CD événement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano : SILVER AGE / l’Âge d’argent. Scriabine, Prokofiev, Stravinsky (Gergiev, 2 cd DG Deutsche Grammophon 2019)

Silver-Age daniil trifonov scriabine straninsky prokofiev 2 cd deutsche Grammophon critique cd review CLIC de classiquenews decembre 2020CD événement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano : SILVER AGE / l’Âge d’argent. Scriabine, Prokofiev, Stravinsky (Gergiev, 2 cd DG Deutsche Grammophon 2019). De tous les albums du jeune Daniil Trifonov, édités par DG, voici assurément le plus dense, le plus personnel, porté par une volonté interprétative qui fait feu de tout bois. La digitalité manifeste, d’une facilité déconcertante sert un plan poétique, un calibrage sonore qui réussit à concilier intensité et profondeur (en cela ses Prokofiev sont d’une maturité ahurissante). Dans chaque partition choisie, le pianiste semble révéler l’ineffable, il ouvre des portes et envisage des perspectives jamais écoutées avant lui ; c’est un alchimiste lunaire, à la fois facétieux et prodigieusement musical ; son acuité sonore s’exprime dans une élégance technicienne qui s’efface au profit du sens. Sublime maturité qui s’expose ici sans artifice et interroge les possibilités du clavier invité à égaler voire surpasser les mille éclats de l’orchestre. Dans la splendeur d’une sensibilité sincère et directe qui touche par son intériorité calibrée, nuancée, naturellement subtile, le pianiste s’interroge sur la signification des œuvres, semble y tisser des résonances naturelles avec le contexte social et politique. Son style est nourri d’une conscience inédite, assumée, revendiquée même (cf le texte du livret). Scriabine, Stravinsky, Prokofiev composent sous ses doigts magiciens, une sainte trinité, celle de l’avant-garde russe, à l’époque des premières années de l’Union Soviétique, quand Sergei Diaghilev sélectionnait et encourageait les « prodiges » russes.
La Séranade et l’Oiseau de feu de Stravinsky, la Sonate n°8 opus 84 de Prokofiev soulignent combien l’interprète illumine par sa clairvoyance expressive, son sens de l’unité, cette modernité musicale à l’œuvre.
On ne s’étonne pas qu’il fasse ainsi du Concerto n°2 de Prokofiev une errance fantomatique aux éclairs diffus, énoncée à reculons comme une lecture rembobinée aux allures de rêve ressuscité. C’est une marche hallucinée au bord du précipice à laquelle répond cette radicalité rythmique franche et autodéterminée : toujours avec une digitalité étonnante, aux nuances de toucher d’une irrésistible justesse. Ce qui distingue Trifonov de ses confrères et consoeurs chez DG (tel Yuja Wang elle aussi adepte de Prokofiev, mais avec une finesse expressive moindre et une technicité plus « tapageuse »), c’est sa propre sonorité toujours ronde et introspective, nuancée, colorée, énigmatique tant elle est riche de questionnements. D’autant que Gergiev sait lui aussi diffuser entre énergie et exubérance, des éclats scintillants d’une grande portée suggestive.
Créé à Saint-Petersbourg en nov 1898, le seul Concerto pour piano opus 20 de Scriabine est une rareté dont le manque de structure et de caractère explique qu’il soit peu joué. CLIC_macaron_2014Œuvre de jeunesse, le fa dièse mineur est une succession d’épisodes romantiques où le fil s’égare entre ivresse et éclairs crépusculaires. Cependant Trifonov en offre une lecture ardente, somptueusement soyeuse, qui cherche et trouve l’activité crépitante de champs souterrains. Le pianiste semble même y dévoiler une cohérence organique insoupçonnée.
Doué d’une imagination narrative illimitée, Daniil Trifonov éclaire les 3 mouvements de Petrouchka entre expressivité et fulgurance. Le jeu pianistique exprime toutes les péripéties de la marionnette suractive, héros dérisoire d’une fable qui n’est qu’une machinerie propre à tuer toute ambition héroïque. Pourtant un feu poétique et pétaradant porte la poupée sublime, ici d’une présence incandescente. Double coffret magistral. Daniil Trifonov affirme un talent exceptionnel qui en fait le pianiste russe le plus captivant de sa génération.

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CD événement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano : SILVER AGE / l’Âge d’argent. Scriabine, Prokofiev, Stravinsky (Gergiev, 2 cd DG Deutsche Grammophon) – Enregistré en janvier et octobre 2019. CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2020.

DVD, critique. ROMEO and JULIET : Prokofiev / Samodurov (Oural Opera Ballet, 2018, BELAIR classiques)

Romeo-et-Juliette-DVD SAMODUROV OURAL OPERA BALLET critique opera critique ballet danseDVD, critique. ROMEO and JULIET : Prokofiev / Samodurov (Oural Opera Ballet, 2018, BELAIR classiques) – Pour le ballet de l’Opéra de l’Oural (Ekaterinbourg) dont il est directeur depuis 2011, le chorégraphe estonien Vyacheslav Samodurov adapte Roméo et Juliette de Prokofiev. L’Europe de l’Ouest a désormais ses favoris : Paris affiche toujours la lecture de Noureev (1984) ; le Royal Ballet celle de Kenneth MacMillan (1965). Autant de « classiques » de venus cultes, avec les versions non moins puissantes signée Cranko (1962), John Neumeier (1971), Jean-Christophe Maillot (1996)… à chacun de se faire une idée d’après ce riche panthéon. Créée en 2016 à Ekaterinbourg (Sibérie), la version Samodurov est filmée ici en juin 2018 ; elle mêle références historiques (langage équilibré appris à l’école classique de danse de Saint-Pétersbourg dont il est l’héritier) et gestuelles contemporaines en un équilibre dramatiquement efficace. S’y affirment, bien caractérisés, chaque personnage gravitant autour de Roméo et Juliette : les provocateurs Mercutio et Tybalt, Pâris, le séducteur insistant. Les deux amants sont incarnés avec justesse : la juvénilité naturelle de leur style (scène du balcon), sans effets démonstratifs ni poses outrées, expriment les tiraillements et les riches émotions qui les portent jusqu’à la mort.

Ekaterina Sapogova (Juliette) et Alexandr Merkushev (Roméo) soulignent la force de l’amour, la tendresse passionnée de leur désir, malgré les conflits familiaux et les provocations en série (Tybalt) : leur technique sert la sincérité de leur élans (nombreux sauts et portés à l’image de leurs sentiments. Samodurov insiste (parfois trop ?) sur la dimension lyrique et la jeunesse des héros qui passent du jeu insouciant à l’accomplissement du drame et de la tragédie.
La volonté d’actualisation du mythe Shakespeare n’est pas poussée assez loin ; Samodurov demeure dans un entre deux, classicisme et contemporain, certes délié voire virtuose, mais timide dans sa vision. La technique impeccable des ensembles, des duos montre l’excellence de la compagnie de l’Oural, un collectif visiblement inspiré et amené à se dépasser par la fable shakespearienne. Globalement convaincant même si nous n’avons pas là, une chorégraphie réellement neuve, régénérée, innovante recueillant la violence de Noureev ou la poésie néoclassique de MacMillan… A connaître indiscutablement.

 

 

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DVD, critique. Roméo et Juliette [1 DVD & Blu-ray édité par BelAir Classiques]. Ballet en trois actes. Livret : Leonid Lavrovsky, Adrian Piotrovsky, Sergei Radlov. D’après William Shakespeare. Musique : Sergei Prokofiev. Chorégraphie : Vyacheslav Samodurov. Avec Juliette : Ekaterina Sapogova ; Roméo : Alexandr Merkushev ; Mercutio : Igor Bulytsyn ; Benvolio : Gleb Sageev ; Tybalt : Vadim Eremin ; les danseurs du Ballet de l’Opéra de l’Oural / Ural Opera Ballet (Ekaterinbourg). Orchestre de l’Opéra de l’Oural (Ekaterinbourg) / Pavel Klinichev, direction. Filmé à Opéra de l’Oural, juin 2018. Réalisation : Denis Caïozzi. Durée : 1h57 min.

 

 

 

 

REPLAY, DANSE pendant le confinement : les perles de classiquenews

REPLAY DANSE pendant le confinement. CLASSIQUENEWS sélectionne ici les meilleurs ballets actuellement accessible sur la toile, avec mention de la date ultime pour les voir et les revoir. Profitez du confinement pour réviser vos classiques et (re)découvrir les productions les plus passionnantes de la décade…

 

 

 

 spécial CONFINEMENT 2020

Sélection DANSE de classiquenews

Tous les ballets les plus enchanteurs à voir chez soi

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MERCE CUNNINGHAM, hommage par l’Opéra de Lyon
Jusqu’au 10 octobre 2020
https://www.france.tv/spectacles-et-culture/theatre-et-danse/1081207-l-hommage-a-merce-cunningham-par-le-ballet-de-l-opera-de-lyon.html
Durée : 1h06mn

 

 

exchange-cunningham-opera-de-lyon-danse-replay-danse-chez-soi-critique-annonce-ballet-classiquenewsHASARD CRÉATIF… Pour les 10 ans de la mort de Merce Cunningham (2009), le Ballet de l’Opéra de Lyon rend hommage en 2019 au chorégraphe américain, qui a réinventé dans les années 1940, le langage chorégraphique (postmodern-dance) dans un esprit libre et fantaisiste comme marqué par les impulsions nées du hasard dont aujourd’hui, la vitalité et la sincérité se distinguent. Ont collaboré avec le chorégraphe, le compositeur John Cage, les peintres néo-dadaïstes précurseurs du Pop art Robert Rauschenberg et Jasper Johns, les musiciens Morton Feldman et David Tudor, au générique de cet anniversaire lyonnais. Au programme, deux pièces majeures Summerspace (1958) et Exchange (New York, 1978 ; notre photo ci dessus).
Sur un fond de scène coloré en touches pointillistes reprises sur le collant des solistes (signé Robert Rauschenberg, pour Summerspace, jouée à deux pianos), l’écriture des 6 danseurs est aérienne, flexible, en suspension, très contrôlée, agissant par séquences plutôt que par numéros amples et continus, en une série de figures individualisées. En cela au diapason d’une musique, elle aussi jaillissante, syncopée, fragmentée, expérimentale comme improvisée et séquentielle (Feldman). Exchange plus récent, reprend le principe aléatoire de John Cage dans sa musique : comme dans l’atelier, ou la coulisse où s’affine le travail soliste et collectif, la moitié des danseurs exécute une série de gestes repris ensuite par l’autre moitié puis par l’ensemble, selon un ordre et des configurations nées du hasard. L’impression de work in progress est davantage rehaussé par la musique, une bande sonore agglomérant des sons bruts, ceux d’une matrice instinctive, comme inaboutie…

Chorégraphie : Merce Cunningham
Musique : Morton Feldman, Ixion
Ballet de l’Opéra de Lyon
filmé en nov 2018

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PROJET BEETHOVEN par John Neumeier
jusqu’au 12 mai 2020

https://www.arte.tv/fr/videos/095221-000-A/ballet-de-john-neumeier-le-projet-beethoven/

VOD-BALLET-ARTE-critique-danse-classiquenews-confinement-restez-chez-vous-VOD-danse-ballets-critiquesFilmé depuis Baden Baden. Dans son “Projet Beethoven”, le chorégraphe à Hambourg John Neumeier mêle les codes du ballet d’action (voire de la pantomime) au souffle grandiose du ballet symphonique. La première partie, « Beethoven Fragments », sollicite d’abord le piano (Variation Diabelli par l’excellent pianiste MichaÅ‚ BiaÅ‚k) et un grand solo de danseur dans le style d’un pantin qui exalte le sentiment d’énergie et de facétie… autour et sur le piano… illustrant les épisodes de la vie du compositeur ; la seconde partie revendique et assume le souffle symphonique en s’appuyant sur l’architecture irrésistible de la Symphonie n°5, « Eroica ».
Au Festspielhaus de Baden-Baden, le danseur Aleix Martínez se glisse dans la peau du musicien de génie. Sur scène, il est accompagné d’Edvin Revazov (l’idéal de Beethoven), d’Ann a Laudere (la « bien-aimée lointaine » de Beethoven), de Patricia Friza (la mère de Beethoven) et de Borja Bermudez (le neveu de Beethoven) pour les autres rôles principaux. John Neumeier parle d’un poème chorégraphique inspiré de la musique de Beethoven »… Par la troupe de danseurs Hamburg Ballett John Neumeier accompagné par Deutsche Radio Philharmonie.

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BEETHOVEN : La Pastorale par Thierry Malandain
6è symphonie de Beethoven
Jusqu’au 17 juin 2020

https://www.arte.tv/fr/videos/094382-000-A/la-pastorale-de-thierry-malandain-au-theatre-de-chaillot/

mallandrin-pastorale-beethoven“La Pastorale » synthétise ce qu’est la Symphonie n°6 dite Pastorale de Beethoven, selon la conception du chorégraphe Thierry Malandain, directeur du Centre chorégraphique national de Biarritz. La création commande du Théâtre national de la Danse à Chaillot, célèbre le 250ème anniversaire du célèbre compositeur allemand. Cela commence dans l’agitation voire la transe collective d’un corps de ballet tout de noir vêtu, comme contraint dans un labyrinthe fait des barres des danseurs ; puis quand les premières mesures de la 6è symphonie de Beethoven, miracle pastoral s’énonce, le corps de ballet paraît en blanc, comme en un nouveau rituel païen et primitif…
Thierry Malandain n’en est pas à son premier Beethoven : après Les Créatures (d’après Les Créatures de Prométhée) et Silhouette (d’après le troisième mouvement de la Sonate n°30, opus 109), voici la troisième approche beethovénienne de Malandain. La Sixième Symphonie de Beethoven est une célébration de la nature. Sereine, exprimant le sentiment panthéiste de la Beethoven, le ballet qu’en déduit Malandain ressuscite la pastorale antique, primitive, fleurie et candide. Beethoven pour sa part semble reprendre le chaemin dupeintre baroque Poussin, et revisiter ainsi l’Arcadie de l’âge d’or : « terre de bergers où l’on vivait heureux d’amour ». En plus de la symphonie Pastorale, Malandain ajoute des extraits d’une autre Å“uvre de Beethoven : la Cantate opus 112 (Les Ruines d’Athènes). Les 22 danseurs semblent y parcourir une nouvelle épopée en Grêce antique. Performance captée le 17 décembre 2019 à Chaillot – Théâtre national de la Danse, Paris.

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giselle-adam-opera-bastille-garnier-critique-danse-opera-classiquenews-ballet-classiquenews-critique-ballet-danseOpéra de Paris, GISELLE jusqu’au 5 août 2020. L’Opéra de Paris présente cette lecture idéale de Giselle, ballet en deux actes créé en 1841, sommet romantique par excellence, alliant passion tragique et surnaturel spectral en particulier grâce à son acte blanc, où les jeunes filles mortes suicidées par dépit (les Wilis) ressuscitent pour envoûter et tuer les jeunes hommes perdus – avatar romantique français proposé par Théophile Gautier, auteur du livret – alternative aux sirènes elles aussi séductrices et fatales dans l’Odyssée d’Homère, pour Ulysse et ses compagnons marins… Excellente version avec les fleurons du corps de Ballet parisien et les nouvelles “étoiles”: Dorothée Gilbert (Giselle), Mathieu Ganio (Albrecht), Valentine Colasante (la reine Myrtha)…  portés par la baguette fluide, expressive, efficace de Koen Kessels (production filmée en 2019)

 

 

 

 

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BODY AND SOUL de Crystal PITE  jusqu’au 24 oct 2020

BODY-AND-SOUL-cristal-pyte-danse-ballet-opera-de-paris-ballet-chez-soi-opera-de-paris-critique-classiquenewsAprès la création de The Seasons’ Canon en 2016, Crystal Pite retrouve les danseurs du Ballet de l’Opéra le temps d’un spectacle. Soixante minutes découpées en autant de séquences dansées. Née au Canada, formée au Ballet de Francfort, la chorégraphe assimile Forsythe, Kylián, Mats Ek pour inventer sa propre langue chorégraphique. Elle insuffle au spectacle une énergie, un défi émotionnel qui pousse les danseurs au delà de leur zone de confort… pour un spectacle total. Ou la performance extrêmiste croise l’équilibre rayonnant de corps maitrisés.


VISIONNER Body and Soul de Cristal Pyte à l’Opéra de Paris
https://www.operadeparis.fr/magazine/body-and-soul-replay#slideshow_634/1
Mise en scène, chorégraphie : Crystal Pite
Musique Originale : Owen Belton
Musique additionnelle : Frédéric Chopin (24 Préludes) / Teddy Geiger Body and Soul   -   durée : 1h20mn. Avec les Étoiles : Léonore Baulac, Ludmila Pagliero, Hugo Marchand. Les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris. Jusqu’au 24 oct 2020

PARTIE UNE… D’abord, une courte séquence théâtrale où paraissent deux figures que commente une voix off (Marina Hands) qui décrit et précise l’action comme un storyboard (« figure 1, Figure 2. pause. Aucune des deux ne bouge »)… Confrontation, opposition, combat, violence… le même scénario est incarné par un collectif qui réalise alors une variation à grande échelle et fragmentation orchestrée. Crystal Pite nous offre un regard flamboyant sur l’écriture chorégraphique entre théâtre et danse. Le corps de ballet n’est pas synchronisé mais décalé, offrant une implosion millimétrée d’un schéma préétabli… L’écriture interroge les corps en action : répétés, affrontés, ralentis. Couple (d’hommes, de femmes) en huis clos figé en un rite sombre, étouffant, sans issue, sinon leur mort. De l’un par l’autre. Ce que nous dit le corps. Ce que nous disent les gestes, d’une vertigineuse précision, investis par l’âme… l’onirisme naît au delà de la répétition mécanisée et finalement sublimée des corps dans un espace noir. Et lorsque s’égrène, très lente, la torpeur des préludes de Chopin, l’écriture des deux corps (un couple homme femme) semble répéter toujours inlassablement le même rituel amoureux… rite d’exténuation, de vertige, de mort. Il faut une houle océane dont le mouvement des vagues est évoqué par le corps de ballet en entier pour prendre un peu de hauteur ; enfin… respirer. Puis résister à travers une foule de corps combattant.

 

 

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Voici Chrystal Pite au travail, geste intime et collectif, organique, analytique. Elle intègre aussi un somptueux tableau (partie 3 à 59mn) où la gestuelle des insectes est décortiquée et là encore transcendée par la chorégraphie des corps associés…  La canadienne qui est née à Vancouver, a travaillé à Francfort au sein de la compagnie de William Forsythe, maîtrise le langage du corps de ballet, danse en nombre à laquelle répond de superbes duos à la grâce intime, plastique, élastique… Avant un final détonant qui reprend les paroles du titre dont il est question : corps et âme / Body and soul.  Sublime, puissant, poétique. Body and soul récidive la réussite du ballet précédemment créé à l’Opéra de Paris en 2016 : Season’s canon : mille pattes à 54 danseurs qui dit le même cri dans la nuit d’une humanité maudite. Mais qui danse.

 

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ROBERTO BOLLE 2017 / 2018 à la RAI1
Danseur étoile de la Scala di Milano
Star d’un soir dans une soirée dédiée à son art et ses goûts sur RAI 1 HD (Noël 2017 et 1er janvier 2018), Roberto Bolle présente sa discipline et sa passion pour la danse… L’élégance à la télévision italienne (invités entre autres son ami le danseur syrien Ahmad, Sting, etc…)
https://www.raiplay.it/video/2017/12/Roberto-Bolle-Danza-con-me-0cdfaee2-8e3a-4df7-b9fc-a56c6e3ced66.html

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LE SONGE D’UNE NUIT D’ETE / Balanchine / Mendelsohn (filmé en 2017)
Corps de Ballet de l’Opéra de Paris – en replay jusqu’au 10 mai 2020

 

songe-d-une-nuit-d-ete-balanchine-mendelssohn-danse-ballet-critique-classiquenewsNOTRE AVIS : Le Songe d’une nuit d’été. Dans cette version très limpide et efficace du Corps de Ballet de l’Opéra de Paris (filmée en 2017), rayonne l’élégance native des danseurs. Ainsi éblouit la grâce du couple royal d’abord en froid de Tatiana (Eleonora Abbagnato) et d’Obéron (Hugo Marchand) dont le fidèle serviteur Puck (Emmanuel Thibault) s’amuse à croiser les 2 couples perdus, égarés, paniqués dans le labyrinthe de la forêt magique… Même Tatiana s’éprend, sous le charme d’une fleur enchanteresse de l’âne Bottom… Sensible à la poésie du sujet, Balanchine déploie une écriture chorégraphique précise, graphique, ouvertement néoclassique, très en phase avec la tendresse elle aussi lumineuse de la partition de Mendelssohn. Un classique du Corps de ballet de l’Opéra de Paris. Au diapason du compositeur, l’ouvrage convainc par juvénile candeur à laquelle Balanchine apporte une révérence stylée purement néoclassique (dont le sommet serait ici le tableau final nuptial et ses trompettes victorieuses en ouverture / début à 1h10’52 / un final en argent et blanc, auquel répondent les épisodes qui suivent où triomphent l’ordre et la mesure, vrai répertoire de gestes et profils purement classiques d’un Balanchine épris d’équilibre et qui semble méditer alors la candeur du Songe légué par Shakespeare et Mendelssohn / superbe duo éthéré Karl Paquette / Sae Eun Park)… A voir indiscutablement.

VISIONNER le spectacle ici : https://www.operadeparis.fr/en/magazine/le-songe-dune-nuit-dete

LIRE aussi notre compte rendu critique du Songe d’une nuit d’été Mendelssohn / Balanchine ici : https://www.classiquenews.com/compte-rendu-danse-paris-opera-bastille-le-14-mars-2017-balanchine-le-songe-dune-nuit-dete-simon-hewett-direction-musicale/ 

 

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Roméo et Juliette de Kenneth MacMillan (chorégraphie)arte-concert-arts-de-la-scene-ballets-vod-critiques-classiquenews
par le Royal Ballet / Prokofiev – Koen Kessels
Jusqu’au 8 mai 2020

https://www.arte.tv/fr/videos/088015-000-A/romeo-et-juliette/

ROMEO-JULIETTE-PROKOFIEV-MCMILLAN-Royal-ballet-BalletBoyz-critique-danse-ballet-classiquenewsDirigé par le duo fondateur des BalletBoyz, le Royal Ballet de Londres revisite le “Roméo et Juliette” du chorégraphe Kenneth MacMillan sur la partition coupée de Sergueï Prokofiev. Le film au rendu cinématographique sublime la tendresse et la tragédie du drame shakespearien. C’est l’histoire d’amour la plus connue au monde. Élevée au rang de mythe romantique, la pièce Roméo et Juliette de Shakespeare inspire vorie électrise compositeurs et chorégraphes et devient comme ici un classique de la scène du ballet. La musique de Prokofiev âpre et mordante sait aussi être lyrique et éperdue, mais elle ne gomme pas le cynisme barbare des guerres familiales que le couple amoureux subit au premier chef. Pour ce film de danse, Michael Nunn et William Trevitt (BalletBoyz), anciens danseurs du Royal Ballet de Londres, revisitent le Roméo et Juliette du chorégraphe Kenneth MacMillan (1929-1992), joyau du répertoire de la compagnie britannique depuis sa première représentation en 1965.
Tourné à Budapest (dans les studios de la série The Borgias), le film délaisse la traditionnelle scène de l’opéra pour le réalisme de la rue. De la cour du marché à la salle de bal en passant par la chambre de Juliette, les décors restituent l’atmosphère de Vérone à la Renaissance. Autour des danseurs du Royal Ballet richement costumés, l’étoile Francesca Hayward (Juliette) et le premier soliste William Bracewell (Roméo) expriment la candeur tragique du couple shakespearien, adolescents innocents, sacrifiés sur l’autel des haines dynastiques. Réduite à 90 minutes, la partition de Prokofiev atteint une profondeur poétique saisissante dans ce ballet qui plonge au cœur du mystère shakespearien. Quand le couple Roméo et Juliette meurt, c’est toute l’humanité et le sentiment Amour qui meurent. La lecture est aussi efficace que classique et sobre.

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HOMMAGE A JEROME ROBBINS jusqu’au 19 avril 2020

faune-debussy-jerome-robbins-hommage-danse-critique-classiquenews-uNE-582Jerome Robbins considérait le Ballet de l’Opéra de Paris comme sa seconde famille après le New York City Ballet. Le spectacle diffusé à partir de ce soir depuis le site de l’Opéra de paris, est conçu en son honneur et réunit des œuvres qui témoignent de l’infinie diversité de ses sources d’inspiration et de son génie scénique. Energie de Glass Pieces, pièce de grand format ; douceur intérieure d’Afternoon of a Faun et de A Suite of Dances, … ainsi se dessine un goût délectable, accessible, esthète pour faire vibrer les corps. Avec l’entrée au répertoire du célèbre Fancy Free, portrait théâtral d’une époque, Robbins élargit encore la palette impressionnante de ses talents. Le ballet permet de revoir l’excellent Karl Paquette, ex étoile parisienne (Fancy Free) qui a désormais pris sa retraite…  comme de réécouter la poétique arachnéenne de Prélude à l’Après midi d’un Faune, (à 51’09), où la musique est poésie pure… et dans la danse de Robbins,  enivrement incertain des sens dans une salle de danse, au cours d’une rencontre qui ne dit rien de ses vraies intentions (Le Faune : Hugo Marchand, à la silhouette gracile et animale, celle d’une âme qui s’éveille seul au départ à la volupté du sommeil). Et l’indicible retourne au mystère… Inoubliable performance d’autant que l’orchestre de l’Opéra de Paris s’y montre des plus allusifs.  Filmé en 2018.

 

CE QUE NOUS EN PENSONS… 
Le ballet de Debussy (Prélude à l’Après midi d’un Faune) est conçu comme un hymne à l’art du danseur, à sa volupté suspendue qui dans le cadre d’une salle de répétition avec barres d’appui et miroirs, laisse s’exprimer la grâce poétique des deux corps élastiques dans un style d’une élégance toute… parisienne (écoute intérieure, économie des gestes, vocabulaire et figures classiques…).
robbins-opera-de-paris-replay-danse-a-la-maison-classiquenewsBeau contraste avec Glass Pieces (1981, 1983) destiné au corps de ballet en nombre, fresques collectives d’une joie brute, scintillante qui mêle 6 danseurs classiques (3 couples) au corps de ballet plus chamarré et urbain. Puis le tableau s’assombrit, atteint une grandeur poétique inquiète où se dessinent les arêtes vives d’un seul couple de danseurs aux tracés ralentis, suspendus dans la lumière latérale, quand en fond de scène, toutes les danseuses forment un mur vivant dans l’ombre… Le dernier volet de ce triptyque réjouissant permet aux jeunes danseurs du Ballet d’exprimer leur énergie dans une chorégraphie joyeuse mais précise et synchronisée. Les garçons et les filles se confrontent, exultent, se croisent et se mêlent enfin pour un feu d’artifice final éclatant, dans la lumière. La musique de Philip Glass porte évidemment jusqu’à la transe cette danse du collectif et de l’énergie millimétrée. Stimulante alchimie : tout l’art de Robbins est là.

 

 

 

 

 

 

Le Roméo et Juliette de MacMillan revisité par Nunn, Trevitt

Romeo and Juliet 17/09/15, Copyright 2015 ROH. Photographed by Alice PennefatherARTE, le dim 9 fév 2020, 23h50. DANSE : Roméo et Juliette / Kenneth McMillan / Prokofiev. Production présentée à la Royal Opera House Covent Garden London en juin 2019. Dirigé par le duo fondateur des BalletBoyz, Michael Nunn et William Trevitt, le Royal Ballet de Londres présente un nouveau regard sur la chorégraphie de Roméo et Juliette de Kenneth MacMillan conçue en 1965 d’après la musique géniale du compositeur russe Serge Prokofiev. La partition a été écourtée selon une vision plus resserrée de l’action tragique. Arte diffuse un « vibrant film de danse qui restitue la ferveur et la passion de la tragédie shakespearienne ».

Roméo et Juliette est l’histoire d’amour la plus connue au monde ; une tragédie qui dans la mort des deux jeunes amants, épingle la vanité des guerres et des haines familiales, transmises de générations en générations. Vrai mythe romantique, la pièce Roméo et Juliette de Shakespeare inspire compositeurs (Berlioz, Gounod avant Prokofiev) et chorégraphes jusqu’à devenir un classique de la scène du ballet. Dans le film diffusé par arte, Michael Nunn et William Trevitt (BalletBoyz), anciens danseurs du Royal Ballet de Londres, relisent et adaptent le Roméo et Juliette du chorégraphe Kenneth MacMillan (1929-1992), joyau vénéré du répertoire de la compagnie britannique depuis sa première représentation en 1965.

Tourné à Budapest (dans les studios de la série The Borgias), le film préfère à la traditionnelle scène de l’opéra, le réalisme de la rue. De la cour du marché à la salle de bal en passant par la chambre de Juliette, les décors réels reflètent l’atmosphère de Vérone à la Renaissance.

 

 

Romeo and Juliet 17/09/15, Copyright 2015 ROH. Photographed by Alice Pennefather

 

 

Autour des danseurs du corps de ballet du Royal Ballet, l’étoile Francesca Hayward (Juliette) et le premier soliste William Bracewell (Roméo) incarnent les deux amants magnifiquement tragiques.
Réduite à quatre-vingt-dix minutes, la partition de Sergueï Prokofiev sur les traces de Shakespeare, ne perd rien de sa profondeur ni de sa force poétique. Gravité, tendresse, passion et cynisme font du ballet de Prokofiev un défi pour l’orchestre et les danseurs.

Programme dansé accessible sur ARTE.TV, dès le 8 février 2020 à 5h (jusqu’au 8 mai 2020) — Chorégraphie de Kenneth Mac Millan (créée en 1965) adaptée par Michael Nunn et William Trevitt (BalletBoyz)  – Photo © Alice Pennefather

 

ROmeo-juliette-macmillan-balletboyz-critique-annonce-concert-classiquenews

 

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VOIR la vidéo sur arte.tv
https://www.arte.tv/fr/videos/088015-000-A/romeo-et-juliette/

Plus d’infos sur le site du ROYAL OPERA HOUSE ballet
https://www.roh.org.uk/productions/romeo-and-juliet-by-kenneth-macmillan?utm_campaign=romeoandjuliet&utm_medium=marketing&utm_source=print

 

 

VOIR LE TEASER de Roméo et Juliette / K McMillan

 

 

VISIONNER les répétitions du ballet directement sur YOUTUBE (direct diffusé en mars 2019) :

Commentaire (english)
oin dancers of The Royal Ballet as they rehearse Kenneth MacMillan Shakespearean ballet. Find out more at http://www.roh.org.uk

Kenneth MacMillan’s passionate choreography for Romeo and Juliet shows The Royal Ballet at its dramatic finest. Sergey Prokofiev’s iconic score provides the basis for the ballet’s romantic pas de deux and vibrant crowd scenes, while 16th-century Verona is created by Nicholas Georgiadis’s magnificent designs.

In 1965, MacMillan’s Romeo and Juliet was given its premiere at Covent Garden by The Royal Ballet and was an immediate success: the first night was met with rapturous applause, which lasted for 40 minutes, and an incredible 43 curtain calls. The title roles were danced by Rudolf Nureyev and Margot Fonteyn, although the ballet had been created on Christopher Gable and Lynn Seymour. It has been performed by The Royal Ballet more than four hundred times since, as well as touring the world, and has become a true classic of the 20th-century ballet repertory.

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LIRE aussi notre critique de Roméo et Juliette de Prokofiev, concert de l’ONL LILLE Jean-Claude Casadesus, le 1er déc 2016 :
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-concert-lille-nouveau-siecle-le-1er-decembre-2016-probst-berlioz-prokofiev-orch-national-de-lille-jean-claude-casadesus-direction/

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TEXTE présentation en anglais

Romeo and Juliet fall passionately in love, but their families are caught up in a deadly feud. They marry in secret, but tragic circumstances lead Romeo to fight and kill Juliet’s cousin Tybalt. As punishment, he is banished from the city.

When Juliet’s parents force her to marry Paris, she takes drastic action by drinking a potion to make her appear dead so she can escape to join Romeo. But her message explaining this plan fails to reach him. When he hears news of her death, he returns to visit her tomb and kill himself. Juliet wakes to find him dead. Devastated, she stabs herself.
Background

Kenneth MacMillan’s passionate choreography for Romeo and Juliet shows The Royal Ballet at its dramatic finest. Sergey Prokofiev’s iconic score provides the basis for the ballet’s romantic pas de deux and vibrant crowd scenes, while 16th-century Verona is created by Nicholas Georgiadis’s magnificent designs.

In 1965, MacMillan’s Romeo and Juliet was given its premiere at Covent Garden by The Royal Ballet and was an immediate success: the first night was met with rapturous applause, which lasted for 40 minutes, and an incredible 43 curtain calls. The title roles were danced by Rudolf Nureyev and Margot Fonteyn, although the ballet had been created on Christopher Gable and Lynn Seymour. It has been performed by The Royal Ballet more than four hundred times since, as well as touring the world, and has become a true classic of the 20th-century ballet repertory.

 

 

sergei-prokofievCompte rendu, concert. Lille, le 1er décembre 2016. Jean-Claude Casadesus, ONL. Volet 1 “L’Amour et la Danseâ€â€¦ En préambule et comme pour chauffer progressivement l’orchestre, c’est d’abord une partition contemporaine, exigeant de tous les pupitres – en particulier dès les premiers tutti du début (fracassants et lumineux, ce sont de vrais carillons orchestraux résonnant comme des appels à l’éveil): « Nuées » de Dominique Probst (né en 1954), -partition efficace dans sa durée, contrastée dans son déroulement, – créée en octobre 2014, alliant énergie, mais aussi allusions intérieures savamment dosées (solos successifs de la flûte, du hautbois puis du violoncelle…), soit une série de visions, de plus en plus affirmées, inspirées manifestement par le lyrisme d’une nature grandiose, à mesure que la partition prend de la hauteur, jusqu’aux Nuées annoncées… Dans son développement premier, l’œuvre dévoile de somptueuses alliances instrumentales – qui traduisent une sensibilité concrète pour une forme de plasticité sonore (clarinettes / flûtes). LIRE notre critique complète Roméo et Juliette par Jean-Claude Casadesus / Orchestre National de Lille, 2016

 

 

Cendrillon de Noureev à l’Opéra Bastille

nourrev-cendrillon-prokofiev-ballet-critique-danse-paquette-dec-2018-opera-bastille-classiquenewsARTE, Prokofiev : Cendrillon, ballet, le mardi 24 déc 2019, 23h30.  Le célèbre conte de Charles Perrault est mis en musique par le russe Sergueï Prokofiev en 1944, en un ballet de 3 actes. Prokofiev est alors un auteur adulé, depuis m’immense succès de son précédent ballet, Roméo et Juliette, écrit dans un style postclassique. Dédié à Tchaikovsky, le nouveau ballet reste la partition la plus occidentale de son auteur. Ici le ballet à l’affiche de l’Opéra de Paris (encore en janvier et juin 2019) développe l’action dans un décor de cinéma où dans la mise en scène de Rudof Noureev, paraissent plusieurs citations des héros du 7e art américain propre aux années 1930. Voilà donc Cendrillon sous le prisme hollywoodien, revivifée sous les spotlights de La La Land. La fée marraine est le producteur et le prince charmant, un acteur vedette, star du cinéma. La pauvre servante chez elle, voit ses rêves s’accomplir. Une histoire qui rappelle celle de Noureev : jeune Tatar devenu star internationale. Dans le choix de cette production, le Ballet de l’Opéra de Paris rend hommage à Rudolf Noureev qui fut son directeur de 1983 à 1989. Au moment des 350 ans de l’institution lyrique et chorégraphique parisienne, c’est aussi un rappel de l’une des écritures chorégraphiques qui a marqué son histoire au XXè. Conductor / chef : Vello Pähn  -  Orchestre Pasdeloup.

 

En replay sur ARTE concert jusqu’au 21 mai 2020.

 

 

 

arte_logo_2013Ballet de l’Opéra de Paris : Valentine Colasante (Cendrillon), Karl Paquette (la star), Ludmila Pagliero, Dorothée Gilbert (les deux soeurs), Aurélien Houette (la mère), Alessio Carbone (Le producteur), Paul Marque (le professeur de danse), Marion Barbeau (le printemps), Émilie Cozette (l’été), Sae Eun Park (l’automne), Fanny Gorse (l’hiver), Nicolas Paul (le réalisateur), Francesco Mura (son assistant), Pierre Rétif (le père).  Chorégraphie : Rudolf Noureev d’après Charles Perrault  -  Durée : 2h50 (deux deux entractes)  -  Filmé sur le vif , Opéra Bastille, Paris, Déc 2018

 

 

 

 

CD, critique. PROKOFIEV : complete works / intégrale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi, Louis Lancien (1 cd PARATY, 2018)

cd-Prokofiev-complete-original-violin-piano-kristi-gjezi-louis-lancien-critique-classiquenews-cd-clic-de-classiquenewsCD, critique. PROKOFIEV : complete works / intégrale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi, Louis Lancien (1 cd PARATY, 2018). Il ne faut pas se fier au visuel de couverture : en costume de gala (nÅ“ud blanc) et lunettes de premier élève, Prokofiev dissimule un psychisme riche voire tourmenté : un volcan psychique rugit même sous cette apparence plissée…. Son néoclassicisme ne doit pas s’entendre comme une douce rêverie nostalgique sucrée et douceâtre, mais bien comme l’expression parfois âpre et mordante, de déchirements introspectifs profonds, voire de blessures liés à des traumatismes vécus. Comme Shostakovich dont PARATY a aussi publié une étonnante et très convaincante intégrale des Å“uvres pour cordes avec piano, Proko ne cesse d’interroger par son alliance très efficace et captivante, entre virtuosité libre et versatilité permanente ; ivresse lyrique et tension terrifiée ; les contrastes et ruptures de rythmes, les changements jamais prévisibles du parcours harmonique, l’éclatement même du discours, surprennent en permanence l’auditeur car l’on sent bien ici que la forme exprime des conflits jamais totalement résolus. Comme Shostakovitch, Prokofiev a été inquiété et harcelé par le régime stalinien et l’autorité d’andrei jdanov.

En guise « d’apetizer », c’est bien de commencer piano dolce par les 5 Mélodies Op.35 bis : cycle qui lui aussi sous couvert de masques mélodiques, parfois affables, et joliment séducteurs, camoufle une vérité, une conscience aiguë de la barbarie (Prokofiev dut s’exiler avant de revenir en URSS à partir de 1932). Il y a toujours comme chez Shosta, ce double langage qui est fausse activité de l’équilibre. L’écoute attentive des 5 Mélodies fait entendre ce chant de l’âme, meurtrie, inquiète et grave, sous l’apparente expressivité. Le violon de Kristi Gjezi sonne comme une brûlure souple et lumineuse qui met en avant l’étonnante fluidité mélodique du programme entier. Evidement, plus manifeste encore dans les 5 chansons écrites à l’origine pour la cantatrice Nina Koshets, créatrice du rôle de Fata Morgana dans L’Amour des 3 oranges, créé à Chicago en 1921. De l’entente entre piano et violon, surgit des trésors de nuances secrètes et enivrantes, très inspirées par le folklore slave : mélancolie grave et oublieuse, langueur suspendue d’une ineffable douceur inquiète (1) ; sourdes ondulations coulantes du Lento ma non troppo (2) ; intensité libérée ivre et éperdue (3) ; Allegretto joué idéalement scherzando, d’une insouciance badine presque cabotine (4) ; enfin, merveille de l’andante non troppo (5) qui trouve ici le ton juste dans l’éternel basculement d’un questionnement nocturne sans réponse.

 

 

Kristi Gjezi & Louis Lancien jouent Prokofiev
Intégrale des œuvres pour violon et piano

Terreur secrète

 

 

 violon-prokofiev-cd-classiquenews-critique-louis-lancien-piano-critique-classiquenews-1-cd-paraty-kristi-GJEZI-violon-critique-cd-classiquenews-Prokofiev_Jean-Baptiste-Millot-1

 

 

 

Les deux interprètes – le violoniste Kristi Gjezi et le pianiste Louis Lancien affirment ici d’évidentes affinités avec l’Ecole russe, restituant une généalogie d’auteurs inspirants de Rachamninov à Prokofiev sans omettre Scriabine ni Medtner. Kristi pour sa part rapelle l’importance du violon russe depuis Oistrakh, lui-même étendard et outil de la propagande soviétique, et fondateur de l’école russe de violon. Immédiatement se précise la relation très ambiguë de l’excellence artistique et de la réalité du pouvoir politique ; une situation singulière qui détermine le langage à double voire triple lecture des Chostakovitch et Prokofiev dont l’œuvre pour violon et piano inspire ainsi ce premier album édité par PARATY.
Les 2 Sonates expriment cette ambivalence et une activité souterraine qui mêle sérénité, inquiétude, gravité voire terreur rentrée.
La première amorcée aux USA en 1938 est achevée en 1946, alors que la 2è est terminée à Moscou depuis 1943 (originellement destinée à la flûte). Les deux se chevauchent donc, offrant des facettes aussi multiples que complémentaires d’une intranquilité viscérale.
Sur les traces de son créateur David Oistrakh en 1946, la Sonate n°1 permet au violon élégantissime de Kristi Gjezi (1er violon du Capitole de Toulouse sous la direction de Tugan Sokhiev), d’étirer sa soie solaire et agile, révélant tout ce qu’ont de dissemblable en réalité les deux Sonates simultanées. Le style néoclassique de Prokofiev n’empêche pas des sauts et ruptures harmoniques que la souplesse de sa ligne rythmique, sa grande clarté d’élocution, unifie dans chaque mouvement. L’âpreté douce amère, voire hallucinée et terrifiée de la Sonate n°1 (2è mvt : Allegro brusco), dont Oistrakh joua le 1er mvt (Andante assai au climat lunaire indéterminé lui aussi) pour les funérailles de son ami Prokofiev en 1953). Avouons notre nette préférence pour la n°1, sans concessions ni argument mélodique gratuit ; il y règne une acidité native, une absence d’emportement ou d’abandon, un relief et une morsure menaçant à chaque mesure, que le jeu complice des deux interprètes ici rétablit idéalement. La Sonate n°2 bien que tout aussi versatile et riche de nuances offre moins de contrechamps subtiles et suggestifs : elle en sort plus linéaire et simple. Presque plus banalement bavarde.
L’équilibre entre les deux parties, leur finesse d’intonation en partage sont superlatifs. Dans chaque partition, se déploie au clavier comme au violon, maîtrisés par deux super solistes (le violoniste Kristi Gjezi et le pianiste Louis Lancien) cette scansion parodique à la Chosta, une électricité rythmique naturelle qui dégage ses pointes mordantes, ironiques et secrètement amères voire acides ; sans jamais rompre malgré les ruptures et syncopes, la ligne mélodique qui est souveraine. La sensibilité des interprètes envoûte littéralement. A suivre.

 

 
 

 

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CLIC D'OR macaron 200CD, critique. PROKOFIEV : complete works / intégrale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi (violon). Louis Lancien (piano) – 1 cd PARATY, 2018 – Paraty 149182 – Pias distribution.

http://paraty.fr/portfolio/prokofiev-complete-original-works-for-violon-piano/

 

 

 

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SHOSTA-CHOSTAKOVITCH-CD-PARATY-critique-cd-review-cd-critique-par-classiquenews-PARATY_718232_Shostakovich_Ensemble_COUV_HMLIRE aussi CD événement, SHOSTAKOVICH / CHOSTAKOVITCH : complete chamber music for piano and strings / DSCH – Shostakovich ensemble (2 cd PARATY (parution nov 2018)

https://www.classiquenews.com/teaser-video-chostakovitch-integrale-de-la-musique-de-chambre-pour-piano-et-cordes-paraty-productions/

 

 
 

 

COMPTE-RENDU, concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 14 septembre 2019. S. RACHMANINOV. S. PROKOFIEV. B. ABDURAIMOV. Orch.Nat.TOULOUSE. T. SOKHIEV.  

RACHMANINOV-operas-elako-le-chevalier-ladre-classiquenews-dvd-rachmaninov-troika-rachmaninov-at-the-piano-1900s-1378460638-article-0COMPTE-RENDU, concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 14 septembre 2019. S. RACHMANINOV. S. PROKOFIEV. B. ABDURAIMOV. Orch.Nat.TOULOUSE. T. SOKHIEV. La rentrée de l’Orchestre du Capitole de Toulouse est toujours un événement attendu. Cette année il a semblé un instant que le public venu si nombreux n’allait pas pouvoir entrer dans la vaste Halle-aux-Grains. Mais tout c’est bien passé ; l’orchestre a pu s’installer au centre d’un public serré, attentif et heureux. Il n’est plus très bien vu de dire les qualités de cette salle de concert depuis qu’un projet de nouvel auditorium a pris vie. Mais l’un n’empêche pas l’autre et certes cette salle a ses limites mais elle a aussi de vraies qualités. Ce soir la température idéale a permis de sortir de la torpeur de la ville et de se préparer au concert. Cette présence du public de toutes parts permet à l’Orchestre de bien sentir sa présence.

Capitole de Toulouse…
Somptueuse ouverture de saison

Et tous les points du vues sur l’orchestre ont leur intérêt. Y compris dos à l’orchestre où le chef est vu de face. Après un été passé à beaucoup écouter de concerts en plein air (période des festivals de l’été), il est réconfortant de bénéficier de l’acoustique de la Halle-au-Grains. Acoustique sèche et qui permet une écoute analytique de détails; qui demande à l’orchestre beaucoup d’efforts mais qui met en valeur ses grandes qualités. De même le pianiste peut oser des nuances subtiles car tout s’entend. Nous avons donc eu une interprétation absolument merveilleuse du deuxième concerto de Rachmaninov. Le jeune pianiste Behzod Abduraimov, est connu des toulousains et apprécié. Son jeu est flamboyant, nuancé, coloré et très précis. Il démarre le concerto en dosant parfaitement les premiers accords dans un crescendo généreux ; la réponse de l’orchestre est d‘emblée parfaitement équilibrée, permettant de ne pas perdre une note du pianiste. Quelle différence avec ce même concerto entendu à La Roque d’Anthéron cet été, voir notre compte rendu critique : Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov par Lukas Geniusas, le 8 aout 2019.
L’Orchestre du Capitole est en pleine forme, concentré et d’allure détendue. La musique coule avec une énergie maitrisée mais généreuse. Tugan Sokhiev est aux petits soins pour le pianiste, il regarde constamment le jeune homme afin de suivre son jeu. Il régule chaque instrumentiste demandant à plusieurs reprises aux violons de jouer moins fort. Le résultat est très, très beau. Et cette rare alchimie réunissant la musicalité du pianiste, du chef et de l’orchestre se produit miraculeusement ce soir. Le piano est souverain, le geste du chef est minimaliste mais il semble s’adresser à chacun ; les musiciens de l’orchestre sont capables de moments solo d’une rare perfection et réagissent à chaque inflexion de Tugan Sokhiev qui dirige de tout son corps semblant danser. Le concerto de Rachmaninov si galvaudé par le cinéma retrouve sa place de chef d’œuvre absolu du genre concerto symphonique. Un régal de chaque instant que le public déguste en sachant le prix fabuleux que représente le fait d’être là ce soir.

sergei-prokofievLa deuxième partie du concert me permet de vivre un grand moment très attendu. Je me souviens d’un concert de 2003 dans lequel Tugan Sokhiev avait ébloui en dirigeant les deux suites de Roméo et Juliette de Prokofiev. Ce soir le bonheur est complet car le choix du chef est de jouer intégralement la deuxième suite et de poursuivre avec deux moments de la première suite qui lui permettent de terminer sur l’extraordinaire mort de Tybalt. L’âpreté du début fixe chacun à son siège. La violence, la puissance de destruction des Capulet et des Montaigu est aveuglante. La pureté de Juliette, la douleur de Roméo au tombeau sont des moments de théâtralité inoubliables. Cette partition est magnifique, chaque mesure trouve sa fonction dans cette dramaturgie implacable sous la direction très inspirée d’un Tugan Sokhiev en état de grâce. Et l’orchestre lui aussi semble halluciné et pris dans une musique d’une profondeur abyssale. La modernité de la partition a été reprochée à Prokofiev par les Soviets, c’est à juste titre car la musique fait prendre conscience de la puissance des totalitarismes, ici familiaux. Impossible sans en dénaturer le souvenir d’en dire davantage tant chaque seconde a été un enchantement.
Les gestes de Tugan Sokhiev sont d’une beauté envoûtante. Il devient beaucoup plus minimaliste mais si précis, si charismatique que le résultat musicale est sidérant d’évidence. Les instrumentistes se surpassent : le cor, les bois, le saxophone, les harpes, le célesta, les percussions, mais également les cuivres graves ont des moments de beauté absolue. Les cordes sont sublimes et de précision et d’ampleur de phrasés. Et la virtuosité diabolique des violons en a laissé sans voix plus d’un dans le public. Une apothéose d’union parfaite entre Tugan Sokhiev et son orchestre. Le départ du chef dans quelques années n’est plus refoulé. Sa biographie dans le programme permet à présent de lire tous les orchestres que ce génie de la baguette a dirigé et je crois bien qu’aucun continent ne l’a pas invité. Donc le monde entier le demande, et il est toulousain, quelle chance d’être là ce soir !!!

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COMPTE-RENDU, concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 14 septembre 2019. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Concerto pour piano n°2 en ut mineur Op.18 ; Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Roméo et Juliette suites d’orchestre n° 2 et n° 1 Op. 68 Ter et bis ; Orchestre National du Capitole de Toulouse. Behzod Abduraimov, piano ; Tugan Sokhiev, direction.

CD, critique. PROKOFIEV : Sonates pour violon et piano, sonate pour violon seul, deux transcriptions par Heifetz ; Elsa Grether et David Lively (1 cd Fuga Libera)

grether-lively-sonates-prokofiev-cd-critique-annonce-concert-classiquenews-cd-critique-cd-reviewCD, critique. PROKOFIEV : Sonates pour violon et piano, sonate pour violon seul, deux transcriptions par Heifetz ; Elsa Grether et David Lively (1 cd Fuga Libera). Rares sont les grands violonistes qui n’ont enregistré les deux sonates de Prokofiev, parfois à de multiples reprises. C’est dire si ces œuvres, particulièrement exigeantes, se sont classées parmi les incontournables du répertoire. On savait Elsa Grether douée, perfectionniste, curieuse et authentique. Après plusieurs CD, aux programmes originaux et ambitieux, qui lui ont valu de multiples récompenses et un concert de louanges, elle nous offre maintenant ces sonates, avec David Lively, l’extraordinaire pianiste franco-américain. Aux Cinq mélodies, opus 35bis, généralement associées, les musiciens ont préféré la rare sonate pour violon seul et deux transcriptions réalisées par Heifetz.

L’enregistrement s’ouvre par la deuxième sonate, transcrite de la flûte au violon. A-t-elle jamais mieux respiré ? Les tempi sont justes, entendons par là qu’ils ne sont pas dictés par une approche nerveuse, motorique. Le moderato est très élégiaque, raffiné, avec fantaisie et fraîcheur, le scherzo spirituel, l’andante retenu à souhait, quant à l’allegro con brio, il s’impose avec…brio et, toujours, ce naturel dépourvu d’ostentation. L’amour de l’instrument, le raffinement comme la puissance, les couleurs, avec toujours le soin de l’artisan qui polit sa pièce, Elsa Grether rivalise avec les plus grands, magistralement accompagnée – le terme est faible – par David Lively, dont on admire la capacité à parler d’une même voix que celle de sa partenaire.

La résignation mélancolique, accablée, de l’andante assai de la première sonate, l’équilibre idéal dans le dialogue en renouvellent la lecture. L’allegro brusco nous vaut un violon nerveux, aérien, puis lyrique et éloquent comme un piano superbe. L’andante est l’occasion pour Elsa Grether de déployer son chant, serein, rêveur avec un toucher éloquent du clavier. L’allegrissimo final rayonne de joie, de souplesse de vivacité pour retrouver la plénitude de l’andante.

De longue date, la violoniste inscrit la sonate pour violon seul à ses récitals. Elle la défend ici avec maestria et sensibilité, attestant son intelligence vive de l’ouvrage. Par-delà sa difficulté technique, on comprend mal pourquoi cette œuvre remarquable demeure si rare au concert. Les deux transcriptions de Jascha Heifetz, familières à l’auditeur, sont ici d’une belle facture, servies par nos complices, soucieux de rendre à ces pièces tout leur caractère, sans l’esbrouffe que les bis leur ajoutent trop souvent.

Un enregistrement que l’on ne saurait trop recommander : On sort heureux de ce moment de musique, rayonnant, lumineux, à l’émotion juste, au jeu décanté de ses scories, toujours dynamique, énergique mais sans fébrilité, accentué sans arrachements.

Outre une présentation bienvenue des artistes, le livret bilingue comporte une notice pertinente de Francis Albou, président de l’Association Serge Prokofiev.

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COMPTE-RENDU, CD. PROKOFIEV : Sonates pour violon et piano, sonate pour violon seul, deux transcriptions par Heifetz ; Elsa Grether et David Lively – 1 CD Fuga libera FUG 749, de 69 : 41, enregistré à Bruxelles, Studio Flagey, en juillet 2018.

LYON. Prokofiev: L’Ange de Feu par Benedict Andrew

benedict_andrewsLYON, Opéra. Prokofiev: L’Ange de feu, 11-23 octobre 2016. L’opéra scénique de Prokofiev créé en 1955 s’expose sur la scène lyonnaise, dans la production déjà vue de Komishe Oper de Berlin. L’ange de feu dévoile de son côté la passion amoureuse dans ses élans et dérèglements les plus fougueux donc les plus dangereux, menant de l’extase à la folie destructrice. Dans un Moyen-Age obscur et onirique, le chevalier Ruprecht, aide l’exquise et belle Renata qui veut s’unir au comte Heinrich ans lequel elle a reconnu l’ange magnifique qui visite ses rêves depuis l’enfance, la destinant au martyre et à la sainteté. La quête de Renata pour Heinrich est-elle d’ordre spirituelle ou sensuelle ? Entre temps, le chevalier tombe amoureux de l’insatisfaite émotive.

 

 

 

Lyon affiche une production puissante créée à Berlin

QUÊTE SPIRITUELLE OU CHARNELLE, RÊVE OU RÉALITÉ ?

sergei-prokofievLe livret de Prokofiev inspiré de Valéri Brioussov imagine le périple de la jeune femme en eaux troubles, entre rêve et réalité, au terme duquel Renata finit dans une cellule de couvent pour y trouver une vaine sérénité car l’y rejoignent Faust et Méphisto. Telle une sublime fable romantique et tragique, fantastique et poétique, telle La Damnation de Faust de Berlioz (non opéra mais légende dramatique), comme aussi les opéras de Rachmaninov (dont surtout Francesca da Rimini et l’évocation des enfers), l’ouvrage de Prokofiev flotte en une forme imprécise, oratorio, opéra, légende, action lyrique… ? Avec ses airs de Raspoutine, Benedict Andrews signe une  production remarquée à Berlin, qui fait escale à Lyon : la brûlante héroïne en ses visions impossibles mais éperdues, le déploiement visuel et scénique d’essence romantique et fantastique trouvent une nouvelle évidence grâce au travail du metteur en scène australien. « Admirable directeur d’acteurs, il dessine avec finesse un environnement grotesque et inquiétant, théâtre des égarements furieux de Renata…. »… est-il écrit en présentation du spectacle sur le site de l’Opéra de Lyon. A vous de juger sur pièces. Production événement à découvrir sur la scène de l’Opéra de Lyon en octobre 2016

 

 

 

L’Ange de feu de Prokofiev à l’Opéra de Lyon
Du 11 au 23 octobre 2016
RESERVEZ votre place

Direction musicale : Kazushi Ono
Mise en scène : Benedict Andrews
Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon
Production de la Komische Oper de Berlin
Avec Ausrine Stundyte (Renata), …

 

 

 

lyon-opera-ange-de-feu-prokofiec-nouvelle-production-presentation-classiquenews-dossier-special-ange-de-feu-prokofiev-582-390

Compte rendu, opéra. Paris. Opéra Bastille, le 19 mars 2016. Rudolf Noureev : Roméo & Juliette. Mathieu Ganio, Amandine Albisson, Karl Paquette, François Alu

sergei-prokofievCompte rendu, opéra. Paris. Opéra Bastille, le 19 mars 2016. Rudolf Noureev : Roméo & Juliette. Mathieu Ganio, Amandine Albisson, Karl Paquette, François Alu… Corps de Ballet de l’Opéra de Paris. Sergueï Prokofiev, musique. Rudolf Noureev, chorégraphie et mise en scène. Simon Hewett, direction musicale. Retour du puissant Roméo et Juliette de Rudolf Noureev à l’Opéra de Paris ! Ce grand ballet classique du XXème siècle sur l’incroyable musique de Prokofiev est dirigé par le chef Simon Hewett et dansé par les Etoiles : Mathieu Ganio et Amandine Albisson lesquels campent un couple amoureux d’une beauté saisissante ! Une soirée où règnent la beauté et les émotions intenses, un contrepoids bien nécessaire par rapport à la curiosité du Casse-Noisette revisité récemment au Palais Garnier (LIRE notre compte rendu critique du Ballet Casse-Noisette couplé avec Iolanta de Tchaikovski, mis en scène par Dmitri Tcherniakov, mars 2016)

 

 

 

Roméo et Juliette : Noureev rédempteur

 

Dès le lever du rideau, nous sommes impressionnés par les décors imposants et riches du collaborateur fétiche de Noureev, Ezio Frigerio. Rudolf Noureev, dont on célébrait le 78ème anniversaire le 17 mars dernier, signe une chorégraphie où comme d’habitude les rôles masculins sont très développés et pourtant parfois étouffés, et où il offre de beaux tableaux et de belles séquences au Corps de ballet, privilégiant l’idée de la dualité et de la rivalité entre Capulets et Montaigu, le tout dans une optique relevant d’une approche cinématographique, parfois même expressionniste. Le couple éponyme étoilé dans cette soirée brille d’une lumière reflétant les exigences et la splendeur de la danse classique.
Dès sa rentrée sur scène, le Roméo de Mathieu Ganio charme l’audience par la beauté de ses lignes, par son allure princière qu’on aime tant, jointe à son naturel, à ce je ne sais quoi de jeune homme insouciant. S’il paraît peut-être moins passionné pour Juliette que certains le voudront, -ignorant au passage le fait qu’il s’agît d’un Romeo de Noureev, donc ambigu comme tous les rôles créés par Noureev, et nous y reviendrons-, il a toujours cette capacité devenue de plus en plus rare de réaliser  les meilleurs entrechats sans trop tricher, et il emballe toujours avec son ballon aisé, un bijou de légèreté comme d’élasticité.

Alu_francois-premier danseurC’est l’héroïne d’Amandine Albisson qui est la protagoniste passionnée (tout en étant un rôle quand même ambigu, elle aussi, partagé entre devoir et volonté). Elle campe une Juliette aux facettes multiples et aux dons de comédienne indéniables. Elle incarne le rôle avec tout son être, tout en ayant une conscience toujours éveillée de la réalisation chorégraphique qui ne manque pas de difficultés. Divine : ses pas de deux et de trois au IIIe acte sont des sommets d’expression et de virtuosité. Quelles lignes et quelle facilité apparente dans l’exécution pour cette danseuse, véritable espoir du Ballet de l’Opéra. Le Mercutio du Premier Danseur François Alu, rayonne grâce à son jeu comique et à sa danse tout à fait foudroyante, comme on la connaît à présent, et comme on l’aime. Il paraît donc parfait pour ce rôle exigeant. Nous remarquons son évolution notamment en ce qui concerne la propreté et la finition de ses mouvements. Toujours virtuose, il atterrit de mieux en mieux. La scène de sa mort est un moment tragi-comique où il se montre excellent, impeccable dans l’interprétation théâtrale comme dans les mouvements. Nous ne pouvons pas dire de même du Pâris du Sujet Yann Chailloux, bien qu’avec l’allure altière idéale pour le rôle, nous n’avons pas été très impressionnés par ses atterrissages, ni ses entrechats, et si ses tours sont bons, il est presque complètement éclipsé par le quatuor principale (plus Benvolio).

romeo-et-juliette_Mathieu-GanioLe Tybalt de l’Etoile Karl Paquette est sombre à souhait. Il a cette capacité d’incarner les rôles ambigus et complexes de Noureev d’une façon très naturelle, et aux effets à la fois troublants et alléchants. S’il est toujours un solide partenaire, et habite le rôle complètement, il nous semble qu’il a commencé la soirée avec une fatigue visible qui s’est vite transformée, heureusement. Le Benvolio de Fabien Revillion, Sujet, a une belle danse, de jolies lignes, une superbe extension… Et une certaine insouciance dans la finition qui rend son rôle davantage humain. Le faux pas de trois de Roméo, Mercutio et Benvolio au IIe acte est fabuleux, tout comme le faux pas de deux au IIIe avec Roméo, d’une beauté larmoyante, plutôt très efficace dans son homo-érotisme sous-jacent (serait-il amoureux de Roméo?). Sinon, les autres rôles secondaires sont à la hauteur. Remarquons la Rosaline mignonne d’Héloïse Bourdon, ou encore la Nourrice déjantée de Maud Rivière. Le Corps de Ballet, comme c’est souvent le cas chez Noureev, a beaucoup à danser et il semble bien s’éclater malgré (ou peut-être grâce à) l’exigence. Ainsi nous trouvons les amis de deux familles toujours percutants et les dames et chevaliers en toute classe et sévérité.

Revenons à cet aspect omniprésent dans toutes les chorégraphies de Noureev, celui de l’homosexualité, explicite ou pas. Le moment le plus explicite dans Roméo et Juliette est quand Tybalt embrasse Roméo sur la bouche à la fin du IIe acte. Pour cette première à Bastille, il nous a paru que toute l’audience, néophytes et experts confondus, a soupiré, emballé, surpris, à l’occasion.
Evitons ici de généraliser en voulant minimiser le travail de l’ancien Directeur de la Danse à l’Opéra, à qui nous devons les grand ballets de Petipa, entre autres accomplissements, considérant la place récurrente de l’homosexualité dans son oeuvre et par rapport à l’importance de cette spécificité dans son legs chorégraphique… il s’agît surtout d’une question qui est toujours abordée, frontalement ou pas, dans ses ballets, et qui a profondément marqué sa biographie. Matière à réflexion.

Nous pourrons également pousser la réflexion par rapport à l’idée que la fantastique musique de Prokofiev ne serait pas très… apte à la danse. L’anecdote raconte que la partition, complétée en 1935, a dû attendre 1938, voire 1940 en vérité, pour être dansée. Il paraît que les danseurs à l’époque (et il y en a quelques uns encore aujourd’hui) la trouvaient trop « symphonique » (cela doit être la plus modeste des insultes déguisés), et donc difficile à danser.

Félicitons vivement l’interprétation de l’Orchestre de l’Opéra National de Paris, sous la baguette du chef Simon Hewett, offrant une performance de haut niveau et avec une grande complicité entre la fosse et le plateau. Que ce soit dans la légèreté baroquisante de la Gavotte extraite de la Symphonie Classique de Prokofiev, ou dans l’archicélèbre danse des chevaliers, au dynamisme contagieux, avec ses harmonies sombres et audacieuses et avec une mélodie mémorable. Que des bravos ! A voir et revoir encore avec plusieurs distributions les 24, 26, 29 et 31 mars, ainsi que les 1er, 3, 8, 10, 12, 13, 15, 16 avril 2016, PARIS, Opéra Bastille.

Compte rendu, Opéra. Toulouse.Théâtre du Capitole. Le 15 mai 2015. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Les fiançailles au couvent, Opéra lyrico-comique en quatre actes et neuf tableaux; Livret du compositeur assisté de Mira Alexandrovna Mendelson, d’après le livret d’opéra-comique de Richard B. Sheridan : La Duègne ou Le double enlèvement ; Création au Théâtre Kirov de Leningrad le 3 novembre 1946 ; Production Théâtre du Capitole / Opéra-Comique de 2011. Mise en scène, Martin Duncan ; Décors et costumes, Alison Chitty ; Lumières, Paul Pyant ; Chorégraphie, Ben Wright. Avec : John Graham Hall, Don Jérôme ; Gary Magee, Don Ferdinand ; Anastasia Kalagina, Louise ; Elena Sommer, la duègne ; Danil Shtoda, Don Antonio ; Anna Kiknadze, Clara d’Almanza ; Mikhail Kolelishvili, Isaac Mendoza ; Vladimir Kapshuk, Don Carlos ; Alexander Teliga, Père Augustin ; Vasily Efimov, Frère Elustaphe / Premier masque ; Marek Kalbus, Frère Chartreuse/Deuxième masque ; Thomas Dear, Frère Bénédictine / Troisième masque ;Chloé Chaume, Lauretta ; Catherine Alcoverro, Rosina ; Claude Minich, Premier novice / Pablo ; Emmanuel Parraga, Deuxième novice / Pedro ; Alfredo Poesina, Lopez ; Carlos Rodriguez, Miguel. Chœur du Capitole, direction, Alfonso Caiani ; Orchestre National du Capitole ; Direction musicale : Tugan Sokhiev.

toulouse prokofiev fiancailles au couvent copyright P nin 2015Fiançailles en parfaite osmose. Voilà une reprise magnifique. Déjà en 2011 entre le Capitole et l’Opéra Comique, publics et critique avaient plébiscité ce spectacle. La reprise avec une distribution presque identique retrouve ce théâtre total qui nous avait tant séduit. La mise en scène, les décors, les costumes et les lumières en parfaite harmonie permettent aux spectateurs de rêver, toutes oreilles ouvertes et yeux comblés. Le parti pris minimaliste des décors permet au théâtre de se développer à l‘infinie. Lorsque Don Jérôme enferme à clef sa fille, la fausse porte prend des allures de vraie prison. Les lumières de Paul Payant poétisent la scène nue permettant à l’imagination de chaque spectateur de recréer un monde. Du grand art permettant à la fois de voir tous les artifices du théâtre et pourtant d’y croire totalement comme un enfant. Le jeu des acteurs est fin. Par exemple Garry Magee sait très bien jouer l’amoureux sincère et touchant puis prendre de la distance avec son personnage pour en révéler le côté factice. Les deux pères indignes et trop affairistes ne ménagent pas les effets comiques avec plus de voix pour Mikhail Kolelishvili et plus de théâtre pour John Graham Hall. La Duègne entièrement comique d’Elena Sommer est inoubliable. Vladimir Kapshuk en Don Carlos joue sur les deux tableaux de la sensibilité amoureuse et du comique avec une allure romantique irrésistiblement décalée au milieux de la poissonnerie. Les jeunes femmes, Anastasia Kalagina en Louise et Anna Kiknadze en Clara, sont les plus rouées et mènent au final l’action en suivant leurs désirs, aussi belles actrices que parfaites chanteuses. La distribution est sans failles jusque dans les plus petits rôles, chaque voix est typée et s’harmonise avec la personnalité théâtrale du rôle. Le chœur joue bien plus que d’habitude et chante admirablement. Les danseurs sont épatants aussi drôles que virtuoses.

Un grand concert symphonique à l’opéra ! Si le théâtre est roi, la musique est une souveraine absolue. Tugan Sokhiev qui vit cette partition avec passion en communique toute la fougue à son orchestre. Prokofiev permet des effets de couleurs irisées. Les associations d‘instruments originales et les nuances ciselées font exulter les instrumentistes, surtout les musiciens de scène, des acteurs épatants ! Mais la qualité la plus rare vient de l’humour avec lequel le chef rend perceptible la satire contenue dans la partition. En contre point, les moments lyriques semblent d’une infinie délicatesse. L’équilibre fosse/scène est parfait. Les voix toujours compréhensibles et l’orchestre est très présent, comme un vrai orchestre symphonique. Et le final de l‘opéra a une folie digne de Rossini. Ciselé comme une horlogerie suisse par un Tugan Sokhiev heureux et des musiciens virtuosissimes. Un grand succès a été obtenu au rideau final pour toute l‘équipe venue saluer. Les Toulousains ont été enchantés de retrouver une production si réussie et son chef chéri aussi heureux que doué dans la fosse. Pas étonnant que le Bolchoï l’ait choisi, car Tugan Sokhiev est un vrai maestro di scena !

Compte rendu, Opéra. Toulouse.Théâtre du Capitole. Le 15 mai 2015. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Les fiançailles au couvent, Opéra lyrico-comique en quatre actes et neuf tableaux; Livret du compositeur assisté de Mira Alexandrovna Mendelson, d’après le livret d’opéra-comique de Richard B. Sheridan : La Duègne ou Le double enlèvement ; Création au Théâtre Kirov de Leningrad le 3 novembre 1946 ; Production Théâtre du Capitole / Opéra-Comique de 2011. Mise en scène, Martin Duncan ; Décors et costumes, Alison Chitty ; Lumières, Paul Pyant ; Chorégraphie, Ben Wright. Avec : John Graham Hall, Don Jérôme ; Gary Magee, Don Ferdinand ; Anastasia Kalagina, Louise ; Elena Sommer, la duègne ; Danil Shtoda, Don Antonio ; Anna Kiknadze, Clara d’Almanza ; Mikhail Kolelishvili, Isaac Mendoza ; Vladimir Kapshuk, Don Carlos ; Alexander Teliga, Père Augustin ; Vasily Efimov, Frère Elustaphe / Premier masque ; Marek Kalbus, Frère Chartreuse/Deuxième masque ; Thomas Dear, Frère Bénédictine / Troisième masque ;Chloé Chaume, Lauretta ; Catherine Alcoverro, Rosina ; Claude Minich, Premier novice / Pablo ; Emmanuel Parraga, Deuxième novice / Pedro ; Alfredo Poesina, Lopez ; Carlos Rodriguez, Miguel. Chœur du Capitole, direction, Alfonso Caiani ; Orchestre National du Capitole ; Direction musicale : Tugan Sokhiev. Illustration : © P. Nin 2015)

CD. Yuja Wang, piano : Rachmaninov, Prokofiev (Dudamel, 2013).

WAng_yuja_piano_rachmaninov_prokofiev_dudamel_cd_deutsche_grammophonCD. Yuja Wang, piano : Rachmaninov, Prokofiev (Dudamel, 2013). Le feu acide et rythmique (Prokofiev) et la fluidité expressive crépusculaire (Rachmaninov) font le ciment et la réussite de ce disque qui ne manque pas … d’audace à bien des égards. Voici donc la relève artistique de l’écurie Deutsche grammophon, nouvelle génération d’artistes, tous deux d’un vrai tempérament musicien dont la complicité dans ce live in Caracas, pour les 38 ans du Sistema, le réseau de formation de jeunes instrumentistes véritable chantier exemplaire à la fois humaniste et sociétal au profit de la jeunesse vénézuélienne à l’initiative de José Antonio Abreu.
Il y a déjà un an, se rencontrent et fusionnent le tempérament puissant et éloquent de la jeune pianiste chinoise Yuja Wang, vrai consÅ“ur de Lang Lang et certainement de notre point de vue, sa championne pour le jeu délié et élégant, une digitalité jamais heurtée ni trop percussive (y compris dans les climats versatiles syncopés du Prokofiev), et l’éclat d’une baguette qui avait immédiatement conquis et Salonen et Abbado : celle du vénézuélien, lui-même enfant du Sistema, Gustavo Dudamel.
Le programme est d’autant plus méritoire qu’il réunit deux Concertos parmi les plus difficiles de leur auteur respectif, voire de tout le répertoire pour clavier.

La fusion orchestre et piano dans le n°3 de Rachmaninov (1909) est formidable de crépitement comme de flexibilité – virtuosité funambule et magicienne de la pianiste dans les variations du I-, même l’orchestre dévoile de superbes couleurs, fondantes, précises, jamais sirupeuses. Un manifeste furieusement enivré. Du grand art.

Le n°2 de Prokofiev (1913) de loin le plus difficile évidemment techniquement mais surtout émotionnellement : le premier mouvement est course échevelée qui confine à l’implosion d’une mécanique fragile, prise de panique, exigeant tout du soliste et de l’orchestre : âpreté, ruptures, cynisme d’une forme contrariée et contrastée… l’ample mouvement initial qui dépasse tout juste 10 mn s’achève par l’essoufflement et l’exténuation totale des forces opposées. Dans ce combat réclamant sauvagerie et précision, l’élégance de Yuja Wang ne faiblit pas, bien au contraire, en particulier dans sa cadence ébouriffante qui dure près de la moitié de la séquence. L’agilité d’une toccata qui cache son nom dans le second mouvement déconcerte et convainc tout autant. Quant au finale, ” tempestoso “, la vitalité de la jeune pianiste irradie d’une énergie accrocheuse, idéalement trempée. La complicité que suggère ce live, la haute tenue technicienne, l’intelligence musicale de la pianiste que Martha Argerich a salué, et la direction enflammée mesurée du chef qui dévoile ici sa permanente facilité dans la forme du Concerto (premier enregistrement des jeunes instrumentistes du Bolivar sous sa baguette, avec une soliste), font les délices d’un superbe récital concertant. Totale réussite.

Yuja Wang, piano. Concertos pour piano : Rachmaninov (n° 3 op. 30), Prokofiev (n° 2 op. 16). Simón Bolívar Symphony Orchestra of Venezuela. Gustavo Dudamel, direction. Enregistrement live réalisé à Caracas (Venezuela) en février 2013. 1 cd Deutsche Grammophon 0289 479 1304 7.

Gergiev joue la 5ème de Prokofiev

arte_logo_175Concert. Arte, le 9 juin 2013, 19h   … Du propre aveu de Valery Gergiev, Prokofiev est son compositeur préféré.
Et l’on comprend mieux qu’il consacre une grande partie de ses efforts à défendre son œuvre, en s’attelant notamment à diriger l’intégrale de ses symphonies en concert.
La présente captation s’insère dans un vaste cycle consacré au compositeur russe.  Ainsi, Gergiev dirige-y-il trois semaines durant et dans plusieurs villes russes, les 7 symphonies et les 5 concertos pour piano.
Pour cette immersion prokofievienne, Valery Gergiev est à la tête de « son » orchestre, celui du théâtre Mariinsky de St Peterbourg. A l’instar de Mengelberg avec le Concertgebouw d’Amsterdam, Karajan avec le philharmonique de Berlin, Mravinsky avec le Philharmonique de Leningrad, Gergiev s’est façonné un outil orchestral en assumant depuis 1988, la direction musicale de l’orchestre. En bientôt un quart de siècle, il a fait de cet ensemble l’un des orchestres les plus recherchés au monde.

Réalisateur : Sébastien Glas / Coproduction : Idéale Audience, EuroArts Music & The Mariinsky Theatre