lundi 14 octobre 2024

CRITIQUE CD, coffret événement. WAGNER : DIE WALKÜRE / LA WALKYRIE / Solti, 1965 (4 SACD Decca classics)

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CRITIQUE CD, coffret événement. WAGNER : DIE WALKÜRE / LA WALKYRIE / Solti, 1965 (4 SACD Decca classics) – A l’heure où Tcherniakov se plaît à déconstruire voire réécrire le Ring de Wagner, il est bon de revenir aux fondamentaux en particulier le cycle d’enregistrement pionnier voire visionnaire piloté par l’incisif Solti de 1958 à 1965 qui enregistrait ainsi la première Tétralogie en stéréo à Vienne. Un bon technologique riche en détails et nuances restitués qui correspond aussi à une conception orchestrale de première classe et des chanteurs au verbe incarné somptueux (vision chambriste et théâtrale qu’approfondit encore Karajan chez DG). Dans une version totalement remastérisée (SACD, 24 bit/192kHz High resolution, …, pilotée par Dominic Fyfe, directeur de Decca classics) qui permet de mieux capter les effets de spatialisation tout en soulignant l’acuité et la justesse expressive du chant (dont la finesse ardente de Birgit Nilsson, Hans Hotter, Kirsten Flagstad…), le contenu de ce coffret luxueux bénéficie d’un soin éditorial qui répond à l’excellence de la vision du chef hongrois, pilier de la marque Decca. La série de réédition marque aussi les 25 ans de la mort de Solti (5 sept 2022). Ainsi se précise les caractères d’une lecture devenue à juste titre mythique où le chef Solti exprime musicalement ce « théâtre psychologique » façonné par le producteur du cycle John Culshaw, lequel souhaitait en 1966 que cet enregistrement devienne avec le temps un standard incontournable autant sur le plan technique qu’artistique. L’intuition était bonne car aujourd’hui le Dolby Atmos et les nouveaux outils de remastérisation dévoilent la justesse d’une lecture sidérante. 

 

 

PLUS D’INFOS sur le site de DECCA classics : https://www.deccaclassics.com/en/artists/sirgeorgsolti

 

 

Présentation de la réédition du RING / SOLTI grâce au Dolby Atmos : https://www.deccaclassics.com/en/artists/sirgeorgsolti/news/the-solti-ring-sounding-better-than-ever-before-267505

La réédition Dolby Atmos de la Walkyrie / Die Walküre inaugure un nouveau cycle remastérisé des 4 opéras du Ring, édité de novembre 2022 à mai 2023. Intégrale incontournable (15h de musique au total). 

Présentation sur le site SOLTIRING.COM de l’intégrale DER RING 2022 2023, avec à la clé une zone « explore » pour identifier les leit motiv par personnage et idée clés (Wotan, la Nature, Erda, Siegfried, etc…) :

https://www.soltiring.com/

 

 

 

 

VIDEO teaser de présentation / english

 

 

 

DISTRIBUTION

____________________________

Siegmund : James King
Sieglinde : “Régine Crespin”

Wotan : Hans Hotter
Brünnhilde : Birgit Nilsson
Hunding : Gottlob Frick
Fricka : Christa Ludwig

Gerhilde : “Vera Schlosser”
Ortlinde : “Helga Dernesch”
Waltraute : “Brigitte Fassbaender”
Schwertleite : “Helen Watts”
Helmwige : “Berit Lindholm”
Siegrune : “Vera Little”
Grimgerde : “Marilyn Tyler”
Roßweiße : “Claudia Hellmann”
Wiener Philharmoniker

Georg Solti, direction / conductor

“Studio recording in stereo / October 29-November 19, 1965”

 

 

 

 

CRITIQUE : NOTE 5/5  –  CLIC de CLASSIQUENEWS

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“Die Walküre » / La Walkyrie est le dernier opéra enregistré par Solti et Culshaw, en 1965, concluant ainsi le cycle pionnier enregistré dès 1958 pour Decca classics.

La lecture de la Walkyrie s’appuie sur une distribution solide, même si pour certains solistes, l’heure ne leur est pas des plus favorables : ainsi le cas du Wotan de Hans Hotter, interprète marquant et wagérien d’une rare subtilité psychologique capable de nuances et phrasés schubertiens (normal car il fut diseur hors pair dans les cycles de lieder de Franz). En 1965, la voix est usée, marquée par une carrière déjà impressionnante et qui a donné le meilleur d’elle-même. Mais quoique l’on puisse critiquer, la profondeur, la vérité de l’acteur (son monologue au II, axe de tout le Ring pour comprendre la défaite de ce Dieu déchiré, vaniteux ; son incantation au feu dans la scène finale) surclasse encore bien des Wotans, d’hier et d’aujourd’hui. 

Ce Wotan n’ déjà plus la gloire bourgeoise du bâtisseur de son palais au Walhala (dans l’opéra précédent L’Or du Rhin) ; il doute, est la proie de failles et de critiques, en particulier de son épouse Fricka, lors d’une scène clé (autant conjugale que philosophique, où le protecteur des contrats est bien obligé de suivre pour lui-même les règles édictées). Au final, le Ring dévoile l’étoffe humaine et fragile des dieux. A l’inverse, la Brünnhilde de Birgit Nilsson a le feu sacré, et la vaillance d’une demi déesse capable de tout, incarnant le meilleur de l’humanité par son amour et sa compassion : un phare vocal, devenu légende et modèle depuis la retraite de Kirsten Flagstad. 

Voix aussi juste et d’une profondeur dramatique irrésistible, Christa Ludwig éblouit tout autant en Fricka qui s’insurge, fière et arrogante, obtient de Wotan (… entre arrogance, indignation, mépris) la tête de sa fille préférée, La Walkyrie. Ce qui aboutit en fin d’action aux adieux du père à sa fille dans le chatoiement des flammes que l’on sait. 

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De même, les Welsungen, Siegmund et Sieglinde, James King et Régine  Crespin forment un couple altier et sauvage d’une force visionnaire absolue ; leur classe innerve dans le profil du duo incestueux, la pureté et l’inoncence amoureuse d’où naîtra … Siegfried ; de sorte que l’on comprend mieux comment à leur contact, la Walkyrie est touchée au cœur face à ce miracle de l’amour. Même pertinence pour le Hunding de Gottlob Frick, à la fois noir et noble. Reste l’apport du traitement remasterisé (Dolby Atmos) : Decca confirme sa maîtrise technologique et une sensibilité de caractérisation sonore qui font toujours sa légende ; n’écoutez que les cuivres dans la fameuse chevauchée (début du III), fins et incisifs, ronds pourtant et rageurs : un idéal acoustique difficile à égaler. La prise actualisée fait aussi surgir avec acuité, le ruban hyperactif des cordes, pourtant jamais épais et qui ne couvre pas les voix. Aucun doute, le théâtre wagnérien doit sa réussite surtout à la ciselure éruptive et lyrique de l’orchestre, ici les Wiener Philharmoniker, dont le sens du drame et les étagements magnifiquement restitués, sont délices. Du bien bel ouvrage.

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