samedi 7 décembre 2024

Compte-rendu, opéra. Leipzig. Opéra de Leipzig, le 6 mai 2016. R. Wagner : Die Walküre. Rosamund Gilmore, mise en scène. Ulf Schirmer, direction musicale.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Cette production de Die Walküre à l’Opéra de Leipzig, étrennée in loco en décembre 2012, s’avère une vraie réussite, à la fois vocale et scénique. Loin du Regietheater qui règne en Allemagne, la mise en scène de Rosamund Gilmore adopte en effet une position plutôt prudente et classique, respectueuse de l’œuvre, où rien ne vient perturber en tout cas l’audition de la musique, si ce n’est peut-être l’omniprésence de personnages zoomorphes (à tête de bélier, munis d’ailes de corbeaux, etc.) qui accompagnent ou épient les différents personnages. On les découvre sur le toit du bunker qui sert de demeure à Hunding et sa femme, où ils exécutent une sorte de danse rituelle pendant l’ouverture. Mais nous garderons surtout en mémoire le magnifique décor du dernier acte (conçu par Carl Friedrich Oberle), une immense arcade très « mussolinienne » dans laquelle prennent place – pendant la scène des adieux – les huit Walkyies ainsi que huit héros tout de blanc vêtus (photo ci contre).

 

 

 

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Dans le rôle de Sieglinde, la soprano allemande Christiane Libor fait preuve d’une belle santé vocale, en assumant avec plénitude l’un des plus magnifiques personnages de la mythologie wagnérienne, et en exprimant une réelle émotion à travers un jeu sensible et naturel. Elle forme avec Andreas Schager le couple des Walsung d’autant plus convaincant que le ténor autrichien impose le plus bel instrument et le chant le plus nuancé de la soirée, avec des aigus d’une incroyable franchise (chacun des deux « Walse » sont tenus plus de 10 secondes !). D’emblée, il se place parmi les meilleurs Siegmund du moment.

La soprano suédoise Eva Johannson est également une Walkyrie sur laquelle on peut compter. Confrontée aux épreuves, cette Brünnhilde sait trouver profondeur et conviction dans l’incarnation, figure centrale autour de laquelle le drame se joue. La précision de ses attaques et sa pugnacité dans l’aigu ne font cependant pas toujours oublier la monotonie engendrée par l’ingratitude du timbre, ainsi que quelques stridences dans les fameux « Hoïtohos ». Elle n’en phrase pas moins avec beaucoup de sensibilité l’« Annonce de la mort », puis le dernier face à face avec Wotan.  Ce dernier est incarné par le baryton allemand Markus Marquadt qui offre un phrasé et un legato particulièrement raffinés, un registre grave superbe, mais les nuances de l’aigu, il faut le reconnaître, lui causent parfois difficulté. Dans le rôle de Hunding, la basse finlandaise Runi Brattaberg campe un personnage tout d’une pièce et fort menaçant, avec une voix dont on goûte la noirceur du timbre et la perfection de la ligne de chant. De son côté, la Fricka vindicative de Kathrin Göring ne démérite pas tandis que les huit Walkyries forment un ensemble assez homogène.

 

 

 

En véritable expert de cette partition, Ulf Schirmer – directeur général et musical de l’Opéra de Leipzig – dirige avec précision et une pertinence sans faille le fameux GewandhausOrchester, en se montrant constamment soucieux de dynamique et de coloris. Nous n’avons assisté qu’à la première journée de ce Ring leipzigois, mais précisons au lecteur qu’il sera possible d’assister au Cycle entier du 28 juin au 2 juillet prochain.

Compte-rendu, opéra. Leipzig. Opéra de Leipzig, le 6 mai 2016. R. Wagner : Die Walküre. Avec Christiane Libor (Sieglinde), Andreas Schager (Siegmund), Runi Brattaberg (Hunding), Markus Marquardt (Wotan), Eva Johannson (Brünnhilde), Kathrin Göring (Fricka). Rosamund Gilmore, mise en scène et chorégraphies. Carl Friedrich Oberle, décors. Nicola Reichert, lumières. Ulf Schirmer, direction musicale.

 

 

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