pas Schwarzkopf ou surtout Norman qui veut. Car ici la soprano est certainement et spĂ©cifiquement dans le premier des quatre lieder, la plus exposĂ©e et vraiment en difficultĂ©.
2 – Les choses s’arrangent nettement dans le lied suivant September oĂč la voix mieux prĂ©servĂ©e s’affirme naturellement, plus proche du texte ; grĂące Ă une intĂ©rioritĂ© de ton parfaite d’une humanitĂ© raffinĂ©e et une fragilitĂ© bouleversante. Barenboim feutrĂ© millimĂ©trĂ© s’accorde idĂ©alement au volume sonore de la soliste en un flamboiement nocturne irrĂ©sistible. L’art du chef se rĂ©vĂšle ici dans toute sa riche palette hagogique.
3 – Dans “Beim Schlafengehen” (l’heure du sommeil) , relevons surtout, -confirmation de cette bonification progressive en cours de programme et donc au moment de l’Ă©coute-, la fragile et dĂ©licate sensibilitĂ© luminescente de la soprano dans le rĂ©citatif d’ouverture auquel succĂšde le violon solo qui mĂšne vers la cristallisation enivrĂ©e… Ă la ligne vocale contrĂŽlĂ©e de la voix rĂ©pond le souffle d’un Barenboim trĂšs murmurĂ©. LĂ encore comme une signature, la beautĂ© des aigus corsĂ©s, fins, mieux tenus quand ils sont justes et intenses comme ici, convainquent absolument. Cependant parfois le manque d’ampleur et de souffle, comme l’engagement un peu sage comparĂ© Ă Jessye Norman ou pas assez fouillĂ© sur le plan des dynamiques et des nuances linguistiques comparĂ© Ă Fleming ou Schwarzkopf, moderent globalement notre enthousiasme.
4 – Dans l’ultime lied : Im Abdendrot (Au crĂ©puscule : tout un symbole pour l’auteur arrivĂ© Ă la fin de sa vie, laissant ici, aprĂšs le choc de la guerre, son testament musical en 1948), l’Ă©trange dĂ©flagration initiale qui ressemble Ă un pĂ©tard incontrĂŽlĂ© trop lourd au dĂ©but surprend de la part de l’orchestre jusque lĂ ciselĂ©… ensuite sur le plan vocal, il faut du souffle et une brillance intĂ©rieure Ă toute Ă©preuve pour rĂ©aliser ce crĂ©pitement crĂ©pusculaire surtout chambriste qui se fait adieu au monde et renoncement gĂ©nĂ©ral ultime dans l’esprit des Metamorphosen. Fort heureusement la diva sait dĂ©ployer une maestria superlative car le tapis instrumental que l’orchestre sait ciseler Ă ses pieds, offre un soutien et un cadre idĂ©al. La soprano qui trouve ici des couleurs et des intonations calibrĂ©s au diapason du chambrisme visionnaire de l’orchestre rĂ©ellement en Ă©tat de grĂące, est mieux nuancĂ©e et de plus en plus introspective. Voix et instruments s’accordent idĂ©alement dans une fin Ă©nigmatique finalement vraiment sidĂ©rante. Le parcours que la diva rĂ©alise ici malgrĂ© ses imperfections de dĂ©part laisse admiratifs par la sincĂ©ritĂ© du ton et des aigus d’une rĂ©elle beautĂ©. C’est un disque d’abord dĂ©cevant (d’une Ă©coute trop rapide et superficielle) mais en cours d’audition, Netrebko en complicitĂ© avec Barenboim (les deux ont rĂ©alisĂ© sa prise de rĂŽle Ă Berlin pour sa Leonora du TrouvĂšre) s’impose par sa fragilitĂ© ; c’est d’autant plus mĂ©ritant que la discographie comprends des productions nombreuses et tout aussi lĂ©gendaires.
Richard Strauss : Quatre derniers lieder. Une vie de héros. Anna Netrebko, soprano. Staatskapelle Berlin. Daniel Barenboim, direction. 1 cd Deutsche Grammophon
Paris, TCE. RĂ©cital Anna Netrebko, dimanche 10 mai 2015, 20h. Strauss : les quatre derniers lieder . Certes, Daniele Gatti dirige l’ouverture de BĂ©atrice et BĂ©nĂ©dicte de Berlioz et la Suite pour orchestre de RomĂ©o et Juliette de Prokofiev, mais gageons les spectateurs venus dans la salle parisienne, auront Ă cĆur d’Ă©couter le timbre Ă la fois cristallin, blessĂ© et si sensuel de la pulpeuse diva austro russe Anna Netrebko, ailleurs, icĂŽne de Salzbourg (avec la non moins glamour Elina Garança). A Paris, Anna Netrebko ose tout et poursuit un choix qui l’a rĂ©cemment exposĂ©e, rĂ©vĂ©lant certes des faiblesses indiscutables, mais passion vocale parfois dĂ©raisonnable, soulignant aussi un sincĂ©ritĂ© Ă©blouissante ; Ă dĂ©faut de possĂ©der les moyens pour chanter les quatre derniers lieder de Strauss, Anna Netrebko apporte un miel tragique, un Ă©clairage intĂ©rieur que celles qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ© n’avaient pas.
Leonora du TrouvĂšre, furieuse et battante Lady Macbeth du mĂȘme Verdi au Met en octobre 2014, Anna Netrebko poursuit son amour du risque avec une Norma de Bellini annoncĂ©e pour lâouverture de la saison 2017-2018 du Metropolitan Opera⊠Pas vraiment belcantiste comme ont pu lâĂȘtre Callas, puis Sutherland ou CaballĂ©, Anna Netrebko nâen partage pas moins le goĂ»t des dĂ©fis de ses ainĂ©es. Elle a su affirmer ainsi une Ă©blouissante Elvira dans I Puritani, il y a dĂ©jĂ sept ans (dĂ©jĂ au Met en 2007). Son Bellini comme souvent chez elle, touche par son timbre corsĂ©, ses aigus diamantins et mĂ©tallisĂ©s, surtout en dĂ©pit dâune coloratoure parfois fastidieuse cĂŽtĂ© agilitĂ© et une justesse pas sĂ»re, une sincĂ©ritĂ© de ton qui saisit par son angĂ©lisme hyper fĂ©minin, plutĂŽt trĂšs incarnĂ© (une couleur charnelle qui fait la valeur de sa Manon puccinienne)âŠ
Paris, TCE. Récital Anna Netrebko
Dimanche 10 mai 2015, 20h.
Strauss : les quatre derniers lieder
Voici en dĂ©tail, notre compte rendu critique de l’enregistrement des Quatre derniers lieder (1948) par Anna Netrebko paru chez Deutsche Grammophon en novembre 2014 :
Erreur de parcours ou risque sauvé par sa sincérité ?
Les moins indulgents ayant en mĂ©moire Te Kanawa avec Solti, Jessye Norman avec Haitink, Tomowa-Sintow avec le dernier Karajan (orchestralement ciselĂ©), sans omettre la Schwarzkopf diront de cette embardĂ©e discutable. .. mais que fait Anna Netrebko dans cette galĂšre ? Car vocalement celle qui depuis fin 2013 et tout au long de 2014 jusque lĂ avait rĂ©ussi toutes ses prises de rĂŽles surtout verdiennes (Leonora du Trouvere Ă Berlin et Salzbourg, puis Lady Macbeth au MĂ©tropolitain opĂ©ra de New York), prend des risques non prĂ©parĂ©s dont elle paie ici coĂ»tant le manque de rĂ©flexion. .. De toute Ă©vidence, Strauss ne convient pas Ă sa voix: aigus tendus, legato en dĂ©faut, phrasĂ© improbable…. c’est constamment sur un fil mal assurĂ© que la diva exprime les climats poĂ©tiques de chaque lied avec logiquement des incongruitĂ©s bien peu acceptables, surtout dans le premier lied.
1 – Le premier des lieder pour voix et orchestre de Strauss, FrĂŒhling (seul “allegretto” quand les trois suivants sont des andante), met en difficultĂ© la ligne des aigus pas toujours trĂšs stable, auxquels s’ajoute une justesse alĂ©atoire. Mais sa fragilitĂ© et ce timbre incandescent, corsĂ©, mĂ©talisant et en mĂȘme temps si charnel, rend son incarnation rĂ©ellement Ă©mouvante, attachante mĂȘme d’une sincĂ©ritĂ© qui ne peut ĂȘtre mise en doute. Les puristes dĂ©nonceront une erreur de la part de la diva : n’est pas Schwarzkopf ou surtout Norman qui veut. Car ici la soprano est certainement et spĂ©cifiquement dans le premier des quatre lieder, la plus exposĂ©e et vraiment en difficultĂ©.
2 – Les choses s’arrangent nettement dans le lied suivant September oĂč la voix mieux prĂ©servĂ©e s’affirme naturellement, plus proche du texte ; grĂące Ă Â une intĂ©rioritĂ© de ton parfaite d’une humanitĂ© raffinĂ©e et une fragilitĂ© bouleversante. Barenboim feutrĂ© millimĂ©trĂ© s’accorde idĂ©alement au volume sonore de la soliste en un flamboiement nocturne irrĂ©sistible. L’art du chef se rĂ©vĂšle ici dans toute sa riche palette hagogique.
3 – Dans “Beim Schlafengehen” (l’heure du sommeil) , relevons surtout, -confirmation de cette bonification progressive en cours de programme et donc au moment de l’Ă©coute-, la fragile et dĂ©licate sensibilitĂ© luminescente de la soprano dans le rĂ©citatif d’ouverture auquel succĂšde le violon solo qui mĂšne vers la cristallisation enivrĂ©e… Ă la ligne vocale contrĂŽlĂ©e de la voix rĂ©pond le souffle d’un Barenboim trĂšs murmurĂ©. LĂ encore comme une signature, la beautĂ© des aigus corsĂ©s, fins, mieux tenus quand ils sont justes et intenses comme ici, convainquent absolument. Cependant parfois le manque d’ampleur et de souffle, comme l’engagement un peu sage comparĂ© Ă Jessye Norman ou pas assez fouillĂ© sur le plan des dynamiques et des nuances linguistiques comparĂ© Ă Fleming ou Schwarzkopf, moderent globalement notre enthousiasme.
4 – Dans l’ultime lied : Im Abdendrot (Au crĂ©puscule : tout un symbole pour l’auteur arrivĂ© Ă la fin de sa vie, laissant ici, aprĂšs le choc de la guerre, son testament musical en 1948), l’Ă©trange dĂ©flagration initiale qui ressemble Ă un pĂ©tard incontrĂŽlĂ© trop lourd au dĂ©but surprend de la part de l’orchestre jusque lĂ ciselĂ©… ensuite sur le plan vocal, il faut du souffle et une brillance intĂ©rieure Ă toute Ă©preuve pour rĂ©aliser ce crĂ©pitement crĂ©pusculaire surtout chambriste qui se fait adieu au monde et renoncement gĂ©nĂ©ral ultime dans l’esprit des Metamorphosen. Fort heureusement la diva sait dĂ©ployer une maestria superlative car le tapis instrumental que l’orchestre sait ciseler Ă ses pieds, offre un soutien et un cadre idĂ©al. La soprano qui trouve ici des couleurs et des intonations calibrĂ©s au diapason du chambrisme visionnaire de l’orchestre rĂ©ellement en Ă©tat de grĂące, est mieux nuancĂ©e et de plus en plus introspective. Voix et instruments s’accordent idĂ©alement dans une fin Ă©nigmatique finalement vraiment sidĂ©rante. Le parcours que la diva rĂ©alise ici malgrĂ© ses imperfections de dĂ©part laisse admiratifs par la sincĂ©ritĂ© du ton et des aigus d’une rĂ©elle beautĂ©. C’est un disque d’abord dĂ©cevant (d’une Ă©coute trop rapide et superficielle) mais en cours d’audition, Netrebko en complicitĂ© avec Barenboim (les deux ont rĂ©alisĂ© sa prise de rĂŽle Ă Berlin pour sa Leonora du TrouvĂšre) s’impose par sa fragilitĂ© ; c’est d’autant plus mĂ©ritant que la discographie comprends des productions nombreuses et tout aussi lĂ©gendaires.
Richard Strauss : Quatre derniers lieder. Une vie de héros. Anna Netrebko, soprano. Staatskapelle Berlin. Daniel Barenboim, direction. 1 cd Deutsche Grammophon
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DVD compte rendu critique.  Mozart : Don Giovanni. Schrott, Netrebko, Castronovo⊠(Engelbrock, Baden Baden mai 2013, 2 dvd Sony classical).  Dans la mise en scĂšne intelligente et moderniste de Philipp Himmelmann, ce Don Giovanni captĂ© live en mai 2013 auFestival de Baden Baden dĂ©voile plusieurs attraits non nĂ©gligeables ; lâorchestre sur instruments dâĂ©poque dâabord de Thomas Engelbrock sevrant avec une fine caractĂ©risation chaque climat de la partition de Mozart dont on réécoute avec beaucoup dâintĂ©rĂȘt chaque trouvaille et trait gĂ©nial. La sonoritĂ© sĂ©duisante (cordes Ă lâunisson), lâĂ©quilibre caractĂ©risĂ© des pupitres sâentend dĂšs lâouverture Ă la belle Ă©nergie, nerveuse et dâune gravitas prenante.  Ensuite le cast fournit un autre argument : ex Ă©poux Ă la ville, Anna Netrebko – star Ă Baden Baden et depuis longtemps comme Ă Salzbourg, tĂȘte dâaffiche rĂ©guliĂšre, qui retrouve ainsi le baryton uruguayen Erwin Schrott . Les deux convainquent absolument chacun dans leur emploi : en nuisette rose, Anna, ardente, habitĂ©e, vraie nature tragique, cisĂšle chaque couleur de chaque situation comme si elle jouait sa vie, avec petites limites cependant, une attention pas toujours aussi raffinĂ©e Ă lâarticulation du verbe, et parfois comme on lâa vu rĂ©cemment dans un Strauss risquĂ©, une ligne en perte de justesse. Mais par ailleurs quelle intensitĂ© sensible ! Sorte de maffieux Ă la lame facile, Erwin Schrott animal cynique et sĂ©ducteur faussement amusĂ©, semble agir comme un fĂ©lin calculateur, tirant profit de tout : lâaisance du jeu scĂ©nique et vocal sĂ©duisent. A leurs cĂŽtĂ©s, le Leporello de Pisaroni sâemballe et trĂ©pigne comme une vraie nature dramatique, sans forcer : idem pour lâOttavio de Castronovo, toujours Ă©gal et naturellement ardent : il incarne cet embrasement progressif que le fiancĂ© de Anna Ă©prouve avec son aimĂ©e aux cĂŽtĂ©s du provocateur infĂąme… Moins convaincante Ă force dâhystĂ©rie dans le jeu, lâElvire de Ernman (le maillon faible de la distribution avec la Zerlina sans charmeâŠ).
Baden Baden a le chic de réunir un plateau digne de Salzbourg. Ne réfrénons donc pas notre plaisir face à cette production trÚs séduisante.
Mozart : Don Giovanni. Erwin Schrott, Anna Netrebko, Charles Castronovo, Malena Ernman, Luca Pisaroni, Balthasar-Neumann-Chor & Ensemble. Thomas Hengelbrock, direction. 2 dvd Sony classical 88843040109. Festival de Baden Baden, live de mai 2013. Illustration : Erwin Schrott (DR)
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New York, MET. Tchaikovski : Anna Netrebko chante Iolanta. Qu’on le veuille ou non, le marketing des stars d’aujourd’hui est remarquablement planifiĂ© : au moment oĂč DG publie en cd sa Iolanta captĂ©e sur le vif en 2014, Anna Netrebko reprend le rĂŽle sur les planches new yorkaises en janvier et fĂ©vrier (avec une retransmisision dans les salles de cinĂ©ma annoncĂ©e le 14 fĂ©vrier 2015)… Remarquable incarnation pour la diva qui ne cesse de remporter ses nouveaux paris sur la scĂšne lyrique…  Pour la saison 1891-1892, les Théùtres ImpĂ©riaux commandent 2 nouvelles Ćuvres Ă TchaĂŻkovski : un opĂ©ra, qui est son 10Ăšme et dernier ouvrage lyrique, Iolanta et le lĂ©gendaire ballet, Casse-Noisette. Les deux partitions portant la marque du dernier TchaĂŻkovski : un sentiment irrĂ©pressiblement tragique sâaccompagne dâune orchestration particuliĂšrement raffinĂ©e. Iolanta mĂȘle histoire et fĂ©erie : le compositeur aborde comme un conte de fĂ©e lâhistoire mĂ©diĂ©vale française (Ă la Cour du Roi RenĂ© de Provence) oĂč Iolanta est une princesse aveugle qui apprend lâamour.
De lâenfance Ă lâĂąge adulte : une renaissance
LâhĂ©roĂŻne rĂ©alise sa propre Ă©mancipation en osant se dĂ©tacher symboliquement du pĂšre (qui la tient enfermĂ©e et entretient sa cĂ©citĂ©). Lâaction suit la lente renaissance dâune Ăąme qui dĂ©couvre enfin la vraie vie ; câest Ă dire comment elle rĂ©ussit son passage de lâenfance Ă la maturitĂ© dâune adulte. De fille sĂ©questrĂ©e, infantilisĂ©e, elle devient femme dĂ©sirable et conquise⊠A la suite de Tatiana dâEugĂšne OnĂ©guine, Iolanta doit dâabord prendre conscience de sa cĂ©citĂ© avant de trouver son identitĂ©, diriger son destin, devenir elle-mĂȘme. La qualitĂ© et la richesse des mĂ©lodies qui se succĂšdent intensifient le drame, conçu en un seul acte sur le livret du frĂšre de Piotr Illiych, Modeste. Lâouverture et la mise en avant des instruments Ă vents (chant plaintif et vĂ©nĂ©neux, presque Ă©nigmatique du hautbois et du cor anglais, accompagnĂ© par les bassons et les corsâŠ), cette aspiration Ă©chevelĂ©e aux couleurs et rĂ©sonances de lâĂ©trange rĂ©alisant une immersion dans un monde fĂ©erique et fantastique mais intensĂ©ment psychologique (lâouverture a Ă©tĂ© trĂšs critiquĂ©e par Rimsky), la figure du docteur maure Ebn Hakia (baryton), rare incursion dâun orientalisme concĂ©dĂ© (beaucoup plus flamboyant chez les autres compositeurs russes comme Rimsky), la concentration de la musique sur la vie intĂ©rieure des protagonistes, lâabsence des chĆurs, tout lâitinĂ©raire de la jeune fille aux rĂ©sonances psychanalytiques, des tĂ©nĂšbres Ă lâĂ©blouissement positif final-, fondent lâoriginalitĂ© du dernier opĂ©ra de TchaĂŻkovski : comme lâexpĂ©rience dâun passage, de lâenfance aveugle Ă lâĂąge adulte (pleinement conscient), Iolanta est un huis clos oĂč sâexprime le mouvement de la psychĂ© dâune jeune femme Ă lâesprit ardent, tenue (par son pĂšre le roi RenĂ©) Ă lâĂ©cart du monde.
AprĂšs la mort de TchaĂŻkovski (1893), Mahler assure la crĂ©ation allemande de Iolanta (Hambourg). Lâoeuvre plus applaudie que Casse Noisette Ă sa crĂ©ation russe (Saint-PĂ©tersbourg en 1892), traverse lâoublie jusquâen 1940 quand la cantatrice russe Galina VichnievskaĂŻa, affirme et la figure captivante du personnage dâIolanta, et la magie symphonique dâun opĂ©ra Ă redĂ©couvrir. Car tout TchaĂŻkovski et le meilleur de son inspiration se concentrent dans Iolanta, vĂ©ritable miniature psychologique. Et fait rare chez le compositeur de la Symphonie « tragique », le drame se finit bien.
L’INTRIGUE de Iolanta . LâOpĂ©ra Iolanta est en un acte et 9 tableaux. Alors que le Roi RenĂ© tient Ă lâĂ©cart du monde, sa propre fille Iolanta, aveugle, absente Ă sa propre infirmitĂ©, le mĂ©decin maure Ebn Hakia (baryton) annonce que la jeune princesse doit prendre conscience de son handicap pour sâen dĂ©tacher et peut-ĂȘtre en guĂ©rirâŠle Roi trop possessif demeure indĂ©cis mais le comte VaudĂ©mont (tĂ©nor), tombĂ© amoureux de Iolanta, lui apprend la lumiĂšre et lâamour : Iolanta, consciente dĂ©sormais de ce quâelle est, peut dĂ©couvrir le monde et vivre sa vie. La jeune femme tenue cloĂźtrĂ©e, fait lâexpĂ©rience de la maturitĂ© : en se dĂ©tachant du joug paternel, elle sâĂ©mancipe enfin.
synopsis de lâacte acte unique
1. Dans le verger du Palais oĂč elle est tenue Ă lâĂ©cart du monde et des hommes, la fille du Roi RenĂ©,Iolanta, se dĂ©sespĂšre sâinterroge : sa nourrice Martha dissimule une terrible vĂ©ritĂ© : elle est aveugle mais ne doit pas comprendre la nature de son handicap. Pourtant Iolanta a le sentiment que pour vivre il faut souffrir. Ses compagnes lui chantent une berceuse pour la rassurer.
2. Survient le Roi RenĂ© et le mĂ©decin maure Ebn Hakia : son diagnostic est clair : pour que Iolanta dĂ©passe sa cĂ©citĂ©, il faut quâelle en prenne conscience afin de vouloir en guĂ©rir. Le Roi, coupable, hĂ©site.
3. Le duc Robert de Bourgogne et le chevalier VaudĂ©mont arrivent dans le parc du Palais. VaudĂ©mont tombe immĂ©diatement amoureux de la princesse Iolanta quand il la voit. Il lui demande par deux fois une rose rouge mais elle lui tend une rose blancheâŠil comprend quâelle est aveugle. VaudĂ©mont parle alors Ă Iolanta de lumiĂšre et lâinvite Ă dĂ©couvrir le monde Ă ses cĂŽtĂ©sâŠ
4. Pour stimuler sa fille sur la voie de la guĂ©rison , le Roi RenĂ© annonce quâil exĂ©cutera VaudĂ©mont si le traitement du mĂ©decin Ebn Hakia Ă©choue. Iolanta, pour sauver son fiancĂ©, se dĂ©clare prĂȘte Ă tout : elle suit le docteur maure.
5. Quand Ebn Hakia ĂŽte la bandeau qui protĂ©geait les yeux de Iolanta, la princesse peut dĂ©sormais voir toutes les merveilles du monde et vivre son amour. Le Roi bĂ©nit lâunion de Iolanta et de VaudĂ©mont : tous chantent la gloire divine qui a permis un tel prodige.
La Iolanta d’Anna Netrebko
scÚne, cinéma, cd
Anna Netrebko chante en janvier 2015, Iolanta de Tchaikovski sur les planches du Metropolitan Opera de New York : 26, 29 janvier puis 3,7,10,14,18, 21 février 2015, 20h . Sous la direction de avec Piotr Beczala (Vaudémont)⊠Oeuvre couplée avec Le Chateau de Barbe Bleue de Bartok (avec Nadja Michael). Les deux opéras sont mis en scÚne par Mariusz Trelinski, sous la direction musicale de Valery Gergiev.
CINEMA . Iolanta et Le Chùteau de Barbe-Bleue. Retransmission dans les salles de cinéma, le 14 février 2015 , en direct du Metropolitan Opera de New York
Anna Netrebko reprend le rĂŽle dâIolanta Ă lâOpĂ©ra de Monte-Carlo , en version de concert, dimanche 21 juin 2015, 11h, Ă©galement sous la direction dâEmmanuel Villaume . LIRE la critique complĂšte de lâopĂ©ra Iolanta par Anna Netrebko ci dessous.
CD. SimultanĂ©ment Ă ses reprĂ©sentations new yorkaises (janvier et fĂ©vrier 2015), Deutsche Grammophon publie lâopĂ©ra oĂč rayonne le timbre embrasĂ©, charnel et angĂ©lique dâAnna Netrebko, assurĂ©ment avantagĂ©e par une langue quâelle parle depuis lâenfance. Nuances, richesse dynamique, finesse de lâarticulation, intonation juste et intĂ©rieure, celle dâune jeune Ăąme ardente et implorante, pourtant pleine de dĂ©termination et passionnĂ©e, la diva austro-russe marque Ă©videment lâinterprĂ©tation du rĂŽle de Iolanta : elle exprime chaque facette psychologique dâun personnage dâune constante sensibilitĂ©. De quoi favoriser la nouvelle estimation dâun opĂ©ra, le dernier de TchaĂŻkovski, trop rarement jouĂ©. En jouant sur lâimbrication trĂšs raffinĂ©e de la voix de la soliste et des instruments surtout bois et vents (clarinette, hautbois, basson) et vents (cors), TchaĂŻkovski excelle dans lâexpression profondes des aspirations secrĂštes dâune Ăąme sensible, fragile, dĂ©terminĂ©e : un profil dâhĂ©roĂŻne idĂ©al, qui rĂ©pond totalement au caractĂšre radical du compositeur. Toute la musique de TchaĂŻkovski (52 ans) exprime la volontĂ© de se dĂ©faire dâun secret, de rompre une malĂ©diction⊠La voix corsĂ©e, intensĂ©ment colorĂ©e de la soprano, la richesse de ses harmoniques offrent lâĂ©paisseur au rĂŽle-titre, ses aspirations dĂ©sirantes : un personnage conçu pour elle. VoilĂ qui renoue avec la rĂ©ussite pleine et entiĂšre de ses rĂ©centes prises de rĂŽles verdiennes (Leonora du trouvĂšre, Lady Macbeth) et fait oublier son erreur straussienne (Quatre derniers lieder de Richard Strauss).
Saluons dans cette lecture captĂ©e en direct en version de concert, lâaimantation progressive des deux Ăąmes qui se rencontrent (Iolanta / VaudĂ©mont), se reconnaissent, se parlent sans mensonge : romance dâIolanta (cd1 plage 15) Ă laquelle succĂšde en un entrelac flamboyant, la rĂ©ponse amoureuse, comme envoĂ»tĂ© de VaudĂ©mont prĂȘt Ă la sauver dâelle mĂȘme (surtout du joug paternel qui lâenferme). Cordes et harpes affirment le vĆu et le serment qui les unissent dĂ©sormais. En un duo qui sâavĂ©rait impossible dans le dĂ©roulement dâEugĂšne OnĂ©guine, malgrĂ© la confession courageuse (dans sa lettre enflammĂ©e) de Tatiana, ici triomphent Ă lâinverse, deux amours retrouvĂ©s, deux Ă©nergies qui sâexaltent lâune lâautre en un chant double triomphant dâune ivresse Ă©perdue. Quand on sait le poison et le poids du secret comme de la malĂ©diction si tenace dans les autres ouvrages de Piotr Illiytch, le dĂ©roulement dramatique de Iolanta fait exception : la jeune femme rĂ©ussit sa traversĂ©e, son rite, son passage symbolique, des tĂ©nĂšbres infantiles Ă la maturitĂ© lumineuse.
CĂŽtĂ© orchestre, rien Ă dire au travail d’Emmanuel Villaume : le superbe prĂ©lude oĂč rayonne le lugubre Ă©chevelĂ© des bois protagonistes Ă©tonnament cuivrĂ©s : cor anglais, hautbois, bassons en une ronde mordante et inquiĂ©tantes, propre au TchaIkovski le mieux efficace dramatiquement, s’impose. Puis c’est l’Ă©blouissement, la mĂ©tamorphose comme dans ThaĂŻs de Massenet, Ă l’identique du sens de la fameuse MĂ©ditation pour le violon solo, ici la harpe et les cordes disent soudainement l’enchantement aprĂšs la vision recouvrĂ©e de l’hĂ©roĂŻne. L’enfant aveugle et cloĂźtrĂ© est devenu femme amoureuse, dĂ©sirante et curieuse. C’est dĂ©pouillĂ© et intense Ă la fois, soulignant comme une scĂšne théùtrale le relief incandescent du verbe : la jeune femme aveugle, ardente et curieuse exprime un dĂ©sir et une langueur indĂ©finissable. Le velours du timbre d’Anna Netrebko Ă©blouit dĂšs le dĂ©but : ce rĂŽle lui va comme un gant. Le chant n’est pas que sensuel et hallucinĂ© : il exprime une personnalitĂ© que Tchaikovski a ciselĂ© comme sa Tatiana d’EugĂšne OnĂ©guine. Mais Ă la diffĂ©rence de Tatiana qui demeure toujours dans la frustration et le contrĂŽle absolu, Iolanta offre une course diffĂ©rente, la figure d’un dĂ©voilement progressif, un accomplissement de nature miraculeuse. Netrebko incarne chaque facette de la personnalitĂ© de Iolanta avec une sensibilitĂ© irrĂ©sistible.
L’interprĂ©tation de la diva convainc de bout en bout… D’abord dans le tableau fĂ©minin, d’ouverture, celui de Iolanta et de sa suite : la langueur dĂ©munie, rĂȘveuse mais insatisfaite d’Ăąmes cloĂźtrĂ©es se prĂ©cise. Puis, introduit par une fanfare de cor noble vagement cynĂ©gĂ©tique, paraissent les hommes ; ainsi s’accomplit la rencontre de Iolanta avec celui qui va la sauver VaudĂ©mont (Sergey Skorokhodov), grĂące auquel la princesse aveugle osant affronter le risque et l’inconnu, se dĂ©fait seule de l’aveuglement qui la contraint depuis sa naissance… Le rĂŽle du mĂ©decin est lui aussi parfaitement tenu. Aucune faute de distribution en gĂ©nĂ©ral sauf pour la basse Vitalij Kowaljow qui fait un Roi RenĂ© un rien droit, placide et Ă©pais sans guĂšre de trouble… quand le reste de la distribution exprime l’exaltation de chaque tempĂ©rament brossĂ© par Tchaikovski. Le nerf de l’orchestre, une Netrebko plus ardente et fĂ©minine que jamais font la rĂ©ussite de cette superbe lecture du dernier opus lyrique de Tchaikovsky.
CD, compte rendu critique. Tchaikovsky : Iolanta. Anna Netrebko , Sergey Skorokhodov, Alexey Markov, Vitalij Kowaljow. Slovenian Chamber Choir, Slovenian Philharmonic Orchestra. Emmanuel Villaume, direction. 2 cd DG Deutsche Grammophon
0289 479 3969 6. Enregistrement. Le disque est publié le 27 janvier 2015.
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Vienne, OpĂ©ra (Staatsoper) : Anna Netrebko chante Anna Bolena, les 10,13,17, 20 avril 2015. Depuis 2011 sur la scĂšne du Metropolitan Opera de New York et aussi Ă lâOpĂ©ra de Vienne la mĂȘme annĂ©e, Anna Netrebko a fait sien le personnage digne et sacrifiĂ© dâAnna Bolena (Anne Boleyn), lâĂ©pouse autant adulĂ©e que finalement humiliĂ©e par Henry VIII. Bel cantiste et actrice nĂ©e, voire tragĂ©dienne dâune expressivitĂ© mordante, Maria Callas assure en 1957, la rĂ©surrection dâAnna Bolena (Ă La Scala de Milan et dans la mise en scĂšne de son mentor Visconti), un ouvrage qui Ă©tait tombĂ© dans lâoubli aussitĂŽt aprĂšs sa crĂ©ation en 1830. A sa suite, en 2011, sur les planches new yorkaises, Anna Netrebko rĂ©active la magie Bolena et affirme une prestance aussi convaincante que celle de son aĂźnĂ©e lĂ©gendaire. Quatre annĂ©es aprĂšs sa prise de rĂŽle, la reine Anna rĂ©pĂštera-t-elle en avril 2015, son succĂšs premier ?
Sur le livret de Felice Romani, lâopĂ©ra Anna Bolena est créé au Teatro Carcano Ă Milan, en dĂ©cembre 1830. Lâoeuvre, en deux actes et six tableaux, remporte un succĂšs honorable. A Londres en 1536, lâĂ©pouse dâHenry VIII, Anna Bolena Ă©choue Ă donner un hĂ©ritier mĂąle au souverain caractĂ©riel. Certaine de sa mort inĂ©luctable, Anna se laisse prendre dans le filet tendu par son Ă©poux, dâune perversitĂ© rare, prĂȘt Ă tout pour dĂ©sormais favoriser sa nouvelle compagne, Giovanna (Jane Seymour) : il accuse la Reine Anne dâadultĂšre, profitant de la prĂ©sence de son ancien fiancĂ© Lord Richard Percy Ă la Cour de Londres. La machine d’Ă©tat entraĂźne avec elle Anna sans autre alternative que la mort par dĂ©capitation, pour la Reine et son “amant”…
Cette production (avec une distribution diffĂ©rente) est retransmise au cinĂ©ma les 21 et 28 mai 2015 dans le cadre du programme de Viva l’OpĂ©ra
LIRE la critique complĂšte du DVD Anna Bolena de Donizetti avec Anna Netrebko (Anna Bolena) et Elina Garanca (Giovanna Seymour) (Vienne, 2011)
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OpĂ©ra. Janvier, juin 2015. Tchaikovski : Anna Netrebko chante Iolanta . Pour la saison 1891-1892, les Théùtres ImpĂ©rieux commandent 2 nouvelles Ćuvres Ă TchaĂŻkovski : un opĂ©ra son 10Ăšme et dernier, Iolanta et le lĂ©gendaire ballet, Casse-Noisette. Les deux partitions portant la marque du dernier TchaĂŻkovski : un sentiment irrĂ©pressiblement tragique sâaccompagne dâune orchestration particuliĂšrement raffinĂ©e. Iolanta mĂȘle histoire et fĂ©erie : le compositeur aborde comme un conte de fĂ©e lâhistoire mĂ©diĂ©vale française (Ă la Cour du Roi RenĂ© de Provence) oĂč Iolanta est une princesse aveugle qui apprend lâamour. A la suite de Tatiana dâEugĂšne OnĂ©guine, Iolanta doit dâabord prendre conscience de sa cĂ©citĂ© avant de trouver son identitĂ©, diriger son destin, devenir elle-mĂȘme. La qualitĂ© et la richesse des mĂ©lodies qui se succĂšdent intensifient le drame, conçu en un seul acte sur le livret du frĂšre de Piotr Illiych, Modeste. Lâouverture et la mise en avant des instruments Ă vents (chant plaintif et vĂ©nĂ©neux, presque Ă©nigmatique du hautbois, accompagnĂ© par les bassons et les corsâŠ), cette aspiration Ă©chevelĂ©e aux couleurs et rĂ©sonances de lâĂ©trange rĂ©alisant une immersion dans un monde fĂ©erique et fantastique (lâouverture a Ă©tĂ© trĂšs critiquĂ©e par Rimsky), la figure du docteur maure Ebn Hakia (baryton), rare incursion dâun orientalisme concĂ©dĂ© (beaucoup plus flamboyant chez les autres compositeurs russes comme Rimsky), la concentration de la musique sur la vie intĂ©rieure des protagonistes, lâabsence des chĆurs, tout lâitinĂ©raire aux rĂ©sonances psychanalytiques de la jeune fille, des tĂ©nĂšbres Ă lâĂ©blouissement positif final-, fondent lâoriginalitĂ© du dernier opĂ©ra de TchaĂŻkovski : huit clos oĂč sâexprime le mouvement de la psychĂ© dâune jeune femme Ă lâesprit ardent, tenue (par son pĂšre le roi RenĂ©) Ă lâĂ©cart du monde. AprĂšs la mort de TchaĂŻkovski (1893), Mahler assure la crĂ©ation allemande de Iolanta (Hambourg). Lâoeuvre plus applaudie que Casse Noisette Ă sa crĂ©ation russe (Saint-PĂ©tersbourg en 1892), traverse lâoublie jusquâen 1940 quand la cantatrice russe Galina VichnievskaĂŻa, affirme et la figure captivante du personnage dâIolanta, et la magie symphonique dâun opĂ©ra Ă redĂ©couvrir. Car tout TchaĂŻkovski et le meilleur de son inspiration se concentrent dans Iolanta.
Résumé
LâOpĂ©ra Iolantha est en un acte et 9 tableaux. Alors que le Roi RenĂ© tient Ă lâĂ©cart du monde, sa propre fille Iolanta, aveugle, absente Ă sa propre infirmitĂ©, le mĂ©decin maure Ebn Hakia (baryton) annonce que la jeune princesse doit prendre conscience de son handicap pour sâen dĂ©tacher et peut-ĂȘtre en guĂ©rirâŠle Roi trop possessif demeure indĂ©cis mais le comte VaudĂ©mont (tĂ©nor), tombĂ© amoureux de Iolanta, lui apprend la lumiĂšre et lâamour : Iolanta, consciente dĂ©sormais ce quâelle est, peut dĂ©couvrir le monde et vivre sa vie. La jeune femme tenue cloĂźtrĂ©e, fait lâexpĂ©rience de la maturitĂ© : en se dĂ©tachant du joug paternel, elle sâĂ©mancipe enfin.
synopsis de lâacte acte unique
1. Dans le verger du Palais oĂč elle est tenue Ă lâĂ©cart du monde et des hommes, la fille du Roi RenĂ©,Iolanta, se dĂ©sespĂšre sâinterroge : sa nourrice Martha dissimule une terrible vĂ©ritĂ© : elle est aveugle mais ne doit pas comprendre la nature de son handicap. Pourtant Iolanta a le sentiment que pour vivre il faut souffrir. Ses compagnes lui chantent une berceuse pour la rassurer.
2. Survient le Roi RenĂ© et le mĂ©decin maure Ebn Hakia : son diagnostic est clair : pour que Iolanta dĂ©passe sa cĂ©citĂ©, il faut quâelle en prenne conscience afin de vouloir en guĂ©rir. Le Roi, coupable, hĂ©site.
3. Le duc Robert de Bourgogne et le chevalier VaudĂ©mont arrivent dans le parc du Palais. VaudĂ©mont tombe immĂ©diatement amoureux de la princesse Iolanta quand il la voit. Il lui demande par deux fois une rose rouge mais elle lui tend une rose blancheâŠil comprend quâelle est aveugle. VaudĂ©mont parle alors Ă Iolanta de lumiĂšre et lâinvite Ă dĂ©couvrir le monde Ă ses cĂŽtĂ©sâŠ
4. Pour stimuler sa fille sur la voie de la guĂ©rison, le Roi RenĂ© annonce quâil exĂ©cutera VaudĂ©mont si le traitement du mĂ©decin Ebn Hakia Ă©choue. Iolanta, pour sauver son fiancĂ©, se dĂ©clare prĂȘte Ă tout : elle suit le docteur maure.
5. Quand Ebn Hakia ĂŽte la bandeau qui protĂ©geait les yeux de Iolanta, la princesse peut dĂ©sormais voir toutes les merveilles du monde et vivre son amour. Le Roi bĂ©nit lâunion de Iolanta et de VaudĂ©mont : tous chantent la gloire divine qui a permis un tel prodige.
CD, OpĂ©ra⊠En 2015, Anna Netrebko chante Iolanta de TchaĂŻkovski. La soprano austro russe rĂ©vĂ©lĂ©e par Gergiev, Ă©gĂ©rie des festivals de Baden Baden et de Salzbourg (entre autres), continue ses prises de rĂŽles ; aprĂšs Leonora du TrouvĂšre, Lady Macbeth chez Verdi en 2013 et 2014, la soprano vedette enregistre et chante Iolanta, 10Ăšme et ultime opĂ©ra de Tchaikovski (1892). Intimiste, aux rĂ©sonances psychanalytiques, lâouvrage est dâune beautĂ© austĂšre, un drame resserrĂ© comme une piĂšce de théùtre ou un mĂ©lodrame (un acte seul) qui simultanĂ©ment au ballet Casse-Noisette (créé la mĂȘme annĂ©e et au cours de la mĂȘme soirĂ©e), affirme le gĂ©nie dâorchestrateur de Piotr Illiytch. Le disque est publiĂ© le 5 janvier 2015 par Deutsche Grammophon (sous la direction dâEmmanuel Villaume). CĂŽtĂ© scĂšne, Anna Netrebko chante Iolanta sur les planches du Metropolitan Opera de New York du 26 janvier au 21 fĂ©vrier 2015 sous la direction de ValĂ©ry Gergiev. LâopĂ©ra en un acte raconte lâĂ©mancipation dâune jeune princesse française tenue Ă lâĂ©gard du monde et des hommes par son pĂšre le Roi RĂ©ne de Provence : lâaction du maure (Ibn-Hakia) lui dĂ©voile le vrai monde, celui quâelle peut dâabord imaginer, puis voir et vivre pleinement, aprĂšs avoir pris conscience de sa cĂ©citĂ©, et exprimĂ© le dĂ©sir dâen guĂ©rir. Iolanta, surprotĂ©gĂ©e par son pĂšre, parviendra-t-elle Ă sâĂ©manciper et vivre sa propre vie ?
Anna Netrebko reprend le rĂŽle dâIolanta Ă lâOpĂ©ra de Monte-Carlo, en version de concert, dimanche 21 juin 2015, 11h , Ă©galement sous la direction dâEmmanuel Villaume. Prochaine critique complĂšte de lâopĂ©ra Iolanta par Anna Netrebko dans le mag cd dvd livres de classiquenews, le 5 janvier 2015.
Anna Netrebko au Metropolitan Opera de New York.  Anna Netrebko chante en janvier 2015, Iolanta de Tchaikovski sur les planches du Metropolitan Opera de New York : 26, 29 janvier puis 3,7,10,14,18, 21 février 2015, 20h. Sous la direction de avec Piotr Beczala (Vaudémont)⊠Oeuvre couplée avec Le Chateau de Barbe Bleue de Bartok (avec Nadja Michael). Les deux opéras sont mis en scÚne par Mariusz Trelinski, sous la direction musicale de Valery Gergiev.
SimultanĂ©ment Ă ses reprĂ©sentations new yorkaises, Deutsche Grammophon publie lâopĂ©ra oĂč rayonne le timbre embrasĂ©, charnel et angĂ©lique dâAnna Netrebko, assurĂ©ment avantagĂ©e par une langue quâelle parle depuis lâenfance. Nuances, richesse dynamique, finesse de lâarticulation, intonation juste et intĂ©rieure, celle dâune jeune Ăąme ardente et implorante, pourtant pleine de dĂ©termination et passionnĂ©e, la diva austro-russe marque Ă©videment lâinterprĂ©tation du rĂŽle. De quoi favoriser la nouvelle estimation dâun opĂ©ra, le dernier de TchaĂŻkovski, trop rarement jouĂ©. En jouant sur lâimbrication trĂšs raffinĂ©e de la voix de la soliste et des instruments surtout bois et vents (clarinette, hautbois, basson) et vents (cors), TchaĂŻkovski sâentend Ă merveille Ă exprimer les aspirations profondes dâune Ăąme sensible, fragile, dĂ©terminĂ©e : un profil dâhĂ©roĂŻne idĂ©al, qui rĂ©pond totalement au caractĂšre radical du compositeur. Toute la musique de TchaĂŻkovski (52 ans) exprime la volontĂ© de se dĂ©faire dâun secret, de rompre une malĂ©diction⊠La voix corsĂ©, intensĂ©ment colorĂ©e de la soprano, la richesse de ses harmoniques offrent lâĂ©paisseur au rĂŽle-titre, ses aspirations dĂ©sirantes : un personnage conçu pour elle. VoilĂ qui renoue avec la rĂ©ussite pleine et entiĂšre de ses rĂ©centes prises de rĂŽles verdiennes (Leonora du trouvĂšre, Lady Macbeth) et fait oublier son erreur straussienne (Quatre derniers lieder de Richard Strauss).
 Iolanta au cinéma
Iolanta et Le Chùteau de Barbe-Bleue. Retransmission dans les salles de cinéma, le 14 février 2015
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CD, OpĂ©ra⊠En 2015, Anna Netrebko chante Iolanta de TchaĂŻkovski. La soprano austro russe rĂ©vĂ©lĂ©e par Gergiev, Ă©gĂ©rie des festivals de Baden Baden et de Salzbourg (entre autres), continue ses prises de rĂŽles ; aprĂšs Leonora du TrouvĂšre, Lady Macbeth chez Verdi en 2013 et 2014, la soprano vedette enregistre et chante Iolanta, 10Ăšme et ultime opĂ©ra de Tchaikovski (1892). Intimiste, aux rĂ©sonances psychanalytiques, lâouvrage est dâune beautĂ© austĂšre, un drame resserrĂ© comme une piĂšce de théùtre ou un mĂ©lodrame (un acte seul) qui simultanĂ©ment au ballet Casse-Noisette (créé la mĂȘme annĂ©e et au cours de la mĂȘme soirĂ©e), affirme le gĂ©nie dâorchestrateur de Piotr Illiytch. Le disque est publiĂ© le 5 janvier 2015 par Deutsche Grammophon (sous la direction dâEmmanuel Villaume). CĂŽtĂ© scĂšne, Anna Netrebko chante Iolanta sur les planches du Metropolitan Opera de New York du 26 janvier au 21 fĂ©vrier 2015 sous la direction de ValĂ©ry Gergiev . LâopĂ©ra en un acte raconte lâĂ©mancipation dâune jeune princesse française tenue Ă lâĂ©gard du monde et des hommes par son pĂšre le Roi RĂ©ne de Provence : lâaction du maure (Ibn-Hakia) lui dĂ©voile le vrai monde, celui quâelle peut dâabord imaginer, puis voir et vivre pleinement, aprĂšs avoir pris conscience de sa cĂ©citĂ©, et exprimĂ© le dĂ©sir dâen guĂ©rir. Iolanta, surprotĂ©gĂ©e par son pĂšre, parviendra-t-elle Ă sâĂ©manciper et vivre sa propre vie ?
Anna Netrebko reprend le rĂŽle dâIolanta Ă lâOpĂ©ra de Monte-Carlo, en version de concert, dimanche 21 juin 2015, 11h, Ă©galement sous la direction dâEmmanuel Villaume.
Prochaine critique complĂšte de lâopĂ©ra Iolanta par Anna Netrebko dans le mag cd dvd livres de classiquenews, le 5 janvier 2015.
CD Ă venir. Le Strauss dâAnna Netrebko⊠Leonora du TrouvĂšre (Salzbourg lâĂ©tĂ© dernier, aprĂšs lâavoir créé Ă Berlin en dĂ©cembre 2013), aujourdâhui furieuse et battante Lady Macbeth du mĂȘme Verdi actuellement au Met, Anna Netrebko poursuit son amour du risque avec une Norma de Bellini annoncĂ©e pour lâouverture de la saison 2017-2018 du Metropolitan Opera⊠Pas vraiment belcantiste comme ont pu lâĂȘtre Callas, puis Sutherland ou CaballĂ©, Anna Netrebko nâen partage pas moins le goĂ»t des dĂ©fis de ses ainĂ©es. Elle a su affirmer ainsi une Ă©blouissante Elvira dans I Puritani, il y a dĂ©jĂ sept ans (dĂ©jĂ au Met en 2007). Son Bellini comme souvent chez elle, touche par son timbre corsĂ©, ses aigus diamantins et mĂ©tallisĂ©s, surtout en dĂ©pit dâune coloratoure parfois fastidieuse cĂŽtĂ© agilitĂ© et une justesse pas sĂ»re, une sincĂ©ritĂ© de ton qui saisit par son angĂ©lisme hyper fĂ©minin, plutĂŽt trĂšs incarnĂ© (une couleur charnelle qui fait la valeur de sa Manon puccinienne)⊠De quoi nous rendre dĂ©jĂ impatients car Norma est le rĂŽle fĂ©minin par excellence : digne et tragique.
Et pour patienter, la diva superstar nous gratifie, en novembre 2014, dâun album Richard Strauss dont les Quatre derniers lieder sont annoncĂ©s chez Deutsche Grammophon sous la direction de son complice Daniel Barenboim . Le chef y dirige la Staatskapelle de Berlin avec en couplage, Une vie de hĂ©ros du mĂȘme Richard Strauss⊠critique complĂšte du cd Richard Strauss : les quatre derniers lieder par Anna Netrebko dans le mag cd de classiquenews.
Le timbre diamantin et charnel Ă la fois de la divina Anna Netrebko saura-t-il s’Ă©panouir chez Richard Strauss en particulier dans ses Quatre derniers lieder ? RĂ©ponse en novembre 2014 chez Deutsche Grammophon…Â
CinĂ©ma. Verdi : Anna Netrebko chante Lady Macbeth, le 11 octobre 2014, en direct du Metropolitan de New York, 19h . Les performances mondialement retransmises via les rĂ©seaux de salles de cinĂ©ma partenaires, du Metropolitan Opera de New York sont dĂ©sormais cĂ©lĂšbres et particuliĂšrement suivies. En direct de New York ce jour, samedi 11 octobre 2014, la diva Anna Netrebko, aprĂšs avoir chantĂ© Leonora du TrouvĂšre Ă Berlin et cet Ă©tĂ© Ă Salzbourg, chante Lady Macbeth : voix expressive et sombre pour un rĂŽle hallucinĂ©… le succĂšs sera-t-il au rendez vous pour la soprano nouvellement verdienne ? RĂ©ponse dans les salles de cinĂ©ma Ă partir de 19h. En lire +Â
CinĂ©ma. Verdi : Anna Netrebko chante Lady Macbeth, le 11 octobre 2014, en direct du Metropolitan de New York, 19h . Les performances mondialement retransmises via les rĂ©seaux de salles de cinĂ©ma partenaires, du Metropolitan Opera de New York sont dĂ©sormais cĂ©lĂšbres et particuliĂšrement suivies. Câest assurĂ©ment un nouveau dĂ©bouchĂ© pour lâopĂ©ra en plus des reprĂ©sentations dans lâenceinte des théùtres dâopĂ©ra et un moyen nouveau dâapprĂ©cier la performance lyrique. lâexpression plutĂŽt que le beau chant : « ùpre, Ă©touffĂ©, sombre », Verdi souhaitait une voix rugueuse, sombre, pour le personnage de Lady Macbeth. Câest elle le cerveau des machinations criminelles, portĂ©e par un dĂ©sir irrĂ©pressible de pouvoir. Macbeth suit ce monstre en robe et couronne ensanglantĂ©e. Davantage que Schiller dont il transposa sur la scĂšne lyrique Luisa Miller, Don CarlosâŠ, Verdi porte au pinacle poĂ©tique et dramatique, son modĂšle Shakespeare : toute sa vie, il ambitionnera de mettre en musique le Roi Lear (en vain). Le premier opĂ©ra shakespearien de Verdi, Macbeth donc (premiĂšre version florentine de 1847), prĂ©lude aux deux miracles de la fin de la carriĂšre, Otello dans le genre tragique, puis Falstaff dans la veine comique.
Le livret de Piave en quatre actes souligne les forces surnaturelles qui apportent leur fausse aide au destin de Macbeth : il sera dâaprĂšs les 3 sorciĂšres croisĂ©es dans la forĂȘt du I , « seigneur de Cawdor puis roi dâĂcosse ». De son cĂŽtĂ© son acolyte et compagnon dâarmes Banco, engendrera des rois. Au palais de Macbeth, Lady lit les lettres porteuses de ses excellentes nouvelles : dĂ©vorĂ©e par le pouvoir, Lady Macbeth pousse son Ă©poux Ă assassiner le roi Duncan qui vient dormir chez eux⊠Le remord commence son Ćuvre cependant que Banco et sont ils Macduff dĂ©couvre lâhorreur du crime de lĂšse majestĂ©, sans pour autant identifier les crimes.
Au II, Macbeth de venu roi paraĂźt lors dâun banquet : Lady Macbeth pousse davantage son Ă©poux : il fait tuer Banco (pour quâil nâengendre pas de rois), mais le fils Macduff lui Ă©chappe. TorturĂ© par de nouveaux dĂ©mons intĂ©rieurs, Macbeth croit voir le fantĂŽme de son ancien ami Banco.
Du crime à la folie⊠Lady Anna
Soupçonneux contre les Macbeth, Macduff sâexile. Au III, retour dans la forĂȘt des sorciĂšres prophĂ©tesses : Macbeth Ă©chafaude de nouveaux plans de meurtre contre Macduff. Survient Malcom, fils de banco qui vient se venger avec son armĂ©e en faisant le siĂšge du chĂąteau de Macbeth. Le culpabilitĂ© a fait son Ćuvre dans lâesprit de Lady Macbeth qui paraĂźt en une scĂšne de somnambulisme inouĂŻ hagard, hallucinĂ©e, dĂ©truite. Maria Callas plus expressive que bien chantante a rĂ©volutionnĂ© la comprĂ©hension du rĂŽle de Lady Macbeth, offrant ce style mordant, Ăąpre, crĂ©pusculaire dont a rĂȘvĂ© Verdi. Au bord de la folie, Macbeth apprend la mort de sa femme et est finalement tuĂ© par Macduff, vengeur de son pĂšre honteusement assassinĂ©.
Aucun rĂ©pit pour le couple de meurtriers et dâassassins : la folie, la lente et irrĂ©sistible destruction psychique les guettent et les emportent ; Ăąmes vouĂ©es aux tĂ©nĂšbres, les deux Macbeth sont les proies dĂ©signĂ©es des sorciĂšres dĂ©moniaques qui paraissent deux fois dans lâopĂ©ra. Le rĂŽle de Macduff, fils vengeur de banco a rĂ©vĂ©lĂ© les grands tĂ©nors du XXĂšme siĂšcle, de Pavarotti Ă Domingo ; et quel contraste entre la Lady Macbeth triomphante et ivre de victoire politique dans son air de la lettre au I, et son air de folie funambulesque au III. FidĂšle Ă ses propres conceptions dramatiques, Verdi dĂ©veloppe une maniĂšre elle aussi mordante, expressionniste et fantastique (les sorciĂšres dans les deux scĂšnes de prĂ©diction sont rĂ©ellement impressionnantes), chaque accent de lâorchestre marque un temps fort du drame : jamais musique et théùtre nâont Ă©tĂ© aussi bien fusionnĂ©s. AprĂšs la crĂ©ation au Teatro della Pergola de Florence en mars 1847, Verdi rĂ©alise une seconde version pour la scĂšne du Théùtre Lyrique de Paris, en français, en avril 1865.
Paru en octobre 2010, le cd Verdi dâAnna Netrebko Ă©tait en rĂ©alitĂ© un programme annonciateur de ses prises de rĂŽles Ă venir : en dĂ©cembre 2013 (Berlin) puis Ă lâĂ©tĂ© 2014 Ă Salzbourg, la soprano a créé lâĂ©vĂ©nement et convaincu dans le rĂŽle de Leonora du trouvĂšre (angĂ©lisme incandescent et ivre, tenue vocale lumineuse). Sa Lady Macbeth est lâargument principal de la nouvelle production de Macbeth prĂ©sentĂ©e au Metropolitan de New York en octobre 2014. Un avant goĂ»t en a Ă©tĂ© donnĂ© en juin dernier au dernier festival de Munich. Rugissante, perverse, puis dĂ©truite hallucinĂ©e : que sera concrĂštement la Lady Macbeth dâAnna Netrebko ? RĂ©ponse ce 11 octobre 2014, sur la scĂšne new-yorkaise et dans toutes les salles de cinĂ©ma qui diffuse le direct Ă partir de 19h.
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OPERA. LADY ANNA. Anna Netrebko : nouvelle Lady Macbeth Ă New York. Hier, elle frappait par lâangĂ©lisme de sa voix charnue et tendre, nouvelle icĂŽne planĂ©taire des hĂ©roĂŻnes blessĂ©es mais pures (Elvira des Puritains de Bellini en 2007 , ou Anna Bolena de Donizetti  en 2011 : les deux rĂŽles sont diffusĂ©s sur Mezzo Live HD en octobre 2014). Star des stars actuelles de lâopĂ©ra, la divine soprano austro russe, Anna Netrebko  convainc  particuliĂšrement dans le rĂŽle de Lady Macbeth de Verdi, Ă lâOpĂ©ra dâĂ©tat de BaviĂšre Ă Munich (en juin dernier aux cĂŽtĂ©s de Simon Keenlyside en Macbeth et Joseph Calleja en Macduff – ce dernier rĂŽle rĂ©vĂ©lateur des grands tĂ©nors de Pavarotti Ă Domingo.)⊠Septembre et octobre 2014 confirment ainsi la maturitĂ© rayonnante dâun sacrĂ© talent verdien, douĂ© de tempĂ©rament vocal comme de prĂ©sence scĂ©nique. Anna Netrebko que lâon suit depuis sa Traviata Ă Salzbourg, puis sa Leonora angĂ©lique, incandescente Ă Berlin (dĂ©cembre 2013) reprise cet Ă©tĂ© Ă Salzbourg (aoĂ»t 2014), relĂšve les dĂ©fis dâune nouvelle prise de rĂŽle (donc amorcĂ©e Ă Munich, au festival lyrique de juin dernier) et depuis le 24 septembre Ă New York, empruntant les mĂȘmes voies de La Callas dans un personnage qui doit moins chanter quâexprimer et jouer (selon Verdi lui-mĂȘme). La quĂȘte du pouvoir mĂšne au crime qui mĂšne Ă la folie : lâitinĂ©raire de Lady Macbeth est saisissant, lâun des rĂŽles les plus spectaculaires imaginĂ©s par Verdi (dâaprĂšs Shakespeare), avec point dâorgue de lâouvrage, la scĂšne cauchemardesque, fantastique oĂč la Reine dĂ©truite paraĂźt folle et somnambule, figure errante et dĂ©munie. Faire du bourreau une victime, voilĂ toute la force dramatique de lâopĂ©ra de Verdi. Anna Netrebko nouveau visage de la diva Ă©ruptive, expressive, captivante ? Certes oui. Plastique de rĂȘve (une Marylin brune), intensitĂ© vocale d’un timbre tendre et  clair, Anna Netrebko n’est pas seulement la plus belle diva du monde, c’est aussi une interprĂšte sensible et subtile… Ne serait-elle pas en passe de venir une nouveau mythe de l’opĂ©ra, aprĂšs Maria Callas pour le XXĂšme siĂšcle ? DĂ©couvrez la Lady Macbeth dâAnna Netrebko en direct du Met de New York, ce 11 octobre 2014 dans toutes les salles de cinĂ©ma.
VOIR une scĂšne de Lady Macbeth par Anna Netrebko (Vieni, tâaffretta » )
agenda d’Anna Netrebko : Lady Macbeth, Macbeth de Verdi, au Metropolitan Opera de New York, les 24 et 27 septembre puis 3, 8, 11, 15, 18 octobre 2014. Mise en scĂšne : Adrian Noble. Fabio Luisi, direction. Avec Anna Netrebko (Lady Macbeth), Zelijko Lucic (Macbeth), Joseph Calleja (Macduff), RenĂ© Pape (Banquo)…
CD
Anna Netrebko : Airs dâopĂ©ras de Verdi, 1 cd paru chez Deutsche Grammophon. Anna Netrebko enregistre ici deux rĂŽles verdiers quâelle a ensuite chanter sur scĂšne : Leonora du TrouvĂšre et donc Lady Macbeth de Verdi⊠Extrait de notre critique du cd Anna Netrebko : Verdi : 3″… dans Il Trovatore : sa Leonora palpite et se dĂ©chire littĂ©ralement en une incarnation oĂč son angĂ©lisme blessĂ©, tragique, fait merveille : la diva trouve ici un rĂŽle dont le caractĂšre convient idĂ©alement Ă ses moyens actuels (sâil nâĂ©tait ici et lĂ ses notes vibrĂ©es, pas trĂšs prĂ©cises)⊠mais la ligne, lâĂ©lĂ©gance, la subtilitĂ© de lâĂ©mission et les aigus superbement colorĂ©s dans â Dâamore sullâali rosee â âŠÂ (dialoguĂ©s lĂ encore avec la flĂ»te) sont trĂšs convaincants. Elle retrouve lâivresse vocale quâelle a su hier affirmer pour Violetta dans La Traviata. Que lâon aime la soprano quand elle sâĂ©carte totalement de tout Ă©panchement vĂ©riste : son legato sans effet manifeste une musicienne nĂ©e. Sa Leonora, hallucinĂ©e, dâune transe fantastique, dans le sillon de Lady Macbeth, torche embrasĂ©e, force lâadmiration : toute la personnalitĂ© de Netrebko rejaillit ici en fin de programme, dans le volet le plus saisissant de ce rĂ©cital verdien, hautement recommandable. Concernant Villazon, ⊠le tĂ©nor fait du Villazon ⊠avec des nuances et des moyens trĂšs en retrait sur ce quâil fut, en comparaison moins aboutis que sa divine partenaire. Anna Netrebko pourrait trouver sur la scĂšne un rĂŽle Ă sa (dĂ©)mesure : quand pourrons nous lâĂ©couter et la voir dans une Leonora rĂ©vĂ©latrice et peut-ĂȘtre subjugante ? Bravissima diva…”
Illustrations : Diva glamour Ă la plastique hollywoodienne, diva actrice rĂ©vĂ©lĂ©e par ses prises de rĂŽles successives, Anna Netrebko deviendrait-elle peu Ă peu le nouveau mythe  fĂ©minin de l’OpĂ©ra ? AngĂ©lisme, ardeur, passion et fragilitĂ© ; Ă prĂ©sent : barbarie ambitieuse mais implosion et folie,… D’Elvira, Anna, Leonora Ă Lady M… les facettes expressives que dĂ©fend La Netrebko sur scĂšne, relĂšvent bien aujourd’hui d’un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne, vocal, scĂ©nique, théùtral.
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Mezzo : Donizetti : Anna Netrebko chante Anna Bolena, 1830, 4 > 21 octobre 2014. AprĂšs avoir chantĂ© Elvira des Puritains de Bellini en 2007, dans les mĂȘme conditions, -direct retransmis dans les salles des cinĂ©mas du monde entier, revoici la divine Netrebko en 2011, dans un rĂŽle taillĂ© pour elle, pour son timbre angĂ©lique et blessĂ©e dâhĂ©roĂŻne tragique sacrifiĂ©e : Anna Bolena. Un personnage finement portraiturĂ© qui balance entre trouble amoureux (pour Percy son ancien amantâŠ), inquiĂ©tude angoissĂ©, langueur douloureuse et finalement folie⊠au point de tomber morte⊠dans la Tour de Londres, avant que lâon vienne la chercher pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©e avec ses soit disants amants : Percy, et le musicien Mark Smeaton⊠Premier des volets du feuilleton lyrique dĂ©diĂ© par Donizetti Ă la chronique des Tudor, Anna Bolena offre Ă la cantatrice dans le rĂŽle titre, un personnage Ă la blessure tragique, racinienne, et aussi dans lâĂ©toffe des deux tessitures prĂ©cisĂ©es par le compositeur, une trĂšs belle confrontation de femmes, entre Anna (soprano) et sa rivale, la nouvelle favorite en titre quâHenri VIII veut Ă©pouser, Giovanna (Jeanne Seymour, mezzo) : mais ici, subtilitĂ© de la conception donizettienne, lâaffrontement nâa pas lieu car Giovanna est Ă©blouie et touchĂ©e par le sort de la Reine Anna dont elle ne veut pas que la condamnation lui soit imputĂ©e. Deux portraits de femmes aimantes donc, qui des deux cĂŽtĂ©s confirment le gĂ©nie psychologique, plutĂŽt fin et nuancĂ© dâun Donizetti que lâon ne connaĂźt toujours pas Ă sa juste valeur dramatique.
Les chemins et la mĂ©canique de lâamour sont traĂźtres et retors. Pour Ă©pouser Giovanna, Henri VIII doit prendre au piĂšge la Reine Anna, souveraine en titre, en rĂ©vĂ©lant ses amours adultĂ©rines : de fait, il favorise le rapprochement de Percy (un ancien soupirant dâAnna avant quâelle ne soit couronnĂ©e) et le jeune musicien manipulable Mark Smeaton⊠les 3 seront surpris en Ă©panchement et effusion partagĂ©e, dont Smeaton qui ayant volĂ© le portrait de la Reine par passion secrĂšte, se retrouve dĂ©noncĂ© par son propre acte⊠Si Anna rĂ©siste, – Donizetti lui rĂ©serve de superbes scĂšnes dont la plus touchante dans la prison qui prĂ©cĂšde lâannonce de son exĂ©cution, Giovanna tente toujours dâinflĂ©chir la cruautĂ© barbare du Roi, lequel frappe par sa brutalitĂ© virile de lion inflexible. Dans la rĂ©alitĂ©, Anne Boleyn sera dĂ©capitĂ©e dans la Tour de Londres pour adultĂšre en 1536, premiĂšre dĂ©capitation publique de lâhistoire britannique.
Notre avis. Evidemment, la production diffusĂ©e par Mezzo en octobre 2014 ne bĂ©nĂ©ficie pas du casting royal de lâOpĂ©ra de Vienne avec lâincomparable et trĂšs attractive ElÄ«na GaranÄa dans le rĂŽle de Giovanna la nouvelle favorite (dvd Deutsche Grammophon, un titre mĂ©morable de ce fait oĂč La GaranÄa est affrontĂ©e Ă la mĂȘme Anna Netrebko) : deux tempĂ©raments fĂ©minins sâimposent ici, tissĂ©s dans le plus noble bel canto, tout au moins sur le plan de lâexpressivitĂ© car souvent avouons que comme pour son Elvira, Anna Netrebko manque parfois dâune prĂ©cision claire dans lâarchitecture des vocalises. Sa coloratoura manque de dĂ©tail et de stabilitĂ©, mais lâexpressivitĂ© et la couleur du timbre convient idĂ©alement au portrait de la Reine suspectĂ©e, bafouĂ©e, piĂ©gĂ©e, et finalement dĂ©truite par la perversitĂ© de son Ă©poux Enrico, lâinfĂąme Henry VIII. Peu Ă peu, Anna sombre dans le dĂ©sordre mental : câest une martyr amoureuse sacrifiĂ©e, un rĂŽle parfait que le romantisme aime dĂ©voiler, exalter, sublimer dâacte en acte jusquâĂ la folie finale. De toute Ă©vidence, la prĂ©sence vocale et la plastique cinĂ©matographique de la diva font des atouts toujours aussi irrĂ©sistibles : offrant dâAnna Bolena, un portrait trĂšs attachant. A ses cĂŽtĂ©s tous les rĂŽles sont dĂ©fendus avec style et panache dans les costumes somptueux de McVicar : Henry VIII est brutal et despotique ; Giovanna, presque aussi dĂ©chirĂ©e quâAnna et Riccardo Percy lâaimĂ© dâAnna est particuliĂšrement ardent, enflammĂ© (on comprend quâAnna se laisse peu Ă peu succomber au charme de leur amour passĂ©âŠ). Donizetti a vĂ©cu une rĂ©surrection tardive : ce n’est qu’en 1957 sur la scĂšne de le Scala de Milan que la distribution rĂ©unissant Maria Callas et Giulietta Simionato dans les rĂŽles de Anna et de Giovanna (mise en scĂšne de Visconti) contribua Ă rĂ©vĂ©ler les beautĂ©s de l’ouvrage tragique.
Donizetti : Anna Bolena, 1830 sur Mezzo.
Anna Netrebko (Anna Bolena)
Ekaterina Gubanova (Giovanna Seymour)
Ildar Abdrazakov (Enrico VIII)
Stephen Costello (Riccardo Percy)
Tamara Mumford (Mark Smeaton)
Keith Miller (Lord Rochefort)
Eduardo Valdes (Sir Hervey)
The Metropolitan Opera House Orchestra, Marco Armiliato (direction)
David McVicar (mise en scĂšne)
Robert Jones (décors)
Jenny Tiramani (costumes)
Paule Constable (lumiĂšres)
Andrew George (chorégraphie)
Enregistré au Metropolitan Opera House, New York, en 2011
Réalisé par Gary Halvorson
Grille des diffusions sur Mezzo Live HD :
Â
04 / 10 – 09h00
05 / 10 – 20h30
06 / 10 – 17h00
07 / 10 – 00h00
07 / 10 – 13h45
18 / 10 – 09h00
19 / 10 – 20h30
20 / 10 – 17h00
21 / 10 – 00h00
21 / 10 – 13h0
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Mezzo Live HD : 6 > 24 octobre 2014. Anna Netrebko chante Elvira des Puritains de Bellini (Metropolitan Opera de New York 2007). PassionnĂ©ment romantique, lâEurope et les grands Ă©crivains se mettent au diapason italien⊠la Mignon de Goethe chante sa fascination pour le spectacle dâun oranger florissant ; Stendhal surtout et sa Chartreuse de ⊠Parme, et mĂȘme Heine choisissent entre autres Florence et Rome comme dĂ©cors de leurs intrigues romanesques. Et le russe, Glinka se ressource dans lâopĂ©ra italien pour forger lâĂ©lan vital de ses propres ouvrages lyriques. En 1835, Bellini avant dâexpirer Ă Puteaux livre son manuscrit dâun nouvel opĂ©ra destinĂ© au Théùtre Italien: I Puritani, sommet du gĂ©nie de Catane, créé la mĂȘme annĂ©e Ă Paris, par quatre des plus grands chanteurs de lâheure, la Grisi, Rubini, Tamburini et Lablache ⊠quatuor vocal lĂ©gendaire qui demeure depuis emblĂ©matique du Paris romantique. Puritains contre royalistes. Lâintrigue est trĂšs librement et dĂ©corativement inspirĂ© du conflit entre Puritains et Royalistes dans lâAngleterre du XVIIe siĂšcle. Elvira, fille dâun gouverneur puritain Ă Ă©tĂ© promise en mariage Ă Riccardo, mais elle est finalement donnĂ©e Ă Arturo, secret partisan des Stuart dont elle est Ă©prise. Cela grĂące Ă lâintervention de son oncle Giorgio auprĂšs du pĂšre. Peu avant leur cĂ©rĂ©monie de mariage, Arturo retrouve la veuve du roi Enrichetta, reine dâAngleterre : il dĂ©cide de fuir avec elle. Elvira sombre dans la folie, atteinte et dĂ©truite pendant deux actes, jusquâau retour dâArturo et sa mort imminente. Les sympathisants des Stuart sont au final pardonnĂ©s et le couple retrouve le bonheur. TrĂšs peu de drame alors, mais presque 3 heures de belle musique.
Notre avis . Dans la production du Metropolitan, câest moins la contribution des hommes que la jeune et jolie Anna Netrebko , vive, ardente, certes pas dâun bel canto prĂ©cis et idĂ©alement nuancĂ©, surtout dans les cabalettes emportĂ©es voire Ă©chevelĂ©es oĂč la diva patine avec des aigus et des intervalles pas toujours trĂšs stables, qui pourtant Ă©blouit. Sa candeur, son angĂ©lisme blessĂ© touchent particuliĂšrement. Quand il sâagit dâincarner un cĆur amoureux dĂ©truit, abandonnĂ©, la soprano donne tout ce quâelle a (scĂšne de folie, dĂ©but du II, soit une demi heure d’extase vocale suspendue oĂč l’hĂ©roĂŻne trahie par Arturo – c’est du moins ce qu’elle croit, pense monter Ă l’autel pour son mariage qui aurait du avoir lieu au I… si Arturo ne l’avait pas abandonnĂ© subitement…). Avec le recul sa Leonora verdienne (Ă©vĂ©nement de Berlin en dĂ©cembre 2013 puis Salzbourg Ă lâĂ©tĂ© 2014) a frappĂ© par sa profondeur et sa justesse expressive (le dvd vient de sortir, dans la version berlinoise sous la direction de Barenboim chez DG ); en 2007, soit 7 ans avant, la Netrebko est dĂ©jĂ une cantatrice assurĂ©e, un sacrĂ© tempĂ©rament⊠Etoile du Met, dâune vĂ©ritĂ© souvent dĂ©chirante. La rĂ©alisation est d’un classicisme… qui a les avantages de ses inconvĂ©nients : pas de mise en scĂšne trĂšs pertinente mais sa neutralitĂ© sans surprise laisse parfaitement lisible le dĂ©roulement de l’action. BONUS : au moment de l’entracte entre les deux actes, RenĂ© Fleming joue les intervieweuse et pose des questions sensĂ©es Ă la jeune diva austro-russe dans sa loge : ” mĂȘme si je chante pendant 70% de mon texte, Reviens reviens Arturo, je fais attention Ă mon jeu sur scĂšne ” (d’autant que les camĂ©ras guettent la moindre maladresse), prĂ©cise l’envoĂ»tante Anna… On lui sied grĂ© de chanter et de jouer : sa performance n’en a que plus de charme.
Paris, 1835 : le dernier opéra de Bellini. Un hymne pacifiste
Lâintrigue se dĂ©roule dans lâ Angleterre baroque du XVII eme. Au deuxiĂšme acte, parce quâelle se croit abandonnĂ©e et trahie par celui quâelle aime-, Elvira paraĂźt folle, exhalant une mĂ©lodie dâune dĂ©chirante puretĂ© qui inspirera un nocturne Ă FrĂ©dĂ©ric Chopin. La vogue des Puritains emporta tout avec elle et mĂȘme Bellini qui fatalement sâĂ©teignit quelques mois aprĂšs la crĂ©ation en France non loin de Paris, curieusement abandonnĂ© de tous. Le gĂ©nie lyrique ne laissait pas alors son ultime ouvrage : il sâagissait aussi dâ un nouveau sommet de lâopĂ©ra romantique italien marquant dĂ©finitivement lâhistoire de l âopĂ©ra Ă Paris. Quelques mois plus tard, les parisiens recoivent un second choc bellinien avec la crĂ©ation parisienne de Norma : Bellini Ă©tait mort mais il nâavait jamais Ă©tĂ© plus cĂ©lĂ©brĂ© dans la Capitale française.
Le dernier opĂ©ra de Vincenzo Bellini (portrait ci-contre) indique clairement de nouvelles Ă©volutions pour lâopĂ©ra italien romantique des annĂ©es 1830: rĂŽles plus aigus, foisonnement dramatique de lâorchestre et vocalitĂ aĂ©rienne et suspendue voire crĂ©pusculaire dâune puretĂ© absolue, celle lĂ mĂȘme qui captiva Chopin. Le vrai dĂ©fi des Puritains comme pour Norma, reste les chanteurs⊠vrais dĂ©tenteurs de ce bel canto si difficile Ă rĂ©aliser. Comment retrouver cette couleur et ce style qui nâa rien de commun avec Rossini, qui ne peut se satisfaire de lâabattage verdien ou du vĂ©risme pathĂ©tique puccinien? Il sâagit bien de retrouver cet art fragile (morbidezza) entre vocalitĂ et agilitĂ qui sâĂ©loigne de lâidĂ©al rossinien, sans possĂ©der encore le dramatisme verdien.
Lâart bellinien Ă©tant par excellence celui de la mesure, de la finesse: on est en droit dâattendre de vrais interprĂštes acteurs et chanteurs, pour qui chanter signifie articuler, phraser, colorer, dire, articuler, respirer le texte. Quâen sera-t-il par exemple du rĂŽle dâ Arturo Talbot, qui exige un tĂ©nor dâagilitĂ et dramatique, alliant vaillance et angĂ©lisme, naturel et articulation ? De mĂȘme pour Elvira, Ăąme loyale et pure, incarnation fragile des hĂ©roĂŻnes fĂ©minines en proie au dĂ©sĂ©quilibre mental ? Le personnage de cette jeune Ăąme romantique qui est abandonnĂ©e par son fiancĂ©, le jour de ses noces, offre une composition des plus captivantes: OphĂ©lie dĂ©chirante, anĂ©antie⊠son dernier air au I oĂč lâabandonnĂ©e, trahie, sombre dans la folie reste un trĂšs grand moment psychologique.
Et quâespĂ©rer tout autant du rĂŽle de Giorgio Valton (lâoncle dâElvira); Ă la fois protecteur et pĂšre de substitution pour une Elivra dont le baryton basse capte les pulsions de folie grandissanteâŠ
Il y eut I Capuletti e i Montecchi ; ici, les clans opposĂ©s, Puritains rĂ©formistes menĂ©s par Cromwell, Cavaliers royalistes partisans des Stuart (Valton), dĂ©fenseurs comme Arturo de la Reine veuve, se dĂ©chirent. A ce titre, bien que fiancĂ© Ă la premiĂšre fille des Puritains, Arturo le monarchiste sait jurer sa foi et sa fidĂ©litĂ© Ă la Reine quâon emmĂšne Ă lâĂ©chafaud⊠Bellini resserre lâeffet des contrastes en faisant paraĂźtre la jeune fiancĂ©e, Ă©tendard Ă©motionnel des Puritains en prĂ©sence du duo des royalistes (la Reine et son champion Arturo): exposition simultanĂ©e des tempĂ©raments, totalement gĂ©nial.
Ecouter les Puritains permet de mesurer le gĂ©nie lyrique et dramatique du dernier Bellini: il ambitionnait de crĂ©er Ă Paris, lâĂ©quivalent de Guillaume Tell, un opĂ©ra romantique français digne de ce nom (l’orchestre est plus colorĂ© et dĂ©licatement caractĂ©risĂ©, Ă©coutez la place des cors nobles et Ă©lĂ©gants dĂšs l’ouverture…). Les Puritains marquent Ă©videmment un cap dans son Ă©criture: lâexposition des caractĂšres nây est jamais artificielle, comme le seront parfois les premiers opĂ©ras de Verdi. En choisissant dâintituler son opĂ©ra Les Puritains, Bellini se place du cĂŽtĂ© des âmĂ©chantsâ, ces antiroyalistes (les Valton) dont la mĂ©tamorphose est le sujet central de lâopĂ©ra : pour sauver la santĂ© mentale dâElvira et son amour, ils savent pardonner Ă leur pire ennemi Talbot. Un aspect psychologique que lâon oublie souvent (oĂč sâinscrit triomphant telle un nouvel humanisme bellinien dĂ©sormais assumĂ© : le sentiment de fraternitĂ© et de compassion) et qui fait cependant toute la modernitĂ© de cette action inspirĂ©e du roman gothique romantiqueâŠ
Le pardon nâest pas donnĂ© Ă tout le monde mais il est comme ici dâun effet salvateur pour la rĂ©solution des affrontements et des haines destructrices. Un modĂšle de message Ă©clairĂ©, philosophiquement Ă©voluĂ© qui appliquĂ© Ă certains conflits (en particulier ceux modernes du Proche Orient) : les frĂšres ennemis peuvent ils se rĂ©concilier ? Câest au prix pourtant dâun pardon croisĂ© que les rivaux peuvent aspirer Ă la paix : aucun des partis ne peut sâen sortir sans une pacification unilatĂ©rale. Cela ne vous rappelle t il pas quelque chose ? Les Puritains est un opĂ©ra moderne.
I Puritani avec Anna Netrebko au Met 2007 sur Mezzo Live HD : 6 > 24 octobre 2014. Â
Diffusion :
06 / 10 – 09h00
08 / 10 – 20h30
09 / 10 – 17h00
10 / 10 – 00h00
10 / 10 – 13h00
20 / 10 – 09h00
22 / 10 – 20h30
23 / 10 – 15h25
24 / 10 – 00h00
24 / 10 – 12h30
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France Musique, ce soir. Verdi : Le TrouvĂšre. Anna Netrebko. Le 31 aoĂ»t 2014, 20h.  Salzbourg, aoĂ»t 2014 : France Musique diffuse lâun des Ă©vĂ©nements lyriques du festival autrichien : Le TrouvĂšre de Verdi. L’ouvrage saisit par sa fiĂšvre dramatique, une cohĂ©rence et une caractĂ©risation musicale indiscutable malgrĂ© la complexité romanesque de lâintrigue. Au sommet d’une distribution idĂ©ale, le timbre charnu et digne de la soprano Anna Netrebko, diva glamour et depuis une dĂ©cennie, idole de Salzbourg. Sa Leonora est subtilement blessĂ©e, amoureuse ardente, d’un romantisme fiĂ©vreux… d’autant que ses partenaires, Franceso Meli (Manrico le trouvĂšre, celui qu’elle aime), et surtout l’infatigable et stylĂ© Placido Domingo, devenu baryton Ă prĂ©sent (Luna pĂšre) dĂ©fendent avec la mĂȘme incandescence chacun de leur personnage. Les auditeurs de France Musique ne verront pas la mise en scĂšne musĂ©ale, offrant une somptueuse galerie de peinture des chefs d’oeuvres picturaux de la Renaissance europĂ©enne surtout italienne (de Bronzino au Titien, sans omettre le froid et lĂ©chĂ© Fouquet…). Leonora y est une gardienne, rĂȘvant d’ĂȘtre une princesse en robe de velours rouge passion. L’Orchestre philharmonique de Vienne achĂšve le tableau, rutilant, parsemĂ© d’Ă©clairs dramatiques (sous la baguette un rien Ă©paisse de Gatti…). Mais qu’importe, l’ivresse et l’extase lyriques sont au rendez vous de cette passionnante diffusion en diffĂ©rĂ©…  Ce soir, dimanche 31 aoĂ»t 2014, 20h.  Lire aussi notre compte rendu critique du TrouvĂšre de Verdi avec Anna Netrebko et Placido Domingo Ă Salzbourg 2014.
France Musique. Verdi : Le TrouvĂšre. Anna Netrebko. Le 31 aoĂ»t 2014, 20h.  Avec Anna Netrebko (Leonora), Francesco Meli (Manrico), Marie-Nicole Lemieux, Placido Domingo. Philharmonique de Vienne. Daniele Gatti, direction. LâĂ©coute de cette diffusion France Musique est dâautant plus incontournable que lâopĂ©ra en juin, proposant 6 dates du 9 au 24 aoĂ»t 2014, Ă©tait dĂ©jĂ sold out (complet) : affichant le Philharmonique de Vienne, Anna Netrebko, Lemieux (Azucena), Domingo (Luna), la production salzbourgeoise permet de mesurer lâĂ©volution de la voix et du chant de la soprano vedette Anna Netrebko dans un rĂŽle qui semble taillĂ© pour elle. RĂ©ponse le 31 aoĂ»t sur les ondes de France Musique. En lire +Â
Compte rendu, opĂ©ra. Salzbourg 2014. Verdi : Le TrouvĂšre avec Anna Netrebko (Leonora)… Câest assurĂ©ment la production Ă©vĂ©nement du festival de Salzbourg 2014. Non pas que le chef, Daniele Gatti soit des plus fins et nuancĂ©s ; au contraire sa battue Ă©paisse et sans vraie subtilitĂ© fait regretter le nerf carnassier et la brĂ»lure que savait y instiller un Karajan. On regrette tout autant la finesse chambriste d’un Philippe Jordan capable de ciseler des climats jamais Ă©coutĂ© avant lui dans Don Carlo par exemple, comme rĂ©cemment sur l’ample plateau de Bastille. La valeur de la production salzbourgeoise vient de la distribution vocale – irrĂ©prochable- et de la mise en scĂšne, dâune justesse surprenante qui dĂ©voile en cours dâaction, sa pertinence, ses multiples finesses, sachant trouver dâĂ©videntes lectures poĂ©tiques entre le dispositif visuel (que des toiles et bois peints de maĂźtres puisque nous sommes dans la pinacothĂšque dâun grand musĂ©e europĂ©en) et les situations ainsi traitĂ©es. Sur les murs, un festival de chef dâoeuvres de la peinture italienne et flamande des XVĂš et XVIĂš, de Carpaccio, Raphael et Leonard Ă Bellini, Lotto et ⊠Titien pour le plus rĂ©cent, -sans omettre l’Ă©blouissant portrait d’AgnĂšs Sorel par Jean Fouquet en Vierge impĂ©riale : cf. derniĂšre photo ci-dessous. Les chevaliers en armure y disputent la place avec de nombreux portraits (sublimes Bronzino), et de nombreuses nuditĂ©s allĂ©goriques ou mythologiques et plusieurs Madones Ă lâenfant. Dâailleurs, on aura notĂ© quâau moment du duo le plus poignant entre Azucena et son fils adoptif, Manrico, une sĂ©rie de Vierges Ă lâenfant dĂ©filent astucieusement en second plan (histoire de souligner ce qui pose justement problĂšme entre les deux protagonistes alors sur scĂšne, la nature rĂ©elle de leur lien, câest Ă dire : Manrico est-il vraiment le fils de la BohĂ©mienne ? La question de l’origine et de l’identitĂ© rĂ©elle du TrouvĂšre est au cĆur de l’action.
Plus tard quand lâaction entraĂźne un peu plus les protagonistes jusquâĂ leurs derniers avatars, -au bord de la mort-, : plus de peintures, mais des cimaises nues dont le pourpre mural porte la marque sans poussiĂšre Ă lâemplacement de la toile disparue⊠Car et câest bien lâidĂ©e phare de la mise en scĂšne, lâhistoire (fantastique et tragique) du TrouvĂšre est en rĂ©alitĂ© le rĂȘve Ă©perdu romantique de Leonora qui ici, nâest pas Ă Saragosse, la dame de compagnie de la princesse de Navarre, mais une ⊠gardienne de musĂ©e que la proximitĂ© avec les sommets de la peinture europĂ©enne a probablement marquĂ© jusquâĂ Ă©chafauder des visions romantiques dĂ©lirantes. VoilĂ qui explique avec beaucoup de justesse, le caractĂšre extatique, enivrĂ© de Leonora. Le personnage n’Ă©volue guĂšre pendant l’opĂ©ra : il est dĂ©jĂ dĂšs le dĂ©but, emportĂ©, embrasĂ© par ses visions d’amour, que suscite le tĂ©nor transi comme elle ; chacune des apparitions de Leonora, vĂȘtue dâune somptueuse robe de velours rouge exprime un dĂ©sir incommensurable, celui d’une Ăąme qui brĂ»le : en somme, une parente dâYseult ou dâElsa chez Wagner.
Soit elle sâenivre de son propre amour, soit elle sâĂ©vanouit (Ă deux reprises!), soit elle meurt (par le poison dans la derniĂšre partie) : Leonora est une figure amoureuse blessĂ©e mais digne, radicale dans son aspiration Ă vivre le grand amour (avec Manrico, le trouvĂšre).
Phénoménale Netrebko
Le rĂȘve de la gardienne de musĂ©eâŠ
Ici sâinscrit dans sa carriĂšre (11 ans quâelle chante Ă prĂ©sent), lâun des jalons lyriques et scĂ©niques de la soprano austro-russe, Anna Netrebko. Le veloutĂ© royal du timbre, en dĂ©pit de quelques hĂ©sitations dans lâagilitĂ© sâimpose Ă nous, dâautant plus que la cantatrice trouve constamment le ton juste assurant Ă son chant, une musicalitĂ© de rĂȘve qui force lâadmiration. Nous nâirons pas comme certains Ă dire quâelle chante mieux que Callas tant sa Leonora a la classe et la sincĂ©ritĂ© des trĂšs grandes interprĂštes, mais sa sublime plastique, son aura musicale, sa finesse vocale sâimposent. Anna a tout pour elle et sa Leonora salzbourgeoise marque assurĂ©ment un nouvel accomplissement dans son parcours (Ă Salzbourg aprĂšs sa mĂ©morable Traviata).
A ses cĂŽtĂ©s, les deux garçons sont ⊠excellents : dans le rĂŽle titre, le tĂ©nor gĂ©nois Francesco Meli relĂšve tous les dĂ©fis dâun rĂŽle trĂšs Ă©prouvant : ardeur, constance, clartĂ© et aigus insolents, son Manrico-trouvĂšre est lui aussi de premiĂšre classe : que le chanteur assure avec endurance et abattage l’un des rĂŽles les plus exigeants du rĂ©pertoire verdien. Placido Domingo qui fĂȘtera en 2015 ses 40 ans de carriĂšre Ă Salbzourg a chantĂ© plusieurs fois Manrico⊠en tĂ©nor. Aujourdâhui baryton, son Luna dĂ©borde dâĂ©nergie et de passion ; il dĂ©vore Leonora des yeux, prĂȘt Ă Ă©treindre la jeune femme qui grĂące Ă Netrebko a assurĂ©ment lâapparence dâune irrĂ©sistible sirĂšne. Sens du texte, musicalitĂ© juste, intonation saisissante, prĂ©sence scĂ©nique, le lion Domingo offre au Comte, une dimension viscĂ©rale et passionnelle, une urgence théùtrale qui manque Ă beaucoup de ses cadets. Surprenante tout autant, lâAzucena de Marie-Nicole Lemieux surprend elle aussi, en cours de soirĂ©e; elle se bonifie, depuis son premier air entonnĂ© gaiement comme une parodie fantastique (elle aussi travaille au musĂ©e mais comme guide confĂ©renciĂšre) jusquâĂ son ultime duo avec Manrico et le trio avec ce dernier et Leonora – un Ă©pisode final d’une force vocale inouĂŻe : un tempĂ©rament dramatique dont le seul dĂ©faut demeure lâarticulation du texte. Câest la seule dont on ne comprend pas le moindre mot italien sâil nâĂ©tait les sous-titres.
LâesthĂ©tisme de la mise en scĂšne, sa justesse poĂ©tique ; la cohĂ©rence du plateau vocal, confirmant lâexceptionnelle musicalitĂ© de la soprano Anna Netrebko, Ă dĂ©faut dâun chef lyrique vĂ©ritablement subtil, font de ce trouvĂšre 2014, lâĂ©vĂ©nement lyrique que lâon espĂ©rait. Le dvd du TrouvĂšre avec Anna Netrebko (captĂ© Ă Berlin), est annoncĂ© cet automne chez Deutsche Grammophon. Aucun doute, a contrario de Bayreuth qui sâenlise et peine Ă rĂ©gĂ©nĂ©rer son offre et son image, Salbzourg retrouve la magie de sa lĂ©gende. Ce TrouvĂšre est lâune des meilleures productions rĂ©centes que nous ayons vues lors du festival dâĂ©tĂ©.
Compte rendu, opéra. Salzbourg, Grosses festspielehaus, le 15 août 2014. Verdi : Le TrouvÚre, il Trovatore. Anna Netrebko, Francesco Meli, Placido Domingo, Marie-Nicola Lemieux⊠Orchestre Philharmonique de Vienne. Daniele Gatti, direction. Alvis Hermanis, mise en scÚne.
Illustrations : Le TrouvĂšre Ă Salzbourg (DR), Giovanni Busi : le joueur de luth (DR), la toile du vĂ©nitien provoque chez Leonora ses visions amoureuses extatiques… Dans la mise en scĂšne d’Alvis Hermanis, le TrouvĂšre appartient au monde fantasmatique de Leonora : il n’apparaĂźt qu’en costume gothique et chacune de ses apparitions est Ă©voquĂ©e par le portrait du joueur de luth du peintre vĂ©nitien Busi…
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