mardi 16 avril 2024

DVD, compte rendu critique. Verdi : Macbeth. Anna Netrebko (DG, 2014)

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verdi macbeth anna netrebko rene pape fabio luisi metropolitan opera deutsche grammophon review critique dvd CLASSIQUENEWS presentation and account of review dvd classiquenewsDVD, compte rendu critique. Verdi : Macbeth. Anna Netrebko (DG, 2014). Anna Netrebko incarne une Lady Macbeth très convaincante. Dans son album Deutsche Grammophon édité en 2013 (Verdi album), Anna Netrebko chantait les tiraillements amoureux (Leonora) et les ambitions meurtrières (Lady Mabeth) des héroïnes qu’elle allait ensuite incarner sur scène. Programme prémonitoire en réalité, le cd événement faisait donc office de feuille de route pour la cantatrice actrice.  De fait elle a chanté dans la foulée de cet album important Leonora du Trouvère (à Berlin et Salzbourg), puis Lady Macbeth … Voici la fameuse production shakespearienne captée en 2014 au Metropolitan Opera de New York. Les grands événements lyriques de la planète savent faire un tapage médiatique d’autant plus légitime quand il s’agit de prises de rôle attendues et réussies. Dans le cas de la soprano incandescente Anna Netrebko, contre l’avis de certains qui annonçaient une débâcle car elle n’avait pas la voix suffisante, le pari est relevé ; les attentes, couronnées de délices.

Signée par le britannique Adrian Noble, grand connaisseur du théâtre élisabethain,  la mise en scène permet surtout de découvrir Anna Netrebko en icône blonde décorée par l’ambition fut-elle  sanguinaire rappellant… en plus calculatrice et plus prédatrice, Marylin Monroe. Verdi souhaitait une cantatrice expressive capable avec le baryton chantant son époux, de réussir et l’amplitude vocale et le sentiment de la ligne sans oublier l’esprit londonien qui inscrit le drame dans un fantastique médiéval, psychologique et halluciné, des plus noirs. Le vrai sujet de Macbeth reste la descente aux enfers d’un couple d’ambitieux, prêts à tout y compris au crime en série pour assoir son pouvoir. On retrouve aux côtés de la soprano vedette, le ténor maltais Joseph Calleja (Macduff), la basse René Pape (Banco), et le baryton Zeljko Lucie, qui fait un Macbeth transformé peu à peu en criminel fou, sous l’emprise du pouvoir. L’ambition irrationnelle rend fou et criminel.

netrebko anna macbeth classiquenews review account ofDès les premières représentations (mi ocotobre 2014) et malgré les mises engarde de ses proches, Anna Netrebko s’empare du rôle dont elle exprime toutes les facettes avec cette intelligence émotionnelle qui a fait la réussite de ses rôles antérieurs : Leonora chez Verdi  (princesse amoureuse enivrée éperdue et finalement sacrifiée) ou tout autant aboutie avec le diamant complémentaire de sa langue natale (Iolantha de Tchaikovski : ardente énergie tournée vers le miracle d’une résurrection individuelle ; inspiré par le Moyen âge français, le dernier ouvrage du Russe, trouve en Anna Netrebko une icône troublante qui rend palpitant les modalités de l’émancipation d’une jeune fille hors du joug paternel): aucun doute outre la beauté d’une voix corsée et suprêmement sensuelle, la chanteuse sait aussi construire un personnage sur la durée, révélant dans leur finesse singulière, chaque portrait de femme, dévoilant une intelligence psychologique qui se révèle passionnante au disque comme sur scène. Avec des moyens vocaux moins impressionnants que certaines autres cantatrice familières du personnage verdien, Netrebko éclaire  la noirceur de Lady Macbeth avec une épaisseur rare, finement caractérisée. Sa plasticité naturelle tend à basculer la réalisation new yorkaise vers le cinéma ; mais un format que la réalisation en dvd ne renforce pas hélas. Pourtant sous l’oeil des caméras, la formidable photogénie de l’actrice chanteuse perce l’écran.

En fosse, Fabio Luisi défend avec clarté l’avancée du drame : un drame qui s’affirme à grands coups de tableaux visuellement mémorables mais qui sacrifient parfois la précision et le détail des profils et des mouvements (McVicar en cela est plus perfectionniste).

Tout autant convaincants sont ses partenaires hommes, surtour René Pape en Banquo et Joseph Calleja en Macduff. Le Macbeth de Zeljko Lucic aux moyens certes évidents, mais il n’a pas le charme de sa consœur ni son intelligence ni sa fragilité émotionnelles dans la caractérisation progressive du caractère ; comme Netrebko, on aurait souhaité plus d’ambivalence,  plus de trouble plutôt que ce chant uniteinte et monocorde, dépourvu de toutes les nuances requises. Verdi en shakespearien inspiré a pourtant écrit deux portraits de criminels particulièrement profonds et captivants, les rendant même d’une certaine façon sympathiques et touchants par leurs tiraillements incessants, leur sincérité noire, leur faiblesse barbare. La production compte dans la carrière de la diva planétaire : la voix féminine de l’heure comme est incontournable aujourd’hui, le ténor irrésistible Jonas Kaufmann (hélas passé de Decca chez Sony).

Prochains grands rôles pour Anna Netrebko : Manon Lescaut de Puccini (Munich, novembre 2015) puis  surtout Elsa, dans Lohengrin de Wagner à Bayreuth (juillet 2016 : mais alors qui sera son chevalier : Klaus Florian Voigt ou justement Jonas Kaufmann, les deux champions actuels de ce rôle idéal ?…

DVD, compte rendu critique. Verdi : Macbeth.  Anna Netrebko · Zeljko Lucic. René Pape · Joseph Calleja. The Metropolitan Opera Orchestra, Chorus and Ballet. Fabio Luisi, direction. Adrian Noble, mise en scène.

VOIR. Bande annonce video Lady Macbeth par Anna Netrebko

 

 

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