vendredi 29 mars 2024

Compte rendu, opéra. Paris, l’Européen. Le 28 janvier 2015. Albert Grisar : Bonsoir monsieur Pantalon, 1851. Les Frivolités parisiennes. Nicolas Simon, direction.

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Les hasards de la vie parisienne, entre lampions et course contre la montre, nous apportent souvent un lot passionnant d’aventures et de risques.  La barrière de Clichy, offre un brin de ce Paris exaltant des années folles, entre les théâtres de Montmartre et la brasserie Wepler,  ce parfum surannée enivre encore de ses légendes des musiques étincelantes et joyeuses.  A quelques pas de la colonne de Moncey, c’est le siège de L’Européen, une salle dévolue maintenant aux spectacles de musiques rock. Jadis sa scène accueillit la fine fleur du Music hall à la parisienne. 

 

 

 

 

 

Un Pari(s) frivole et délicieux !

 

albert-Grisar-bonsoir-monsieur-pantalon-operaMais ce 28 janvier,  l’Européen revivait les fastes de naguère, avec la recréation en première mondiale de l’opéra comique d’Albert Grisar : Bonsoir Monsieur Pantalon. Albert Grisar, compositeur belge, a été injustement écarté de l’éternité musicale. Auteur des musiques dont le succès a traversé le XIXème siècle, ses partitions sont des bijoux qui explosent de charisme, d’inventivité et d’un subtil sens de l’humour et de la mélodie. Albert Grisar, tout comme Florimond Hervé, est un digne compagnon d’Offenbach. Sa musique, dans cette « pantalonnade » qu’est Bonsoir Monsieur Pantalon, nous rend palpable l’émotion des soirées de l’Ambigu Comique, des femmes à crinoline, du Paris des fiacres, des lampions, une image que seuls Prévert et Carné ont retrouvé dans Les Enfants du Paradis.

Sans un orchestre de choc la musique de Grisar aurait subi un retour anecdotique, mais ce soir, le formidable Orchestre des Frivolités Parisiennes accueillit avec enthousiasme cette partition pour nous l’offrir avec enthousiasme et une réelle énergie décapante. Suivant les recréations d’Auber (L’Ambassadrice), d’Hervé (le Petit Faust) et bientôt d’Halévy (le Guitarrero), les Frivolités Parisiennes ont bien raison de remettre au goût cette musique incroyable et inusitée dans ces heures de crise.

A la tête des géniales Frivolités, Nicolas Simon dirige avec une subtilité certaine et un goût irréprochable. Il offre à la musique de Grisar un réveil brillant, une clarté dans les mouvements et une énergie communicative. Son approche est constellée d’une multitude d’accents qui apportent à l’intrigue une réelle théâtralité et un lyrisme passionnant. Un talent à retrouver absolument.

Côté solistes, nous remarquons surtout l’incroyable performance de la soprano Anne-Aurore Cochet en Colombine, mêlant la grâce théâtrale à une voix stupéfiante, nous encourageons nos lecteurs à suivre ce jeune talent plein de promesses !

Le reste de la distribution demeure assez inégal. Avec quelques pépites tout de même, Alan Picol en savant est désopilant,  Clara Schmidt est une amoureuse Isabelle charmante et Jeanne Dumat campe un Lélio correct.  La Lucrèce d’Alicia Haté n’est pas très convaincante et le Monsieur Pantalon de Vincent Vantyghem n’arrive pas à nous saisir dramatiquement.  Par ailleurs, la mise en espace de Damien Bigourdian demeure assez faible, tenant plus du gag que du renouvellement du genre.  Si les Frivolités Parisiennes sont au top musicalement dans la redécouverte du répertoire d’opéra comique,  le déséquilibre d’une mise-en-scène un peu poussiéreuse laisse choir l’originalité de l’œuvre.  Gageons que l’équipe des Frivolités Parisiennes reviendront à Grisar avec un spectacle qui renouvèlera le genre aussi brillamment qu’ils le font dans la fosse.

 

Quoi qu’il en soit,  cette nouvelle vie de l’opéra comique au cœur de son terrain d’origine,  fait un joli pied de nez aux institutions consacrées qui ne jurent plus sur le talent mais sur la comptabilité des marchands de sièges.  Saluons alors le courage de cette jeune compagnie et laissons nous porter vers des rivages inconnus avec le sourire des explorateurs !

 

 

 

 

 

 

Bonsoir monsieur Pantalon
Opéra comique d’Albert Grisar  (1851)

 

Les Frivolités parisiennes

 

Colombine – Anne-Aurore Cochet
Isabelle – Clara Schmidt
Lucrèce  – Alicia Haté
Lélio – Jeanne Dumat
Le Docteur – Alan Picol
M. Pantalon – Vincent Vantyghem
Deux porteurs  – Thibaut Thézan et Jaoued El Hirach

 

 

Mise en espace : Damien Bigourdian
Orchestre des Frivolités Parisiennes
Nicolas Simon, direction.

 

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