DIJON, Opéra. VERDI : Stiffelio. 20-24 nov 2022 (Secco, Waldman). Un guide spirituel confronté à l’adultère de son épouse : âmes et corps en lutte se donnent rendez-vous dans ce chef-d’œuvre méconnu de Verdi. Source théâtrale française oblige, l’opéra de Verdi éblouit par sa force dramatique, digne d’un vrai huit-clos intimiste et psychologique. Pas de héros royaux, de princes ou de princesses déchues et sacrifiées ni de chœurs sur fond historique, mais un trio de gens simples d’autant plus éprouvés qu’ils appartiennent tous à une communauté spirituelle où la règle de vertu morale s’applique sur toute autre chose.
Il est donc audacieux voire provocateur de la part de Verdi d’adapter la pièce de Souvestre et Bourgeois (Le Pasteur, 1849). Verdi y expérimente la confrontation structurante sur le plan dramatique du héros tiraillé par des spectres intérieurs, du collectif moralisateur opposé à la passion des individus…
DIJON, Opéra
les 20 (15h), 22 et 24 novembre 2022 (20h)
RÉSERVEZ VOS PLACES :
https://opera-dijon.fr/fr/au-programme/calendrier/saison-22-23/stiffelio/
Stiffelio : Stefano Secco
Lina : Erika Beretti
Stankar : Dario Solari
Raffaele : Raffaele Abete
Jorg : Önay Köse
Dorotea : Julie Dey
Federico : Jonas Yajure*
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* Soliste du Chœur de l’Opéra de Dijon
Orchestre Dijon Bourgogne
Chœur de l’Opéra de Dijon
Debora Waldman, directon
Bruno Ravella, mise en scène
Teaser vidéo STIFFELIO à l’Opéra de Dijon:
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Entretien exclusif avec Bruno Ravella :
https://opera-dijon.fr/fr/au-programme/actualites/conversation-avec-bruno-ravella/
L’année où sont créés Lohengrin de Wagner et Genoveva de Schumann, 1850 : Verdi livre après Luisa Miller, et avant Rigoletto, Stiffelio, une partition dont la violence morale surprend ; dont la justesse et la vérité des caractères musicaux qui y sont brossés, saisissent. Et si nous tenions là un Verdi oublié, le chaînon manquant dont l’absence sur les planches reste incompréhensible ?
Verdi embrase littéralement cette intrigue, exploitant justement les ressorts dramatiques, pathétiques et tragiques de chacun des protagonistes. Il s’intéresse à la traîtresse (Lina) toujours amoureuse de son mari, dévorée par la culpabilité ; au mari lui-même c’est à dire Stiffelio (en fait Rodolfo, un prénom décidément verdien que l’on retrouve dans Luisa Miller, l’opéra qui précède Stiffelio, puis dans La Traviata qui lui succède avec Rigoletto ) : il faut de la noirceur pour incarner l’âme du pasteur rongé par le doute, tiraillé par le soupçon …
enfin sauvé par lui-même.
Stankar, modèle du baryton verdien
Et pour fermer l’action sur un trio remarquable, Verdi s’intéresse tout autant au père de l’infidèle, Stankar, superbe figure paternelle lui aussi détruit par l’esprit du déshonneur et de la honte: il ne supporte pas que sa fille ait pu trahir l’époux si vertueux : un superbe air au III, avec un écart vertigineux d’humeurs enchaînées, annonce les grands barytons verdiens : autorité morale édifiante, pères aimants et protecteurs- ; ainsi au III, Stankar apparaît d’abord suicidaire désespéré puis ivre d’une vengeance qui se profile de façon imprévue: de fait il tuera celui par lequel le scandale arrive (Raffaelle). Stankar exige du chanteur un métier solide. On connaissait dans l’illustration de la tendresse et de l’amour paternel les plus connus Rigoletto, Simon Boccanegra, … désormais il faut compter avec Stiffelio : le personnage de Stankar les préfigure tous : on vous l’a dit Stiffelio version originelle, réserve de superbes révélations.
La fameuse scène finale où en pardonnant finalement à son épouse, Stiffelio lit la parabole de la femme adultère – un tableau qui avait susciter les foudres de la censure puritaine-, : une nuée de pierres semble s’abattre poétiquement sur chacun des fidèles rassemblés au temple. C’est un renversement symbolique de l’action et la preuve que la coupable est une victime comme les autres, surtout que personne ne peut s’élever en juge, s’il ne peut démontrer au préalable, sa pureté morale. Du reste, le tableau à l’église est le plus spectaculaire avec son prélude à l’orgue qui plonge le spectateur dans la représentation non plus d’une action anecdotique mais bien d’un tableau exemplaire à méditer. Le génie de Verdi outre sa pertinence psychologique, place l’intrigue au rang d’enseignement universel. Opéra du pardon, Stiffelio est un appel à la miséricorde et à la compréhension : on s’étonne qu’à l’époque, l’ouvrage ait suscité tant de réprobation de la censure.
LIRE aussi notre dossier complet Stiffelio de Verdi / Stankar, modèle du baryton verdien :
http://www.classiquenews.com/stiffelio-a-strasbourg-et-mulhouse-10-oct-9-nov-2021/
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OPERA. WAGNER : LE RING de Philippe JORDAN à Bastille puis à Radio France. 8 représentations du 23 nov au 6 déc 2020 à Paris. Le nouveau Ring de l’Opéra national de Paris sera finalement donné à l’Opéra Bastille les 23, 24, 26 et 28 novembre 2020, en version de concert. Puis l’Auditorium de Radio France accueillera les 30 novembre, 1er, 4 et 6 décembre 2020 cette nouvelle Tétralogie de Richard Wagner tant attendue également en version de concert avec l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra national de Paris sous la direction de Philippe Jordan. C’est d’ailleurs le 2è cycle wagnérien pour le directeur musical (premier Ring à Bastille en 2009) qui quittera ainsi ses fonctions à Paris.
Informations et renseignements sur les sites www.maisondelaradio.fr et www.operadeparis.fr
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Autres RVS de l’Opéra National de Paris
A L’OPERA BASTILLE
Du 16 au 31 décembre 2020, 6 représentations de l’opéra Carmen de Georges Bizet
Direction : Kéri-Lynn Wilson / Mise en scène : Calixto Bieito / Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
Du 4 décembre au 2 janvier 2021, 16 représentations du ballet La Bayadère de Rudolf Noureev. Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris.
À LA PHILHARMONIE DE PARIS
Les 16 et 17 octobre à 20h30 : Verklärte Nacht, op. 4 d’Arnold Schönberg et Eine Alpensinfonie, op. 64 de Richard StraussDirection : Philippe Jordan / Orchestre de l’Opéra national de Paris / Concert initialement prévu le 16 octobre à l’Opéra Bastille
À L’AUDITORIUM DE RADIO FRANCE
30 novembre, 1er, 4 et 6 décembre : Festival Ring de Richard Wagner en version concert / Direction : Philippe Jordan. Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris