Début XXème, PARIS est une ruche artistique, véritable temple de la création qui attire peintres, plasticiens, architectes et bien sûr, compositeurs du monde entier… La Rhapsodie roumaine n°1, de Georges Enesco fait resurgir les souvenirs du pays natal…Le Concerto pour piano n°2 de Saint-Saëns est l’un des piliers du répertoire romantique français, que jouait déjà Clara Schumann à la fin du XIXè : un concerto qu’elle estimait beaucoup pour ses couleurs mendelssohniennes et schumaniennes…. A Lille puis en tournée (les 3 et 4 juin suivants, voir ci dessous), la pianiste russe Varvara au jeu puissant et millimétré, s’implique totalement pour exprimer de Saint-Saëns, la verve, la passion, l’esprit de l’élégance si française. Heureux spectateurs lillois qui retrouvent aussi leur chef « historique », Jean-Claude Casadesus dirigeant aussi deux pièces désormais emblématiques de son propre répertoire : Le Bœuf sur le toit de Milhaud, ses sambas et ses mélodies brésiliennes qui font swinguer l’orchestre. Puis le programme événement se conclut avec l’irrésistible transe symphonique, Boléro de Ravel, où la finesse de l’orchestration, la magnétisme mélodique, la trépidation rythmique – entêtante, obsessionnelle-, réalisent une expérience musicale, pour les interprètes comme le publics, littéralement exaltante. Concert événement. Photos : DR
ENESCO : Rhapsodie roumaine n°1
SAINT-SAËNS : Concerto pour piano n°2
MILHAUD : Le Bœuf sur le toit
RAVEL : Boléro
ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Jean-Claude Casadesus, direction
Varvara, piano
_________________________________________________
Concert « LA BELLE ÉPOQUE »
Au début du 20ème siècle, tous les chemins mènent à Paris …
Jeudi 1er juin 2023 — 20h
Vendredi 2 juin 2023 — 20h
Lille, Nouveau Siècle
± 1h40 avec entracte
RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de l’ON LILLE / ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE ici :
https://www.onlille.com/saison_22-23/concert/la-belle-epoque/
Avant le concert : 18h45 – Prélude – Autour de la musique française #2 – avec les élèves du Conservatoire de Lille et les étudiants de l’ESMD (entrée libre, muni du billet de concert)
BILLETTERIE EN LIGNE :
https://onlille.notre-billetterie.com/billets?kld=2223&site=2223&spec=1537
ACHETEZ VOTRE PASS !
https://www.onlille.com/saison_22-23/pass_22-23/
TOURNÉE en région, les 3 puis 4 juin 2023
Pas de billetterie O.N.L / billetterie extérieure
—
Samedi 3 juin – 20h
Hem, Le Zéphyr
—
Dimanche 4 juin – 17h
Le Touquet-Paris-Plage,
Palais des Congrès, salle Maurice Ravel
____________________________________________
Prochain cycle événement de l’ON LILLE, ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, le LILLE PIANO(S) FESTIVAL les 9, 19 et 11 juin 2023 :
LIRE ici notre présentation, tous les concerts, ici : https://www.classiquenews.com/lille-pianos-festival-9-10-et-11-juin-2023/
____________________________________________
Approfondir
BOLÉRO ensorcelant à la conquête du monde… De retour d’une tournée aussi harassante que triomphale aux USA, début 1928, Ravel rentre en avril 1928 au Havre et y termine à l’automne le Boléro. C’est peu dire que le compositeur soucieux du détail et de la précision, admirait la mécanique : une vision d’usine aurait inspiré la partition orchestrale qui répond à la commande passée par la danseuse Ida Rubinstein, pour la musique d’un nouveau ballet devant durer… moins de 17 mn. Il en découle la répétition d’un motif (« arabo-espagnol ») fixé dès l’été 1928 à Saint-Jean de Luz : répété, en un vaste crescendo et qui s’inspire de la Danse Grotesque de Daphnis… Ainsi 169 fois, s’affirme l’ostinato (ritournelle, procédé baroque) en un vaste crescendo où l’orchestre semble expérimenter toutes les couleurs, les alliages de timbres, les procédés qui font dialoguer les 2 motifs, qui les opposent, les détournent, les fusionnent… en un râle (tutti) à la fois lascif et libérateur. On dit même que la partition dans son flux, respecte les 5 phases du sommeil, de l’endormissement au rêve profond ; et aussi les paliers vers l’ivresse extatique car le caractère progressivement charnel du morceau, pour ne pas dire érotique, voire orgasmique, ne serait pas étranger à son fabuleux succès à travers le monde. Peu à peu, à mesure que chaque instrument s’empare du thème, les auditeurs peuvent réviser le langage orchestral : et identifier quand ils jouent ou sont mis en avant, le tambour / caisse claire, la flûte, la clarinette, le basson, la petite clarinette, le hautbois d’amour, la flûte avec trompette en sourdine, le saxophone ténor puis soprano, puis l’alliance jubilatoire des célesta / cor / piccolos… jusqu’à l’avènement des cordes, de la trompette… Créé et radiodiffusé le 11 janvier 1930, Boléro dévoile au monde, le génie du plus grand compositeur vivant. De toute évidence, la pièce d’essence (et par destination) chorégraphique, est à présent jouée telle une pièce de musique pure, dans les théâtres et les salles de concert.
MILHAUD sait faire danser l’orchestre ! Son bœuf sur le toit en témoigne : l’opus 58 collecte rythmes et accents du Brésil, non pas sa nature amazonienne mais les bruits citadins, ceux carioca de Rio entre autres, de son célèbre carnaval. Milhaud privilégie ainsi airs populaires, samba, rumba, conga,…tangos, maxixes, rumbas, fado (portugais)… unifié par un thème récurrent (conçu comme un rondo) ; à l’origine, avant d’être un morceau de concert prisé, Le bœuf sur le toit fut un ballet chorégraphié par Cocteau (dont l’action se situe dans un bar américain à l‘époque de la prohibition). La création a lieu en février 1920 au Th des Champs-Elysées (décors de Dufy). Epris d’exotisme déjanté, sur un mode surréaliste, l’écrivain imagine une galerie de portraits métissés, caractérisés, en liaison avec la diversité des accents de la musique : boxeur, nègre, cowboy, femme-garçonne et bookmaker… Cocteau manie la parodie et singe le final de Salomé de Strauss : la dite femme-garçonne danse en jouant avec la tête décapitée d’un policeman ! Par la suite, en raison de son insuccès, la partition fut recyclée par Milhaud et présentée comme une musique de music-hall destinée à illustrer « un film de Charlot »! Festive, nerveuse et légère, brillante et fruitée, la partition est un véritable bain de couleurs et de rythmes, un hymne à la joie la plus spontanée. Beau défi pour l’orchestre. Photos : DR