vendredi 29 mars 2024

CD, annonce. Mozart : les 3 dernières Symphonies n°39,40, 41. Instrumental oratorium, Oratorio instrumental (Nikolaus Harnoncourt, Concentus Musicus Wien, décembre 2012, 1 cd Sony classical)

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harnoncourt mozart symphonies last symphonies 39, 40, 41 instrumental oratorium concentus musicus wien cd sony classicalCD, annonce. Mozart : 3 dernières Symphonies n°39,40, 41. Instrumental oratorium, Oratorio instrumental (Nikolaus Harnoncourt, Concentus Musicus Wien, décembre 2012, 1 cd Sony classical). Parues le 25 août 2014, les 3 dernières Symphonies de Mozart (°39,40, 41) synthétisent ici, dans cet enregistrement réalisé avec ses chers instrumentistes du Concentus Musicus Wien, l’expérience de toute une vie (60 années) passée au service du grand Wolfgang : sa connaissance intime et profonde des opéras, le plus importants dirigés à Salzbourg entre autres, suffit à enrichir et nourrir une vision personnelle et originale sur l’écriture mozartienne ; s’appuyant sur le mordant expressif si finement coloré et intensément caractérisé des instruments anciens, le chef autrichien réalise un accomplissement dont l’absolue réussite était déjà préfigurée dans son cd antérieur dédié au Mozart Symphoniste (Symphonie n°35 Haffner, édité en janvier 2014, « CLIC » de classiquenews) ou encore aux Concertos pour piano n°25 et 23. Dans cette réalisation attendue, Harnoncourt envisage les 3 Symphonies non plus comme une trilogie orchestrale – ce qui est aujourd’hui défendu par de nombreux musicologues et chefs- mais comme un « oratorio instrumental en 12 mouvements », subtilement enchaînés, en un tout inéluctablement organique. Par oratorio, Harnoncourt voudrait-il jusqu’à évoquer une partition touchée par la grâce divine, dont la ferveur sincère nous touche évidemment par sa justesse poétique et les moyens mis en œuvre pour en exprimer le sens ?

harnoncourt nikolausLa souple vivacité des instruments d’époque éclaire le raffinement et l’énergie d’un Mozart prébeethovénien… qui semble de facto dans ses 3 ultimes massifs symphoniques ouvrir un nouveau monde; son style prépare déjà l’éclosion du sentiment romantique : on demeure saisi par la sombre coloration si pudique et ténue de la symphonie intermédiaire et centrale la 40, tissée dans une étoffe des plus intimes comme si Mozart s’y révélait personnellement entre les notes… Harnoncourt sait approfondir pour chaque épidode/mouvement, une irrésistible tension où propre à l’été 1788, à l’occasion d’une très courte période de productivité, Mozart accouche de ce cycle qui frappe par son intelligence trépidante, l’espoir coûte que coûte, même s’il est aussi capable de vertiges noirs et suffocants, par un sens du temps tragique et tendre qui ne s’embarrasse d’aucune formule européenne si commune à son époque : le langage qu’y développe Mozart n’appartient qu’à lui, et dans bien des mesures, il annonce tous les grands symphonistes romantiques du siècle suivant… Harnoncourt en digne successeur de Bruno Walter qui dans les années 1950, il y a 60 ans, apportait lui aussi un témoignage et une compréhension décisifs chez Sony classical, marque de toute évidence l’interprétation mozartienne dans ce double cd incontournable. Outre la pertinence du propos, le chef, pionnier de la révolution baroque, montre avec quel feu juvénile et réformateur, il entend encore nous apprendre des choses sur Mozart ! Le geste est en soi exemplaire et admirable : d’une jeunesse exceptionnelle… qui partage une acuité artistique avec pair en France, William Christie, comme si dans leurs deux cas, les années et l’expérience stimulaient davantage l’activité de deux cerveaux défricheurs. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)En soulignant que la 40ème ne comporte pas de réelle entrée ni de finale, – comme la 39ème dont le finale en forme de destruction mélodique et harmonique attend une résolution-, Harnoncourt qui distingue nettement l’immense portique finale de la 41 (Jupiter), apporte la preuve de l’unité interne associant les 3 volets en une triade inséparable. Triptyque orchestral d’une invention inédite à son époque, les 3 Symphonies révèlent ainsi un plan d’une rare cohérence : la 39ème emporte par son ardeur juvénile, printanière ; la 40ème frappe par sa conscience aiguisée, ses interrogations parfois paniques auxquelles la 41ème répond dans la lumière. Ici chaque mouvement engendre la pulsion de celui qui s’enchaîne après lui, semble en découler naturellement… Réussir cette fluidité cyclique et d’une profonde cohérence organique est déjà en soi un défi méritant qui fait toute la valeur de cette nouvelle interprétation des Symphonies de Mozart. Prochaine critique complète des 3 dernières Symphonies de Mozart par Nikolaus Harnoncourt et le Concentus Musicus de Vienne dans le mag cd de classiquenews. Elu « CLIC » de classiquenews de septembre 2014.

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