Né en Moravie à l’extrême fin du XIXè (1897), l’autrichien surdoué Erich Wolfgang Korngold, perpétue de facto le génie de Mozart (d’où son 2è prénom choisi par son père en hommage à l’auteur de La Flûte Enchantée). Exilé aux States, Korngold perce surtout comme symphoniste inspiré et comme … compositeur de musiques de films à Hollywood au tournant des années 1930 / 1940 (décrochant deux Academy Awards). Une image de compositeur facile lui colle à la peau ; mais sa sensibilité lumineuse, le raffinement de ses mélodies, le parcours harmonique très soigné de son écriture indiquent a contrario un compositeur non seulement doué, mais surtout inspiré, adepte de la profondeur et de l’élégance (une équation typiquement viennoise ?). Ce que révèle le programme défendu par le violoniste Bruno Monteiro, audacieux dans ses choix et même visionnaire car ici sont dévoilés le Trio opus 1 (plus connu) , surtout la sonate violon / piano opus 6, d’une volubilité originale inclassable, très rarement jouée.
Les violonistes apprécient en particulier son Concerto (créé par Jascha Heifetz). Bruno Monteiro et ses complices éclairent la période d’avant l’exil en Amérique : ce terreau européen particulièrement éclectique ; les interprètes abordent plusieurs perles non moins abouties qui éclairent le génie tout aussi magistral du jeune Erich Wolfgang dans la forme chambriste : ainsi son saisissant Trio pour piano, violon et violoncelle (écrit en 1910, à 13 ans !, pour son père Julius, éminent critique musical à Vienne)… dont la vitalité, le raffinement (non dénué de facétie et de surprise / cf. le dernier mouvement) indiquent un tempérament précoce et exceptionnel.
Même maîtrise formelle absolue pour la Sonate violon / piano (opus 6), pièce capitale composée à 16 ans, avec la complicité du remarquable violoniste Carl Flesh, fameux pédagogue à Bade dont l’Académie d’été poursuit toujours ses activités, et récemment grâce à l’engagement de la Philharmonie de Baden Baden. La Sonate créée à Berlin en oct 1913 concentre tous les embrasements du romantisme et le plus virtuose et le plus profond, crépitement inouï qui touche par son lyrisme et ses fulgurances. Bruno Monteiro souligne tout ce que le jeune Korngold perméable au milieu musical d’avant la guerre, doit à Richard Strauss ou Gustav Mahler, mais dans un esprit de synthèse à la fois éclectique et personnel. Le programme aussi brillant que fin et pleinement investi prolonge ainsi un travail spécifique sur la musique de chambre au début du XXè, précédemment abordé dans l’album Chausson, Ysaÿe (CLIC de CLASSIQUENEWS de fév 2023), réalisé avec la complicité des mêmes partenaires de Bruno Monteiro : Miguel Rocha (violoncelle) et João Paulo Santos (piano). Coup de cœur de la Rédaction et CLIC de CLASSIQUENEWS de l’Automne 2023. Prochaine critique complète à venir.
Programme :
ERICH WOLFGANG KORNGOLD [1897-1957]
Trio for Piano, Violin and Cello in D Major Op.1
1] Allegro non troppo, con espressione
2] Scherzo (Allegro)
3] Larghetto (Sehr langsam)
4] Finale (Allegro molto e energico)
Sonata for Violin and Piano in G Major Op.6
5] Ben moderato, ma con passione
6] Scherzo: Allegro molto (con fuoco) – Trio
– Moderato cantabile – Allegro molto (con fuoco)
7] Adagio: Mit tiefer Empfindung
8] Finale: Allegretto quasi andante (con gracia)
9] Tanzlied des Pierrot ##:##
from the Opera Die Tote Stadt for Cello and Piano Op.12
Bruno Monteiro, violin / violon
Miguel Rocha, cello / violoncelle
João Paulo Santos, piano
Enregistré à l’Auditório Caixa Geral de Depósitos, ISEG Lisbon, Portugal
Les 25 – 26 Fév 2023 – 1 CD Et’cetera records KTC1750
LIRE notre critique du CD KORNGOLD par Bruno Monteiro :
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LIRE AUSSI notre critique du précédent CD de BRUNO MONTEIRO : Music for violon, cela, piano de Chausson et Ysaÿe (CLIC de CLASSIQUENEWS de fée 2023) : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-bruno-monteiro-violon-chausson-ysaye-music-for-violin-cello-piano-miguel-rocha-violoncelle-joao-paulo-santos-piano-1-cd-etcetera/
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