LILLE. PUCCINI : TURANDOT. 7, 8, 9 juillet 2020. Lille grĂące Ă lâONLILLE, Orchestre National de Lille poursuit en Ă©tĂ© son offre lyrique. Dans le cadre de son nouveau festival intitulĂ© « Les Nuits dâĂ©tĂ© » (2Ăš Ă©dition en juillet 2020), lâONLILLE aborde TURANDOT de Puccini, les 7, 8 et 9 juillet 2020 (20h) dans son superbe auditorium du Nouveau SiĂšcle. La partition est la derniĂšre transmise par Puccini, qui hĂ©las meurt avant dâavoir achever la totalitĂ© du IIIĂš acte : de fait si lâon respecte le manuscrit originel, Puccini a interrompu la composition aprĂšs le suicide de Liu et le dĂ©part immĂ©diat de Timur⊠; câest Toscanini, puccinien de la premiĂšre heure, qui demande Ă Franco Alfano (lâauteur de Madonna Imperia dâaprĂšs Balzac, 1921) de terminer lâouvrage avec les lourdeurs parfois emphatiques que lâon sait (duo enfin amoureux entre Calaf et Turandot : « Mio fiore mattutino »), pour la crĂ©ation de lâĆuvre Ă la Scala en avril 1926.
Les Nuits d’Ă©tĂ© Ă Lille
le nouveau rv lyrique estival
prĂ©sentĂ© par l’Orchestre National de Lille

LA PRINCESSE AUX 3 ĂNIGMES… LâopĂ©ra est un mythe lyrique qui ne cesse de transporter grĂące aux diaprures et vertiges de lâorchestre ; Ă travers la figure de la princesse chinoise, se fixe lâattrait pour les hĂ©roĂŻnes inclassables, ici hĂ©ritiĂšre des sorciĂšres et enchanteresses baroques, devenue grĂące Ă lâimagination de Puccini, une divinitĂ© marmorĂ©enne dont toute sensualitĂ© semble Ă©cartĂ©e : câest une princesse, osons le dire, « frigide ». Dans certaine production, les metteurs en scĂšne prennent acte de lâinachĂšvement du drame par Puccini qui nâa pas laissĂ© de duo amoureux ; ainsi interdite de passion comme de toute tendresse, Turandot est-elle vouĂ©e Ă la mort et se suicide en fin dâaction⊠Mais aujourdâhui, la fin imaginĂ©e par Alfano permet dâenvisager un autre destin pour la chinoise, enfin initiĂ©e grĂące Ă Calaf, aux dĂ©lices dâun amour pur et sincĂšre.
AprĂšs lâopĂ©ra tragique, Madama Butterfly (créé sans succĂšs Ă la Scala en fĂ©vrier 1904) oĂč il convoque un Japon de pacotille, sublimĂ© par lâopulence dâun orchestre Ă la fois flamboyant et dramatique, Puccini aborde Ă nouveau lâAsie, Ă travers le portrait de la princesse chinoise Turandot. La dĂ©itĂ© rĂšgne sur un royaume transi ; ayant promis Ă son aĂŻeule martyrisĂ©e par un Ă©tranger de la venger, en imposant Ă chaque prince qui veut l âĂ©pouser, la rĂ©solution de 3 Ă©nigmes⊠Turandot paraĂźt jusque lĂ mort de Liu (au III), telle une femme glaciale, impĂ©rieuse, inflexible ; le prince Calaf qui au dĂ©but de lâopĂ©ra, ose braver lâinterdit et rĂ©pondre aux 3 Ă©nigmes, affronte un roc, murĂ©, et comme pĂ©trifiĂ©e par sa haine et sa volontĂ© de vengeance.
Les pages symphoniques Ă©voquant la Chine impĂ©riale et le faste parfois terrifiant et ennuyeux de la Cour (le trio des 3 ministres chargĂ©s des rites, PIM PAM POM), la terrifiante et solennelle confrontation de la princesse et du prince Ă©tranger au II oĂč la jeune femme Ă©voque le destin atroce de son aĂŻeule (« Questa Reggia » : un Everest pour toute soprano dramatique qui doit possĂ©der un instrument puissant, clair et agile, dâun format wagnĂ©rienâŠ) ; lâaube au dĂ©but du III, et le cĂ©lĂšbre « Nessun dorma » qui a fait la lĂ©gende des plus grands tĂ©nors (Pavarotti en tĂȘte) convoquent le meilleur orchestre puccinien, douĂ© de chromatisme audacieux, de couleurs, dâenvolĂ©es lyriques, proprement picturales. Rien de mieux pour lâOrchestre National de Lille prĂȘt Ă relever tous les dĂ©fis sous la direction de son directeur musical, le trĂšs impliquĂ© Alexandre Bloch.

Alexandre Bloch © Ugo Ponte

Orchestre National de Lille / ONLILLE © Ugo Ponte
________________________________________________________________________________________________
PUCCINI : Turandot
Version de concert
Les Nuits dâĂ©tĂ© de lâOrchestre National de Lille
Mardi 7, mercredi 8, jeudi 9 juillet 2020, 20h
LILLE, Auditorium du Nouveau SiĂšcle
RĂSERVEZ VOS PLACES
directement sur le site de lâONLILLE Orchestre National de Lille
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/turandot/
________________________________________________________________________________________________
ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Alexandre Bloch, direction
Calaf : Jorge de LeĂłn
David Pomeroy (concert du 8 juillet 2020)
Turandot : Ingela Brimberg
/ Miina-Liisa VÀrelÀ (concert du 8 juillet 2020)
Liu : Eri Nakamura
Timur : Nicolas Testé
Ping & le Mandarin : Philippe-Nicolas Martin
Pang : Sahy Ratia
Pang : Tividar Kiss
Altoum, empereur de Chine : Ăric Huchet
Orchestre National de Lille
The Hungarian National Choir
Jeune ChĆur Des Hauts-De-France
________________________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________________________
Â
APPROFONDIR
________________________________________________________________________________________________
VENGER LO U LING⊠HAĂR LES HOMMESâŠÂ A lâexacte moitiĂ© de lâopĂ©ra, alors que lâon ne lâa pas encore Ă©coutĂ©e (mais attendue : elle et ses 3 Ă©nigmes sanglantes), la princesse chinoise, fille du fils du Ciel, lâempereur Altoum, entonne enfin devant la foule, face au prince qui ose la dĂ©fier (Calaf) et devant les spectateurs, son fameux grand air « In questa reggia »⊠rĂ©citatif hallucinĂ©, plein de tendresse blessĂ©e pour son aĂŻeule, la princesse Lo u ling, sacrifiĂ©e, violĂ©e par le roi des Tartares (dont Calaf est un descendant). DâoĂč le caractĂšre de haine et de vengeance Ă lâĂ©gard des jeunes mĂąles venus la conquĂ©rir : elle vengera lâoffense faite Ă son ancĂȘtre⊠Lâair de Turandot se hisse jusquâen aigus stratosphĂ©riques, exprimant le refus dâune femme qui sâĂ©carte sciemment du monde des hommes. Illustration : diva des divas actuelles, Anna Netrebko, si  elle n’a pas incarnĂ© sur scĂšne le princesse vengeresse, a tentĂ© non sans conviction de chanter le rĂŽle (l’air “in Questa Reggia”) dans un rĂ©cital discographique Ă©ditĂ© par DG Deutsche Grammophon : une rĂ©vĂ©lation qui a confirmĂ© l’Ă©volution de sa voix vers un grand lyrique dramatique dotĂ© d’aigus puissants et charnels… (cd Verismo, 2016)
TRAGI-COMIQUE. Pour adoucir la tension tragique de cette figure plus cĂ©leste que mortelle, Puccini a pris soin dâaccompagner le prince Calaf, sur le registre terrestre, des 3 ministres chargĂ©s des rites, les fameux masques Ping, Pang, Pong, trois forces divertissantes qui nâhĂ©sitent pas depuis lâarrivĂ©e du jeune homme, Ă le dissuader de dĂ©fier Turandot ; celle ci est cruelle et terrifiante ; elle nâexiste pas⊠Leur trio qui ouvre lâacte II indique la nostalgie de leur terre (Ping : « ho una casa nell âHonan »), loin des intrigues fatigantes de la cour impĂ©riale. Lâimbrication des registres tĂ©moigne du gĂ©nie dramatique de Puccini : tragique hallucinĂ© (Truandot), comique et autodĂ©rision (les masques), hĂ©roĂŻque ardent (Calaf)âŠ