CRITIQUE, concert. PARIS, Gaveau, le 2 juin 2022. Récital de Jean-Nicolas Diatkine, piano : Liszt, transcriptions des lieder de Schubert / extraits d’opéras de Wagner. 

Diatkine jean nicolas piano gaveau JNDCRITIQUE, concert. PARIS, Gaveau, le 2 juin 2022. Récital de Jean-Nicolas Diatkine, piano : Liszt, transcriptions des lieder de Schubert / extraits d’opéras de Wagner. On reste saisi par l’intelligence musicale de l’interprète ; sa figure modeste et humble mais son clavier surpuissant et capable de nuances les plus orfévrées. En abordant les transcriptions de Liszt d’après Schubert, Jean-Nicolas Diatkine expose ses talents de conteur enivré, voire halluciné (Gretchen am Spinnrade d’après Goethe dont il exprime jusqu’à l’infini mélancolique, et les aspirations d’une jeune âme envoûtée) ; pour chaque lied sublimé par la traduction pianistique qu’en délivre Liszt, l’écoute se délecte de cadences de rêve mais l’onirisme des phrases n’écarte jamais ce mordant expressif qui fait jaillir sous les doigts, la vitalité du texte initial, les accents des poèmes mis en musique par Schubert. Le pianiste a à cœur de révéler la vitalité intrinsèque et la vocalité parfois âpre de chaque poème : l’élan schumannien de « Rastlose Liebe » (lui aussi d’après Goethe) ; l’extase suspendue de l’Ave Maria, son temps étiré, flottant ; surtout le dramatisme à la fois noir et angélique de Roi des Aulnes (Erlkönig, d’après Goethe). La sincérité dépouillée et toujours chantante des lieder extraits du Chant du cygne (liebesbotschaft, surtout Ständchen…) révèle aussi une écoute particulière centrée sur le clavier dont l’imagination fabuleuse du pianiste fait jaillir des pépites sonores, des phrasés d’une profondeur bouleversante ; le toucher diseur semble recréer chaque mesure dans une intériorité régénérée.

La volubilité technique et l’art de faire chanter le clavier s’accordent en détachant pourtant toutes les voix simultanées… habile gestion de la pédale… gageure ici car l’instrument (Steinway) n’a pas la technicité ni la beauté des graves du piano Schiedmayer de Stuttgart, spécialement préparé, choisi pour l’enregistrement de ce programme exceptionnel. La capture en studio fait valoir les performances spectaculaires du clavier : ses notes graves remarquables, et médianes jamais lourdes ; ses aigus perlés qui s’envolent et dessinent les arabesques et volutes à l’infini.. Le chant principal redessine l’activité des contre chants : brio et fantaisie pilotent l’essor d’une vocalità pianistique accomplie dont la clé est la mesure, le refus du pathos et d’une théâtralité bruyante, de toute bravoura spectaculaire. Rien n’est joué si n’est audible le sens de son énoncé. La vision poétique est d’autant plus aboutie qu’elle canalise le geste et privilégie l’éclat de la nuance.
Sur son Steinway cependant, le pianiste détache chaque plan sonore afin de ciseler le verbe musical dont il se joue des contrastes, des heurts rythmiques, des nappes harmoniques. Son talent est pictural.
A l’écoute des lieder pourtant sans paroles, le texte et les intentions dramatiques, les abysses psychologiques s’articulent, libèrent la richesse poétique du sujet ; les nuances, la profondeur, les scintillements allusives, les paysages schubertiens vaporeux et terrifiants, dramatiques et mystérieux prennent vie (Der Doppelgänger d’après Heine / ultime lied extrait du Chant du cygne dont Jean-Nicolas Diatkine caresse le caractère de gravitas, énoncé comme un long questionnement).

Le piano diseur et poétique
de Jean-Nicolas Diatkine

Certes, le piano de Gaveau n’a pas le spectre expressif ni la spatialité dessiné par l’excellent Schiedmayer ; mais ici, les arrières plans finement dessinés, palpitent, éclaircissant de nouveaux rapport dans l’éloquence d’un discours libéré et comme décuplé, démultiplié, par un geste d’une finesse saisissante, par une imagination ciselée et maîtrisée.
La texture poétique, expressive et si personnelle affirme un tempérament qui pense et re sculpte la musique avec une grâce enthousiasmante. La modestie et la discrétion sont piliers d’une sensibilité musicale littéralement envoûtante.
Puis Liszt s’affirme dans l’immensité de son génie narrateur. La partition au centre du programme dévoile chez l’interprète d’autres somptueuses qualités. Dans la Ballade n°2, poème pianistique aux largesses symphoniques, l’architecture chaotique et terrifiante alterne mouvements souterrains et aspirations éthérées célestes, contrastes saisissants qui cependant développent toute une narration dramatique sur le thème de Léandre et Héro, amants éprouvés, sacrifiés, broyés par la machine océane selon la légende d’Ovide ; ce qui est remarquable c’est la sublimation qu’apporte Liszt, explicitée par le jeu de l’interprète ; son regard infiniment tendre pour ses héros et ce don dont il les bénit en exprimant la grâce de leur amour… son piano dit et les gouffres sans fond et le pouvoir immense de l’amour, lequel sublime l’élan des amants dont le pianiste exprime toutes les facettes du sentiment amoureux et tragique.
On invite l’auditeur Ă  revivre cette alchimie poĂ©tique en se reportant au cd du programme que les extraits d’opĂ©ras de Wagner (Tristan und Isolde, Lohengrin, Parsifal,…) complètent miraculeusement : nouvel album de Jean-Nicolas Diatkine paru en juin chez Solo Musica – CLIC de CLASSIQUENEWS Ă©tĂ© 2022.
Jean-Nicolas Diatkine est un immense interprète ; son piano murmure et transporte ; sa sensibilité éblouit par sa justesse et sa sincérité. Magistral.

__________________________________

CRITIQUE, concert. PARIS, Gaveau, le 2 juin 2022. Récital de Jean-Nicolas Diatkine, piano : Liszt, transcriptions des lieder de Schubert / Ballade n°2 / extraits d’opéras de Wagner.

CRITIQUE, opéra. Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 1er juin 2022. César Franck : Hulda. Gergely Madaras (version de concert)

hulda cesar franck opera classiquenews recreation opera annee cesar franck 2022 dossier critique operaCRITIQUE, opĂ©ra. Paris, Théâtre des Champs-ElysĂ©es, le 1er juin 2022. CĂ©sar Franck : Hulda. Gergely Madaras (version de concert) – Les cĂ©lĂ©brations autour du bicentenaire de la naissance de CĂ©sar Franck (1822-1890) se poursuivent avec le concours toujours aussi prĂ©cieux du Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française, qui outre les concerts et disques produits rĂ©cemment (voir notre dossier dĂ©taillĂ© : http://www.classiquenews.com/200-ans-de-cesar-franck-1822-2022-dossier-pour-le-bicentenaire-cesar-franck/) a organisĂ© plusieurs confĂ©rences passionnantes, dont « La musique de chambre de CĂ©sar Franck : 1850-1918 » en dĂ©cembre dernier ou « Un Belge Ă  Paris. CĂ©sar Franck entre sacrĂ© et mondain », le 7 avril 2022. Le point d’orgue de ces cĂ©lĂ©brations reste toutefois la rĂ©surrection du chef d’œuvre lyrique mĂ©connu Hulda (1885), entièrement composĂ© et orchestrĂ© de la main du maĂ®tre franco-liĂ©geois, contrairement Ă  son dernier opus lyrique Ghiselle (1890), dont l’orchestration a Ă©tĂ© achevĂ©e par ses Ă©lèves (notamment Vincent d’Indy).

 

 

 

hulda-madaras-holloway-jennifer-opera-critique-review-classiquenews-cesar-franck-opera

 

 

 

Déjà donnée dans la ville natale du compositeur, à Liège le 15 mai dernier (http://www.classiquenews.com/critique-opera-liege-le-15-mai-2022-franck-hulda-holloway-oprl-madaras/), Hulda évoque Wagner par le choix d’une légende scandinave : la comparaison s’arrête là, tant le langage de Franck prend un tour immédiatement personnel, et ce dès les premières notes de l’ouvrage. A la manière de l’entrée saisissante de Riders to the Sea (1937) de Vaughan-Williams, Franck nous plonge d’emblée dans les méandres du drame, autour d’une musique hautement dramatique. Sa musique fourmille d’inventions harmoniques passionnantes, où l’orchestre a le premier rôle : on a parfois l’impression d’entendre une vaste symphonie avec voix, tant la déclamation du texte prend place en une sorte d’arioso en continu, mêlé de quelques airs et ensembles de bravoure savamment dosés. La principale faiblesse de l’ouvrage est certainement de n’avoir pas su sabrer dans l’avalanche de mots du livret poético-naïf de Charles Grandmougin (également librettiste de l’oratorio La Vierge de Massenet), qui peine aussi à caractériser ses personnages, beaucoup trop nombreux. L’ouvrage étonne par ses parenthèses panthéistes élégiaques (Odes à la nature, avec le chœur féminin de l’hermine au I, ou au printemps, au III) qui ralentissent l’action, pour mieux l’accélérer ensuite, notamment lors du rocambolesque dernier acte où trahisons et meurtres se succèdent en un rien de temps.

Pour autant, César Franck se saisit avec un brio admirable de ces scènes très différenciées de ton, passant de l’étourdissement rythmique du ballet au II (le ballet étant le seul élément extrait de l’ouvrage qui a remporté un certain succès autonome) à la raréfaction chambriste au début du III, empruntant force musiques populaires pour figurer une ambiance villageoise. Franck n’en oublie pas les passages martiaux, évidemment plus cuivrés et articulés, en contraste avec la grandeur plus raide des fanfares royales, au III. On note encore plusieurs trouvailles originales dans l’écriture orchestrale, rappelant souvent Meyerbeer, tel le chœur avec basson et saxophone accompagnés au I, ou encore la surprenante entrée des trois frères en lignes vocales superposées, qui les ridiculisent d’emblée face à leur père. Enfin, le chœur apparait souvent comme un commentateur de l’action, à la manière d’une tragédie grecque. A cet effet, il faut rendre hommage à la prestation du Chœur de chambre de Namur, toujours aussi impressionnant de justesse dans son mélange de précision technique et de ferveur enthousiaste.

A tête d’un remarquable Orchestre philharmonique de Liège (jadis dirigé par Louis Langrée, Pascal Rophé ou encore François-Xavier Roth), Gergely Madaras se saisit de cette musique virevoltante avec un sens de l’urgence et de la tension parfaitement maitrisé, imposant une direction flamboyante tout du long. Très applaudi à l’issue du spectacle, le jeune chef hongrois de 38 ans n’est pas pour rien dans la réussite de la soirée, de même que le plateau vocal de haut niveau réuni pour l’occasion. On ne peut ainsi que se féliciter du choix de Jennifer Holloway, tant son investissement dramatique confère à Hulda une présence saisissante sur la durée, donnant autant d’attention à l’articulation qu’à la nécessaire prononciation – sans parler de la technique vocale superlative sur toute la tessiture, y compris lors des passages très tendus. On aime aussi son sens des nuances, à l’instar d’une Judith van Wanroij (Swanhilde) toujours aussi investie dramatiquement, qui séduit aussi par la beauté intacte de son timbre. A ses côtés, Véronique Gens (Gudrun) donne une nouvelle leçon de grâce par la souplesse de ses phrasés, même si on note quelques légers décalages avec l’orchestre, en première partie. A ses côtés, Marie Gautrot (La Mère de Hulda, Halgerde) et Ludivine Gombert (Thordis) impressionnent par leur puissance aussi agile que maitrisée, au service d’une composition très engagée. C’est également l’un des points forts de Matthieu Lécroart (Gudleik), d’une précision redoutable dans l’articulation et le placement de voix, à l’instar du toujours impeccable Guilhem Worms (Thrond) et des seconds rôles, très bien distribués. On est plus déçu en revanche par le choix d’Edgaras Montvidas (Eiolf), qui surjoue trop souvent l’incarnation mélodramatique, avec une émission étroite dans le suraigu. Sa puissance limitée, en comparaison de ses partenaires féminines, ne l’aide pas davantage.

Avec PhrynĂ© de Saint-SaĂ«ns, une autre raretĂ© promue par les Ă©quipes du Palazzetto Bru Zane est Ă  ne pas manquer, cette fois Ă  l’OpĂ©ra-Comique et pour une unique date, le samedi 11 juin prochain (places de 6 Ă  65€). Le disque très rĂ©ussi http://www.classiquenews.com/tag/phryne/, sorti en dĂ©but d’annĂ©e, ne peut que vous inciter Ă  dĂ©couvrir ce petit bijou de malice et d’ivresse rythmique pĂ©tillante – Ă  mille lieux du flot dramatique et Ă©loquent de Hulda (dont la prĂ©sente production fera l’objet d’un enregistrement au sein de la collection “OpĂ©ra français” / Palazzetto Bru Zane).

 

 

 

______________________________________________

CRITIQUE opĂ©ra. Paris, Théâtre des Champs-ElysĂ©es, le 1er juin 2022. CĂ©sar Franck : Hulda. Jennifer Holloway (Hulda), VĂ©ronique Gens (Gudrun), Judith van Wanroij (Swanhilde), Marie Gautrot (La Mère de Hulda, Halgerde), Ludivine Gombert (Thordis), Edgaras Montvidas (Eiolf), Matthieu LĂ©croart (Gudleik), Christian Helmer (Aslak), Artavazd Sargsyan (Eyrick), François Rougier (Gunnard), SĂ©bastien Droy (Eynar), Guilhem Worms (Thrond), Matthieu Toulouse (Arne, Un HĂ©raut), ChĹ“ur de chambre de Namur, Orchestre Philharmonique Royal de Liège, Gergely Madaras (direction musicale). Photo : A Dehez – 2 premiers plans, de droite Ă  gauche, le chef Gergely Madaras, Jenneifer Holloway – DR

 

 

 

PARIS (Gaveau) : Jean-Nicolas DIATKINE joue Schubert et Wagner, transcripts par LISZT

Diatkine jean nicolas piano gaveau JNDPARIS, GAVEAU, Jeu 2 juin 2022. JEAN-NICOLAS DIATKINE, piano. LISZT, SCHUBERT, WAGNER… RĂ©cital Ă©vĂ©nement autant pour l’artiste engagĂ©, dĂ©fricheur de l’absolu, capable de fouiller jusqu’au trĂ©fonds de l’œuvre, rĂ©vĂ©lant ses pĂ©pites enfouies ; que pour l’instrument aussi car Jean-Nicolas Diatkine a jouĂ© pour l’enregistrement cd du programme, un piano Schiedmayer de 1916, parfaitement restaurĂ© dont le timbre et le format sonore s’accordent au choix des pièces abordĂ©es ; Ă  Gaveau, Jean-Nicolas Diatkine jouera un Steinway, le Schiedmayer n’Ă©tant pas transportable.

Le programme reprend pour une large part les œuvres jouées dans le dernier cd du pianiste : soit plusieurs perles conçues par Schubert et Wagner mais transcrites par le magicien Liszt. La ciselure verbale du lied schubertien, l’extase lyrique wagnérienne sont ainsi sublimées par l’écriture du Liszt transcripteur qui dans ce jeu d’adaptation et de relecture, offre au clavier la possibilité de suggérer tout en finesse. JN Diatkine prend soin de recueillir et respecter à la lettre les indications du transcripteur, en particulier le recours à la pédale qui ne dilue pas le contrepoint ni le relief de chaque voix mais permet de détacher et articuler (staccato de Ständchen de Schubert). Le chant multiple des harmonies gagne en force et en suggestion poétique, d’autant que les plans simultanés sont restitués sans dilution.

_____________________________________________________________

PARIS, Salle GAVEAU : Récital de Jean-Nicolas DIATKINE, pianoboutonreservation
Jeudi 2 Juin 2022 Ă  20h30
SCHUBERT, WAGNER
Transcriptions par Liszt

 

 

TRANSCRIPTIONS MAGICIENNES SUR UN SCHIEDMAYER… Comment la musique peut dire et exprimer les mots de la poĂ©sie ? Jean-Nicolas DIATKINE interroge dans ce programme entre verbe et note, la capacitĂ© de l’instrument Ă  parler et Ă  chanter : « la musique prend alors la place des mots dans l’ordre poĂ©tique, et le serviteur devient roi ».
Dans les pièces de ce programme qui aborde l’imaginaire de Schubert et de Wagner, Jean-Nicolas Diatkine précise : « Dans ses transcriptions des lieder de Schubert, Liszt a tenu à faire imprimer, au-dessus de la portée, le texte du poème mis en musique. Il donne par ce moyen à l’interprète de précieuses indications sur le phrasé et l’accentuation qu’il désire ».
Illusionniste, Liszt transcripteur opère une sublimation de Schubert et de Wagner en touchant au plus près l’essence des partitions originelles. Au service des opéras de Wagner, leur ampleur et leur puissance onirique comme leur acuité psychologique, le piano de Liszt devient symphonique, à l’écoute des passions des héros wagnériens. Il reste à l’imaginaire du pianiste d’en exprimer la sincérité comme la justesse poétique. Récital événement.

_______________________

Programme :

Schubert-Liszt : Sélection de mélodies transcrites pour piano
(Dont Le Roi des Aulnes, Marguerite au rouet, Ave Maria, SĂ©rĂ©nade…)

Liszt : Ballade n°2

Wagner-Liszt : Transcriptions d’opĂ©ras
Le Choeur des Pèlerins (Tannhäuser)
Le rêve d’Elsa (Lohengrin)
L’admontion de Lohengrin (Lohengrin)
La mort d’Isolde (Tristan et Isolde)
La Marche Solennelle vers le Saint-Graal (Parsifal)

 

 

RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de la Salle Caveau, ici

 

_______________________

Le programme du rĂ©cital Ă  Gaveau ce 2 juin 2022 reprend le cycle des pièces enregistrĂ©es par Jean-Nicolas Diatkine dans son nouvel album : FRANZ LISZT : Schubert and Wagner Transcriptions – Ballade n°2 – 1 cd Solo MUSICA

 

 

 

 

 

_______________________

VOIR : Jean-Nicolas DIATKINE joue Schubert-Liszt : ” Auf dem Wasser zu singen “: https://youtu.be/ccGdyNl2LTw

 

 

 

 

 

 

_______________________
TEASER VIDEO : Jean-Nicolas Diatkine joue Schubert revu par Liszt : ” Auf dem Wasser zu singen ” :

 

 

 

PARIS (Gaveau) : Jean-Nicolas DIATKINE joue les transcriptions de Liszt d’après Schubert et Wagner

Diatkine jean nicolas piano gaveau JNDPARIS, GAVEAU, Jeu 2 juin 2022. JEAN-NICOLAS DIATKINE, piano. LISZT, SCHUBERT, WAGNER… RĂ©cital Ă©vĂ©nement autant pour l’artiste engagĂ©, dĂ©fricheur de l’absolu, capable de fouiller jusqu’au trĂ©fonds de l’œuvre, rĂ©vĂ©lant ses pĂ©pites enfouies ; que pour l’instrument aussi car Jean-Nicolas Diatkine a jouĂ© pour l’enregistrement cd du programme, un piano Schiedmayer de 1916, parfaitement restaurĂ© dont le timbre et le format sonore s’accordent au choix des pièces abordĂ©es ; Ă  Gaveau, Jean-Nicolas Diatkine jouera un Steinway, le Schiedmayer n’Ă©tant pas transportable.

Le programme reprend pour une large part les œuvres jouées dans le dernier cd du pianiste : soit plusieurs perles conçues par Schubert et Wagner mais transcrites par le magicien Liszt. La ciselure verbale du lied schubertien, l’extase lyrique wagnérienne sont ainsi sublimées par l’écriture du Liszt transcripteur qui dans ce jeu d’adaptation et de relecture, offre au clavier la possibilité de suggérer tout en finesse. JN Diatkine prend soin de recueillir et respecter à la lettre les indications du transcripteur, en particulier le recours à la pédale qui ne dilue pas le contrepoint ni le relief de chaque voix mais permet de détacher et articuler (staccato de Ständchen de Schubert). Le chant multiple des harmonies gagne en force et en suggestion poétique, d’autant que les plans simultanés sont restitués sans dilution.

_____________________________________________________________

PARIS, Salle GAVEAU : Récital de Jean-Nicolas DIATKINE, pianoboutonreservation
Jeudi 2 Juin 2022 Ă  20h30
SCHUBERT, WAGNER
Transcriptions par Liszt

 

 

TRANSCRIPTIONS MAGICIENNES SUR UN SCHIEDMAYER… Comment la musique peut dire et exprimer les mots de la poĂ©sie ? Jean-Nicolas DIATKINE interroge dans ce programme entre verbe et note, la capacitĂ© de l’instrument Ă  parler et Ă  chanter : « la musique prend alors la place des mots dans l’ordre poĂ©tique, et le serviteur devient roi ».
Dans les pièces de ce programme qui aborde l’imaginaire de Schubert et de Wagner, Jean-Nicolas Diatkine précise : « Dans ses transcriptions des lieder de Schubert, Liszt a tenu à faire imprimer, au-dessus de la portée, le texte du poème mis en musique. Il donne par ce moyen à l’interprète de précieuses indications sur le phrasé et l’accentuation qu’il désire ».
Illusionniste, Liszt transcripteur opère une sublimation de Schubert et de Wagner en touchant au plus près l’essence des partitions originelles. Au service des opéras de Wagner, leur ampleur et leur puissance onirique comme leur acuité psychologique, le piano de Liszt devient symphonique, à l’écoute des passions des héros wagnériens. Il reste à l’imaginaire du pianiste d’en exprimer la sincérité comme la justesse poétique. Récital événement.

_______________________

Programme :

Schubert-Liszt : Sélection de mélodies transcrites pour piano
(Dont Le Roi des Aulnes, Marguerite au rouet, Ave Maria, SĂ©rĂ©nade…)

Liszt : Ballade n°2

Wagner-Liszt : Transcriptions d’opĂ©ras
Le Choeur des Pèlerins (Tannhäuser)
Le rêve d’Elsa (Lohengrin)
L’admontion de Lohengrin (Lohengrin)
La mort d’Isolde (Tristan et Isolde)
La Marche Solennelle vers le Saint-Graal (Parsifal)

 

 

RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de la Salle Caveau, ici

 

_______________________

Le programme du rĂ©cital Ă  Gaveau ce 2 juin 2022 reprend le cycle des pièces enregistrĂ©es par Jean-Nicolas Diatkine dans son nouvel album : FRANZ LISZT : Schubert and Wagner Transcriptions – Ballade n°2 – 1 cd Solo MUSICA

 

 

 

 

 

_______________________

VOIR : Jean-Nicolas DIATKINE joue Schubert-Liszt : ” Auf dem Wasser zu singen “: https://youtu.be/ccGdyNl2LTw

 

 

 

 

 

 

_______________________
TEASER VIDEO : Jean-Nicolas Diatkine joue Schubert revu par Liszt : ” Auf dem Wasser zu singen ” :

 

 

 

PARIS, Gaveau : Jean-Nicolas DIATKINE joue Schubert, Liszt, Wagner

Diatkine jean nicolas piano gaveau JNDPARIS, GAVEAU, Jeu 2 juin 2022. JEAN-NICOLAS DIATKINE, piano. LISZT, SCHUBERT, WAGNER… RĂ©cital Ă©vĂ©nement autant pour l’artiste engagĂ©, dĂ©fricheur de l’absolu, capable de fouiller jusqu’au trĂ©fonds de l’œuvre, rĂ©vĂ©lant ses pĂ©pites enfouies ; que pour l’instrument aussi car Jean-Nicolas Diatkine a jouĂ© pour l’enregistrement du cd, un piano Schiedmayer de 1916, parfaitement restaurĂ© dont le timbre et le format sonore s’accordent au choix des pièces abordĂ©es ; Ă  Gaveau, Jean-Nicolas Diatkine jouera un Steinway, le piano Schiedmayer Ă©tant trop fragile pour ĂŞtre transporter.

Le programme reprend pour une large part les œuvres jouées dans le dernier cd du pianiste : soit plusieurs perles conçues par Schubert et Wagner mais transcrites par le magicien Liszt. La ciselure verbale du lied schubertien, l’extase lyrique wagnérienne sont ainsi sublimées par l’écriture du Liszt transcripteur qui dans ce jeu d’adaptation et de relecture, offre au clavier la possibilité de suggérer tout en finesse. JN Diatkine prend soin de recueillir et respecter à la lettre les indications du transcripteur, en particulier le recours à la pédale qui ne dilue pas le contrepoint ni le relief de chaque voix mais permet de détacher et articuler (staccato de Ständchen de Schubert). Le chant multiple des harmonies gagne en force et en suggestion poétique, d’autant que les plans simultanés sont restitués sans dilution.

_____________________________________________________________

PARIS, Salle GAVEAU : Récital de Jean-Nicolas DIATKINE, pianoboutonreservation
Jeudi 2 Juin 2022 Ă  20h30
SCHUBERT, WAGNER
Transcriptions par Liszt

 

 

TRANSCRIPTIONS MAGICIENNES SUR UN SCHIEDMAYER… Comment la musique peut dire et exprimer les mots de la poĂ©sie ? Jean-Nicolas DIATKINE interroge dans ce programme entre verbe et note, la capacitĂ© de l’instrument Ă  parler et Ă  chanter : «  la musique prend alors la place des mots dans l’ordre poĂ©tique, et le serviteur devient roi ».
Dans les pièces de ce programme qui aborde l’imaginaire de Schubert et de Wagner, Jean-Nicolas Diatkine précise  : « Dans ses transcriptions des lieder de Schubert, Liszt a tenu à faire imprimer, au-dessus de la portée, le texte du poème mis en musique. Il donne par ce moyen à l’interprète de précieuses indications sur le phrasé et l’accentuation qu’il désire ».
Illusionniste, Liszt transcripteur opère une sublimation de Schubert et de Wagner en touchant au plus près l’essence des partitions originelles. Au service des opéras de Wagner, leur ampleur et leur puissance onirique comme leur acuité psychologique, le piano de Liszt devient symphonique, à l’écoute des passions des héros wagnériens. Il reste à l’imaginaire du pianiste d’en exprimer la sincérité comme la justesse poétique. Récital événement.

_______________________

Programme :

Schubert-Liszt : Sélection de mélodies transcrites pour piano
(Dont Le Roi des Aulnes, Marguerite au rouet, Ave Maria, SĂ©rĂ©nade…)

Liszt : Ballade n°2

Wagner-Liszt : Transcriptions d’opĂ©ras
Le Choeur des Pèlerins  (Tannhäuser)
Le rêve d’Elsa (Lohengrin)
L’admontion de Lohengrin (Lohengrin)
La mort d’Isolde (Tristan et Isolde)
La Marche Solennelle vers le Saint-Graal (Parsifal)

 

 

RÉSERVEZ VOS PLACES directement sur le site de la Salle Caveau, ici 

 

_______________________

Le programme du rĂ©cital Ă  Gaveau ce 2 juin 2022 reprend le cycle des pièces enregistrĂ©es par Jean-Nicolas Diatkine dans son nouvel album : FRANZ LISZT : Schubert and Wagner Transcriptions – Ballade n°2 – 1 cd Solo MUSICA

 

 

 

 

 

_______________________

VOIR : Jean-Nicolas DIATKINE joue Schubert-Liszt :  ” Auf dem Wasser zu singen “:  https://youtu.be/ccGdyNl2LTw

 

 

 

LIVRE événement, critique. Frédéric Gagneux : André Suarès et le wagnérisme (Editions Classiques Garnier, nov 2021).

Wagner suares fred gagneux critique livre classique garnier critique par classiquenewsLIVRE Ă©vĂ©nement, critique. FrĂ©dĂ©ric Gagneux : AndrĂ© Suarès et le wagnĂ©risme (Editions Classiques Garnier, nov 2021). Suarès et Wagner, c’est l’équation littĂ©raire (et musicale, prĂ©cisĂ©ment opĂ©ratique) qui ne cesse de fasciner par son rapport lui-mĂŞme obsessionnel, entre l’admirateur et le sujet de son enthousiasme. Le jeune AndrĂ© Suarès (1868 – 1948) contemporain de Claudel, et surtout Romain Rolland, son ami avec lequel il partage une sensibilitĂ© exceptionnelle comme mĂ©lomane pianiste, s’ingĂ©nie Ă  « expliquer » le mystère Wagner. Tout au long de sa vie, il n’a cessĂ© de questionner le drame wagnĂ©rien sans jamais Ă©puiser sa cohĂ©rence… Son Ĺ“uvre littĂ©raire, poĂ©tique, dramaturgique, théâtrale entre en rĂ©sonance avec l’auteur de Parsifal auquel il consacre un essai : Wagner (1899) qui pourrait ĂŞtre considĂ©rĂ© comme la somme vĂ©cue en miroir du wagnĂ©risme en France, particulièrement vivace depuis les annĂ©es 1880.
L’intérêt du regard de Suarès sur Wagner découle d’une connaissance profonde, intime de chaque livret rédigé par Wagner pour ses opéras, comme l’écrivain pianiste joue pour lui-même toutes les partitions wagnériennes. L’écrivain Suarès questionne le poète et dramaturge Wagner. Tout en suivant un cheminement traversé de doutes, surgit la lumière de la compassion telle qu’elle irradie dans Parsifal… Tout cela Suarès dès ses jeunes années de formation à l’époque de la Revue wagnérienne et des premiers concerts wagnériens à Paris (début des année 1880), l’entend, le mesure, l’absorbe.
L’analyse de Frédéric Gagneux brosse le panorama des pistes et commentaires du wagnérien le plus pertinent en France, jusqu’à son essai de 1899. La diversité et la profondeur des écrits sur Wagner, mis en regard avec ses autres textes littéraires (poésies, romans, théâtre…) affirme la sensibilité et la justesse du jeune écrivain marseillais alors en quête de lui-même.

Après une riche introduction et un bilan de la recherche suarésienne, l’auteur développe 6 grandes parties : le contexte wagnérien des années parisiennes (I ; dont une très pertinente évocation des articles de la Revue Wagnérienne et son influence sur les symbolistes) ; les projets artistiques (II : sous le signe de Wagner et de Mallarmé, présentation des œuvres de Suarès tels que Psyché Martyre, Lylian, Airs, Images de la grandeur…) ; les projets dramatiques (III : Suarès sous influence de Wagner… et de Villiers de l’Isle Adam, L’île d’amour, Thulé, l’Atlantide ; sans omettre les drames sur le Christ, dans le sillon du Parsifal wagnérien) ; textes narratifs et projets romanesques (IV : Primavera, Voici l’homme…) ; textes théoriques et projets métaphoriques (V : La nuit mystique de Marseille…) ; enfin une ultime partie évidemment synthétique de toute la période évoquée, dédiée à l’essai de 1899 : Wagner, lequel sonne comme une borne synthétique (VI :

CLIC D'OR macaron 200On y relève les ferments d’une âme artistique fécondée par l’œuvre wagnérienne, comme la musique est fécondée par la poésie… Il en découle tout un monde à la psyché fertile, suractive qui pose les bonnes questions s’agissant de l’amour, du poison insidieux du désir et de la malédiction, du salut,… jusqu’à l’avènement d’un nouveau monde où la beauté et l’art ont supplanté la vénalité, la violence sadique, l’exploitation et l’argent, ainsi que Wagner en a rédigé le projet et le vœu dans ses écrits révolutionnaires. Ce questionnement attise la question de Suarès sur l’art, le sens de ses propres œuvres, la place de l’artiste dans la société, ce qu’il doit surtout réaliser en son nom propre.
Il en découle un sentiment fort de dépassement qui s’exalte à l’écoute et à la lecture de Wagner, le Marseillais souhaitant édifier sa propre constellation littéraire, rythmée comme l’est la partition de son modèle ; ainsi se précisera une œuvre mûre, d’essence spirituelle, plus poétique que réellement théâtrale, où toujours se pose comme l’expression de l’idéal, la musicalité intime du texte.

_________________________________________________________________________

LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. FrĂ©dĂ©ric Gagneux : AndrĂ© Suarès et le wagnĂ©risme – 543 pages / parution: 10/11/2021 / Collection Classiques Jaunes, n° 720 / SĂ©rie: Essais, n° 22 (Editeur : CLASSIQUES GARNIER) :
https://classiques-garnier.com/andre-suares-et-le-wagnerisme-1.html

Centenaire de Bayreuth : Le RING 1976 de Chéreau et Boulez sur ARTE

bayreuth-festival-chereau-boulez-1976-centenaire-critique-opera-classiquenews-arte-diffusion-documentaireARTE, dim 14 nov 2021, 18h55. Wagner : Le Ring, Chéreau / Boulez. Documentaire événement sur Arte : comment comprendre le choc et le scandale qu’a suscité la production du Ring conçu par les français, Pierre Boulez et Patrice Chéreau, en 1976, alors spectacle commémorant les 100 ans de Bayreuth ? Huée à sa création, la production est devenue mythe musical alors que le metteur en scène n’avait que 31 ans. Les dernières représentations à Bayreuth en 1980 provoquèrent même un sentiment unanime de déception et de perte, totalisant 107 rappels et 98 mn d’ovation à tout rompre ! On n’avait jamais vécu cela sur la colline verte.

Avec le recul, la vision postromantique et industrielle de ChĂ©reau apporte Ă  la comprĂ©hension du Ring, soit les 4 opĂ©ras reprĂ©sentĂ©s en un mĂŞme cycle (L’or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried, Le CrĂ©puscule des dieux), une lecture claire des conflits de classes et de clans. Dieux, gĂ©ants, hĂ©ros, nains y sont figurĂ©s dans un dĂ©cor qui cite Ă  la fois le rĂ©alisme cynique de l’exploitation de l’homme par l’homme, et la magie des tableaux naturalistes (dont le rocher sublime, dernière rĂ©sidence de la Walkyrie, inspirĂ©e par les tableaux du peintre Böcklin…).

boulez-chereau-ring-bayreuth-1976-documentaire-arte-classiquenewsDĂ©jĂ  cinĂ©matographe, Wagner y Ă©labore avant le cinĂ©ma, le spectacle total qui offre Ă  l’humanitĂ©, un miroir sur ce profonde identitĂ© : sa nature envieuse et jalouse qui la porte Ă  l’exploitation et au crime le plus crapuleux. MĂŞme le couple admirable, Brunnhilde et Siegfried sont immolĂ©s sur l’autel du pouvoir ; elle, porteuse nĂ©anmoins du dernier espoir ; lui victime Ă  cause de sa trop grande naĂŻvetĂ©. Si Siegfried est fort et ne connaĂ®t pas la peur, il est la cible dĂ©sarmĂ©e des intrigues politiques et tactiques de Hagen et des Gibishungen. Entre deux tableaux spectaculaires (le dĂ©but de l’Or du RHin, sorte de maelstrum primitif et cosmique, la montĂ©e des dieux au Walhalla construit par les gĂ©ants Ă  la fin du mĂŞme Or du Rhin ; la chevauchĂ©e des Walkyries, la mort de Siegfried, etc…) Wagner nous parle d’amour (Siegmund et Sieglinde, couple incestueux sacrifiĂ©s des Welsungen, les parents de Siegfried), d’adieux dĂ©chirants (quand Wotan doit se dĂ©faire de Brunnhilde et la laisser sur son rocher de flammes), de haine et de machiavĂ©lisme (agissements des tĂ©nĂ©breux Alberich le père, Hagen son fils), de dieu mourant Ă  l’agonie (Wotan devenu le Wanderer)… Offrant une lecture magistrale des dĂ©placements et des Ă©carts de temps au cours du drame, ChĂ©reau imagine aussi des scènes saisissantes au moment du passage d’un acte Ă  l’autre, d’un lieu Ă  l’autre, en mettant Ă  nu des machineries somptueuses. Le documentaire de 44 mn, interroge la pertinence d’une production oĂą brille le gĂ©nie critique et analytique des Français Ă  Bayreuth. TĂ©moignent Vincent Huguet, assistant de Patrice ChĂ©reau, le chanteur wagnĂ©rien GĂĽnther Groissböck, le metteur en scène Barrie Kosky… Photos : DR.

En replay sur ARTEconcert, du 13 nov au 13 déc 2021.
VOIR sur YOUTUBE, l’Or du Rhin :
https://www.youtube.com/watch?v=eGDuFAbkpBU

_____________________________________________________

ARTE, dim 14 nov 2021, 18h55. Wagner : Le Ring, Chéreau / Boulez. Documentaire

Tannhäuser de Wagner à Bayreuth 2021

FRANCE MUSIQUE, sam 14 août 2021, 20h. WAGNER : TANNHÄUSER (Bayreuth juil 2021). Créé en 1845 à Dresde, Tannhäuser de Wagner reçoit un accueil glacial des parisiens en 1861. Malgré l’enthousiasme des artistes comme Baudelaire, le drame musical que propose à nouveau Wagner à Paris (après l’échec du Vaisseau fantôme) reste incompris. Scandaleux, l’opéra est retiré de l’affiche après 3 soirées seulement. Pourtant la partition poursuit les avancées de Lohengrin en matière d’action musicale continue ; à part les 3 airs précisément fermés de Tannhäuser, Elizabeth et Wolfram, tout s’enchaîne ici avec un sens génial du drame grâce au flux orchestral dont la réalisation des leitmotiv, éclaire la psychologie de chaque personnage, expose pourtant clairement les enjeux de chaque situation…
Le sujet est emblématique de Wagner : l’artiste prophète bien qu’incompris par ses contemporains, peut-il être sauvé ? Il y a de la culpabilité dans le théâtre wagnérien et chaque héros, maudit, ne peut être sauvé s’il rencontre cet Autre qui comprenant et mesurant sa souffrance, le reconnaît aussitôt, l’aime, le sauve ; c’est toute la vertu (sainte) de la compassion,… celle qu’éprouve Tristan et Isolde l’un pour l’autre ; celle que ressent Parsifal à l’endroit d’Amfortas…

Fatigué des plaisirs, le chevalier Tannhäuser
renonce au charnel, s’engage pour la vérité de l’art
mais jugé par la morale bourgeoise doit mériter le salut de son âme…

HEROS MAUDIT EN QUÊTE DE SALUT…

waterhouse wagner lohengrin TannhäuserAdepte de l’amour sensuel voire orgiaque (la Bacchanale qui ouvre l’opéra), le chevalier-chanteur Tannhäuser (en vérité Wagner lui-même) se sépare de Vénus pour recouvrer sa liberté et se connaître lui-même. Il renoue avec ses compagnons et retrouve l’amour d’Elizabeth, fille du Landgrave. Pour obtenir la main de celle (qui l’aime), Tannhäuser compose un hymne à l’amour dont la lascivité et la violence passionnelle scandalisent l’audience (comme les spectateurs parisiens). Trop de passion, trop d’impudique extase ainsi dévoilée. La morale bourgeoise réprouve ce qui la ronge et qui doit donc être tenu caché. Pourtant Tannhäuser devait nécessairement vivre l’amour charnel et profane pour mieux le chanter… On ne peut donc reprocher au héros son éloquente sincérité et c’est tout le message de vérité qu’exprime Elizabeth à l’adresse de tous ceux qui jugent Tannhäuser après avoir concouru.

Wagner entend trouver la paix intérieure en obtenant le salut de son héros ; s’il veut obtenir le pardon, Tannhäuser devra faire le pèlerinage à Rome et se faire absoudre par le Pape : c’est toute la tension de l’acte III et le miracle final, quand le chevalier qui se croit perdu et damné, croise les pèlerins en marche (leur thème fait d’ailleurs toute la magie de l’ouverture)… Illustration : JW Waterhouse (DR).

FRANCE MUSIQUE, sam 14 août 2021, 20h
Opéra donné le 27 juillet 2021 au Théâtre du Festival de Bayreuth
dans le cadre du Festival de Bayreuth.

Tannhäuser
Richard Wagner, compositeur et librettiste

Opéra en trois actes sur un livret du compositeur créé le 19 octobre 1845 au Königlich Sächsisches Hoftheater de Dresde.

Günther Groissböck, basse, Hermann, Landgrave de Thuringe
Stephen Gould, ténor, Tannhäuser
Markus Eiche, baryton, Wolfram von Eschenbach
Magnus Vigilius, ténor, Walther von der Vogelweide
Ólafur Kjartan Sigurarson, basse, Biterolf
Jorge Rodríguez-Norton, ténor, Heinrich der Schreiber
Wilhelm Schwinghammer, basse, Reinmar von Zweter

Lise Davidsen, soprano, Elisabeth, nièce d’Hermann
Ekaterina Gubanova, mezzo-soprano, Vénus
Katharina Konradi, soprano, Un jeune berger

Le Gateau Chocolat, baryton
Manni Laudenbach, acteur, Oskar

Choeur & orchestre du Festival de Bayreuth
Alex Kober, direction

Dossier SAINT-SAËNS : centenaire 2021 (entre liberté et classicisme)

SAINT-SAENS-camille-portrait-centenaire-mort-de-camille-saint-saens2021 marque le centenaire de la mort de Camille Saint-SaĂ«ns : esprit libre, Ă©lectron gĂ©nial, dĂ©fenseur de la musique française (contre l’hĂ©gĂ©monie des Allemands et de Wagner). Le musicien fut pianiste et compositeur, d’une rare culture, voyageur rĂ©gulier, solitaire polĂ©miste dont l’acuitĂ© de l’esprit inspire toujours. Ayant connu Berlioz, tĂ©moin des Ĺ“uvres de Debussy et Ravel, Saint-SaĂ«ns traverse le XIXè avec Ă©clat par ses audaces formelles, son goĂ»t du théâtre oĂą se dĂ©ploie la passion des anciens. C’est un Baroqueux avant l’heure : passionnĂ© par Lully et Marc Antoine Charpentier, Rameau et Gluck (comme Berlioz)… Voici quelques thĂ©matiques clĂ©s pour mieux approcher la diversitĂ© d’un gĂ©nie romantique difficile Ă  classer.

________________________________________________________________________________________________

 

SAINT-SAËNS ET LE MILIEU PARISIEN. S’il est populaire, sa musique jouée et appréciée, connue et célébrée en Province comme à Paris, Saint-Saëns est « boudé » par les autorités parisiennes qui font et défont la gloire des artistes. En réalité, son génie l’a propulsé naturellement au devant de l’estrade jusqu’à devenir le compositeur officiel de la IIIè République. Pianiste et organiste virtuose, Saint-Saëns a composé dans tous les genres, innovant souvent en créateur sans entraves et doué d’une imagination féconde : Danse Macabre, IIIème symphonie pour orgue (dédiée à la mémoire de Liszt). Ses opéras sont à redécouvrir, saisissant tous par leur originalité et leur parure d’un raffinement inouï : orientalisme (Samson), historicisme (Ascanio, Henry VIII, …)…

 

2021, annĂ©e d’une rĂ©habilitation espĂ©rĂ©e…

Camille SAINT-SAËNS :
le plus grand génie romantique français
après BERLIOZ ?

 

 

 

Voyageur régulier, ambassadeur du goût français

Mobile, actif, Saint-Saëns voyage beaucoup ; aimant passionnément l’Orient, surtout l’Afrique : il meurt à Alger. Partout, il joue ses œuvres, exporte ainsi le goût et l’élégance française. Encore en 1915, pour l’exposition musicale de San Francisco, il est présent, pourtant octogénaire, incarnant l’excellence française tel un envoyé officiel.

 

 

 

Saint-Saëns écrivain

Personnalité publique et polémiste, Saint-Saëns comme Berlioz sait écrire et il est publié dans les medias d’alors, moins la presse grand public que spécialisée ; il prend la parole, participe au débat, n’hésite pas à affronter et répondre, en défenseur du bon goût. Ce qui lui a collé à la peau, surtout à la fin de sa carrière où il paraissait conservateur et obtus, étranger à la modernité naissante (Pelléas de Debussy). Mais il s’obstine contre la critique parisienne, arrogante et cassante car il a pour lui, l’adhésion populaire, et comme sa musique, un style ardent, clair et construit.

En 1890, l’écrivain qui se fixe à Dieppe, se fait aussi poète et dramaturge : il écrit un recueil de poème (Rimes familières) et la comédie « La Crampe des écrivains », soulignant son humour, trait toujours gommé chez les biographes, et qui le rapproche d’un Rossini ; suivra encoreLe Roi Apepi, créé à Béziers en 1903.

La correspondance privée commence à révéler ses trésors, soit plus de 18 000 lettres dont celles avec son éditeur Auguste Durand, bien documentée de 1835 à sa mort. Entre les affaires d’édition et le travail musical, le compositeur dévoile l’homme : un esprit curieux, esthète, universaliste qui attend toujours une biographie fidèle et plus nuancée. L’aisance épistolaire et la vitalité de son style écrit paraissent au grand jour grâce à deux ouvrages édité par Actes Sud : Correspondance avec Fauré et Saint-Saëns globe trotter.

 

 

 

Saint-Saëns et l’opéra

C’est à l’égal de Vivaldi, un chantier encore vierge tant les ouvrages sont nombreux et pourtant méconnus. Aux côtés du célèbre Samson et Dalila, à juste titre joué régulièrement (et qui fut créé grâce à l’aide de son ami Liszt à Weimar), il faut absolument réécouter et réévaluer Frédégonde, La Princesse jaune, Les noces de Prométhée, Phryné, Etienne Marcel… ou Proserpine, Les Barbares, Le Timbre d’argent, surtout Ascanio récemment enregistrés. La reconnaissance du Saint-Saëns lyrique a souffert du fait que le trop jeune musicien (16 ans) n’obtint pas le Prix de Rome (tremplin pour le genre), même s’il fut l’élève lumineux d’Halévy (l’auteur vénéré de La Juive). Une seconde tentative pour Rome à 28 ans se solde là encore par un échec (pas assez inexpérimenté, selon une formule attribuée à Berlioz ou à Gounod). On comprend que Saint-Saëns ait dès lors choisi de suivre son propre chemin.

Avec Samson et Dalila, Saint-Saëns offre avant Carmen, une figure féminine vénéneuse et toxique, amoureuse libre et passionnée et voix de contralto (Pauline Viardot) ; un portrait qui ne colle pas avec la France post 1870, puritaine et patriote, d’autant que soutenu par Liszt, Saint-Saëns est considéré comme germanique.

 

 

Saint-Saëns et les sujets lyriques

Pour l’exposition universelle de 1867, il compose la cantate Les noces de PromĂ©thĂ©e (1er Prix dĂ©cernĂ© par le jury qui rĂ©unit alors Verdi, Gounod, Rossini, Auber, Berlioz !). PromĂ©thĂ©e est créé aussi Ă  Weimar en mai 1870 grâce Ă  Liszt qui encourage Saint-SaĂ«ns dans l’élaboration de Samson. Outre son affection pour la Renaissance, source historique et française qui offre une belle alternative au wagnĂ©risme ambiant, le compositeur, amateur des anciens, de Lully Ă  Rameau, affectionne particulièrement les sujets mythologiques : en tĂ©moignent Les Noces de PromĂ©thĂ©e (1867), Proserpine (1887), PhrynĂ© (1893), DĂ©janire (1898, créé au théâtre des Arènes de BĂ©zier pour refonder localement une tradition musicale et lyrique) ; puis les Barbares (1901 : relecture nĂ©o antique de l’histoire romaine auquel l’auteur apporte sa lecture du conflit franco-prussien : Rome est assiĂ©gĂ© par les teutons) ; les musiques de scène pour Andromaque de Racine (1903) ; HĂ©lène (1904)… Sur le plan symphonique aussi les 4 poèmes symphoniques : Le Rouet d’Omphale (1871), PhaĂ©ton (1873), La Danse macabre (1874), La Jeunesse d’Hercule (1877), offre fĂ©conde certainement inspirĂ© par le crĂ©ateur du genre Liszt, son ami de toujours. Outre son opĂ©ra biblique, dĂ©sormais cĂ©lèbre, Samson et Dalila (1877), Saint-SaĂ«ns laisse un important corpus inspirĂ© par la Renaissance française : Etienne Marcel (1879), Henry VIII (1883), Ascanio (1890), …

 

 

 

Saint-Saëns mélodiste

Le compositeur cultivé, esthète qui avait le goût des textes et de la poésie a laissé environ 160 mélodies, dont le cycle La cendre rouge, écrit pendant la première guerre mondiale… des perles qui elles aussi, comme ses opéras, sont à redécouvrir. C’est un chantier pourtant essentiel comptant des chefs d’oeuvres aussi marquants que les œuvres de Gounod, Fauré (l’élève de Saint-Saëns) et Massenet.

 

 

 

Ardent défenseur de la musique française

Patriote, Saint-Saëns s’engage très tôt pour la redécouverte des auteurs anciens ; inaugurant même le mouvement baroque avant l’heure ; s’il crée la Société Nationale le 25 février 1871, favorisant les compositeurs français contemporains, Camille collectionne les partitions anciennes et organise leur édition critique moderne : ainsi les rééditions de Gluck (à la suite de Berlioz), Charpentier et de Rameau. Mais aussi Lully dont il réorchestre Armide pour les Arènes de Béziers en 1904. Il s’intéresse déjà aux notions d’ornementation, d’organologie (président de la société des instruments anciens), préfigurant le souci actuel de restitution sonore historique. Il s’interroge sur l’interprétation des oeuvres de Leclair et Mondonville, comme celles de Corelli et Bach. Rameau est une source régulière pour l’interprète comme le compositeur : Saint-Saëns pianiste a joué du Rameau dans ses récitals ; comme compositeur, il a écrit à la manière Baroque, plusieurs ballets « historiques », néo baroques et aussi néo Renaissance, pour Henry VIII et pour son chef d’oeuvre à redécouvrir, Ascanio (page des plus raffinées). Enfin, Marc-Antoine Charpentier lui doit sa première résurrection, comme génie méconnu, « contemporain de lully », enfin redécouvert grâce entre autres à son enthousiasme pour Médée dont il souligne l’écriture « impeccable »…

 

 

SAINT-SAËNS et WAGNER

Camille-Saint-Saens DRJusqu’en 1885, lors d’une tournée en Allemagne, Saint-Saëns alors reconnu comme l’ambassadeur du bon goût français, se rebiffe définitivement contre le wagnérisme et surtout contre les wagnériens.  Quand Carvalho, directeur de l’Opéra-Comique lui propose de reprendre Lohengrin, l’auteur de Samson et Dalila s’oppose nettement. Depuis la défaite de 1870 de la France face à la Prusse, Wagner ne cesse d’être instrumentalisé comme emblème de la supériorité du génie germanique vis à vis des autres cultures, dont évidemment la culture et la musique française. Un revers mal vécu par Saint-Saëns qui soldat rejoint le 4è bataillon de la garde nationale ; il sera alors très affecté par le mort de son ami, le peintre orientaliste et chanteur Henri Regnault (la Marche héroïque lui est dédiée).

WAGNER : le Ring Jordan sur France MusiquePourtant, presque 10 ans auparavant, dès 1876, Saint-Saëns fait le pèlerinage à Bayreuth, assistant au festival inaugural ; témoignant son enthousiasme pour l’opéra wagnérien : il est peut remercié en retour ; Wagner reconnaissant surtout l’excellent pianiste, moins le faiseur d’opéras ! Peu à peu, Saint-Saëns que la reconnaissance du patrimoine musical français préoccupe, mène un combat de plus en plus aigu contre la wagnérite qui s’empare de la France dans les décades 1880 et 1890. Autre manifestation du « combat » antiwagnérien de Saint-Saëns : la création du conservatoire américain de Fontainebleau (dans l’aile Louis XV du château), en 1921, destiné à rompre l’habitude des jeunes musiciens américains à se former en Europe à Berlin ou Leipzig, cité musicale internationale où Bach, Mendelssohn, et tant d’autres ont ébloui le monde. Après 1918, les Français souhaitent imposer le leadership culturel et musical d’autant plus face à l’Allemagne affaiblie.

 

 

 

Longévité florissante

saint saens camille portrait pour classiquenews camille-saint-sans-1Saint-Saëns né l’année de la création au Théâtre Italien des Puritains de Bellini (1835), compose encore l’année de sa mort, 1921. Le 16 décembre 2021 marque donc le centenaire de sa mort. Une longévité impressionnante pour ce reptile tenace et combattif qui aura vécu 86 ans, connu tous les régimes, les genres, les styles, les époques et aussi Rossini, Berlioz, Meyerbeer, Debussy, Ravel. C’est le dernier des classiques romantiques, qui assure le pont entre Berlioz et Ravel. La mémoire incarnée de la musique française au XIXè jusqu’à la révolution symboliste et impressionniste du début du XXè.

Un malade chronique

De santé fragile, tuberculeux depuis la naissance, Camille cultive un rapport singulier avec la faucheuse ; d’autant qu’il a perdu ses deux fils en bas âge (1878). Conscient de sa faiblesse constitutive, mais toujours combatif ; préférant le vertige des océans à celui de la maladie ; ses voyages (en Algérie et en Egypte surtout où il séjourne presque 20 fois, d’où le Concerto pour piano n°5 dit « l’égyptien ») entretiennent une résistance à toutes épreuves : à 80 ans, il embarque pour l’Amérique latine ; celui qui a vu tous ses amis partir, meurt sur le métier, au travail, à Alger, le 16 décembre 1921, orchestrant alors la Valse nonchalante.

 

 

 

Saint-Saëns et la célébrité

Voyageur permanent, Camille a toujours su se préserver des paparazzi et autres demandeurs en tout genre ; l’identité inventée de « Charles Sanois » lui garantit ainsi un anonymat primordial à la bonne réalisation de ses séjours. Loin du milieu parisien, il compose en tranquillité.

De mars à avril 1890, sa supposée disparition, en terre lointaine, est montée de toute pièces et alimentée par la presse à sensation, toujours apte à brûler ses idoles pourvu qu’elle vende des milliers d’exemplaires (dont le quotidien Le Matin). Dans les faits, le compositeur est aux Canaries, isolé, protégé, après le décès de sa mère (1888) et aussi le report de la création à l’Opéra de Paris de son opéra Ascanio. Revenu en 1890 à Dieppe où en son honneur un musée lui est dédié ; mais il repart aussitôt pour Ceylan. On ne change pas un esprit qui a le goût des voyages. Tout Saint-Saëns est là, dans ce mouvement perpétuel ; celui d’un pur esprit mobile, libre, jamais convenu ni prévisible ; toujours original et pertinent : en 1908, il compose la première musique de film pour le cinéma, tout en servant son goût pour la Renaissance française : L’assassinat du duc de Guise. Un moderne sous couvert d’élégance classique. Saint-Saëns est comme Berlioz qui réformateur, adepte de Gluck, se disait « classique ».

 

 

 

 

 

 

Approfondir

________________________________________________________________________________________________

 

Société Camille Saint-Saëns

Exposition « Saint-SaĂ«ns : un esprit libre » / BnF et lâ€OpĂ©ra national de Paris, au Palais Garnier, Ă  partir du 5 mars 2021 – jalon fĂ©dĂ©rateur des cĂ©lĂ©brations pour le centenaire de la disparition du musicien en 1921. Jusqu’au 20 juin 2021. PARIS, Bibliothèque-musĂ©e de l’OpĂ©ra de Paris, Palais Garnier : tous les jours 10h-17h.

 

 

 

A redécouvrir

________________________________________________________________________________________________

 

 


ASCANIO critique cd annonce review par classiquenews St-Saens-ASCANIO-parution
CD, événement, critique. SAINT-SAËNS : Ascanio, 1890 (Tourniaire, 2017, 3 cd B records)
. Le label B-records crée l’événement en octobre 2018 en dédiant une édition luxueuse à l’opéra oublié de Saint-Saëns, Ascanio, créé en mars 1890 à l’Opéra de Paris. C’est après le grand opéra romantique fixé par Meyerbeer au milieu du siècle, l’offrande de Saint-Saëns au genre historique, et comme les Huguenots de son prédécesseur (actuellement à l’affiche de l’Opéra Bastille), un ouvrage qui s’inscrit à l’époque de la Renaissance française sous la règne de François Ier, quand le sculpteur et orfèvre Benvenuto Cellini travaillait pour la Cour de France. Saint-Saëns sait traiter la fresque lyrique avec un sens maîtrisé de la couleur et de la mélodie : d’autant que, au moment où il fait représenter Ascanio, le genre, objet de critiques de plus en plus sévères, se cherche une nouvelle forme, capable de présenter une véritable alternative au wagnérisme ambiant. Après Etienne Marcel (1879), Henri VIII ( 1883), Ascanio revitalise un sujet français et historique, tout en prenant référence au Benvenuto Cellini de Berlioz qui a précédé et dont lui aussi, la carrière à l’Opéra sera brève.

 

Requiem, dédié à la mémoire de son mécène Albert Libon (qui lui avait fait avant de mourir un don de 100 000 francs en 1877)

 

 

 

 

 

CATALOGUE

________________________________________________________________________________________________

 

 

 

5 concertos pour piano,
5 symphonies dont une avec orgue,
4 poèmes symphoniques (dont Danse macabre),

Opéras

Samson et Dalila (1877)
Le Timbre d’argent (1877)
Henry VIII (1883)
Proserpine (1887)
Ascanio (1890)
Les Barbares (Opéra de Paris, 1901)

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

 

 

 

 

 

 LIVRES

————————————————————————————————————————————————–

LIVRE événement, compte-rendu critique. Stéphane Leteuré : Camille Saint-Saëns, le compositeur globe-trotter (1857 – 1921), Actes Sud. MUSIQUE et POLITIQUE.  Voici l’étendue des déplacements et un premier portrait du Saint-Saëns voyageur, en Europe (Allemagne, Angleterre, Italie), dans cet Orient « africain » qu’avant lui Delacroix ou Félicien David ont parcouru (Algérie et Egypte), mais aussi en USA. L’auteur entend nous dévoiler à travers l’expérience du compositeur romantique français, une première analyse inédite celle développée sous le prisme d’une « géopolitique musicale ». A l’heure de la mondialisation artistique, et aux projets esthétiques qui s’expatriant en atteignant une internationalisation standardisée, le cas Saint-Saëns confronté aux convulsions politiques de son époque, met a contrario en avant l’obligation pour l’artiste créateur de prendre parti, selon le mouvement des nationalismes affrontés (en particulier entre France et Allemagne), selon les postures de la diplomatie dont, dans ses propres déplacements, il ne peut écarter les implications. Intéressant d’interroger ainsi la conscience politique d’un compositeur au hasard de ses déplacements… Surtout à notre époque où bien peu (trop peu) de musiciens, artistes ou compositeurs, prennent parti pour tel ou tel combat : ce n’est pourtant pas les causes qui manquent dans notre monde déréglé, perverti, corrompu. Bref. Ici, le monde de Saint-Saëns ne connaît pas l’horreur de nos temps présents.

Actes sud, camille saint saens globe trotter politique et musique CLIC de classiquenews, review critique presentation livres de CLASSIQUENEWS 9782330077464La mission « volontaire » et assumée de Saint-Saëns favorise le rayonnement de la culture française à travers la diffusion de sa musique, c’est bien ainsi que l’auteur entend privilégier cette préférence nationale, cette volonté de suprématie dans le goût international, surtout à partir de 1905, quand il rejoint les membres du Conseil supérieur des Beaux-Arts. D’autant que les deux Amériques, vers cet Ouest « futuriste et résolument moderniste » sont par exemples estimées tels de nouveaux eldorados, – opportunes issues aux compositeurs français qui peinent à se faire entendre et jouer dans leur propre pays. D’ailleurs l’axe France-USA se cristallise encore après la première guerre avec la création du Conservatoire américain de Fontainebleau.
Dans ce concert des nations où Saint-Saëns veut jouer sa propre partition, l’auteur montre par exemple s’agissant des relations avec l’Allemagne, comment le Français renforce peu à peu un combat direct contre le wagnérisme, s’insurgeant contre la divinisation du maître de Bayreuth dont il a été l’un des premiers festivaliers. Après la mort de Wagner, en 1882, et avec l’essor du wagnérisme, Saint-Saëns s’affirme en défenseur de l’art français, oeuvrant pour la création d’un réseau francophile international où des chefs sensibilisés / alliés sont nommés à des postes clés pour favoriser la musique romantique hexagonale, la soutenir, l’encourager, la faire jouer. Comment alors ne pas justement considéré ce goût pour l’orient comme la réponse du Français, au wagnérisme envahissant de son époque ?

 

saint-saens et rouche la correspondance 1913-1921 presentation par Marie-Gabrielle Soret compte rendu critique de CLASSIQUENEWS editions ACTES SUD livre evenement clic de classiquenews 9782330065812LIVRES, compte rendu critique. Camille Saint-SaĂ«ns et Jacques RouchĂ© : correspondance de 1913 Ă  1921. Actes Sud enrichit sa collection dĂ©diĂ©e aux tĂ©moignages et correspondances d’un romantisme tardif, dĂ©jĂ  Ă©bloui par l’impressionnisme de Debussy, et la syncope frĂ©nĂ©tique d’un Stravinsky (qu’en bon père conservateur St-SaĂ«ns dĂ©testait en le faisant savoir). Les deux hommes de lettres : RouchĂ© / Saint-SaĂ«ns qui Ă©changent, croisent idĂ©es et projets, sont chacun dans une pĂ©riode très active de leur existence. Le Quinqua Jacques RouchĂ© (1862-1957) est le rĂ©cent directeur de l’OpĂ©ra de Paris ; il s’adresse ici Ă  un Saint-SaĂ«ns, vieux (presque octogĂ©naire) maĂ®tre des excellences romantiques, douĂ© d’une invention et d’un classicisme « moderne » qui n’a plus rien Ă  prouver. Face au germanisme wagnĂ©rien croissant (lui qui fut nĂ©anmoins un adepte de Bayreuth dès les premières heures du Festival allemand), Saint-SaĂ«ns se dresse en dĂ©fenseur de l’art musical français. En esprit curieux et fĂ©dĂ©rateur, RouchĂ© accepte de (re)crĂ©er nombre d’ouvrages de Saint-SaĂ«ns sur la scène de l’opĂ©ra de Paris qui ne compte alors que Samson et Dalila : ainsi grâce au jeune directeur, sont montĂ©s : Les Barbares (1914), Etienne Marcel (extraits en 1915 et 1916), Henry VIII (1917), HĂ©lène (1919), Ascanio (1921)… autant d’ouvrages qui suscitent Ă©videmment de constantes coopĂ©rations, oĂą le cher monsieur de 1013 est devenu « mon cher directeur », Saint-SaĂ«ns signant en « ….

 

 

 

leteure stĂ©phane saint saens croquer saint saens critique classiquenews livres actes sudCOMPTE-RENDU, livre Ă©vĂ©nement. StĂ©phane LeteurĂ© : Croquer Saint-SaĂ«ns: Une histoire de la reprĂ©sentation du musicien par la caricature (Actes Sud). Le centenaire Saint-SaĂ«ns commence au mieux. LIRE ici notre dossier spĂ©cial CENTENAIRE CAMILLE SAINT-SAĂ‹NS 2021. Actes Sud fait paraĂ®tre ainsi en fĂ©vrier un opuscule original qui aborde l’image et la reprĂ©sentation de Saint-SaĂ«ns Ă  son Ă©poque. Le compositeur pianiste Ă©tant cĂ©lèbre voire très cĂ©lèbre, fut le sujet de caricatures diverses Ă©pinglant certains traits apparemment emblĂ©matiques (comme son nez disproportionné…), son piano Ă©videmment, sa culture classique, -poussiĂ©reuse forcĂ©ment- qui puise dans l’AntiquitĂ© et la Renaissance… Le dĂ©lire graphique des dessinateurs et des caricaturistes ne connaĂ®t pas de limite et Saint-SaĂ«ns fait les frais de leur imagination impertinente, Ă©lectrisĂ©e avec d’autant plus d’acuitĂ© que le pianiste-compositeur passe pour un pilier de l’art français, l’ambassadeur de la IIIè RĂ©publique : un compositeur incontournable, incarnant le bon goĂ»t, le sĂ©rieux, le classicisme le plus Ă©lĂ©gant. Massenet avait sa moustache gauloise … EN LIRE PLUS ici

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CD

————————————————————————————————————————————————–

 

 


ASCANIO critique cd annonce review par classiquenews St-Saens-ASCANIO-parution
CD, événement, critique. SAINT-SAËNS : Ascanio, 1890 (Tourniaire, 2017, 3 cd B records)
. Le label B-records crée l’événement en octobre 2018 en dédiant une édition luxueuse à l’opéra oublié de Saint-Saëns, Ascanio, créé en mars 1890 à l’Opéra de Paris. C’est après le grand opéra romantique fixé par Meyerbeer au milieu du siècle, l’offrande de Saint-Saëns au genre historique, et comme les Huguenots de son prédécesseur (actuellement à l’affiche de l’Opéra Bastille), un ouvrage qui s’inscrit à l’époque de la Renaissance française sous la règne de François Ier, quand le sculpteur et orfèvre Benvenuto Cellini travaillait pour la Cour de France. Saint-Saëns sait traiter la fresque lyrique avec un sens maîtrisé de la couleur et de la mélodie : d’autant que, au moment où il fait représenter Ascanio, le genre, objet de critiques de plus en plus sévères, se cherche une nouvelle forme, capable de présenter une véritable alternative au wagnérisme ambiant. Après Etienne Marcel (1879), Henri VIII ( 1883), Ascanio revitalise un sujet français et historique, tout en prenant référence au Benvenuto Cellini de Berlioz qui a précédé et dont lui aussi, la carrière à l’Opéra sera brève.

 

 

————————————————————————————————————————————————–

 

saint-saens-timbre-argent-roth-cd-critique-opera-review-opera-classiquenews-les-siecles-FX-RothCD, opéra, événement. SAINT-SAËNS: Le timbre d’argent (Roth, 2 cd P. Bru Zane, 2017). Perle lyrique du Romantisme français : premier opéra de Camille Saint-Saëns, écrit en 1864-65, Le Timbre d’argent renaît ainsi par le disque et mérite la timbale d’or. Tout le mérite en revient au chef et à son orchestre sur timbres d’époque : François-Xavier Roth et ses « Siècles ». Venu tard à l’opéra, Camille compose la même année, Samson et Dalila, son plus grand succès encore actuel, et Le Timbre d’argent, totalement oublié depuis 1914. Entre romantisme et fantastique, l’action relève de Faust et de Pygmalion à l’époque du wagnérisme triomphant. Pourtant Saint-Saëns réinvente l’opéra romantique français avec une verve et un imaginaire inédit, qui se moque des conventions et apporte une alternative exemplaire aux contraintes du temps. Le compositeur use de collages, multiplie les clichés décalés, en orfèvre érudit.

————————————————————————————————————————————————–

 

Saint saens proserpine critique compte rendu sur classiquenews opera veronique gens frederic antoun edicionessingulareses1027CD, critique. SAINT-SAĂ‹NS : PROSERPINE (1887). VĂ©ronique Gens, FrĂ©dĂ©ric Antoun, Andrew Foster-Williams… Ulf Schirmer, direction (2 cd ediciones singulares / Pal. Bru Zane, 2016). En couverture du livre cd, le corset de la courtisane Proserpine, et son prĂ©nom en lettres d’or, inspirant un drame tragique qui créé en 1887, sans trop de succès malgrĂ© l’estime que lui portait Saint-SaĂ«ns (qui le tenait pour son meilleur opĂ©ra, ou l’un de ses meilleurs), offre un rĂ´le fĂ©minin d’une ampleur aussi accomplie que celle des hĂ©roĂŻnes de Massenet. D’ailleurs, le style parfois ampoulĂ© et souvent pompier du compositeur, se rapproche de l’auteur de Manon (1884) ou de ThaĂŻs (autre pĂŞcheresse repentie magnifique, créé en 1894)… voire la rare Esclarmonde (OpĂ©ra-Comique Ă©galement, créé en 1889). RĂŞvant son hĂ©roĂŻne comme Bizet avait conçu Carmen, Saint-SaĂ«ns souhaitait une voix large, puissante, dramatique, … Ă  la Falcon. Mais la rĂ©alitĂ© fut plus sournoise et l’auteur dut faire avec les interprètes Ă  sa disposition ; il sopranisa le rĂ´le. D’emblĂ©e l’intonation et le style de VĂ©ronique Gens (au français impeccable qui affirme toujours la diseuse / cf ses rĂ©cents albums de mĂ©lodies françaises romantiques, dont l’excellent “Néère”), son style altier voire aristocratique (elle n’a pas chantĂ© toutes les hĂ©roĂŻnes mythologiques de Gluck, ou presque, pour rien), la finesse de l’incarnation permettent de facto d’exprimer l’épaisseur du personnage : une courtisane vĂ©nĂ©rĂ©e comme VĂ©nus, qui tombant amoureuse d’un jeune homme, Sabatino…

 ————————————————————————————————————————————————-

 

 

SAINT SAENS opus33 damien Ventula violoncelle klarthe cd critique cd review classiquenews ravel Huillet CLIC de classiquenewsCLIC D'OR macaron 200CD événement, critique. SAINT-SAËNS, HUILLET : Concertos. Damien Ventula, violoncelle (1 cd Klarthe records, 2020) – Belle vitalité de l’orchestre de cordes, éloquence contrastée, vivace du soliste toulousain… le rare Concerto pour violoncelle opus 33 de Saint-Saëns (arrangé ici par le chef Gilles Colliard) s’impose par sa carrure énergique voire échevelée, ce dès le premier Allegro (non troppo) ; une volonté conquérante que compense l’Allegretto central, conçu comme un menuet où brille la tendresse plus intériorisée du violoncelle (ici un somptueux Antoine Médard de … 1675); orfèvre d’un jeu tout en accents et fluidité, Damien Ventula affronte défis et points extrêmes d’une écriture virtuose mais très équilibrée, où partout rayonne un absolu sens de l’équilibre (n’est pas Saint-Saëns qui veut). CLIC DE CLASSIQUENEWS de janvier 2021 

 ————————————————————————————————————————————————-

 

 

 

 

 

saint saens symphonies cristian macelaru critique cd review classiquenewsCD, événement. SAINT-SAËNS : Intégrale des 5 Symphonies (Cristian Macelaru, National de France, 3 CD Warner classics). Cette intégrale conduite par le bouillonnant et très détaillé Cristian Macelaru (né en 1980 en Roumanie) définit désormais une nouvelle référence pour la répertoire symphonique français : heureux interprète qui a la puissance et le sens du détail, doué aussi d’une énergie intérieure assez fabuleuse. Directeur musical du National de France depuis septembre 2020, Cristian Macelaru se distingue de toute évidence par cette intégrale ainsi constituée en 2020 et 2021, qui scelle l’évidente alchimie entre le chef et l’orchestre parisien au moment où est célébrer le centenaire de la mort de Camille Saint-Saëns (1921 – 2021). CLIC de CLASSIQUENEWS Hiver 2021.

 ————————————————————————————————————————————————-

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTES SUD : Camille Saint-Saëns, compositeur globe-trotter

 

 

 Approfondir 

LIRE notre dossier biographique thĂ©matisĂ© Dossier Camille SAINT-SAĂ‹NS : centenaire SAINT-SAĂ‹NS 2021 : entre libertĂ© et classicisme, patriotisme et Ă©clectisme…

 

————————————————————————————————————————————————–
Dossier rĂ©gulièrement actualisĂ© pendant l’annĂ©e SAINT-SAĂ‹NS 2021.

 

 

 

 

 

WAGNER : Le RING de Philippe JORDAN. Jonas Kaufmann et EM Westbroek, déprogrammés

ring-opera-de-paris-ph-jordan-critique-annonce-classiquenewsPARIS. LE RING de Philippe JORDAN : nouveaux rebondissements pour une production au parcours chaotique ; le nouveau Ring du chef Philippe Jordan, moment phare de la saison de l’Opéra de Paris en 2020, qui devait marquer aussi son départ de l’Institution parisienne, connaît de récents et sérieux changements dans sa distribution : Jonas Kaufmann a finalement annulé sa participation dans le rôle de Siegmund, préférant réduire ses déplacements. De même Eva-Maria Westbroek annoncée dans le rôle de Sieglinde (compagne de Siegmund : les deux Welsung sont les parents de Siegfried), devenue cas contact, ne peut plus se déplacer. Les deux chanteurs sont remplacés respectivement par Stuart Skelton et Lise Davidsen, straussienne de choc qui devrait assumer le défi wagnérien… à suivre. Les retransmissions en direct sur France Musique sont toujours maintenues sauf contre ordre à partir du 26 décembre prochain.

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

LIRE notre présentation du WAGNER / RING 2020 de Philippe Jordan
http://www.classiquenews.com/opera-de-paris-france-musique-wagner-le-ring-jordan-2020/

WAGNER : le Ring Jordan sur France Musique

Dates et horaires des diffusions France Musique

L’Or du Rhin : Samedi 26 dĂ©cembre 2020 Ă  20h
La Walkyrie : Lundi 28 décembre à 18h30 à 20h
Siegfried : Mercredi 30 décembre à 20h
Le Crépuscule des dieux : Samedi 2 janvier 2021 à 20h

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

Programme et présentation des 4 Journées
du RING de WAGNER par Philippe Jordan :

 

Samedi 26 décembre 2020, 20h : L’Or du Rhin
Prologue : L’Or du Rhin (Das Rheingold)
Affiche_(portrait)_Le_Ring_2020(2)L’action naît dans les profondeurs du Rhin : après avoir renoncé à l’amour devant les trois filles du Rhin, gardiennes du trésor, le nain Nibelung Alberich dérobe l’or, avec lequel son frère Mime forge un anneau qui confère à son possesseur le pouvoir absolu sur les êtres et le monde. De son côté, calculateur et manipulateur, Wotan, maître des dieux, est contraint de conquérir l’anneau à Nibelheim. Son fidèle « double », Log (dieu du feu, esprit de l’intelligence) lui souffle qu’il aura besoin de cet anneau pour duper les géants Fafner et Fasolt, les bâtisseurs de la future résidence jupitérienne de Wotan sur le mont Walhala. Pour être sûrs d’être payés en retour, les Géants ont pris en otage Freia, déesse de la jeunesse éternelle. Chez les Nibelungen, Wotan dérobe à Alberich, l’anneau et le voile magique, gage d’invisibilité. Alberich maudit alors l’anneau conquis par Wotan. L’or continue son œuvre maléfique : Fafner tue son frère et cache le butin dans la forêt. Plus tard, dans Siegfried, Fafner devenu dragon défendra jusqu’à la mort son précieux trésor… Wotan victorieux mène les dieux au Walhala ; ils s’enivrent grâce à leur jeunesse retrouvée. Pourtant, Wotan a signé sa prochaine déchéance car il a trahi l’esprit des lois et la loyauté qu’il avait lui-même édicté…
Les moments de la partition à ne pas manquer : le début qui est l’ouverture de tout le cycle : de l’immatériel à l’origine du monde au matériel incarné par le monde des dieux et leur duplicité vénale… l’orchestre exprime ce mouvement qui organise peu à peu la matière musicale et la fait jaillir hors des brumes initiales.
La fin du Prologue où Wagner exprime l’élévation des dieux conquérants jusqu’au sommet de Walhala où les géants ont bâti le château magnifique…

 

 

Lundi 28 décembre 2020, 20h : La Walkyrie.
Première journée : La Walkyrie (Die Walküre)

MUNICH : Ring wagnérien au Bayerische StaatsoperPar une nuit de tempête, le fugitif Siegmund, le fils de Wotan et d’une mortelle, trouve refuge chez le guerrier Hunding et son épouse Sieglinde. En réalité, tous deux sont frères et soeurs (les Welsungen) et sont immédiatement attirés l’un vers l’autre d’un amour irrésistible. Fricka, épouse de Wotan et protectrice du foyer conjugal, ne peut laisser s’accomplir une telle union, adultérine et de surcroît incestueuse. Elle rappelle à Wotan son obligation de protéger l’ordre moral : il obéit et dépêche sa plus fidèle fille, la Walkyrie Brûnnhilde auprès de Hunding pour le venger et tuer Siegmund.
Mais sujet central de l’opéra, Brünnhilde compatit au sort de Siegmund qui est son frère : la Walkyrie est touchée par la sincérité de leur amour. Wotan paraît et tue lui-même Siegmund. Wotan poursuit la Walkyrie rebelle, la déchoit de sa nature héroique : simple mortelle, la fille de Wotan devra reposer entourée d’un mur de flammes : seul un preux capable de vaincre la muraille enflammée pourra la conquérir et accomplir sa nature mortelle. Entre temps, la Walkyrie avait permis à Sieglinde de fuir son époux, et lui trouver un refuge où elle pourrait donner naissance au fils à venir de Siegmund : Siegfried.
SĂ©quences mĂ©morables : le dĂ©but de l’opĂ©ra qui dĂ©bute par un orage orchestral et une course en panique, celle du fugitif Siegmund – le duo entre Siegmund / Sieglinde : la page amoureuse la plus bouleversante de tout le cycle du Ring – les adieux dĂ©chirants de Wotan au chevet de sa fille cernĂ©e de flammes (lĂ  encore, l’une des pages les plus dĂ©chirantes du cycle car tout l’amour d’un père obligĂ© de punir sa propre fille est ici exprimĂ©).

 

 

Mercredi 30 décembre 2020, 20h : Siegfried.
Deuxième journée : Siegfried

wotan walkyrieElevé dans la forêt par le Nibelung Mime, silhouette frêle et craintive, calculatrice et menteuse, a éduqué seul Siegfried, fils des jumeaux Siegmund et Sieglinde. L’enfant ne connaît pas la peur et n’a jamais connu ses parents. Mime entend utiliser Siegfried pour tuer le dragon Fafner afin de dérober l’or et l’anneau. Dans ce but, Siegfried forge à grands coups métalliques Nothung, l’épée de son père Siegmund, antérieurement tué par Wotan. Siegfried tue le dragon et goûtant le sang du reptile, comprend le chant de l’oiseau de la forêt qui le prévient de la machination de Mime : le guerrier le tue et part à la conquête de son propre destin. Il croise Wotan devenu le « Voyageur », âme déchue errante, condamnée à cause de ses propres turpitudes. Siegfried amorce le déclin des dieux et l’avènement des hommes… Il atteint le rocher où repose Brünnhilde dont il vainc la défense de feu et tombe amoureux.

 

 

Samedi 2 janvier 2021, 20h : Le Crépuscule des dieux.
Troisième journée : Le Crépuscule des dieux (Götterdämmerung)

wagner_brunnhilde_gotterdammerung_operarthur_rackhamTroisième et ultime Journée de la Tétralogie wagnérienne, Le Crépuscule des dieux s’ouvre près du rocher de Brünnhilde où les Trois Nornes tissent les fils du destin ; le fil se rompt, annonce de la fin des dieux. Au lever du jour, Siegfried quitte Brünnhilde en lui confiant l’anneau en témoignage de fidélité. Il rejoint le château des Gibishungen : Gunther, sa soeur Gutrune et Hagen, fils d’Albérich et comme lui, esprit maléfique et manipulateur. Hagen entend venger son père et reprendre l’anneau à Siegfried. Pour se faire, celui ci trop naïf, boit le philtre qui lui fait oublier Brünnhilde et aimer… Gutrune.
Sous l’identité de Gunther, Siegfried envoûté prend de force Brünnhilde et l’anneau. Au château, Brünnhilde accuse Siegfried (qui a recouvré la mémoire) : Hagen exploite la colère de Brünnhilde et organise avec sa complicité (elle a révélé le seul point faible du héros invincible), la mort de Siegfried. Pendant la chasse, Hagen fait assassiner Siegfried. Comprenant la supercherie, Brünnhilde témoigne de sa douleur ; honore la mémoire de Siegfried trahi et organise un vaste bûcher où les flammes purificatrices effacent la barbarie née de l’anneau et de la duplicité des hommes. Les filles du Rhin apparaissent reprenant leur butin : elles entraînent Hagen le maudit au fond des eaux vengeresses…
Quel monde nouveau naîtra-t-il après ce nouveau chaos ? L’espérance que fonde Wagner dans son final est l’annonce d’un monde régénéré, porté par l’esprit d’amour et de fraternité.

 

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

A ÉCOUTER
Le podcast RING de WAGNER sur France Musique
https://www.francemusique.fr/emissions/musicopolis/Le-Grand-feuilleton-du-Ring-1-5-il-%C3%A9tait-une%20fois-89330

WAGNER EN SUISSELe 13 mai 1876, Richard Wagner avec les finance et l’appui indĂ©fectible du jeune Roi Louis II de Bavière, peut inaugurer le Théâtre de Bayreuth, conçu pour la reprĂ©sentation de ses opĂ©ras dont la TĂ©tralogie ou “L’Anneau du Niebelung. Dans ce podcast, les origines du “Ring” et du Théâtre jusqu’Ă  sa triomphale première, un voyage de plus de 25 ans !
En 1848, Wagner commence amorce la composition d’n nouveau cycle lyrique inspirĂ© du mythe des Nibelungen. Il Ă©crit un rĂ©sumĂ© puis un livret autour du hĂ©ros Siegfried et de sa mort (le futur CrĂ©puscule des Dieux). Peu convaincu, il approfondit encore sa comprĂ©hension de la Saga dans sa globalitĂ©. Wagner rĂ©dige les 4 livrets de la future TĂ©tralogie dans l’ordre inverse, terminant avec celui de l’Or du Rhin, prologue du cycle. Il poursuit ensuite la composition (dans l’ordre chronologique des opĂ©ras. Mais une crise intervient en 1857 en pleine composition de Siegfried, son 3e opĂ©ra…

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

 

 

 

 

 

Opéra de Paris / France Musique : WAGNER, LE RING JORDAN 2020

FRANCE MUSIQUE, WAGNER : Le Ring Jordan 2020, dès le 26 déc 2020. LE RING 2020 de l’Opéra National de Paris sur France Musique. Alors que la Tétralogie sera réalisée en huis clos en version de concert les 26, 28, 30 décembre 2020 et 2 janvier 2021 à l’Opéra Bastille, la maison parisienne en diffusera en direct chaque volet sur France Musique. Exemple éloquent de diffusion large et gratuite vers le plus large public : une proposition opportune en période de confinement.

 
 
 

Dates et horaires des diffusions France Musique
L’Or du Rhin : Samedi 26 dĂ©cembre 2020 Ă  20h
La Walkyrie : Lundi 28 décembre à 18h30 à 20h
Siegfried : Mercredi 30 décembre à 20h
Le Crépuscule des dieux : Samedi 2 janvier 2021 à 20h

 
 
 

jordan - Philippe-Jordan-008L’initiative compense les empêchements d’abord constatés dans la réalisation du Ring du directeur musical Philippe Jordan (depuis 2009), avant son départ prochain de la Maison parisienne. Le projet est au centre du travail du chef avec les musiciens parisiens, il s’agit de maintenir le niveau général de la phalange française (depuis le 1er confinement de mars dernier obligé à réduire considérablement ses concerts et représentations). Révéler ses qualités, questionner son identité : « Quelle personnalité et quelles couleurs une formation française pouvait-elle offrir à l’interprétation de Wagner ? La programmation du Ring mais aussi de Tristan et Isolde, des Maîtres chanteurs de Nuremberg, de Lohengrin, Parsifal sous ma direction, ou encore du Vaisseau fantôme et de Tannhäuser sous la baguette de Peter Schneider et de Mark Elder, a été, à bien des égards, formatrice pour nos musiciens qui maîtrisent désormais pleinement ces partitions et forment l’un des plus grands orchestres wagnériens. Durant mes douze années de mandat, Wagner a été un fil conducteur qui nous a menés au plus haut », ajoute le chef d’orchestre soucieux de « réveiller » l’orchestre et de le maintenir dans son excellence artistique, éprouvé encore et toujours par le défi que représente le Ring de Wagner.

Décidée en version de concert, le Ring 2020 permet coûte que coûte aux instrumentistes de poursuivre leur travail avec le chef : « Après cette longue coupure liée à la crise sanitaire avec pour conséquence l’annulation regrettable de la production de Calixto Bieito, le maintien d’une version concertante s’imposait. Nous avions l’impératif de re-fédérer l’Orchestre et le Chœur autour d’un projet rare et important, qui puisse tout à la fois engager nos forces artistiques sur la voie d’un travail collectif et marquer d’un jalon la fin de mon mandat au sein de la maison… (…)… Une version concertante peut être une chance, l’absence du metteur en scène nous obligeant à nous concentrer sur l’essentiel », précise Philippe Jordan.
Distribution annoncée : Jonas Kaufmann (remplacé par Stuart Skelton), Iain Paterson, Andreas Schager, Ricarda Merbeth, Ekaterina Gubanova… l’affiche promet particulièrement : « Notre plateau vocal rassemble, autour de grands habitués du répertoire tels Eva-Maria Westbroek et Jonas Kaufmann (NDLR : fnalement remplacés au 18 nov par Lise Davidsen et Stuart Skelton), une nouvelle génération d’interprètes des rôles, parmi lesquels les grands chanteurs que sont Iain Paterson en qualité de Wotan, Andreas Schager en Siegfried, Martina Serafin en Brünnhilde. La réunion de ces artistes garantit une homogénéité vocale et une vision partagée du chant wagnérien autour du traitement du texte et de ses nuances. Entendre une telle distribution était une chance à laquelle il était impossible de renoncer. » renchérit le directeur musical de ce cyle événement.

 

 

 

Le Crépuscule des dieux à l'Opéra Bastille, jusqu'au 16 juin 2013

Le Ring de Philippe Jordan Ă  l’OpĂ©ra Bastille, nouveau dĂ©fi  de novembre 2020, diffusĂ© sur France Musique en dĂ©cembre 2020 puis dĂ©but janvier 2021. (DR)

 

 

 

 

 

————————————————————————————————————————————————–

FESTIVAL SCÉNIQUE
EN UN PROLOGUE ET TROIS JOURNÉES
1869 / 1876
MUSIQUE ET LIVRET : Richard Wagner (1813-1883)
En langue allemande

« À l’occasion d’une solennité expressément instituée dans ce but, je pense donner ces trois drames et le prologue, au cours de trois journées et d’une veille ; je considérerais le but de ces représentations comme entièrement atteint, si moi et mes camarades artistes, les véritables acteurs, parvenions en ces quatre soirées, à communiquer artistiquement aux spectateurs rassemblés pour connaître mon intention, cette intention, à la réelle intelligence sentimentale, ([c’est-à-dire] non critique). Tout autre résultat doit m’apparaître d’autant plus indifférent, qu’ [il me semble] superflu.»

Richard Wagner, Une communication Ă  mes amis, 1851

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

Distribution par ouvrage

L’OR DU RHIN
DAS RHEINGOLD
PROLOGUE EN QUATRE SCĂNES (1869)

WOTAN Iain Paterson
DONNER Lauri Vasar
FROH Matthew Newlin
LOGE Norbert Ernst
ALBERICH Jochen Schmeckenbecher
MIME Gerhard Siegel
FASOLT Wilhelm Schwinghammer
FAFNER Dimitry Ivashchenko
FRICKA Ekaterina Gubanova
FREĂŹA Anna Gabler
ERDA Wiebke Lehmkuhl
WOGLINDE Tamara Banješević
WELLGUNDE Christina Bock
FLOSSHILDE Claudia Huckle

————————————————————————————————————————————————–

LA WALKYRIE
DIE WALKĂśRE
PREMIĂRE JOURNÉE EN TROIS ACTES (1870)

SIEGMUND Jonas Kaufmann (remplacé par Stuart Skelton)
HUNDING Gunther Groissböck
WOTAN Iain Paterson
SIEGLINDE Eva-Maria Westbroek (remplacée par Lise Davidsen)
BRĂśNNHILDE Ricarda Merbeth
FRICKA Ekaterina Gubanova
GERHILDE Sonja Šarić
ORTLINDE Anna Gabler
WALTRAUTE Natalia Skrycka
SCHWERTLEITE Katharina Magiera
HELMWIGE Regine Hangler
SIEGRUNE Julia Rutigliano
GRIMGERDE Noa Beinart
ROSSWEISSE Marie-Luise Dressen

————————————————————————————————————————————————–

SIEGFRIED
DEUXIĂME JOURNÉE EN TROIS ACTES (1876)

SIEGFRIED Andreas Schager
MIME Gerhard Siegel
DER WANDERER Iain Paterson
ALBERICH Jochen Schmeckenbecher
FAFNER Dimitry Ivashchenko
ERDA Wiebke Lehmkuhl
WALDVOGEL Tamara Banješević
BRĂśNNHILDE Ricarda Merbeth

————————————————————————————————————————————————–

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX
GÖTTERDÄMMERUNG
TROISIĂME JOURNÉE EN TROIS ACTES (1876)

SIEGFRIED Andreas Schager
GUNTHER Johannes Martin Kränzle
ALBERICH Jochen Schmeckenbecher
HAGEN Ain Anger
BRĂśNNHILDE Ricarda Merbeth
GUTRUNE, DRITTE NORN Anna Gabler
WALTRAUTE, ZWEITE NORN Michaela Schuster
ERSTE NORN Wiebke Lehmkuhl
WOGLINDE Tamara Banješević
WELLGUNDE Christina Bock
FLOSSHILDE Claudia Huckle

————————————————————————————————————————————————–

 

 
————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

Programme et présentation des 4 Journées
du RING de WAGNER par Philippe Jordan :

 

Samedi 26 décembre 2020, 20h : L’Or du Rhin
Prologue : L’Or du Rhin (Das Rheingold)
Affiche_(portrait)_Le_Ring_2020(2)L’action naît dans les profondeurs du Rhin : après avoir renoncé à l’amour devant les trois filles du Rhin, gardiennes du trésor, le nain Nibelung Alberich dérobe l’or, avec lequel son frère Mime forge un anneau qui confère à son possesseur le pouvoir absolu sur les êtres et le monde. De son côté, calculateur et manipulateur, Wotan, maître des dieux, est contraint de conquérir l’anneau à Nibelheim. Son fidèle « double », Log (dieu du feu, esprit de l’intelligence) lui souffle qu’il aura besoin de cet anneau pour duper les géants Fafner et Fasolt, les bâtisseurs de la future résidence jupitérienne de Wotan sur le mont Walhala. Pour être sûrs d’être payés en retour, les Géants ont pris en otage Freia, déesse de la jeunesse éternelle. Chez les Nibelungen, Wotan dérobe à Alberich, l’anneau et le voile magique, gage d’invisibilité. Alberich maudit alors l’anneau conquis par Wotan. L’or continue son œuvre maléfique : Fafner tue son frère et cache le butin dans la forêt. Plus tard, dans Siegfried, Fafner devenu dragon défendra jusqu’à la mort son précieux trésor… Wotan victorieux mène les dieux au Walhala ; ils s’enivrent grâce à leur jeunesse retrouvée. Pourtant, Wotan a signé sa prochaine déchéance car il a trahi l’esprit des lois et la loyauté qu’il avait lui-même édicté…
Les moments de la partition à ne pas manquer : le début qui est l’ouverture de tout le cycle : de l’immatériel à l’origine du monde au matériel incarné par le monde des dieux et leur duplicité vénale… l’orchestre exprime ce mouvement qui organise peu à peu la matière musicale et la fait jaillir hors des brumes initiales.
La fin du Prologue où Wagner exprime l’élévation des dieux conquérants jusqu’au sommet de Walhala où les géants ont bâti le château magnifique…

 

 

Lundi 28 décembre 2020, 20h : La Walkyrie.
Première journée : La Walkyrie (Die Walküre)

MUNICH : Ring wagnérien au Bayerische StaatsoperPar une nuit de tempête, le fugitif Siegmund, le fils de Wotan et d’une mortelle, trouve refuge chez le guerrier Hunding et son épouse Sieglinde. En réalité, tous deux sont frères et soeurs (les Welsungen) et sont immédiatement attirés l’un vers l’autre d’un amour irrésistible. Fricka, épouse de Wotan et protectrice du foyer conjugal, ne peut laisser s’accomplir une telle union, adultérine et de surcroît incestueuse. Elle rappelle à Wotan son obligation de protéger l’ordre moral : il obéit et dépêche sa plus fidèle fille, la Walkyrie Brûnnhilde auprès de Hunding pour le venger et tuer Siegmund.
Mais sujet central de l’opéra, Brünnhilde compatit au sort de Siegmund qui est son frère : la Walkyrie est touchée par la sincérité de leur amour. Wotan paraît et tue lui-même Siegmund. Wotan poursuit la Walkyrie rebelle, la déchoit de sa nature héroique : simple mortelle, la fille de Wotan devra reposer entourée d’un mur de flammes : seul un preux capable de vaincre la muraille enflammée pourra la conquérir et accomplir sa nature mortelle. Entre temps, la Walkyrie avait permis à Sieglinde de fuir son époux, et lui trouver un refuge où elle pourrait donner naissance au fils à venir de Siegmund : Siegfried.
SĂ©quences mĂ©morables : le dĂ©but de l’opĂ©ra qui dĂ©bute par un orage orchestral et une course en panique, celle du fugitif Siegmund – le duo entre Siegmund / Sieglinde : la page amoureuse la plus bouleversante de tout le cycle du Ring – les adieux dĂ©chirants de Wotan au chevet de sa fille cernĂ©e de flammes (lĂ  encore, l’une des pages les plus dĂ©chirantes du cycle car tout l’amour d’un père obligĂ© de punir sa propre fille est ici exprimĂ©).

 

 

Mercredi 30 décembre 2020, 20h : Siegfried.
Deuxième journée : Siegfried

wotan walkyrieElevé dans la forêt par le Nibelung Mime, silhouette frêle et craintive, calculatrice et menteuse, a éduqué seul Siegfried, fils des jumeaux Siegmund et Sieglinde. L’enfant ne connaît pas la peur et n’a jamais connu ses parents. Mime entend utiliser Siegfried pour tuer le dragon Fafner afin de dérober l’or et l’anneau. Dans ce but, Siegfried forge à grands coups métalliques Nothung, l’épée de son père Siegmund, antérieurement tué par Wotan. Siegfried tue le dragon et goûtant le sang du reptile, comprend le chant de l’oiseau de la forêt qui le prévient de la machination de Mime : le guerrier le tue et part à la conquête de son propre destin. Il croise Wotan devenu le « Voyageur », âme déchue errante, condamnée à cause de ses propres turpitudes. Siegfried amorce le déclin des dieux et l’avènement des hommes… Il atteint le rocher où repose Brünnhilde dont il vainc la défense de feu et tombe amoureux.

 

 

Samedi 2 janvier 2021, 20h : Le Crépuscule des dieux.
Troisième journée : Le Crépuscule des dieux (Götterdämmerung)

wagner_brunnhilde_gotterdammerung_operarthur_rackhamTroisième et ultime Journée de la Tétralogie wagnérienne, Le Crépuscule des dieux s’ouvre près du rocher de Brünnhilde où les Trois Nornes tissent les fils du destin ; le fil se rompt, annonce de la fin des dieux. Au lever du jour, Siegfried quitte Brünnhilde en lui confiant l’anneau en témoignage de fidélité. Il rejoint le château des Gibishungen : Gunther, sa soeur Gutrune et Hagen, fils d’Albérich et comme lui, esprit maléfique et manipulateur. Hagen entend venger son père et reprendre l’anneau à Siegfried. Pour se faire, celui ci trop naïf, boit le philtre qui lui fait oublier Brünnhilde et aimer… Gutrune.
Sous l’identité de Gunther, Siegfried envoûté prend de force Brünnhilde et l’anneau. Au château, Brünnhilde accuse Siegfried (qui a recouvré la mémoire) : Hagen exploite la colère de Brünnhilde et organise avec sa complicité (elle a révélé le seul point faible du héros invincible), la mort de Siegfried. Pendant la chasse, Hagen fait assassiner Siegfried. Comprenant la supercherie, Brünnhilde témoigne de sa douleur ; honore la mémoire de Siegfried trahi et organise un vaste bûcher où les flammes purificatrices effacent la barbarie née de l’anneau et de la duplicité des hommes. Les filles du Rhin apparaissent reprenant leur butin : elles entraînent Hagen le maudit au fond des eaux vengeresses…
Quel monde nouveau naîtra-t-il après ce nouveau chaos ? L’espérance que fonde Wagner dans son final est l’annonce d’un monde régénéré, porté par l’esprit d’amour et de fraternité.

 

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

A ÉCOUTER
Le podcast RING de WAGNER sur France Musique
https://www.francemusique.fr/emissions/musicopolis/Le-Grand-feuilleton-du-Ring-1-5-il-%C3%A9tait-une%20fois-89330

WAGNER EN SUISSELe 13 mai 1876, Richard Wagner avec les finance et l’appui indĂ©fectible du jeune Roi Louis II de Bavière, peut inaugurer le Théâtre de Bayreuth, conçu pour la reprĂ©sentation de ses opĂ©ras dont la TĂ©tralogie ou “L’Anneau du Niebelung. Dans ce podcast, les origines du “Ring” et du Théâtre jusqu’Ă  sa triomphale première, un voyage de plus de 25 ans !
En 1848, Wagner commence amorce la composition d’n nouveau cycle lyrique inspirĂ© du mythe des Nibelungen. Il Ă©crit un rĂ©sumĂ© puis un livret autour du hĂ©ros Siegfried et de sa mort (le futur CrĂ©puscule des Dieux). Peu convaincu, il approfondit encore sa comprĂ©hension de la Saga dans sa globalitĂ©. Wagner rĂ©dige les 4 livrets de la future TĂ©tralogie dans l’ordre inverse, terminant avec celui de l’Or du Rhin, prologue du cycle. Il poursuit ensuite la composition (dans l’ordre chronologique des opĂ©ras. Mais une crise intervient en 1857 en pleine composition de Siegfried, son 3e opĂ©ra…

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

 

 

 

 

 

LE RING de Philippe Jordan (Bastille et Radio France)

ring-opera-de-paris-ph-jordan-critique-annonce-classiquenewsPARIS, WAGNER : FESTIVAL RING 2020 : dès  le 26 décembre. Le Ring de Wagner est un défi pour chaque maison d’opéra. Le cycle conçu par Wagner et créé en 1876 à Bayreuth, 4 volets (L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried, Le Crépuscule des dieux), totalise 16h de musique, plus de 100 musiciens, une quinzaine de solistes… Crise sanitaire oblige, l’Opéra de Paris a maintenu son cycle soit 2 festivals dans une version non scénique. Il était important que les musiciens de l’Opéra de Paris reprennent le travail et se retrouvent autour d’un projet fort et très ambitieux. La première série / le premier cycle inaugure la réouverture de l’Opéra Bastille à partir du 26 décembre  2020. L’Orchestre de l’Opéra national de Paris se produit ainsi aux côtés de Jonas Kaufmann (Siegmund), Iain Paterson (Wotan), Andreas Schager (Siegfried), Martina Serafin (Brünnhilde), Ricarda Merbeth (Brünnhilde), Ekaterina Gubanova (Fricka)…

Plus d’informations sur le site de l’Opéra national de Paris :
https://www.operadeparis.fr/saison-20-21/evenements/lanneau-du-nibelung

————————————————————————————————————————————————–

 
Dates et horaires des diffusions France Musique
L’Or du Rhin : Samedi 26 décembre 2020 à 20h
La Walkyrie : Lundi 28 décembre à 18h30 à 20h
Siegfried : Mercredi 30 décembre à 20h
Le Crépuscule des dieux : Samedi 2 janvier 2021 à 20h

————————————————————————————————————————————————–

Richard Wagner
L’OR DU RHIN / DAS RHEINGOLD / 2h30
LA WALKYRIE/ DIE WALKĂśRE / 5h
SIEGFRIED / 5h
LE CRÉPUSCULE DES DIEUX / GÖTTERDÄMMERUNG / 5h35
version de concert
Diffusion sur France Musique (cycle joué à Bastille)

FESTIVAL SCÉNIQUE EN UN PROLOGUE ET TROIS JOURNÉES
1869 / 1876
MUSIQUE ET LIVRET
Richard Wagner (1813-1883)

DIRECTION MUSICALE : Philippe Jordan
CHEF DES CHŒURS : José Luis Basso
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

Wotan / Der Wanderer : Ian Paterson
Alberich : Jochen Schmeckenbecher
Mime : Gerhard Siegel
Erda Wiebe Lehmkuhl

Siegmund : Jonas Kaufmann
Sieglinde : Eva-Maria Westbroeck
Hunding : Gunther Groissböck
Brünnhilde : Martina Serafin (24 / 26 / 28 nov), Ricarda Merbeth (1er / 4 / 6 déc)

Siegfried : Andreas Schager

Gunther : Johannes Martin Kränzle
Hagen : Ain Anger
Gutrune : Anna Gabler
…

————————————————————————————————————————————————–

VIDEOS : Le Ring c’est quoi ? (L’Or du Rhin)
https://www.operadeparis.fr/saison-20-21/evenements/lanneau-du-nibelung#gallery

EXPOSITION : LE GRAND OPÉRA, 1828 – 1867, LE SPECTACLE DE L’HISTOIRE, les 5 volets clĂ©s de l’exposition

exposition-grand-opera-specacle-de-l-histoire-palais-garnier-BNF-opera-de-paris-annonce-critique-visite-presentation-classiquenews-CLASSIQUENEWSEXPOSITION : LE GRAND OPÉRA, 1828 – 1867, LE SPECTACLE DE L’HISTOIRE – PARCOURS DE L’EXPOSITION ; les 5 volets clĂ©s de l’exposition parisienne. AmorcĂ© sous le Consulat, le grand opĂ©ra Ă  la française se prĂ©cise Ă  mesure que le rĂ©gime politique affine sa propre conception de la reprĂ©sentation spectaculaire, image de son prestige et de son pouvoir, instrument phare de sa propagande. Le genre mĂ»rit sous l’Empire avec NapolĂ©on, puis produit ses premiers exemples aboutis, Ă©quilibrĂ©s
à la veille de la Révolution de 1830. La « grande boutique » comme le dira Verdi à l’apogée du système, offre des moyens techniques et humains considérables – grands chœurs, ballet et orchestre, digne de sa création au XVIIè par Louis XIV.
Les sujets ont évolué, suivant l’évolution de la peinture d’histoire : plus de légendes antiques, car l’opéra romantique français préfère les fresques historiques du Moyen Âge et de la Renaissance.
Louis-Philippe efface l’humiliation de Waterloo et du Traité de Vienne et cultive la passion du patrimoine et de l’Histoire, nationale évidemment. Hugo écrit Notre-Dame de Paris ; Meyerbeer compose Robert le Diable et Les Huguenots. Les héros ne sont plus mythologiques mais historiques : princes et princesses du XVIè : le siècle romantique est passionnément gothique et Renaissance.

A l’opĂ©ra, les sujets et les moyens de la peinture d’Histoire

Comme en peinture toujours, les faits d’actualité et contemporain envahissent la scène lyrique ; comme Géricault fait du naufrage de la Méduse une immense tableau d’histoire (Le Radeau de la Méduse), dans « Gustave III », Auber et Scribe narrent l’assassinat du Roi de Suède, survenu en 1792, tout juste quarante ans auparavant. Cela sera la trame d’un Bal Masqué de Verdi.

Après la Révolution de 1848, l’essor pour le grand opéra historique faiblit sensiblement. Mais des œuvres capitales après Meyerbeer sont produites, souvent par des compositeurs étrangers soucieux d’être reconnus par leur passage dans la « grande boutique », sous la Deuxième République et le Second Empire. Le wagnérisme bouleverse la donne en 1861 avec la création parisienne de Tannhäuser, qui impressionne l’avant garde artistique parisienne, de Baudelaire à fantin-Latour, et dans le domaine musical, Joncières, militant de la première heure.
Le goût change : Verdi et son Don Carlos (en français) hué Salle Le Peletier en 1867 (5 actes pourtant avec ballet), est oublié rapidement ; car 6 mois plus tard, le nouvel opéra Garnier et sa façade miraculeuse, nouvelle quintessence de l’art français est inaugurée. C’est l’acmé de la société des spectacles du Second Empire, encore miroitante pendant 3 années jusqu’au traumatisme de Sedan puis de la Commune (1870).

 

 

Le parcours de l’exposition est articulé en 5 séquences.

1. GÉNÉALOGIE DU GRAND OPÉRA
2. LA RÉVOLUTION EN MARCHE
3. MEYERBEER : LES TRIOMPHES DU GRAND OPÉRA
4. DERNIĂRES GLOIRES
5. UN MONDE S’ÉTEINT

 

 
 

 

Illustration : Esquisse de décor pour Gustave III ou Le bal masqué, acte V, tableau 2, opéra, plume, encre brune, lavis d’encre et rehauts de gouache. BnF, département de la Musique, Bibliothèque- musée de l’Opéra © BnF / BMO

 

 
 

 

DATES ET HORAIRES
Du 24 octobre 2019 au 2 février 2020
Tous les jours de 10h à 17h (accès jusqu’à 16h30), sauf fermetures exceptionnelles.
LIEU
Bibliothèque-musée de l’Opéra
Palais Garnier – Paris 9e
Entrée à l’angle des rues Scribe et Auber
INFORMATIONS PRATIQUES
TARIFS
Plein Tarif : 14€ Tarif Réduit : 10€

 

 

 

LIVRE événement, critique. Pauline Ritaine : Paul Dukas, Écrits sur la musique (éditions Musicae)

DUKAS-paul-Pauline-Ritaine-ecrits-critique-musical-DUKAS-opera-analyse-critique-livre-critique-classiquenews-aedam-musicae-sep-2019LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. Pauline Ritaine : Paul Dukas, Écrits sur la musique (Ă©ditions Musicae). Avec Camille Saint-SaĂ«ns ou Claude Debussy, le Prix de Rome (1889) Paul Dukas (1865-1935) a suivi le sillage d’Hector Berlioz comme critique musical. Lorsqu’un compositeur dĂ©crypte le travail d’autres confrères, la vision est toujours solidement argumentĂ©, rĂ©vĂ©lant autant sur les Ĺ“uvres concernĂ©es que sur son Ă©criture et son esthĂ©tique propres. Érudit et d’un goĂ»t très fin, l’auteur du seul opĂ©ra Ă  la fois wagnĂ©rien et debussyste : Ariane et Barbe-Bleue (1907), de L’Apprenti sorcier (1897) ou de La PĂ©ri (1911) – emblème de l’âge d’or du symphonisme et de l’opĂ©ra français fin de siècle / Belle Époque, rĂ©dige entre 1892 et 1932 presque quatre-cents articles oĂą la finesse le dispute Ă  un sens de la synthèse et de la contextualisation selon les idĂ©es et les courants de pensĂ©e Ă  son Ă©poque. Ainsi ni la polĂ©mique, ni l’ironie ne sont exclues. Dukas commente, analyse, dĂ©tecte les dĂ©fauts ou les longueurs (Dans la Walkyrie, le long duo Wotan / Fricka), identifie ce qui dĂ©termine les Ă©lĂ©ments esthĂ©tiques contemporains : symbolistes, impressionnistes, vĂ©ristes, wagnĂ©rien Ă©videmment, et spĂ©cifiquement français. Autant de convictions d’une pensĂ©e construite et très affinĂ©e qui sait dĂ©tecter les bouleversements esthĂ©tiques et institutionnels dont les rĂ©formes de l’OpĂ©ra et du Conservatoire de Paris (oĂą il enseigne tardivement la composition).
Comme Saint-Saëns, Dukas se passionne pour la redécouverte du patrimoine musical ancien (Renaissance, Baroque…) : folklores régionaux et aussi musiques extra-européennes.
Mais tout cela lui pèse car son temps d’écriture et d’analyse dévore celui dédié à la composition : il s’en ouvre clairement à Vincent d’Indy qui lui, a toujours su refusé toute demande de rédaction critique (ce qui n’empêcha pas d’affirmer haut et fort ses propres certitudes).
Dans ce volume 1, dédié au « théâtre lyrique », l’auteure organise le corpus autographe non pas chronologiquement mais thématiquement, identifiant les grands sujets qui ont inspiré le Dukas critique musical : « art & société » ; critiques (Hippolyte et Aricie, Castor, Les Indes Galantes… de Rameau, mars 1894 ; La Flûte enchantée, Don Juan de Mozart ; Armide et Orphée de Gluck ; Fidelio de Beethoven…, surtout la Tétralogie, 1892 et Tristan, 1899, de Wagner car Dukas cède aux miroitements orchestraux de Wagner ; puis le « théâtre lyrique contemporain » : entre autres, Samson de Saint-Saëns (1892), Werther de Massenet (1893), Falstaff de Verdi (1894), Ferval de D’Indy (1897), Louise de Charpentier (1900), les Barbares de St-Saëns (1901), Le Roi Arthus de Chausson (1903), Padmâvatî de Roussel ou Les Noces de Stravinsky (1923). Captivant regard d’un critique lui-même compositeur pour l’opéra. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2019.

________________________________________________________________________________________________

CLIC D'OR macaron 200LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. Pauline Ritaine : Paul Dukas, Écrits sur la musique (Ă©ditions Musicae / Coll. Musiques-XIX-XXe siècles – 344 pages – Format : 17.5 x 24 cm (Ă©p. 2.5 cm) (625 gr) – DĂ©pot lĂ©gal : Juillet 2019 – Cotage : AEM-189 – ISBN : 978-2-919046-42-3 – CLIC de classiquenews septembre 2019.

Plus d’infos sur le site musicae.fr :
http://www.musicae.fr/livre-Paul-Dukas—Ecrits-sur-la-musique-Edite-par-Pauline-Ritaine-189-150.html

POITIERS, TAP. Concert WAGNER et BRUCKNER

Philippe Herreweghe et l'Orchestre des Champs Elysées à PoitiersPOITIERS, TAP. Mer 14 nov 2018. Wagner, Bruckner. Soirée symphonique, germanique et romantique au TAP de Poitiers, grâce à la force de persuasion de l’Orchestre des Champs Elysées, phalange en résidence au sein du théâtre poitevin, comprenant un auditorium aux qualités acoustiques exceptionnels, à notre avis pas assez reconnues. A 20h30, récital lyrique et symphonique. Cycle de lieder avec orchestre pour soprano tout d’abord où la cantatrice, experte en mélodies françaises, Véronique Gens, chante le cycle des Wesendonck-Lieder que Richard Wagner dédia à sa passion pour son hôtesse et protectrice en Suisse, Mathilde Wesendock (laquelle a écrit aussi les poèmes du cycle). Idylle consommée ou non, il nous reste plusieurs chants embrasés, où s’accomplissent l’enchantement et l’extase amoureuse, dont la mélodie de Tristan (celle de la nuit d’amour de l’acte II). D’une irrésistible langueur enivrée.

 

 

concert voix et orchestre au TAP de POITIERS

Romantisme lyrique et symphonique

bruckner1Puis l’Orchestre des Champs-Elysées interprète le massif brucknérien qui doit tant à … Wagner. Bruckner vouant une admiration sans borne pour le Maître de Bayreuth. Poitiers affiche la Symphonie n°4 de Bruckner, dite « Romantique » avec ses claires références au monde chevaleresque médiéval, …( tristanesque ?) … « Ville médiévale, chevaliers se lançant au-dehors sur de fiers chevaux, Amour repoussé, et même Danse pour le repas de chasse ».… Philippe Herreweghe aborde la symphonie avec une clarté détaillée et un sens de l’analyse qui restitue le relief de l’architecture et l’acuité des timbres instrumentaux, ce dans un format et des équilibres sonores affinés, comme le permet très justement la spécificité des instruments d’époque.

Dite “Romantique”, la Quatrième ouvre le cycle des Symphonies brucknériennes “en majeur”. Il existe trois versions connues, validées par l’auteur. Bruckner compose la partition originale de janvier à novembre 1874 et la dédie au Prince Constantin Hohenlohe, espérant une protection. La période est difficile pour le musicien qui n’a presque plus rien pour vivre. L’oeuvre ne sera révélée au concert que dans sa version originelle éditée par Nowak… en 1975! En 1878, Bruckner reprenait les deux premiers mouvements, puis en 1880, réécrivait le finale. C’est cette dernière version, la troisième, qui fut créée à Vienne, le 20 février 1881 sous la direction de Hans Richter. Le compositeur cite Parsifal de Wagner et l’instrumentation de son cher modèle…
…
Gestion des cuivres (souvent colossaux), rondeur chantante des bois, mer et houle des cordes… comment le chef saura-t-il piloter le langage brucknérien ? Il est aussi question de souffle majestueux et de grandeur, comme de mysticisme car Bruckner était habité par l’idéal chrétien, étant très croyant. Réponse ce 14 nov 2018 dans le superbe auditorium du TAP de Poitiers.

 

——————————————————————————————————————————————————

Programme

> Richard Wagner : Wesendonck-Lieder
> Anton Bruckner : Symphonie n° 4 en mi bémol majeur « Romantique »

ORCHESTRE DES CHAMPS ELYSEES
Philippe Herreweghe, direction
Véronique Gens, soprano

 

 

 

——————————————————————————————————————————————————

boutonreservationPOITIERS, TAP.
Mercredi 14 novembre 2018, 20h30
RESERVEZ VOTRE PLACE
https://www.tap-poitiers.com/spectacle/bruckner-wagner/

1h40, avec entracte

 

 

wesendonck-matilde-lieder-wagner-concerts
 

 

Mathilde Wesendonck inspire Ă  Ricahrd Wagner un amour considĂ©rable : les poèmes de la protectrice suscitent l’un des cycles les plus enchanteurs et amoureux du compositeur romantique (DR)

 

 

 

 

Bayreuth 2016 : Marek Janowski dirige L’or du Rhin

WAGNER EN SUISSEFrance Musique, vendredi 19 aoĂ»t 2016, 20h. Wagner : L’or du Rhin. Depuis Bayreuth 2016, enregistrement rĂ©alisĂ© le 26 juillet 2016.  C’est un Ă©vĂ©nement pour tout wagnĂ©rien qui se respecte : cet Or du Rhin dirigĂ© par l’immense wagnĂ©rien conteur, Marek Janowski (lequel pilote le Ring Ă  Bayreuth cette annĂ©e) devrait enflammer les esprits les plus rĂ©tifs et confirmer Ă  nouveau, l’orchestration phĂ©nomĂ©nale de Wagner, dramaturge et symphoniste de premier plan. Ne serait-ce l’ouverture, dès les premières mesures et l’évocation du bouillonnement des eaux primordiales qui s’y dĂ©versent immĂ©diatement, lançant la somptueuse machine orchestrale pour près de 15h de flux et de reflux symphonique ininterrompu (ou presque)… Le Rhin est ce grand volcan  incontrĂ´lable qu’un fou dĂ©risoire crut un instant dompter comme il trompa les filles naĂŻades, gardiennes du trĂ©sor que le fleuve renferme… Il y a la lĂ©gende et ses personnages fabuleux ; il y a surtout ce que les situations – barbares et cyniques-, nous rĂ©vèlent de la condition humaine. Wagner est un grand psychologue qui a sondĂ© l’âme des hommes… Le vrai protagoniste ici n’est ni Wotan, le dieu des dieux, bientĂ´t empĂŞtrĂ© dans ses propres lois tactiques ; ni les gĂ©ants bâtisseurs qui vont s’entretuer ; ni AlbĂ©rich, dĂ©tenteur de l’anneau, – après avoir maudit l’amour… qui dĂ©possĂ©dĂ© de son trĂ©sor ne sera bientĂ´t animĂ© que par la vengeance haineuse (transmise plus tard Ă  son fils, l’ignoble et lâche Hunding (dans la dernière JournĂ©e de la TĂ©tralogie, Le CrĂ©puscule des Dieux). Dans L’Or du Rhin, – Première JournĂ©e, c’est le dieu Loge, gĂ©nie du feu, esprit volatile et aĂ©rien, intelligence malicieuse et calculatrice qui mène le jeu… tel un Mercure nordique, Loge apporte Ă  Wotan, la facilitĂ© de la nĂ©gociation, s’ingĂ©nie Ă  brouiller les cartes, dupe l’arrogant ; trompe le trompeur. Son intelligence remodèle les alliances, tire les ficelles, des coulisses… C’est ce mĂŞme feu – esprit et malice Ă  l’Ĺ“uvre, qui Ă  la fin du cycle, en consommant le corps de Siegfried puis de Brunnhilde, permettra Ă  l’or de retrouver les eaux du Rhin… Et l’harmonie originelle sera restaurĂ©e… mais sans les hommes.

France Musique, le 19 août 2016, 20h. Wagner : L’or du Rhin. Depuis Bayreuth 2016, enregistrement réalisé le 26 juillet 2016.
wagner-hermann-hendrich-or-du-rhin-tetralogie
Hermann Henrich : La Tétralogie (DR)

 

CD, compte rendu critique. Wagner, UNE TETRALOGIE DE POCHE par la Compagnie Le Piano Ambulant (1 cd Paraty)

wagner cd critique review compte rendu paraty cd juillet 2016 classiquenews commentsiegfriedcouvertureCD, compte rendu critique. UNE TETRALOGIE DE POCHE par la Compagnie Le Piano Ambulant. La Formidable force mĂ©lodique, – donc l’impact dramatique de la musique de Wagner surgit Ă  travers cette adaptation a minima, malgrĂ© l’absence du grand orchestre et du chant soliste. Curieusement ce programme chambriste d’une « TĂ©tralogie de poche » ne dĂ©nature en rien sa source mais bien au contraire souligne le gĂ©nie du Wagner mĂ©lodiste, capable de trouvailles exceptionnellement Ă©vocatrices pour chaque Ă©pisode de l’histoire du Nibelung et du Ring, l’Anneau magique et maudit. Piano, accordĂ©on, hautbois, flĂ»te, cor anglais… et autres effets sonores Ă©lectroniques (synthĂ©, guitare basse…) composent ici une fantastique tapisserie musicale qui exalte l’imaginaire du plus puissant des dramaturges Ă  l’opĂ©ra. On ne s’étonnera guère que certains motifs aient Ă©tĂ© dĂ©calĂ©s (la chevauchĂ©e des Walkyries en lieu et place du rapt de BrĂĽnnhilde par Siegfried dĂ©guisĂ© en GĂĽnther…); ou que la libertĂ© du geste interprĂ©tatif ose des choix imprĂ©vus pour une nouvelle comprĂ©hension sonore (les huit cors habituels sont ici remplacĂ©s par l’harmonica) : contrastes oblige, jalons immanquables d’une narration au drame Ă©courtĂ© qu’il fallait Ă©videmment rythmer et caractĂ©riser. Pourtant aucune note n’est mise de cĂ´tĂ© ; et la réécriture permet mĂŞme la redĂ©couverte des situations, leurs enjeux, dans l’éloquence de ce jeu des motifs musicaux – leitmotive, qui inspira tant Wagner, dans sa propre réécriture des mythes et lĂ©gendes.

 

 

 

Wagner compacté, percutant pour petits et grands : Le Ring de poche
6 instrumentistes, acteurs / expérimentateurs réécrivent le Ring

 

 

CLIC_macaron_2014Comment font-ils les 6 musiciens du Piano Ambulant pour compacter en une heure, l’ensemble du cycle wagnérien de …16 heures ? Certains ne résisteront pas, et ils ont raison, à l’appel des interprètes : « Votre emploi du temps ne vous permet pas de vous rendre à Bayreuth? Avouez que vous n’avez pas le courage d’affronter la totalité de la Tétralogie de Richard Wagner? Mais en même temps vous aimeriez bien savoir comment le nain Alberich a volé l’or du Rhin… ». D’un autre côté, on pourrait tout autant consulter les formidables illustrations picturales ou gravées conçues par un wagnérien français assidu, comme Baudelaire au XIXè, Fantin-Latour…
Mais c’est compter sans la musique, or elle fait tout. Face à cette réinvention du drame wagénrien, les puristes crieront au parjure et au blasphème. Mais tous ceux que les quatre Journées impressionnent habituellement, découvriront avec un réel plaisir, la magie onirique d’un drame qui d’anecdotique se révèle universel, de l’or volé par Albérich, en effet… ; de l’orgueil puni de Wotan, de la malice aérienne d’un Loge manipulateur, à la noirceur haineuse et jalouse de Hagen; à la mort de Siegfried, honteusement assassiné ; à la grâce de Brünnhilde, Walkyrie admirable qui sauve le monde et l’ordre mondial mis à mal, … tout est réinterprété, à sa juste place, et avec une intégrité expressive et poétique totalement irrésistible. On imagine très bien pendant l’écoute, la transposition du disque à la scène : réalisation parfaite dans ses dimensions et son format, comme dans son intensité expressive, qui convoque immédiatement les personnages du plus fabuleux des cycles lyriques et théâtraux.

wotanParfois la spatialisation des voix sur la musique ne fonctionne pas (curieuse rĂ©sonance comme mise en boĂ®te de la voix parlĂ©e ou rĂ©citante), mais les Ă©pisodes purement instrumentaux, ainsi réécrits / rĂ©arrangĂ©s, expriment la puissance du conte, la sauvagerie barbare, surtout la tendresse amoureuse d’un Wagner qui aura tout saisi de la psychologie humaine, de sa folie et de ses erreurs, – voies pourtant sublimes vers une inĂ©luctable destruction mondiale. Bel essor dramatique, bel engagement « de poche ». Et si vous tombez sur l’une des performances en salle de cette initiation vivante et percutante, n’hĂ©sitez pas une seconde : courrez avec vos parents, amis, enfants, neveux, proches de tous âges… voir et applaudir cette immersion rĂ©ussie dans le monde miraculeux, magique, entĂŞtant de Wagner. Il est fort Ă  parier que chacun sera mordu dès lors par le virus Wagner. Voir le site de la Cie Le Piano Ambulant.
Coup de coeur de classiquenews, donc CLIC de CLASSIQUENEWS de la rentrée 2016.

 

 

 

CD, compte rendu critique. Comment Siegfried tua le dragon et cætera… Wagner : L’anneau des Nibelungen / la TĂ©tralogie. Retranscription pour 6 mu 1 cd Paraty. Une TĂ©tralogie de Poche. Publication annoncĂ©e le 9 septembre 2016.

 

 

 

Agenda
Lyon (69), Espace culture des cheminots de Lyon (UAICL) – 20 rue Mouillard 69009 (Bus C14, arrĂŞt Mouillard / grand parking voiture gratuit) – concert Lancement du cd… : le 20 octobre 2016, 20h.
Reprise Ă  Montreuil (93) : La Marbrerie, 21 Rue Alexis Lepere, 93100 Montreuil / le 11 dĂ©cembre 2016, 17h – infos rĂ©servations : 01 41 63 60 14

 

 

 

Richard Wagner : Extraits de l’Or du Rhin, la Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des dieux.
Conception, transcription et écriture : Cie Le Piano Ambulant.

Jessica Pognant : narration.
Sylvie Dauter : piano, orgue indien, harmonium, synthétiseur, mélodica, appeaux.
Christine Comtet : flûte, flûte en sol, piccolo, synthétiseur, mélodica, appeaux, enclume, tom basse, voix de Loge et de Brünnhilde.
François Salès : hautbois, cor anglais, mélodica, appeaux, grenouille, enclume, voix des géants et de Siegfried.
Antoinette Lecampion : violon, alto, orgue indien, appeaux, enclume.
Joël Schatzman : violoncelle, appeaux, voix d’Alberich et de Gunther.
Charlie Adamopoulos : basse électrique, voix de Wotan et de Hagen.
Antoine Colonna : mise en son et dispositif MAO temps réel.
Antoine Mercier : prise de son, mixage, montage, mastering.
Vergine Keaton : illustrations originales.

 

 

DVD, annonce. WAGNER : Tristan und Isolde, Bayreuth 2015 : Katarina Wagner / Christian Thielemann)

wagner tristan und isolde DVD wagner review compte rendu dvd critique vignette deutsche grammophonDVD, annonce. WAGNER : Tristan und Isolde, Bayreuth 2015 : Katarina Wagner / Christian Thielemann). Deutsche Grammophon édite le 8 juillet prochain, le dvd de la production du nouveau Tristan und Isolde créé en juillet 2015… Que vaut cette production polémique qui positionne l’arrière petite fille et codirectrice du Festival de Bayreuth, telle une metteure en scène de poids, habile ou inspirée à défendre le génie dramatique et théâtrale de son ascendant ? Après une lecture iconoclaste et finalement superficielle car gadget des Maitres Chanteurs de Nuremberg (2011), ce Tristan und Isolde de 2015 vaut adoubement. Une réussite éloquente qui a le mérite d’être claire, parfois épurée et suscite des tableaux puissants qui laissent la séduction du plateau vocal s’épanouir en un jeu dramatique naturel… Prochaine critique complète dans le mag cd dvd livres de classiquenews.

 

 

Trsitan-und-Isolde-wahner-review-compte-rendu-critique-dvd-classiquenews-582-799

 

 

DVD, annonce. WAGNER : Tristan und Isolde, Bayreuth 2015 : Katarina Wagner / Christian Thielemann avec Stephen Gould (Tristan). Avec Evelyn Herlitzius (Isolde), Georg Zeppenfelds (König/Le Roi Marke), Iain Paterson (Kurwenal), Raimund Nolte (Melot), Christa Mayer (Brangäne), Tansel Akzeybek (Ein Hirt/Un berger), Kay Stiefermann (Ein Steuermann), Tansel Akzeybek (Junger Seemann / Jeune matelot), Bayreuth Festival Orchestra / Christian Thielemann, direction.Katharina Wagner, Stage Director / mise en scène. Production créée à Bayreuth le 25 juillet 2015.

 

 

 

wagner-tristan-und-isolde-thielemann-katarina-wagnerBAYREUTH 2016… Cette annĂ©e, Bayreuth semble – enfin- renouer avec les grandes annĂ©es; rĂ©tablissant la place des distributions cohĂ©rentes et surtout Ă©cartant l’outrance nĂ©faste des mises en scènes dĂ©calĂ©es et gadgets. Les Temps forts sont Ă©videmment la nouvelle production de Parsifal signĂ©e Uwe Eric Laufenberg, sous la conduite du très efficace Hartmut Haenchen, avec l’angĂ©lique, ardent, lumineux Klaus Florian Vogt dans le rĂ´le titre (les 25 juillet qui est l’ouverture du Festival de Bayreuth 2016, puis 2, 6, 15, 24 et 28 aoĂ»t) ; Le Ring musicalement prometteur sous la direction de Marek Janwski (Ă  dĂ©faut d’une mise en scène dĂ©jĂ  vue et plutĂ´t consternante, pour le coup très gadget de Frank Castorf… rien que provocante et anecdotique).
La production de Tristan und Isolde version Katharina Wagner est à l’affiche cette année pour 6 dates : les 1er, 5, 9, 13, 17, et 22 août 2016. Stephen Gould, Tristan élégant et nuancé chante aux côtés de l’Isolde de Petra Lang (comme Stephen Gould, Christa Mayer est toujours présente dans le rôle de Brangaine)… Consulter le site du Festival de Bayreuth : http://www.bayreuther-festspiele.de/english/programme_157.html

 

 

Compte-rendu, concert. Toulouse,Halle-Aux-Grains, le 18 juin 2016. Richard Wagner: L’anneau du Nibelungen, extraits. Martina Serafin; Philippe Jordan.

jordan - Philippe-Jordan-008TOULOUSE, FIN DE SAISON DES GRANDS INTERPRETES EN APOTHEOSE. Concert événement qui a permis d’entendre de larges extraits du Ring par un orchestre somptueux et son chef talentueux pour leur première venue à Toulouse. Philippe Jordan, avait émerveillé public et critiques lors de la Tétralogie montée à l’Opéra de Paris pourtant controversée scéniquement et en a gravé un CD d’extraits magnifiques, sensiblement identiques au programme de ce soir. Nous n’allons pas détailler les extraits choisis pour dégager un effet général sensationnel qui permet à travers thèmes et leitmotiv de vivre les grands moments de la cosmogonie wagnérienne. Dire que les voix ne nous ont pas vraiment manqué, c’est reconnaître combien Philippe Jordan a construit une tension dramatique et lyrique de la plus grande séduction tout du long.

Sa direction semble absolument naturelle obtenant de son orchestre une clarté digne d’un Karajan, une mise en lumière de la structure à la manière d’un Boulez, tout en ayant le lyrisme d’un Boehm en live et le sens du drame cosmique d’un Solti. En ce sens l’apothéose de la scène finale avec la soprano Martin Serafin a produit une sensation de plénitude comme d’aboutissement.

Mais n’oublions pas de mentionner la perfection instrumentale de cet orchestre incroyablement doué qui sorti de la fosse avec un nombre de musicien biens supérieur à ce qu’une fosse, même Bastille, peut contenir (les six harpes!), a fait merveille.

Couleurs rutilantes ou subtilement mélancoliques, nuances sculptées dans la matière la plus noble, phrasés voluptueux ou rugueux, mise en exergue des leitmotiv les plus rares, tout mérite nos éloges. Les geste de Philippe Jordan sont non seulement d’une noble beauté mais ils s’adressent à chaque instrumentiste avec amitié voir gourmandise.

Tempi de parfaite tenue dans un gant de velours de la main droite et gestes d’une expressivité de danseur de la main gauche, Philippe Jordan aime cette partition comme son orchestre et offre au public un bonheur incroyable. Le novice qui arrive à Wagner par ce concert n’en revient pas de la variété et de la profondeur de la partition extraite de la Tétralogie ; le connaisseur du Ring se régale de ces raccourcis et choix si complets permettant de retrouver tant de leitmotiv aimés tout en suivant les drames des héros.

Comme cette partition dramatique trouve en concert une dimension symphonique majestueuse et puissante, tout en offrant des îlots de musique de chambre !

Pour terminer, l’immolation de Brünnhilde met en lumière les extraordinaires qualités de Martin Serafin. Grande voix homogène sur toute la tessiture avec un vibrato entièrement maitrisé, elle sait projeter le texte si expressif de Wagner entre imprécations terribles, plaintes sublimes et adieux déchirants.

Le legato dès sa première phrase rappelle quelle qualité musicale elle a par ailleurs dans Mozart, Verdi et Strauss. Philippe Jordan semble développer sa gestuelle vers encore plus de lyrisme et davantage de sensualité dans une écoute parfaite qui lui permet à chaque instant de doser les nuances de son orchestre pour soutenir la voix.

Les qualités instrumentales de chacun sont tout simplement prodigieuses avec des cors délicats dans leurs attaques et leurs nuances, des cuivres dosant leur puissance jusqu’aux plus terribles sonorités, des cordes soyeuses et lumineuses, et des bois d’une expressivité incroyable se faisant chanteurs. Les percussions jusqu’aux marteaux et enclumes sont d’une précision diabolique.Enfin il est si rare d’entendre avec cette pureté les 6 harpes.

Wagner est un incroyable sorcier alliant lyrisme et symphonisme, et Philippe Jordan, un magicien liant bien des sentiments humains dans sa direction. Un moment magique.

Compte-rendu, concert.Toulouse, Halle-Aux-Grains, le 18 juin 2016. Richard Wagner (1813-1883): L’anneau du Nibelungen, extraits symphoniques et immolation de Brünnhilde. Martina Serafin, soprano; Orchestre de l’Opéra National de Paris; Philippe Jordan, direction.

Jonas Kaufmann chante les Wesendonck lieder de Wagner

Jonas Kaufmann est RadamèsFrance Musique, jeudi 30 juin 2016, 20h. Jonas Kaufmann chante les Wesendoncklieder de Wagner… Le récital transmis par France Musique crée l’événement : déjà la présence à Paris de Jonas Kaufmann est un rendez vous incontournable mais s’ajoute à cette présence bienvenue, le choix de la partition : exceptionnelle, la version des Wesendonck lieder de Wagner pour voix de ténor, mais un ténor rauque et chaud, aux rugosités amples si incarnées et cuivrées. Tout cela contraste avec la version habituelle pour voix de femme, soprano ou mezzo. Dans un récital discographique dirigé alors par Claudio Abbado édité alors par Decca, Jonas Kaufman, éblouissait dans Wagner (Sigmund bouleversant). Nul doute que l’engagement dramatique et l’acuité émotionnelle, sa gravité et sa tendresse, ce caractère embrasé et ivre (à l’instar de son modèle le ténor Jon Vickers) du ténor Kaufmann illumine la partition.

WAGNER REVOLUTIONNAIRE ET FUGITIF…
Marié à Minna depuis 1836, Richard Wagner a fui Dresde et la répression contre les libertaires révolutionnaires dont il faisait partie. Le compositeur recherché par les autorités a trouvé refuge au bord du lac de Zurich, en 1849. Sa rencontre avec Mathilde Wesendonck en février 1852 restentit comme un électrochoc. La jeune femme, âgée de 24 ans, est l’épouse d’Otto Wesendonck, industriel fortuné qui doit son essor à la maison des soieries qu’il a fondée à New York. Au choc de cette rencontre humaine, Wagner éprouve une crise artistique majeure que porte sa composition nouvelle Tristan und Isolde, élaboré en 1854, à laquelle se mêle aussi la lecture de Shopenhauer, son scepticisme fécondant: le musicien ressent très profondément la solitude de l’artiste, sa malédiction et son impossibilité à vivre pleinement tout amour salvateur: il a certes, la capacité d’identifier la force rédemptrice de l’amour suscité par la femme, mais contradictoirement, ne peut en réaliser le principe salvateur ici bas. Omniscience, impuissance, solitude, plainte et malédiction: pourtant l’art de Wagner loin de se mûrer en un acte fermé sur lui-même, dans son aspiration exceptionnelle, engendre l’opéra de l’avenir dont Tristan marque l’avènement: opéra romantique, opéra moderne. Dès décembre 1856, vivant l’amour pour Mathilde qui est une nouvelle épreuve de l’impuissance et de la frustration car cette liaison n’a aucun avenir, Wagner compose les premières esquisses de Tristan.

Le Crépuscule des dieux à l'Opéra Bastille, jusqu'au 16 juin 2013

EffondrĂ©, Wagner, victime de l’amour compose en Suisse deux oeuvres embrasĂ©es, du mĂŞme bois : les Wesendonck lieder et Tristan une Isolde…

REVE D’AMOUR EN SUISSE : DE TRISTAN aux WESENDONCK. Les deux cycles amoureux sont taillés dans le même bois, sculptés par un compositeur traumatisé par ses affres sentimentaux… De Siegfried à Tristan. L’attraction de Wagner pour Mathilde s’est violemment manifestée quand Otto Wesendonck, ignorant la situation amoureuse dont il est la victime aveugle, invite le couple Wagner dans l’une de ses villas, et même encourage le compositeur à écrire de nouvelles oeuvres (avril 1857). Exalté par la présence de celle qu’il vénère secrètement, Wagner cesse la composition de Siegfried, et se passionne pour son nouvel opéra, Tristan. A l’été 1857, Wagner organise une première lecture du poème qu’il a rédigé, regroupant et synthétisant toutes les légendes sur le sujet de Tristan. Dans l’audience privée qui recueille cette première écoute, se trouvent les 3 femmes de sa vie, Mathilde l’inaccesssible, Minna, sa compagne désormais plus supportée qu’aimée, et sa future épouse, Cosima née Liszt, qui est alors la femme du chef Hans von Bülow.
wagner_richard_opera_tetralogie_nibelungeEn octobre 1857, Richard Wagner compose les Wesendonck lieder, cycle de mélodies qui est à la fois, la déclaration d’amour d’un coeur à l’autre, et aussi pour le compositeur, le journal poétique de ses sentiments contradictoires, entre élan, désir, et dépression. Mathilde a transmis les cinq poèmes, rédigés d’après les thèmes de Tristan. La musique que compose Wagner est ensuite réutilisée pour l’opéra Tristan: les deux cycles de compositions sont liés. D’ailleurs, quand il prépare la publication des Wesendonck lieder en septembre 1858, Wagner sous-titre l’opus: “Etudes pour Tristan und Isolde”. Nouri par son amour pour une muse, Wagner dépose le 31 décembre 1857, la partition du premier acte de Tristan aux pieds de Mathilde, nouvelle Isolde pour un Tristan ennivré.
L’issue semble cependant inévitable: en janvier 1858, Minna intercepte un courrier entre Richard et Mathilde: elle exige des explications et dévoile l’union scandaleuse à Otto Wesendonck. Les deux couples se séparent: déchirements et tensions. Rupture. Dépressif, meurtris, Wagner se retire à Venise… et compose les derniers actes de Tristan. Aucun doute, le sujet de la passion amoureuse, légué par la fable médiévale a marqué de façon indélébile, la vie de Wagner, comme sur le plan musical, il féconde l’oeuvre du musicien qui en a transposé la difficile mais radicale expérience dans deux oeuvres désormais emblématiques: le cycle des Wesendonck lieder, puis l’opéra de la modernité, Tristan und Isolde.

 

 

 

logo_france_musique_DETOUREFrance Musique, jeudi 30 juin 2016, 20h. Jonas Kaufmann chante les Wesendoncklieder de Wagner… Diffusion du concert enregistré le 19 mai 2016

 

 

Liszt: Orphée
Wagner:  Wesendonck-Lieder
Bruckner:  Symphonie n° 7
Jonas Kaufmann (ténor)
Orchestre National de France
Daniele Gatti (direction)

 

 

LIRE aussi le Parsifal de Jonas Kaufmann

CD, critique : JONAS KAUFMANN, so great arias (4 cd Decca)

 

 

Strasbourg. Opéra National du Rhin, le 8 mai 2016. Richard Wagner : Das Liebesverbot. Marion Ammann, Robert Bork, Benjamin Hulett, Thomas Blondelle, Agnieszka Slawinska, Wolfgang Bankl. Constantin Trinks, direction musicale. Mariame Clément, mise en scène

Evènement à l’Opéra du Rhin, toujours friand d’œuvres méconnues : la première hexagonale du troisième opus lyrique de Richard Wagner, en réalité le deuxième achevé par le compositeur, et le premier qu’il ait vu sur les planches – Die Feen n’ayant été représenté qu’après sa mort – : Das Liebesverbot, inspiré de « Mesure pour mesure » de William Shakespeare.

Créé en mars 1836 à Magdebourg, l’ouvrage connaît un échec cuisant après la première, la seconde représentation étant purement et simplement annulée à la suite d’une rixe dans les coulisses ; et il faudra attendre 1923 pour que l’œuvre ait à nouveau – timidement, certes – à nouveau droit de cité dans les programmations lyriques. C’est donc avec une vraie curiosité que nous nous sommes rendus dans la maison alsacienne, afin de goûter cette musique et d’entendre le Richard d’avant Wagner. Dès l’ouverture, et trois heures durant, ils sont tous convoqués : Hérold, Auber, Rossini, Donizetti, Mozart, Spohr, Weber… sauf Wagner, a-t-on envie d’écrire avec un sourire amusé. Ou presque, le premier duo entre Isabella et Mariana s’ouvrant avec un thème qu’on retrouvera plus tard dans Tannhäuser. Le jeune compositeur – il n’a alors que 23 ans – puise ses inspirations aussi bien dans l’opéra-comique français  que dans l’opera buffa italien et l’opéra fantastique allemand, comme une synthèse réussie des grandes écoles nationales de son époque. Et le résultat s’avère aussi inattendu que jubilatoire, tourbillonnant et joyeux, mais avec un vrai dramatisme sous-jacent, pas aussi comique qu’on pourrait le croire au premier abord.

 wagner-defense-d-aimer-2-tableau-general-compte-rendu-critique-spectacle-opera-classiquenews-copyright-clara-beck-mai-2016

 

 

L’opĂ©ra des origines : La DĂ©fense d’aimer Ă  l’OpĂ©ra national du Rhin…

Richard avant Wagner

 

 

L’histoire nous amène en Sicile, à Palerme, où l’occupant allemand, représenté par l’implacable Friedrich, interdit formellement l’amour et notamment ses effusions, allant jusqu’à condamner à mort le jeune Claudio qui a osé afficher ouvertement ses sentiments. Ce sera la sœur du jeune homme, Isabella, religieuse de son état, qui, faisant naître dans le cœur et le corps du dictateur des sentiments encore inconnus, finira par le prendre à son propre piège au cours du Carnaval, dans un chassé-croisé qui prend des allures de Noces de Figaro mozartiennes.
On regrettera au premier chef que la poésie soit singulièrement absente de la mise en scène imaginée par Mariame Clément, toute entière tournée vers la farce. Un décor unique sert de cadre à l’action, représentant avec un réalisme troublant une brasserie où tous vont et viennent et au cœur de laquelle toutes les intriguent se nouent. L’action, déjà complexe, devient ainsi moins compréhensible, ce qu’aggrave encore la suppression de toute allusion à la religion, Isabella devenant simple serveuse dans l’établissement. Là où l’un des points centraux de l’œuvre demeurait le désir d’un homme de pouvoir pour une servante de Dieu, on ne retrouve plus qu’une banale et sordide histoire de coucherie, sans la dimension blasphématoire qui faisait la force de l’intrigue.
En outre, si on salue une direction d’acteurs millimétrée et au cordeau – jusqu’à chaque membre du chœur, qui acquiert une identité propre –, on ressort de la salle en ayant l’impression que la metteuse en scène française n’a pas cru suffisamment à la dimension plurielle de l’ouvrage pour en faire autre chose qu’une farce, chaque situation devenant prétexte à la gaudriole et occasionnant des chorégraphies d’opérette. En revanche, le Carnaval final est une vraie réussite, avec ses costumes lorgnant ouvertement vers les ouvrages ultérieurs du Maître, les Walkyries côtoyant les Chevaliers du Graal aussi bien que les Géants et le dragon Fafner. Et on demeure attendris devant ce que nous apparaît comme une des seules vraies touches de délicatesse durant le spectacle : ce piano-bar sur lequel un musicien égrène les thèmes des œuvres postérieures, au sein desquels on est heureux de reconnaître la Romance à l’étoile de Tannhäuser.
Musicalement, en revanche, l’ouvrage est pris, à notre sens, davantage au sérieux. Constantin Trinks, déjà défenseur du même opus au Festival de Bayreuth – mais pas au Festspielhaus, le compositeur ayant interdit toute représentation de ses œuvres de jeunesse dans le Saint des Saints –, a certes ramené la durée du spectacle à trois heures (contre cinq initialement) en coupant quasiment l’intégralité des dialogues parlés (l’œuvre étant un Singspiel à l’instar de la Flûte Enchantée de Mozart) et la plupart des reprises musicales, mais il inspire à l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg une couleur rutilante et dirige les musiciens avec fougue et détermination, ligne et éclat, emportant solistes et public dans un tourbillon de notes.
Sur le plateau, les solistes ne déméritent jamais et font de leur mieux pour réaliser la quadrature du cercle imposée par l’écriture musicale : de la puissance, de l’étendue, mais aussi de la souplesse et des vocalises, demandant en cela des chanteurs rompus à l’esthétique belcantiste alors en vogue en Europe en ce premier quart du 19e siècle. Et c’est là que le bât blesse un peu : les solistes réunis sur la scène paraissent parfois vocalement un peu sous-dimensionnés au regard des exigences réelles – certes loin d’être faciles – de la partition.
Marion Ammann paraît avoir la vocalité d’Isabella, mais l’ornementation de la ligne et l’écriture du rôle semblent l’empêcher de déployer pleinement sa voix, et ce n’est qu’à l’occasion de quelques rares aigus puissamment dardés qu’on se rend réellement compte de l’ampleur de ses moyens. Ceci étant, elle se défend plus que vaillamment et offre de l’héroïne un très beau portrait.
A ses côtés, on admire la touchante Mariana d’Agnieszka Slawinska, notamment dans son superbe air du deuxième acte, à l’écriture d’une délicatesse toute mozartienne, et à la beauté duquel la mise en scène n’a pas osé toucher, préférant – avec raison – laisser opérer seule la magie de ce moment d’apesanteur musicale.
On reste un peu sur sa faim avec le Friedrich rugueux et assez usé vocalement de Robert Bork. Le baryton américain, malgré un style consommé, parait ainsi peiner à soutenir le legato que la musique lui demande, et sa grande scène du deuxième acte, l’un des sommets dramatiques de la partition, tombe un peu à plat, la faute en incombant également au personnage qu’il lui est demandé de dépeindre, trop unidimensionnel et manquant d’ambivalence.
Carton plein en revanche pour le Luzio virevoltant et percutant de Benjamin Hulett, la découverte de l’après-midi. Apparemment très à l’aise dans cet emploi, le ténor américain déconcerte par la facilité de son aigu et son aisance à passer l’orchestre, grâce à une émission parfaite. Son personnage anachronique de mousquetaire parait lui convenir à merveille, et on s’attache vite à ce joyeux luron, séduisant en diable.
Le Claudio de Thomas Blondelle, un peu dans l’ombre de son partenaire, brille moins, tant à cause d’un caractère moins affirmé dans l’œuvre que par une vocalité plus terne, moins accrochée et moins à l’aise dans le haut du registre, en dépit d’une belle musicalité.
Excellent Brighella de Wolfgang Bankl, croquant un personnage haut en couleurs, à mi-chemin entre Osmin et le Baron Ochs, finalement plus charismatique que son propre maître. Le baryton-basse allemand raffle ainsi la mise avec sa voix profonde et sonore, héritier de la grande tradition germanique.
Avec son allure de Jessica Rabbit, Hanna Roos incarne une Dorella toute en rondeurs, tant physiques que vocales, tandis que le ténor bouffe Andras Jaggi dynamite le rôle de Pontio Pilato en proposant de l’aubergiste un portrait totalement déjanté. Tous les seconds rôles sont ainsi bien tenus.
Pour finir, on salue bien bas la performance de tous les choristes de la maison, admirablement préparés et merveilleusement comédiens, le chœur étant véritablement l’un des protagonistes majeurs de l’ouvrage.
Beau succès au rideau final, pour une première importante en France et qui méritait d’être enfin tentée. Rien que pour cela, on remercie l’Opéra du Rhin et son directeur, Marc Clémeur, pour leur curiosité et leur audace.

 

wagner-defense-d-aimer-strasbourg-clara-beck-comptre-rendu-critique-classiquenews

 

Strasbourg. Opéra National du Rhin, 8 mai 2016. Richard Wagner : Das Liebesverbot. Livret du compositeur d’après « Mesure pour mesure » de William Shakespeare. Avec Isabella : Marion Ammann ; Friedrich : Robert Bork ; Luzio : Benjamin Hulett ; Claudio : Thomas Blondelle ; Mariana : Agnieszka Slawinska ; Brighella : Wolfgang Bankl ; Antonio : Peter Kirk ; Angelo : Jaroslaw Kitala ; Danieli : Norma Patzke ; Dorella : Hanna Roos ; Pontio Pilato : Andreas Jaeggi. Chœurs de l’ONR ; Sandrine Abello, chef de chœur. Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Constantin Trinks, direction musicale. Mariame Clément, mise en scène. Décors et costumes : Julian Hansen ; Lumières : Marion Hewlett ; Chorégraphie : Mathieu Guilhaumon

Illustrations : Clara Beck / opéra national du Rhin © 2016

Compte-rendu, opéra. Leipzig. Opéra de Leipzig, le 6 mai 2016. R. Wagner : Die Walküre. Rosamund Gilmore, mise en scène. Ulf Schirmer, direction musicale.

Cette production de Die WalkĂĽre Ă  l’OpĂ©ra de Leipzig, Ă©trennĂ©e in loco en dĂ©cembre 2012, s’avère une vraie rĂ©ussite, Ă  la fois vocale et scĂ©nique. Loin du Regietheater qui règne en Allemagne, la mise en scène de Rosamund Gilmore adopte en effet une position plutĂ´t prudente et classique, respectueuse de l’Ĺ“uvre, oĂą rien ne vient perturber en tout cas l’audition de la musique, si ce n’est peut-ĂŞtre l’omniprĂ©sence de personnages zoomorphes (Ă  tĂŞte de bĂ©lier, munis d’ailes de corbeaux, etc.) qui accompagnent ou Ă©pient les diffĂ©rents personnages. On les dĂ©couvre sur le toit du bunker qui sert de demeure Ă  Hunding et sa femme, oĂą ils exĂ©cutent une sorte de danse rituelle pendant l’ouverture. Mais nous garderons surtout en mĂ©moire le magnifique dĂ©cor du dernier acte (conçu par Carl Friedrich Oberle), une immense arcade très « mussolinienne » dans laquelle prennent place – pendant la scène des adieux – les huit Walkyies ainsi que huit hĂ©ros tout de blanc vĂŞtus (photo ci contre).

 

 

 

wagner-leipzig-walkure-Die_Walkuere_Oper_Leipzig,Bruennhilde_Wotan_Walkueren_Taenzer_Foto_Tom_Schulze

 

 

 

Dans le rĂ´le de Sieglinde, la soprano allemande Christiane Libor fait preuve d’une belle santĂ© vocale, en assumant avec plĂ©nitude l’un des plus magnifiques personnages de la mythologie wagnĂ©rienne, et en exprimant une rĂ©elle Ă©motion Ă  travers un jeu sensible et naturel. Elle forme avec Andreas Schager le couple des Walsung d’autant plus convaincant que le tĂ©nor autrichien impose le plus bel instrument et le chant le plus nuancĂ© de la soirĂ©e, avec des aigus d’une incroyable franchise (chacun des deux « Walse » sont tenus plus de 10 secondes !). D’emblĂ©e, il se place parmi les meilleurs Siegmund du moment.

La soprano suĂ©doise Eva Johannson est Ă©galement une Walkyrie sur laquelle on peut compter. ConfrontĂ©e aux Ă©preuves, cette BrĂĽnnhilde sait trouver profondeur et conviction dans l’incarnation, figure centrale autour de laquelle le drame se joue. La prĂ©cision de ses attaques et sa pugnacitĂ© dans l’aigu ne font cependant pas toujours oublier la monotonie engendrĂ©e par l’ingratitude du timbre, ainsi que quelques stridences dans les fameux « HoĂŻtohos ». Elle n’en phrase pas moins avec beaucoup de sensibilitĂ© l’« Annonce de la mort », puis le dernier face Ă  face avec Wotan.  Ce dernier est incarnĂ© par le baryton allemand Markus Marquadt qui offre un phrasĂ© et un legato particulièrement raffinĂ©s, un registre grave superbe, mais les nuances de l’aigu, il faut le reconnaĂ®tre, lui causent parfois difficultĂ©. Dans le rĂ´le de Hunding, la basse finlandaise Runi Brattaberg campe un personnage tout d’une pièce et fort menaçant, avec une voix dont on goĂ»te la noirceur du timbre et la perfection de la ligne de chant. De son cĂ´tĂ©, la Fricka vindicative de Kathrin Göring ne dĂ©mĂ©rite pas tandis que les huit Walkyries forment un ensemble assez homogène.

 

 

 

En vĂ©ritable expert de cette partition, Ulf Schirmer – directeur gĂ©nĂ©ral et musical de l’OpĂ©ra de Leipzig – dirige avec prĂ©cision et une pertinence sans faille le fameux GewandhausOrchester, en se montrant constamment soucieux de dynamique et de coloris. Nous n’avons assistĂ© qu’Ă  la première journĂ©e de ce Ring leipzigois, mais prĂ©cisons au lecteur qu’il sera possible d’assister au Cycle entier du 28 juin au 2 juillet prochain.

Compte-rendu, opéra. Leipzig. Opéra de Leipzig, le 6 mai 2016. R. Wagner : Die Walküre. Avec Christiane Libor (Sieglinde), Andreas Schager (Siegmund), Runi Brattaberg (Hunding), Markus Marquardt (Wotan), Eva Johannson (Brünnhilde), Kathrin Göring (Fricka). Rosamund Gilmore, mise en scène et chorégraphies. Carl Friedrich Oberle, décors. Nicola Reichert, lumières. Ulf Schirmer, direction musicale.

 

 

CrĂ©ation de La DĂ©fense d’aimer de Wagner Ă  l’OpĂ©ra du Rhin

wagner-strasbourg-defense-d-aimer-wagner-582-594Strasbourg, OpĂ©ra du Rhin. Wagner : La dĂ©fense d’aimer : 8-22 mai 2016. En crĂ©ation française voici une nouvelle production Ă©vĂ©nement dans l’agenda lyrique du printemps 2016. Mariane ClĂ©ment met en scène, sous la direction musicale de Constantin Trinks. Plus comĂ©die Ă  l’italienne que drame germanique, La DĂ©fense d’aimer  / Das Lieberverbot est inspirĂ© de Shakespeare dont les chassĂ©s croisĂ©s et les quiproquos amoureux en Ă©prouvant les cĹ“ur, produisent une poĂ©sie Ă©motionnelle irrĂ©sistible par sa justesse et sa profondeur. Souffrance et dĂ©sir, extase et attente, aveuglement et ivresse s’y Ă©battent dans une arène et un labyrinthe enchantĂ© qui rappelle Ă©videmment Le songe d’une nuit d’Ă©tĂ©. Tyrannie sociĂ©tale encore vivace, la dĂ©fense d’aimer est une règle imposĂ© Ă  tous, emblème d’un ordre puritain soucieux de contrĂ´ler la folie ordinaire et collective. L’amour y devient le signe d’une rĂ©bellion individuelle : le moi dĂ©sirant contre l’harmonie sociale. On voit bien ce que Don Giovanni signifie ici. Mais ici se sont deux femmes, au dĂ©but au couvent, dont l’une se destinait au noviciat (Isabella) qui mène les intrigues et pilote le retour de l’amour Ă  Naples. Contre l’ordre moral, que ceux qui le proclament, n’hĂ©sitent pas enfreindre, la conscience et l’intelligence fĂ©minine rĂ©tablit le règne de l’amour, seul pacte social qui vaille la peine d’ĂŞtre amplement dĂ©fendu.

 

 

 

Synopsis

ACTE I : au couvent, les femmes prennent les armes

Après le dĂ©part du roi de Sicile pour Naples, le gouverneur  allemand Friedrich entend imposer  sur l’île un puritanisme austère face aux mĹ“urs prĂ©tendument dĂ©bauchĂ©es de ses habitants. Son  sbire Brighella, chef de la police, ferment les auberges – dont celle de Danieli -et interdit mĂŞme le Carnaval. Luzio le sĂ©ducteur et Claudio l’emprisonnĂ© ne l’entendent pas ainsi et entrent en rĂ©bellion.

Au couvent les femmes Isabella (candidate au noviciat et sĹ“ur de Claudio) et Marianna (Ă©pouse du gouverneur) dĂ©cident de rejoindre Luzio dans sa rĂ©sistance civile. Au tribunal, Brighella est dĂ©passĂ© par le jugement des affaires courantes : d’autant que la serveuse de l’auberge de Danieli, la pulpeuse et dĂ©lirante Dorella l’entreprend directement et le trouble ouvertement. Surgit le gouverneur qui s’apprĂŞtant Ă  condamner Ă  mort l’immoral Claudio,  accepte de discuter avec la sĂ©duisante Isabella. La jeune femme prend la dĂ©fense de l’amour et obtiendra la clĂ©mence pour son frère si… elle accepte de se donner au gouverneur. D’abord outrĂ©e, Isabella accepte et invite le gouverneur Ă  la rejoindre la nuit venue… le temps que Marianna, la vĂ©ritable Ă©pouse, ne presse sa place.

 

ACTE II  : au Carnaval, Friedrich puni

Dans sa geĂ´le, Claudio reçoit la visite de sa soeur et lui avoue qu’elle a bien raison d’avoir accepter de se prostituer pour lui… Mais Isabella lui fait croire qu’elle refusera, suscitant chez l’emprisonnĂ©, trouble et angoisse : tel sera son châtiment.  Pendant le Carnaval qui a Ă©tĂ© maintenu par la population rebelle, le gouverneur vient masquĂ© ainsi que le lui a demandĂ© Isabella ; Il n’a donc aucun scrupule Ă  outrepasser ses propres lois. Mais Isabella dĂ©nonce le gouverneur indigne qui est pris la main dans le sac en compagnie de son Ă©pouse Marianna…  Le peuple Ă  qui revient la vertu du pardon, accepte d’Ă©carter simplement Friedrich. De sorte que Brighella peut Ă©pouser la dĂ©lirante et insouciante Dorella ; comme, Luzio convainc aussi Isabella Ă  renoncer au noviciat. Friedrich se rĂ©concilie avec Marianna. L’amour triomphe quand le roi de Naples est de retour.

 

 

 

La DĂ©fense d’aimer de Wagner Ă  l’OpĂ©ra du Rhin
Strasbourg, du 8 au 22 mai 2016.
Puis Ă  Mulhouse, La Filature : du 3 au 5 juin 2016.

 

 

Compte-rendu, opéra. Paris. Opéra Bastille. le 5 mars 2016. R. Wagner : Die Meistersinger von Nürnberg. Philippe Jordan. Stefan Herheim.

wagner grand formatIl Ă©tait une fois un pauvre compositeur incompris de grand gĂ©nie… C’est ce qu’on comprend Ă  la première lecture du programme de la nouvelle production des MaĂ®tres Chanteurs de Nuremberg de Wagner, sa seule comĂ©die de maturitĂ©, Ă  l’OpĂ©ra Bastille. Après presque 5 heures de reprĂ©sentation, notre avis a Ă©voluĂ© et nous arrivons Ă  intĂ©grer les propos du directeur musical Philippe Jordan qui dĂ©die deux pages dans le programme pour faire ce qui nous a apparu comme l’apologie de l’œuvre (deux pages après nous trouvons aussi l’apologie cĂ©lèbre de Thomas Mann… c’est un peu trop). Or, cette coproduction dont l’origine salzburgeoise est plus qu’Ă©vidente, rĂ©ussit Ă  faire de cette comĂ©die douteuse, un bijou d’humour, de candeur, d’humanitĂ©, et les performances musicales sont d’une telle qualitĂ© qu’on en sort avec un souvenir de beautĂ© indĂ©niable.

Splendeur aveuglante d’un Wagner comique

Beaucoup d’encre a coulĂ© et coule encore Ă  propos de cet opus. Il nous est impossible d’ignorer le fait qu’au Bayreuth des annĂ©es 30, après un monologue passionnĂ© de Hans Sachs (figure centrale de l’opĂ©ra et personnage historique), l’audience se lève des sièges dans une frĂ©nĂ©sie insolite et dĂ©cide de continuer Ă  regarder la reprĂ©sentation le bras levĂ© faisant la salutation des Nazis. Nous ne pouvons pas ignorer non plus la ferveur de l’audience dans une reprĂ©sentation pendant la Première Guerre Mondiale oĂą elle commence spontanĂ©ment Ă  chanter l’hymne allemand Ă  l’Ă©poque, qui prĂ´nait, aussi, la supĂ©rioritĂ© de l’Allemagne sur tous (« Deutschland, Deutschland ĂĽber Alles… »). Mais ces questions dĂ©passent enjeux et intĂ©rĂŞts de cette publication, nous nous limiterons donc aux aspects artistiques.

L’histoire des MaĂ®tres Chanteurs se dĂ©roule Ă  Nuremberg au XVIe siècle. C’est l’histoire de Hans Sachs maĂ®tre et cordonnier, et de Walther von Stolzing jeune noble de province, cherchant l’amour d’Eva, fille de Pogner, riche bourgeois qui offre la main de la belle au maĂ®tre chanteur qui gagnera un concours de chant. Le maĂ®tre Sixtus Beckmesser sert de rival et il est l’archĂ©type du pĂ©dantisme et le personnage le plus grotesque. Il veut la main d’Eva et s’efforce de l’obtenir, mais tout finit bien parce que Walther devient maĂ®tre d’une grande modernitĂ© (malgrĂ© lui) et le bon Hans est triste parce qu’il Ă©tait amoureux d’Eva mais il est quand mĂŞme content qu’elle finisse avec le jeune Walther. Tout ceci se passe, ou presque, dans la tonalitĂ© radieuse de do majeur. VoilĂ  quatre heures de do majeur.

Dans la distribution, plusieurs personnalitĂ©s se distinguent. Nous sommes très impressionnĂ©s par le Hans Sachs de Gerald Finley. Sa caractĂ©risation et théâtrale et musicale est une rĂ©ussite de grand impact Ă©motionnel. Si l’ampleur peut faire dĂ©faut, surtout dans une salle comme Bastille, le baryton a une technique impeccable, un art de l’articulation tout Ă  fait dĂ©licieux, une grande conscience théâtrale. Il rend le personnage tragi-comique de Hans encore plus humain et plus touchant. Nous sommes autant impressionnĂ©s par le Beckmesser du baryton danois Bo Skovhus, mais pour d’autres raisons. Il a une aisance comique tout Ă  fait inattendue et incarne le maĂ®tre prĂ©tentieux avec panache ! M. Wagner donne au rĂ´le la musique la plus ingrate et le baryton y rayonne et se donne Ă  fond. MĂŞme si son physique excellent trahit la laideur du personnage, nous saluons l’investissement surprenant ! MĂŞme  avis pour le Pogner de GĂĽnther Groissböck, basse autrichienne de 39 ans. Sa voix est immense et avec un timbre d’une beautĂ© velouté ; ses aigus sont moins imposants, certes, mais la question la plus frappante de sa prestation, excellente, est qu’il est un peu trop beau et un peu trop jeune plastiquement pour le rĂ´le, auquel il ajoute un magnĂ©tisme quelconque qui plaĂ®t Ă  la vue et Ă  l’ouĂŻ mais qui peut confondre ! (Il s’agĂ®t après tout du père d’Eva!). L’Eva de Julia Kleiter est rayonnante d’humanitĂ©, bonne actrice et belle elle aussi Ă  regarder… Mais souvent l’Ă©quilibre se voit compromis en ce qui concerne sa voix, et parfois elle a du mal Ă  traverser la fosse. Si elle a un timbre fruitĂ© qui sied au rĂ´le, ainsi qu’une certaine fraĂ®cheur, nous pensons qu’elle s’amĂ©liorera avec le temps (il s’agĂ®t en fait de sa deuxième Eva). Remarquons Ă©galement le Walther du tĂ©nor Brandon Jovanovich. D’un physique aussi imposant que les autres dĂ©jĂ  citĂ©s (il paraĂ®t c’est un leitmotiv de cette production Ă  Paris, des chanteurs Ă  la belle physionomie. On adhère et on cautionne), il sait projeter sa voix, a une diction claire tout comme son timbre et se fait toujours entendre, dans la frustration ou l’élĂ©gie, sans jamais compromettre la beautĂ© de la prestation, Ă©vitant les extrĂŞmes. Une vrai rĂ©ussite.

Le couple secondaire de David et Magdalene est interprĂ©tĂ© avec brio par Toby Spence et Wiebke Lehmkuhl. Et que dire des choeurs fabuleux de l’OpĂ©ra de Paris ? Ils sont omniprĂ©sents ; leur performance est d’un grandissime dynamisme. FĂ©licitations au chef des choeurs JosĂ© Luis Basso.

En ce qui concerne la mise en scène de Stefan Herheim, norvĂ©gien wagnĂ©rien et une sorte de bad-boy Ă  l’opĂ©ra (dĂ» Ă  son penchant pour la transposition des Ĺ“uvres Ă  la regietheater), elle est particulièrement efficace. La première chose remarquable est sans doute le travail d’acteur très poussĂ©. Sa direction dans ce sens est intelligente et riche ; elle sert complètement l’oeuvre et son rythme.  Les dĂ©cors de Heike Scheele sont vraiment prodigieux, et s’accordent parfaitement au parti pris de la production. En fait, il paraĂ®trait que pour Herheim, Hans Sachs c’est Wagner, et nous passons des plans de tailles rĂ©alistes au gigantisme et au minuscule. Comme du théâtre dans le théâtre dans un théâtre des marionnettes dans un opĂ©ra dans un théâtre. Ça peut paraĂ®tre trop, mais c’est vraiment rĂ©ussi et attrayant. Personne ne pourra dire que la vue ne s’est pas vue stimulĂ©e en permanence pendant les 5 heures ! Juste l’immensitĂ© de la production et la raretĂ© de l’œuvre cautionnent une visite Ă  l’opĂ©ra pour les MaĂ®tres. Mais en vĂ©ritĂ© le travail de direction musicale de Philippe Jordan est l’Ă©lĂ©ment clĂ© et fĂ©dĂ©rateur de la production (et ce malgrĂ© l’Ă©quilibre compromis de temps en temps). Jordan a voulu respecter Ă  la lettre les indications musicales de M. Wagner, donc pas de fortissimo facile quand c’est forte, pas d’ajout de grandiose ni des procĂ©dĂ©s grandiloquents. Il a voulu offrir une performance musicale focalisant plus sur la transparence et la lĂ©gèretĂ©, moins sur la monumentalitĂ©. Nous lui sommes oh combien reconnaissants pour ceci ! Ainsi nous avons pu profiter du beau coloris de l’instrumentation, et l’aspect pompier et folklorique de la musique est vraiment mis en valeur (dans ce sens nous comprenons vraiment pourquoi Mahler adorait cet opĂ©ra et l’influence de Wagner). Un Ă©vĂ©nement Ă  voir Ă  l’affiche Ă  l’OpĂ©ra Bastille le 9, 13, 21, 25 et 28 mars 2016.

Compte rendu, opĂ©ra. Paris. OpĂ©ra National de Paris, OpĂ©ra Bastille. le 5 mars 2016. R. Wagner : Die Meistersinger von NĂĽrnberg. Gerald Finley, GĂĽnther Groissböck, Bo Skovhus… Choeurs et Orchestre de l’OpĂ©ra National de Paris. JosĂ© Luis Basso, chef des choeurs. Philippe Jordan, direction musicale. Stefan Herheim, mise en scène.

Nouvelle production d’Hansel et Gretel

Hansel et Gretel, l'opéra féerique d'HumperdinkAngers Nantes Opéra. Humperdink : Hansel et Gretel, 11 décembre 2015>6 janvier 2015. C’est la nouvelle production événement de cette fin d’année, présentée par Angers Nantes Opéra où devrait se confirmer la talent pour la clarté dramatique, d’une metteur en scène particulièrement inspirée : Emmanuelle Bastet. C’est une partenaire conviée par Angers Nantes Opéra et qui a signé auparavant, Lucio Silla (esthétique, d’une efficacité tranchée), un sublime Orphée et Eurydice, entre réalisme et onirisme, La Traviata, et plus récemment Pelléas et Mélisande (transposé avec un sens cinématographique très léché, dans une réalisation qui pourrait être un film d’Hitchcok). Qu’en sera-t-il pour Hansel et Gretel, conte féerique qui ne s’adresse pas qu’aux enfants : la musique y est aussi raffinée et pensée que les œuvres de Wagner (le modèle d’Humperdink) ou Richard Strauss (qui fut immédiatement fasciné par la musique d’Hansel et Gretel). La nouvelle production présentée par Angers Nantes Opéra s’annonce comme l’événement lyrique de cette fin d’année 2015.

Un conte pour enfants
devenu opéra post wagnérien, féerique et onirique

 

La misère produit dans l’esprit des âmes enfantines, innocentes des prodiges d’imagination pour conjurer la morsure de la faim ou l’enfer des nuits glaciales : ainsi le frère et la soeur Hansel et Gretel Ă©chafaudent en un dĂ©lire onirique et grotesque un conte de sucrerie et de chocolat oĂą se joue leur rapport au monde et leur relation Ă  l’autoritĂ©, incarnĂ©s ici dans la personne de la vorace et terrifiante Sorcière Grignote.

Otkrytoe Pismo  Hamperdink Postcard-1910PlutĂ´t que de plonger dans l’adaptation un rien trop terrifiante des frères Grimm, Humperdink prĂ©fère intĂ©grer la vision d’Adelheid Wette, sa sĹ“ur dont la sensibilitĂ© apporte une douceur tendre qui manquait Ă  la lĂ©gende originelle. L’opĂ©ra qui en dĂ©coule par sa musique alliant puissance et raffinement porte la connaissance aiguĂ« et plutĂ´t très admirative de Richard Wagner, d’autant que Humperdink ne fait pas que renouveler le dramatisme symphonique et hypnotique de Wagner : il sait le renouveler ; il a travaillĂ© avec le maĂ®tre de Bayreuth participant Ă  la crĂ©ation de Parsifal en 1882 Ă  26 ans seulement (peut-on se remettre d’une telle expĂ©rience ?). A la mort de son mentor et maĂ®tre, le 14 fĂ©vrier 1883, Humperdink reste inconsolable. L’histoire allait montrer que Humperdink pouvait assimiler, transposer, renouveler l’art wagnĂ©rien au théâtre : immense dĂ©fi Ă©prouvĂ© par les plus grands compositeurs germaniques et français… dont peu surent en effet rĂ©aliser ce projet.

En 1890 quand se prĂ©cise l’idĂ©e d’Hansel et Gretel, Humperdink doit se rĂ©concilier avec un milieu hostile Ă  ses prises de position wagnĂ©riennes: sa soeur Adelheid lui propose de mettre en musique un conte pour les enfants qu’elle a elle mĂŞme Ă©crit, pour l’anniversaire de son mari. D’un pari familial Ă  peine pris au sĂ©rieux, l’opĂ©ra Ă  naĂ®tre prend peu Ă  peu forme, devenant mĂŞme pour le jeune compositeur nostalgique de Wagner, voire dĂ©pressif, une sorte de baume salvateur.
PassĂ©iste : oh que non ! La partition s’impose immĂ©diatement sur les scènes d’abord allemandes, devenant  l’opĂ©ra des fĂŞtes par excellence : apportant Ă  son auteur un pactole enviable Ă  une Ă©poque oĂą composer un opĂ©ra pouvait encore faire recettes :  soit deux millions de marks-or, rien qu’entre 1900 et 1910 pour son auteur.

Une voix et non des moindres sut dès 1893 reconnaĂ®tre l’incroyable talent du jeune wagnĂ©rien et mesurer dans ses justes proportions, sa fabuleuse originalitĂ©, Richard Strauss :  « Quel humour rafraĂ®chissant, quelle exquise naĂŻvetĂ© mĂ©lodique, quel art et quelle finesse dans le traitement de l’orchestre, quelle perfection dans la construction de l’ensemble, quelle invention florissante, quelle merveilleuse polyphonie, et le tout original ; nouveau et si vĂ©ritablement allemand. »

L’on ne saurait ĂŞtre plus pertinent et Ă©logieux : si la valeur des grands chefs d’oeuvre se mesure Ă  leur reconnaissance immĂ©diate et surtout populaire, Humperdink par sa fraĂ®cheur musicale renoue avec le Mozart de La FlĂ»te enchantĂ©e, fĂ©erique et pourtant philosophique, s’adressant autant aux enfants qu’Ă  leurs parents. Une qualitĂ© que comporte en tout points le gĂ©nial Humperdink et son inusable, Hansel et Gretel.

 

Hansel  et Gretel d’Humperdink, 1893
Présenté par Angers Nantes Opéra
Conte musical en 3 tableaux
Nouvelle production
7 dates événements,
Du 11 décembre 2015 au 5 janvier 2016

Livret de Adelheid Wette, d’après Hänsel und Gretel, conte populaire recueilli par les frères Grimm dans le premier volume des Contes de l’enfance et du foyer [Kinder-und Hausmärchen].
Créé au Théâtre Grand-Ducal de la cour de Weimar, le 23 décembre 1893.

boutonreservationNANTES, Théâtre Graslin
Vendredi 11 décembre, 20h
Dimanche 13 décembre, 14h30
Mardi 15 décembre, 20h
Jeudi 17 décembre, 20h
Vendredi 18 décembre 2015, 20h

ANGERS, Le Quai
Mardi 5 janvier 2016, 20h
Mercredi 6 janvier 2016, 20h

réservez vos places

THOMAS RĂ–SNER, direction
EMMANUELLE BASTET, mise en scène

Vincent Le Texier, Pierre
Eva Vogel, Gertrude
Marie Lenormand
Norma Nahoun
Jeannette Fischer
Dima Bawab, Le Marchand de sable

Maîtrise de la Perverie
Gilles Gérard, direction

Chœur d’Angers Nantes Opéra
Xavier Ribes, direction
Orchestre National des Pays de la Loire

Nouvelle production Angers Nantes Opéra
[Opéra en allemand avec surtitres français

Musiques et tabous par Daniel Barenboim

barenboim maestro dirige scala de milan le-maestro-israelo-argentin-daniel-barenboim-dirige-l-orchestre-philharmonique-de-vienne-le-1er-janvier-2014-a-vienne_4925007arte_logo_2013ARTE. Dimanche 11 octobre, 23h15. Daniel Barenboim: Musique et tabous.   SoirĂ©e exceptionnelle avec le chef qui a la triple nationalitĂ© : argentine, israĂ©lienne et palestinienne. Il a toujours tentĂ© une conciliation entre les frères ennemis : palestiniens et israĂ©liens. Mais au-delĂ  de cela, le chef Daniel Barenboim croit surtout Ă  la rĂ©solution pacifique des conflits au Proche Orient. Rien ne pourra s’apaiser sans dialogue et sans volontĂ© de pacification : la solution entre IsraĂ©liens et Palestiniens ne peut passer par les armes. Dans Les voies de la musique avec Daniel Barenboim (partie 1 & 2), le maestro, acteur principal de la vie lyrique et orchestrale de Berlin Ă  Milan,  milite viscĂ©ralement, indĂ©fectiblement pour l’amitiĂ© entre les peuples car c’est le seul moyen pour chacun de s’en sortir. Arte diffuse une sĂ©rie d’entretiens oĂą le chef et ses proches expliquent les enjeux qui se jouent ici, plaçant la musique au cĹ“ur des rivalitĂ©s et des oppositions fratricides. L’épisode le plus saisissant demeure certainement le volet dĂ©diĂ© Ă  la musique de Wagner en IsraĂ«l. ConnotĂ©e hitlĂ©rienne, et clairement nazie en raison des opinions antisĂ©mites exprimĂ©es par l’intĂ©ressĂ© lui-mĂŞme, en raison de l’idĂ´latrie radicale entretenue par Hitler pour Wagner,  la musique de Wagner n’a toujours pas sa place en IsraĂ«l, et le film dĂ©voile entre autres combien elle reste un sujet tabou, fortement clivant entre les gens, mĂ©lomanes ou non. Le tĂ©moignage des jeunes instrumentistes du West-Eastern Diwan orchestra, fondĂ© par Barenboim et composĂ© dans un esprit de construction et de dialogue fraternel de jeunes musiciens juifs et arabes, est particulièrement poignant : dĂ©voilant l’envie d’avancer mais aussi la forte charge Ă©motionnelle qui naĂ®t du fait de jouer Tristan und Isolde par exemple Ă  la fin d’un concert Ă  JĂ©rusalem… Au-delĂ  des thèmes abordĂ©s dans deux documentaires de la soirĂ©e, c’est tout le sens de la musique classique et de la culture en gĂ©nĂ©ral qui est ainsi analysĂ© et mis en question : doit-on se satisfaire d’une culture divertissante ou bien devons-nous prĂ©fĂ©rer malgrĂ© nos ancrages historiques et nos identitĂ©s, dĂ©fendre une culture engagĂ©e rĂ©solument fraternelle et pacifiste ? SoirĂ©e avec Daniel Barenboim en deux temps :

1. Musique et politique (52 mn)
Pour Daniel Barenboim, la musique, langue universelle, se joue des frontières. Avec elle pour seule arme, l’artiste cosmopolite tente de dépasser tensions et conflits. Au sein de son jeune orchestre, le West-Eastern Divan Orchestra, il est ainsi parvenu à faire jouer ensemble de jeunes musiciens venus d’Israël et de pays arabes voisins. Un inlassable engagement dont sa visite dans la bande de Gaza l’an passé a constitué un point d’orgue au puissant retentissement.

2. Musique et tabous : jouer Richard Wagner en Israël (26 mn)
En Israël, la musique de Richard Wagner est indissociablement liée au régime nazi. En 2001, Daniel Barenboim essuie la fureur du public et de la classe politique israélienne, après avoir dirigé à Jérusalem le prélude et la mort d’Isolde de Tristan et Isolde. Comment dissocier la musique du génial Wagner, du compositeur antisémite préféré d’Hitler ? Convaincu qu’il le faut, Daniel Barenboim tente de lever un tabou. Des répétitions du West-Eastern Divan Orchestra à la rencontre avec des amis du chef d’orchestre, parmi lesquels Pierre Boulez et Joschka Fischer, le film offre un éclairage sur le parcours engagé du maestro et le sens qu’il réserve à l’acte musical : un geste résolument engagé en faveur de la réconciliation des peuples.

arte_logo_2013ARTE, dimanche 11 octobre 2015. 23h. Les voies de la musique avec Daniel Barenboim. Une réflexion sur la musique et son pouvoir en compagnie du chef d’orchestre, Daniel Barenboim. Documentaire de Paul Smaczny (Allemagne, 2012, 57mn et 26mn) . Production : Accentus music UG

Bayreuth 2015. Le Vaisseau FantĂ´me

RADIO. logo_france_musique_DETOURE Musique. Dimanche 16 aoĂ»t 2015, 19h. Wagner : Le Vaisseau FantĂ´me. Festival de Bayreuth. Axel Kober, direction. Avec Samuel Young, le hollandais; Ricard Merbeth, Senta. Benjamin Bruns, Daland. Tomislav Muzek, Erik. Choeur et orchestre du Festival de Bayreuth. Etrangement, alors que l’Ă©vĂ©nement lyrique Ă  Bayreuth en juillet 2015 Ă©tait la nouvelle production de Tristan und Isolde, (version Katarina Wagner, l’arrière petite fille du compositeur et ici mĂŞme metteure en scène et codirectrice), France Musique prĂ©fère diffuser la reprise du Vaisseau FantĂ´me…

Créé Ă  Dresde le 2 janvier 1843 (dans le sillon victorieux tracĂ© par l’Ă©clatant Rienzi, créé dans le mĂŞme lieu Hofoper, en octobre 1842), Le Vaisseau FantĂ´me (Der Fliegende Holländer) marque la rupture de Wagner avec le grand opĂ©ra romantique traditionnel : avant la tempĂŞte qui ouvre la Walkyrie, ou l’ocĂ©an originel qui enfle les flots naissant du monde Ă  son berceau dans l’Or du Rhin, voici le dĂ©luge primordial, celui des torrents d’eau se dĂ©versant sur le frĂŞle navire emportant le Hollandais maudit en quĂŞte de l’amour pur d’une femme qui pourra le sauver.
L’ardeur du jeune Wagner est intact malgrĂ© ses dĂ©boires Ă  Paris oĂą il dut vendre Ă  l’OpĂ©ra son propre livret pour qu’un obscur Dietsch le mette en musique (!) avec le naufrage que l’on sait. Les français manquaient une occasion unique de soutenir un gĂ©nie Ă  son aurore… Comme ce fut le cas de Mozart au XVIIIè, dont les 3 sĂ©jours Ă  Paris furent des Ă©checs retentissants et plusieurs occasions manquĂ©e lĂ  aussi. Effrayante absence de discernement artistique.
Wagner en DVD ...Pour l’heure Ă  Dresde qui cĂ©lèbre enfin son gĂ©nie, Wagner Ă©merveille et impressionne l’auditoire grâce Ă  sujet fantastique et romantique. Comme souvent, le compositeur Ă©crit Ă  rebours de l’intrigue, commençant par la ballade de Senta, le choeur des matelots norvĂ©giens, le chant des fileuses puis concluant avec… l’ouverture. Une idĂ©e rĂ©trospective oĂą ce prologue orchestral semble rĂ©capituler plutĂ´t qu’annoncer le drame qui se joue. Le voyageur errant sur les flots, le maudit magnifique paraĂ®t tel un spectre effrayant, un non homme qui doit cependant susciter l’amour de Senta s’il veut ĂŞtre sauvĂ©. Le thème est Ă©minemment wagnĂ©rien : le salut de l’homme rĂ©alisĂ© par l’amour d’une femme, ainsi en sera-t-il de Cosima pour Richard dans la vraie vie. Ici emportĂ© par la fureur d’aimer, par la volontĂ© d’ĂŞtre sauvĂ©, Wagner tisse un nouvel orchestre moteur qui rĂ©alise l’unitĂ© de toute les scènes dĂ©sormais enchaĂ®nĂ©es les unes aux autres sans discontinuitĂ©, tel le futur drame sans fin, cyclique qui a lieu dans Parsifal et dans les quatre JournĂ©es du Ring. La justesse des mĂ©lodies, l’expression directe de la houle dĂ©ferlante lui auraient Ă©tĂ© inspirĂ©es par sa traversĂ©es sur la navire la ThĂ©tys, Ă  destination de l’Angleterre, Ă  l’Ă©tĂ© 1839, alors que quittant Riga, le compositeur poursuivi par ses crĂ©anciers, souhaitait rejoindre Paris. Pris dans une tempĂŞte, le navire dut se rĂ©fugier en Norvège… un Ă©pisode de la vie de Wagner dont tĂ©moigne le rĂ©alisme saisissant de son Vaisseau FantĂ´me.

Synopsis

Acte I. Dans une crique norvĂ©gienne au XVIIIè, le navigateur marchand Daland ne peut Ă©viter de croiser la course d’un marin mystĂ©rieux le Hollandais, âme maudite qui lui demande de rencontrer sa fille, Senta car seul l’amour d’une jeune fille aimante pourra le dĂ©livrer de la malĂ©diction qui le poursuit.
Acte II. C’est l’acte de Senta qui rĂŞve de rencontrer ce marin maudit qu’elle aimera sans limites. Alors que ses suivantes filent la laine, la jeune femme se destine dĂ©jĂ  au Hollandais qui lui est apparu en rĂŞve : leur rencontre se dĂ©roule sans entraves : le Hollandais et Senta se reconnaissent dès le premier regard.
Acte III. Erik, chasseur Ă©pris de Senta depuis longtemps lui fait sa cour ; la jeune femme le rejette sans violence mais avec suffisamment de douceur pour que le Hollandais se mĂ©prenne sur ses intentions rĂ©elles : amer et pensant qu’il a Ă©tĂ© trahi, le Hollandais remonte sur son bateau et sĂ©loigne des cĂ´tes. De dĂ©pĂ®t, Senta se jette dans les flots. Au loin, au dessus de la mer, les deux paraissent unis dans la mort.

Compte rendu, opéra. Marseille, Opéra. Le 24 avril 2015. Wagner : Le Vaisseau Fantôme. Der Fliegende Holländer. Lawrence Foster, direction. Charles Roubaud, mise en scène.

Wagner portraitMarseille reprend en avril 2015,  la production prĂ©sentĂ©e aux ChorĂ©gies d’Orange en juillet 2014. De coupe encore traditionnelle, l’opĂ©ra a des airs facilement mĂ©morables (couplets du marin, ballade de Senta, marche de Daland, etc, et une ouverture saisissante que presque tout le monde connaĂ®t sans le savoir). La trame est dramatiquement habile dans sa construction : exposition et prĂ©sentation nette des personnages (Daland, le Hollandais, Senta, Erik), nĹ“ud de l’intrigue (deux amours de Senta en compĂ©tition), pĂ©ripĂ©ties (crise et mĂ©prise) et dĂ©nouement tragique, mĂŞlĂ© habilement de scènes chorales de genre (les marins, les fileuses). Les deux hĂ©ros sont l’âme mĂŞme du romantisme : Senta, c’est une autre Tatiana romanesque qui a forgĂ© dans ses rĂŞves l’amour idĂ©al, total, sacrificiel, qui l’arrachera Ă  la banalitĂ© du quotidien (l’atelier de filature) et au prosaĂŻsme cupide de son père et Ă  l’esprit terrien, sans doute terre Ă  terre de son fiancĂ© Érik, chasseur et non marin. Le Hollandais maudit en quĂŞte de rĂ©demption, est une sorte d’Hernani et il pourrait dire aussi :

 

 

 

De la lĂ©gende du Vaisseau fantĂ´me Ă  un vaisseau fantĂ´me de lĂ©gende…

 

 

Je suis une force qui va !

Agent aveugle et sourd de mystères funèbres !

Une âme de malheur faite avec des ténèbres !

Où vais-je ? Je ne sais. Mais je me sens poussé

D’un souffle impĂ©tueux, d’un destin insensĂ©.

Je descends, je descends et jamais ne m’arrĂŞte.

 

Mais Ă  l’inverse du hĂ©ros de Victor Hugo (1830), c’est une force qui s’en va, qui voudrait s’en aller, qui dĂ©sire couler doucement vers le gouffre apaisant, le repos Ă©ternel qui lui est refusĂ© par Dieu et que seul peut lui octroyer l’amour d’une femme fidèle : face aux Éva pĂ©cheresses qu’il a connues dans son errance au long cours, Senta sera enfin, dissipĂ© le malentendu, l’ « Ave », la rĂ©demptrice, l’Éros bĂ©nĂ©fique ouvrant la dĂ©livrance de Thanatos, la mort par l’amour. Ne pouvant vivre ses rĂŞves, elle rĂŞve sa vie jusqu’au sacrifice final qui donnera corps et vie au songe.

L’Ĺ“uvre. Des personnages Ă  la fois archĂ©typaux, humains et surhumains. Du romantisme de son temps, Richard Wagner hĂ©rite et cultive le goĂ»t des lĂ©gendes. Dans cet opĂ©ra en trois actes de 1843 dont il Ă©crit le livret, il s’inspire de quelques pages du poète Heinrich Heine qui vient de publier Aus den Memoiren des Herrn von Schnabelewopski en 1831, â€Les mĂ©moires du Seigneur Schnabelewopski’ oĂą est relatĂ© une version de la lĂ©gende ancienne du Hollandais volant et de son vaisseau fantĂ´me.

Vaisseau fantĂ´me

La mer a ses fantasmes, l’ocĂ©an, ses fantĂ´mes, les deux, ses lĂ©gendes. Une court les flots et les tavernes des marins rĂ©chappĂ©s aux vagues et tempĂŞtes des vastes espaces marins, l’existence d’un bâtiment hollandais dont l’Ă©quipage est condamnĂ© par la justice divine qu’il a bafouĂ© Ă  errer sur les mers jusqu’Ă  la fin des siècles. En effet, son capitaine, malgrĂ© une tempĂŞte effroyable au Cap de Bonne EspĂ©rance bien nommĂ©, a dĂ©cidĂ© de prendre la mer un Vendredi saint, jurant qu’il appareillerait, dĂ»t-il en appeler au diable, qui le prend au mot.

Hollandais volant

Un capitaine hollandais aurait accompli en trois mois un voyage de près d’un an normalement, d’Amsterdam à Batavia (Djakarta), grâce au diable. Cela se passe au XVIIe siècle, époque où les Hollandais ont créé la Compagnie des Indes, courant les océans. La rencontre de ce vaisseau fantôme est considérée comme un funeste présage.

Une première version écrite de la légende est parue dans un journal britannique en 1821. La première version française a été publiée par Auguste Jal, Scènes de la vie maritime, Paris, 1832. Cela inspira, en 1834, la nouvelle de Heinrich Heine : Les Mémoires du Seigneur de Schnabelewopski qui servit de thème de l’opéra de Wagner quelques années plus tard. Victor Hugo cite aussi cette histoire dans La Légende des siècles :

C’est le Hollandais, la barque

Que le doigt flamboyant marque !

L’esquif puni !

C’est la voile scĂ©lĂ©rate !

C’est le sinistre pirate


De l’infini. 

 

 

 

Ă€ notre Ă©poque, un film lĂ©gendaire d’Albert Lewin en 1951 rĂ©actualise le mythe du Hollandais volant le mĂŞlant Ă  celui de Pandora, la femme malĂ©fique qui ouvre la fameuse boĂ®te de Pandore des vices, Pandora and the Flying Dutchman, avec la mythique Ava Gardner dans le rĂ´le de l’hĂ©roĂŻne qui, par son sacrifice, trouve Ă  la fois sa rĂ©demption et celle du capitaine maudit. Un film plus rĂ©cent, Pirates des CaraĂŻbes, en 2003, s’en tient au strict vaisseau fantĂ´me.

Mais Heine, Ă  la damnation Ă©ternelle du Hollandais ajoute un Ă©lĂ©ment sentimental essentiel : le Hollandais damnĂ© a le droit de faire port tous les sept ans et seule la fidĂ©litĂ© absolue d’une femme peut lui apporter la rĂ©demption malheureusement, il a toujours Ă©tĂ© trahi dans son amour lorsqu’il met ses espoirs de rachat dans la dernière, rencontrĂ©e, après la tempĂŞte, dans le havre inespĂ©rĂ© d’un port norvĂ©gien. Chez Wagner, c’est Senta, dĂ©jĂ  vaguement amoureuse du portrait du capitaine de la lĂ©gende, qu’elle rĂŞvait ou inventait, fille d’un capitaine norvĂ©gien, Daland, qui n’hĂ©site pas d’emblĂ©e Ă  l’offrir en mariage contre les richesses du mystĂ©rieux Hollandais, bien qu’il l’ait dĂ©jĂ  promise Ă  Erik, dĂ©sespĂ©rĂ©.

 

 

 

LA RÉALISATION MARSEILLAISE

 

Transposée du cadre grandiose d’Orange dans la salle plus intime de l’Opéra de Marseille, cette production passe d’une échelle mythique, épique, à une dimension domestique, poétique : du grand large à l’horizon borné du port de la salle. Il faut, certes, évacuer les images d’Orange pour resituer à sa place, sur le plateau marseillais, cette immense étrave de navire (Emmanuelle Favre), comme trouée des deux yeux des écubiers, cette proue, proie des flots rejetée sur la rive, d’abord éperon rocheux inquiétant. Occupant, accaparant tout le champ du regard, sa démesure, ici, donne malgré tout la mesure extraordinaire de l’histoire, sa dimension onirique, rêve ou cauchemar, témoin omniprésent, fantasme de l’héroïne en proie à son délire lyrique, érotique et sentimental, à ses visions. Son obsédante présence trop centrée ne laisse qu’un mince espace à jardin, comme une impossible évasion, à une vue de mer en furie puis apaisée, ensuite à un fond de bâtiment industriel pour l’acte II des fileuses, à un ponton en perspective de fuite à la fin. La maîtrise de cet espace resserré est à la mesure de celle de Charles Roubaud, à l’aise dans l’immensité d’Orange, intimiste ici pour cerner au mieux ces personnages humains dans l’inhumanité d’une légende ou tragédie de la révolte d’un homme contre le silence éternel et cruel de la divinité, avide toujours de sacrifices.

Les lumières ombreuses plus que tĂ©nĂ©breuses de Marc DelamĂ©zière, crĂ©ent une troublante hĂ©sitation des formes grouillant vaguement dans les ombres, foule au mouvements de houle, marins vivants et viveurs dans une obscure clartĂ©, et, dans l’indĂ©cision du clair-obscur, de fantomatiques spectres alentis Ă  l’assaut de la carcasse morte. Dans cette indĂ©termination de la lumière variant de la nuit Ă  un jour douteux, Katia Duflot estompe d’une gamme brumeuse les costumes gamme brumeuse des hommes mais les robes annĂ©es 50 des femmes, rose, vert, jaune, bleu, gris clair, carreaux, dans la grisaille gĂ©nĂ©ralisĂ©e, semblent un rĂŞve de couleur dans un monde qui l’aurait perdue. Le Hollandais, long manteau d’époque indĂ©terminĂ©e, et Senta robe jaune clair de jeune fille sage, sont les deux seuls aurĂ©olĂ©s d’une vague lumière, avec Mary, robe souple Ă  col blanc sur le gris du corsage, comme personnage intermĂ©diaire finalement entre l’ombre du marin dont elle a apparemment chantĂ© la ballade, et la sacrificielle clartĂ© de la jeune fille romantique.

Interprétation. Des chœurs, préparés minutieusement par Pierre Iodice aux pupitres de l’orchestre, apprêtés soigneusement par le chef, en passant par le plateau, on sent, sans nulle faille, l’engagement de tous au service de cette œuvre qui, sans rompre les amarres avec l’opéra de son temps, lui rendant même un amoureux hommage, usant de formules de grands compositeurs lyriques, préfigure l’œuvre nouvelle à venir de Wagner. Capitaine, pas encore au long cours dans cette relativement courte traversée wagnérienne, Lawrence Forster est le timonier qui guide savamment son orchestre à travers les écueils nombreux de l’opéra, récifs romanticoïdes, sacralisation excessive de cette musique, tyranniquement imposée plus tard par Wagner lui-même à ses spectateurs, au risque de l’emphase frôlant le pathos pâteux, le pompeux, le pompier : le pompant en somme. Il nous rend donc cette musique, telle quelle, naturelle, bien dans son temps, pleine de charme, de sourire même, mouvante et émouvante. Il est le thaumaturge qui, d’un coup de baguette, déchaîne les tempêtes de la mer et en apaise les flots, suivi par un orchestre ductile, aux cordes soulevées de vent, aux cuivres tempétueux ou étrangement nimbés de lointaine brume.

Tout le plateau joue le joue avec un sensible plaisir, pour notre bonheur.

Le ténor Avi Klemberg, surgi de l’ombre, éclaire de sa lumineuse voix le rôle apparemment ingrat du pilote, auquel il donne une qualité poétique, une jeunesse touchante dans sa réitération à l’invite du vent du sud. Si la grande voix de Kurt Rydl fait quelques vagues dans les notes tenues du premier acte, dans son air de basse bouffe donizettienne, il est inénarrable, en barbon cupide mais père aimant, heureux, joyeux et nous avec lui, qui le retrouvons égal à nos souvenirs. Pour la première fois à Marseille, le ténor Tomislav Muzek prête au personnage d’Erik, fiancé, blessé, la beauté d’un timbre lumineux et la dignité expressive d’une victime injustement sacrifiée.

Marie-Ange Todorovitch donne au rôle de Marie sa prestance et son aisance scéniques, la chaleur d’un timbre velouté qu’elle rend à la fois maternel et angoissé face aux bouffées délirantes, diraient les psychanalystes, de Senta. Clytemnestre grandiose, elle retrouve, sa Chrysothémis, une Ricarda Merbeth, applaudie à ses côtés, ovationnée ici pour la tenue impeccable d’un chant se jouant des gouffres et sommets des intervalles comme des crêtes de vagues  monstrueuses, sans rien perdre de la beauté blonde d’une voix sans faille, rendant sensible la ferveur, la fièvre, l’exaltation de sa névrose sacrificielle. Comme l’a voulu le metteur en scène, on la sent entre rêve, délire et hallucination. À ses côtés, révélation à Marseille, Samuel Youn, superbe baryton-basse, déploie la beauté vocale d’un timbre d’airain, aux aigus acérés, peut-être trop pour un Hollandais sensible, maudissant sa malédiction, attendri par l’amour et prêt à tous les naufrages.

Opéra de Marseille, les 21, 24, 26 et 29 avril 2015
Die fliegende Holländer de  Richard Wagner

ChĹ“ur de l’OpĂ©ra de Marseille et Orchestre de l’OpĂ©ra de Marseille
Direction musicale : Lawrence Foster
Mise en scène : Charles Roubaud (Assistant : Bernard Monforte).

Décors : Emmanuelle Favre (Assistant :  Thibault Sinay).

Costumes : Katia Duflot.

Lumières : Marc Delamézière (Assistant : Julien Marchaisseau).

Distribution :

Senta : Ricarda Merbeth ; Marie : Marie-Ange Todorovitch ; Le Hollandais :  Samuel Youn ;  Erik : Tomislav Mužek ; Daland : Kurt Rydl ; Seuermann : Avi Klemberg.

LIVRES. Philippe André. Les deux mages de Venise, roman. Editions Le Passeur (2015)

philippe-andre-les-deux-mages-de-venise-classiquenews-compte-rendu-critique-fevrier-mars-2015LIVRES. Philippe André. Les deux mages de Venise, roman. Editions Le Passeur (2015). Wagner est mort à Venise en 1883, c’est connu. Et il avait reçu, trois mois avant,  la visite de son beau-père, Liszt, « installé » pendant deux mois au Palais Vendramin, la résidence de Richard, Cosima et l’enfant Siegfried. Qu’ont-ils fait, hormis se retrouver et parfois se chamailler ? Philippe André leur invente de « nouvelles aventures » dans une Venise hivernale et fantasmagorique. C’est, adossé à la science musicologique du spécialiste schumanno-lisztien, la nouveauté des Deux Mages, un passionnant « romansonge ». Question et réponse de la duchesse : « Aimez-vous  Wagner ? », eût pu demander en toute fausse candeur la duchesse de Sagan. C’te question ! Naturlich, ma biche ! J’insiste, pourtant : aimez, et je souligne the question qui n’est pas to be or not to be. Bien sûr qu’il est, Wagner, d’une essence irréfragable, plus être que lui on n’en fait plus. Mais j’ai demandé   : aimez. Il est permis de nuancer votre answer…Alors, vous me mettez plus à l’aise. Je sais  ce que cette Oeuvre Totale  apporte à l’histoire de la musique et des arts. Et puis  vous dites qu’on a droit au  clivage ?  Lohengrin, Tannhauser, Tristan, Parsifal, trois fois oui. Pour  la Bande des Quatre organisée en Tétralogie, franchement, vous repasserez . And  Herr Richard Wagner himself, pas mieux ? Encore plus franchement, danke schön ! Même quand il joue son ultime rôle dans Der Tod in Venedig ? Faut ben mourir quéqu ’ part !

R.W. Ă  sa personne parlant

Wagner en DVD ...Donc si vous n’avez pas la foi wagnérienne, ne faites pas semblant de croire pour  bientôt  super-croire. Mais laissez-vous convaincre d’aller faire un tour dans les quartiers les plus perdus de la Sérénissime, en hiver 1882-83. Guidé par R.W. à sa personne parlant – comme toujours – mais aussi adressant à sa chère Cosima une sorte de journal-intime-jours-sombres, pour raconter l’incroyable bordée métaphysique qu’il aurait  menée là-bas avec son beau-père, un certain Franz Liszt, l’éblouissant compositeur- ami  devenu curé-sans-paroisse  mais toujours en quête d’imaginaire.  Et devinez qui vous aurez pour guide et porte-parole ? Un  lisztien par excellence, dont ici même nous louâmes les ouvrages savants sur Années de Pèlerinage et Suite, musicien au demeurant praticien-psy qui vient aussi d’investiguer sur la paralysie générale de Schumann. Le Docteur Philippe André, sans doute pour se délasser du culte schumanno-lisztien, cède aux démons de la Fantasie hoffmanienne : étiquetant « mages » les deux » Vénitiens » d’adoption au crépuscule de leur prodigieuse vie, il les fait basculer de l’autre côté du miroir dans l’inquiétante étrangeté que se permet parfois l’écriture  scientifique dont la rigueur expérimentale aurait  été mise en congé payé par un tour-operator de roman.

Le p’tit  Siegfried

LISZT nadar 1886 Franz_Liszt_by_Nadar,_March_1886Le point de dĂ©part est on ne plus historique, et vous en trouverez le rĂ©cit au 4e chapitre de Nuages Gris (Ă©d.Le Passeur) : Liszt a bien sĂ©journĂ© « chez » les Wagner au Palais Vendramin, du 19novembre 1882 au 13 janvier 1883. Il y a jouĂ© au whist, au piano, Ă  l’inĂ©puisable mais intermittente amitiĂ©, Ă  la fonction grand-paternelle (le p’tit Siegfried, fruit d’amour fou  entre Richard et  Cosima  qui avait ainsi envoyĂ© au dĂ©sespoir son exemplaire Ă©poux Hans de Bulow), et en cette famille recomposĂ©e tout n’était pas que roses, donc  on s’est  chamaillĂ©, fait la gueule, rĂ©concilié…. A partir  de ce substrat non contestĂ©, Les Deux Mages dĂ©rape avec dĂ©lices en imaginaire. Les deux amis – bien que devenus beau-père et gendre, ils sont quasiment « du mĂŞme âge » – entrent en « mentir-vrai » et « romansonge », comme  titrerait la nĂ©buleuse aragonienne. « C’est moi qui rĂŞve. J’ai piquĂ© du pif au bout du compte. Je dors. Je rĂŞve. Tout cela c’est moi qui le rĂŞve. Tout ceci ce n’est pas la vie de ThĂ©odore , c’est ma mienne. Rien de tout  cela n’a pu se passer en 1815…. » : c’est ce qu’avouait  en galopant avec  GĂ©ricault son « historien » de 1959 dans La Semaine Sainte…

Tribu miltonienne et Nocturnes hoffmaniens

CLIC D'OR macaron 200Certes  on eût pensé davantage Philippe André journalintimier du côté de son cher Franz. Eh bien non, c’est en Wagner qu’il sort d’un angle de la Piazzetta, faisant d’ailleurs tenir à son petit protégé la moins protocolaire des langues modernisées et l’entraînant dans les aventures vénitiennes les plus saugrenues. Quitte à  ce que R.W. soit mené par le bout de la Fantasie, le beau-père « inventant » pour son gendre plus réticent  les buts de promenades qui accouchent de situations de plus en plus hallucinatoires. « Ici  le temps devient espace », et vice-versa ; le réel moins vrai –et désirable ? -que le fantasmé. On rencontre sortie des pérégrinations italiennes de l’Angleterre rebelle XVIIe  une  tribu miltonienne – dans la famille du Paradis Perdu, je demande le père et puis aussi  les filles -, on découvre une galère « décarcassée » qui selon Franz ferait une merveilleuse salle de théâtre moderne, des allusions à un grand trou qui pourrait être un cercle infernal de Dante, et ce n’est que préface à l’embardée  la plus folle, une entrée en « Nocturnes  à la manière de Callot », où le savant Spallanzani, recréateur lisztien d’Olympia, « emprisonne » dans l’œil de sa poupée diabolique une Cosima qui n’en demandait pas tant…

Haarghh !

Richard se démène en érotisé  hoffmannien (il  est ultra-sensible aux  deux « jolis globes » de l’automate, voire à sa « coquille »), malgré lui ? ou pour mieux exciter  la jalousie de sa Cosima ?), et surtout il mène dialogue réitératif avec un Kobold, figure du tourmenteur qui lui laisse bien peu de répit du côté de l’angine de poitrine, ce dont il mourra bientôt. Et là, il se lâche  dans le discours, parsemant ses phrases d’une interjection souffrante (« haarghh ! »,un écho du  « hojoho  walkyrien ? )qui nous ramène aux temps de la BD-Dargaud, de formules familières (« à ch…, aussi sec ,  c…ries », impact boom, du balai ! lefion…, vacherie, débectant  ou  vioque » ) parfois teintées de rythme célinien… Le comble du paradoxe est atteint lorsque Richard « appelle » en un flux extasié (devenant parfois injurieux ou prosaïque : « fous le camp dans ta cuisine, reste aux fourneaux ») son  indispensable  Cosima,(« ma passerelle pour l’éternité, mon anéantissement en si majeur »…),tout comme – peut-être ? – le romantique Kleist « rebaptisait » son Henriette Vogel  (qui le lui rendait aussitôt) dans les lettres qu’ils échangèrent avant leur suicide en duo…à moins que ce ne soit aussi une allusion à « L’Union Libre » où Breton géographise les blasons du corps de la femme….

Filochard et Croquignol

De même oscille-t-on entre ces visions poétisées du parcours vénitien et les silhouettes rigolotes de la virée Filochard (R.W.)- Croquignol (F.L.), la référence  sublimissime de la Femme Eternelle de R.W. et  la vie embourgeoisée à Vendramin, cette grande Villa-Cosima-pieds-dans-l’eau, les éclairs de lucidité richardiens (« la boucler est peut-être le plus grand défi fait à moi-même dans cette suite d’événements ») et la surdité de qui ne comprend rien au minimalisme pianistique du beau-père en train d’inventer une autre « musique de l’avenir ». Car les rapports au réel d’histoire musicale sont aussi là : du Prométhée déchaîné, des « nuages gris », du parlé-chanté, « disastro », du « lancer mon  javelot dans les espaces indéfinis », des csardas macabres, des lugubres gondoles qui  ne peuvent faire illusion. De même que les manifestations d’un amour-haine perpétuel entre un  beau-père et un gendre peu avare de considérations inactuelles sur le vieux Liszt, « échassier hydropique »,  ses cigares et ses verrues, et qui débarque du train en pleine odeur de « Wanderer à nuisances olfactives 2nde classe ».

Retrouvailles lyriques

 Mais cela cède à du pur lyrisme de retrouvailles entre « amis sublimes », au détour d’une promenade  dans Venise embrouillardée. Et puis il y a le récit – les musiciens en tournée de banlieue  en sortiront  « m.d.r » ! – de Liszt qui dézingue  les afféteries  bondieusardes d’un jeune organiste en mal  de compliments….(« jamais je n’ai entendu rythmes plus appropriés aux hôtels de prostitution et claques somptueux…. ») . Curieux blocages – superstitieux ? – aussi de Richard  avouant à son « Isolde de  vie ou de mort » que justement il ne prononcera plus ce dernier mot, lui qui en veut au beau-père d’avoir « sombré dans les bigoteries qui l’ont perdu comme homme et surtout comme musicien ».

Le Wanderer a-t-il perdu la mémoire ?

Tiens, en chemin, le Wanderer, il a perdu la mémoire de ses barricades bakouniniennes en 1849, quand il militait à Dresde pour la révolution ? Ensuite, de ses errances pourchassées par les polices « anti-terroristes » de l’Ordre Monarchique, mais où tout de suite il trouve à Weimar refuge fraternel auprès de Liszt  ? De sa soumission (1864), genou en terre, à  son Ange bavarois  Louis II , et de « ce qui s’en suivit », comme  intertitrent les romans de gare au XIXe : l’argent et l’or pour édifier le Temple de Bayreuth, où se célèbrera le culte monothéiste de RW ? ? Sans oublier ses vaticinations-libelles  mortifères  (1850 ; puis sans remords ni retour en arrière) sur « le judaïsme dans la musique » ? Bref, il ne s’agirait plus à Vendramin-House que des  « considérations d’un apolitique » rangé des voitures,  dans une Venise la Rouge où pas une gondole ne bouge ? Quant à l’inconscient projeté  comme javelot dans les espaces du futur, n’y-a-t-il pas absence de prémonition pour une époque où son (pré) nom  de Venise, Riccardo, ne sera plus dans Bayreuth un temps désert (é) par l’œuvre Totale ?  Mais  on ne va tout de même pas lui reprocher,  à cet  « inconscient-là »,  le formatage de   son p’tit Siegfried pour mariage(1915)  avec une Frau Winifred tombant raide-dingue du Moustachu de Berchtesgaden-sous-Walhalla !  (Quel malheur, parfois, d’avoir un(e) gendre(sse) !  Mais au contraire futur, quel bonheur pour un Vénitien comme Luigi Nono de se marier (1955) avec Nuria Schoenberg et d’avoir ainsi un sacré beau-père !)

Carnets du sous-sol  et Bavard

Bon, permis à un mal-wagnero-compatible de débloquer sur le divan, Dr. André ? Et repassons à l’essentiel : avec les Deux Mages, nous tenons un « roman musical » de la plus haute et exigeante qualité en imagination et écriture. Ce long et parfois imprévisible monologue rappellera, en  son   principe d’ivre flux parolier, les Carnets du sous-sol  dostoievskien, ou le plus proche Bavard de L.R. des Forêts. Et malgré les sautes d’une humeur provocatrice tirant aussi vers la rigolade, la coda (« Je me penche et je vois des étoiles qui scintillent au fond du trou. Je plonge la tête la première en poussant un léger cri…Un cortège d’étoiles mortes ondule dans le noir. ») signale, mine de rien, qu’un mois après le départ  du beau-père, le gendre aura rejoint…mais quoi, le néant ? C’était – miroir  de l’éblouissante lumière solaire du Turner en couverture – le dernier cadeau  de la Sérénissime et aussi « tempé-tueuse »  Cité des Doges  à ses hôtes. On vous le disait, il y aura  toujours de la Mort à Venise ! Mais encore : « mort(s) à jamais » ?…

LIVRES. Philippe AndrĂ©, Les Deux Mages de Venise, Ă©ditions Le Passeur (2015). Livre papier : 18,90 €, 140×205 mm, 256 pages. Date de parution : 12 fĂ©vrier 2015. LIRE aussi la critique du livre prĂ©cĂ©dent de Philippe AndrĂ© : « Robert Schumann, folies et musiques » (Le Passeur, 2014), CLIC d’octobre 2014 sur classiquenews.

Illustrations : Wagner, Liszt (DR)

Livres. Henri Christophe. Richard Wagner : L’Anneau du Nibelung (SymĂ©trie)

henri christophe l anneau du nibelung wagner traduction isbn_978-2-36485-026-2RĂ©digĂ©e au moment de la diffusion sur Arte en 1991 de la fameuse TĂ©tralogie du centenaire de Bayreuth (1876-1976) signĂ©e ChĂ©reau et Boulez, la mythique Ă©quipe française, la traduction d’Henri Christophe est Ă©ditĂ©e chez SymĂ©trie. Le texte a Ă©tĂ© composĂ© pour ĂŞtre lu sur les images de cette production, dans le temps imparti pour chaque sĂ©quence, dans la durĂ©e  du spectacle, selon les contraintes aussi pratiques (2 lignes de texte au bas de l’Ă©cran). Il en dĂ©coule une prosodie rapide, sĂ©quencĂ©e, aux images sensuelles et charnelles, aux Ă©clairs rĂ©flexifs qui engagent et dĂ©voilent tout un Ă©troit rĂ©seau de correspondances entre les tableaux, dans les strates du texte global. Le cerveau de Wagner n’a jamais Ă©tĂ© mieux compris dans une langue Ă  la fois prĂ©cise, violente, organique et flamboyante. C’est immĂ©diatement l’intelligence du dramaturge Wagner qui surgit, son sens du verbe, sa ciselure des portraits psychologiques et des situations.

Traducteur en 1991 pour Arte, Henri Christophe éclaire les facettes prosodiques du Ring

Wagner traduit : une révélation poétique

 

CLIC D'OR macaron 200Ne prenons que deux exemples parmi les plus denses et psychologiquement fouillĂ©s du Ring : extraits de La Walkyrie, le monologue de Wotan qui s’adresse Ă  sa fille chĂ©rie BrĂĽnnhilde et lui avoue son impuissance face aux arguments de l’Ă©pouse Fricka qui lui demande de rompre sa protection auprès des Valse… Puis extrait du CrĂ©puscule des dieux : le dernier monologue de BrĂĽnnhilde, l’Ă©pouse trompĂ©e par Siegfried qui cependant frappĂ©e d’un discernement supĂ©rieur, comprend le sens profond de tout le cycle, pardonne Ă  celui qui l’a trahie, et restitue l’anneau maudit aux filles du Rhin…
D’une façon gĂ©nĂ©rale, le texte de Henri Christophe est direct, plus clair du point de vue des idĂ©es et des images formulĂ©s ; sĂ©quencĂ© en phrases courtes, il souhaite (mĂŞme si sa destination n’est pas d’ĂŞtre chantĂ©) reproduire le rythme du chant lyrique ; le dĂ©coupage qui en dĂ©coule semble suivre les mĂ©andres du continuum musical : Henri Christophe a Ă©coutĂ© chaque scène musicale en formulant la taille, le dĂ©bit de ses traductions. Evidement indications scĂ©niques et didascalies n’Ă©tant pas indiquĂ©es entre parenthèses, le lecteur perd en comprĂ©hension scĂ©nique et visuelle, mais il gagne une proximitĂ© Ă©motionnelle avec chaque protagoniste que les autres textes Ă  la rĂ©daction plus contournĂ©e, n’offrent pas.
MĂŞme pour des non germanistes/germanophones, le travail de Wagner sur l’allitĂ©ration et non la rime, une saveur organique du langage qui convoque la prĂ©sence tangible des pulsions et forces psychique inspirĂ©es des mythes fondateurs qui l’ont tant portĂ© dans la conception globale de la TĂ©tralogie, s’impose : elle attise la lecture dans le feu des forces en prĂ©sence. Le jeu de Wagner est d’anticiper ou de se remĂ©morer, dilatation Ă©lastique et oscillante du temps qui fonde sa fascinante intensitĂ© : passĂ© et futur sont Ă©voquĂ©s presque simultanĂ©ment pour intensifier la perception du prĂ©sent (prolepses ou prĂ©visions, analepses ou flashback). La vision est dĂ©jĂ  cinĂ©matographique et l’on repère dans la construction du maillage linguistique ainsi restituĂ©, les filiations et les correspondances multiples du texte, conçu comme un seule et mĂŞme Ă©toffe qu’on la prenne Ă  son commencement comme Ă  sa fin…

Les idĂ©es prĂ©conçues tiennent bon, or si certains s’entĂŞtent Ă  regretter les faiblesses du Wagner librettiste, force est de constater ici la puissance de son verbe, l’Ă©loquence de ses idĂ©es, la cohĂ©rence des imbrications dramatiques, le sens de l’impact dramaturgique. Tout cela restitue la force et la spĂ©cificitĂ© du théâtre wagnĂ©rien, scène plus psychique et politique que narrative et d’action : tout fait sens Ă  mesure que les situations se prĂ©cisent, que les confrontations accomplissent leur Ĺ“uvre. Le lecteur saisit enfin l’unitĂ© souterraine du cycle. Peu Ă  peu s’affirme la profonde impuissance des ĂŞtres ; ces dieux ambitieux, arrogants s’Ă©puisent dans l’exercice et le maintien absurde de leur pouvoir : la destinĂ©e de Wotan /Wanderer s’en trouve lumineuse ; un rĂ©sumĂ© du cycle entier : chacun tĂ´t ou tard doit assumer les consĂ©quences de ses actes. Au compositeur de dessiller les yeux des aveuglĂ©s. Gageons que le texte d’Henri Christophe accrĂ©dite enfin le principe Ă  prĂ©sent explicite d’un Wagner, librettiste affĂ»tĂ© voire gĂ©nial. C’est bien le moindre des apports de cette traduction heureusement Ă©ditĂ©e.

Henri Christophe. Richard Wagner : L’Anneau du Nibelung (Éditions SymĂ©trie). ISBN : 978 2 36485 026 2. 403 pages. 13,80€. FĂ©vrier 2015. Un texte d’introduction très documentĂ© rĂ©capitule l’histoire des traducteurs français de Wagner et aussi la chronologie des crĂ©ations de ses oeuvres dans l’Hexagone… Passionnant.

Barcelone. Siegfried de Wagner au Liceu

WAGNER EN SUISSEBarcelone, Liceu. Wagner : Siegfried. 11<23 mars 2015. Mise en scène par Robert Carsen, cette production de Siegfried se concentre sur le 2ème JournĂ©e de la TĂ©tralogie ou Ring de Wagner. Les enchantements de la fable Ă  laquelle se nourrit le Wagner conteur rĂ©alise ici une Ă©popĂ©e hĂ©roĂŻque et onirique qui rĂ©capitule après l’ivresse amoureuse et compassionnelle de La Walkyrie (1ère JournĂ©e), l’enfance du jeune hĂ©ros puis sa transformation en jeune adulte victorieux amoureux. La figure est Ă  l’origine de tout le cycle : on sait qu’au dĂ©but de son oeuvre lyrique, avant la conception globale en tĂ©tralogie, Wagner souhaitait mettre en musique le vie et surtout la mort de Siegfried. C’est en s’intĂ©ressant aux Ă©vĂ©nements qui prĂ©cèdent l’avènement du hĂ©ros, que le compositeur tisse peu Ă  peu la matière du Ring (le prologue de L’Or du Rhin dĂ©voilant la rivalitĂ© de Wotan et des Nibelungen, la malĂ©diction de l’anneau et les sacrifices Ă  accepter / assumer pour s’en rendre mettre) : tout converge vers la geste du champion qui n’a pas peur, et le sens de ce qu’il fait, est, devient. Dans Siegfried, drame musical en 3 actes, s’opposent le forgeron Mime qui est aussi l’Ă©ducateur de Siegfried, et Siegfried. Le premier vit dans l’espoir de reforger l’anneau qui donne la toute puissance : c’est un ĂŞtre calculateur, fourbe, peureux. Ce qu’il forge l’enchaĂ®ne Ă  un cycle de malĂ©diction.

Geste amoureux, héroïque de Siegfried

Siegfried wagner barcelone liceu robert carsen josep pons classiquenews mars 2015A l’inverse, Siegfried, ĂŞtre lumineux et conquĂ©rant, forge sa propre Ă©pĂ©e, Nothung, instrument de son Ă©mancipation (qui est aussi l’ex Ă©pĂ©e de son père Siegmund) : avec elle, il tue le dragon Fafner, et suit la voix de l’oiseau intelligible qui le mène jusqu’au rocher oĂą repose sa futur Ă©pouse, BrĂĽnnhilde, ex walkyrie, dĂ©chue par Wotan. Comme dans La Walkyrie oĂą se dĂ©veloppe le chant amoureux des parents de Siegfried (Siegmund et Sieglinde), Siegfried est aussi un ouvrage d’effusion enivrĂ©e : quand le hĂ©ros bientĂ´t vainqueur du dragon, s’extasie en contemplant le miracle de la nature soudainement complice et protectrice (les murmures de la forĂŞts). En portant le sang de la bĂŞte Ă  ses lèvres, il est frappĂ© de discernement et d’intelligence, vision supĂ©rieure qui lui fait comprendre les intentions de Mime… qu’il tue immĂ©diatement : on aurait souhaitĂ© que dans le dernier volet, Le CrĂ©puscule des dieux, Siegfried montrât une intelligence tout aussi affĂ»tĂ©e en particulier vis Ă  vis du clan Gibishungen… mais sa naĂŻvetĂ© causera sa perte.
Pour l’heure, après l’accomplissement du prodige (tuer le dragon, prendre l’anneau), Siegfried dĂ©couvre au III, l’amour, rĂ©compense du hĂ©ros mĂ©ritant : et Wagner, peint alors un tableau saisissant oĂą Siegfried dĂ©couvre BrĂĽnnhilde sur son roc de feu, puis l’enlace en un duo Ă©perdu, digne des effluves tristanesques, au terme duquel, le fiancĂ© remet Ă  sa belle, l’anneau maudit. Dans Siegfried, se prĂ©cise aussi la rĂ©alisation du cycle fatal : au dĂ©but du III, le dieu si flamboyant dans L’Or du Rhin, Wotan : manipulateur (piĂ©geant honteusement avec Loge, le nain AlbĂ©rich), brillant bâtisseur (du Wallhala), nĂ©gociateur (avec les gĂ©ants), se dĂ©couvre ici en “Wanderer” (voyageur errant), tĂŞte basse, Ă©puisĂ©, usĂ©, renonçant au pouvoir sur le monde : la chute assumĂ©e de Wotan est criante lorsqu’il croise la route du nouveau hĂ©ros Siegfried dont l’Ă©pĂ©e dĂ©truit la vieille lance du solitaire fatiguĂ©… Tout un symbole. De sorte qu’Ă  la fin de l’ouvrage, la partition est portĂ©e Ă  travers le duo des amants magnifiques (Siegfried / BrĂĽnnhilde) par une espĂ©rance nouvelle : Siegfried ne serait-il pas cette figure messianique, annonciatrice d’un monde nouveau ? C’est la clĂ© de l’opĂ©ra. Mais Wagner rĂ©serve une toute autre fin Ă  son hĂ©ros car l’anneau est porteur d’une malĂ©diction qui doit s’accomplir : tel est l’enjeu de la 3ème JournĂ©e du Ring : Le CrĂ©puscule des dieux.

boutonreservationSiegfried de Wagner
Barcelone, Gran Teatro del Liceu
7 représentations : les 11,13,15,17, 19, 21 et 23 mars 2015

Josep Pons, direction
Robert Carsen, mise en scène
Lance Ryan / Stefan Vinke (Siegfried)
Peter Bronder (Mime)
Albert Dohmen (Wotan/der Wanderer)
Oleg Bryjak (Alberich)
Irene Theorin (BrĂĽnnhilde)
Ewa Podles (Erda)…

Le Ring de Wagner Ă  Munich

wagner-ring-tetralogie-582-612Munich. Wagner : Le Ring. Du 20 fĂ©vrier au 29 mars 2015. Le Bayerisches Staatsoper de Munich, dans la capitale bavaroise affiche l’intĂ©gralitĂ© de la TĂ©tralogie wagnĂ©rienne dans la rĂ©alisation du duo Kirill Petrenko chef d’orchestre) et Andreas Kriegenburg (rĂ©gie, mise en scène). Dans l’ordre, L’or du Rhin pour le prĂ©lude, puis les 3 journĂ©es : La Walkyrie, Siegfried enfin Le CrĂ©puscule des dieux.  Soit 13 soirĂ©es wagnĂ©riennes. le cycle peut ĂŞtre Ă©coutĂ© dans la quasi continuitĂ© les 22,23,26 et 29 mars 2015. Production dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ©e en 2012.

Wagner 2014 : Le Ring nouveau de BayreuthLa TĂ©tralogie raconte sur le registre Ă©pique et universel l’accomplissement de la barbarie et de l’indignitĂ© humaine sur le monde et les hommes. L’ĂŞtre intelligent et faux bâtisseur (Wotan) construit sa propre perte en imposant ses règles : manipulation, vol, tyrannie, impĂ©rialisme. Avide et vĂ©nal, le Dieu des dieux se montre parfaitement indigne de son prestige. Pour dĂ©rober l’autoritĂ© qu’il prĂ©tend dĂ©tenir, il a perdu un oeil et s’est taillĂ© une lance dans le bois du hĂŞtre primordial… Ici le pouvoir rend fou et l’amour de l’or, totalement inhumain. Dans L’or du Rhin, l’or pur du fleuve garant de l’Ă©quilibre naturel est dĂ©robĂ© par Alberich, Ă  son tour dĂ©possĂ©dĂ© par… Wotan lequel pour Ă©difier son palais du Walhalla, trompe abusivement les GĂ©ants. A la fin du Prologue, Wotan et sa clique divine monte au sommet : image de l’orgueil dĂ©mesurĂ©, leur ascension annonce dĂ©jĂ  leur chute.
Dans La Walkyrie paraĂ®t l’amour, celui du couple Siegmund et Sieglinde, les parents du hĂ©ros Ă  venir : Siegfried. Ils sont tous les deux sacrifiĂ©s sur l’autel du cynisme de Wotan : mais sa propre fillle, la Walkyrie BrĂĽnnhilde ose braver l’ordre du père. Sieglinde pourra enfanter le hĂ©ros Ă  naĂ®tre, mais elle perdra son statut et deviendra simple mortelle, protĂ©gĂ©e par un rideau de feu.
Siegfried raconte l’enfance du hĂ©ros attendu. Comment Alberich son tuteur lui cache sa nature exceptionnelle et mourra sous la lame de son Ă©pĂ©e. Le hĂ©ros qui ne connaĂ®t pas la peur, assassine le dragon : il peut rejoindre la Walkyrie sur son rocher pour l’Ă©pouser…
Dans le CrĂ©puscule des dieux, la prophĂ©tie s’accomplit et Wotan doit cĂ©der la place Ă  Siegfried. Pourtant, ce dernier trop naĂŻf et manipulable se laisse berner par le clan de Gibishungen : il trahit BrĂĽnnhilde, et meurt honteusement Ă  la suite d’un complot : sa mort puis l’ample monologue de BrĂĽnnhilde annonçant une ère nouvelle sont les deux temps forts d’une partition parmi les plus rĂ©ussies de tout le cycle.

La Tétralogie wagnérienne à Munich
Der Ring des Nibelungen

agenda
L’or du Rhin,  Das Rheingold
Les 20,27 février puis 11 et 22 mars 2015

La Walkyrie, Die WalkĂĽre
Les 28 février puis 6,14,23 mars 2015

Siegfried
Les 8,16,26 mars 2015

Götterdämmerung
Les 20 et 29 mars 2015

Illustrations : Odin par Arthur Rackham, Richard Wagner (DR)

Compte rendu, opĂ©ra. Paris. OpĂ©ra de Paris, le 20 novembre 2014. Engelbert Humperdinck : Hansel et Gretel. Andrea Hill, Bernarda Bobro, Imgard Vilsmaier, Doris Lamprecht, Jochen Schmeckenbecher… Orchestre et choeur d’enfants de l’OpĂ©ra de Paris. Yves Abel, direction. Mariame ClĂ©ment, mise en scène

humperdinck-palais-garnier-paris-nov-dec-2014-operaOpĂ©ra incontournable du NoĂ«l outre-Rhin, l’opĂ©ra fĂ©erique Hansel et Gretel d’Engelbert Humperdinck, sur le livret d’Adelheid Wette d’après le cĂ©lèbre conte des frères Grimm, revient Ă  l’OpĂ©ra National de Paris un an après son entrĂ©e au rĂ©pertoire de l’illustre maison. En 2013, soit 120 ans après la crĂ©ation de l’œuvre, Mariame ClĂ©ment signe la mise en scène qui est reprise cette saison. Le chef Yves Abel assure la direction musicale de l’orchestre et d’une distribution des chanteurs-acteurs d’une qualitĂ© remarquable.

 

 

 

délectable et joyeux mélange de lourdeur et de légèreté

 

humperdinck_03Engelbert Humperdinck (1854 – 1921) a composĂ© plusieurs Ĺ“uvres lyriques, la première et la plus cĂ©lèbre aujourd’hui est Hänsel und Gretel, « festival sacrĂ© pour les enfants ». Sa composition est plutĂ´t accidentelle au dĂ©but. En fait, Humperdinck commence des Ă©tudes d’architecture Ă  l’universitĂ© de Cologne quand le compositeur Ferdinand Hiller le convainc de se consacrer Ă  la composition. En 1879, il gagne le Prix Mendelssohn qui lui permet de sĂ©journer en Italie oĂą il rencontre Richard Wagner ; ce dernier, par la suite l’invite Ă  Bayreuth pour l’assister Ă  la prĂ©paration de Parsifal (NDLR: créé en 1882). Humperdinck avait composĂ© des Ĺ“uvres chorales et orchestrales, mais tient en fait un poste de professeur de musique quand sa sĹ“ur Adelheid Wette lui demande d’Ă©crire 4 chansons pour la pièce pour enfants qu’elle a Ă©crit d’après le conte de Hansel et Gretel des frères Grimm. Au dĂ©but rĂ©ticent, le compositeur finit par ĂŞtre si fascinĂ© par l’histoire qu’il crĂ©e une partition lyrique intĂ©grale qu’il envoie Ă  Richard Strauss pour recueillir son avis. Strauss rĂ©pond Ă  Humperdinck : « Ton opĂ©ra m’a enchantĂ©. C’est vĂ©ritablement un chef d’oeuvre ; il y a longtemps que je n’avais pas vu un ouvrage d’une telle importance. J’admire la profusion mĂ©lodique, la finesse, la richesse polyphonique de l’orchestration (…) tout cela est neuf, original, vraiment allemand. ».

En effet, Humperdinck se sert de l’orchestre romantique wagnĂ©rien et des procĂ©dĂ©s musicaux que Wagner a popularisĂ©, pour mettre en musique le conte fantastique du frère et de la soeur perdus dans la forĂŞt et sĂ©questrĂ©s par une sorcière qui veux les manger. Pour se faire, il se sert des sources folkloriques, des rythmes dansants et des thèmes de contines. Le succès incontestable repose sur l’Ă©criture savante, complexe, sans aucune concession, mais qui demeure accessible par la riche inspiration mĂ©lodique issue des musiques populaires. Une façon d’Ă©quilibrer les extrĂŞmes, d’un cĂ´tĂ© l’aspect sombre et psychologique du conte, qui gagne en puissance dramatique grâce Ă  l’orchestre ; de l’autre, la naĂŻvetĂ©, la magie, les jeux de l’enfance imaginĂ©e, Ă©voquĂ©s continĂ»ment par le chant.

hansel gretel opera garnier 2014Impossible qu’une telle Ĺ“uvre laisse le public parisien indiffĂ©rent, si attirĂ© par la psychanalyse et si wagnĂ©rien, mais aussi tellement amateur de clartĂ© et de lĂ©gèretĂ©. Dans ce sens, l’œuvre de Mariame ClĂ©ment s’accorde savamment Ă  l’opus, ma non troppo. Avec sa scĂ©nographe fĂ©tiche Julia Hansen, elle prĂ©sente l’action du point de vue des enfants. Le dĂ©cors unique de la maison scindĂ©e reprĂ©sente très directement l’idĂ©e omniprĂ©sente du dĂ©doublement. Nous avons droit alors Ă  la « rĂ©alité » et Ă  la vĂ©ritĂ© des enfants, au mĂŞme plan, mais en parallèle, sĂ©parĂ© par les arbres anonymes de la forĂŞt lĂ©gèrement Ă©voquĂ©e. Une idĂ©e qui a le bizarre potentiel de faire couler des litres d’ancre ou absolument rien du tout, puisque qui pourra faire un jugement de valeur de l’enfance, d’une enfance, de la pĂ©riode la plus fantasmĂ©e et idĂ©alisĂ©e de l’imaginaire collectif ? Comme souvent chez la jeune metteure en scène, le travail d’acteur est remarquable, et le parti pris esthĂ©tique, souvent très intellectuel, est tout Ă  fait rĂ©ussi.

La chevauchĂ©e humoristique de la Sorcière au 3ème acte, avec ces clones dansant le cabaret, est d’une justesse non nĂ©gligeable, en ce qui concerne la musique et le texte, et surtout très divertissant. Les jeux des perspectives est parfois utilisĂ© de façon humoristique Ă©galement, comme lorsque la Sorcière nourrit le petit Hansel prisonnier dans une chambre Ă  faire friser les arachnophobes (clin d’œil aux araignĂ©es de l’artiste Louise Bourgeois). Si le propos si sympathique de ClĂ©ment se distingue par son inscription Ă©vidente dans l’Ă©poque actuelle (grâce Ă  l’approche cinĂ©matographique et Ă  la diffĂ©rence des mises en scènes passĂ©istes et nĂ©o-avant-gardistes si courantes), sa rĂ©alisation laisse parfois perplexe.

Au point qu’il existe presque parfois un dĂ©calage trop flagrant entre les deux rĂ©alitĂ©s prĂ©sentĂ©es … C’est comme si un effet miroir (et donc d’imitation prĂ©cise) Ă©tait recherchĂ©, et pourtant jamais rĂ©ussi ; ailleurs les diffĂ©rences sont si clairement explicitĂ©es, souvent par le dĂ©cor seul, que cela doit ĂŞtre fait exprès. Par moment,  il se passe beaucoup de choses sur le plateau, ceci n’enlève rien Ă  la musique ni au texte, bien heureusement… mais qu’apporte concrètement cette agitation ?

NĂ©anmoins, globalement, il s’agit d’une production de grande valeur, dont l’apprĂ©ciation peu ĂŞtre mitigĂ©e, mais ne justifiant absolument pas les quelques huĂ©es vers l’Ă©quipe artistique pendant les saluts, des cris vulgaires qui ne font qu’enlaidir un palais de beautĂ©.

La musique, vĂ©ritable protagoniste de l’œuvre, a sans doute eu l’effet Ă  la fois apaisant et enchanteur qu’on attendait. Hansel et Gretel sont interprĂ©tĂ©s par les jeunes Andrea Hill et Bernarda Bobro respectivement. Leur prestation est remarquable tous points de vue confondus. Leurs voix s’accordent d’une très belle façon, avec une facilitĂ© et un naturel qui rehaussent la fraĂ®cheur de l’œuvre.

Leurs nombreux duos repartis tout au long des trois actes sont un mĂ©lange de douceur champĂŞtre, de vivacitĂ©, d’humour, de tendresse, mais pas que. Les parents, quoi que moins prĂ©sents, sont tout aussi investis. Jochen Schmeckenbecher et Irmgard Vilsmaier sont très crĂ©dibles, le premier a un timbre presque solaire qui sied parfaitement Ă  l’image d’un père aimant ; la seconde, une allure et une couleur imposante d’humanitĂ©. La Sorcière de Doris Lamprecht a un je ne sais quoi typique des vilaines charmantes, un parti-pris qui ne plaĂ®t pas Ă  tout le monde, mais que nous trouvons tout Ă  fait dĂ©licieux ! Dans ce sens sa performance est plus magnĂ©tique qu’Ă©lectrisante, et tant mieux, puisque sa musique, en dĂ©pit de la pesanteur wagnĂ©rienne, est de nature folklorique et populaire.

Remarquons Ă©galement le Petit Bonhomme RosĂ©e d’Olga Seliverstova, pour ses dĂ©buts Ă  l’OpĂ©ra de Paris, pĂ©tillant, ou encore les petits chanteurs de la MaĂ®trise des Hauts-de-Seine et du Choeur d’enfants de l’OpĂ©ra National de Paris qui rĂ©alisent un sommet de tendresse Ă  la fin du troisième et dernier acte. Le chef Yves Abel, quant Ă  lui, trouve un Ă©quilibre idĂ©al entre le plateau et l’orchestre. Un fait pas du tout anodin tenant en compte les spĂ©cificitĂ©s de la partition. Dès l’ouverture, la beautĂ© somptueuse et mystĂ©rieuse des cuivres et des bois, sous le fond des cordes modulantes très wagnĂ©rien, captive. S’enchaĂ®ne ensuite une sĂ©rie des chansons populaires allemandes plus ou moins transfigurĂ©es par Humperdinck. L’orchestre arrive Ă  Ă©tablir l’atmosphère du conte, sombre et pesante, sans pour autant perdre en brio et en vivacité ! Les instrumentistes font preuve d’une complicitĂ© superbe qui se traduit par une performance pleine d’Ă©clat et des nuances.

humperdinck-palais-garnier-paris-nov-dec-2014-operaUn spectacle formidable, souvent savoureux, toujours tendre ; un plat de Noël gourmand et raffiné, à consommer sans modération au Palais Garnier, encore les 25 et 28 novembre ainsi que les 1er, 4, 9, 11, 14, 16, 18 décembre 2014.

Wagner : l’acte III de Parsifal

Richard Wagner 2013logo_francemusiqueFrance Musique. Le 23 novembre 2014, 20h30. Parsifal, Acte III. La Tribune des critiques de disques. Enjeux, dĂ©fis. Discographie. L’Acte III de Parsifal met en scène le retour victorieux de l’élu (Parsifal : « le chaste et fol qui ignore le pĂ©ché ») qui en revenant parmi les chevaliers du Graal, avec la lance qu’il a su dĂ©rober au magicien malĂ©fique Klingsor, rĂ©tablit l’espoir dans la communautĂ©. Parsifal touchĂ© par la souffrance d’Amfortas le guĂ©rit comme il accompagne le dernier souffle de Kundry, la pĂ©cheresse enfin comprise, pardonnĂ©e, graciĂ©e. Au coeur d’une humanitĂ© reconquise, Parsifal comme le Christ affirme la seule loi de l’amour et du pardon. C’est pourquoi beaucoup considère l’ouvrage comme un rituel liturgique, un festival sacrĂ© oĂą tout applaudissement est sacrilège… L’opĂ©ra s’achève dans une prière finale. Pour son ultime opĂ©ra (créé Ă  Bayreuth en juillet 1882 sous la direction de l’excellent Hermann Levi), Wagner puise auprès de trois sources : Perceval le Gallois de ChrĂ©tien de Troyes, Parsifal de Wolfram von Eschenbach, enfin le cycle des rĂ©cits arthuriens dĂ©posĂ©s dans le Mabinogion. Le compositeur fidèle Ă  ses convictions profondes enracinĂ©es autour du pessimisme, de la culpabilitĂ© et de la malĂ©diction du genre humain, choisit, associe, combine les Ă©lĂ©ments divers pour concevoir une scène « sacrĂ©e », oĂą pèsent de tous leurs symboles, les Ă©lĂ©ments de la passion chrĂ©tienne : plaie ouverte et coulante du roi Amfortas Ă©puisĂ©, extĂ©nuĂ©, incapable de servir l’office (au cours de la longue messe qui clĂ´t le I) ; signe de la croix de Parsifal quand il vainc les enchantements diaboliques de Klingsor au II ; figure ascensionnelle de Kundry, crĂ©ature Ă  la solde du magicien noir puis figure du pardon et de la rĂ©demption au III… Jamais Wagner n’aura Ă  ce point dĂ©velopper la riche texture de son orchestre, un orchestre souverain qui dilate et suspend le temps, rĂ©organise la mĂ©moire, intensifie la conscience aussi, rĂ©vèle aux auditeurs spectateurs ce qui ne pouvait ĂŞtre dit jusque lĂ . La force de Parsifal, surtout dans l’acte III, c’est la magie d’un spectacle total au service d’une mystique humaniste dont le message est l’amour et l’espoir.

Wagner et les juifs

Richard WagnerARTE. Wagner et les juifs. Dimanche 9 novembre 2014, 17h30. Le compositeur Richard Wagner entretint avec les juifs des rapports plus riches et plus complexes que ce que peuvent laisser croire ses positions antisĂ©mites. La question est : Wagner fut-il plus antisĂ©mite que ces contemporains ? L’antisĂ©mitisme de Richard Wagner Ă©tait de notoriĂ©tĂ© publique et pourtant, certains de ses mĂ©cènes les plus ardents Ă©taient de confession juive. Dans ce documentaire, le rĂ©alisateur amĂ©ricain Hilan Warshaw se penche sur les rapports complexes qu’entretenait Wagner avec les juifs et raconte les histoires Ă©difiantes d’Hermann Levi, le chef juif qui entendait comme personne la musique de son divin mentor, et celle de Carl Tausig, qui comptaient parmi ses collaborateurs les plus proches. Hilan Warshaw s’est rendu en Allemagne, en Suisse et en Italie, oĂą le compositeur a vĂ©cu et travaillĂ©. Au fil d’extraits d’opĂ©ra, Ă  l’appui de nombreux interviews de personnalitĂ©s, il aborde une question qui fait controverse : peut-on jouer les Ĺ“uvres de Richard Wagner en IsraĂ«l ? Le chef israĂ©lo-palestinien Daniel Barenboim ne s’encombre pas d’un tel cas de conscience : pour lui, le message d’amour et de compassion fraternel qui Ă©mane du Ring et la magie hypnotique de l’opĂ©ra Tristan und Isolde, sommet du romantisme europĂ©en (1865) suffisent Ă  rĂ©pondre Ă  une « fausse question ». Pourtant, les opĂ©ras de Wagner sont toujours persona non grata en IsraĂ«l…

arte_logo_2013ARTE. Wagner et les juifs. Dimanche 9 novembre 2014, 17h30. Documentaire de Michel Beyer et Steffen Herrmann (États-Unis, 2013, 52mn)

France Musique. Ce soir, L’Or du Rhin de Wagner, 20h (Bayreuth 2014)

Festspielhaus BayreuthFrance Musique. Ce soir, L’Or du Rhin de Wagner, 20h (Bayreuth 2014). Reprise du Ring 2013 Ă  Bayreuth 2014. Sous la direction de Kirill Petrenko, ardent chef lyrique, le drame cynique wagnĂ©rien saura-t-il nous sĂ©duire ? Wagner, compositeur dĂ©sespĂ©rĂ©, amer, de surcroĂ®t incompris, conçoit une scène barbare. S’il y convoque la fĂ©erie, ou plutĂ´t les personnages de la lĂ©gende (naĂŻades, nains, gĂ©ants, dieux…), c’est Ă  seule fin de les parodier pour mieux dĂ©voiler l’horreur d’un monde politisĂ© qui a perdu son harmonie originelle. Le cynisme que l’on dĂ©nonce souvent comme un dĂ©tournement de l’oeuvre, est donc inscrit dans la partition et son livret, (rĂ©digĂ© par Wagner) et l’on a tort d’exiger de la fĂ©erie, lĂ  oĂą elle n’apparaĂ®t que dans un certain dessein. L’enjeu de L’Or du Rhin est d’autant plus essentiel qu’en tant que Prologue, l’ouvrage, -prĂ©ambule aux trois JournĂ©es suivantes-, pose clairement cadre, situations, enjeux et ambitions des personnages pour tout le cycle : ambition impĂ©rialiste de Wotan, manipulation gĂ©nĂ©rale dans un monde vouĂ© Ă  l’or et les tractations politiques… C’est pourtant le dĂ©but de la fin car mĂŞme s’il se fait livrer par les gĂ©ants dĂ©faits, son palais du Walhalla, Wotan a souhaitant prendre possession de l’univers, signe aussi son arrĂŞt de Wagner : le Ring du Bayreuth 2014mort… La production diffusĂ©e ce soir par France Musique a soulevĂ© bien des rĂ©actions plutĂ´t contraires, au point que pour la première fois de son histoire, la colline verte prĂ©sentait le Ring sans avoir vendu toutes les places. La machine Bayreuth fait-elle encore rĂŞver ? On veut bien que le théâtre construit par Wagner propose la meilleure acoustique du monde … mais les voix souvent indignes et les mises en scène trop dĂ©calĂ©es refroidissent les ardeurs pour y venir en masse. Alors faĂ®tes comme nous, savourez ou dĂ©couvrez Le Ring de Bayreuth 2014, dans votre fauteuil, en suivant la diffusion sur France du premier volet de la TĂ©tralogie, soir L’Or du Rhin, ce soir Ă  partir de 20h.

Lire aussi  Bayreuth 2014 : Rien ne va plus !

Lire aussi la Tétralogie de Wagner, voir la distribution complète du Ring du Bayreuth 2014

Bayreuth 2014. Histoire d’un désastre annoncé ? Rien ne va plus à Bayreuth.

Festspielhaus BayreuthBayreuth 2014 : rien ne va plus ! Les prochaines semaines seraient-elles décisives pour Bayreuth ? Tout semble aller de plus en plus mal sur la colline verte léguée par Wagner qui y souhaitait déployer un festival populaire et généreux, accessible et magicien, totalement dévolu à son œuvre lyrique … Rien de tel en vérité depuis plusieurs années.  La Chancelière Angela Merkel, présente depuis 9 ans (2005) à chaque ouverture de festival a fait savoir qu’elle reportait sa présence en cours de Festival. Du jamais vu. Un camouflet pour Bayreuth dont la première soirée ne fait plus la une des médias, sauf peut-être pour le scandale qu’elle suscite ou l’agacement qu’elle engendre.

Crise sur le festival créé par Wagner en 1876

Tempête et désaffection sur Bayreuth

Wagner Katharina Bayreuth Eva WagnerDe fait, le TannhaĂĽser programmĂ© ce 25 juillet, celui de l’Allemand Sebastian Baumgarten (créé in situ en 2011, et passablement laid Ă  force de dĂ©calages Ă  tout va) reprĂ©sente les choix contestĂ©s de la direction du Festival : provocation et relecture. Objectivement, Bayreuth en dĂ©pit de son prestige (de sa salle Ă©laborĂ© par Wagner, de son orchestre dans sa fosse semi-couverte…) ne fait plus rĂŞver. Les productions agacent mĂŞme d’annĂ©e en annĂ©e. Voix dĂ©sĂ©quilibrĂ©es (Ă  part quelques tĂŞtes d’affiches dont le tĂ©nor Jonas Kaufmann), mises en scène absurdes, incohĂ©rentes, chefs inĂ©gaux… Bayreuth est de toute Ă©vidence un festival en perte d’aura : Ă  trop vouloir Ă©largir son audience, faire jeune et punk, rajeunir les lectures et oser de nouveaux dispositifs scĂ©niques, la direction actuelle, partagĂ©e par les deux hĂ©ritières et arrières-petites-filles du fondateur Richard, Katharina Wagner et Eva Wagner-Pasquier, a fini par sacrifier la qualitĂ© et la magie du lieu et de son offre musicale. Qu’en sera-t-il en 2015, quand Katharina prendra seule la direction du l’auguste maison familiale ? On peut craindre le pire de la part d’une femme de théâtre qui s’entĂŞte dans une ligne radicale. En LIRE +

 

Le Ring de Bayreuth 2014 : Ce soir le 3 août 2014 dès 20h, puis les 10,17 et 24 août sur France Musique (direction musicale : Kirill Petrenko)

 

 

 

Bayreuth 2014. Histoire d’un désastre annoncé ? Rien ne va plus à Bayreuth.

Festspielhaus BayreuthBayreuth 2014 : rien ne va plus ! Les prochaines semaines seraient-elles décisives pour Bayreuth ? Tout semble aller de plus en plus mal sur la colline verte léguée par Wagner qui y souhaitait déployer un festival populaire et généreux, accessible et magicien, totalement dévolu à son œuvre lyrique … Rien de tel en vérité depuis plusieurs années.  La Chancelière Angela Merkel, présente depuis 9 ans (2005) à chaque ouverture de festival a fait savoir qu’elle reportait sa présence en cours de Festival. Du jamais vu. Un camouflet pour Bayreuth dont la première soirée ne fait plus la une des médias, sauf peut-être pour le scandale qu’elle suscite ou l’agacement qu’elle engendre.

Crise sur le festival créé par Wagner en 1876

Tempête et désaffection sur Bayreuth

 
Wagner Katharina Bayreuth Eva WagnerDe fait, le TannhaĂĽser programmĂ© ce 25 juillet, celui de l’Allemand Sebastian Baumgarten (créé in situ en 2011, et passablement laid Ă  force de dĂ©calages Ă  tout va) reprĂ©sente les choix contestĂ©s de la direction du Festival : provocation et relecture. Objectivement, Bayreuth en dĂ©pit de son prestige (de sa salle Ă©laborĂ© par Wagner, de son orchestre dans sa fosse semi-couverte…) ne fait plus rĂŞver. Les productions agacent mĂŞme d’annĂ©e en annĂ©e. Voix dĂ©sĂ©quilibrĂ©es (Ă  part quelques tĂŞtes d’affiches dont le tĂ©nor Jonas Kaufmann), mises en scène absurdes, incohĂ©rentes, chefs inĂ©gaux… Bayreuth est de toute Ă©vidence un festival en perte d’aura : Ă  trop vouloir Ă©largir son audience, faire jeune et punk, rajeunir les lectures et oser de nouveaux dispositifs scĂ©niques, la direction actuelle, partagĂ©e par les deux hĂ©ritières et arrières-petites-filles du fondateur Richard, Katharina Wagner et Eva Wagner-Pasquier, a fini par sacrifier la qualitĂ© et la magie du lieu et de son offre musicale. Qu’en sera-t-il en 2015, quand Katharina prendra seule la direction du l’auguste maison familiale ? On peut craindre le pire de la part d’une femme de théâtre qui s’entĂŞte dans une ligne radicale.
RIng bayreuth 1876Cet été, retransmis intégralement et en décalé par France Musique, Le Ring de l’allemand Frank Castorf est à nouveau programmé (Kirill Petrenko, direction musicale ; consulter ici les dates des retransmissions du Ring de Bayreuth 2014 sur France Musique) ; après sa création en 2013, la production de cette Tétralogie a de la même façon que les spectacles précédents, suscité un immense scandale, semé d’irritation, d’ennui, de déception : les tableaux s’y succèdent à la façon d’une BD vulgaire aux effets anecdotiques. Mais les dysfonctionnements ne concernent pas seulement les têtes pensantes et le public : le metteur en scène lui-même, Frank Castorf, embauché après des tentatives vaines auprès de Wim Wenders, envisage de porter plainte contre les deux directrices : choisi au dernier moment, il lui aurait été refusé un délai décent pour travailler sur Le Ring ; surtout, l’intéressé regrette un climat de suspicion, de peur, un climat délétère digne de la guerre froide… imposé et entretenu par les deux corégentes. Ambiance. Bayreuth dans son projet originel, celui souhaité par Wagner, n’est plus que poussière. La Colline verte vit ses heures les plus délicates… à force d’être dénaturé, le Festival le plus célèbre de Bavière pourrait bien y perdre définitivement son âme et toute attraction. A part la fierté d’y obtenir une place, le mélomane avisé sait bien que les plus beaux spectacles wagnériens ne sont plus créés à Bayreuth. C’est bien tout le problème du Festival qui n’a plus l’exclusive du répertoire ni la garantie de la pertinence des propositions lyriques. Le signe alarmant le plus manifeste est envoyé de la billetterie cette année : alors qu’il fallait attendre jusqu’à 10 ans pour obtenir une place (après avoir été intégré sur une liste d’attente), Bayreuth en 2014 a mis en vente des billets sur son site internet… et certains spectacles (Le Ring justement), ne sont toujours pas complets. Une première et un comble pour un festival qui depuis des décennies proposait les soirées à guichet fermé. Rien ne va plus à Bayreuth.

Le Festival de Bayreuth 2014 n’affiche aucune nouvelle production (la dernière celle du Ring en 2013 se voulait emblĂ©matique). 7 opĂ©ras y sont prĂ©sentĂ©s en 30 reprĂ©sentations jusqu’au 28 aoĂ»t 2014. Attention pour les heureux festivaliers qui pourront y goĂ»ter l’acoustique d’Ă©poque, le théâtre de Bayreuth est en restauration (la façade est totalement restaurĂ©e, comme la maison du compositeur ” Wahnfried “, – construite grâce Ă  Louis II de Bavière pour Wagner entre 1872 et 1874-, Ă©galement restaurĂ©e …

 

 

Illustration : le premier Ring représenté à Bayreuth du vivant de Wagner en 1876, grâce au financement alloué par Louis II de Bavière

Livres. François Bronner : François Antoine Habeneck (1781-1849)

habeneck francois antoine HABENECKCLIC D'OR macaron 200Livres. François Bronner : François Antoine Habeneck (1781-1849). Voici enfin une biographie dĂ©diĂ©e Ă  François Antoine Habeneck (1781-1849), figure majeure dans le Paris romantique et musical propre Ă  la Restauration (le très rossinien Charles X) puis sous le règne de Louis-Philippe. Le sujet est d’autant plus important que la France  ignore toujours que Paris fut avant Vienne, une capitale symphonique europĂ©enne, concevant 14 ans avant les concerts philharmoniques viennois (fondĂ©s en 1842 par Otto NicolaĂŻ), la SociĂ©tĂ© des concerts du Conservatoire dès 1828 Ă  l’initiative  du visionnaire Habeneck. L’idĂ©e Ă©tait de constituer un orchestre indĂ©pendant d’une salle, entièrement dĂ©diĂ© aux concerts, en s’appuyant sur la richesse des classes d’instruments du Conservatoire : dĂ©fense d’un rĂ©pertoire, professionnalisation des jeunes instrumentistes. Il est vrai que le rĂ©pertoire qui y est jouĂ©, dĂ©fendu par Habeneck lui-mĂŞme reste majoritairement germanique, centrĂ© surtout autour des Symphonies de Beethoven, modèle pour tous : de 1828 Ă  1840, le chef d’orchestre estimĂ© fait jouer toutes les symphonies de Beethoven, mais aussi les oeuvres de Mozart, sans omettre de donner sa chance aux jeunes compositeurs dont… le fougueux Berlioz : dans le temple de la musique beethovĂ©nienne, Habeneck crĂ©e la Fantastique le 1er novembre 1830, un Ă©vĂ©nement dĂ©cisif de l’histoire de la musique qui montre combien Paris grâce Ă  Habeneck Ă©tait devenu l’annĂ©e de la RĂ©volution bourgeoise, un foyer musical particulièrement actif sur le plan symphonique. Après avoir soutenu de la mĂŞme façon Mendelssohn, les mĂ©connus Farrenc ou Onslow (le Beethoven français), Schneitzhoeffer (compositeur pour La Sylphide) et Elwart, sans omettre ses confrères, Ries ou Spohr, Habeneck aura moins de curiositĂ©, l’institution créée basculant dans une certaine routine. Dans le Paris post napolĂ©onien, Habeneck, dĂ©terminĂ©, assidu grava les Ă©chelons obstinĂ©ment au sein de l’orchestre de l’OpĂ©ra : son gĂ©nie de la direction d’orchestre (plus de bâton, plus de violon directeur) le distingue parmi ses pairs. Le chef s’impose irrĂ©sistiblement Ă  Paris, comme chef principal Ă  l’AcadĂ©mie royale (crĂ©ant les opĂ©ras de Rossini dont Guillaume Tell en 1829), puis Ă  l’OpĂ©ra. Travail en profondeur, sens des nuances, respect de la partition : tout indique chez lui l’un des premiers chefs d’orchestre, ambassadeur d’une Ă©thique nouvelle, celle qui fit l’admiration entre autres de Wagner, le seul musicien parmi ses contemporains, sincère et tenace Ă  lui rendre hommage ; mais aussi de Balzac qui le cite expressĂ©ment comme l’emblème de la prĂ©cision et de l’énergie. Cette exactitude lui inspire une autre rĂ©forme, celle de l’abaissement du ton de l’orchestre de l’OpĂ©ra devenu nĂ©cessaire au regard de l’Ă©volution des styles et du rĂ©pertoire jouĂ©. Habeneck est un boulimique, douĂ© d’une grande activitĂ©, passionnĂ© par la question de l’Ă©criture symphonique, beethovĂ©nien convaincu.

 

 

Habeneck, premier chef moderne

 

habeneck_02Pourtant engagĂ© Ă  dĂ©fendre ses Ĺ“uvres, Habeneck fut bientĂ´t critiquĂ© vertement par Berlioz dont la carrière de chef  (lui aussi) rivalisa rapidement avec celle de son contemporain…. triste retournement d’estime pour celui qui crĂ©a la Symphonie Fantastique (1830) puis le Requiem (1837). Après avoir recherchĂ© pour la rĂ©ussite de ses concerts au Conservatoire, la direction foudroyante de son ancien ami, Berlioz n’aura plus bientĂ´t d’adjectifs assez dĂ©prĂ©ciatifs pour enfoncer son premier dĂ©fenseur… Violoniste dans l’Orchestre de l’OpĂ©ra de Paris (1804), Habeneck devient aussi professeur au Conservatoire (1808) ; nommĂ© premier violon de l’Orchestre de l’OpĂ©ra en 1817 Ă  26 ans, il devient directeur de l’AcadĂ©mie royale de musique en 1821, puis premier chef d’orchestre Ă  l’OpĂ©ra en 1825. Il assure la crĂ©ation des opĂ©ras majeurs de son temps : Guillaume Tell de Rossini, Robert le diable de Meyebeer, Benvenuto Cellini de Berlioz… A l’AcadĂ©mie, autour d’un recrĂ©ation de l’IphigĂ©nie en Aulide de Gluck (1822), il tente de soutenir les opĂ©ras français signĂ©s (Reicha, Berton, HĂ©rold, Kreutzer)… sans grands rĂ©sultats car le goĂ»t est italien et rossinien : un autre Ă©chec demeure la crĂ©ation du Freischutz de Weber, finalement accueilli par l’OdĂ©on (certes dĂ©formĂ© et dĂ©naturĂ© en 1824). Son grand Ĺ“uvre demeure la crĂ©ation de la SociĂ©tĂ© des concerts du Conservatoire en 1828, l’ancĂŞtre de notre Orchestre de Paris instituĂ© par Charles Munch en 1967. Outre ses travaux pour la qualitĂ© d’un orchestre permanent Ă  Paris, dĂ©fenseur du rĂ©pertoire symphonique, Habeneck en crĂ©ant la nouvelle SociĂ©tĂ© des concerts, institua le premier, une caisse de retraite en faveur des membres et musiciens sociĂ©taires. Mort en 1849, Habeneck participe indiscutablement au milieu musical parisien, constatant l’engouement pour l’opĂ©ra italien et  la faveur unanime pour Rossini. ElĂ©ment finalement dĂ©risoire de la grande machine officielle française, son pĂ©rimètre d’action est cependant fort Ă©troit, confrontĂ© aux dysfonctionnements multiples et aux intrigues d’une administration paralysĂ©e, sans guère de moyens, mais aux ambitions affichĂ©es, contradictoires, toujours conquĂ©rantes.

L’auteur auquel nous devons chez le mĂŞme Ă©diteur : La Schiassetti, Jacquemont, Rossini, Stendhal… une saison parisienne au Théâtre-Italien, signe lĂ  une nouvelle rĂ©ussite : il ne s’agit pas tant de prĂ©ciser le portrait d’un chef et musicien exceptionnel (l’esquisse historique est en soi rĂ©ussie) que de restituer surtout le bouillonnement d’une pĂ©riode musicale extrĂŞmement riche sur le plan des initiatives nouvelles et de la crĂ©ation des Ĺ“uvres. Le destin et l’oeuvre d’Habeneck malgrĂ© les tensions, oppositions multiples, jalousies qui sèment son parcours, n’en sont que plus admirables. Passionnant.

 

 

Livres. François Bronner : François Antoine Habeneck (1781-1849).  Collection Hermann Musique. ISBN: 978 2 7056 8760 1. 288 pages (15 x 23 cm). Prix indicatif : 35 €.

Lire aussi notre entretien avec l’auteur, François Bronner

 

 

Le Ring du Bayreuth 2014

wagner grand formatFrance Musique Ă  Bayreuth.Wagner : Der Ring, les 3,10,17,24 aoĂ»t 2014. Que vaut Le Ring version Bayreuth 2914 ? La direction musicale est assurĂ©e par le chef Kirill Petrenko, nĂ© en 1972 Ă  Omsk. Et pour chanteurs, un plateau de wagnĂ©riens mĂ©connus/inconnus jusque lĂ … C’est avĂ©rĂ©, et depuis une dĂ©cennie voire deux… les meilleures productions wagnĂ©riennes n’ont plus guère lieu sur la colline verte, et c’est bien le drame de Bayreuth actuellement. Ce ne sont pas les mises en scène dĂ©calĂ©es branchĂ©es souvent très laides ou tristement gadgets qui compensent l’absence de qualitĂ© musicale et de cohĂ©rence dramatique. Mais Ă  chaque Ă©dition estivale du festival conçu par Richard Wagner lui-mĂŞme, le festivalier est en droit d’espĂ©rer une surprise voire un … miracle. Assister au Ring dans le théâtre Ă©difiĂ© par Wagner avec l’aide de Louis II de Bavière demeure en soi une expĂ©rience inoubliable : le premier Ring fut inaugurĂ© en 1876. La direction de Kirill Petrenko qui n’en est pas Ă  son premier Wagner ni son premier Ring suffira-t-elle Ă  emporter l’acuitĂ© expressive et poĂ©tique du drame wagnĂ©rien ? Souvent Ă  force de minutie attentive, de souci hĂ©doniste du son, les chefs en oublient surtout le mouvement enfiĂ©vrĂ© de l’action musicale … Et la mise en scène de Franck Castorff ? Qu’en sera-t-il en aoĂ»t 2014 ? Parions que ses dĂ©calages outranciers et sa frĂ©nĂ©sie confuse et laide digne d’une mauvaise BD ne provoquent le mĂŞme agacement qu’en 2013 oĂą le spectacle avait Ă©tĂ© créé et reçu de façon scandaleuse. A dĂ©faut de se dĂ©placer Ă  Bayreuth, France Musique diffuse les 4 volets de ce Ring Bayreuthien Ă  Ă©couter (plutĂ´t qu’Ă  voir).

petrenko-kirill-wagner-bayreuthL’Or du Rhin, dimanche 3 aoĂ»t 2014, 20h
La Walkyrie, dimanche 10 août 2014, 20h
Siegfried, dimanche 17 août 2014, 20h
Le Crépuscule des dieux, dimanche 24 août 2014, 20h

 

 

Approfondir
Consulter les distributions du Ring Bayreuth 2014 (Kirill Petrenko, direction) sur le site du Festival de Bayreuth

Lire notre dossier spécial La Tétralogie de Richard Wagner (1876)

L’Avant Scène OpĂ©ra spĂ©cial festival de Bayreuth