Versailles, Opéra royal. Vinci : Catone in Utica: 16,19,21 juin 2015. Création. Après Artaserse, déjà recréation mondiale imposant le cahnt désormais souverain des nouveaux contreténors, voici un nouvel événement lyrique baroque, conçu par le chanteur Max Emanul Cencic : Catone in Utica. On connaît l’opéra de Vivaldi qui lui est postérieur. Le sujet met en avant la valeur moral du politique vertueux : le romain Caton, mort à Utique en Tunisie en 46 avant JC. Ennemi de la corruption et des abus financiers, républicain convaincu, Caton ose se dresser contre la tyrannie de Jules César (-59). Défenseur de Pompée, Caton doit fuir en Afrique avec l’armée des républicains… Austère et stoïque, Caton incarne un idéal politique. Aux portes de la défaite, il préfère se tuer à Utique tout en méditant le dialogue Phédron de Platon qui y disserte sur l’immortalité de l’âme ; le suicide de Cation est documenté et relaté par Plutarque (Vies parallèle des hommes illustres). L’opéra prend prétexte de l’histoire de Caton pour aborder une figure passionnante de la loyauté et du devoir… prémonition de ce que sera l’opera seria inspiré au XVIIIè par l’esprit des Lumières.
Flamboyant napolitain, Leonardo Vinci (1690-1730) aborde le sérieux du sujet avec une verve musicale et lyrique aussi irrésistible que son opéra précédemment créé (et présenté aussi à Versailles, Artaserse : l’opéra qui marque le sommet de carrière comme maître de chapelle à la Cour royal de Naples et qui est aussi l’oeuvre contemporaine de sa disparition en 173 donc à seulement 40 ans). Le compositeur comme Porpora conçoit son ouvrage pour les castrats, selon l’esthétique proprement napolitaine : virtuosité, expressivité, franchise. Habile artisan des contrastes dramatiques, Vinci construit tout son opéra sur l’opposition entre les deux ennemis politiques : l’ambitieux tyranique Jules Cesare et le républicain vertueux, à l’inflexible éthique, Caton.
Arguments forts de la production versaillaise, sa distribution qui promet de nouvelles pyrotechnies vocales grâce aux 3 contre ténors réunis : Max Emanuel Cencic, surtout les deux étoiles de la nouvelle génération : Franco Fagioli (altiste) et Valer Sabadus (sopraniste) dont l’intensité du chant, l’engagement rare, l’éclat mitraillette, l’autorité technique marquent chaque prestation. L’enregistrement au disque est annoncé chez Decca simultanément en juin 2015.
Hier défendu et pour la majorité des gravures produites alors, recréé par les artistes de la Capella de’Turchini (Antonio Florio, direction), Leonardo Vinci connaît un regain de faveur auprès des directeurs et producteurs de théâtre : le public suit naturellement, heureux de redécouvrir les perles du seria napolitain du premier Settecento, d’autant plus convaincant grâce à une génération nouvelle de contreténors experts dans ce répertoire.
Vinci : Catone in Utica à l’Opéra royal de Versailles
Les 16, 19 et 21 juin 2015
Première en France / nouvelle production
Opera seria en trois actes. Livret de Métastase.
Créé au Teatro delle Dame de Rome, le 19 janvier 1728.
Franco Fagioli, Cesare
Juan Sancho, Catone
Max Emanuel Cencic, Arbace
Valer Sabadus, Marzia
Martin Mitterrutzner, Fulvio
Vince Yi, Emilia
Jakob Peters-Messer, mise en scène
Il Pomo d’Oro
Riccardo Minasi, direction
Illustration : Mort de Caton à Utique par Guillon Lethière, 1795. Caton se donne la mort par Laurens (1863)