Rio. Salla C.Meireles. Sacchini : Renaud. Bruno Procopio. Les 21 et 22 mars 2015, 19h. Recréé récemment à Metz, puis objet d’un enregistrement discographique que Classiquenews a largement relayé à l’époque, l’opéra Renaud de Sacchini, créé en 1783 est une commande de la Cour de Marie-Antoinette et de Louis XVI : l’époque est à la confrontation des manières (italiennes, nordiques, germaniques) pour qu’émerge enfin, après Gluck, une formule nouvelle pour l’opéra français. Les partitions alors créées à Paris témoignent toutes d’une effervescence sans pareil, un âge d’or de la créativité favorisée quelques années avant la Révolution : Andromaque de Grétry (1778), La Toison d’or de Vogel (1786), Thésée de Gossec (1782), Renaud de Sacchini (1783), Atys de Piccinni, Amadis de Gaule de JC Bach… sont autant de propositions dues à des étrangers, étapes majeures pour le renouvellement de l’opéra. A chaque création, des attentes nouvelles ; un esprit de confrontation et d’oppositions systématique : Gluck fut comparé à Piccinni, puis ce dernier ) Sacchini comme avant Gluck on aima mesurer le génie de Rameau selon le modèle Lullyste, pour l’aduler comme le massacrer. Paris aime les cabales, et feint de s’en étonner.
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Renaud de Sacchini porte bien mal son nom car c’est la sarrasine Armide qui demeure la figure protagoniste de l’ouvrage. Aidée par la reine Antiope et ses amazones guerrières, Armide détruit toute alliance entre chrétiens et musulmans car elle exhorte ses troupes à tuer l’indigne Renaud (I). Mais quand les amazones lui livre Renaud, Armide sent son amour pour lui renaître : elle outrepasse les bienséances alors, en livrant à son aimé, les secrets de l’armée musulmane. Renaud s’échappe et laisse Armide qui desespérée, sollicite les furies infernales, … en vain (II). L’acte III est le plus saisissant, en particulier sur le plan orchestral, recyclant ce style frénétique expressif, dramatiquement irrésistible, hérité de Gluck : Sacchini illustre la désolation du combat final, théâtre de ruines qui peint la défaite des Sarrasins. C’est aussi la désespérance absolue qui s’empare de l’esprit d’Armide trahie et démunie, rendu impuissante face à l’amour que lui inspire Renaud. Suicidaire, la magicienne est prête à se frapper car elle a perdu l’amour du chrétien comme elle a trahi son clan : mais Renaud paraît avec Hidraot, -le père d’Armide-, jurant un amour indéfectible pour celle qui croyait avoir tout perdu. L’opéra s’achève donc sur une séquence positive. LIRE notre présentation complète de la création de Renaud de Sacchini à Rio de Janeiro (Brésil)
Rio. Salla Cecilia Meireles.
Sacchini : Renaud, 1783.
Orchestre Symphonique du Brésil
Bruno Procopio, direction. Les 21 et 22 mars 2015, 20h.
VIDEO. Visionner notre reportage exclusif RENAUD de SACCHINI recréé par le CMBV à l’Arsenal de Metz en octobre 2012.