vendredi 19 avril 2024

CD. Yuja Wang, piano : Rachmaninov, Prokofiev (Dudamel, 2013).

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WAng_yuja_piano_rachmaninov_prokofiev_dudamel_cd_deutsche_grammophonCD. Yuja Wang, piano : Rachmaninov, Prokofiev (Dudamel, 2013). Le feu acide et rythmique (Prokofiev) et la fluidité expressive crépusculaire (Rachmaninov) font le ciment et la réussite de ce disque qui ne manque pas … d’audace à bien des égards. Voici donc la relève artistique de l’écurie Deutsche grammophon, nouvelle génération d’artistes, tous deux d’un vrai tempérament musicien dont la complicité dans ce live in Caracas, pour les 38 ans du Sistema, le réseau de formation de jeunes instrumentistes véritable chantier exemplaire à la fois humaniste et sociétal au profit de la jeunesse vénézuélienne à l’initiative de José Antonio Abreu.
Il y a déjà un an, se rencontrent et fusionnent le tempérament puissant et éloquent de la jeune pianiste chinoise Yuja Wang, vrai consœur de Lang Lang et certainement de notre point de vue, sa championne pour le jeu délié et élégant, une digitalité jamais heurtée ni trop percussive (y compris dans les climats versatiles syncopés du Prokofiev), et l’éclat d’une baguette qui avait immédiatement conquis et Salonen et Abbado : celle du vénézuélien, lui-même enfant du Sistema, Gustavo Dudamel.
Le programme est d’autant plus méritoire qu’il réunit deux Concertos parmi les plus difficiles de leur auteur respectif, voire de tout le répertoire pour clavier.

La fusion orchestre et piano dans le n°3 de Rachmaninov (1909) est formidable de crépitement comme de flexibilité – virtuosité funambule et magicienne de la pianiste dans les variations du I-, même l’orchestre dévoile de superbes couleurs, fondantes, précises, jamais sirupeuses. Un manifeste furieusement enivré. Du grand art.

Le n°2 de Prokofiev (1913) de loin le plus difficile évidemment techniquement mais surtout émotionnellement : le premier mouvement est course échevelée qui confine à l’implosion d’une mécanique fragile, prise de panique, exigeant tout du soliste et de l’orchestre : âpreté, ruptures, cynisme d’une forme contrariée et contrastée… l’ample mouvement initial qui dépasse tout juste 10 mn s’achève par l’essoufflement et l’exténuation totale des forces opposées. Dans ce combat réclamant sauvagerie et précision, l’élégance de Yuja Wang ne faiblit pas, bien au contraire, en particulier dans sa cadence ébouriffante qui dure près de la moitié de la séquence. L’agilité d’une toccata qui cache son nom dans le second mouvement déconcerte et convainc tout autant. Quant au finale,  » tempestoso « , la vitalité de la jeune pianiste irradie d’une énergie accrocheuse, idéalement trempée. La complicité que suggère ce live, la haute tenue technicienne, l’intelligence musicale de la pianiste que Martha Argerich a salué, et la direction enflammée mesurée du chef qui dévoile ici sa permanente facilité dans la forme du Concerto (premier enregistrement des jeunes instrumentistes du Bolivar sous sa baguette, avec une soliste), font les délices d’un superbe récital concertant. Totale réussite.

Yuja Wang, piano. Concertos pour piano : Rachmaninov (n° 3 op. 30), Prokofiev (n° 2 op. 16). Simón Bolívar Symphony Orchestra of Venezuela. Gustavo Dudamel, direction. Enregistrement live réalisé à Caracas (Venezuela) en février 2013. 1 cd Deutsche Grammophon 0289 479 1304 7.

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