ARTE. Dim 5 avril 2020. 18h40. BEETHOVEN : Le Christ au mont des oliviers.  C’Ă©tait presque un chef-d’Ćuvre oubliĂ© : le seul oratorio de Beethoven. Il y a exactement 217 ans, le 5 avril 1803, “Christ sur le Mont des Oliviers” a Ă©tĂ© créé Ă Vienne par un compositeur encore jeune, nouvellement arrivĂ© Ă Vienne. Bien que la premiĂšre mondiale ait Ă©tĂ© un succĂšs, lâĆuvre a rarement Ă©tĂ© rejouĂ©e plus tard. Pourtant, bien avant son Ćuvre lyrique unique qui lui prendra toutes ses forces crĂ©atives (Fidelio), lâoratorio Le Christ au mont des oliviers rĂ©duit lâaction Ă 3 protagonistes : JĂ©sus, SĂ©raphin, Pierre en un huis clos mystique et intimiste, sublimĂ© par lâurgence et une tension souterraine inĂ©dite.
“Le Christ au Mont des Oliviers” de Beethoven par Simon Rattle / Dans le cadre de l’annĂ©e 2020 de Beethoven (250Ăš anniversaire), le London Symphony Orchestra et le choeur symphonique de Londres sous la direction de Sir Simon Rattle – filmĂ© au Barbican Center de Londres. Soliste : Pavlo Breslik (tĂ©nor : Christ), Elsa Dreisig (soprano : SĂ©raphin), David Soar (basse : Pierre).
Le Christ au mont des Oliviers est aussi Ă lâaffiche de lâAtelier Lyrique de Tourcoing, les 15 et 17 mai 2020
http://www.classiquenews.com/tourcoing-le-christ-au-mont-des-oliviers/
CLĂS D’ĂCOUTE…Â
SYNOPSIS, livret âŠ. Lâeffroi du Fils qui se pense abandonnĂ© par son pĂšre et du ciel, surgit lâange (SĂ©raphin) qui rappelle combien le sacrifice de JĂ©sus sauve lâhumanitĂ©, cette race indigne : « le Christ en expirant sauve ce jour la terre! », « son sang efface votre crime »⊠Beethoven immerge dĂšs la premiĂšre scĂšne lâauditeur dans les doutes et la panique de JĂ©sus, seul, dĂ©muni, dĂ©passĂ© par la mission salvatrice et sacrificielle qui lui est confiĂ©e⊠et qui reste effrayĂ© par la mort. Mais le Christ accepte son sort si sa mort permet de sauver lâhumanitĂ©.
LâĂ©criture pleine de souffle, de rebonds dramatique annonce les oratorios symphoniques de Mendelssohn (et de Schumann). Le tragique spirituel dĂ©voile Ă la fois la tendresse et la passion de Beethoven pour lâaction la plus exacerbĂ©e. JĂ©sus exprime lâardeur dâun cĆur abandonnĂ© mais loyal, vrai hĂ©ros qui annonce chez Beethoven le monologue de Florestan – en lui sâincarne le destin ultime dâun ĂȘtre confrontĂ© Ă lâĂ©preuve ultime dont le sens implique la salut de lâhumanitĂ©, rien de moins ; tandis que lâAnge exhorte lâassemblĂ©e Ă la compassion et Ă lâamour de ce Fils salvateur qui se sacrifie. Le duo JĂ©sus / SĂ©raphin prĂ©figure aussi par son caractĂšre amoureux mystique, le duo Florestan / Leonore du mĂȘme opĂ©ra Fidelio. Ici, Beethoven prolonge la leçon de son maĂźtre Ă Vienne, Haydn, gĂ©nie de lâoratorio (La CrĂ©ation de 1801).
Pour Ă©paissir lâaction, Beethoven met en scĂšne les soldats venus arrĂȘter celui qui se prĂ©tend le fils de Dieu, tandis que les disciples de JĂ©sus dâabord Ă©tonnĂ©s, sâindignent de lâarrestation du Sauveur ; le chĆur important, voix multiple et contrastĂ©e reprend la dialectique de la turba chez JS Bach (Ă la fois nĂ©faste et malveillante, et aussi attendrie, compatissante) ; il rythme et souligne les points forts du drame. Pierre, le plus furieux et colĂ©rique, est ravisĂ© par JĂ©sus qui lâappelle au pardon (« aimez vos ennemis »). AprĂšs lâarrestation du Christ enfin adouci et qui renonce, car il est prĂȘt Ă mourir, le chĆur final (des anges) cĂ©lĂšbre la noblesse divine du Fils (« cĂ©lĂ©brons sa puissance, adorons sa clĂ©mence, exaltons sa grandeur !).