CD, événement, critique. SIBELIUS : Symphonie n°2. Gothenburg Symphony Orchestra, Santtu-Matias ROUVALI (1 cd Alpha – enregistré en juin 2019) – Grave et sombre parfois, souvent inquiétante, d’une constellation de timbres libérés et vibrants comme une frondaison grouillante et chantante, cette lecture de la Symphonie n°2 (finie en 1902) éditée par Alpha, confirme l’excellente appréciation de sa précédente Symphonie n°1 également jouée ici par le Gothenburg symphony et le chef électrisant, pleinement imaginatif Santtu-Matias ROUVALI.
S’y déploient comme dans la Symphonie n°1, ce sens de l’architecture, le souffle qui transcende, une lisibilité égale des pupitres et cette vibration particulière qui assimile l’orchestre de Sibelius au chant de la nature la plus mystérieuse et la plus flamboyante. Jamais descriptif, mais expressive et âpre dans ses élans et changements de rythmes et d’atmosphères, « D’emblée, grâce au chef, nous sommes dans la matrice bouillonnante des éléments. Sur le motif. » écrivait à propos de la Symphonie n°1, notre rédacteur Ernst Van Bek.
Au plus proche du vent, des arbres et de la mer, pourrions nous ajouter. C’est aussi sur le plan de la réalisation orchestrale, une splendide électrisation des timbres et des couleurs, magistralement servie par la tension et la sureté du geste qui construit, assène, fait chanter le tissu symphonique sans jamais l’épaissir ni le lisser. Le relief de chaque instrument soliste s’en trouve investi, à la fois intérieur et chantant. Evidemment ici règnent l’appel, l’ivresse, un sentiment de plénitude et d’activation frénétique mais jamais confuse (III. Vivacissimo), et d’aspiration vers les hauteurs, de célébration pour la Nature, enfin de jubilation organisée, telle une formidable machine structurelle qui des éléments faussement épars préalables, édifie une cathédrale victorieuse. Qu’on y voit propre au contexte de la partition, une claire apothéose du génie finnois, – affirmé à la face du voisin géant Russe, y triomphe surtout la pensée musicale de Sibelius, laquelle en une rare cohérence organique qui semble jaillissante, s’équilibre peu à peu, met en place une formidable séquence finale pleine de fougue construite et de panache ascensionnelle (début de l’Allegro moderato, final : appel des cuivres y est irrésistible). Dans ses œuvres suivantes, Sibelius décantera peu à peu la forme vers cette épure orchestrale fulgurante des dernières œuvres. Ce propre cheminement esthétique est des plus captivant. il fait de Sibelius le symphoniste le plus intéressant de la première moitié du XXè, avec R. Strauss, Mahler, Ravel, Debussy.
Plus narrative la Suite musicale « Roi Christian II » opus 27 (1899) apporte sur le sujet du Roi scandinave au XVIè, pour la pièce de Adolf Paul, une réelle confirmation de la sensibilité instrumentale du chef, son étonnante capacité à structurer dans la mobilité, à peindre et exprimer dans son activité fourmillante, une mosaïque de cellules vivantes. Après l’ivresse éperdue quasi échevelée mais d’une exceptionnelle intelligence du premier épisode « Nocturne » (plus lumineux et scintillant que vraiment sombre), écoutez l’intériorité, et la fièvre florale de l’Elégie, à la fois sombre et implorante, et pourtant gorgée d’espérance. Superbe lecture, vive, affûtée, clairement élaborée, et la confirmation que Santtu-Matias ROUVALI est un sibélien captivant. Une intégrale en cours ? A suivre. CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2020.
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CD, événement, critique. SIBELIUS : Symphonie n°2. Gothenburg Symphony Orchestra, Santtu-Matias ROUVALI (1 cd Alpha – enregistré à Gothenborg, en juin 2019 – Suède) – CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2020.
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Sibelius // Symphony No.1 & En Saga by Gothenburg Symphony & Santtu-Matias Rouvali
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