Adaptation opératique de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, La Traviata (littéralement « La Dévoyée ») concentre les plus beaux airs de Verdi, voire de tout le répertoire lyrique. Le compositeur brosse un portrait éloquent d’une jeune femme (Violetta Valéry), victime expiatoire de la société moralisatrice et parfaitement hypocrite du Second Empire. Violetta inspire autant la convoitise qu’une haine collective, comme si elle devait expier le désir qu’elle faisait naître…
Plusieurs mélodies et airs sont devenus inoubliables, par leur charme, par leur justesse dramatique : évidemment le Brindisi pour chœur et solistes – entonné par la Courtisane triomphale au premier acte, en présence de tous ses invités (et du jeune Rodolfo qui lui fait une cour alors insistante voire irrésistible…) ; « è strano / follie ! Follie delirio vano è questo », air flamboyant où Violetta exprime le trouble infini que suscite le jeune homme dans son cœur (fin de l’acte I) ; puis le duo entre Germont père et la jeune femme qui doit renoncer ; enfin le déchirant « Addio del passato » à l’acte III, où malade et abandonnée à Paris, la dévoyée implore le destin tout en acceptant le sacrifice qui lui est imposé… sans omettre l’air fameux des gitanes au début de l’acte III qui introduit un parfum sensuel et hispanisant à ce moment de la partition…
Déjà présenté à Angers Nantes Opéra, la production captive par son fini visuel, l’enchaînement et la cohérence des tableaux collectifs qui exploite avec justesse et rythme, le fabuleux chœur (d’Angers Nantes Opéra). Ici Violetta est une actrice (qui joue et apparaît sur la scène d’un théâtre dans le théâtre) ; en elle, s’incarne la résistance et la dignité d’une femme trahie et sacrifiée, proie de la lâcheté des hommes. Ceux là d’autant plus méprisable qu’il s’agisse de Germont père que Germont fils : Rodolfo n’hésite pas à humilier publiquement celle qu’il disait aimer (acte II, le second bal à Paris chez Flora)…
LIRE ici notre critique de La Traviata par Silvia Paoli (Nantes, le 21 janvier 2025 : https://www.classiquenews.com/critique-opera-nantes-opera-graslin-le-21-janv-2025-verdi-la-traviata-maria-novella-malfatti-dyonisos-sourbis-choeur-dangers-nantes-opera-onpl-laurent-campellone-direct/).
Pour la metteuse en scène Silvia Paoli, (après une mémorable Tosca la saison dernière), le destin de Violetta est moins scellé par la maladie que par une société impitoyable et hypocrite qui ne lui laisse d’autre choix que de se sacrifier. En témoigne d’ailleurs, la droiture inflexible de sa vision de Germont Père, bras armé de la fameuse morale bourgeoise…
Photos : La Traviata de Silvia Paoli © Delphine Perrin (pour Angers Nantes Opéra)
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Opéra de RENNES / VERDI : La Traviata
Nouvelle production : 5 représentations événements
Mardi 25 février 2025 à 20h
Jeudi 27 février 2025 à 20h
Vendredi 28 février 2025 à 20h
Dimanche 2 mars 2025 à 16h
Mardi 4 mars 2025 à 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra de RENNES : https://www.opera-rennes.fr/fr/evenement/la-traviata
Opéra chanté en italien et surtitré en français
Durée 2h45 entracte compris – spectacle dès 12 ans
distribution
Maria Novella Malfatti, Darija Auguštan (en alternance)
Violetta Valery
Aurore Ugolin : Flora Bervoix
Marie-Bénédicte Souque :
Annina
Giulio Pelligra, Francesco Castoro (en alternance)
Alfredo Germont
Dionysios Sourbis : Giorgio Germont
Carlos Natale Gastone, vicomte de Létorières
Gagik Vardanyan, Baron Douphol
Stavros Mantis, Marquis d’Obigny
Jean-Vincent Blot, Docteur Grenvil
Orchestre national des Pays de la Loire
(direction : Sascha Goetzel)
Chœur d’Angers Nantes Opéra
(direction, Xavier Ribes)
Laurent Campellone, direction musicale
Silvia Paoli, mise en scène
Lisetta Buccelatto, Scénographie
Valeria Donata Bettella, Costumes
Fiammetta Baldisseri, Lumières
Emanuele Rosa, Chorégraphie
Silvia Paoli en collaboration avec Baudouin Woehl, Dramaturgie
TEASER VIDÉO : La Traviata de Silvia Paoli