Opéra de Paris / France Musique : WAGNER, LE RING JORDAN 2020

FRANCE MUSIQUE, WAGNER : Le Ring Jordan 2020, dès le 26 déc 2020. LE RING 2020 de l’Opéra National de Paris sur France Musique. Alors que la Tétralogie sera réalisée en huis clos en version de concert les 26, 28, 30 décembre 2020 et 2 janvier 2021 à l’Opéra Bastille, la maison parisienne en diffusera en direct chaque volet sur France Musique. Exemple éloquent de diffusion large et gratuite vers le plus large public : une proposition opportune en période de confinement.

 
 
 

Dates et horaires des diffusions France Musique
L’Or du Rhin : Samedi 26 dĂ©cembre 2020 Ă  20h
La Walkyrie : Lundi 28 décembre à 18h30 à 20h
Siegfried : Mercredi 30 décembre à 20h
Le Crépuscule des dieux : Samedi 2 janvier 2021 à 20h

 
 
 

jordan - Philippe-Jordan-008L’initiative compense les empêchements d’abord constatés dans la réalisation du Ring du directeur musical Philippe Jordan (depuis 2009), avant son départ prochain de la Maison parisienne. Le projet est au centre du travail du chef avec les musiciens parisiens, il s’agit de maintenir le niveau général de la phalange française (depuis le 1er confinement de mars dernier obligé à réduire considérablement ses concerts et représentations). Révéler ses qualités, questionner son identité : « Quelle personnalité et quelles couleurs une formation française pouvait-elle offrir à l’interprétation de Wagner ? La programmation du Ring mais aussi de Tristan et Isolde, des Maîtres chanteurs de Nuremberg, de Lohengrin, Parsifal sous ma direction, ou encore du Vaisseau fantôme et de Tannhäuser sous la baguette de Peter Schneider et de Mark Elder, a été, à bien des égards, formatrice pour nos musiciens qui maîtrisent désormais pleinement ces partitions et forment l’un des plus grands orchestres wagnériens. Durant mes douze années de mandat, Wagner a été un fil conducteur qui nous a menés au plus haut », ajoute le chef d’orchestre soucieux de « réveiller » l’orchestre et de le maintenir dans son excellence artistique, éprouvé encore et toujours par le défi que représente le Ring de Wagner.

Décidée en version de concert, le Ring 2020 permet coûte que coûte aux instrumentistes de poursuivre leur travail avec le chef : « Après cette longue coupure liée à la crise sanitaire avec pour conséquence l’annulation regrettable de la production de Calixto Bieito, le maintien d’une version concertante s’imposait. Nous avions l’impératif de re-fédérer l’Orchestre et le Chœur autour d’un projet rare et important, qui puisse tout à la fois engager nos forces artistiques sur la voie d’un travail collectif et marquer d’un jalon la fin de mon mandat au sein de la maison… (…)… Une version concertante peut être une chance, l’absence du metteur en scène nous obligeant à nous concentrer sur l’essentiel », précise Philippe Jordan.
Distribution annoncée : Jonas Kaufmann (remplacé par Stuart Skelton), Iain Paterson, Andreas Schager, Ricarda Merbeth, Ekaterina Gubanova… l’affiche promet particulièrement : « Notre plateau vocal rassemble, autour de grands habitués du répertoire tels Eva-Maria Westbroek et Jonas Kaufmann (NDLR : fnalement remplacés au 18 nov par Lise Davidsen et Stuart Skelton), une nouvelle génération d’interprètes des rôles, parmi lesquels les grands chanteurs que sont Iain Paterson en qualité de Wotan, Andreas Schager en Siegfried, Martina Serafin en Brünnhilde. La réunion de ces artistes garantit une homogénéité vocale et une vision partagée du chant wagnérien autour du traitement du texte et de ses nuances. Entendre une telle distribution était une chance à laquelle il était impossible de renoncer. » renchérit le directeur musical de ce cyle événement.

 

 

 

Le Crépuscule des dieux à l'Opéra Bastille, jusqu'au 16 juin 2013

Le Ring de Philippe Jordan Ă  l’OpĂ©ra Bastille, nouveau dĂ©fi  de novembre 2020, diffusĂ© sur France Musique en dĂ©cembre 2020 puis dĂ©but janvier 2021. (DR)

 

 

 

 

 

————————————————————————————————————————————————–

FESTIVAL SCÉNIQUE
EN UN PROLOGUE ET TROIS JOURNÉES
1869 / 1876
MUSIQUE ET LIVRET : Richard Wagner (1813-1883)
En langue allemande

« À l’occasion d’une solennité expressément instituée dans ce but, je pense donner ces trois drames et le prologue, au cours de trois journées et d’une veille ; je considérerais le but de ces représentations comme entièrement atteint, si moi et mes camarades artistes, les véritables acteurs, parvenions en ces quatre soirées, à communiquer artistiquement aux spectateurs rassemblés pour connaître mon intention, cette intention, à la réelle intelligence sentimentale, ([c’est-à-dire] non critique). Tout autre résultat doit m’apparaître d’autant plus indifférent, qu’ [il me semble] superflu.»

Richard Wagner, Une communication Ă  mes amis, 1851

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

Distribution par ouvrage

L’OR DU RHIN
DAS RHEINGOLD
PROLOGUE EN QUATRE SCĂNES (1869)

WOTAN Iain Paterson
DONNER Lauri Vasar
FROH Matthew Newlin
LOGE Norbert Ernst
ALBERICH Jochen Schmeckenbecher
MIME Gerhard Siegel
FASOLT Wilhelm Schwinghammer
FAFNER Dimitry Ivashchenko
FRICKA Ekaterina Gubanova
FREĂŹA Anna Gabler
ERDA Wiebke Lehmkuhl
WOGLINDE Tamara Banješević
WELLGUNDE Christina Bock
FLOSSHILDE Claudia Huckle

————————————————————————————————————————————————–

LA WALKYRIE
DIE WALKĂśRE
PREMIĂRE JOURNÉE EN TROIS ACTES (1870)

SIEGMUND Jonas Kaufmann (remplacé par Stuart Skelton)
HUNDING Gunther Groissböck
WOTAN Iain Paterson
SIEGLINDE Eva-Maria Westbroek (remplacée par Lise Davidsen)
BRĂśNNHILDE Ricarda Merbeth
FRICKA Ekaterina Gubanova
GERHILDE Sonja Šarić
ORTLINDE Anna Gabler
WALTRAUTE Natalia Skrycka
SCHWERTLEITE Katharina Magiera
HELMWIGE Regine Hangler
SIEGRUNE Julia Rutigliano
GRIMGERDE Noa Beinart
ROSSWEISSE Marie-Luise Dressen

————————————————————————————————————————————————–

SIEGFRIED
DEUXIĂME JOURNÉE EN TROIS ACTES (1876)

SIEGFRIED Andreas Schager
MIME Gerhard Siegel
DER WANDERER Iain Paterson
ALBERICH Jochen Schmeckenbecher
FAFNER Dimitry Ivashchenko
ERDA Wiebke Lehmkuhl
WALDVOGEL Tamara Banješević
BRĂśNNHILDE Ricarda Merbeth

————————————————————————————————————————————————–

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX
GÖTTERDÄMMERUNG
TROISIĂME JOURNÉE EN TROIS ACTES (1876)

SIEGFRIED Andreas Schager
GUNTHER Johannes Martin Kränzle
ALBERICH Jochen Schmeckenbecher
HAGEN Ain Anger
BRĂśNNHILDE Ricarda Merbeth
GUTRUNE, DRITTE NORN Anna Gabler
WALTRAUTE, ZWEITE NORN Michaela Schuster
ERSTE NORN Wiebke Lehmkuhl
WOGLINDE Tamara Banješević
WELLGUNDE Christina Bock
FLOSSHILDE Claudia Huckle

————————————————————————————————————————————————–

 

 
————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

Programme et présentation des 4 Journées
du RING de WAGNER par Philippe Jordan :

 

Samedi 26 décembre 2020, 20h : L’Or du Rhin
Prologue : L’Or du Rhin (Das Rheingold)
Affiche_(portrait)_Le_Ring_2020(2)L’action naît dans les profondeurs du Rhin : après avoir renoncé à l’amour devant les trois filles du Rhin, gardiennes du trésor, le nain Nibelung Alberich dérobe l’or, avec lequel son frère Mime forge un anneau qui confère à son possesseur le pouvoir absolu sur les êtres et le monde. De son côté, calculateur et manipulateur, Wotan, maître des dieux, est contraint de conquérir l’anneau à Nibelheim. Son fidèle « double », Log (dieu du feu, esprit de l’intelligence) lui souffle qu’il aura besoin de cet anneau pour duper les géants Fafner et Fasolt, les bâtisseurs de la future résidence jupitérienne de Wotan sur le mont Walhala. Pour être sûrs d’être payés en retour, les Géants ont pris en otage Freia, déesse de la jeunesse éternelle. Chez les Nibelungen, Wotan dérobe à Alberich, l’anneau et le voile magique, gage d’invisibilité. Alberich maudit alors l’anneau conquis par Wotan. L’or continue son œuvre maléfique : Fafner tue son frère et cache le butin dans la forêt. Plus tard, dans Siegfried, Fafner devenu dragon défendra jusqu’à la mort son précieux trésor… Wotan victorieux mène les dieux au Walhala ; ils s’enivrent grâce à leur jeunesse retrouvée. Pourtant, Wotan a signé sa prochaine déchéance car il a trahi l’esprit des lois et la loyauté qu’il avait lui-même édicté…
Les moments de la partition à ne pas manquer : le début qui est l’ouverture de tout le cycle : de l’immatériel à l’origine du monde au matériel incarné par le monde des dieux et leur duplicité vénale… l’orchestre exprime ce mouvement qui organise peu à peu la matière musicale et la fait jaillir hors des brumes initiales.
La fin du Prologue où Wagner exprime l’élévation des dieux conquérants jusqu’au sommet de Walhala où les géants ont bâti le château magnifique…

 

 

Lundi 28 décembre 2020, 20h : La Walkyrie.
Première journée : La Walkyrie (Die Walküre)

MUNICH : Ring wagnérien au Bayerische StaatsoperPar une nuit de tempête, le fugitif Siegmund, le fils de Wotan et d’une mortelle, trouve refuge chez le guerrier Hunding et son épouse Sieglinde. En réalité, tous deux sont frères et soeurs (les Welsungen) et sont immédiatement attirés l’un vers l’autre d’un amour irrésistible. Fricka, épouse de Wotan et protectrice du foyer conjugal, ne peut laisser s’accomplir une telle union, adultérine et de surcroît incestueuse. Elle rappelle à Wotan son obligation de protéger l’ordre moral : il obéit et dépêche sa plus fidèle fille, la Walkyrie Brûnnhilde auprès de Hunding pour le venger et tuer Siegmund.
Mais sujet central de l’opéra, Brünnhilde compatit au sort de Siegmund qui est son frère : la Walkyrie est touchée par la sincérité de leur amour. Wotan paraît et tue lui-même Siegmund. Wotan poursuit la Walkyrie rebelle, la déchoit de sa nature héroique : simple mortelle, la fille de Wotan devra reposer entourée d’un mur de flammes : seul un preux capable de vaincre la muraille enflammée pourra la conquérir et accomplir sa nature mortelle. Entre temps, la Walkyrie avait permis à Sieglinde de fuir son époux, et lui trouver un refuge où elle pourrait donner naissance au fils à venir de Siegmund : Siegfried.
SĂ©quences mĂ©morables : le dĂ©but de l’opĂ©ra qui dĂ©bute par un orage orchestral et une course en panique, celle du fugitif Siegmund – le duo entre Siegmund / Sieglinde : la page amoureuse la plus bouleversante de tout le cycle du Ring – les adieux dĂ©chirants de Wotan au chevet de sa fille cernĂ©e de flammes (lĂ  encore, l’une des pages les plus dĂ©chirantes du cycle car tout l’amour d’un père obligĂ© de punir sa propre fille est ici exprimĂ©).

 

 

Mercredi 30 décembre 2020, 20h : Siegfried.
Deuxième journée : Siegfried

wotan walkyrieElevé dans la forêt par le Nibelung Mime, silhouette frêle et craintive, calculatrice et menteuse, a éduqué seul Siegfried, fils des jumeaux Siegmund et Sieglinde. L’enfant ne connaît pas la peur et n’a jamais connu ses parents. Mime entend utiliser Siegfried pour tuer le dragon Fafner afin de dérober l’or et l’anneau. Dans ce but, Siegfried forge à grands coups métalliques Nothung, l’épée de son père Siegmund, antérieurement tué par Wotan. Siegfried tue le dragon et goûtant le sang du reptile, comprend le chant de l’oiseau de la forêt qui le prévient de la machination de Mime : le guerrier le tue et part à la conquête de son propre destin. Il croise Wotan devenu le « Voyageur », âme déchue errante, condamnée à cause de ses propres turpitudes. Siegfried amorce le déclin des dieux et l’avènement des hommes… Il atteint le rocher où repose Brünnhilde dont il vainc la défense de feu et tombe amoureux.

 

 

Samedi 2 janvier 2021, 20h : Le Crépuscule des dieux.
Troisième journée : Le Crépuscule des dieux (Götterdämmerung)

wagner_brunnhilde_gotterdammerung_operarthur_rackhamTroisième et ultime Journée de la Tétralogie wagnérienne, Le Crépuscule des dieux s’ouvre près du rocher de Brünnhilde où les Trois Nornes tissent les fils du destin ; le fil se rompt, annonce de la fin des dieux. Au lever du jour, Siegfried quitte Brünnhilde en lui confiant l’anneau en témoignage de fidélité. Il rejoint le château des Gibishungen : Gunther, sa soeur Gutrune et Hagen, fils d’Albérich et comme lui, esprit maléfique et manipulateur. Hagen entend venger son père et reprendre l’anneau à Siegfried. Pour se faire, celui ci trop naïf, boit le philtre qui lui fait oublier Brünnhilde et aimer… Gutrune.
Sous l’identité de Gunther, Siegfried envoûté prend de force Brünnhilde et l’anneau. Au château, Brünnhilde accuse Siegfried (qui a recouvré la mémoire) : Hagen exploite la colère de Brünnhilde et organise avec sa complicité (elle a révélé le seul point faible du héros invincible), la mort de Siegfried. Pendant la chasse, Hagen fait assassiner Siegfried. Comprenant la supercherie, Brünnhilde témoigne de sa douleur ; honore la mémoire de Siegfried trahi et organise un vaste bûcher où les flammes purificatrices effacent la barbarie née de l’anneau et de la duplicité des hommes. Les filles du Rhin apparaissent reprenant leur butin : elles entraînent Hagen le maudit au fond des eaux vengeresses…
Quel monde nouveau naîtra-t-il après ce nouveau chaos ? L’espérance que fonde Wagner dans son final est l’annonce d’un monde régénéré, porté par l’esprit d’amour et de fraternité.

 

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

A ÉCOUTER
Le podcast RING de WAGNER sur France Musique
https://www.francemusique.fr/emissions/musicopolis/Le-Grand-feuilleton-du-Ring-1-5-il-%C3%A9tait-une%20fois-89330

WAGNER EN SUISSELe 13 mai 1876, Richard Wagner avec les finance et l’appui indĂ©fectible du jeune Roi Louis II de Bavière, peut inaugurer le Théâtre de Bayreuth, conçu pour la reprĂ©sentation de ses opĂ©ras dont la TĂ©tralogie ou “L’Anneau du Niebelung. Dans ce podcast, les origines du “Ring” et du Théâtre jusqu’Ă  sa triomphale première, un voyage de plus de 25 ans !
En 1848, Wagner commence amorce la composition d’n nouveau cycle lyrique inspirĂ© du mythe des Nibelungen. Il Ă©crit un rĂ©sumĂ© puis un livret autour du hĂ©ros Siegfried et de sa mort (le futur CrĂ©puscule des Dieux). Peu convaincu, il approfondit encore sa comprĂ©hension de la Saga dans sa globalitĂ©. Wagner rĂ©dige les 4 livrets de la future TĂ©tralogie dans l’ordre inverse, terminant avec celui de l’Or du Rhin, prologue du cycle. Il poursuit ensuite la composition (dans l’ordre chronologique des opĂ©ras. Mais une crise intervient en 1857 en pleine composition de Siegfried, son 3e opĂ©ra…

————————————————————————————————————————————————–

 

 

 

 

 

 

 

 

LE RING de Philippe Jordan (Bastille et Radio France)

ring-opera-de-paris-ph-jordan-critique-annonce-classiquenewsPARIS, WAGNER : FESTIVAL RING 2020 : dès  le 26 décembre. Le Ring de Wagner est un défi pour chaque maison d’opéra. Le cycle conçu par Wagner et créé en 1876 à Bayreuth, 4 volets (L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried, Le Crépuscule des dieux), totalise 16h de musique, plus de 100 musiciens, une quinzaine de solistes… Crise sanitaire oblige, l’Opéra de Paris a maintenu son cycle soit 2 festivals dans une version non scénique. Il était important que les musiciens de l’Opéra de Paris reprennent le travail et se retrouvent autour d’un projet fort et très ambitieux. La première série / le premier cycle inaugure la réouverture de l’Opéra Bastille à partir du 26 décembre  2020. L’Orchestre de l’Opéra national de Paris se produit ainsi aux côtés de Jonas Kaufmann (Siegmund), Iain Paterson (Wotan), Andreas Schager (Siegfried), Martina Serafin (Brünnhilde), Ricarda Merbeth (Brünnhilde), Ekaterina Gubanova (Fricka)…

Plus d’informations sur le site de l’Opéra national de Paris :
https://www.operadeparis.fr/saison-20-21/evenements/lanneau-du-nibelung

————————————————————————————————————————————————–

 
Dates et horaires des diffusions France Musique
L’Or du Rhin : Samedi 26 décembre 2020 à 20h
La Walkyrie : Lundi 28 décembre à 18h30 à 20h
Siegfried : Mercredi 30 décembre à 20h
Le Crépuscule des dieux : Samedi 2 janvier 2021 à 20h

————————————————————————————————————————————————–

Richard Wagner
L’OR DU RHIN / DAS RHEINGOLD / 2h30
LA WALKYRIE/ DIE WALKĂśRE / 5h
SIEGFRIED / 5h
LE CRÉPUSCULE DES DIEUX / GÖTTERDÄMMERUNG / 5h35
version de concert
Diffusion sur France Musique (cycle joué à Bastille)

FESTIVAL SCÉNIQUE EN UN PROLOGUE ET TROIS JOURNÉES
1869 / 1876
MUSIQUE ET LIVRET
Richard Wagner (1813-1883)

DIRECTION MUSICALE : Philippe Jordan
CHEF DES CHŒURS : José Luis Basso
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

Wotan / Der Wanderer : Ian Paterson
Alberich : Jochen Schmeckenbecher
Mime : Gerhard Siegel
Erda Wiebe Lehmkuhl

Siegmund : Jonas Kaufmann
Sieglinde : Eva-Maria Westbroeck
Hunding : Gunther Groissböck
Brünnhilde : Martina Serafin (24 / 26 / 28 nov), Ricarda Merbeth (1er / 4 / 6 déc)

Siegfried : Andreas Schager

Gunther : Johannes Martin Kränzle
Hagen : Ain Anger
Gutrune : Anna Gabler
…

————————————————————————————————————————————————–

VIDEOS : Le Ring c’est quoi ? (L’Or du Rhin)
https://www.operadeparis.fr/saison-20-21/evenements/lanneau-du-nibelung#gallery

OPERA. WAGNER : LE RING de Philippe JORDAN Ă  Bastille puis Ă  Radio France

Affiche_(portrait)_Le_Ring_2020(2)OPERA. WAGNER : LE RING de Philippe JORDAN à Bastille puis à Radio France.  8 représentations du 23 nov au 6 déc 2020 à Paris. Le nouveau Ring de l’Opéra national de Paris sera finalement donné à l’Opéra Bastille les 23, 24, 26 et 28 novembre 2020, en version de concert. Puis l’Auditorium de Radio France accueillera les 30 novembre, 1er, 4 et 6 décembre 2020 cette nouvelle Tétralogie de Richard Wagner tant attendue également en version de concert avec l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra national de Paris sous la direction de Philippe Jordan. C’est d’ailleurs le 2è cycle wagnérien pour le directeur musical (premier Ring à Bastille en 2009) qui quittera ainsi ses fonctions à Paris.

Informations et renseignements sur les sites www.maisondelaradio.fr et www.operadeparis.fr
 

________________________________________________________________________________________________

Autres RVS de l’Opéra National de Paris

A L’OPERA BASTILLE
Du 16 au 31 décembre 2020, 6 représentations de l’opéra Carmen de Georges Bizet
Direction : Kéri-Lynn Wilson / Mise en scène : Calixto Bieito / Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
Du 4 décembre au 2 janvier 2021, 16 représentations du ballet La Bayadère de Rudolf Noureev. Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris.

Ă€ LA PHILHARMONIE DE PARIS
Les 16 et 17 octobre à 20h30 : Verklärte Nacht, op. 4 d’Arnold Schönberg et Eine Alpensinfonie, op. 64 de Richard StraussDirection : Philippe Jordan / Orchestre de l’Opéra national de Paris / Concert initialement prévu le 16 octobre à l’Opéra Bastille

À L’AUDITORIUM DE RADIO FRANCE
30 novembre, 1er, 4 et 6 décembre : Festival Ring de Richard Wagner en version concert / Direction : Philippe Jordan. Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

 

RING : Siegfried, Le Crépuscule des Dieux (Jordan, Bieito)

Wagner 2014 : Le Ring nouveau de BayreuthPARIS, Bastille. WAGNER : Le RING. 10 oct > 21 nov 2020. Après le cycle événement conçu par Günther Krämer (déjà dirigé par Philippe Jordan, Bastille 2013), l’Opéra de Paris présente sa nouvelle production de la Tétralogie wagnérienne, mise en scène cette fois par le catalan volontiers provocateur Calisto Bieito dont la vision reste souvent laide voire prosaïque, soulignant dans l’action tout ce qui relève de notre époque postmoderniste, cynique, barbare, désenchantée. Ce n’est pas ce nouveau cycle qui contredira sa réputation et force est de présumer que ce Ring s’affirmera par son réalisme désabusé et froid (comme sa Carmen, toujours à l’affiche). Coronavirus oblige, le théâtre parisien peut ouvrir ses portes par les deux dernières productions du cycle de 4 : Siegfried (3 représentations : les 10, 14 et 18 oct 2020) ; Le Crépuscule des dieux (3 représentations aussi, les 13, 17 et 21 nov 2020).

 

 

________________________________________________________________________________________________

 

SIEGFRIED (1876)
Opéra Bastille, les 10, 14 et 18 oct 2020
puis 26 nov et 4 décembre 2020
séance : 18h, le dimanche à 14h (18 oct)

RÉSERVEZ vos places
directement sur le site de l’Opéra de Paris
Durée : 5h15, avec 2 entractes

https://www.operadeparis.fr/saison-20-21/opera/siegfried

wagner-portrait-bayreuth-opera-dossier-wagner-ring-sur-classiquenewsQue vaudra cette nouvelle production ? Visuellement, les défis relevés par Calisto Bieito sont multiples. Comment se concrétiseront-ils ? Vocalement, le cast se révèle tout autant hypothétique, avec le Siegfried d’Andreas Schager, le Mime de Gerhard Siegel, le Wanderer de Iain Paterson, l’Alberich de Jochen Schemckenbecher, la Brünnhilde de Martina Serafin… Osons espérer que la force vocale et la puissance sonore ne sacrifieront pas ici l’articulation du texte. Karajan en son temps avait démontré, remarquablement, la pertinence d’une vision autant orchestrale que chambriste, en particulier permise par la diction et le sens des phrasés de ses solistes…

 

________________________________________________________________________________________________

 

 

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX (1876)
Opéra Bastille, les 13, 17 et 21 nov 2020
repris les 28 nov et 6 déc 2020
séance : 18h, le dimanche à 14h (6 déc)

RÉSERVEZ vos places
directement sur le site de l’Opéra de Paris
Durée : 5h50, avec 2 entractes

https://www.operadeparis.fr/saison-20-21/opera/le-crepuscule-des-dieux

wagnerDĂ©monisme des Gibishungen / grâce salvatrice de BrĂĽnnhilde… Ultime journĂ©e de la TĂ©tralogie de Wagner, dans la mise en scène de Calisto Bieito. Si l’on retrouve les Siegfried d’Andreas Schager, Alberich de Jochen Schemckenbecher ; en revanche BrĂĽnnhilde a changĂ© (Ricarda Merbeth). Or ici tout repose sur le couple manipulĂ© mais lumineux et tragique de Siegfried et de BrĂĽnhilde, Ă©prouvĂ©s par les intrigues du clan des Gibishungen dont les mâles Hagen (Ain Anger) et Gunther (Johannes Martin Kränzle) incarnent le dĂ©monisme le plus infect, inspirĂ© par la haine et la conquĂŞte du pouvoir.

 

 

 

 

________________________________________________________________________________________________

 

 

 

L’ANNEAU DU NIBELUNG / LE RING en version intégrale

Affiche_(portrait)_Le_Ring_2020(2)L’Opéra Bastille propose l’ensemble du RING 2020, par Jordan et Bieito, en un festival complet, comprenant le Prélude et les 3 journées, en 2 cycles. Le Premier festival, les 23 nov (L’or du Rhin), 24 nov (La Walkyrie), 26 nov (Siefried) puis 28 nov (Le Crépuscule des dieux) ; puis le second festival : les 30 nov (L’or du Rhin), 2 déc (La Walkyrie), 4 déc  (Siefried) puis 6 déc (Le Crépuscule des dieux)

Réservez ici, directement sur le site de l’Opéra de Paris

pour les 2 festivals du RING : du 23 au 28 nov / du 30 nov au 6 déc 2020

 

________________________________________________________________________________________________

 

 

 

 

 

 

 

 

 

approfondir

 

 

LIRE NOS DOSSIER Siegfried et Le Crépuscule des dieux :

 

 

SIEGFRIED, éducation et maturité du jeune héros

Wagner : le Ring du Bayreuth 2014Siegfried se concentre sur le 2ème Journée de la Tétralogie ou Ring de Wagner. Les enchantements de la fable à laquelle se nourrit le Wagner conteur réalise ici une épopée héroïque et onirique qui récapitule après l’ivresse amoureuse et compassionnelle de La Walkyrie (1ère Journée), l’enfance du jeune héros puis sa transformation en jeune adulte victorieux amoureux. La figure est à l’origine de tout le cycle : on sait qu’au début de son oeuvre lyrique, avant la conception globale en tétralogie, Wagner souhaitait mettre en musique le vie et surtout la mort de Siegfried. C’est en s’intéressant aux événements qui précèdent l’avènement du héros, que le compositeur tisse peu à peu la matière du Ring (le prologue de L’Or du Rhin dévoilant la rivalité de Wotan et des Nibelungen, la malédiction de l’anneau et les sacrifices à accepter / assumer pour s’en rendre mettre) : tout converge vers la geste du champion qui n’a pas peur, et le sens de ce qu’il fait, est, devient. Dans Siegfried, drame musical en 3 actes, s’opposent le forgeron Mime qui est aussi l’éducateur de Siegfried, et Siegfried. Le premier vit dans l’espoir de reforger l’anneau qui donne la toute puissance : c’est un être calculateur, fourbe, peureux. Ce qu’il forge l’enchaîne à un cycle de malédiction.
Geste amoureux, héroïque de Siegfried

A l’inverse, Siegfried, être lumineux et conquérant, forge sa propre épée, Nothung, instrument de son émancipation (qui est aussi l’ex épée de son père Siegmund) : avec elle, il tue le dragon Fafner, et suit la voix de l’oiseau intelligible qui le mène jusqu’au rocher où repose sa futur épouse, Brünnhilde, ex walkyrie, déchue par Wotan. Comme dans La Walkyrie où se développe le chant amoureux des parents de Siegfried (Siegmund et Sieglinde), Siegfried est aussi un ouvrage d’effusion enivrée : quand le héros bientôt vainqueur du dragon, s’extasie en contemplant le miracle de la nature soudainement complice et protectrice (les murmures de la forêts). En portant le sang de la bête à ses lèvres, il est frappé de discernement et d’intelligence, vision supérieure qui lui fait comprendre les intentions de Mime… qu’il tue immédiatement : on aurait souhaité que dans le dernier volet, Le Crépuscule des dieux, Siegfried montrât une intelligence tout aussi affûtée en particulier vis à vis du clan Gibishungen… mais sa naïveté causera sa perte.
Pour l’heure, après l’accomplissement du prodige (tuer le dragon, prendre l’anneau), Siegfried découvre au III, l’amour, récompense du héros méritant : et Wagner, peint alors un tableau saisissant où Siegfried découvre Brünnhilde sur son roc de feu, puis l’enlace en un duo éperdu, digne des effluves tristanesques, au terme duquel, le fiancé remet à sa belle, l’anneau maudit. Dans Siegfried, se précise aussi la réalisation du cycle fatal : au début du III, le dieu si flamboyant dans L’Or du Rhin, Wotan : manipulateur (piégeant honteusement avec Loge, le nain Albérich), brillant bâtisseur (du Wallhala), négociateur (avec les géants), se découvre ici en “Wanderer” (voyageur errant), tête basse, épuisé, usé, renonçant au pouvoir sur le monde : la chute assumée de Wotan est criante lorsqu’il croise la route du nouveau héros Siegfried dont l’épée détruit la vieille lance du solitaire fatigué… Tout un symbole. De sorte qu’à la fin de l’ouvrage, la partition est portée à travers le duo des amants magnifiques (Siegfried / Brünnhilde) par une espérance nouvelle : Siegfried ne serait-il pas cette figure messianique, annonciatrice d’un monde nouveau ? C’est la clé de l’opéra. Mais Wagner réserve une toute autre fin à son héros car l’anneau est porteur d’une malédiction qui doit s’accomplir : tel est l’enjeu de la 3ème Journée du Ring : Le Crépuscule des dieux. Par Elvire James

 

 

Crépuscule des dieux : avènement des Hommes ?

L’orchestre suit en particulier tout ce qu’éprouve Brünnhilde, tout au long de l’ouvrage, tour à tour, ivre d’amour, puis écartée, trahie, humiliée par celui qu’elle aime : Siegfried trop crédule est la proie des machinations et du filtre d’oubli … une faiblesse trop humaine qui la mènera à la mort. Le héros se laissera convaincre de répudier Brünnhilde pour épouser Gutrune …

Musique de l’inéluctable
walkyrie-wagner-homepage-une-walkyrie-de-wagnerMais Brünnhilde est elle aussi manipulée par l’infâme Hagen. Le fils d’Albérich (qui surgit tel un spectre au début du II), intrigue et complote… forçant l’amoureuse à dévoiler le seul point faible du héros : son dos. Siegfried périra donc d’un coup de lance sous la nuque. Wagner compose alors l’une des pages les plus saisissantes du Ring pour exprimer la mort de Siegfried. C’est que la malédiction qui menace l’édifice, porté tant bien que mal par Wotan jusqu’à l’opéra Siegfried, se réalise finalement et l’anneau ira irrésistiblement aux filles du Rhin, ses véritables propriétaires. Entre temps, les hommes ont révélé leur vraie nature : dissimulation, fourberie, complots, coups bas, hypocrisie, manipulation, barbarie criminelle… Si dans l’Or du Rhin, Wagner avait représenter l’esclavage des opprimés sous le pouvoir d’Albérich le Nibelung, – portrait visionnaire des masses asservies par l’ultracapitalisme -, le Crépuscule des Dieux cultive un tension tout aussi âpre et mordante mais moins explicite. La musique et tout l’orchestre cisèle en un chambrisme subtil, l’océan des complots tissés dans l’ombre, l’impuissante solitude des justes dont évidemment Brünnhilde. Car c’est bien la Walkyrie déchue, la véritable protagoniste de ce dernier volet qui voit la fin des dieux et  … de la civilisation.  Face aux agissements de Hagen et son clan matérialiste, Brünnhilde prône la vertu de l’amour, seule source tangible pour l’avenir de l’humanité.
Rien n’est comparable dans sa continuité à l’ivresse hypnotique de la partition du Crépuscule des dieux. Le Voyage de Siegfried sur le Rhin, les retrouvailles avec Brünnhilde, le sublime prélude orchestral qui précède l’arrivée de Waltraute venue visiter sa soeur Walkyrie, le trio des conspirateurs à la fin du II, la mort du héros puis le grand monologue de la Brünnhilde sur le bûcher final sont quelques uns des jalons de l’épopée wagnérienne, l’une des plus incroyables fresques lyriques de tous les temps.

Au moment où Philippe Jordan poursuit son travail (admirable) sur l’orchestre de Wagner en dirigeant en mai et juin 2013, le dernier volet du Ring, Le Crépuscule des dieux, classiquenews partage sa passion de la musique de l’auteur de Tristan et souligne la réussite du compositeur dramaturge, en particulier dans la réalisation de son écriture orchestrale. C’est peu dire que le musicien fut un immense symphoniste, peut-être le plus grand de l’ère romantique …

On ne dira jamais assez le génie de Wagner quand hors de l’action proprement dite, par exemple concrètement : l’enchaînement et la réalisation des tractations infâmes de l’abject Hagen contre le couple Siegfried et Brünnhilde, le compositeur sait s’immiscer dans la psyché de son héroïne pour exprimer tout ce qui la rend grande et admirable : prenez par exemple l’intermède orchestral du I, assurant la transition entre la scène 2 et la scène 3 : alors que le spectateur découvre le gouffre démoniaque qui habite le noir Hagen digne fils d’Albérich – le rancunier vengeur et amer, Wagner nous transporte vers son opposé, lumineux, clairvoyant, loyal et capable de toute abnégation au nom de l’amour : Brünnhilde.
éclat des interludes symphoniques
Il n’est pas de contraste plus saisissant alors que ce passage orchestral qui étire le temps et l’espace, passant des abîmes ténébreux où le mal règne sans partage vers le roc où se tient la Walkyrie déchue : le chant des instruments (clairon, puis hautbois, enfin clarinette) dit tout ce que cette femme sublime a sacrifié, trahissant la loi du père (Wotan), accomplissant l’idéal terrestre de l’amour pur et désintéressé (pour Siegfried) … Wagner précise les didascalies : la jeune femme assume sa condition de mortelle et contemple l’anneau par la faute duquel tout est consommé et qui dans son esprit pur incarne a contrario de la malédiction qui s’accomplit, le serment amoureux qui la relie à son aimé … Bientôt paraît Waltraute sa soeur, Walkyrie venue du Walhalla de leur père pour récupérer l’anneau (car toujours toute action tourne autour de la bague magique et maudite : Wotan sait que s’il récupère l’anneau, son rêve politique et l’enfer qu’il a suscité, disparaîtra) …

Affiche_(portrait)_Le_Ring_2020(2)Wagner excelle dans la combinaison des thèmes ; tous tissent cet écheveau de pensée et de sentiments mêlés qui dans l’esprit de Brünnhilde fonde son destin d’amoureuse entière et passionnée, de femme et d’épouse bientôt bafouée, sans omettre l’immense source de compassion qui anime cet être miraculeux touché par la grâce … car bientôt, son vaste monologue final permettra de conclure tout le cycle, en une scène d’ultime sacrifice (comme dans Isolde).  Il faut mesurer dans l’accomplissement de cet interlude de près de 6mn (selon les versions selon les chefs) tout le génie de Wagner, dramaturge psychologique, dont l’écriture sait étirer le temps musical, abolir espace et nécessité de l’écoulement dramatique, atteignant ce vertige et cette effusion dont il reste le seul à détenir la clé sur la scène lyrique … Cet interlude est un miracle musical. La clé qui appréciée pour elle-même pourrait faire aimer Wagner absolument.
IIlustration : Brünnhilde et son cheval Grane … La Walkyrie par compassion pour les Wälsungen (Siegmund et Sieglinde) recueille leur fils Siegfried, l’épouse bravant la loi du père Wotan. La fière amoureuse allume le grand feu purificateur au dernier tableau du Crépuscule des dieux (Götterdämmerung) pour rejoindre dans la mort son époux honteusement assassiné par Hagen … Par Carter Chris-Humphray

 

 

PARIS, Palais Garnier, EXPO « L’aventure du Ring en France », 5 mai – 13 sept 2020

Affiche_(portrait)_Le_Ring_2020(2)PARIS, Palais Garnier, EXPO « L’aventure du Ring en France », 5 mai – 13 sept 2020. Bibliothèque-musĂ©e de l’OpĂ©ra / BNF – OpĂ©ra national de Paris. Histoire de la mise en scène de la TĂ©tralogie en France, de la fin du 19e siècle Ă  aujourd’hui. Au dĂ©but des annĂ©es 1890, Charles Lamoureux s’investit plus que tout autre pour faire Ă©couter les opĂ©ras de Wagner dont Lohengrin et Tristan und Isolde. Mais le Ring wagnĂ©rien créé Ă  Bayreuth en aoĂ»t 1876 s’imposera plus tard encore sur la scène de l’OpĂ©ra national. Il est vrai que le contexte de la première guerre et la dĂ©testation des allemands depuis 1870 (qui a entraĂ®nĂ© la chute du secod empire) n’a guère aidĂ© pour la rĂ©conciliation entre France et Allemagne. Le Ring (CrĂ©puscule des dieux) est reprĂ©sentĂ© pour la première fois au Palais Garnier en oct 1908, en français (version Alfred Ernst) sous la direction d’AndrĂ© Messager (et dans cette production jusqu’en 1933). Après guerre, c’est Hans Knappertsbusch qui dirige une nouvelle production Ă  partir de 1955 (avec Max Lorenz en Siegfried, Kirsten Flagstadt / Martha Mödl en BrĂĽnnhilde). Astrid Varnay y chante elle aussi BrĂĽnnhilde en 1957

 
 

 
 

A PARIS, Le Ring est une aventure…

 

 

Exposition présentée en complément de la nouvelle Tétralogie produite par l’Opéra national de Paris, à partir du printemps 2020 (metteur en scène du catalan délirant Calixto Bieito / direction de Philippe Jordan à la tête de l’Orchestre et des Chœurs de l’Opéra de Paris). Solistes annoncés : Iain Paterson, Jochen Schmeckenbecher, Ekaterina Gubanova, Jonas Kaufmann, John Relyea, Eva-Maria Westbroek, Martina Serafin, Andreas Schager, Ricarda Merbeth, Julie Fuchs, Anna Gabler, Sarah Connolly…

L’annĂ©e 2020 sera-t-elle celle du retour rĂ©ussi de la TĂ©tralogie ou Ring de Wagner Ă  Paris ? A l’affiche de l’OpĂ©ra Bastille : au printemps L’Or du Rhin et La Walkyrie suivis de Siegfried et Le CrĂ©puscule des dieux Ă  l’automne. Le le cycle sera par la suite donnĂ© en intĂ©gralitĂ© sous la forme d’un festival Ă  l’occasion de deux sĂ©ries de reprĂ©sentations qui concluront « un an d’aventures musicales, théâtrales et humaines ». Le dernier cycle du Ring Ă  l’OpĂ©ra Bastille Ă©tait celui, plutĂ´t très rĂ©ussi bien que dĂ©criĂ©, signĂ© GĂĽnther Krämer, – il y a 10 ans, en mars 2010, avec dĂ©jĂ  un Philippe Jordan Ă©blouissant de couleurs et douĂ© d’un dramatisme intense.

 

   

 

________________________________________________________________________________________________

PARIS, Palais Garnier, EXPO « L’aventure du Ring en France », 5 mai – 13 sept 2020. Bibliothèque-musĂ©e de l’OpĂ©ra / BNF – OpĂ©ra national de Paris – Palais Garnier : EntrĂ©e des visiteurs et des lecteurs à l’angle des rues Scribe et Auber.
Adresse postale :
8 rue Scribe
75009 Paris
Téléphone : 33(0)1 53 79 59 59
https://www.bnf.fr/fr/opera

 

 

 
 
LE RING DE WAGNER version Krämer (2010) sur CLASSIQUENEWS :

________________________________________________________________________________________________

 

LIRE notre présentation critique de l’Or du Rhin par Krämer / Jordan, Opéra Bastille 2010
http://www.classiquenews.com/richard-wagner-lor-du-rhin-gunther-krmerparis-opra-bastille-du-4-au-28-mars-2010/

 

 

2è présentation / annonce de l’Or du Rhin Krämer / Jordan :
https://www.classiquenews.com/wagner-lor-du-rhin-jordan-krmerparis-opra-bastille-reportage-vido/

 

 

LIRE notre critique du Crépuscule des Dieux / Götterdämmerung : Krämer / Jordan, 2013
https://www.classiquenews.com/compte-rendu-paris-opera-bastille-le-25-mai-2013-wagner-le-crepuscule-des-dieux-philippe-jordan-direction-gunter-kramer-mise-en-scene/

 

 

LIRE notre critique de La Walkyrie / Die Walkure : Krämer / Jordan (juin 2010) : https://www.classiquenews.com/paris-opra-bastille-le-16-juin-2010-richard-wagner-la-walkyrie-robert-dean-smith-siegmund-ricarda-merbeth-sieglinde-katarina-dalayman-brnnhilde-philippe-jordan-direc/

 
 

 

 

 

Compte-rendu, opéra. Leipzig. Opéra de Leipzig, le 6 mai 2016. R. Wagner : Die Walküre. Rosamund Gilmore, mise en scène. Ulf Schirmer, direction musicale.

Cette production de Die WalkĂĽre Ă  l’OpĂ©ra de Leipzig, Ă©trennĂ©e in loco en dĂ©cembre 2012, s’avère une vraie rĂ©ussite, Ă  la fois vocale et scĂ©nique. Loin du Regietheater qui règne en Allemagne, la mise en scène de Rosamund Gilmore adopte en effet une position plutĂ´t prudente et classique, respectueuse de l’Ĺ“uvre, oĂą rien ne vient perturber en tout cas l’audition de la musique, si ce n’est peut-ĂŞtre l’omniprĂ©sence de personnages zoomorphes (Ă  tĂŞte de bĂ©lier, munis d’ailes de corbeaux, etc.) qui accompagnent ou Ă©pient les diffĂ©rents personnages. On les dĂ©couvre sur le toit du bunker qui sert de demeure Ă  Hunding et sa femme, oĂą ils exĂ©cutent une sorte de danse rituelle pendant l’ouverture. Mais nous garderons surtout en mĂ©moire le magnifique dĂ©cor du dernier acte (conçu par Carl Friedrich Oberle), une immense arcade très « mussolinienne » dans laquelle prennent place – pendant la scène des adieux – les huit Walkyies ainsi que huit hĂ©ros tout de blanc vĂŞtus (photo ci contre).

 

 

 

wagner-leipzig-walkure-Die_Walkuere_Oper_Leipzig,Bruennhilde_Wotan_Walkueren_Taenzer_Foto_Tom_Schulze

 

 

 

Dans le rĂ´le de Sieglinde, la soprano allemande Christiane Libor fait preuve d’une belle santĂ© vocale, en assumant avec plĂ©nitude l’un des plus magnifiques personnages de la mythologie wagnĂ©rienne, et en exprimant une rĂ©elle Ă©motion Ă  travers un jeu sensible et naturel. Elle forme avec Andreas Schager le couple des Walsung d’autant plus convaincant que le tĂ©nor autrichien impose le plus bel instrument et le chant le plus nuancĂ© de la soirĂ©e, avec des aigus d’une incroyable franchise (chacun des deux « Walse » sont tenus plus de 10 secondes !). D’emblĂ©e, il se place parmi les meilleurs Siegmund du moment.

La soprano suĂ©doise Eva Johannson est Ă©galement une Walkyrie sur laquelle on peut compter. ConfrontĂ©e aux Ă©preuves, cette BrĂĽnnhilde sait trouver profondeur et conviction dans l’incarnation, figure centrale autour de laquelle le drame se joue. La prĂ©cision de ses attaques et sa pugnacitĂ© dans l’aigu ne font cependant pas toujours oublier la monotonie engendrĂ©e par l’ingratitude du timbre, ainsi que quelques stridences dans les fameux « HoĂŻtohos ». Elle n’en phrase pas moins avec beaucoup de sensibilitĂ© l’« Annonce de la mort », puis le dernier face Ă  face avec Wotan.  Ce dernier est incarnĂ© par le baryton allemand Markus Marquadt qui offre un phrasĂ© et un legato particulièrement raffinĂ©s, un registre grave superbe, mais les nuances de l’aigu, il faut le reconnaĂ®tre, lui causent parfois difficultĂ©. Dans le rĂ´le de Hunding, la basse finlandaise Runi Brattaberg campe un personnage tout d’une pièce et fort menaçant, avec une voix dont on goĂ»te la noirceur du timbre et la perfection de la ligne de chant. De son cĂ´tĂ©, la Fricka vindicative de Kathrin Göring ne dĂ©mĂ©rite pas tandis que les huit Walkyries forment un ensemble assez homogène.

 

 

 

En vĂ©ritable expert de cette partition, Ulf Schirmer – directeur gĂ©nĂ©ral et musical de l’OpĂ©ra de Leipzig – dirige avec prĂ©cision et une pertinence sans faille le fameux GewandhausOrchester, en se montrant constamment soucieux de dynamique et de coloris. Nous n’avons assistĂ© qu’Ă  la première journĂ©e de ce Ring leipzigois, mais prĂ©cisons au lecteur qu’il sera possible d’assister au Cycle entier du 28 juin au 2 juillet prochain.

Compte-rendu, opéra. Leipzig. Opéra de Leipzig, le 6 mai 2016. R. Wagner : Die Walküre. Avec Christiane Libor (Sieglinde), Andreas Schager (Siegmund), Runi Brattaberg (Hunding), Markus Marquardt (Wotan), Eva Johannson (Brünnhilde), Kathrin Göring (Fricka). Rosamund Gilmore, mise en scène et chorégraphies. Carl Friedrich Oberle, décors. Nicola Reichert, lumières. Ulf Schirmer, direction musicale.

 

 

CD, coffret événement. Wagner : der Ring des Nibelungen (Georg Solti 1958 -1964, cd DECCA)

decca ring wagner solti culshaw presentation critique coffret cd Decca CLASSIQUENEWS CLIC de classiquenews 2015 juin 2015CD, coffret Ă©vĂ©nement. Wagner : der Ring des Nibelungen  (Georg  Solti 1958 -1964, cd DECCA). Dans l’histoire  de l’enregistrement stĂ©rĂ©o  cette première intĂ©grale au disque enregistrĂ©e pour le studio amorcĂ©e Ă  Vienne en 1958, fait date : c’est le producteur britannique chez Decca, John Culshaw qui ayant le projet d’enregistrer tout le Ring choisit le jeune Georg Solti plutĂ´t que le vieux Knappertsbuch : l’odyssĂ©e discographique durera jusqu’en 1964 (non sans mal car le tempĂ©rament de Solti surtout dans sa jeune maturitĂ© de quadra a  souvent heurtĂ© l’éducation des instrumentistes viennois… Qu’importe, l’obsession du dĂ©tail, le rouleau compresseur et le bourreau de travail qu’est Solti avec ses manières parfois âpres, exploitent au maximum les qualitĂ©s du Philharmonique de Vienne ce jusqu’en 1964, annĂ©e du dernier volume : Götterdämmerung / Le CrĂ©puscule des dieux. Une esthĂ©tique spĂ©cifique marque l’interprĂ©tation wagnĂ©rienne car dĂ©sormais plus besoin d’aller Ă  Bayreuth pour ressentir la sensation de la scène ni les performances particulières d’une spacialisation spĂ©cialement conçue pour clarifier l’enjeu de chaque situation et aussi le jeu psychologique opposant ou rapprochant les personnages ; c’est peu dire que la manipulation prĂ©vaut dans le Ring wagnĂ©rien… et que le pouvoir occulte, cachĂ© mais rendu audible par le chant orchestral, de la psychĂ©, pèse essentiellement dans le cheminement dramatique du cycle des 4 opĂ©ras.

 

 

 

Première intégrale du Ring pour le disque, la réalisation dirigée par Solti saisit toujours par la grande cohérence et l’acuité dramatique de sa conception

Heroic Fantaisy post romantique

Richard WagnerA l’heure de Penny dreadfull ou surtout du fantastique Ă©pique et magique  rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© par une sĂ©rie mondialement hors normes comme Game  of thrones,  force est de constater que dĂ©jĂ  en 1876, le gĂ©nie  de Wagner, revivifiant et synthĂ©tisant de nombreuses lĂ©gendes et mythes du passĂ©, avait  tout envisagĂ© et conceptualisĂ© : la construction dramatique,  la puissance vĂ©nĂ©neuse d’images / tableaux Ă©motionnellement irrĂ©sistibles, sublimĂ©es par une musique qui rendant explicite grâce au tissu très complexe des fameux leitmotive, d’une fluiditĂ© souterraine, exprime par les notes, tout ce que les personnages ne disent pas mais pensent prĂ©cisĂ©ment. Le dĂ©coupage et l’approfondissement psychologique de chaque sĂ©quence comme l’enchaĂ®nement des scènes dĂ©montrent l’une des facettes de l’immense gĂ©nie du Wagner dramaturge.

Jamais musique n’aura Ă  ce point sonder les âmes, reconstituer par une mosaĂŻque scintillante et subtilement tissĂ©e, l’Ă©cheveau des pensĂ©es qui composent en s’entremĂŞlant  le caractère et les pulsions souvent contradictoires et changeantes de chaque protagoniste : terreau fĂ©cond des traumas, dĂ©sirs ou rĂŞves les plus intimes qui motivent et dĂ©terminent les actes de chacun par rĂ©percussion. …

Un exemple parmi tant d’autres ? Une sĂ©quence purement symphonique se distingue dans le panthĂ©on des moments les mieux Ă©laborĂ©s et les plus riches en connotations du Ring. On sera toujours sidĂ©rĂ©s de mesurer ainsi la sublime solitude de BrĂĽnnhilde en sa foi  amoureuse sublime pour Siegfried bientĂ´t dĂ©truite par ce dernier qui vient la violenter absent Ă  lui mĂŞme et manipulĂ© par l’infâme et dĂ©moniaque Hagen  (passage de la première partie Ă  la seconde, du premier acte du CrĂ©puscule des dieux). Cet intermède symphonique chef d’oeuvre absolu du théâtre wagnĂ©rien (et qui montre contre tout ce qu’on Ă©crit encore que Wagner et l’un des symphonistes le plus subtils du XIXè) vaut toutes les dĂ©monstrations sur le pouvoir de la musique comme chant de la psychĂ©. Wagner nous dit tout ici: les forces dĂ©moniaques du pervers Hagen que l’on vient juste de quitter : c’est lui dĂ©sormais et jusqu’Ă  la mort du hĂ©ros, le maĂ®tre de Siegfried ; la puretĂ© morale de l’ex Walkyrie  devenue femme Ă©pouse par amour et par compassion, son sacrifice annoncĂ©, la perte de tout bonheur Ă  cause de la malĂ©diction de l’anneau qu’elle porte alors, et donc  de la fin de l’humanitĂ©. … ce CrĂ©puscule n’est pas celui des dieux : il s’agit bien de la fin de l’homme  et de la civilisation sous le poids de ses pulsions les plus noires comme les plus contemporaines : soif du pouvoir, soif de l’or au mĂ©pris de l’amour vĂ©ritable. Dans cette transition symphonique, veritable tableau commentaire des forces agissantes, Wagner dĂ©peint la violence tragique et cynique que infĂ©ode hĂ©ros et situations.

 

 

john-culshaw-goerg-solti-ring-wagner-londres-1958-1964-critique-presentation-classiquenews

 

Georg Solti et John Culshaw le producteur du Ring historique de 1958 (DR)

 

 

C’est un Ă©pisode de musique pure oĂą le cheminement du hĂ©ros manipulé  (qui va rejoindre le rocher de son aimĂ©e dont il n’a plus le souvenir et qu’il va honteusement trahir), la sublime passion de BrĂĽnnhilde  (exposĂ©e Ă  la clarinette), mais aussi l’Ă©noncĂ© du drame qui se joie au moment oĂą l’auditeur Ă©coute comme un acteur complice la situation sont exprimĂ©s dans une clartĂ© Ă©conome. Solti ouvre une nouvelle perspective mentale et psychologique oĂą Wagner Ă©tirant le temps et l’espace appelle Ă  un traitement discographique : l’imagination, la sensation libĂ©rĂ©es du dictât visuel peuvent se dĂ©ployer sans limites. VoilĂ  inscrit dans l’Ă©criture mĂŞme de Wagner, des composantes qui rendent au XX ème tout traitement de la TĂ©tralogie, hors scène, absolument captivant. Solti a façonné  son Ring au niveau de cette architecture poĂ©tique et musicale conçue  par Wagner. .. une conception qui dĂ©passe la simple exĂ©cution en studio prĂ©fĂ©rant comme le fera Karajan après lui dans les annĂ©es 1960 mais Ă  Berlin avec le Berliner  Philharmoniker, l’idĂ©e de fĂ©erie ou de fantaisie ou mieux, de théâtre total et sonore grâce au disque. Celui qui Ă©choua  Ă  Bayreuth (il ne dirige qu’une seule annĂ©e en 1982 et en plus sans comprendre vĂ©ritablement les spĂ©cificitĂ©s de la fosse),  Ă©difie ici sa propre TĂ©tralogie dont la ciselure instrumentale, le souffle de la conception orchestrale, le choix des voix solistes  bien sĂ»r affirment une pensĂ©e globale douĂ©e d’imagination et d’une rare efficacitĂ© dramatique (une rĂ©fĂ©rence Ă  laquelle puise Karajan et qu’il s’ingĂ©niera Ă  dĂ©passer).

Pour autant en s’appuyant sur les seules et immenses ressources de la texture orchestrale, fallait-il  rajouter  des effets dignes d’Hollywood comme le coup  de tonnerre comme pour annoncer la catastrophe Ă  venir  (trahison de Siegfried, humiliation de BrĂĽnnhilde…), justement dans la sĂ©quence purement orchestrale que nous venons de distinguer prĂ©cĂ©demment.

 

A chacun de se forger sa propre idĂ©e : très articulĂ©e et nerveuse, la vision du jeune Solti (46 ans) s’impose toujours grâce Ă  cette acuitĂ© expressive plus fĂ©line que le théâtre sensuel intellectuel d’un Karajan infiniment plus introspectif, par exemple-, dans une réédition d’autant plus nĂ©cessaire qu’elle a fait l’objet d’une remasterisation très bĂ©nĂ©fique (en rĂ©alitĂ© qui remonte Ă  2012, alors rĂ©alisĂ© pour le centenaire Solti).  Grâce Ă  l’intelligence de cette première intĂ©grale stĂ©rĂ©o du Ring, Decca  s’affirmait bel et bien comme un label majeur pour l’opĂ©ra, et Solti gagnait ses galons de chef internationalement reconnu qui ne ne tardera pas après cet accomplissement wagnĂ©rien, à diriger entre autres le Royal Opera House Covent  Garden avec le succès  que l’on sait.

Produit d’une collaboration oĂą le producteur de Decca a comptĂ© de façon dĂ©cisive, le livret comporte toute les prĂ©sentations de chaque opĂ©ra par John Culshaw (le vrai concepteur de ce Ring pionnier), approche et note d’intention captivante qui explique ce qui s’offre Ă  notre Ă©coute (options interprĂ©tatives, enjeux et genèse de chaque ouvrage…  : cette TĂ©tralogie a Ă©tĂ© prĂ©alablement analysĂ©e et l’enregistrement est le fruit d’une pensĂ©e attentive et scrupuleuse Ă  en dĂ©fendre l’acuitĂ© dramatique comme le sens humaniste souvent mĂ©sestimĂ©). Il n’est que la TĂ©tralogie par Karajan Ă  Berlin Ă  partir de 1966, soit 8 ans après l’initiative de Solti/Culshaw, – Ă©galement conçue pour le studio-, qui atteigne un tel approfondissement esthĂ©tique et interprĂ©tatif sur l’oeuvre wagnĂ©rienne. En outre, 3 cd en bonus complètent la comprĂ©hension du cycle du Ring : 2 cd constituent l’introduction au Ring par Deryck Cooke, 1 ultime cd regroupe l’ensemble des livrets anglais / français (compatible Adobe acrobat 6.0)

Richard Wagner
Le Ring des Nibelungen
Der Ring des Nibelungen

The Ring of the Nibelung
Das Rheingold — Die Walküre — Siegfried — Götterdämmerung

George London, Kirsten Flagstad, James King, Régine Crespin, Hans Hotter, Birgit Nilsson, Christa Ludwig, Wolfgang Windgassen, Dietrich Fischer-Dieskau

Wiener Staatsopernchor, Wiener Philharmoniker. Georg Solti, direction. John Culshaw, production, conception artistique.

 

 

Prochaine critique complète du Ring Wagner par Georg  Solti  (1958-1964 / 16 cd) dans le mag cd dvd, livres  de CLASSIQUENEWS.COM

 

 

Livres. Henri Christophe. Richard Wagner : L’Anneau du Nibelung (SymĂ©trie)

henri christophe l anneau du nibelung wagner traduction isbn_978-2-36485-026-2RĂ©digĂ©e au moment de la diffusion sur Arte en 1991 de la fameuse TĂ©tralogie du centenaire de Bayreuth (1876-1976) signĂ©e ChĂ©reau et Boulez, la mythique Ă©quipe française, la traduction d’Henri Christophe est Ă©ditĂ©e chez SymĂ©trie. Le texte a Ă©tĂ© composĂ© pour ĂŞtre lu sur les images de cette production, dans le temps imparti pour chaque sĂ©quence, dans la durĂ©e  du spectacle, selon les contraintes aussi pratiques (2 lignes de texte au bas de l’Ă©cran). Il en dĂ©coule une prosodie rapide, sĂ©quencĂ©e, aux images sensuelles et charnelles, aux Ă©clairs rĂ©flexifs qui engagent et dĂ©voilent tout un Ă©troit rĂ©seau de correspondances entre les tableaux, dans les strates du texte global. Le cerveau de Wagner n’a jamais Ă©tĂ© mieux compris dans une langue Ă  la fois prĂ©cise, violente, organique et flamboyante. C’est immĂ©diatement l’intelligence du dramaturge Wagner qui surgit, son sens du verbe, sa ciselure des portraits psychologiques et des situations.

Traducteur en 1991 pour Arte, Henri Christophe éclaire les facettes prosodiques du Ring

Wagner traduit : une révélation poétique

 

CLIC D'OR macaron 200Ne prenons que deux exemples parmi les plus denses et psychologiquement fouillĂ©s du Ring : extraits de La Walkyrie, le monologue de Wotan qui s’adresse Ă  sa fille chĂ©rie BrĂĽnnhilde et lui avoue son impuissance face aux arguments de l’Ă©pouse Fricka qui lui demande de rompre sa protection auprès des Valse… Puis extrait du CrĂ©puscule des dieux : le dernier monologue de BrĂĽnnhilde, l’Ă©pouse trompĂ©e par Siegfried qui cependant frappĂ©e d’un discernement supĂ©rieur, comprend le sens profond de tout le cycle, pardonne Ă  celui qui l’a trahie, et restitue l’anneau maudit aux filles du Rhin…
D’une façon gĂ©nĂ©rale, le texte de Henri Christophe est direct, plus clair du point de vue des idĂ©es et des images formulĂ©s ; sĂ©quencĂ© en phrases courtes, il souhaite (mĂŞme si sa destination n’est pas d’ĂŞtre chantĂ©) reproduire le rythme du chant lyrique ; le dĂ©coupage qui en dĂ©coule semble suivre les mĂ©andres du continuum musical : Henri Christophe a Ă©coutĂ© chaque scène musicale en formulant la taille, le dĂ©bit de ses traductions. Evidement indications scĂ©niques et didascalies n’Ă©tant pas indiquĂ©es entre parenthèses, le lecteur perd en comprĂ©hension scĂ©nique et visuelle, mais il gagne une proximitĂ© Ă©motionnelle avec chaque protagoniste que les autres textes Ă  la rĂ©daction plus contournĂ©e, n’offrent pas.
MĂŞme pour des non germanistes/germanophones, le travail de Wagner sur l’allitĂ©ration et non la rime, une saveur organique du langage qui convoque la prĂ©sence tangible des pulsions et forces psychique inspirĂ©es des mythes fondateurs qui l’ont tant portĂ© dans la conception globale de la TĂ©tralogie, s’impose : elle attise la lecture dans le feu des forces en prĂ©sence. Le jeu de Wagner est d’anticiper ou de se remĂ©morer, dilatation Ă©lastique et oscillante du temps qui fonde sa fascinante intensitĂ© : passĂ© et futur sont Ă©voquĂ©s presque simultanĂ©ment pour intensifier la perception du prĂ©sent (prolepses ou prĂ©visions, analepses ou flashback). La vision est dĂ©jĂ  cinĂ©matographique et l’on repère dans la construction du maillage linguistique ainsi restituĂ©, les filiations et les correspondances multiples du texte, conçu comme un seule et mĂŞme Ă©toffe qu’on la prenne Ă  son commencement comme Ă  sa fin…

Les idĂ©es prĂ©conçues tiennent bon, or si certains s’entĂŞtent Ă  regretter les faiblesses du Wagner librettiste, force est de constater ici la puissance de son verbe, l’Ă©loquence de ses idĂ©es, la cohĂ©rence des imbrications dramatiques, le sens de l’impact dramaturgique. Tout cela restitue la force et la spĂ©cificitĂ© du théâtre wagnĂ©rien, scène plus psychique et politique que narrative et d’action : tout fait sens Ă  mesure que les situations se prĂ©cisent, que les confrontations accomplissent leur Ĺ“uvre. Le lecteur saisit enfin l’unitĂ© souterraine du cycle. Peu Ă  peu s’affirme la profonde impuissance des ĂŞtres ; ces dieux ambitieux, arrogants s’Ă©puisent dans l’exercice et le maintien absurde de leur pouvoir : la destinĂ©e de Wotan /Wanderer s’en trouve lumineuse ; un rĂ©sumĂ© du cycle entier : chacun tĂ´t ou tard doit assumer les consĂ©quences de ses actes. Au compositeur de dessiller les yeux des aveuglĂ©s. Gageons que le texte d’Henri Christophe accrĂ©dite enfin le principe Ă  prĂ©sent explicite d’un Wagner, librettiste affĂ»tĂ© voire gĂ©nial. C’est bien le moindre des apports de cette traduction heureusement Ă©ditĂ©e.

Henri Christophe. Richard Wagner : L’Anneau du Nibelung (Éditions SymĂ©trie). ISBN : 978 2 36485 026 2. 403 pages. 13,80€. FĂ©vrier 2015. Un texte d’introduction très documentĂ© rĂ©capitule l’histoire des traducteurs français de Wagner et aussi la chronologie des crĂ©ations de ses oeuvres dans l’Hexagone… Passionnant.

Le Ring de Wagner Ă  Munich

wagner-ring-tetralogie-582-612Munich. Wagner : Le Ring. Du 20 fĂ©vrier au 29 mars 2015. Le Bayerisches Staatsoper de Munich, dans la capitale bavaroise affiche l’intĂ©gralitĂ© de la TĂ©tralogie wagnĂ©rienne dans la rĂ©alisation du duo Kirill Petrenko chef d’orchestre) et Andreas Kriegenburg (rĂ©gie, mise en scène). Dans l’ordre, L’or du Rhin pour le prĂ©lude, puis les 3 journĂ©es : La Walkyrie, Siegfried enfin Le CrĂ©puscule des dieux.  Soit 13 soirĂ©es wagnĂ©riennes. le cycle peut ĂŞtre Ă©coutĂ© dans la quasi continuitĂ© les 22,23,26 et 29 mars 2015. Production dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ©e en 2012.

Wagner 2014 : Le Ring nouveau de BayreuthLa TĂ©tralogie raconte sur le registre Ă©pique et universel l’accomplissement de la barbarie et de l’indignitĂ© humaine sur le monde et les hommes. L’ĂŞtre intelligent et faux bâtisseur (Wotan) construit sa propre perte en imposant ses règles : manipulation, vol, tyrannie, impĂ©rialisme. Avide et vĂ©nal, le Dieu des dieux se montre parfaitement indigne de son prestige. Pour dĂ©rober l’autoritĂ© qu’il prĂ©tend dĂ©tenir, il a perdu un oeil et s’est taillĂ© une lance dans le bois du hĂŞtre primordial… Ici le pouvoir rend fou et l’amour de l’or, totalement inhumain. Dans L’or du Rhin, l’or pur du fleuve garant de l’Ă©quilibre naturel est dĂ©robĂ© par Alberich, Ă  son tour dĂ©possĂ©dĂ© par… Wotan lequel pour Ă©difier son palais du Walhalla, trompe abusivement les GĂ©ants. A la fin du Prologue, Wotan et sa clique divine monte au sommet : image de l’orgueil dĂ©mesurĂ©, leur ascension annonce dĂ©jĂ  leur chute.
Dans La Walkyrie paraĂ®t l’amour, celui du couple Siegmund et Sieglinde, les parents du hĂ©ros Ă  venir : Siegfried. Ils sont tous les deux sacrifiĂ©s sur l’autel du cynisme de Wotan : mais sa propre fillle, la Walkyrie BrĂĽnnhilde ose braver l’ordre du père. Sieglinde pourra enfanter le hĂ©ros Ă  naĂ®tre, mais elle perdra son statut et deviendra simple mortelle, protĂ©gĂ©e par un rideau de feu.
Siegfried raconte l’enfance du hĂ©ros attendu. Comment Alberich son tuteur lui cache sa nature exceptionnelle et mourra sous la lame de son Ă©pĂ©e. Le hĂ©ros qui ne connaĂ®t pas la peur, assassine le dragon : il peut rejoindre la Walkyrie sur son rocher pour l’Ă©pouser…
Dans le CrĂ©puscule des dieux, la prophĂ©tie s’accomplit et Wotan doit cĂ©der la place Ă  Siegfried. Pourtant, ce dernier trop naĂŻf et manipulable se laisse berner par le clan de Gibishungen : il trahit BrĂĽnnhilde, et meurt honteusement Ă  la suite d’un complot : sa mort puis l’ample monologue de BrĂĽnnhilde annonçant une ère nouvelle sont les deux temps forts d’une partition parmi les plus rĂ©ussies de tout le cycle.

La Tétralogie wagnérienne à Munich
Der Ring des Nibelungen

agenda
L’or du Rhin,  Das Rheingold
Les 20,27 février puis 11 et 22 mars 2015

La Walkyrie, Die WalkĂĽre
Les 28 février puis 6,14,23 mars 2015

Siegfried
Les 8,16,26 mars 2015

Götterdämmerung
Les 20 et 29 mars 2015

Illustrations : Odin par Arthur Rackham, Richard Wagner (DR)

France Musique. Ce soir, L’Or du Rhin de Wagner, 20h (Bayreuth 2014)

Festspielhaus BayreuthFrance Musique. Ce soir, L’Or du Rhin de Wagner, 20h (Bayreuth 2014). Reprise du Ring 2013 Ă  Bayreuth 2014. Sous la direction de Kirill Petrenko, ardent chef lyrique, le drame cynique wagnĂ©rien saura-t-il nous sĂ©duire ? Wagner, compositeur dĂ©sespĂ©rĂ©, amer, de surcroĂ®t incompris, conçoit une scène barbare. S’il y convoque la fĂ©erie, ou plutĂ´t les personnages de la lĂ©gende (naĂŻades, nains, gĂ©ants, dieux…), c’est Ă  seule fin de les parodier pour mieux dĂ©voiler l’horreur d’un monde politisĂ© qui a perdu son harmonie originelle. Le cynisme que l’on dĂ©nonce souvent comme un dĂ©tournement de l’oeuvre, est donc inscrit dans la partition et son livret, (rĂ©digĂ© par Wagner) et l’on a tort d’exiger de la fĂ©erie, lĂ  oĂą elle n’apparaĂ®t que dans un certain dessein. L’enjeu de L’Or du Rhin est d’autant plus essentiel qu’en tant que Prologue, l’ouvrage, -prĂ©ambule aux trois JournĂ©es suivantes-, pose clairement cadre, situations, enjeux et ambitions des personnages pour tout le cycle : ambition impĂ©rialiste de Wotan, manipulation gĂ©nĂ©rale dans un monde vouĂ© Ă  l’or et les tractations politiques… C’est pourtant le dĂ©but de la fin car mĂŞme s’il se fait livrer par les gĂ©ants dĂ©faits, son palais du Walhalla, Wotan a souhaitant prendre possession de l’univers, signe aussi son arrĂŞt de Wagner : le Ring du Bayreuth 2014mort… La production diffusĂ©e ce soir par France Musique a soulevĂ© bien des rĂ©actions plutĂ´t contraires, au point que pour la première fois de son histoire, la colline verte prĂ©sentait le Ring sans avoir vendu toutes les places. La machine Bayreuth fait-elle encore rĂŞver ? On veut bien que le théâtre construit par Wagner propose la meilleure acoustique du monde … mais les voix souvent indignes et les mises en scène trop dĂ©calĂ©es refroidissent les ardeurs pour y venir en masse. Alors faĂ®tes comme nous, savourez ou dĂ©couvrez Le Ring de Bayreuth 2014, dans votre fauteuil, en suivant la diffusion sur France du premier volet de la TĂ©tralogie, soir L’Or du Rhin, ce soir Ă  partir de 20h.

Lire aussi  Bayreuth 2014 : Rien ne va plus !

Lire aussi la Tétralogie de Wagner, voir la distribution complète du Ring du Bayreuth 2014

Le Ring du Bayreuth 2014

wagner grand formatFrance Musique Ă  Bayreuth.Wagner : Der Ring, les 3,10,17,24 aoĂ»t 2014. Que vaut Le Ring version Bayreuth 2914 ? La direction musicale est assurĂ©e par le chef Kirill Petrenko, nĂ© en 1972 Ă  Omsk. Et pour chanteurs, un plateau de wagnĂ©riens mĂ©connus/inconnus jusque lĂ … C’est avĂ©rĂ©, et depuis une dĂ©cennie voire deux… les meilleures productions wagnĂ©riennes n’ont plus guère lieu sur la colline verte, et c’est bien le drame de Bayreuth actuellement. Ce ne sont pas les mises en scène dĂ©calĂ©es branchĂ©es souvent très laides ou tristement gadgets qui compensent l’absence de qualitĂ© musicale et de cohĂ©rence dramatique. Mais Ă  chaque Ă©dition estivale du festival conçu par Richard Wagner lui-mĂŞme, le festivalier est en droit d’espĂ©rer une surprise voire un … miracle. Assister au Ring dans le théâtre Ă©difiĂ© par Wagner avec l’aide de Louis II de Bavière demeure en soi une expĂ©rience inoubliable : le premier Ring fut inaugurĂ© en 1876. La direction de Kirill Petrenko qui n’en est pas Ă  son premier Wagner ni son premier Ring suffira-t-elle Ă  emporter l’acuitĂ© expressive et poĂ©tique du drame wagnĂ©rien ? Souvent Ă  force de minutie attentive, de souci hĂ©doniste du son, les chefs en oublient surtout le mouvement enfiĂ©vrĂ© de l’action musicale … Et la mise en scène de Franck Castorff ? Qu’en sera-t-il en aoĂ»t 2014 ? Parions que ses dĂ©calages outranciers et sa frĂ©nĂ©sie confuse et laide digne d’une mauvaise BD ne provoquent le mĂŞme agacement qu’en 2013 oĂą le spectacle avait Ă©tĂ© créé et reçu de façon scandaleuse. A dĂ©faut de se dĂ©placer Ă  Bayreuth, France Musique diffuse les 4 volets de ce Ring Bayreuthien Ă  Ă©couter (plutĂ´t qu’Ă  voir).

petrenko-kirill-wagner-bayreuthL’Or du Rhin, dimanche 3 aoĂ»t 2014, 20h
La Walkyrie, dimanche 10 août 2014, 20h
Siegfried, dimanche 17 août 2014, 20h
Le Crépuscule des dieux, dimanche 24 août 2014, 20h

 

 

Approfondir
Consulter les distributions du Ring Bayreuth 2014 (Kirill Petrenko, direction) sur le site du Festival de Bayreuth

Lire notre dossier spécial La Tétralogie de Richard Wagner (1876)

L’Avant Scène OpĂ©ra spĂ©cial festival de Bayreuth

CD. Wagner : extraits du Ring. Philippe Jordan (Erato)

Après un prĂ©cĂ©dent symphonique tout aussi jubilatoire dĂ©diĂ© Ă  la Symphonie Alpestre de Strauss, autre massif orchestral d’envergure – et aussi de ciselure instrumentale-, Philippe Jordan et les musiciens de ” son ” orchestre de l’OpĂ©ra de Paris, retrouvent ici le studio d’enregistrement pour la totalitĂ© wagnĂ©rienne, miroir des reprĂ©sentations du Ring, doublement prĂ©sentĂ© Ă  Bastille pour l’annĂ©e Wagner 2013.

 

 

Wagner : chambrisme somptueux

 

philippe-jordan-wagner-ring-extraitsOn reste déçus par le minutage chiche du double coffret, bien Ă©conome et plutĂ´t très synthĂ©tique sur la somme totale ainsi dirigĂ©e dans la fosse parisienne. Mais reconnaissons que le transfert du geste, de Bastille au studio souligne les qualitĂ©s propres de l’orchestre parisien et du chef : transparence, lumière, cohĂ©sion, rondeur… Souvent le visuel de couverture renseigne sur l’intention poĂ©tique du projet : ici un superbe paysage montagneux, – la cime wagnĂ©rienne n’est pas si loin- dont l’arĂŞte impressionnante et toute la structure se laissent deviner – impressionnante- sous une brume esthĂ©tisante et poĂ©tique… un voile suggestif qui n’empĂŞche pas la claire dĂ©finition du dĂ©tail.
D’emblĂ©e, la lecture parisienne sous l’impulsion musicale du chef suisse se distingue Ă  toute autre approche : sonoritĂ© onctueuse et coulante, d’une cohĂ©sion irrĂ©prochable avec cette nuance de clartĂ© et de transparence, lumineuse et Ă©loquente, qui fait la caractĂ©ristique majeure de la lecture. C’est un Wagner Ă  la fois somptueusement lyrique et surtout chambriste qui se rĂ©alise ici, Ă©tirant le temps et sa suspension jusqu’Ă  rompre la corde dramatique. La scène finale oĂą Brunnhilde rĂ©capitule en une vision pleine de promesse pour le futur, l’ensemble de l’Ă©popĂ©e manque parfois de frisson et de fulgurance (la faute en revient Ă  Ninna Stemme – invitĂ©e Ă  Bastille aussi pour chanter Elisabeth dans Tannhäuser : voix ductile et chaude, mais verbe sans accent ni fièvre) , ce qui fait habituellement le prix d’une captation live… mais l’unitĂ© et la distance poĂ©tique au service d’une opulence constante des couleurs instrumentales s’imposent Ă  nous de façon irrĂ©sistible.
Voici un Wagner, pensĂ©, mĂ»ri, mesurĂ©, esthĂ©tisant dont l’Ă©quilibre dans sa rĂ©alisation nous rappelle la leçon rĂ©cente menĂ©e Ă  Dijon par Daniel Kawka, dans un Ring réécrit (donc très contestĂ©) mais musicalement irrĂ©prochable. En 2013, Wagner a donc connu les honneurs des musiciens dans l’Hexagone. Ce double disque magnifique en recueille les fruits les plus scrupuleusement travaillĂ©s, les plus immĂ©diatement chatoyants et convaincants. Bravo Ă  Erato d’en permettre la gravure pour notre plus grand plaisir. Car au moment des reprĂ©sentations parisiennes, le Ring de Jordan avait quelque peu pâti des critiques Ă©pinglant Ă  torts le travail scĂ©nique du metteur en scène GĂĽnter Krämer.

 

WAGNER : Extraits du Ring
Lâ€or du Rhin : PrĂ©lude
La Walkyrie : La ChevauchĂ©e des Walkyries – Lâ€incantation du feu
Siegfried : Les murmures de la forêt
Le crépuscule des Dieux : Voyage de Siegfried sur le Rhin – Marche funèbre de Siegfried,
Scène finale “Starke Scheite“ (Nina Stemme, soprano). Chœurs & Orchestre de l’Opéra National de Paris. Philippe Jordan, direction. 2CD ERATO 5099993414227

 

 

Compte rendu. Wagner : Der Ring. Daniel Kawka, direction (Dijon, le 13 octobre 2013)

VnsxJtQY62_201310223GL1UUUC7DCompte rendu. Wagner : Der Ring. Daniel Kawka, direction (Dijon, le 13 octobre 2013). A Dijon : un certain Ring, pas le Ring … Commençons par le malentendu qui n’a pas manquĂ© de troubler la juste Ă©valuation de ce Ring dijonais plutĂ´t froidement accueilli par certains medias, trop attachĂ©s Ă  une vision classique voire conservatrice de La TĂ©tralogie wagnĂ©rienne. La production de l’OpĂ©ra de Dijon souffrirait ainsi de deux maux impardonnables : ses coupures (plutĂ´t franches … mais cohĂ©rentes car elles Ă©vitent les Ă©pisodes rĂ©pĂ©titifs d’un opĂ©ra Ă  l’autre)) ; ses inclusions contemporaines, regards actuels signĂ©s du compositeur en rĂ©sidence Ă  Dijon (Brice Pauset), lequel qui non seulement rĂ©invente certains Ă©pisodes mais surtout rĂ©arrange la partition pour rĂ©ussir les transitions entre les sĂ©quences qui ont Ă©chappĂ© Ă  la coupe…  Double forfait de lèse majestĂ© oĂą c’est Wagner qu’on assassine…
C’Ă©tait oubliĂ© que ce Ring produit et portĂ© par le directeur de l’OpĂ©ra de Dijon, Laurent Joyeux (lequel en signe aussi la mise en scène et qui a pilotĂ© toute la conception dramatique et artistique), est avant tout une relecture en forme de rĂ©duction qui s’assume en tant que telle : une sorte d’ ” avant-goĂ»t ” destinĂ© non aux purs wagnĂ©riens, nostalgiques de Bayreuth (ceux lĂ  mĂŞme qui crient au scandale), mais aux nouveaux publics, Ă  tout ceux qui ne connaissant pas Wagner ou si peu, n’ayant jamais (ou que trop rarement) passĂ© la porte de l’opĂ©ra, ” osent ” s’aventurer ici en terres wagnĂ©riennes pour en goĂ»ter les dĂ©lices … vocaux, musicaux, visuels. A en juger par les très nombreux rappels en fin de cycle (après Siegfried puis Le CrĂ©puscule des  Dieux), la maison dijonaise a amplement atteint ses objectifs, un pourcentage de nouveaux spectateurs très sensible,  jeunes et nouveaux ” wagnĂ©riens “, ainsi convertis sont venus pour la première fois Ă  l’OpĂ©ra de Dijon grâce Ă  cette expĂ©rience singulière.
Donc exit les critiques sur l’outrage fait Ă  la TĂ©tralogie originelle… Tout est question de perspective et de culture : la France n’a jamais aimĂ© les adaptations d’après les grandes oeuvres. L’immersion allgĂ©e dans le monde Wagner reste efficace. Ce Ring diminuĂ©, retaillĂ© pour ĂŞtre Ă©coutĂ© et vu sur 2 jours (concept de dĂ©part), tient ses promesses et mĂŞme rĂ©serve de sublimes dĂ©couvertes. Car pour les wagnĂ©riens, comme nous, non bornĂ©s, les coupes, la réécriture du flux dramatique n’empĂŞchent pas, au contraire, une rĂ©alisation musicale proche de la perfection. Un miracle artistique opportunĂ©ment orchestrĂ© pour l’annĂ©e du bicentenaire Wagner 2013.

Quelques faiblesses pour commencer …

 

Parlons d’abord des faiblesses (mineures en vĂ©ritĂ©) de ce Ring retaillĂ©. Perdre le vĂ©ritable tableau des nornes qui ouvre le CrĂ©puscule, pour celui réécrit par Pauset, reste une erreur (affaire de goĂ»t) : mĂŞme si l’inclusion contemporaine placĂ©e en introduction Ă  Siegfried  rĂ©capitule en effet ce qui a prĂ©cĂ©dĂ© (La Walkyrie) et prĂ©pare Ă  l’action hĂ©roĂŻque Ă  venir, ne pas entendre Ă  cet endroit prĂ©cis, la musique de Wagner est difficile Ă  supporter : le gain  dans cette substitution n’est pas Ă©vident : l’auditeur/spectateur y a perdu l’un des tableaux les plus envoĂ»tants de la TĂ©tralogie. Et dĂ©buter l’Ă©coute de Siegfried par le prisme d’une musique viscĂ©ralement ” Ă©trangère “, est une expĂ©rience qui relève de l’Ă©preuve. Avouons que rentrer dans l’univers WagnĂ©rien par ce biais a Ă©tĂ© abrupt, soit presque 20 minutes de musique tout Ă  fait inutile. Certes on a compris le principe du regard contemporain sur Wagner mais sur le plan dramatique, nous prĂ©fĂ©rons vraiment l’Ă©pisode originel. Infiniment plus poĂ©tique et plus Ă©pique.

De mĂŞme, d’un point de vue strictement dramatique, l’enchaĂ®nement entre l’avant dernier et l’ultime tableau du CrĂ©puscule (changement de dĂ©cor oblige : installation de l’immense portique architecturĂ© en fond de scène) impose un temps d’attente silencieux trop important qui nuit gravement Ă  la continuitĂ© du drame. L’impatience gagne les rangs des spectateurs. On note aussi certains ” dĂ©tails ” dans la rĂ©alisation des choeurs (pendant le rĂ©cit de Siegfried aux chasseurs, ou plus loin, au moment du mariage de BrĂĽnnhilde et de Gunther dans Le CrĂ©puscule) … rĂ©duits Ă  3 ou 4 voix masculines (quand plusieurs dizaines de choristes sont initialement requis)… Qu’importe, la rĂ©duction et la version coupĂ©e ont Ă©tĂ© annoncĂ©es donc ici assumĂ©es. L’important est ailleurs.  Infiniment plus bĂ©nĂ©fique.

 

 

Fosse miraculeuse

 

kawka_daniel_wagner_2013_chef_dijon_opera_443Daniel Kawka, orfèvre du tissu wagnĂ©rien … Car ce qui se passe dans la fosse… est un pur miracle. Un dĂ©fi surmontĂ© (après le dĂ©sistement du premier orchestre partenaire) et sublimĂ© grâce au seul talent du chef invitĂ© Ă  diriger ce Ring musicalement anthologique : Daniel Kawka. Disciple admirateur de Boulez, le maestro français, fondateur de l’Ensemble Orchestral contemporain, dĂ©jĂ  Ă©coutĂ© dans Tristan ici mĂŞme (mis en scène par Olivier Py) se rĂ©vèle d’une sensibilitĂ© gĂ©niale par sa direction analytique et si subtilement architecturĂ©e. Il Ă©blouit par son sens des Ă©quilibres sonores, des balances instrumentales, une conception hĂ©doniste et brillante, lĂ©gère et transparente, surtout organique de l’orchestre wagnĂ©rien ; la baguette accomplit un travail formidable sur la partition, sachant fusionner le temps, l’espace, les passions qui submergent les protagonistes : la prouesse tient du gĂ©nie tant ce rĂ©sultat  esthĂ©tiquement si accompli, s’inscrit a contrario du principe de coupures et de sĂ©quençage de ce Ring Wagner/Pauset.  Du dĂ©but Ă  la fin, l’Ă©coute est happĂ©e/captivĂ©e par le sens de la continuitĂ© et de l’aspiration temporelle. D’une articulation superlative, chaque pupitre restitue le tissu symphonique selon les Ă©pisodes avec un brio sonore (cuivres ronds, bois mordants, cordes aĂ©riennes…) et une profondeur exceptionnellenent riche sur le plan Ă©motionnel. Les Ă©tagements idĂ©alement rĂ©alisĂ©s expriment la suractivitĂ© orchestrale, ce continuum permanent d’intentions et de connotations, de rĂ©itĂ©rations, variations ou dĂ©veloppements entremĂŞlĂ©es qui composent l’Ă©toffe miroitante de l’orchestre wagnĂ©rien. Si parfois les tutti semblent attĂ©nuĂ©s (couverts de facto par la scène), le relief des couleurs, la vision interne qui restitue au flot musical, sa densitĂ© vivante, offrent une expĂ©rience unique. VoilĂ  longtemps qu’un tel Wagner nous semblait irrĂ©alisable : chambriste, psychologique, Ă©motionnel, l’orchestre dit tout ce que les chanteurs taisent malgrĂ© eux. Combien l’apport du chef serait dĂ©cuplĂ© dans un cycle intĂ©gral ! Voici assurĂ©ment l’argument le plus indiscutable de ce Ring dijonais.
DIJON_siegfried_bruhnnilde_2013Parmi les plus Ă©blouissantes rĂ©ussites musicales des deux derniers volets auxquels nous avons assistĂ© : le rĂ©veil de BrĂĽnnhilde par Siegfried (clĂ´turant Siegfried) puis dans Le CrĂ©puscule, l’intermède musical qui prĂ©cède le viol de BrĂĽnnhilde par Gunther/Siegfried (bouleversant miroir des pensĂ©es de la  sublime amoureuse), enfin  la dernière scène oĂą la veuve du hĂ©ros restitue l’anneau malĂ©fique avant de se jeter dans les flammes du bĂ»cher salvateur et purificateur … Ces trois pages resteront des moments inoubliables : Sabine Hogrefe qui avait Ă©tĂ© sous la direction du chef et dans la mise en scène dĂ©jĂ  citĂ©e, une Isolde captivante, incarne Ă  Dijon, une BrĂĽnnhilde fine et incandescente ; ici, mĂŞme complicitĂ© Ă©vidente avec le chef dans un rapport idĂ©al entre fosse et plateau : un dispositif  spĂ©cialement amĂ©nagĂ© comme Ă  Bayreuth qui Ă©tage sous la scène les instrumentistes sur 5 niveaux.
Les aigus rayonnants et d’une santĂ© vocale sont Ă  faire frĂ©mir, surtout sa justesse psychologique est Ă  couper le souffle. On comprend dès lors que ce ce rĂ©veil de l’ex Walkyrie est surtout celui d’une demi dĂ©esse qui devient femme mortelle, dĂ©sormais prĂŞte (ou presque au dĂ©part de cette rencontre avec Siegfried) Ă  aimer le hĂ©ros, vainqueur de Wotan. Incroyable mĂ©tamorphose obligĂ©e qui prend tout son sens ici, grâce Ă  la subtilitĂ© de l’actrice, grâce au chant tout en nuances de l’orchestre dans la fosse. Ainsi jaillissent toutes les Ă©motions, la fragilitĂ© et l’innocence des deux âmes (Siegfried/BrĂĽnnhilde) qui se dĂ©couvrent et se (re)connaissent alors pour la première fois (la rencontre est l’un des thèmes les plus bouleversants de l’opĂ©ra wagnĂ©rien, ici rĂ©alisĂ© de façon irrĂ©sistible).

 

 

Siegfried, jeune Rimbaud en devenir, du poétique au politique

Aux cĂ´tĂ©s de BrĂĽnnhilde, son partenaire tout aussi convaincant, le Siegfried du jeune Daniel Brenna sert admirablement la conception du metteur en scène  qui fait du hĂ©ros mythique non plus ce naĂŻf guerrier bientĂ´t manipulĂ© et envoĂ»tĂ© par les Gibishugen, mais un jeune poète, ardent et  impatient, vibrant au diapason de la nature, âme curieuse et agissante, carnet de notes en main, sorte de Rimbaud voyageur, Ă  l’Ă©coute du monde et des Ă©pisodes naturels : d’une mĂŞme acuitĂ© tonifiante que celui de sa partenaire, le chant du tĂ©nor est exemplaire en clartĂ©, en projection du verbe, de juvĂ©nilitĂ© solaire. Quelle lecture diffĂ©rente Ă  tant de visions conformes oĂą pèsent souvent le poids de l’Ă©pĂ©e, … voire l’inconsistance d’un jeu souvent primaire.
Ici Laurent Joyeux suit la ligne des coupes et ce plan volontaire qui favorise la clartĂ© psychologique des individus et qui fait dans le sĂ©quençage produit, une scène en forme de huit clos théâtral Ă  quelques personnages (surtout dans Le CrĂ©puscule des dieux oĂą l’opĂ©ra s’ouvre directement sur le dialogue des Gibishchugen Gunther et son demi frère Hagen, sans donc les deux Ă©pisodes des nornes et de la rencontre entre Siegfried et les filles du Rhin) : innocent et impulsif, portĂ© par le dĂ©sir de conquĂŞte puis par le pur amour, Siegfried devient sous l’effet d’un breuvage malĂ©fique, animal politique, outrageusement trompĂ©, … il est alors capable des pires agissements, trompant, blessant, humiliant son Ă©pouse. Il ne revient Ă  lui-mĂŞme qu’au moment d’expirer, – après avoir Ă©tĂ© odieusement assassinĂ© par Hagen : on voit bien ce passage du poĂ©tique au politique, de l’amour au pouvoir qui dĂ©truit toute humanitĂ©, sous l’effet de l’anneau maudit. La ligne psychodramatique est claire et offre de superbes visuels, comme cette aile blanche gigantesque qui est la couche de BrĂĽnnhilde, … lit d’Ă©veil, lit nuptial pour ses amours avec Siegfried : … d’une puretĂ© symbolique digne d’un Magritte (certainement le plus beau tableau de toute la soirĂ©e).

 

 

DIJON_RING_wagner_crepusculeAu terme de ce dĂ©senchantement annoncĂ© programmĂ© (Le CrĂ©puscule des dieux), la mort de Siegfried se fait mort du poète, perte immense (irrĂ©mĂ©diable et fatale) pour le salut de notre monde (un tapis noir, un drapeau noir couvrent dĂ©sormais le sol et l’architecture dans un espace dĂ©sormais sans illusions ni espĂ©rance).
Il faut bien alors le geste salvateur d’une BrĂĽnnhilde, veuve enfin clairvoyante (elle jette l’anneau dans le Rhin qui revient ainsi aux filles du Rhin) pour que la malĂ©diction prenne fin et que se prĂ©cise la possibilitĂ© d’une renaissance (Ă  travers le jeune garçon – nouveau Siegfried des temps futurs, qui en fin d’action, est prĂŞt Ă  rĂ©ouvrir le grand livre de l’histoire)… Mais les hommes tirent-ils leçon du passĂ© ? Rien n’est moins sĂ»r. La question a gardĂ© toute son actualitĂ©, rehaussĂ©e par une musique dĂ©cidĂ©ment singulière, inouĂŻe …  sublimement dĂ©fendue Ă  Dijon.

 

Le Ring de Wagner à  l’OpĂ©ra de Dijon, jusqu’au 15 octobre 2013.

 

Dijon. OpĂ©ra Auditorium, le 13 octobre 2013. Wagner/Pauset : Der Ring. Siegfried, Le CrĂ©puscule des dieux. Daniel Kawka, direction. Laurent Joyeux, mise en scène. SIEGFRIED : avec Sabine Hogrefe (BrĂĽnnhilde), Daniel Brenna (Siegfried), Thomas E. Brauer (Der wanderer), Florian Simson (Mime), 6 garçons de la MaĂ®trise de Dijon (les oiseaux de la forĂŞt). LE CREPUSCULE DES DIEUX : avec Sabine Hogrefe (BrĂĽnnhilde), Daniel Brenna (Siegfried), Nicholas Folwell (Gunther), Christian HĂĽbner (Hagen), Manuela Bress (Waltraute), Josefine Weber (Gutrune) …
Illustrations : Opéra de Dijon 2013 © G.Abegg 2013

 

Compe rendu. Der Ring Ă  l’OpĂ©ra de Dijon par Daniel Kawka

Compte rendu, critique, Opéra. Dijon. Opéra Auditorium, le 13 octobre 2013. Der Ring de Richard Wagner. Daniel Kawka, direction musicale. Laurent Joyeux, mise en scène.
Commençons par le malentendu qui n’a pas manquĂ© de troubler la juste Ă©valuation de ce Ring dijonais plutĂ´t froidement accueilli par certains medias, trop attachĂ©s Ă  une vision classique voire conservatrice de La TĂ©tralogie wagnĂ©rienne. La production de l’OpĂ©ra de Dijon souffrirait ainsi de deux maux impardonnables : ses coupures (plutĂ´t franches … mais cohĂ©rentes car elles Ă©vitent les Ă©pisodes rĂ©pĂ©titifs d’un opĂ©ra Ă  l’autre)) ; ses inclusions contemporaines, regards actuels signĂ©s du compositeur en rĂ©sidence Ă  Dijon (Brice Pauset), lequel qui non seulement rĂ©invente certains Ă©pisodes mais surtout rĂ©arrange la partition pour rĂ©ussir les transitions entre les sĂ©quences qui ont Ă©chappĂ© Ă  la coupe…  Double forfait de lèse majestĂ© oĂą c’est Wagner qu’on assassine…

 

 

A Dijon : un certain Ring, pas le Ring …

 

C’Ă©tait oubliĂ© que ce Ring produit et portĂ© par le directeur de l’OpĂ©ra de Dijon, Laurent Joyeux (lequel en signe aussi la mise en scène et qui a pilotĂ© toute la conception dramatique et artistique), est avant tout une relecture en forme de rĂ©duction qui s’assume en tant que telle : une sorte d’ ” avant-goĂ»t ” destinĂ© non aux purs wagnĂ©riens, nostalgiques de Bayreuth (ceux lĂ  mĂŞme qui crient au scandale), mais aux nouveaux publics, Ă  tout ceux qui ne connaissant pas Wagner ou si peu, n’ayant jamais (ou que trop rarement) passĂ© la porte de l’opĂ©ra, ” osent ” s’aventurer ici en terres wagnĂ©riennes pour en goĂ»ter les dĂ©lices … vocaux, musicaux, visuels. A en juger par les très nombreux rappels en fin de cycle (après Siegfried puis Le CrĂ©puscule des  Dieux), la maison dijonaise a amplement atteint ses objectifs, un pourcentage de nouveaux spectateurs très sensible,  jeunes et nouveaux ” wagnĂ©riens “, ainsi convertis sont venus pour la première fois Ă  l’OpĂ©ra de Dijon grâce Ă  cette expĂ©rience singulière.
Donc exit les critiques sur l’outrage fait Ă  la TĂ©tralogie originelle… Tout est question de perspective et de culture : la France n’a jamais aimĂ© les adaptations d’après les grandes oeuvres. L’immersion allgĂ©e dans le monde Wagner reste efficace. Ce Ring diminuĂ©, retaillĂ© pour ĂŞtre Ă©coutĂ© et vu sur 2 jours (concept de dĂ©part), tient ses promesses et mĂŞme rĂ©serve de sublimes dĂ©couvertes. Car pour les wagnĂ©riens, comme nous, non bornĂ©s, les coupes, la réécriture du flux dramatique n’empĂŞchent pas, au contraire, une rĂ©alisation musicale proche de la perfection. Un miracle artistique opportunĂ©ment orchestrĂ© pour l’annĂ©e du bicentenaire Wagner 2013.

 

 

Quelques faiblesses pour commencer …

 

Parlons d’abord des faiblesses (mineures en vĂ©ritĂ©) de ce Ring retaillĂ©. Perdre le vĂ©ritable tableau des nornes qui ouvre le CrĂ©puscule, pour celui réécrit par Pauset, reste une erreur (affaire de goĂ»t) : mĂŞme si l’inclusion contemporaine placĂ©e en introduction Ă  Siegfried  rĂ©capitule en effet ce qui a prĂ©cĂ©dĂ© (La Walkyrie) et prĂ©pare Ă  l’action hĂ©roĂŻque Ă  venir, ne pas entendre Ă  cet endroit prĂ©cis, la musique de Wagner est difficile Ă  supporter : le gain  dans cette substitution n’est pas Ă©vident : l’auditeur/spectateur y a perdu l’un des tableaux les plus envoĂ»tants de la TĂ©tralogie. Et dĂ©buter l’Ă©coute de Siegfried par le prisme d’une musique viscĂ©ralement ” Ă©trangère “, est une expĂ©rience qui relève de l’Ă©preuve. Avouons que rentrer dans l’univers WagnĂ©rien par ce biais a Ă©tĂ© abrupt, soit presque 20 minutes de musique tout Ă  fait inutile. Certes on a compris le principe du regard contemporain sur Wagner mais sur le plan dramatique, nous prĂ©fĂ©rons vraiment l’Ă©pisode originel. Infiniment plus poĂ©tique et plus Ă©pique.

De mĂŞme, d’un point de vue strictement dramatique, l’enchaĂ®nement entre l’avant dernier et l’ultime tableau du CrĂ©puscule (changement de dĂ©cor oblige : installation de l’immense portique architecturĂ© en fond de scène) impose un temps d’attente silencieux trop important qui nuit gravement Ă  la continuitĂ© du drame. L’impatience gagne les rangs des spectateurs. On note aussi certains ” dĂ©tails ” dans la rĂ©alisation des choeurs (pendant le rĂ©cit de Siegfried aux chasseurs, ou plus loin, au moment du mariage de BrĂĽnnhilde et de Gunther dans Le CrĂ©puscule) … rĂ©duits Ă  3 ou 4 voix masculines (quand plusieurs dizaines de choristes sont initialement requis)… Qu’importe, la rĂ©duction et la version coupĂ©e ont Ă©tĂ© annoncĂ©es donc ici assumĂ©es. L’important est ailleurs.  Infiniment plus bĂ©nĂ©fique.
Fosse miraculeuse
kawka_daniel_wagner_2013_chef_dijon_opera_443Daniel Kawka, orfèvre du tissu wagnérien
Car ce qui se passe dans la fosse… est un pur miracle. Un dĂ©fi surmontĂ© (après le dĂ©sistement du premier orchestre partenaire) et sublimĂ© grâce au seul talent du chef invitĂ© Ă  diriger ce Ring musicalement anthologique : Daniel Kawka. Disciple admirateur de Boulez, le maestro français, fondateur de l’Ensemble Orchestral contemporain, dĂ©jĂ  Ă©coutĂ© dans Tristan ici mĂŞme (mis en scène par Olivier Py) se rĂ©vèle d’une sensibilitĂ© gĂ©niale par sa direction analytique et si subtilement architecturĂ©e. Il Ă©blouit par son sens des Ă©quilibres sonores, des balances instrumentales, une conception hĂ©doniste et brillante, lĂ©gère et transparente, surtout organique de l’orchestre wagnĂ©rien ; la baguette accomplit un travail formidable sur la partition, sachant fusionner le temps, l’espace, les passions qui submergent les protagonistes : la prouesse tient du gĂ©nie tant ce rĂ©sultat  esthĂ©tiquement si accompli, s’inscrit a contrario du principe de coupures et de sĂ©quençage de ce Ring Wagner/Pauset.  Du dĂ©but Ă  la fin, l’Ă©coute est happĂ©e/captivĂ©e par le sens de la continuitĂ© et de l’aspiration temporelle. D’une articulation superlative, chaque pupitre restitue le tissu symphonique selon les Ă©pisodes avec un brio sonore (cuivres ronds, bois mordants, cordes aĂ©riennes…) et une profondeur exceptionnellenent riche sur le plan Ă©motionnel. Les Ă©tagements idĂ©alement rĂ©alisĂ©s expriment la suractivitĂ© orchestrale, ce continuum permanent d’intentions et de connotations, de rĂ©itĂ©rations, variations ou dĂ©veloppements entremĂŞlĂ©es qui composent l’Ă©toffe miroitante de l’orchestre wagnĂ©rien. Si parfois les tutti semblent attĂ©nuĂ©s (couverts de facto par la scène), le relief des couleurs, la vision interne qui restitue au flot musical, sa densitĂ© vivante, offrent une expĂ©rience unique. VoilĂ  longtemps qu’un tel Wagner nous semblait irrĂ©alisable : chambriste, psychologique, Ă©motionnel, l’orchestre dit tout ce que les chanteurs taisent malgrĂ© eux. Combien l’apport du chef serait dĂ©cuplĂ© dans un cycle intĂ©gral ! Voici assurĂ©ment l’argument le plus indiscutable de ce Ring dijonais.
Parmi les plus Ă©blouissantes rĂ©ussites musicales des deux derniers volets auxquels nous avons assistĂ© : le rĂ©veil de BrĂĽnnhilde par Siegfried (clĂ´turant Siegfried) puis dans Le CrĂ©puscule, l’intermède musical qui prĂ©cède le viol de BrĂĽnnhilde par Gunther/Siegfried (bouleversant miroir des pensĂ©es de la  sublime amoureuse), enfin  la dernière scène oĂą la veuve du hĂ©ros restitue l’anneau malĂ©fique avant de se jeter dans les flammes du bĂ»cher salvateur et purificateur … Ces trois pages resteront des moments inoubliables : Sabine Hogrefe qui avait Ă©tĂ© sous la direction du chef et dans la mise en scène dĂ©jĂ  citĂ©e, une Isolde captivante, incarne Ă  Dijon, une BrĂĽnnhilde fine et incandescente ; ici, mĂŞme complicitĂ© Ă©vidente avec le chef dans un rapport idĂ©al entre fosse et plateau : un dispositif  spĂ©cialement amĂ©nagĂ© comme Ă  Bayreuth qui Ă©tage sous la scène les instrumentistes sur 5 niveaux.
Les aigus rayonnants et d’une santĂ© vocale sont Ă  faire frĂ©mir, surtout sa justesse psychologique est Ă  couper le souffle. On comprend dès lors que ce ce rĂ©veil de l’ex Walkyrie est surtout celui d’une demi dĂ©esse qui devient femme mortelle, dĂ©sormais prĂŞte (ou presque au dĂ©part de cette rencontre avec Siegfried) Ă  aimer le hĂ©ros, vainqueur de Wotan. Incroyable mĂ©tamorphose obligĂ©e qui prend tout son sens ici, grâce Ă  la subtilitĂ© de l’actrice, grâce au chant tout en nuances de l’orchestre dans la fosse. Ainsi jaillissent toutes les Ă©motions, la fragilitĂ© et l’innocence des deux âmes (Siegfried/BrĂĽnnhilde) qui se dĂ©couvrent et se (re)connaissent alors pour la première fois (la rencontre est l’un des thèmes les plus bouleversants de l’opĂ©ra wagnĂ©rien, ici rĂ©alisĂ© de façon irrĂ©sistible).

 

 

Siegfried, jeune Rimbaud en devenir, du poétique au politique

 

Aux cĂ´tĂ©s de BrĂĽnnhilde, son partenaire tout aussi convaincant, le Siegfried du jeune Daniel Brenna sert admirablement la conception du metteur en scène  qui fait du hĂ©ros mythique non plus ce naĂŻf guerrier bientĂ´t manipulĂ© et envoĂ»tĂ© par les Gibishugen, mais un jeune poète, ardent et  impatient, vibrant au diapason de la nature, âme curieuse et agissante, carnet de notes en main, sorte de Rimbaud voyageur, Ă  l’Ă©coute du monde et des Ă©pisodes naturels : d’une mĂŞme acuitĂ© tonifiante que celui de sa partenaire, le chant du tĂ©nor est exemplaire en clartĂ©, en projection du verbe, de juvĂ©nilitĂ© solaire. Quelle lecture diffĂ©rente Ă  tant de visions conformes oĂą pèsent souvent le poids de l’Ă©pĂ©e, … voire l’inconsistance d’un jeu souvent primaire.
Ici Laurent Joyeux suit la ligne des coupes et ce plan volontaire qui favorise la clartĂ© psychologique des individus et qui fait dans le sĂ©quençage produit, une scène en forme de huit clos théâtral Ă  quelques personnages (surtout dans Le CrĂ©puscule des dieux oĂą l’opĂ©ra s’ouvre directement sur le dialogue des Gibishchugen Gunther et son demi frère Hagen, sans donc les deux Ă©pisodes des nornes et de la rencontre entre Siegfried et les filles du Rhin) : innocent et impulsif, portĂ© par le dĂ©sir de conquĂŞte puis par le pur amour, Siegfried devient sous l’effet d’un breuvage malĂ©fique, animal politique, outrageusement trompĂ©, … il est alors capable des pires agissements, trompant, blessant, humiliant son Ă©pouse. Il ne revient Ă  lui-mĂŞme qu’au moment d’expirer, – après avoir Ă©tĂ© odieusement assassinĂ© par Hagen : on voit bien ce passage du poĂ©tique au politique, de l’amour au pouvoir qui dĂ©truit toute humanitĂ©, sous l’effet de l’anneau maudit. La ligne psychodramatique est claire et offre de superbes visuels, comme cette aile blanche gigantesque qui est la couche de BrĂĽnnhilde, … lit d’Ă©veil, lit nuptial pour ses amours avec Siegfried : … d’une puretĂ© symbolique digne d’un Magritte (certainement le plus beau tableau de toute la soirĂ©e).
Au terme de ce dĂ©senchantement annoncĂ© programmĂ© (Le CrĂ©puscule des dieux), la mort de Siegfried se fait mort du poète, perte immense (irrĂ©mĂ©diable et fatale) pour le salut de notre monde (un tapis noir, un drapeau noir couvrent dĂ©sormais le sol et l’architecture dans un espace dĂ©sormais sans illusions ni espĂ©rance).
Il faut bien alors le geste salvateur d’une BrĂĽnnhilde, veuve enfin clairvoyante (elle jette l’anneau dans le Rhin qui revient ainsi aux filles du Rhin) pour que la malĂ©diction prenne fin et que se prĂ©cise la possibilitĂ© d’une renaissance (Ă  travers le jeune garçon – nouveau Siegfried des temps futurs, qui en fin d’action, est prĂŞt Ă  rĂ©ouvrir le grand livre de l’histoire)… Mais les hommes tirent-ils leçon du passĂ© ? Rien n’est moins sĂ»r. La question a gardĂ© toute son actualitĂ©, rehaussĂ©e par une musique dĂ©cidĂ©ment singulière, inouĂŻe …  sublimement dĂ©fendue Ă  Dijon.

Le Ring de Wagner à  l’OpĂ©ra de Dijon, jusqu’au 15 octobre 2013.

 

Dijon. OpĂ©ra Auditorium, le 13 octobre 2013. Wagner/Pauset : Der Ring. Siegfried, Le CrĂ©puscule des dieux. Daniel Kawka, direction. Laurent Joyeux, mise en scène. SIEGFRIED : avec Sabine Hogrefe (BrĂĽnnhilde), Daniel Brenna (Siegfried), Thomas E. Brauer (Der wanderer), Florian Simson (Mime), 6 garçons de la MaĂ®trise de Dijon (les oiseaux de la forĂŞt). LE CREPUSCULE DES DIEUX : avec Sabine Hogrefe (BrĂĽnnhilde), Daniel Brenna (Siegfried), Nicholas Folwell (Gunther), Christian HĂĽbner (Hagen), Manuela Bress (Waltraute), Josefine Weber (Gutrune) …

 

CD. Wagner: the operas. Sir Georg Solti (Decca)

CD. Wagner: the operas. Sir Georg Solti (36 cd Decca)

le miracle Solti chez Wagner

Wagner_solti_ring_parsifal_lohengrin_wagnerAttention coffret miraculeux ! La voici enfin cette intĂ©grale qui reste avec celle de Karajan chez DG (Der Ring des Nibelungen), le temple discographique qui contient l’un des messages wagnĂ©riens les plus pertinents du XXème siècle. Aux chefs du XXIè de nous Ă©clairer et nous Ă©blouir avec une mĂŞme ardeur contagieuse ! Le Wagner du chef hongrois dĂ©borde de vie, de fureur, de vitalitĂ© enivrante… Orchestralement, la vision est des plus abouties; vocalement, comme toujours, les productions sont diversement pertinentes. Solti, bartokien, straussien, mozartien mais aussi verdien, occupe Decca dans des coffrets non moins indispensables. Mais, s’agissant de Wagner, l’apport est considĂ©rable.

Voici en 35 cd, 10 opĂ©ras parmi les plus connus (non pas les plus anciens , de jeunesse, encore meyerbeeriens et weberiens tels les FĂ©es ou Rienzi): Le Hollandais volant (Chicago, 1976), Lohengrin (Vienne, 1985-1986), Les MaĂ®tres Chanteurs (Vienne, 1975), Parsifal (Vienne, 1972), L’or du Rhin (Vienne, 1958), La Walkyrie (Vienne 1965), Siegfried (Vienne 1962), Le CrĂ©puscule des dieux (Vienne 1964), Tannhäuser (Vienne 1970), Tristan und Isolde (1960). L’Ă©diteur ajoute en bonus, rĂ©pĂ©tition et extraits: une rĂ©vĂ©lation quant Ă  la vivacitĂ© et l’Ă©nergie du chef au pupitre (rĂ©pĂ©tition de Tristan und Isolde avec John Culshaw en narrateur qui fut aussi le producteur entre autres accomplissements du Ring version Solti).

20 ans de studio avec le Wiener Philharmoniker

Le coffret comprend donc tout Wagner par Solti au studio chez Decca: soit une lecture wagnĂ©rienne de 1958 (L’or du Rhin, premier enregistrement de Wagner en stĂ©rĂ©o et Ă  ce titre, archive historique magnifiquement audible Ă  ce jour!) jusqu’au dernier enregistrement: Lohengrin de 1986. Les 10 opĂ©ras ainsi enregistrĂ©s montrent la passion de Solti pour le théâtre de Wagner pendant près de 20 ans, au moment de l’essor du cd avant la vague du compact disc: l’esthĂ©tique sonore avec effets spatialisĂ©s si tentants dans les mondes imaginĂ©s par Wagner pour le Ring Ă©clate aussi avec plus ou moins de rĂ©ussite (exactement comme la TĂ©tralogie de Wagner par Karajan chez DG): tout le tempĂ©rament volcanique, Ă©lectrique, d’une prĂ©cision exemplaire d’un Solti Ă©merveillĂ© par Wagner s’y rĂ©alise pleinement avec un orchestre dĂ©sormais en vedette pour cette quasi intĂ©grale: le Wiener Philharmoniker. C’est donc outre la valeur d’une interprĂ©tation historique Ă  l’endroit de Wagner, le testament discographique d’un authentique wagnĂ©rien, habile narrateur pour le studio. Karajan avait le Berliner Philharmoniker et sa touche carrĂ©e, impĂ©tueuse; Solti rĂ©ussit Ă  Vienne avec une phalange rĂ©putĂ©e pour la splendeur de ses cordes, cuivres et bois. L’orchestre qui Ă©blouit tant chez Strauss et Mozart, confère Ă  Wagner, de fait, une couleur marquante par son Ă©lĂ©gance et sa fluiditĂ©, son sens des couleurs et peut-ĂŞtre moins son chambrisme si proche du théâtre chez Karajan; Solti convoque surtout la fresque, l’exaltation lumineuse et solaire.

Un Ring de légende

solti_georg_wagner_decca_culshaw_ring_wagner_solti_decca_547

Quand Solti et le producteur John Culshaw proposèrent au lĂ©gendaire Walter Legge d’Emi le projet d’une intĂ©grale Wagner au studio, le sollicitĂ© chassa d’un revers de la main l’audacieuse offre, arguant qu’il ne se vendrait pas plus de 50 exemplaires : c’est Decca qui hĂ©rita du projet, portĂ© par le chef hongrois, odyssĂ©e qui reste Ă  ce jour le plus grand succès discographique de tous les temps. Une vision, une cohĂ©rence théâtrale de premier plan avait lancĂ© Culshaw quant il dĂ©couvrait la direction de Solti dans La Walkyrie Ă  Munich en 1950…
ClĂ© de voĂ»te du prĂ©sent coffret Wagner, la TĂ©tralogie s’Ă©coute toujours autant avec le mĂŞme intĂ©rĂŞt: connaisseurs du profil Ă©volutif de Wotan en cours d’action, les deux concepteurs Solti et Culshaw retiennent d’abord George London pour L’Or du Rhin puis surtout le mĂ©morable Hans Hotter, Wanderer dĂ©fait dans La Walkyrie et Siegfried, dĂ©truit pas Ă  pas rongĂ© par le poids et les consĂ©quences de ses propres lois… Autres incarnations flamboyantes et justes: la Brunnhilde de Birgit Nilsson (qui sera aussi son Isolde en 1960), le Siegfried de Wolfgang Windgassen, l’Ă©blouissante et si bouleversante Sieglinde de RĂ©gine Crespin en 1965, les Hunding et Hagen de Gottlob Frick… c’est Ă  dire les voix les plus solides d’alors pour Wagner.
Celui qui ne brilla jamais Ă  Bayreuth sauf une seule annĂ©e en 1983 (avec Peter Hall pour une nouvelle TĂ©tralogie) et qui dirigea un Ring avortĂ© Ă  Paris en 1976, trouve une Ă©clatante coopĂ©ration première Ă  Vienne avec le Philharmoniker… sous la baguette du chef, instrumentistes comme chanteurs s’embrasent littĂ©ralement.
Aux cĂ´tĂ©s du Ring lĂ©gendaire, ajoutons d’autres Ă©loquentes approches: le baryton sud-africain Norman Bailey dans le rĂ´le titre du Hollandais volant, abordĂ© dans la continuitĂ© des 3 actes (ce que souhaitait Wagner et qu’il ne put jamais appliquer); le Tannhäuser de RenĂ© Kollo; le Lohengrin de Placido Domingo, partenaire de Jessye Norman en Elsa; sans omettre un Parsifal lui aussi Ă©lectrique, au dramatisme trĂ©pidant et intensĂ©ment spirituel, regroupant en 1972, une distribution qui donne le vertige: Kollo (Parsifal), Amfortas (Dietrich Fischer -Dieskau), Christa Ludwig (Kundry), Gottlob Frick (Gurnemanz), Hans Hotter (Titurel)… Immense legs. Acquisition incontournable pour l’annĂ©e Wagner 2013.

Wagner: The operas. Georg Solti. Livret consistant comprenant notice de présentation sur Solti et Wagner: la carrière du chef, track listing, synopsis avec repères des places concernées pour chacun des 10 ouvrages wagnériens. Decca 36 cd 0289 478 3707 7 3.

Bicentenaire Wagner 1813-2013. Grand dossier

Grand dossier Richard Wagner 2013, spĂ©cial bicentenaire…

Richard Wagner 2013

Richard Wagner 2013

NĂ© en 1813 (le 22 mai Ă  Leipzig), dĂ©cĂ©dĂ© Ă  Venise, le 13 fĂ©vrier 1883, Wagner est Ă  l’honneur en 2013: il s’agit de fĂŞter et le bicentenaire de sa naissance et les 130 ans de sa mort. Particulièrement critiquĂ©e et discutĂ©e, son Ĺ“uvre lyrique modifie en profondeur l’opĂ©ra, et dans sa conception dramatique et musicale, et dans les modalitĂ©s de sa reprĂ©sentation: jusqu’au concept d’orchestre placĂ© sous la scène, comme Ă  Bayreuth. Inventeur du spectacle total en particulier dans le cycle de l’Anneau du Nibelung, soit 4 opĂ©ras d’une durĂ©e globale de plus de 15 heures, Wagner rĂ©invente le théâtre lyrique Ă  la fin du XIXème siècle. Jamais l’orchestre n’a Ă©tĂ© si essentiel ni le chant, en vĂ©ritable fusion avec le tapis instrumental. Plus que jamais chez Wagner, prime l’accomplissement du drame qui infĂ©ode chant et dĂ©veloppement instrumental. C’est aussi un spectacle non plus dĂ©coratif, virtuose et divertissant mais conçu comme une initiation spirituelle adressĂ© au plus nombre. Wagner a donc interrogĂ© comme personne avant lui le langage, les moyens scĂ©niques mais aussi la finalitĂ© de l’opĂ©ra.

L’homme se prĂ©sente Ă  nous avec ses contradictions et ses engagements discutables vite rĂ©cupĂ©rĂ©s par les nazis qui en font leur emblème artistique (parmi d’autres compositeurs germaniques): icĂ´ne de l’artiste maudit incompris par la sociĂ©tĂ©, il fut un hĂ©doniste soucieux de son confort petit bourgeois; les lectures du Ring et des MaĂ®tres Chanteurs ont tissĂ© l’Ă©toffe d’un crĂ©ateur pangermaniste, annonciateur par son antisĂ©mitisme avĂ©rĂ©, des pires idĂ©ologies barbares après lui… C’est enfin un sĂ©ducteur Ă  la vie sentimentale chaotique, finalement assagie Ă  partir de sa rencontre avec la fille de Liszt, Cosima (alors mariĂ©e avec le chef Hans von Bulow, lui-mĂŞme wagnĂ©rien fervent).

Mais l’artiste et le crĂ©ateur sont indiscutables. Avant la rĂ©ussite sur le plan esthĂ©tique de La TĂ©tralogie, le choc de Tristan und Isolde (Munich, 1865) reste un jalon dĂ©cisif dans l’histoire de l’opĂ©ra : Ă©criture chromatique irrĂ©solue (le fameux accord de Tristan), orchestre omniprĂ©sent, expression directe du jaillissement de la psychĂ© oĂą mort et amour se confondent… plus aucun compositeur d’envergure n’Ă©crira de la mĂŞme façon après Tristan. Et tous les gĂ©nies ou grands crĂ©ateurs après Wagner, paieront directement ou indirectement leur dette Ă  Richard. S’il n’a pas de disciples manifestement dĂ©clarĂ©s ou reconnus par le maĂ®tre, son Ĺ“uvre influence tous les crĂ©ateurs Ă  partir des annĂ©es 1860… dont en France, une fièvre collective qui recueille avec discernement et originalitĂ© son apport grâce au fĂ©dĂ©rateur CĂ©sar Franck puis D’Indy, Chausson, Vierne  et jusqu’au Debussy des intermèdes de PellĂ©as et MĂ©lisande, sans omettre les moins connus dont Victorin Joncières, l’un de ses plus militants dĂ©fenseurs dans l’Hexagone.

Aujourd’hui il est temps de reprĂ©ciser voire nuancer certaines facettes de l’oeuvre et de la vie de Richard Wagner… A commencer par l’identification des grands thèmes de son théâtre lyrique, peu Ă  peu prĂ©cisĂ© au fur et Ă  mesure de ses ouvrages: de Rienzi, Le Vaisseau fantĂ´me, Tannhäuser, Lohengrin jusqu’Ă  Tristan, Der Ring et Parsifal, son ultime opĂ©ra : le statut de l’artiste, l’accomplissement irrĂ©solu du dĂ©sir, l’impossibilitĂ© de l’amour, mais surtout la compassion salvatrice et l’appel Ă  une nouvelle fraternitĂ©, sujets bien peu mis en avant, pourtant moteurs dans La TĂ©tralogie et particulièrement dans Parsifal… En vĂ©ritĂ©, il est temps de revenir Ă  un Wagner expurgĂ© des approches qui l’ont dĂ©naturĂ©: Wagner est bien le plus grand crĂ©ateur lyrique de tous les temps et mĂŞme le chantre de l’amour… aux cĂ´tĂ©s de l’acte II de Tristan, immersion dans l’extase amoureuse, le duo Sieglinde et Siegmund dans La Walkyrie (Première journĂ©e du Ring), comme dans Parsifal, l’Ă©volution du personnage clĂ© de Kundry, restent Ă  nos yeux, l’invention poĂ©tique la plus bouleversante de Wagner.

Tout au long de l’annĂ©e du centenaire Wagner 2013, Classiquenews dresse un bilan de l’oeuvre wagnĂ©rienne (opĂ©ras majeurs, dates biographiques dĂ©cisives, Ă©volution et accomplissements, contradictions de l’oeuvre, fils spirituels et dĂ©tracteurs…), tout en rĂ©capitulant les grands Ă©vĂ©nements lyriques Ă  ne pas manquer en 2013… C’est aussi plusieurs offres de voyages et Ă©vasions musicales qui vous permettront de vivre cette annĂ©e Wagner d’une manière inĂ©dite.

sommaire de notre dossier Wagner 2013

Richard WagnerTout au long de l’annĂ©e du centenaire Wagner 2013, Classiquenews dresse un bilan de l’oeuvre wagnĂ©rienne (opĂ©ras majeurs, dates biographiques dĂ©cisives, Ă©volution et accomplissements, contradictions de l’oeuvre, fils spirituels et dĂ©tracteurs…), tout en rĂ©capitulant les grands Ă©vĂ©nements lyriques Ă  ne pas manquer en 2013… C’est aussi plusieurs offres de voyages et Ă©vasions musicales qui vous permettront de vivre cette annĂ©e Wagner d’une manière inĂ©dite.

1. Les premières annĂ©es: Les FĂ©es, Rienzi… (1828-1842)
De Leipzig Ă  Paris (1839) et Dresde (1842), par Delphine Ralph

Avant de composer ses premiers opĂ©ras, Wagner est un jeune chef qui dirige de nombreux opĂ©ras dont il apprend le mĂ©tier, l’Ă©criture, les enjeux… vocaux comme dramatiques. Dès 15 ans Ă  Leipzig (1828), le jeune compositeur apprend l’Ă©criture musicale auprès de Theodor Weinlig, alors cantor Ă  Saint-Thomas. Une première Symphonie en ut (1831) dĂ©montre un tempĂ©rament très tĂ´t maĂ®trisĂ©: bavard, emportĂ©, entier et toujours Ă©pique.

2. Les années 1840 à Dresde: Rienzi, Le Vaisseau Fantôme, Tannhäuser et Lohengrin (1843-1848)

L’opĂ©ra romantique allemand selon Wagner, par Carl Fischer

En 1842, Rienzi avait marquĂ© une première synthèse indiscutable.  Mais mĂŞme s’il reste meyerbeerien, autant que beethovĂ©nien, Wagner change ensuite sa manière et la couleur de son inspiration avec Le Vaisseau fantĂ´me: il quitte l’histoire et ses rĂ©fĂ©rences naturellement pompeuses pour la lĂ©gende: Tannhäuser et surtout Lohengrin confirment cette direction poĂ©tique.

3. De Munich Ă  Bayreuth: l’accomplissement lyrique
Tristan und Isolde, Le Ring, Les MaĂ®tres chanteurs… (1857-1883)
les opéras de la maturité: Tristan, Le Ring, Parsifal par Lucas Irom

A partir de 1857, Wagner met de cĂ´tĂ© la composition du Ring pour se consacrer totalement Ă  Tristan und Isolde, composĂ© de 1857 Ă  1859: il est alors l’hĂ´te de ses protecteurs Otto et Mathilde Wesendonck…

les voyages et séjours musicaux
de classiquenews.com

envie d’Ă©vasion ? envie d’opĂ©ra ?

organisez dès à présent
votre voyage Wagner 2013…

le 22 décembre
Tannhäuser de Wagner à Berlin
Tannhäuser de Wagner au Deutsch Oper de Berlin
Du 21 au 23 décembre 2012
3 jours Ă  Berlin, Ă  partir de 789 euros
SoirĂ©e Ă  l’opĂ©ra le samedi 22 dĂ©cembre 2012
Tannhäuser de Wagner. Kristen Harms, mise en scène. Ulf Schirmer, direction. Avec Peter Seiffert, Tannhäuser; Christian Gerghaher, Eschenbach; Petra Maria Schnitzer, Elisabeth, Venus… En lire +

D’autres offres sur Avenue des Voyages: La FlĂ»te EnchantĂ©e de Mozart Ă  Baden Baden du 22 au 24 mars 2013, Madama Butterfly de Puccini avec Roberto Alagna, du 23 au 25 mars 2013, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach avec Natalie Dessay Ă  Barcelone, du 22 au 24 fĂ©vrier 2013… Offre spĂ©ciale: ” Vienne musicale “, 3 jours de dĂ©couverte dans la capitale autrichienne… dĂ©couvrez les offres musique et opĂ©ra par notre partenaire ” Avenue des voyages “… Voir toutes les offres Ă©vasion et opĂ©ra

calendrier Wagner 2013

les 4 productions et événements  à ne pas manquer en 2013
2 Ring Ă  Paris puis Dijon, Tannhäuser Ă  l’OpĂ©ra du Rhin,…

Paris, Opéra Bastille

dossier Richard Wagner 2013, spĂ©cial bicentenaireLe Ring 2013 par Philippe Jordan (direction) et GĂĽnter Krämer (mise en scène): reprise contestĂ©e et pourtant pour nous attendue, la production du Ring Ă  Bastille reste l’une des rĂ©alisations de l’ère Joel, parmi les plus rĂ©ussies, en particulier pour L’Or du Rhin puis La Walkyrie.
L’Or du Rhin, Ă  partir 29 janvier 2013
Le festival Wagner: Der Ring 2013, l’intĂ©gralitĂ© de la TĂ©tralogie en continu (ou presque): les 18, 19 puis 23 et 26 juin 2013

Monte Carlo, Opéra

dossier Richard Wagner 2013, spécial bicentenairerécital lyrique Wagner
Auditorium Rainier III
les 8 et 10 février 2013
Jonas Alber, direction
Acte I de La Walkyrie
Acte II de Tristan und Isolde
Robert Dean Smith, Ann Petersen

Opéra du Rhin
Mulhouse et Strasbourg

dossier Richard Wagner 2013, spécial bicentenaireTannhäuser
Du 24 mars au 8 avril 2013
Constantin Trinks, direction
Keith Warner, mise en scène
Scott MacAllister (Tannhäuser)

coup de coeur classiquenews

le Ring 2013, made in Dijon

Richard Wagner 2013Le Ring 2013 par l’excellent Daniel Kawka, Der Ring des Nibelungen… Du 5 au 13 octobre 2012. On le savait wagnĂ©rien convaincu; son Tristan und Isolde (Olivier Py, mise en scène, juin 2009) prĂ©sentĂ© sur la scène du Théâtre Dijonais avait Ă©tĂ© saluĂ© par la rĂ©daction de classiquenews: aucun doute Daniel Kawka qui est aussi fondateur et chef principal de l’Ensemble Orchestral Contemporain reste le champion de cette annĂ©e Wagner Ă  venir en France: ne manquez  pas chaque volet de sa TĂ©tralogie: une rĂ©alisation d’ores et dĂ©jĂ  passionnante voire historique si le plateau vocal est Ă  la hauteur de l’exigence du maestro. Quoiqu’il en soit le geste du chef saura ciseler ce symphonisme ardent et chambriste dont il est l’un des rares Ă  possĂ©der la secrète alliance…  Du 5 au 13 octobre 2013. En lire +