samedi 7 décembre 2024

CRITIQUE, concert TOURCOING, Eglise Saint-Christophe, le 3 juin 2023. MONTEVERDI : Vespro della beata Virgine. Ensemble vocal et instrumental La Tempête / Simon-Pierre Bestion.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

 

L’Atelier Lyrique de Tourcoing, c’est bien sûr une riche et alléchante saison très portée sur la musique vocale (la saison 23/24 vient tout juste de sortir, et ne nous fait pas mentir, loin s’en faut : https://www.atelierlyriquedetourcoing.fr/saison-23-24/ !), mais il propose aussi – depuis l’an passé – un “Festival de la Voix”, cette année étalé du 30 mai au 4 juin, avec pas moins de 19 rendez-vous musicaux sur la période (parmi lesquels se sont produits Les Ambassadeurs/Alexis Kossenko, La Capella Mediterranea/Leonardo Garcia Alarcon ou encore I Gemelli/Emiliano Gonzalez Toro…). Nous avons eu la chance d’assister à l’un d’entre eux, celui du 3 juin au soir, qui avait lieu dans la superbe église gothique St Christophe de TOURCOING qui accueillait l’Ensemble vocal et instrumental qu’est “La Tempête”, dirigé par son bouillonnant directeur/fondateur, Simon-Pierre Bestion.

seulement deux mois après avoir été à nouveau subjugués par l’une des dernières créations de Bestion (“Jérusalem” au Festival de Musique sacrée de Perpignan : https://www.classiquenews.com/critique-festival-perpignan-37eme-festival-de-musique-sacree-le-8-avril-2023-diana-baroni-mujeres-la-tempete-s-p-bestion-jerusalem/ ), c’est à nouveau l’enchantement que suscite l’un des tout premiers spectacles imaginés par le chef baroque, que nous avions raté jusqu’alors bien qu’il est tourné un peu partout depuis sa création en 2018. Le programme dure deux heures (sans entracte) alors que l’oeuvre sacrée montéverdienne totalise qu’une heure et demi ; La Tempête joue ici l’alternance entre les psaumes de Monteverdi et quelques psaumes en faux-bourdons extraits de l’Antiphonaire des Invalides et d’un manuscrit de la bibliothèque de Carpentras, des chants anonymes, que l’on retrouve à tous les siècles et dans l’ensemble du bassin mediterrannéen, et qui sont la trace d’une immense tradition orale, où l’harmonie évoque l’Italie, la Sardaigne ou la Corse, avec leurs polyphonies populaires.

Comme à son habitude, Simon-Pierre Bestion convoque tous les sens d’une assistance venue s’installer en masse dans la magnifique nef de l’église turquenoise, et c’est bien à un spectacle total auquel on assiste une nouvelle fois ici.

 

 

Démiurge des sons et des sens
Simon-Pierre Bestion spatialise
Les Vêpres de Monteverdi

 

 

 

C’est par le fond de la nef qu’il arrive avec ses instrumentistes, jouant debout et en marchant, jusqu’à leur installation sur un podium dressé sous la croisée du transept. Le chœur se place derrière mais n’y reste pas longtemps, en perpétuel mouvement dans tous les recoins de l’église pendant toute la durée du concert, pour un effet de spatialisation du son qui est l’une des marques de fabrique de l’ensemble. Les lumières imaginées par Marianne Pelcerf sont aussi pour beaucoup dans la magie du spectacle, des boules à facettes ayant été placées aux pieds des colonnes du transept, en diffusant une lumière tour à tour aveuglante ou tamisée jusque sur les voûtes de l’édifice, avant que de nombreuses bougies viennent les supplanter ou les relayer, dont une grande châsse apportée par des membres du choeur au pied du podium, laquelle est recouvertes d’innombrables bougies de formats divers et de fleurs blanches tombant en cascades jusqu’au sol.

L’instrumentarium fascine, et si l’on a déjà entendu ces instruments rares que sont le serpent, le ceterone, la dulciane ou la harpe triple, on fait connaissance avec le cervelas,… tous invités de luxe d’un ensemble de vingt-trois instrumentistes engagés.
Autour des antiennes énoncées par la poignante mezzo Aline Quentin, trente-trois chanteurs (dont Amélie Raison en soprano, Francisco Mañalich et Sébastien Obrecht en ténor et René Ramos en baryton-basse…) se montrent rompus à la dentelle montéverdienne comme à la ferveur bestionienne. Car tout ici possède la force du rituel, dans un ambiance mystique où sons et lumières se conjuguent et se confondent ; et où règnent avant tout la joie et la ferveur, qui rendent ces Vêpres tellement humaines. On sort de l’église ébahis et heureux, comme à chacun des concerts de ce démiurge des sons et des sens qu’est Simon-Pierre Bestion !

 

 

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CRITIQUE, concert TOURCOING, Eglise Saint-Christophe, le 3 juin 2023. MONTEVERDI : Vespro della beata Virgine. Ensemble vocal et instrumental La Tempête / Simon-Pierre Bestion. Photos © Emmanuel Andrieu

 

 

VIDÉO : Teaser des “Vêpres de la Vierge” de Monteverdi par La Tempête/Simon-Pierre Bestion

 

 

Photo : © Emmanuel Andrieu 2023

 

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