lundi 24 mars 2025

CRITIQUE, opéra. CLERMONT-FERRAND, Opéra-Théâtre, le 31 janvier 2025. VERDI : Le Trouvère. David Banos (Manrico), Irina Stopina (Leonora), Paolo Ruggiero (Luna), Chinara Shirin (Azucena)… Aquiles Machado / Martin Mazik

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Et de 3 ! Après Turandot et Norma, c’est au tour du Trouvère de Giuseppe Verdi d’être présenté – sur la scène de Clermont Auvergne Opéra – par la compagnie lyrique espagnole Opera 2001 (basée à Alicante). Si les deux premiers titres avaient bénéficié du vaste plateau de la Maison de la culture, c’est au ravissant (mais petit) théâtre de la Place de Jaude (500 places) que sont données cette fois les représentations (trois en 24h avec deux distributions différentes) !

 

Et c’est à nouveau le ténor-metteur en scène vénézuélien Aquiles Machado qui se colle à la mise en scène, qui se veut “itinérante”, et donc simplifiée à l’extrême, avec essentiellement l’utilisation de toiles peintes… “à l’ancienne” pourrait-on dire. L’avantage est de rendre pleinement lisible l’action, où les deux factions rivales arborent des couleurs différentes (bleutées pour la noblesse espagnole et rougeâtres pour les gitans). La direction d’acteurs se montre discrète, mais soutient a minima le drame, et l’engagement des chanteurs-acteurs réunis à Clermont-Ferrand fait le reste.

 

En Leonora, la soprano française Irina Stopina a toutes ses chances pour continuer à faire une belle carrière : égalité des registres, intensité dramatique, registre grave nourri, ou encore contrastes habilement négociés entre grâce et énergie. Un grand bravo à elle ! Son partenaire masculin, le ténor espagnol David Banos suscite le même enthousiasme, tant chez votre serviteur que parmi le public qui lui offre, à juste titre, un beau triomphe au moment des saluts. Et ce que l’on apprécie avant tout chez lui, au-delà de la puissance phénoménale de la voix, ce sont les nuances qu’il parvient néanmoins à faire apparaître dans la partie de Manrico, comme dans le fameux air « Ah si ben mio » sur lequel tout le monde ou presque se casse le souffle, mais ici négocié avec un bel art de la demi-teinte. Pour autant, le tonitruant et redoutable « Di quella pira » ne lui pose pas le moindre problème, et le métal autant que la clameur de trompette ici requise sont bel et bien présents. Quel bonheur également de voir le rôle d’Azucena distribué à une jeune chanteuse, en l’occurrence la mezzo Chinara Shirin), en lieu et place d’une interprète « sur le retour » comme c’est (trop) souvent le cas… La chanteuse azerbaïjannaise déploie de puissantes ressources de mezzo-soprano, avec un aigu ferme et un grave naturellement riche, doublé d’un art consommé de la dynamique expressive. Par ailleurs, sa formidable présence scénique lui permet de donner de son personnage un portrait ni banal ni vulgaire, et elle récolte elle aussi un véritable plébiscite auprès de l’audience. Sans que l’on sache s’il était malade, le Comte de Luna du baryton italien Paolo Ruggiero ne rend pas justice à son personnage, avec un phrasé chaotique et des passages de registre laborieux, mais la prestation de la basse ukrainienne Viacheslav Strelkov (Ferrando) s’avère bien pire, avec un chant manquant totalement de justesse. Les deux comprimari – Leonora Llieva en Inés et Federico Parisi en Ruiz – n’ont pas de mal à laisser un meilleur souvenir. 

 

Malgré quelques décalages entre fosse et plateau et le nombre restreint d’instrumentistes, la direction du chef slovaque Martin Mazik ne parvient pas moins à exalter les beautés et les fulgurances orchestrales du chef d’œuvre de Verdi, tandis que le Coro Lirico Siciliano se montrent à la hauteur des nombreuses interventions chorales du Trouvère. Un beau succès public vient couronner cette soirée verdienne !

 

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CRITIQUE, opéra. CLERMONT-FERRAND, Opéra-Théâtre, le 31 janvier 2025. VERDI : Le Trouvère. David Banos (Manrico), Irina Stopina (Leonora), Paolo Ruggiero (Luna), Chinara Shirin (Azucena)… Aquiles Machado / Martin Mazik / Photo © classiquenews.com

 

 

LIRE aussi la critique du même TROVATORE / Le Trouvère de Verdi par notre rédacteur Alexandre Pham, Opéra de Massy, 19 janvier 2025 : https://www.classiquenews.com/critique-opera-opera-de-massy-le-19-janvier-2025-verdi-le-trouvere-vicent-romero-manrico-irina-stopina-leonora-jiujie-jin-azucena-nicola-ziccardi-luna-orchestre-de-l/

 

CRITIQUE, opéra. Opéra de Massy, le 19 janvier 2025. VERDI : Le Trouvère. David Banos (Manrico), Irina Stopina (Leonora), Jiujie Jin (Azucena), Nicola Ziccardi (Luna), … Orchestre de l’Opéra de Massy, Constantin Rouits / Aquiles Machado

 

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